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RÉVÉLATION

Page 43

by Stephenie Meyer


  D’eux-mêmes, mes doigts se détachèrent de ma fille, je m’empressai de les remettre à leur place.

  — Explique-toi, Jacob. Ma patience a des limites.

  — Je ne lui ai rien raconté à ton propos, Bella. Enfin, rien de précis. Je lui ai parlé de moi. Ou plutôt, je me suis montré à lui.

  — Il s’est transformé devant ton père ! souffla Edward, furibond.

  — Quoi ?

  — Charlie est courageux, s’empressa de se défendre Jacob. Autant que toi. Il ne s’est pas évanoui, n’a pas vomi, rien de tel. J’avoue qu’il m’a impressionné. Tu aurais vu sa tronche quand j’ai commencé à me déshabiller ! Hilarant.

  Et il eut le culot de ricaner !

  — Espèce de débile ! Tu aurais pu lui flanquer une crise cardiaque !

  — Charlie est en pleine forme. C’est un dur. Si tu acceptais d’y réfléchir une minute, tu t’apercevrais que je t’ai rendu un fier service.

  — Je t’en accorde la moitié pour me répéter le moindre des mots que tu lui as sortis, Jacob, lâchai-je d’une voix glaciale. Trente secondes avant que je ne rende Renesmée à Rosalie pour t’arracher ta caboche de minable ! Cette fois, Seth ne pourra pas m’en empêcher.

  — Hé, Bella ! Vas-y mollo ! Tu n’étais pas aussi mélodramatique, avant. Fichus vampires !

  — Vingt-six secondes.

  Levant les yeux au ciel, il s’affala dans le fauteuil le plus proche. Sa meute miniature vint se poster à ses côtés, beaucoup moins détendue que lui. Leah ne me quittait pas des yeux, les dents vaguement dévoilées.

  — Ce matin, je suis allé frapper à la porte de Charlie. Je lui ai demandé de venir faire un tour avec moi. Il a hésité, mais j’ai précisé que ça te concernait, que tu étais revenue en ville, alors il m’a suivi dans les bois. Je lui ai annoncé que tu n’étais plus malade, que la situation était certes un peu bizarre mais positive. Il a failli filer ici sur-le-champ, sauf que je tenais d’abord à lui montrer un truc. Et là, j’ai muté.

  Il haussa les épaules. J’eus l’impression que ma mâchoire était prise dans un étau.

  — Chaque mot, espèce de monstre !

  — Ben, je n’ai que trente secondes ! plaisanta-t-il. Bon, d’accord, ne t’énerve pas. Voyons un peu… Ensuite, j’ai récupéré ma forme humaine, je me suis rhabillé, et lui, il a recommencé à respirer. Je lui ai dit quelque chose comme : « Charlie, vous ne vivez pas dans le monde dans lequel vous croyez vivre. Rassurez-vous, rien n’a changé, sinon que, maintenant, vous êtes au courant. La vie continuera comme avant. Il vous suffira de faire semblant de ne pas croire à tout cela. » Il a eu besoin d’une bonne minute pour récupérer, puis il m’a demandé ce qui t’était vraiment arrivé, ce qu’il en était de cette maladie rare. Je lui ai confirmé que tu avais bel et bien été malade, que tu t’étais rétablie, et que tu avais un peu changé au cours de l’affaire. Il a exigé que je lui explique en quoi consistaient ces changements, et je lui ai répondu que tu ressemblais plus à Esmé qu’à Renée, aujourd’hui.

  Edward étouffa un juron, cependant que j’écarquillais des yeux horrifiés. C’était de pire en pire !

  — Au bout d’un moment, enchaîna Jacob, il m’a demandé d’une toute petite voix si tu t’étais transformée en animal. « Elle aurait bien aimé ! », je lui ai répliqué. Ha !

  Rosalie émit un bruit dégoûté.

  — Après, j’ai voulu lui en raconter davantage sur les loups-garous, mais j’avais à peine prononcé le mot qu’il m’a interrompu en disant qu’il préférait ne pas connaître les détails. Et là, il a voulu savoir si tu avais été au courant de ce qui t’attendait en épousant Edward. J’ai répondu : « Bien sûr. Ça fait des années qu’elle est au parfum de tout. Depuis son emménagement à Forks. » La nouvelle ne lui a pas beaucoup plu, et je l’ai laissé râler jusqu’à ce qu’il soit fatigué. Une fois calmé, il a exigé deux choses : d’abord, te rencontrer. Je lui ai dit qu’il valait mieux que je monte en premier, histoire de préparer le terrain.

  J’inhalai profondément.

  — Et la seconde chose ?

  — Tu vas apprécier, rigola Jacob. Sa requête majeure, c’est qu’on lui en dise le moins possible. Inutile de balancer ce qui n’est pas indispensable à sa compréhension de la situation.

  Pour la première fois depuis que Jacob était rentré, je fus soulagée.

  — Je me débrouillerai pour le rassurer sans lui en révéler trop, répondis-je.

  — À part ça, il aimerait faire comme si tout était normal, insista Jacob.

  Son sourire devint l’expression d’une intense satisfaction de soi. Il devait avoir deviné que je commençais à ressentir les premiers élans de gratitude.

  — Que lui as-tu raconté sur Renesmée ? m’enquis-je.

  Je me forçai à garder un timbre coupant et à assourdir mon approbation réticente. Il était encore trop tôt, la situation restait périlleuse. Même si l’intervention de Jacob avait déclenché chez Charlie une réaction plus positive que je ne l’aurais jamais espéré.

  — Ah oui ! Je lui ai dit que toi et Edward aviez hérité d’une petite bouche à nourrir. L’orpheline qui t’a été confiée, Edward, comme avec Batman et Robin. J’ai pensé que vous ne m’en voudriez pas de mentir. Après tout, c’est la règle du jeu, non ?

  Edward ne relevant pas, Jacob poursuivit :

  — Charlie n’était déjà plus en état d’être choqué par quoi que ce soit, à ce moment-là, mais il a voulu savoir si vous l’adoptiez. « C’est leur fille ? Genre, je suis grand-père ? » Tels ont été ses mots. J’ai acquiescé. « Félicitations, pépé » et tout le toutim ! Il a même souri !

  De nouveau les yeux me picotèrent, mais pas à cause de la peur ou de l’angoisse. Charlie avait souri à l’idée d’être grand-père… Il allait rencontrer Renesmée…

  — Mais elle change tellement vite ! objectai-je.

  — Je lui ai précisé qu’elle était plus spéciale que nous tous réunis, murmura Jacob.

  Se levant, il vint droit sur moi, intimant d’un geste à ses acolytes de rester où ils étaient quand ils voulurent le suivre. Renesmée tendit les bras dans sa direction, mais je la serrai encore plus fort contre moi.

  — Je lui ai dit, reprit-il : « Croyez-moi, vous ne voulez rien savoir de tout cela. Mais si vous parvenez à faire abstraction de ce qui est étrange, vous allez être sous le charme. La petite est le plus merveilleux être qui soit. » Ensuite, j’ai ajouté que, s’il s’en sentait capable, vous resteriez dans les parages, et qu’il aurait une chance de la connaître. Mais que si, au contraire, c’était trop, vous partiriez. Il a répondu que, à partir du moment où personne ne le forçait à ingurgiter plus d’informations que nécessaire, il y arriverait.

  Jacob me contempla, l’air de guetter ma réaction.

  — Pas question que je te remercie, lâchai-je. Tu as tout de même exposé Charlie à un très grand risque.

  — Je suis désolé si cela te fait du mal. J’ignorais que ça fonctionnait ainsi. Les choses ont changé entre nous, Bella, mais tu resteras toujours ma meilleure amie, et je t’aimerai toujours. Sauf que, maintenant, je t’aime du bon amour. Il y a enfin un équilibre. Tous deux avons des gens sans lesquels il nous est impossible de vivre.

  Il m’adressa son sourire si particulier et ajouta :

  — Alors, toujours amis ?

  Malgré moi, je fus obligée de lui retourner son sourire. (Tout petit, le sourire.) Il tendit la main comme pour m’offrir la paix. Prenant une grande aspiration, je la lui serrai. Il ne sursauta même pas au contact de ma peau glacée.

  — Si je n’ai pas tué Charlie d’ici ce soir, j’envisagerai de te pardonner, marmonnai-je.

  — Tu ne le tueras pas et tu me devras une fière chandelle.

  Je levai les yeux au ciel.

  — Je peux ? demanda-t-il en esquissant un geste pour s’emparer de Renesmée.

  — En vérité, si je la tiens dans mes bras, c’est pour ne pas t’assassiner, Jacob. Plus tard, peut-être.

  Il
soupira, n’insista pas cependant. Sage décision. À cet instant, Alice déboula par la porte du jardin, chargée d’objets et l’air mauvais.

  — Toi, toi et toi, aboya-t-elle en fusillant du regard les loups-garous, si vous comptez vous incruster, allez vous mettre dans ce coin et apprêtez-vous à y rester un moment. Il faut que j’y voie clair. Bella, donne-lui le bébé. J’ai besoin que tu aies les mains libres.

  Jacob afficha une mine triomphale.

  Un concentré de peur s’empara de moi devant l’énormité de ce que je m’apprêtais à faire. J’allais mettre en jeu mon self-control plutôt aléatoire, et mon père jouerait le rôle de cobaye humain. Les paroles d’Edward me revinrent : « As-tu réfléchi à la douleur qu’une rencontre allait occasionner à Bella, même si elle se retient ? Ou à sa souffrance émotionnelle si ce n’est pas le cas ? » Le chagrin d’un échec était inenvisageable. Je me mis à haleter.

  — Prends-la, chuchotai-je en fourrant Renesmée dans les bras de Jacob.

  Il acquiesça, soudain soucieux. D’un signe, il entraîna Seth et Leah dans un coin opposé de la pièce. Les garçons s’affalèrent aussitôt par terre, mais Leah secoua la tête.

  — Suis-je autorisée à partir ? s’enquit-elle avec une grimace.

  Elle semblait être mal à l’aise dans son corps de jeune fille. Elle portait les mêmes T-shirt sali et short en coton usé que la fois où elle était venue m’injurier parce que je blessais Jacob. Ses cheveux courts étaient hérissés en touffes irrégulières. Ses mains n’avaient cessé de trembler.

  — Bien sûr, accepta Jake.

  — Reste à l’est, de façon à ne pas croiser Charlie, lui recommanda Alice.

  Sans lui adresser un coup d’œil, Leah se glissa dehors et fila dans les buissons pour se métamorphoser.

  — Tu vas y arriver, me dit Edward, qui s’était approché de moi. J’en suis certain. Je t’aiderai. Tu peux compter sur nous tous.

  Je le contemplai, complètement paniquée. Était-il assez fort pour m’empêcher de commettre un acte irréparable ?

  — Si je ne t’en pensais pas capable, nous disparaîtrions tout de suite, poursuivit-il. Mais tu peux le faire. Et tu seras plus heureuse, si Charlie continue d’appartenir à ta vie.

  Je tentai de respirer plus calmement. Alice me tendit un écrin blanc.

  — Ça va t’irriter les yeux. Ce n’est pas douloureux, mais ta vision en sera troublée. Ce qui est agaçant. Même si la couleur n’est pas la bonne, ça vaut mieux que du rouge vif, non ?

  Elle me lança la boîte que je rattrapai d’un geste mécanique.

  — Quand as-tu…

  — Avant que vous ne partiez en lune de miel. Je me préparais pour plusieurs scénarios possibles.

  Hochant la tête, j’ouvris l’écrin. Je n’avais encore jamais porté de lentilles, mais ça ne devait pas être bien compliqué. Je pinçai la petite sphère brune et la pressai contre mon œil. Je clignai les paupières, et un film opacifia ma vision. Je n’étais pas aveugle, bien sûr ; cependant, la texture du filtre m’apparaissait, et je ne cessai de m’arrêter sur ses rayures microscopiques.

  — Hum, je comprends, maintenant, marmonnai-je en mettant la deuxième. J’ai l’air de quoi ?

  — Superbe, naturellement, décréta Edward en souriant.

  — Oui, oui, s’impatienta Alice, elle est toujours superbe. Désolée, ça te fait des prunelles d’un marron boueux. Les tiennes étaient plus jolies. Rappelle-toi qu’elles ne durent pas. Le venin qui court dans tes yeux les dissoudra au bout de quelques heures. Donc, si Charlie s’attarde, trouve-toi une excuse pour changer de lentilles. De toute façon, c’est une bonne idée, car les humains ont besoin de se soulager régulièrement. Esmé, ajouta-t-elle en soupirant, donne-lui quelques tuyaux pour se comporter en humaine pendant que je vais mettre ces boîtes dans les toilettes.

  — J’ai combien de temps ? demanda sa mère.

  — Cinq minutes. Va au plus simple.

  Esmé acquiesça et me prit la main.

  — Le plus important, dit-elle, est de ne pas être trop immobile ni de bouger trop vite.

  — Assieds-toi si lui s’assoit, intervint Emmett. Les humains n’aiment pas rester debout.

  — Laisse tes yeux s’égarer à droite et à gauche toutes les trente secondes environ, ajouta Jasper. Les humains ne restent jamais concentrés très longtemps sur un point.

  — Croise les jambes toutes les cinq minutes, puis tes chevilles ensuite, lança Rosalie.

  J’opinai à chacune de leurs suggestions. Je les avais observés se comporter ainsi, la veille, et je pensais être en mesure de les imiter.

  — Et n’oublie pas de cligner les paupières au moins trois fois par minute, renchérit Emmett.

  Fronçant les sourcils, il s’empara vivement de la télécommande de la télévision et brancha celle-ci sur une compétition interuniversitaire de football américain. C’était une bonne idée : les matchs distrairaient quelque peu l’attention de Charlie.

  — Bouge tes mains également, indiqua Jasper. Secoue tes cheveux, ou gratte-toi.

  — J’avais chargé Esmé de s’en occuper, se plaignit Alice en revenant. Vous allez la noyer sous les renseignements.

  — Non, c’est bon, je crois avoir tout saisi, protestai-je. M’asseoir, regarder autour de moi, cligner les yeux, me trémousser.

  — C’est ça, approuva Esmé en m’enlaçant brièvement.

  — Retiens ton souffle le plus possible, me conseilla Jasper, renfrogné. Mais pense à agiter un peu tes épaules, comme ça, tu donneras l’impression de respirer.

  Edward me serra contre lui.

  — Tu vas y arriver, me répéta-t-il, encourageant.

  — Deux minutes, annonça Alice. Tu devrais peut-être commencer en t’installant sur le canapé, Bella. Tu relèves de maladie, après tout. Ainsi, il ne te verra pas bouger tout de suite.

  Elle me poussa vers le divan. J’essayai de me déplacer avec lenteur, de rendre mes jambes plus maladroites. Elle soupira, et j’en conclus que je ne devais pas être très douée pour donner le change.

  — J’ai besoin de Renesmée, Jacob, lançai-je.

  Il fronça les sourcils, ne broncha pas.

  — Cela ne m’aidera pas à prévoir tes réactions, objecta Alice.

  — Oui, mais elle m’est indispensable. Elle m’apaise.

  Mes accents d’anxiété furent audibles à tous.

  — Très bien, céda Alice. Tâche qu’elle soit aussi figée que toi. Je tâcherai de la contourner pour voir.

  Elle souffla, lasse, comme si on l’avait obligée à faire des heures supplémentaires pendant un jour de congé. Jacob l’imita mais accepta de m’apporter l’enfant avant de se retirer rapidement, devant le regard noir que lui adressait ma belle-sœur, toujours aussi furibonde.

  S’asseyant à mon côté, Edward passa son bras autour de moi et de Renesmée. Il se pencha sur notre fille et la fixa droit dans les yeux avec gravité.

  — Renesmée, un monsieur très spécial va venir vous rendre visite, à toi et à ta mère, annonça-t-il d’une voix solennelle, l’air de croire qu’elle saisissait chacun de ses mots. (Était-ce le cas ? Elle le contemplait avec beaucoup d’attention, ses grands yeux pleins de sérieux.) Il n’est pas comme nous, ni même comme Jacob. Nous allons devoir être très prudents, avec lui. Il ne faut pas que tu lui dises les choses comme à nous.

  La petite effleura le visage de son père.

  — C’est bien ça, confirma-t-il. Il va te donner soif aussi, mais tu ne le mordras pas. Parce qu’il ne guérit pas comme Jacob.

  — Tu crois qu’elle te comprend ? murmurai-je.

  — Très bien, oui. Donc, je compte sur toi, Renesmée. Tu seras prudente ? Tu nous aideras ?

  Elle le toucha de nouveau.

  — Non, ça m’est égal que tu mordes Jacob, répondit-il. C’est très bien, même.

  L’intéressé rigola.

  — Tu ferais peut-être mieux de t’en aller, lui lança Edward froidement.

  Il ne lui avait pas pardonné, sachant que,
quoi qu’il se passe, je souffrirais. Personnellement, ce serait avec joie que je subirais la brûlure, si rien de pire ne devait se produire.

  — J’ai promis à Charlie d’être là, répondit Jacob. Il a besoin de soutien moral.

  — Ha ! grogna Edward. Pour lui, tu es le monstre le plus répugnant parmi nous.

  — Répugnant, moi ? protesta l’Indien avant de rire doucement.

  J’entendis des pneus quitter l’asphalte de la route pour s’engager sur la terre humide et silencieuse du chemin menant à la villa, et ma respiration s’affola de nouveau. Mon cœur aurait dû battre à tout rompre. Que mon corps ne réagisse pas comme il le fallait m’angoissait. Pour me calmer, je me focalisai sur le pouls régulier de Renesmée, et j’obtins le résultat escompté assez vite.

  — Bien joué, souffla Jasper, approbateur.

  Edward resserra son emprise autour de mes épaules.

  — Tu es sûr que c’est une bonne idée ? demandai-je.

  — Sûr et certain. Rien n’est au-dessus de tes forces.

  Il sourit et m’embrassa. Ce ne fut pas exactement un baiser rapide sur la joue, et ma réaction brutale me prit au dépourvu. Les lèvres d’Edward ressemblaient à une injection de drogue directement dans mon système nerveux. J’eus aussitôt envie de plus, et je dus en appeler à tous mes neurones pour me souvenir que je tenais mon bébé dans mes bras. Jasper le sentit.

  — Edward, s’il te plaît, sois gentil de ne pas la distraire comme ça maintenant. Il faut qu’elle ait toute sa tête à elle.

  — Houps ! s’exclama mon mari en s’écartant.

  J’éclatai de rire, car cette interjection avait été la mienne depuis le début, depuis notre tout premier baiser.

  — Concentre-toi, Bella, me morigéna Jasper.

  — Oui, tu as raison.

  Je repoussai mon désir. Charlie était ce qui importait le plus. Edward et moi aurions toute la nuit…

  — Bella !

  — Désolée, Jasper.

  Emmett s’esclaffa.

  La voiture de patrouille se rapprochait. Le moment de légèreté fut très vite oublié, et tout le monde se figea. Croisant les jambes, je m’entraînai à cligner les paupières. Le véhicule s’arrêta devant le perron, le moteur tournant au ralenti pendant quelques secondes. Charlie était-il aussi nerveux que moi ? Ensuite, il coupa le contact, une portière claqua. Trois pas dans l’herbe, puis huit sur les marches en bois. Quatre encore sur le porche. Le silence. Deux grandes inspirations.

 

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