RÉVÉLATION

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RÉVÉLATION Page 20

by Stephenie Meyer


  Apparemment, Rosalie et Bella étaient devenues un « nous ». Comme si elles avaient formé leur propre meute. J’arpentai sans bruit le terrain devant la demeure, me rapprochant à chaque passage. Les fenêtres obscures avaient des allures d’écran de télévision dans quelque salle d’attente lugubre. Je n’arrivais pas à m’en détourner très longtemps.

  Quelques minutes supplémentaires, quelques allers-retours encore, mon poil finit par effleurer le porche.

  Par les vitres, j’apercevais le sommet des murs et le plafond, le lustre éteint qui y était suspendu. J’étais assez grand pour qu’il me suffise de tendre le cou et… une patte sur la première marche du perron, peut-être…

  Je jetai un coup d’œil dans la grande salle, m’attendant à une scène similaire à celle de l’après-midi. Tout avait tellement changé, cependant, que je fus désorienté. Je crus même m’être trompé de pièce. Le mur de verre avait disparu pour céder la place à ce qui ressemblait à un rideau de métal. Les meubles avaient été repoussés contre les parois, et Bella était recroquevillée sur un lit étroit placé au milieu du salon. Pas un lit normal, un avec des barreaux, comme à l’hôpital. Et, comme à l’hôpital, des moniteurs étaient reliés à son corps, des tubes étaient plantés dans sa peau. Les lumières des écrans clignotaient en silence. Le bruit que j’avais perçu sans le reconnaître était celui d’un goutte-à-goutte fixé à son bras, avec à l’intérieur un liquide épais et blanc, pas transparent.

  Bella s’agita dans son sommeil et toussa. Aussitôt, tant Rosalie qu’Edward s’approchèrent d’elle. La malade frémit et gémit. La blonde passa une paume sur son front. Edward se raidit. Je ne distinguais pas son visage, mais son expression devait être parlante, parce que Emmett se glissa entre lui et Blondie en moins de temps qu’il n’en faut pour l’écrire, mains levées devant son frère.

  — Pas ce soir, Edward, dit-il. Nous avons des priorités plus urgentes.

  Edward leur tourna le dos, et je revis l’homme au bûcher. Nos yeux se croisèrent, puis je retombai sur mes quatre pattes.

  Je me précipitai dans la forêt afin de rejoindre Seth, fuyant ce qui était dans la maison.

  Pire, avait-il dit. Oh oui ! C’était bien pire.

  12

  CERTAINES PERSONNES NE COMPRENDRONT JAMAIS QU’ELLES NE SONT PAS LES BIENVENUES

  J’étais aux portes du sommeil.

  Derrière les nuages, le soleil s’était levé, peu auparavant. De noire, la forêt était devenue grise. Vers une heure du matin, Seth s’était roulé en boule et avait aussitôt sombré, et je l’avais réveillé à l’aube pour qu’il prenne la relève. Bien que j’aie couru toute la nuit, j’avais du mal à faire taire mon cerveau assez longtemps pour m’endormir. Le rythme de la course de Seth m’y aidait, cependant. Un, deux-trois, quatre. Un, deux-trois, quatre. Pouf-pouf-pouf-pouf. Bruits sourds des pattes sur la terre humide, incessants, tandis qu’il effectuait sa ronde autour de la propriété des Cullen. Nos passages répétés avaient déjà tracé un sentier dans l’herbe. L’esprit de Seth était vide et ne reflétait que des images brouillées gris et vert des bois qui filaient. Il était reposant de remplir ma tête avec ce qu’il voyait plutôt que de laisser mes propres pensées l’emporter.

  Soudain, son hurlement perçant déchira le calme matinal.

  Je bondis et démarrai en trombe, mes pattes avant se mettant en mouvement avant même que celles de derrière aient quitté le sol. Je me ruai vers l’endroit où il s’était figé, écoutant avec lui les martèlements de pas qu’il avait détectés.

  Salut, les gars.

  Un gémissement surpris s’échappa de la gueule de Seth. Puis, à l’unisson, nous grognâmes en plongeant plus profondément dans les pensées de l’intruse.

  Bon Dieu, Leah ! Fiche le camp ! grommela son frère.

  La tête rejetée en arrière, il s’apprêta à pousser un nouveau hurlement.

  Ça suffit ! lui lançai-je.

  Tu as raison.

  Il geignit et trépigna. Leah surgit au petit trot, son corps gris et menu sinuant entre les troncs.

  Arrête de pleurnicher, Seth. Tu n’es qu’un gros bébé.

  Je grondai à son adresse, et mes oreilles s’aplatirent sur mon crâne. D’instinct, elle recula.

  Qu’est-ce que tu fiches ici, Leah ?

  C’est pourtant évident, non ? soupira-t-elle. Je me joins à votre minable meute de renégats. Les chiens de garde des vampires.

  Elle lâcha un bref aboiement moqueur.

  Pas question. Décampe avant que je ne t’arrache un jarret.

  Comme si tu étais capable de m’attraper ! On fait la course, ô chef sans peur et sans reproche ?

  Je respirai à pleins poumons. Quand je fus certain de ne pas me mettre à hurler, j’exhalai.

  Seth, va prévenir les Cullen qu’il s’agit juste de ta crétine de sœur. Je m’occupe d’elle.

  J’avais pensé les mots de la manière la plus dure qui soit.

  J’y cours !

  Seth fila vers la villa, trop heureux de nous abandonner. Leah gémit et pointa le cou, poil hérissé.

  Tu le laisses courir vers les vampires tout seul ?

  Je te parie qu’il préfère être bouffé par eux plutôt que passer une minute de plus avec toi.

  Boucle-la, Jacob. Houps ! Désolée. Boucle-la, ô Alpha si supérieur.

  Qu’est-ce que tu fous ici ?

  Tu me prends pour qui ? Tu crois que je vais rester sagement assise chez moi pendant que mon petit frère se porte volontaire pour servir de joujou à mâcher aux buveurs de sang ?

  Seth ne veut pas ni n’a besoin de ta protection. Personne ne veut de toi, ici.

  Ouille ! Une belle cicatrice en perspective. Ah ! Dis-moi un peu qui désire ma présence ailleurs, et je me tire.

  Donc, tu n’es pas venue pour Seth ?

  Bien sûr que si. Je souligne seulement qu’être de trop n’est pas une nouveauté pour moi. Pas un argument très convaincant non plus, du coup.

  Je serrai les dents.

  C’est Sam qui t’envoie ?

  Si c’était le cas, tu ne m’entendrais pas. Je ne suis plus sa vassale.

  J’inspectai minutieusement son esprit, afin de déterminer s’il s’agissait d’un complot ou d’une diversion. Mais je ne repérai rien. Elle disait la vérité. Une vérité réticente, presque désespérée.

  Ainsi, tu m’es loyale, à présent ? raillai-je. Ben tiens !

  Mes choix sont limités. Je fais avec. Crois-moi, cela ne me plaît pas plus qu’à toi.

  Ça, c’était faux. Il émanait d’elle une étrange excitation. Sans être ravie, elle était animée par une sorte de plaisir. Je fouillai sa tête, essayant de comprendre. En sentant l’intrusion, elle se hérissa. D’ordinaire, je ne cherchais jamais à saisir le sens de son comportement. J’aimais mieux l’oublier.

  Seth nous interrompit en transmettant son explication à Edward par la pensée. Leah poussa un gémissement anxieux. Le visage d’Edward, derrière la même fenêtre que la veille au soir, ne trahit aucune réaction. La nouvelle le laissait de marbre. Comme mort.

  La vache, il n’a pas l’air en forme ! songea Seth.

  Le vampire ne réagit pas à cela non plus. Il disparut dans les profondeurs de la maison. Seth fit demi-tour pour revenir vers nous ; sa sœur se détendit.

  Que se passe-t-il ? demanda-t-elle. Mets-moi au courant.

  Inutile. Tu t’en vas.

  Oh que non, monsieur l’Alpha ! Vu que, apparemment, il faut que j’appartienne à quelqu’un, je te choisis. Et ne va pas imaginer que je n’ai pas tenté de prendre mon indépendance. Tu sais toi-même que ça ne marche pas comme ça.

  Tu ne m’apprécies pas, Leah. Et la réciproque est vraie.

  Merci du renseignement, capitaine de la Palisse. Ça m’est égal. Je reste avec Seth.

  Tu détestes les vampires. Il y a conflit d’intérêts, là, non ?

  Tu ne les aimes pas plus que moi.

  Sauf que je suis attaché à cette alliance. Pas toi.

  Je g
arderai mes distances. Je n’aurai qu’à patrouiller, comme Seth.

  Et je suis censé te faire confiance ?

  Elle tendit le cou et se dressa sur ses pattes afin de se hisser à ma hauteur pour me fixer dans les yeux.

  Je ne trahirai pas ma meute, assena-t-elle.

  J’eus envie de hurler, à l’égal de Seth, un peu plus tôt.

  Ceci n’est pas ta meute ! Ce n’est même pas une meute ! Ce n’est que moi qui m’isole. Mais qu’est-ce que vous avez dans le sang, vous autres Clearwater ? Pourquoi ne pouvez-vous pas me fiche la paix ?

  Seth, qui venait de nous rejoindre, gémit. Je l’avais offensé. Grandement.

  Je t’ai été utile, non, Jake ? protesta-t-il timidement.

  Tu n’as pas été trop pénible, le môme. Mais si toi et Leah allez par deux, et si ma seule façon de me débarrasser d’elle est de te renvoyer chez toi… tu ne peux pas me reprocher de te demander de partir.

  Pff ! Leah ! Tu as tout gâché.

  Oui, je sais.

  Ces trois petits mots lestés de désespoir transpiraient une souffrance plus vive que je ne l’avais imaginée. Je n’avais pas envie d’être compatissant, cependant. Certes, la meute n’avait pas été tendre avec elle, mais c’était sa faute. Une telle amertume entachait son esprit qu’être dans sa tête devenait un cauchemar.

  Jake…, plaida Seth, plein de culpabilité lui aussi. Tu ne vas pas vraiment me renvoyer, hein ? Leah n’est pas si horrible. Je te jure. Avec elle, nous pourrions élargir notre périmètre de ronde. Et puis, Sam ne dispose plus que de sept loups. À force de perdre ses troupes, il va devoir renoncer à attaquer. C’est sûrement une bonne chose…

  Tu sais très bien que je ne veux pas devenir chef de meute, Seth.

  Eh bien, ne sois pas le nôtre, proposa Leah.

  D’accord. Rentrez chez vous.

  Jake, intervint Seth, j’ai ma place ici. J’aime les vampires. Les Cullen, du moins. Pour moi, ce sont des gens comme les autres, et je les défendrai parce que tel est notre rôle.

  Tu as peut-être ta place ici, le môme, mais pas ta sœur. Et elle te suivra partout où tu…

  Je m’arrêtai net, car je venais de détecter une chose à laquelle Leah s’était efforcée de ne pas penser. Elle ne comptait aller nulle part.

  Je croyais que c’était pour Seth, dis-je sévèrement.

  Elle tressaillit.

  C’est pour lui, en effet.

  Pour t’éloigner de Sam, surtout !

  Je n’ai pas à me justifier, gronda-t-elle, tendue. Je n’ai qu’à obéir aux ordres. J’appartiens à ta meute, Jacob. Point barre.

  Je m’éloignai en grommelant. Flûte ! Je ne me débarrasserais pas d’elle. Elle avait beau ne pas m’aimer, elle avait beau mépriser les Cullen, l’idée de pouvoir tuer tous les vampires sur-le-champ avait beau la réjouir, celle de devoir les protéger avait beau l’agacer au plus haut point – rien de tout cela n’était comparable à ce qu’elle ressentait après s’être libérée de Sam. Elle ne m’appréciait pas – que j’aie envie qu’elle disparaisse n’était pas un tel fardeau. Elle aimait Sam. Toujours. Que lui souhaite la voir ailleurs était une souffrance plus pénible que ce qu’elle était prête à supporter, maintenant qu’un choix s’offrait à elle. Elle aurait accepté n’importe quelle occasion de s’éloigner de lui. Même si cela impliquait de devenir le toutou des Cullen.

  Je ne suis pas sûre que j’irais aussi loin, répondit-elle en écho à mes réflexions. (Elle s’efforçait d’être dure et agressive, sans beaucoup d’efficacité cependant.) Je crois plutôt que je me tuerais d’abord. Quitte à m’y reprendre à plusieurs fois.

  Écoute, Leah…

  Non, toi, écoute, Jacob. Arrête d’essayer de me convaincre, ça ne sert à rien. Je ne me mettrai pas dans tes pattes, d’accord ? Je ferai tout ce que tu voudras. Sauf regagner la meute de Sam et reprendre le rôle de la minable ex-petite amie dont il n’arrive pas à se débarrasser. Si tu souhaites que je m’en aille, tu vas devoir m’y forcer.

  Sur ce, elle s’assit posément et me regarda droit dans les yeux. Je pestai pendant une longue minute rageuse. Je commençais à éprouver de la sympathie pour Sam, en dépit de ce qu’il nous avait infligé, à Seth et à moi. Pas étonnant qu’il passe son temps à donner des ordres à la meute. Sinon, il n’en aurait jamais rien obtenu.

  Serais-tu fâché si je tuais ta sœur, Seth ?

  Il fit semblant d’y réfléchir.

  Ben… sûrement, oui.

  Je soupirai.

  D’accord, alors, mademoiselle Tout-ce-que-je-voudrai. Commence donc par te rendre utile en nous disant ce que tu sais. Que s’est-il passé hier soir, après notre départ ?

  Il y a eu beaucoup de hurlements. Que vous avez sûrement entendus. C’était un tel vacarme que nous avons mis un bon moment à nous apercevoir que nous ne captions plus vos esprits… Sam était…

  Les mots lui manquèrent, mais Seth et moi les lûmes dans sa tête. Nous tressaillîmes.

  Après, reprit-elle, il est vite devenu évident que nous allions devoir revoir nos plans. Sam comptait s’entretenir avec les anciens, tôt ce matin. Nous étions censés nous retrouver afin de mettre au point une nouvelle stratégie, même si j’ai deviné qu’il n’était plus question d’une attaque immédiate. Avec toi et Seth qui aviez pris le large, avec les vampires au courant, ç’aurait été du suicide. J’ignore ce qu’ils comptent faire, mais je ne me baladerais pas seule dans la forêt si j’étais une sangsue. La chasse est ouverte.

  Tu as décidé de sécher le rendez-vous ce matin ?

  Quand nous nous sommes séparés pour patrouiller, cette nuit, j’ai demandé la permission de rentrer à la maison, afin d’expliquer à ma mère ce qui s’était passé…

  Zut ! gémit Seth. Tu en as parlé à maman ?

  Mets-la en veilleuse, Seth. Continue, Leah.

  Bref, une fois humaine, je me suis accordé une minute pour réfléchir. Toute la nuit, en fait. Les autres croient sûrement que je me suis endormie, mais cette histoire de meute divisée et d’esprits accessibles ou non m’a donné pas mal de grain à moudre. J’ai soupesé entre la sécurité de Seth et… les éventuels bénéfices d’une part, et l’idée de trahir et de devoir respirer la puanteur des vampires pendant Dieu sait combien de temps de l’autre. Tu connais ma décision, Jacob. J’ai laissé une note à maman. J’imagine que nous en entendrons parler quand Sam apprendra la nouvelle…

  Elle tendit une oreille en direction de l’ouest.

  Oui, tu as sans doute raison, acquiesçai-je.

  Voilà, j’ai fini, déclara-t-elle. Et maintenant, que fait-on ?

  Elle et son frère me regardèrent avec espoir. Exactement le genre de chose dont je ne voulais pas.

  On garde l’œil ouvert. Nous n’avons rien de plus urgent pour l’instant. Tu devrais dormir un peu, Leah.

  Tu n’as pas plus dormi que moi.

  Je croyais que tu obéirais aux ordres sans discuter ?

  Ah oui, c’est vrai. Ça promet. Bah ! Je m’en fiche, après tout.

  Elle bâilla.

  Je vais patrouiller sur le périmètre, Jake, je ne suis pas fatigué.

  Seth était si content que je ne l’aie pas renvoyé chez lui qu’il en dansait de joie.

  C’est ça. Moi, je retourne chez les Cullen.

  Seth déguerpit sous le regard pensif de sa sœur.

  Une ronde ou deux avant de pioncer, marmonna-t-elle. Hé, Seth ! Je te montre en combien d’enjambées je te rattrape ?

  Non !

  En ricanant, elle se lança à sa poursuite. Je grondai. C’en était fini de ma paix et de mon silence.

  Leah faisait des efforts… à sa manière. Tout en courant sur le périmètre, elle contenait dans la mesure du possible ses railleries. En revanche, il était impossible de ne pas être touché par son sentiment de supériorité. Je songeai au proverbe : « Deux, c’est bien, trois, c’est un de trop. » Il ne s’appliquait pas vraiment à nous, parce que, à mes yeux, un seul suffisait amplement. Mais si nous devions absolument être trois, j
’aurais volontiers échangé Leah contre à peu près n’importe qui.

  Paul ? suggéra-t-elle.

  Peut-être, admis-je.

  Elle rit, trop énervée pour se vexer. Je me demandai combien de temps durerait ce plaisir d’avoir échappé à la pitié de Sam.

  Ce sera mon objectif, alors. Être moins pénible que Paul.

  Oui, travaille donc là-dessus.

  Je me transformai à quelques mètres de la maison. Je n’avais pas envisagé de passer beaucoup de temps comme humain dans les parages, mais je ne savais pas, alors, que j’aurais Leah dans ma tête. Enfilant mon short usé, je traversai la pelouse.

  La porte s’ouvrit avant que je n’atteigne le perron, et je fus surpris de voir Carlisle, et non Edward, sortir pour m’accueillir. Il avait l’air épuisé, vaincu. L’espace d’une seconde, mon cœur se glaça, et je m’arrêtai, incapable de prononcer un mot.

  — Vas-tu bien, Jacob ?

  — Et Bella ?

  — Elle… est à peu près dans le même état qu’hier soir. T’ai-je fait peur ? Désolé. Edward m’a averti que tu arrivais sous ta forme humaine, et je suis venu à ta rencontre, car il ne veut pas la quitter. Elle est réveillée.

  Edward souhaitait ne pas perdre un moment avec elle, car il n’en restait plus beaucoup. Si Carlisle n’exprima pas l’idée à haute voix, il n’en pensait pas moins, et moi aussi.

  Je n’avais pas dormi depuis longtemps – ma dernière patrouille –, et l’épuisement me submergea. Je m’assis sur les marches du perron et m’affalai contre la rambarde. Se déplaçant avec la vitesse et le silence d’un courant d’air, comme seuls les vampires en étaient capables, Carlisle s’installa sur la même marche que moi, le long de l’autre balustrade.

  — Je n’ai pas eu l’occasion de te remercier, hier, Jacob. Tu n’imagines pas à quel point j’apprécie ta… compassion. Je suis conscient que ton seul but est de protéger Bella ; malgré tout, je te dois la sauvegarde du reste de ma famille. Edward m’a raconté ce que tu as dû…

  — N’en parlons plus, marmonnai-je.

  — À ta guise.

  Le silence tomba. J’entendais les autres, à l’intérieur. Emmett, Alice et Jasper, qui conversaient à voix basses et graves, Esmé, qui fredonnait n’importe quoi dans une pièce voisine. Rosalie et Edward, qui respiraient, pas loin de nous. Si je ne différenciais pas leurs souffles, je percevais celui, laborieux, de Bella. Je captais également les battements de son cœur. Ils étaient… inégaux.

 

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