RÉVÉLATION

Home > Science > RÉVÉLATION > Page 34
RÉVÉLATION Page 34

by Stephenie Meyer


  Il arrondit un sourcil, attendant que je parle.

  Je me jetai à son cou.

  Derechef, ce fut comme s’il n’y avait pas eu de mouvement. Dans un même instant, je fus à la fois debout immobile, et lui dans mes bras. Tiède – du moins ce fut la perception que j’en eus. L’odeur douce et délicieuse, que je n’avais jamais été vraiment en mesure de capter à cause de mes sens émoussés d’humaine, mais qui était Edward à cent pour cent, me submergea. J’enfonçai mon visage dans son torse lisse.

  Soudain, il se déplaça, mal à l’aise, cherchant à échapper à mon étreinte. Déboussolée, effrayée par ce rejet, je le regardai.

  — Euh… attention, Bella. Ouille !

  Je m’écartai brusquement, croisant mes bras dans mon dos. J’étais trop forte. Mon désarroi dut se lire sur mes traits, car il sourit de ce sourire qui aurait arrêté les battements de mon cœur si ce dernier avait encore battu.

  — Ne t’inquiète pas, chérie, dit-il en frôlant mes lèvres entrouvertes sous l’effet de la stupéfaction horrifiée. Tu es simplement un peu plus solide que moi pour l’instant.

  Je fronçai les sourcils. Ça aussi, je l’avais su, ce qui n’empêchait pas que ça paraissait plus irréel que tout le reste de cette minute d’une absolue irréalité. J’étais plus puissante qu’Edward. Je lui avais arraché un « ouille ». De nouveau, il caressa ma joue, et mon trouble fut balayé par une seconde vague de désir. Mes sensations étaient tellement plus violentes que celles auxquelles j’étais habituée qu’il m’était difficile de me concentrer sur mes réflexions, même s’il semblait que j’avais plus de place qu’auparavant dans la tête. Chaque ressenti me noyait. Je me souvins qu’Edward m’avait un jour signalé – et sa voix dans ma mémoire était une ombre faiblarde en comparaison de la clarté musicale et cristalline de celle avec laquelle il s’exprimait dorénavant – que son espèce, notre espèce, se laissait facilement distraire. Je comprenais pourquoi, maintenant.

  Je me concentrai. Il fallait que je dise quelque chose. D’une importance vitale.

  Très prudemment, si prudemment que ce geste-là fut décelable, je sortis mon bras droit de derrière mon dos et levai la main vers son visage. Je m’interdis de songer à la couleur perle de ma peau, à la soie de la sienne ou à la décharge qui électrocutait l’extrémité de mes doigts. Plantant mes yeux dans les siens, j’entendis ma propre voix pour la première fois :

  — Je t’aime.

  Ce fut comme si je l’avais chanté. Le carillon d’une clochette. En réponse, il m’offrit le sourire le plus ravageur qui soit et que je voyais vraiment à présent.

  — Autant que je t’aime, dit-il.

  Prenant mon menton entre ses mains, il s’approcha de moi, assez lentement pour me rappeler de faire attention, et il m’embrassa, d’un baiser d’abord léger comme un murmure, puis de manière plus osée, plus passionnée. Je m’efforçai d’être délicate, mais la tâche ne me fut pas facile sous l’assaut des émotions, qui m’empêchaient de penser de manière cohérente. J’eus l’impression qu’il ne m’avait encore jamais embrassée, que ceci était notre premier baiser. Et, en vérité, il ne m’avait jamais embrassée ainsi. Je fus traversée par une bouffée de culpabilité. Sûrement, j’étais en train de rompre le contrat. Il m’était sans doute interdit d’en bénéficier également.

  Bien que l’oxygène me fût désormais inutile, je sentis ma respiration s’accélérer aussi vite que lorsque j’avais brûlé. Le feu qui me consumait était cependant très différent.

  Quelqu’un se racla la gorge. Emmett. Je reconnus immédiatement la basse de sa voix teintée d’amusement et d’agacement. J’avais oublié que nous n’étions pas seuls. Je me rendis compte ensuite que ma posture (j’étais à moitié enroulée autour d’Edward) n’était pas des plus polies. Gênée, je reculai d’un pas. Rieur, Edward suivit le mouvement et ne desserra pas son étreinte sur ma taille. Son visage resplendissait, telle une flamme blanche qui se serait allumée derrière sa peau adamantine.

  J’eus besoin d’une respiration pour me ressaisir.

  Comme ce baiser avait été différent ! Tout en comparant son intensité évidente au souvenir flou de mon époque humaine, je constatai qu’Edward semblait… plutôt satisfait de lui.

  — Tu te retenais, avant ! l’accusai-je de ma voix chantante.

  Il s’esclaffa, radieux, soulagé que tout fût terminé – la peur, la douleur, l’incertitude, l’attente.

  — C’était nécessaire, alors, se justifia-t-il. Maintenant, c’est à toi de ne pas me briser.

  Je considérai cette remarque, le front plissé. Puis, quelqu’un d’autre joignit ses rires au sien. Contournant Emmett, Carlisle approcha vivement. Ses prunelles contenaient une infime trace d’inquiétude, et Jasper le suivait comme son ombre. Là encore, j’eus l’impression de découvrir le visage du médecin, et je dus me retenir de cligner les paupières, comme éblouie par l’éclat du soleil.

  — Comment te sens-tu, Bella ? me demanda-t-il.

  J’y réfléchis pendant un soixante-quatrième de seconde.

  — Confondue. Tout est tellement trop…

  — Oui, ça peut se révéler déroutant.

  — Pourtant, je me sens moi-même. Pour ainsi dire. Je ne m’attendais pas à cela.

  — Je te l’avais bien dit, me chuchota Edward avec une pression des mains sur ma taille.

  — Tu sembles te contrôler, reprit Carlisle. Plus que ce à quoi je m’attendais. Même en tenant compte du temps dont tu as disposé pour te préparer mentalement.

  — Je n’en suis pas aussi certaine que vous, répondis-je en repensant aux brusques changements d’humeur, à mes difficultés de concentration.

  Il acquiesça avec gravité, puis ses prunelles semblables à des bijoux s’enflammèrent sous l’effet de la curiosité.

  — Il semble que nous ayons correctement procédé dans notre usage de la morphine, cette fois. Dis-moi un peu ce que tu te rappelles de ta transformation.

  J’hésitai, consciente de l’haleine d’Edward qui frôlait ma peau et y déclenchait des frissons électriques.

  — Tout a été… très trouble, d’abord. Je me souviens que le bébé ne pouvait plus respirer…

  Effrayée par cette image, je me tournai vers Edward.

  — Renesmée est en pleine forme, me jura-t-il, ses yeux luisant d’un éclat particulier.

  Il avait prononcé son prénom avec une ferveur rare. De la vénération. Une révérence qui me fit penser à des fidèles évoquant leurs dieux.

  — Et après ? demanda-t-il.

  — J’ai du mal à me souvenir, mentis-je en tâchant d’afficher l’impassibilité d’une joueuse de poker. (Je n’avais jamais été très douée pour cet exercice.) Avant, tout était si sombre et, après, j’ai ouvert les paupières et je distinguais tout, absolument tout.

  — Stupéfiant, souffla Carlisle.

  Honteuse, je guettai le feu censé me monter aux joues et me trahir. Puis je me souvins que je ne rougirais plus jamais. Voilà qui protégerait peut-être Edward de la vérité. Il faudrait toutefois que je renseigne Carlisle, un de ces jours prochains. Au cas où il créerait un nouveau vampire. Cela semblait peu probable, cependant, ce qui calma mes scrupules.

  — J’aimerais que tu réfléchisses et que tu me racontes tout ce qui te reviendra, poursuivait cependant le médecin avec passion.

  Je ne pus retenir une grimace. Je ne tenais guère à m’enfoncer dans mes mensonges, car je risquais de commettre une bévue. Par ailleurs, je souhaitais oublier le bûcher. Contrairement à mes souvenirs humains, celui-là était parfaitement clair, trop précis à mon goût, même.

  — Pardonne-moi, Bella ! s’exclama soudain Carlisle. Tu dois avoir très soif. Cette conversation peut attendre.

  Jusqu’à ce qu’il la mentionne, la soif n’avait pas été incontrôlable. Encore une fois, j’avais tant de place dans ma tête ! Une partie de mon cerveau gardait l’œil sur la brûlure de ma gorge, espèce de réflexe qui n’allait pas sans rappeler celui que, humaine, j’avais eu
de respirer et de cligner les paupières. Toutefois, la réflexion de Carlisle ramena ce souci au-devant de mes préoccupations. Tout à coup, la douleur provoquée par la sécheresse se transforma en obsession ; plus j’y pensais, plus elle s’intensifiait. Je portai ma main à ma gorge, comme si j’étais en mesure d’en apaiser le feu de l’extérieur. Ma peau me parut étrange, sous mes doigts. Si lisse qu’elle en était douce, bien que dure comme la pierre. Desserrant son étreinte, Edward s’empara de mon autre main.

  — Allons chasser, Bella.

  La proposition me fit écarquiller les yeux, et la surprise prit le dessus sur la soif. Chasser ? Moi ? Avec Edward ? Mais… comment ? J’ignorais comment on procédait. Ayant deviné mon anxiété, il m’adressa un sourire rassurant.

  — C’est assez facile, mon amour. Instinctif. Ne t’inquiète pas, je te montrerai.

  Je ne bronchai pas, cependant, et son sourire se transforma en celui, un peu tordu, que j’adorais.

  — Moi qui croyais que tu avais toujours voulu me voir chasser, ajouta-t-il, moqueur.

  Ces paroles ranimèrent des souvenirs humains brumeux, et je partis d’un rire subit – une part de moi-même s’émerveilla encore devant le carillon de ma voix. Je consacrai ensuite une seconde entière à me remémorer mes premiers jours en compagnie d’Edward, l’époque où ma vie avait commencé pour de bon, histoire de ne pas les oublier. Je fus surprise de découvrir que l’exercice était inconfortable. Un peu comme essayer d’y voir dans des eaux troubles. Rosalie m’avait appris que, si je repensais assez à mes souvenirs d’avant, ces derniers ne s’effaceraient pas. Or, je ne tenais pas à perdre une seule des minutes que j’avais passées avec Edward, y compris à présent que l’éternité s’offrait à nous. Je désirais cimenter ma mémoire humaine dans mon infaillible esprit de vampire.

  — On y va ? reprit Edward.

  Il s’empara de celle de mes mains qui tenait toujours ma gorge et caressa mon cou.

  — Je ne veux pas que tu souffres, poursuivit-il.

  Cette dernière phrase avait été formulée d’une voix si basse que, autrefois, je ne l’aurais pas perçue.

  — Je vais bien, affirmai-je, à ma bonne habitude. Attends un peu. D’abord…

  J’avais des priorités plus urgentes que cette soif douloureuse.

  — Oui ? demanda Carlisle.

  — Je désire voir… Renesmée.

  Bizarrement, j’eus du mal à prononcer son prénom. « Ma fille » aurait été encore plus difficile. Tout cela paraissait si lointain. Je m’obligeai à ranimer mes sensations datant de trois jours plus tôt ; automatiquement, mes mains se posèrent sur mon ventre. Il était plat. Vide. Mes doigts agrippèrent la soie qui le recouvrait, et la panique ne m’empêcha pas de noter qu’Alice avait dû m’habiller, à un moment ou un autre.

  Je savais qu’il ne restait plus rien en moi. Je me rappelai également l’accouchement sanglant, bien que de manière vague. Malgré tout, il ne m’était pas aisé d’en intégrer les preuves physiques. J’avais aimé mon bébé tant qu’il avait été à l’intérieur de moi. Dehors, il prenait des allures de fantasme que j’aurais entièrement imaginé. De rêve se dissipant. Un rêve qui confinait au cauchemar.

  Edward et Carlisle échangèrent un coup d’œil réticent.

  — Qu’y a-t-il ? m’inquiétai-je.

  — Ce n’est pas une très bonne idée, Bella, m’expliqua gentiment Edward. Elle est à moitié humaine, mon amour. Son cœur bat, du sang court dans ses veines. Tant que ta soif n’aura pas été étanchée… Tu ne voudrais pas l’exposer au danger, n’est-ce pas ?

  Je fronçai les sourcils. Quelle drôle de question ! Jusqu’à quel point me contrôlais-je ? J’étais un peu perdue, certes, mais dangereuse ? Pour ma fille ? Je ne pouvais être absolument certaine que ce n’était pas le cas, cependant. Il me faudrait être patiente. Difficile… Parce que, tant que je ne l’aurais pas revue, elle n’aurait aucune réalité, elle resterait l’ombre onirique d’une inconnue.

  — Où est-elle ? m’enquis-je en tendant l’oreille.

  Je perçus un cœur qui battait, au rez-de-chaussée, captai plusieurs respirations, mesurées et douces, comme si, en bas, on était attentif à ce qui se passait à l’étage. J’entendis aussi une vibration ténue, que je n’identifiai pas… Le bruit du pouls en mouvement était tellement humide et attirant que l’eau me vint à la bouche. Conclusion, j’allais devoir apprendre à chasser avant d’être en mesure de voir ma fille, mon bébé inconnu.

  — Rosalie est avec elle ?

  — Oui, répondit sèchement Edward.

  Je devinai que quelque chose lui déplaisait. Pourtant, j’avais cru que sa soeur et lui avaient surmonté leur différend. Leur animosité s’était-elle ravivée ? Je n’eus pas le loisir de poser la question, car il ôta mes mains de mon ventre et voulut m’entraîner.

  — Un instant ! protestai-je. Et Jacob ? Charlie ? Racontez-moi ce que j’ai manqué. Combien de temps ai-je été… inconsciente ?

  Edward parut ne pas remarquer que j’hésitais sur le der nier mot. Là encore, il adressa un coup d’œil soucieux à son père.

  — Que se passe-t-il ? chuchotai-je.

  — Rien, rien du tout, s’empressa d’intervenir Carlisle. En vérité, il n’y a pas eu beaucoup de changements. Le processus a pris seulement deux jours. Ç’a été très vite. Edward a fait un excellent travail. Il a également eu des initiatives heureuses, comme l’injection de son venin directement dans ton cœur. (Il s’interrompit pour lancer un sourire plein de fierté à son fils, puis soupira.) Jacob est encore ici, et Charlie te croit toujours malade. Officiellement, tu subis toute une batterie de tests au CDC1 d’Atlanta. Nous lui avons fourni un faux numéro de téléphone. Il est très agacé. Esmé se charge de le tenir au courant.

  — Il faudrait que je l’appelle, murmurai-je pour moi-même.

  Mais, rien qu’en entendant mon timbre, je compris à quelles difficultés ce serait m’exposer. Il ne reconnaîtrait pas ma voix. Il ne serait pas rassuré.

  — Une minute ! m’exclamai-je ensuite en me souvenant d’une autre information. Jacob n’est pas parti ?

  Nouvel échange de regards.

  — Nous avons des tas de sujets à aborder, se dépêcha de lancer Edward. Néanmoins, notre priorité est de veiller sur toi. Tu souffres sans doute…

  Sa remarque me rappela ma gorge parcheminée, et je déglutis avidement.

  — Mais Jacob…

  — Nous avons tout le temps devant nous pour en discuter, mon amour.

  En effet. D’ailleurs, je serais plus attentive, une fois ma soif étanchée et ma souffrance apaisée.

  — D’accord, cédai-je.

  — Un instant ! trilla Alice depuis le seuil.

  Elle vint vers nous de sa démarche dansante et gracieuse. À l’instar de ce qui était arrivé avec Edward et Carlisle, je fus choquée en découvrant ses traits adorables.

  — Tu as promis que j’aurais le droit d’être présente, la première fois ! pépia-t-elle. Et si tu tombais par hasard sur ton reflet ?

  — Alice…, voulut protester Edward.

  — Ça ne prendra qu’une seconde, objecta-t-elle en filant.

  Il soupira.

  — Mais de quoi parle-t-elle ? m’étonnai-je.

  Cependant, Alice revenait déjà, porteuse du vaste miroir au cadre doré de Rosalie, presque deux fois plus grand qu’elle. Jasper, dont j’avais oublié la présence tant il était resté immobile, alla à sa rencontre sans me quitter des yeux, puisque je représentais le seul danger, dans cette pièce. Spécialiste de l’état d’esprit des autres, il dut sentir ma surprise quand je m’attardai sur son visage, notant là encore des détails qui, humaine, m’avaient échappé. Ainsi, les cicatrices de son ancienne existence en tant que chef d’armées de nouveau-nés dans le Sud m’avaient été invisibles, à moins qu’il ne fût éclairé par une lumière violente. Désormais, je les distinguais et prenais conscience qu’elles constituaient sa caractéristique première. J’eus du mal à me détacher de son cou et de sa mâchoire scarifi�
�s, comme j’eus du mal à croire qu’un vampire ait pu survivre à autant de coups de dents.

  Instinctivement, sa prudence m’incita à adopter une posture défensive. N’importe quel vampire, en le voyant, aurait eu la même attitude. Les marques sur sa peau affichaient clairement qu’il était, lui aussi, dangereux. Combien avaient tenté de le tuer ? Des centaines ? Des milliers ? Tous avaient péri en s’y risquant, cependant. Quoi qu’il en fût, il devina aisément mes réflexions et m’adressa un sourire dénué d’humour.

  — Edward m’a reproché de ne pas t’avoir obligée à te regarder dans une glace avant le mariage, dit Alice, détournant mon attention de son terrifiant amant. Pas question qu’il me morde une deuxième fois.

  — Mordre, moi ? marmonna l’intéressé.

  — Bon, d’accord, j’exagère un peu, répondit-elle en orientant le miroir vers moi.

  — En réalité, tu cherches seulement à satisfaire tes instincts de voyeuse, hein ? maugréa Edward.

  Elle le gratifia d’un clin d’œil.

  Cet échange me parvenait de loin, car j’étais presque entièrement concentrée sur le reflet qu’affichait la glace. Ma première réaction fut un plaisir indicible. L’étrangère qui m’observait était indiscutablement très belle, comme Alice ou Esmé. Même quand elle ne bougeait pas, il émanait d’elle une sorte de fluidité. Son visage impeccable était clair comme la lune et encadré par de lourds cheveux bruns. Ses membres étaient fins et forts, sa peau luisait subtilement, aussi lumineuse qu’une perle. Ma seconde réaction confina à l’horreur. Qui était-elle ? Je ne retrouvais aucun de mes traits dans autant de perfection. Quant à ses prunelles ! J’avais beau m’y attendre, elles déclenchèrent une vague de panique chez moi.

  Tandis que je poursuivais mon examen, l’image resta de marbre, incarnation divine qui ne montrait rien de mon agitation intérieure. Soudain, ses lèvres pulpeuses bougèrent.

  — Les yeux, murmurai-je, incapable de dire « mes yeux ». Combien de temps…

  — Ils s’assombriront d’ici quelques mois, me réconforta Edward. Le sang animal dilue la couleur plus rapidement que le sang humain. Ils tourneront à l’ambre, puis à l’or.

 

‹ Prev