RÉVÉLATION

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RÉVÉLATION Page 21

by Stephenie Meyer


  J’avais l’impression que le destin avait décidé de m’obliger à faire durant ces dernières vingt-quatre heures tout ce que je m’étais juré de ne jamais faire. Par exemple, j’étais là à attendre qu’elle meure. Écouter devint insupportable. Mieux valait encore discuter.

  — Vous la considérez comme un membre de votre famille ? demandai-je en repensant à ce qu’il venait de dire sur la sauvegarde du reste des siens.

  — Oui. Elle est ma fille. Une fille que j’aime.

  — Pourtant, vous la laissez mourir.

  Il ne répondit pas, si longtemps que je relevai la tête. Ses traits étaient vraiment épuisés. Je comprenais ce qu’il ressentait.

  — Je me doute de la mauvaise opinion que tu as de moi, finit-il par murmurer. Je ne peux aller contre sa volonté, cependant. Il ne serait pas bien de choisir à sa place, de la forcer.

  J’avais envie d’être en colère contre lui, mais il ne me facilitait pas la tâche. C’était comme s’il me renvoyait à la figure mes propres paroles, brouillées. Elles avaient sonné juste, ce n’était plus le cas maintenant. Pas quand Bella était à l’agonie. N’empêche… Je me souvins de l’effet éprouvé quand Sam avait brisé ma volonté – cette confrontation à l’obligation de s’impliquer dans le meurtre de quelqu’un qui m’était cher. La situation n’était pas totalement identique, toutefois. Sam se trompait. Et Bella aimait ce qu’elle n’aurait pas dû aimer.

  — Croyez-vous qu’elle ait une chance de s’en tirer ? Comme vampire et tout ça, s’entend. Elle m’a parlé… d’Esmé.

  — À mon avis, c’est cinquante-cinquante. J’ai vu le venin des vampires opérer des miracles. Malheureusement, il est impuissant dans certaines situations. Son cœur est trop sollicité, à présent. S’il lâche… je ne pourrai plus rien pour elle.

  Comme pour confirmer ces dires, le pouls de Bella eut des ratés épouvantables.

  Si ça se trouve, la planète s’était mise à tourner dans le mauvais sens. Voilà pourquoi tout était à l’opposé de la veille. Sinon, comment expliquer que j’étais en train de souhaiter ce que, à une époque, j’avais considéré comme la pire abomination qui soit ?

  — Que lui fait cette chose ? chuchotai-je. Son état a empiré si vite. J’ai vu… les tubes et le reste. Par la fenêtre.

  — Le fœtus n’est pas compatible avec son corps. Il est trop fort, pour commencer, même si elle devrait être capable d’endurer ça un moment. Le plus inquiétant, c’est qu’il ne l’autorise pas à se sustenter comme il le faudrait. Elle rejette toute forme d’alimentation. J’essaye de la nourrir par intraveineuse, mais son organisme ne l’absorbe pas. Le processus est tellement accéléré que, à chaque heure qui passe, je constate qu’elle et le fœtus sont en train de mourir de faim. Je suis incapable d’enrayer cela, et je ne comprends pas ce que le bébé veut.

  Sur la fin, sa voix se brisa. Comme la veille, lorsque j’avais découvert les hématomes sur le ventre de Bella, je me sentis furieux et un peu fou. Je serrai les poings tout en essayant de contrôler mes tremblements. Je détestais la chose qui lui faisait du mal. Non seulement ce petit monstre la frappait, mais en plus il l’amenait à dépérir, faute d’alimentation. Il cherchait sûrement juste un truc où planter ses crocs – une gorge à saigner à blanc. Comme il n’était pas encore assez grand pour tuer, il se contentait de sucer la vie de Bella. Ce qu’il voulait était parfaitement clair, à mes yeux : de la mort et du sang, du sang et de la mort.

  Ma peau était hérissée et me brûlait. Je me concentrai sur ma respiration, afin de me calmer.

  — J’aimerais avoir une meilleure idée de ce qu’il est exactement, reprit Carlisle. Mais il est bien protégé. Ma tentative d’échographie n’a rien donné. Je doute que j’arriverais à ponctionner un peu de liquide amniotique. De toute façon Rosalie refuse de me laisser essayer.

  — À quoi ça servirait ?

  — Plus j’en apprends sur le fœtus, plus je suis en mesure d’estimer ce dont il sera capable. Je donnerais n’importe quoi pour un peu de ce liquide amniotique. Si seulement je savais combien il a de chromosomes…

  — Je ne vous suis plus, là. Vous pourriez être plus clair ?

  Il eut un rire bref. Même son rire avait l’air éreinté.

  — Oui, bien sûr. Tu as suivi des cours de biologie, non ? Avez-vous étudié les chromosomes ?

  — Je crois me rappeler que oui. Nous en avons vingt-trois paires, non ?

  — Les humains, oui.

  — Pas vous ?

  — Vingt-cinq.

  — Quelles conclusions faut-il en tirer ?

  — Je croyais que nos espèces étaient presque entièrement différentes. Qu’elles avaient moins en commun qu’un lion et un chat domestique. Or, voici que cette nouvelle vie… suggère que nous sommes génétiquement plus compatibles que je ne le pensais. (Il poussa un soupir triste.) J’ignorais que j’aurais dû les mettre en garde.

  Je soupirai moi aussi. Il m’avait été aisé de haïr Edward pour cette insouciance. Je le haïssais encore, d’ailleurs. En revanche, j’avais du mal à détester Carlisle. Peut-être parce que je n’étais pas jaloux de lui.

  — Connaître le nombre de chromosomes pourrait m’aider. Histoire de voir si le fœtus est plus proche d’elle que de nous. D’avoir une idée de ce à quoi il faut s’attendre. Quoique… ça ne servirait peut-être à rien non plus. En réalité, ce que je voudrais, c’est une tâche qui m’occupe les mains et l’esprit.

  — Je me demande à quoi ressemblent mes chromosomes, marmonnai-je.

  Les tests des Jeux olympiques me revinrent à l’esprit. Comprenaient-ils des recherches sur l’ADN ?

  — Tu en as vingt-quatre, Jacob, m’annonça Carlisle en toussotant.

  Je me tournai lentement vers lui, surpris. Il eut l’air gêné.

  — Simple curiosité. J’ai pris la liberté de vérifier, en juin, quand je t’ai soigné.

  — Ça devrait sans doute m’énerver, mais je m’en fiche complètement, répondis-je après avoir réfléchi un instant.

  — Excuse-moi. J’aurais dû te demander l’autorisation.

  — Ne vous bilez pas. Vous ne pensiez pas à mal.

  — Non, c’est vrai. Je trouve votre espèce fascinante, rien de plus. La nature des vampires m’est devenue banale, au fil des siècles. La façon dont vous divergez des humains est beaucoup plus intéressante. Presque magique.

  — N’importe quoi !

  Il était bien comme Bella, avec ses âneries sur la magie ! Il partit d’un autre rire las.

  Soudain, dans la maison, Edward parla et nous tendîmes l’oreille.

  — Je reviens tout de suite, Bella. Il faut que j’aie une petite conversation avec Carlisle. Rosalie ? J’aimerais que tu m’accompagnes.

  La voix d’Edward avait changé. La mort absolue avait laissé place à une étincelle de vie. Pas franchement de l’espoir… le désir d’espérer, peut-être.

  — Qu’y a-t-il ? croassa Bella.

  — Rien d’inquiétant, mon amour. J’en ai pour une seconde. Rose ?

  — Esmé ? appela cette dernière. Peux-tu me remplacer auprès de Bella ?

  Un froissement aérien résonna quand Esmé dévala l’escalier.

  — Naturellement, dit-elle.

  Carlisle se dévissa le cou pour regarder la porte, attentif et intrigué. Edward apparut le premier, sa sœur sur ses talons. Comme ses intonations, son visage avait retrouvé un semblant d’animation. Il paraissait extrêmement concentré. À l’inverse, Rosalie transpirait la suspicion. Il referma le battant derrière elle.

  — Carlisle ? murmura-t-il.

  — Oui ?

  — Nous nous y prenons mal, je crois. Je vous ai écoutés, toi et Jacob, quand vous parliez de ce que la… le fœtus veut. Jacob a émis une idée intéressante.

  Moi ? Quoi donc ? Je n’avais pensé à rien si ce n’est à la haine que je nourrissais à l’égard de l’abomination. D’ailleurs, je n’étais pas le seul à l’exécrer. Edward avait eu du mal à utiliser un terme aussi neutre que « fœtus �
�.

  — Nous n’avons même pas envisagé cette approche, poursuivait-il. Nous avons tenté de répondre aux besoins de Bella. Or, son corps rejette nos essais. Et si nous tentions plutôt de satisfaire ceux de la… du fœtus ? Si ça marche, Bella en sera peut-être soulagée ?

  — En clair, Edward ? demanda Carlisle.

  — Réfléchis ! Si cette créature est plus vampire qu’humain, devine un peu ce à quoi elle aspire. Jacob a trouvé, lui.

  Ah bon ? Je me repassai ma discussion avec le médecin. Cela me revint au moment où Carlisle pigeait.

  — Oh ! s’exclama-t-il, étonné. Tu crois qu’il… qu’il a soif ?

  Rosalie poussa un sifflement étouffé. Son visage à la perfection révoltante s’éclaira.

  — Mais oui, bien sûr ! marmonna-t-elle, les yeux bril lants. Nous avons des tonnes d’O négatif en réserve pour Bella, Carlisle. C’est une bonne idée, ajouta-t-elle sans daigner me regarder.

  — Hmm, réfléchit leur père, le menton dans la main. Je ne sais pas… Et comment le lui administrerait-on ?

  — Nous n’avons pas le temps d’être créatifs, répliqua Blondie. Je propose que nous commencions de façon traditionnelle.

  — Hé, une minute ! intervins-je. Vous êtes en train de suggérer que Bella boive du sang ?

  — C’est ton idée, sale chien, me lança Rosalie en fronçant les sourcils.

  L’ignorant, j’observai Carlisle. Le même espoir fantomatique que celui qui avait envahi les traits d’Edward se dessinait à présent dans ses prunelles.

  — C’est juste que c’est…

  Je me tus, incapable de trouver le bon mot.

  — Monstrueux ? suggéra Edward. Répugnant ?

  — Plutôt, oui.

  — Mais si ça l’aide ? insista-t-il.

  — Comment comptes-tu procéder ? En lui fourrant un tube dans la gorge ?

  — Non, je vais lui demander son avis. Je voulais juste en parler avec Carlisle d’abord.

  — Si tu lui dis que ce sera bien pour le bébé, renchérit Rosalie, elle acceptera. Même si nous sommes obligés de la nourrir par intubation.

  Quand j’entendis le ton sucré sur lequel elle prononçait le mot « bébé », je compris qu’elle était prête à tout pour secourir le petit monstre suceur de vie. Était-ce donc ça, ce mystérieux lien entre elle et Bella ? Rosalie espérait-elle récupérer le moutard ? Du coin de l’œil, je vis Edward hocher la tête sans pour autant s’adresser directement à moi. Sa réponse à mes interrogations. Ça alors ! Je n’aurais jamais cru que cette Barbie glacée était capable d’instinct maternel. En tout cas, son empressement n’avait rien à voir avec l’envie de sauver Bella. Elle était sans doute capable de lui enfoncer en personne le tube dans la bouche. Edward pinça les lèvres, et je devinai que, là encore, j’avais raison.

  — Bon, s’impatienta Rosalie, nous perdons du temps. Qu’en penses-tu, Carlisle ? On essaye ?

  — Allons en parler à Bella, soupira le médecin en se levant.

  Blondie eut un petit sourire satisfait. Si la décision dépendait de Bella, elle était certaine d’obtenir ce qu’elle désirait. Me levant, je suivis le trio dans la maison d’un pas lourd. J’ignore pourquoi. Par simple curiosité morbide ? On aurait dit un film d’horreur. Des monstres et du sang partout. Ou alors, je n’étais pas capable de résister à une nouvelle injection de ma drogue préférée.

  Bella gisait sur son lit d’hôpital. Son ventre formait une montagne, sous le drap. Elle ressemblait à de la cire – dénuée de couleur et presque transparente. On aurait dit qu’elle était déjà morte, si ce n’est pour sa respiration courte qui agitait sa poitrine de petits mouvements. Et ses yeux épuisés qui nous suivirent tous les quatre avec méfiance.

  Les autres furent à son chevet en un rien de temps, se déplaçant à travers la pièce à une vitesse effarante à voir. Je les rejoignis plus lentement.

  — Que se passe-t-il ? chuchota Bella d’une voix rauque.

  Sa main cireuse tressaillit, comme si elle essayait de protéger son ventre en montgolfière.

  — Jacob a eu une idée susceptible de t’aider, annonça Carlisle.

  J’aurais bien aimé qu’il me laisse en dehors de tout cela. Je n’avais rien suggéré du tout. Tout le mérite en revenait à son buveur de sang de mari.

  — Ce ne sera pas… agréable, mais…

  — Ça sauvera le bébé, l’interrompit avidement Rosalie. Nous avons trouvé une façon de le nourrir. Peut-être.

  Les paupières de Bella papillonnèrent. Puis elle eut un rire qui ressemblait à une quinte de toux.

  — Désagréable ? murmura-t-elle. Voilà qui changera, pour une fois.

  Elle jeta un coup d’œil au tube planté dans son bras et toussa derechef. Blondie ricana elle aussi. Bon Dieu ! Bella avait l’air de n’avoir plus que quelques heures à vivre, elle souffrait, et pourtant elle arrivait à plaisanter. C’était bien elle, ça ! Tenter d’apaiser les tensions, de rendre la situation plus supportable pour tout le monde.

  Edward contourna Rosalie, une expression grave sur le visage. Je lui en fus reconnaissant. Qu’il ait plus mal que moi m’aidait un peu. Il prit sa main, celle qui ne défendait pas le ventre distendu.

  — Bella chérie, nous allons te demander de faire quelque chose de monstrueux. De répugnant.

  Je notai qu’il utilisait les mêmes termes qu’avec moi. Au moins, il était direct.

  — C’est si affreux ? s’enquit-elle en respirant avec peine.

  Ce fut Carlisle qui se chargea d’expliquer :

  — Nous pensons que le fœtus est doté d’un appétit plus proche du nôtre que du tien. D’après nous, il a soif.

  — Oh ! Oh !

  — Votre état, à toi et à lui, se détériore rapidement. Nous n’avons pas le temps de présenter cette solution sous un jour plus… appétissant. La manière la plus rapide de tester notre théorie…

  — Est que je boive du sang. (Elle acquiesça à peine – l’énergie lui manquait pour hocher la tête.) J’en suis capable. Un bon entraînement pour l’avenir, hein ?

  Ses lèvres décolorées se fendirent en un sourire faiblard quand elle regarda Edward. Lui ne sourit pas. Rosalie tapait du pied avec impatience. Le bruit était vraiment irritant. Comment réagirait-elle si je le balançais à travers un mur tout de suite ?

  — Alors, qui se charge de me capturer un grizzli ? murmura Bella.

  Carlisle et Edward échangèrent un coup d’œil. Rosalie cessa de taper du pied.

  — Qu’est-ce que j’ai dit ? marmonna la mourante.

  — Le test sera plus efficace si nous y allons franchement, expliqua Carlisle.

  — Si le fœtus a soif, précisa Edward, ce n’est pas de sang animal.

  — Tu ne sentiras pas la différence, l’encouragea Rosalie. Il te suffira de ne pas y penser.

  Bella écarquilla les yeux.

  — Qui ? souffla-t-elle en me contemplant.

  — Je ne suis pas ici en tant que donneur, grommelai-je. Et puis, cette chose veut du sang humain. Le mien ne lui conviendra sans doute pas…

  — Nous en avons en réserve, me coupa Rosalie, comme si je n’existais pas. Nous les avons constituées pour toi. Au cas où. Ne te soucie de rien. Tout va bien se passer. J’ai un bon pressentiment. Je crois que le bébé s’en portera mieux.

  La main de Bella caressa son ventre.

  — Eh bien, dit-elle, à peine audible. Je meurs de faim, donc lui aussi, j’imagine. (Encore une blague.) Allons-y. Mon premier acte vampirique.

  13

  HEUREUSEMENT QUE J’AI L’ESTOMAC SOLIDE

  Carlisle et Rosalie filèrent aussitôt dans l’escalier. Je les entendis débattre pour savoir s’ils devaient le réchauffer avant de le lui donner. Beurk ! Avaient-ils donc beaucoup de trucs abominables de cet acabit, genre maison de l’horreur ? Un réfrigérateur rempli de sang – ça, c’était fait. Quoi d’autre ? Une salle de torture ? Une crypte pleine de cercueils ?

  Edward ne bougea pas, ses doigts refermés autour de ceux de Bella. Son visage av
ait retrouvé son expression de mort. Il paraissait ne pas avoir l’énergie d’afficher cette toute petite lueur d’espoir qu’il avait eue, un peu auparavant. Lui et elle se fixaient, mais pas d’une façon romantique. C’était plutôt comme s’ils discutaient. Ça me rappelait Sam et Emily.

  Ce n’était pas romantique… et d’autant plus dur à regarder.

  Je savais combien il était difficile pour Leah d’avoir constamment à assister à des scènes identiques. D’avoir à entendre cet amour dans les pensées de Sam. Bien sûr, nous éprouvions tous de la compassion pour elle – nous n’étions pas des monstres, pas dans ce sens du moins. Mais nous lui en voulions aussi de la façon dont elle gérait sa douleur. L’affichant au vu et su de tous, tentant de nous rendre aussi malheureux qu’elle.

  Plus jamais je ne le lui reprocherais. Comment pouvait-on s’empêcher de répandre cette souffrance autour de soi ? Comment pouvait-on ne pas essayer de se décharger de ce fardeau en le faisant un peu porter aux autres ? Et si, pour cela, je devais diriger une meute, comment osais-je l’accuser de me voler ma liberté ? J’aurais agi pareillement, à sa place. S’il avait existé une quelconque manière d’échapper à la douleur, je l’aurais aussitôt adoptée moi aussi.

  Rosalie dévala les marches une seconde après les avoir grimpées. Elle traversa la pièce, tel un courant d’air glacé, en remuant l’odeur brûlante dans mon nez, et fonça dans la cuisine. Un placard craqua.

  — Évite le transparent, Rosalie, soupira Edward en levant les yeux au ciel.

  Bella parut intriguée, mais il se borna à secouer la tête. Sa sœur ressortit de la cuisine et s’éclipsa de nouveau.

  — C’est toi qui as eu cette idée ? me souffla Bella.

  Elle avait forcé la voix, ayant oublié que je l’entendais très bien sans cela. Souvent, elle semblait ne plus se souvenir que je n’étais pas complètement humain. Ça me plaisait. Je me rapprochai d’elle pour lui épargner ces efforts.

 

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