RÉVÉLATION

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RÉVÉLATION Page 54

by Stephenie Meyer


  Il continua à s’interroger, je ne l’écoutais plus. Mâchoires crispées, je forçai le voile élastique vers Garrett, le plus proche de Kate. Il leva la main à son tour.

  — Excellent ! s’exclama Zafrina, élogieuse. Maintenant…

  Hélas, elle avait parlé trop tôt. Je sentis le tissu protecteur reprendre sèchement sa forme initiale. Éprouvant pour la première fois la cécité dont Zafrina avait accablé les autres, Renesmée se mit à trembler. Avec lassitude, je recommençai à tirer sur le bouclier afin d’englober de nouveau ma fille à l’intérieur.

  — Tu m’accordes une minute ? pantelai-je.

  Depuis que j’étais vampire, je n’avais pas encore ressenti le besoin de me reposer. Là, si. Il était énervant d’avoir l’impression d’être à la fois épuisée et forte.

  — Naturellement, concéda l’Amazone.

  Chacun se détendit en retrouvant la vue. Les uns et les autres s’éloignèrent légèrement en discutant à voix basse, perturbés par leur aveuglement momentané. Les vampires n’avaient pas l’habitude de se sentir vulnérables. Le grand Garrett était le seul immortel dépourvu de talent particulier que paraissaient attirer mes entraînements. L’aventurier y trouvait apparemment un intérêt.

  — Kate ! appela-t-il.

  — À ta place, j’éviterais, le prévint Edward.

  Sans tenir compte de l’avertissement, Garrett continua d’avancer vers Kate.

  — On dit que tu peux renverser un vampire, lui lança-t-il.

  — En effet, acquiesça-t-elle avant d’ajouter avec un sourire rusé et en agitant les doigts pour rigoler : ça te tente ?

  — Je n’ai jamais assisté à rien de tel, répondit le grand blond. J’ai l’impression que c’est un peu exagéré…

  — Peut-être, admit son interlocutrice en recouvrant son sérieux. Cela ne fonctionne que sur les faibles et les jeunes, si ça se trouve. Toi, par exemple, tu arriverais sûrement à résister à mon don.

  Elle tendit la main, paume en l’air, invitation non déguisée. Je fus convaincue que sa mine grave n’était qu’un moyen de l’inciter à accepter. Le défi arracha un vaste sourire à Garrett. Avec beaucoup d’assurance, il effleura la paume de son index. Aussitôt, il poussa un cri sonore, ses genoux fléchirent, et il tomba en arrière. Sa tête heurta un rocher avec un craquement effarant. La scène me laissa sous le choc. Tout en moi s’insurgea face à cet immortel réduit à l’impuissance. Cela me parut extrêmement mal.

  — Je te l’avais bien dit, marmotta Edward.

  Les paupières de Garrett frémirent, puis il ouvrit les yeux. Il contempla Kate, et un sourire intrigué se dessina sur ses lèvres.

  — Wouah ! murmura-t-il.

  — Ça t’a plu ? rétorqua-t-elle, moqueuse.

  — Je ne suis pas fou ! s’esclaffa-t-il en se relevant lentement et en secouant la tête. Mais quelle expérience !

  — Il paraît, oui.

  Edward eut un soupir agacé. Soudain, des bruits nous parvinrent du devant de la maison. La voix de Carlisle dominait les bavardages surpris alentour.

  — Est-ce Alice qui vous envoie ? demanda-t-il sur un ton incertain et vaguement contrarié.

  Des invités de dernière minute ?

  Edward se rua à l’intérieur, suivi par la majorité de ceux qui se trouvaient sur la pelouse. Je leur emboîtai le pas plus lentement, Renesmée toujours perchée sur mon dos. Autant laisser un moment à Carlisle. Qu’il mette les nouveaux venus au courant, qu’il les prépare à ce qu’ils allaient apprendre. Je contournai la villa afin d’entrer par la cuisine, tout en prenant ma fille dans mes bras. Je tendis l’oreille.

  — Personne ne nous envoie, répondit une basse voilée.

  Cette voix me rappela immédiatement celles, âgées, d’Aro et de Caïus, et je me figeai sur le seuil. Le salon avait beau être bondé, aucun bruit n’en émanait, si ce n’est celui de souffles courts.

  — Alors, qu’est-ce qui vous amène ici ? reprit Carlisle, visiblement soucieux.

  — Des bruits courent, expliqua un second homme au timbre tout aussi rauque que le premier. Des rumeurs nous sont parvenues, selon lesquelles les Volturi s’apprêteraient à vous attaquer. D’autres ont affirmé que vous ne seriez pas seuls pour les affronter. C’était vrai, apparemment. Quelle réunion impressionnante !

  — Nous ne défierons pas les Volturi, répliqua mon beau-père, tendu. Il y a eu un malentendu. Un très sérieux malentendu, même. Laissez-moi le lever. Les gens rassemblés ici sont des témoins. Nous ne demandons aux Volturi qu’une chose : nous écouter. Nous ne…

  — Nous nous fichons des accusations portées contre vous, interrompit le premier homme. Et nous nous fichons que vous ayez enfreint la loi.

  — Aussi grave soit la faute, renchérit son compagnon.

  — Voici mille cinq cents ans que nous attendons que ces ordures d’Italiens soient défiés, poursuivit l’autre. S’il y a la moindre possibilité d’assister à leur chute, nous tenons à être présents.

  — À participer, même, continua son compère. Du moment que nous estimons avoir une chance de succès.

  Leurs répliques s’enchaînaient sans heurt, et leurs voix étaient tellement similaires qu’une oreille moins sensible aurait cru à un seul interlocuteur.

  — Bella ? me héla Edward sur un ton sec. Amène Renesmée, s’il te plaît. Nous devrions peut-être tester la solidité des revendications de nos amis roumains.

  Savoir que la moitié des vampires présents dans le salon se jetteraient au secours de notre fille si ces Roumains ne l’appréciaient pas me facilita la tâche. Je n’aimais pas leur ton, ni la menace que sous-tendaient leurs paroles. Lorsque j’entrai dans la pièce, je constatai que je n’étais pas la seule dans ce cas. La majorité de nos invités s’étaient figés et toisaient les inconnus avec hostilité. Quelques-uns, comme Carmen, Tanya, Zafrina et Senna, allèrent jusqu’à adopter des postures défensives et à se placer entre nous et les Roumains.

  Tous deux étaient minces et petits. L’un d’eux avait les cheveux bruns, l’autre d’un blond si cendré qu’ils en paraissaient gris. Leur peau avait la même teinte poudreuse que celle des Volturi, un peu moins prononcée peut-être. Je n’aurais su l’affirmer, puisque je n’avais vu les Italiens qu’à travers mes yeux humains. Leurs prunelles vives et étroites, d’un bordeaux soutenu, étaient claires, non laiteuses, contrairement à celles d’Aro, Caïus et Marcus. Ils portaient des vêtements noirs très simples qui auraient pu passer pour contemporains mais avaient un je-ne-sais-quoi de plus ancien. Lorsque j’apparus, le brun sourit.

  — Eh bien, eh bien, Carlisle ! s’exclama-t-il. On a vraiment fait des bêtises, hein ?

  — Ce n’est pas ce que tu crois, Stefan.

  — De toute façon, je te répète que ça nous est égal, lança le blond.

  — Alors, je vous invite à observer la confrontation, Vladimir. Mais, je te le répète, en aucun cas notre plan n’est de nous battre avec les Volturi.

  — Ainsi soit-il. Nous n’avons plus qu’à croiser les doigts, commença Stefan.

  — Pour que les choses tournent comme nous le souhaitons, termina Vladimir.

  Au bout du compte, nous avions réuni dix-sept témoins – les Irlandais : Siobhan, Liam et Maggie ; les Égyptiens : Amun, Kebi, Benjamin et Tia ; les Amazones : Zafrina et Senna ; les Roumains : Vladimir et Stefan ; les nomades : Charlotte et Peter, Garrett, Alistair, Mary et Randall – qui venaient s’ajouter à notre clan de onze, Tanya, Kate, Eleazar et Carmen ayant insisté pour être comptés comme membres à part entière de notre famille.

  Les Volturi exceptés, il s’agissait sans doute du rassemblement de vampires matures le plus important de l’histoire immortelle. Tous, nous commencions à nourrir des espoirs plus vifs. Même moi, je n’échappais pas à cet optimisme. Renesmée nous avait rallié tant d’amis en un délai si bref. Il suffirait que les Volturi nous écoutent l’espace d’une minuscule seconde…

  Les deux derniers survivants roumains, obsédés par leur rancune et leur amertume contre ceux qui, mi
lle cinq cents ans auparavant, s’étaient emparés de leur empire, prenaient tout à la légère, apparemment. S’ils refusèrent de toucher Renesmée, ils ne firent preuve d’aucune agressivité à son encontre. Mystérieusement, notre alliance avec les loups-garous parut les ravir. Ils assistèrent à mes entraînements avec Zafrina et Kate destinés à développer mon don. Ils observèrent la façon dont Edward répondait à des questions tues. Ils regardèrent Benjamin déclencher des geysers dans la rivière ou transformer en bourrasques l’air paisible. Tout cela fit rougeoyer leurs prunelles, dans l’espoir féroce que les Volturi avaient enfin trouvé à qui parler.

  Si nous n’espérions pas tous les mêmes choses, nous espérions.

  33

  FAUX ET USAGE DE FAUX

  — Nous avons encore tous ces invités à la maison, Charlie ! Tu ne les apprécierais pas. À cause du secret... Je sais que tu n’as pas vu Renesmée depuis plus d’une semaine, mais une visite en ce moment ne serait pas une bonne idée. Et si je te l’amenais plutôt ?

  Mon père garda le silence si longtemps que je crus qu’il avait décelé à quel point j’étais tendue, derrière ma façade enjouée. Puis il marmonna :

  — Le secret, pff !

  Je me rendis compte alors que seule son inquiétude face au surnaturel expliquait sa lenteur à réagir.

  — Bon, d’accord, finit-il par céder. Ce matin ? Sue m’apporte mon déjeuner. Elle est aussi horrifiée par ma cuisine que tu l’étais quand tu as déménagé ici.

  Il s’esclaffa avant de soupirer au souvenir du bon vieux temps.

  — Très bien, ça marche, acquiesçai-je.

  Plus tôt c’était, mieux ça valait. J’avais déjà trop repoussé ce que je m’apprêtais à faire.

  — Jacob sera avec vous ?

  Bien que Charlie ne fût pas au courant de l’imprégnation, l’attachement de Jake à Renesmée était évident. En aucun cas, l’Indien n’accepterait de passer quelques heures sans elle, surtout si cela l’éloignait des buveurs de sang.

  — Probablement, répondis-je.

  — Je devrais inviter Billy aussi, alors, marmonna Charlie. Mais… une autre fois, peut-être.

  Je ne prêtais qu’une oreille distraite à ses paroles. Assez pour noter son étrange réticence envers le père de mon ami, pas assez pour m’inquiéter sur ses origines. Tous deux étaient adultes. S’il y avait du tirage entre eux, ils étaient assez grands pour le résoudre ensemble. Moi, j’avais bien trop de choses importantes en tête.

  — À plus, lui lançai-je avant de raccrocher.

  Cette virée à Forks dépassait largement mon seul souci de protéger Charlie de vingt-sept vampires bizarrement assortis – tous avaient promis de ne tuer personne dans un rayon de cinq cents kilomètres, n’empêche… Il était clair qu’aucun humain ne devait approcher de ce groupe. Telle était l’excuse que j’avais servie à Edward : j’emmenais Renesmée chez mon père afin d’éviter qu’il rapplique à la villa. C’était un bon prétexte pour m’éclipser, pas la raison essentielle de mon absence.

  — Pourquoi ne prenons-nous pas ta Ferrari ? se plaignit Jacob quand il me rejoignit dans le garage.

  J’étais déjà installée au volant de la Volvo. Edward avait fini par me révéler quelle était ma voiture « d’après ». Comme il l’avait craint, je n’avais guère fait preuve du ravissement nécessaire. Certes, elle était belle et rapide, mais je préférais courir.

  — Trop tape-à-l’œil, répliquai-je à Jake. On pourrait y aller à pied, sauf que Charlie péterait un plomb.

  Si Jacob bougonna, il n’en monta pas moins à côté de moi. Aussitôt Renesmée quitta mes genoux pour les siens.

  — Comment vas-tu ? m’enquis-je en démarrant.

  — À ton avis ? ronchonna-t-il. J’en ai ras le bol, de ces sangsues puantes. Oui, je sais, je sais, ce sont de chouettes types, ils sont venus aider, ils vont nous sauver la mise, etc. Mais bon, tu peux dire ce que tu veux, Dracula Un et Dracula Deux me flanquent la frousse.

  Je ne pus retenir mon sourire. Les Roumains n’étaient pas mes hôtes préférés non plus.

  — Je suis d’accord, acquiesçai-je.

  Renesmée secoua la tête sans rien dire. Contrairement à nous, elle trouvait les deux hommes étrangement fascinants. Comme ils refusaient qu’elle s’approche d’eux, elle avait fait l’effort de leur adresser la parole. Sa question avait porté sur la couleur de leur peau si particulière. Même si j’avais redouté qu’ils ne s’offusquent, j’avais été heureuse qu’elle les interroge. Moi aussi, j’étais intriguée. Ils n’avaient cependant pas paru choqués par sa requête. Juste un peu réticents, peut-être.

  — Nous sommes restés longtemps immobiles, petite, avait expliqué Vladimir, cependant que Stefan hochait la tête, sans toutefois enchaîner, contrairement à son habitude. À jouir de notre propre caractère divin. Tout venait à nous, signe de notre puissance. Proies, diplomates, quémandeurs de tout poil. Nous étions assis sur nos trônes, à nous prendre pour des dieux. Longtemps, nous n’avons pas remarqué que nous changions, que nous nous pétrifiions presque. J’imagine que les Volturi nous ont rendu service quand ils ont incendié nos châteaux. Au moins, Stefan et moi avons cessé d’être figés. À présent, les yeux des Volturi sont voilés d’un film de saletés, alors que les nôtres sont limpides. Cela nous donnera un avantage quand nous les leur arracherons.

  Après cet épisode, je m’étais efforcée de tenir ma fille loin d’eux.

  — Combien de temps passerons-nous chez Charlie ? s’enquit Jacob, interrompant mes songeries.

  Au fur et à mesure que nous nous éloignions de la maison, il se détendait. Je fus heureuse qu’il ne m’assimile pas vraiment à un vampire. Pour lui, j’étais juste Bella.

  — Un bon moment.

  Le ton de ma voix l’alerta.

  — Tu mijotes quelque chose, en plus de rendre visite à ton père ?

  — Tu sais combien tu es doué pour maîtriser tes pensées quand Edward est dans le coin, Jake, non ?

  — Oui, et alors ?

  Je hochai la tête puis me tournai vers Renesmée, qui regardait par la fenêtre. Impossible de dire si elle écoutait notre conversation, mais je décidai de ne pas courir de risque. Jacob attendit que j’ajoute quelque chose, puis il renonça et se mit à réfléchir à mes paroles cryptées.

  Tout en roulant, je devais plisser les paupières, à cause de mes lentilles agaçantes. Il pleuvait, l’air n’était pas assez froid pour qu’il neige. Mes prunelles étaient moins affreuses qu’au début, plus proches d’un orangé vaguement rouge que d’un écarlate flamboyant. Bientôt, elles seraient assez ambre pour que je me passe de subterfuge. Pourvu que ce changement ne bouleverse pas trop Charlie quand même !

  Jacob méditait toujours notre conversation censurée quand nous arrivâmes chez mon père. Nous gagnâmes la maison en silence sous la pluie, à une allure humaine. Charlie nous guettait et ouvrit la porte avant que nous n’ayons eu le temps de frapper.

  — Salut, les enfants ! J’ai l’impression qu’on ne s’est pas vus depuis des années ! Regarde-toi, Nessie ! Viens embrasser pépé. Je jurerais que tu as grandi de dix centimètres ! Tu es toute maigrichonne, Ness ! Tu ne la nourris pas, Bella ?

  — Juste une poussée de croissance, marmonnai-je. Bonjour, Sue.

  Des arômes de poulet, de tomate, d’ail et de fromage flottaient dans la cuisine. Ils étaient sûrement délicieux pour n’importe qui d’autre. Je humai également une odeur de poussière et un parfum d’encaustique. Renesmée sourit. Elle ne parlait jamais, en présence de Charlie.

  — Entrez, entrez, les enfants ! Il fait froid, dehors. Où est mon gendre ?

  — Il s’occupe de ses amis, marmonna Jacob. Vous avez une sacrée veine de ne pas être dans toute cette mélasse, Charlie. Mais je n’en dis pas plus.

  Mon père tressaillit, et je flanquai un léger coup de coude dans les côtes de Jake, qui étouffa un cri de douleur. Bon, d’accord. J’avais cru y être allée doucement.

  — J’ai des courses à faire, annonçai-je.


  Jacob me regarda brièvement. Il tint sa langue cependant.

  — Tu es en retard pour tes cadeaux de Noël ? s’exclama Charlie. Il ne te reste plus que quelques jours.

  — Oui, c’est ça, admis-je, penaude.

  L’odeur de poussière s’expliquait, maintenant. Charlie avait sans doute sorti les décorations de Noël.

  — Ne t’inquiète pas, Nessie, chuchota-t-il à l’oreille de ma fille. Si ta mère t’oublie, pas moi.

  Je levai les yeux au ciel. Il avait raison, cependant. Noël avait été le cadet de mes soucis.

  — À table ! appela Sue.

  — Je me sauve ! annonçai-je. À plus tard, papa.

  J’échangeai un coup d’œil avec Jacob. Même s’il ne pourrait s’empêcher de penser à ma défection en présence d’Edward, il ne risquait pas de vendre la mèche, dans la mesure où il ne savait pratiquement rien de mes intentions. Je n’étais guère plus fixée que lui, d’ailleurs, songeai-je en remontant dans la voiture.

  Les routes étaient humides et glissantes, mais je n’avais plus peur de conduire. Mes réflexes se chargeaient de tout, et j’étais assez indifférente à la circulation. Le plus important était de ne pas rouler trop vite, histoire de ne pas attirer l’attention des autres conducteurs. Néanmoins, je voulais me débarrasser de ma mission, résoudre le mystère, afin de pouvoir me consacrer à l’essentiel – mon apprentissage vital, la protection des miens, l’assassinat des autres.

  Je me débrouillais de mieux en mieux avec mon bouclier. Kate n’avait plus besoin de me stimuler – je n’avais aucune difficulté à trouver des raisons de me mettre en colère, maintenant que je savais que telle était la clé. Voilà pourquoi je travaillais surtout avec Zafrina, qui se réjouissait de mes progrès. J’étais désormais capable de projeter le tissu élastique sur presque trois mètres et pendant plus d’une minute, même si cela m’épuisait. Ce matin-là, elle avait essayé de voir si j’arrivais à évacuer complètement le bouclier de mon esprit. Je n’avais pas très bien compris l’intérêt de l’exercice. Zafrina soutenait qu’il m’aiderait à me renforcer, un peu comme travailler ses abdominaux et ses dorsaux au lieu de se contenter des biceps. Quand tous les muscles étaient développés, on soulevait des charges plus lourdes, d’après elle. Je n’avais pas été très douée pour étouffer mon talent, cependant, et je n’avais entraperçu qu’une brève image de jungle.

 

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