RÉVÉLATION

Home > Science > RÉVÉLATION > Page 16
RÉVÉLATION Page 16

by Stephenie Meyer


  Comme si j’avais l’intention de me conformer à son emploi du temps !

  — La patience n’est pas ma spécialité, grommelai-je.

  Il continua d’avancer le long du sentier, sur deux cents mètres environ. J’étais derrière lui, enfiévré, les doigts tremblants, sur la brèche, guettant l’instant. Il s’arrêta sans crier gare, se retourna pour me faire face. Une fois encore, son expression me glaça.

  L’espace d’une seconde, je redevins un enfant, un môme qui avait passé toute son existence dans la même petite ville. Rien qu’un gosse. Je savais que je devrais vivre beaucoup plus longtemps et souffrir bien plus pour saisir la douleur incandescente qui brûlait dans les prunelles d’Edward. Il leva la main comme pour essuyer la sueur à son front, mais ses doigts griffèrent son visage, l’air de vouloir arracher sa peau granitique. Ses yeux noirs flamboyaient dans leurs orbites, voyant des choses qui n’étaient pas ici. Sa bouche s’ouvrit pour hurler, aucun son n’en sortit cependant.

  J’avais devant moi un supplicié au bûcher.

  Pendant un instant, je ne réussis pas à parler, moi non plus ; ce visage était trop réel – j’en avais entraperçu l’ombre à l’intérieur de la maison, je l’avais lu dans leurs regards, à elle et lui, mais ceci était d’une ampleur qui dépassait tout. C’était le dernier clou enfoncé dans le cercueil de Bella.

  — Ce truc la tue, n’est-ce pas ? Elle est en train de mourir.

  Mes traits devaient être un reflet délavé des siens. De manière atténuée, autre, parce que j’étais encore sous le choc. Je n’avais pas encore pris la mesure de la situation, cela arrivait trop vite. Lui avait eu le temps. La différence tenait aussi au fait que je l’avais perdue à tant de reprises, et de multiples façons. À ce qu’elle n’avait jamais été mienne, également.

  Et enfin, à ce que ce n’était pas ma faute.

  — C’est la mienne, chuchota Edward, en écho à mes pensées.

  Il s’écroula par terre, sans défense, proie offerte sur un plateau. Sauf que j’étais froid comme la neige – le feu m’avait déserté.

  — Oui, gémit-il, courbé dans la poussière, à croire qu’il se confessait au sol. Oui, ça la tue.

  Son impuissance d’homme brisé m’irrita. J’avais envie d’un combat, pas d’une exécution. Où était passée son arrogance ?

  — Dans ce cas, pourquoi Carlisle n’est-il pas intervenu ? grondai-je. Il est médecin, non ? Il aurait pu l’en débarrasser.

  Edward releva la tête et me répondit d’une voix lasse, l’air d’expliquer une chose à un moutard de la crèche pour la dixième fois de suite.

  — Elle refuse.

  Je mis du temps à encaisser. Bon Dieu ! Elle ne changerait jamais ! Prête à mourir pour l’engeance du monstre. Ça lui ressemblait tellement !

  — Tu la connais bien, souffla-t-il. C’est allé si vite… je n’ai rien vu venir. J’ai compris trop tard. Elle ne m’a pas adressé la parole, sur le chemin du retour. Enfin, pas vraiment. J’ai cru qu’elle avait peur, ce qui était bien naturel. J’ai cru qu’elle était furieuse après moi pour avoir provoqué cela, pour avoir mis une fois de plus sa vie en danger. Je n’aurais jamais imaginé ce qu’elle avait en tête, ce qu’elle avait décidé. Ça ne m’est apparu que quand les miens nous ont accueillis à l’aéroport, et qu’elle a couru se jeter dans les bras de Rosalie. Rosalie ! Quand j’ai entendu les pensées de ma sœur, c’est devenu très clair. Pourtant, toi, tu n’as mis qu’une seconde à deviner…

  Il s’interrompit, gémit, soupira.

  — Une minute, gars ! protestai-je, acide. Elle refuse, d’accord. Mais n’as-tu pas remarqué qu’elle avait la force d’une humaine de cinquante-cinq kilos ? Vous êtes idiots ou quoi, vous autres vampires ? Il suffisait de l’assommer avec des médicaments.

  — C’est ce que je voulais. Carlisle aurait…

  Ben quoi, alors ? Ils étaient trop nobles pour s’abaisser à ce genre de pratique ?

  — Non. Son garde du corps compliquait la situation.

  Oh ! Les choses commençaient à prendre tournure. Ainsi, c’était ce à quoi servait Blondie ? Mais qu’est-ce qui l’y poussait ? La reine de beauté désirait donc tant la mort de Bella ?

  — Peut-être, dit-il. Rosalie n’envisage pas les choses tout à fait comme ça, cependant.

  — Eh bien, débarrassez-vous d’elle en premier. Votre espèce est susceptible d’être ressuscitée, non ? Mettez-la en pièces, puis occupez-vous de Bella.

  — Esmé et Emmett la soutiennent. Ce dernier ne nous laisserait jamais… et Carlisle ne s’opposera pas à Esmé…

  Il se tut, à bout de forces.

  — Tu aurais dû me laisser Bella.

  — Oui.

  Un peu tard pour le reconnaître. Il aurait mieux fait d’y réfléchir avant de l’engrosser, de lui donner ce monstre voleur de vie. Quand il me regarda depuis son enfer personnel, je constatai qu’il était d’accord avec moi.

  — Nous ne savions pas, reprit-il. Je n’aurais jamais osé en rêver. Bella et moi formons un couple inédit. Comment aurions-nous pu deviner qu’un être humain était capable de concevoir avec l’un d’entre nous ?

  — Sans être massacré avant, s’entend ?

  — Oui, admit-il dans un chuchotement tendu. Ils existent, les sadiques, les incubes, les succubes. Mais là, la séduction n’est qu’un prélude au festin. L’humain ne survit pas.

  Il secoua la tête, révolté par cette idée. Comme s’il était différent, tiens !

  — J’ignorais qu’il y avait des noms bien définis pour celui que tu es.

  Quand il me contempla, il avait mille ans.

  — Même toi, Jacob Black, tu ne peux me haïr autant que je me hais.

  Faux, songeai-je, trop enragé pour parler.

  — Me tuer maintenant ne la sauvera pas.

  — Quoi, alors ?

  — Il faut que tu me rendes service, Jacob.

  — Tu peux toujours courir, sale parasite !

  — À elle ? marmonna-t-il, en continuant de me fixer de ses yeux mi-fous mi-épuisés.

  Je serrai les mâchoires. Très fort.

  — J’ai fait tout ce qui était en mon pouvoir pour la préserver de toi. Il est trop tard.

  — Tu la connais, Jacob. Tu es lié à elle d’une manière qui m’échappe. Tu es une part d’elle, et elle, une part de toi. Elle ne m’écoute pas, pensant que je la sous-estime. Elle se croit assez forte pour… (Il s’étrangla, déglutit.) Elle se rangera peut-être à tes arguments.

  — En quel honneur ?

  Il se releva brusquement, les prunelles encore plus brûlantes qu’avant. Était-il en train de devenir dingue pour de bon ? Les vampires pouvaient-ils perdre l’esprit ?

  — Aucune idée, répondit-il. J’en ai l’impression. (Il secoua la tête.) Il faut que je le lui cache néanmoins. Le stress aggrave son état. Elle est très faible, elle ne supporte aucune nourriture. Je dois m’efforcer d’être serein, je n’ai pas le droit de lui compliquer la tâche. Enfin, passons ! Toi, elle sera obligée de t’écouter.

  — Que veux-tu que je lui dise de plus que toi ? Que veux-tu que je fasse ? Que je la traite d’idiote ? Elle le sait déjà. Que je la prévienne qu’elle va mourir ? Je te parie que ça aussi, elle le sait.

  — Offre-lui ce qu’elle souhaite.

  Pardon ? C’était quoi, ce délire ?

  — Rien ne m’importe, sinon de lui sauver la vie, reprit-il en se ressaisissant soudain. Si c’est un enfant qu’elle désire, qu’elle en ait un. Six, même ! Tout ce qu’elle voudra. Des chiots, s’il le faut.

  Il me dévisagea, une expression hallucinée sur les traits. Ma détermination le céda à l’ahurissement quand je saisis le sens de ses paroles, et je sentis ma mâchoire se décrocher.

  — Mais pas comme ça ! poursuivit-il avant que j’aie eu le temps de me reprendre. Pas cette chose qui aspire sa vie sans que je puisse intervenir, obligé que je suis de la regarder dépérir. Cette chose qui lui fait du mal.

  Il aspira profondément, l’air d’avoir re�
�u un coup de poing dans le foie.

  — Il faut que tu parviennes à la convaincre, Jacob. Moi, je n’ai plus aucune influence sur elle. Rosalie est toujours dans les parages, elle alimente sa folie, elle l’encourage, elle la protège. Non ! Elle protège la chose. Bella n’est rien, à ses yeux.

  Le bruit qui émanait de ma gorge me donnait l’impression d’étouffer. Qu’est-ce qu’il racontait ? Que Bella devait… quoi ? Avoir un bébé ? Avec moi ? Quoi ? Maintenant ? Renonçait-il à elle ? Ou espérait-il qu’elle accepterait d’être partagée ?

  — Je m’en fiche. Du moment qu’elle ne meurt pas.

  — C’est le truc le plus dingue que tu aies jamais dit, marmonnai-je.

  — Elle t’aime.

  — Pas assez.

  — Elle est prête à se sacrifier pour avoir un enfant. Elle acceptera peut-être une solution moins extrême.

  — Tu ne la connais donc pas du tout ?

  — Si, si. Je sais que ça va exiger beaucoup de talent de persuasion. Voilà pourquoi j’ai besoin de toi. Son mode de pensée n’a pas de secret pour toi. Fais-lui entendre raison.

  Il m’était impossible d’envisager ce qu’il suggérait. C’était trop… inconcevable. Mal. Malsain. Emprunter Bella le week-end et la lui retourner le lundi matin, à l’instar d’un film de location ? N’importe quoi !

  Mais tentant.

  Non ! Je m’y refusais. Malheureusement, les images surgirent toutes seules. J’avais trop souvent fantasmé à ce sujet, à l’époque où l’éventualité d’un nous existait encore ; à l’époque où il m’était devenu évident que mes rêves ne me laisseraient que des blessures suppurantes, parce qu’il n’existait aucune possibilité. Je n’avais pu m’en empêcher, alors. Je ne pouvais m’en empêcher, maintenant. Bella dans mes bras. Bella soupirant mon prénom…

  Pis encore, une nouvelle image, une qui ne m’avait jamais traversé l’esprit, une qui n’aurait pas dû exister. Une image dont je savais que je n’aurais jamais souffert pendant des années, s’il ne me l’avait pas insufflée. Elle était pourtant là, déployant ses ramifications dans ma tête comme une mauvaise herbe, vénéneuse, impossible à éradiquer. Bella, rayonnante, si différente de celle qu’elle était en ce moment, et pourtant identique ; son corps, pas déformé, changé d’une façon plus naturelle. Arrondi parce qu’elle portait mon enfant.

  Je m’efforçai d’oublier l’idée empoisonnée.

  — Faire entendre raison à Bella ? répétai-je. Dans quel monde vis-tu ?

  — Au moins, essaye.

  Je secouai la tête. Il attendit, ignorant ma réaction négative, parfaitement au courant du conflit qui se jouait dans mon crâne.

  — D’où sors-tu ces âneries de cinglé ? Tu les fabriques à la chaîne ?

  — Je n’ai réfléchi à rien d’autre qu’aux moyens de l’épargner depuis que j’ai compris ce qu’elle planifiait. Qu’elle était prête à mourir. J’ignorais comment te contacter, hélas. Je savais que, si je t’appelais, tu refuserais de m’écouter. Si tu n’étais pas venu aujourd’hui, je serais allé à toi. Mais j’ai du mal à la quitter, même quelques minutes. Son état… évolue si vite. La chose… grandit. Rapidement. Je ne peux la laisser maintenant.

  — Qu’est-ce que c’est exactement ?

  — Aucun de nous n’en a la moindre idée. Mais c’est déjà plus fort qu’elle.

  Brusquement, je le vis, mentalement, ce monstre qui la brisait depuis l’intérieur.

  — Aide-moi à arrêter ça, murmura Edward. Aide-moi à empêcher ce qui arrive.

  — Comment ? En jouant les étalons ? (Il ne tressaillit même pas devant ma grossièreté.) Tu es complètement malade. Elle n’acceptera jamais.

  — Essaye. Nous n’avons plus rien à perdre. Que risquons-nous ?

  Moi ? De souffrir. Bella ne m’avait-elle pas suffisamment rejeté par le passé ?

  — Souffrir pour la sauver, est-ce un prix si élevé ?

  — Ça ne fonctionnera pas.

  — Peut-être. Mais cela suffira peut-être à la déboussoler aussi. À l’amener à hésiter. Un moment de doute, c’est tout ce que je demande.

  — Et ensuite, tu retireras ton offre ? Ce n’était rien qu’une blague, Bella ?

  — Si elle désire un enfant, elle l’aura. Je ne me déroberai pas.

  Je n’en revenais pas qu’il ait pu penser à cette solution. Bella allait me massacrer. Non que ça m’inquiétait – elle se casserait de nouveau la main, sans doute. Je regrettais d’avoir autorisé Edward à me parler, à mettre le bazar dans ma tête. Mieux valait que je le tue sur-le-champ.

  — Pas tout de suite, chuchota-t-il. Que ma mort soit justifiée ou non, elle anéantirait Bella, tu le sais. Inutile de se précipiter. Si elle ne t’écoute pas, tu auras ta chance. Au moment où son cœur cessera de battre, je te supplierai d’en finir avec moi.

  — Tu n’auras pas besoin de me supplier très longtemps.

  L’ombre d’un sourire souleva le coin de ses lèvres.

  — J’y compte bien, répondit-il.

  — Marché conclu, alors.

  Il acquiesça et me tendit sa main de pierre froide. Ravalant mon dégoût, je la serrai.

  — Marché conclu.

  10

  POURQUOI NE SUIS-JE PAS PARTI , TOUT SIMPLEMENT ?

  AH OUI ! PARCE QUE JE SUIS UN IMBÉCILE ...

  Je me sentais comme… je l’ignore. Comme si c’était irréel. Comme si je jouais dans la version gothique d’un mauvais feuilleton. Au lieu d’être l’abruti de service s’apprêtant à inviter la chef des pom-pom girls au bal de fin d’année, j’étais le parfait loup-garou de second ordre s’apprêtant à demander à l’épouse d’un vampire de copuler afin de procréer. Génial !

  Non, je ne le ferais pas. C’était tordu, malsain. J’allais oublier tout ce qu’Edward m’avait dit.

  En revanche, je parlerais à Bella. Je tâcherais de l’amener à se ranger à mes arguments.

  Ce qui ne se produirait pas, comme d’habitude.

  Edward ne commenta pas mes pensées sur le chemin nous ramenant à la maison. Je m’interrogeais sur l’endroit qu’il avait choisi pour notre conversation. Était-ce assez loin de la villa pour que les autres n’entendent pas ses chucho tements ? Avait-ce été cela, la raison ? Peut-être. Lorsque nous entrâmes, les yeux des Cullen étaient soupçonneux, hésitants. Ni écœurés ni outragés. Ainsi, ils n’avaient pas perçu la faveur qu’Edward m’avait demandée.

  Sur le seuil, j’hésitai, ignorant comment procéder. L’atmosphère, près de la porte, était moins intolérable, avec l’air qui venait de l’extérieur. Edward approcha du groupe, raide. Bella l’observa avec intensité, me regarda brièvement, puis s’intéressa de nouveau à lui. Son teint devint gris, et je constatai à quel point la pression empirait son état.

  — Nous allons laisser Jacob et Bella discuter en privé, annonça Edward d’une voix robotique dénuée d’inflexions.

  — Pour cela, il faudra me réduire en cendres, cracha Rosalie.

  Elle rôdait autour de Bella, une main froide posée sur la joue creuse de la malade.

  — Bella, poursuivit Edward sans relever. Jacob désire te parler. Crains-tu de rester seule avec lui ?

  L’interpellée me contempla, l’air perdu. Puis elle se tourna vers Rosalie.

  — Ne t’inquiète pas, Rose. Jake ne nous fera aucun mal. Accompagne Edward.

  — Il pourrait s’agir d’un piège, objecta la blonde.

  — Je ne vois pas en quoi, répliqua Bella.

  — Tu ne perdras de vue ni Carlisle ni moi, Rosalie, lança Edward et, cette fois, la colère perça, sous les intonations apparemment monotones. C’est nous, dont elle a peur.

  — Non ! chuchota Bella, les yeux mouillés de larmes. Non, Edward. Je ne…

  Il lui adressa un petit sourire, douloureux à regarder.

  — Je ne l’entendais pas ainsi, Bella. Je vais bien. Ne te soucie pas de moi.

  Atroce. Il avait raison. Elle s’en voulait de le faire souffrir. Cette fille était une martyre-née. E
lle s’était trompée de siècle. Elle aurait dû vivre à une époque où elle aurait pu être livrée aux lions pour une quelconque bonne cause.

  — Tout le monde dehors, s’il vous plaît, reprit Edward en désignant la porte.

  Le contrôle de soi qu’il s’efforçait de garder pour Bella commençait à se fissurer. Il était tout près de l’homme brûlé auquel j’avais eu droit, à l’extérieur de la maison. Les autres s’en rendirent compte car, en silence, ils sortirent, tandis que je m’écartais de leur chemin. Ils étaient vifs. Mon cœur battit deux fois, et la pièce fut vide, si ce n’est pour Rosalie, qui tergiversait, au milieu de la salle, et Edward, qui l’attendait sur le seuil.

  — Je veux que tu t’en ailles, Rose, insista Bella à voix basse.

  La blonde toisa Edward et lui fit signe de partir le premier. Il disparut. Ensuite, elle m’adressa un long regard d’avertissement, et s’évanouit à son tour.

  Une fois seul avec Bella, j’allai m’asseoir par terre, près d’elle. Je m’emparai de ses mains glacées que j’entrepris de frotter doucement.

  — Merci, Jake. C’est agréable.

  — Je ne vais pas te mentir, Bella, tu es hideuse.

  — Je sais, soupira-t-elle. Une horreur !

  — Une créature sortie des pires cauchemars.

  Elle rit.

  — C’est bon de t’avoir ici. Et de sourire. Je ne supporte plus ces mines tragiques qui m’entourent.

  Je levai les yeux au ciel.

  — D’accord, d’accord, reconnut-elle, je suis responsable.

  — Oui. Franchement, Bella ! À quoi tu penses ?

  — T’a-t-il demandé de me disputer ?

  — En quelque sorte. Même si je ne comprends pas pourquoi il croit que tu m’écouteras. Tu ne l’as jamais fait.

  Elle poussa un soupir.

  — Je t’avais bien dit…

  — Sais-tu que « Je t’avais bien dit » a un frère, Jacob ? m’interrompit-elle. Il s’appelle « Ferme-la ! ».

  — Elle est bonne, celle-là.

  Quand elle me sourit, sa peau se tendit sur ses os.

  — Je ne l’ai pas inventée. Je l’ai piquée aux Simpson.

  — Je n’ai pas vu cet épisode.

 

‹ Prev