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RÉVÉLATION

Page 62

by Stephenie Meyer


  Il s’interrompit, regarda d’abord nos témoins, puis les siens. Ses intonations de tribun réussissaient à donner l’illusion qu’il était déchiré. Sans quitter des yeux sa horde de vampires, il enchaîna :

  — La sécurité vient du seul savoir. Seul le savoir est tolérable. L’inconnu est… une vulnérabilité.

  Le sourire méchant de Caïus s’élargit.

  — Tu tires des conclusions un peu vite, Aro, objecta Carlisle d’une voix blanche.

  — Paix, ami, tempéra l’ancien, son visage toujours aussi affable, son ton toujours aussi doux. Ne nous précipitons pas. Examinons chaque facette du problème.

  — Puis-je me permettre d’en soulever une, alors ? lança Garrett en faisant un nouveau pas en avant.

  — Je t’en prie, nomade.

  Levant le menton, Garrett fixa des yeux la foule amassée au fond de la prairie et s’adressa directement à elle.

  — Je suis venu ici à la demande de Carlisle, afin de témoigner, comme tout le monde. Cela n’est plus nécessaire, puisque nous voyons tous ce qu’elle est. Je tiens cependant à évoquer autre chose. Vous. (Il tendit le doigt vers les vampires soucieux.) Je connais deux d’entre vous, Makenna et Charles. Je devine aussi que nombreux parmi vous sont des vagabonds comme moi. Qui n’obéissent à personne. Réfléchissez bien à ce que je vais vous dire à présent.

  » Ces anciens ne sont pas venus ici pour rendre la justice, contrairement à ce qu’ils affirment. Nous le soupçonnions, ils nous l’ont prouvé. Ils ont été induits en erreur, certes, mais cela servait leurs buts. Voyez comment ils s’efforcent maintenant de s’appuyer sur de fragiles excuses pour parachever leur véritable mission : détruire la famille ici présente. (Il désigna Carlisle et Tanya.) Les Volturi se sont déplacés pour éradiquer ceux qu’ils considèrent comme des compétiteurs. Comme moi, peut-être, vous vous émerveillez devant ce clan aux prunelles dorées. Ils sont difficiles à comprendre, je l’admets. Mais les anciens, eux, leur reprochent autre chose que leurs choix particuliers. Ils traquent leurs pouvoirs.

  » J’ai constaté les liens qui unissent cette famille, mot qui leur convient mieux que celui de “clan”. Ces personnes étranges aux yeux d’or nient leur vraie nature. En échange, ont-ils découvert autre chose de plus précieux, peut-être, que la simple satisfaction de leur désir ? Durant mon séjour, je les ai observés, et il m’apparaît que ce qui est intrinsèque à l’entente profonde de cette famille, c’est le caractère paisible de cette vie de sacrifice. Il n’existe pas ici d’agression, contrairement à ce qui animait les clans du Sud, lesquels ont prospéré et chuté très rapidement, à cause de leurs querelles. Personne ici n’est enclin à dominer, et Aro le sait mieux que moi.

  Cette tirade condamnait Garrett. Je scrutai le visage d’Aro, m’attendant à y déceler de la colère. Je n’y découvris qu’un amusement poli, comme s’il attendait que l’enfant capricieux s’aperçoive que personne ne prêtait attention à ses simagrées.

  — Lorsque nous sommes arrivés, poursuivait le nomade, Carlisle nous a assuré qu’il ne cherchait pas la bagarre. Ces témoins-là – il montra Siobhan et Liam – ont accepté de donner des preuves afin de ralentir les Volturi par leur seule présence, afin que Carlisle puisse avoir une occasion de plaider sa cause. D’autres se sont demandés – et là, il regarda Eleazar – si le bien-fondé de la position de Carlisle suffirait à empêcher une prétendue justice. Les Volturi sont-ils venus pour protéger notre discrétion ou leur propre pouvoir ? Sont-ils venus détruire une création illégale ou un mode d’existence ? Se seraient-ils satisfaits d’apprendre que le danger n’était qu’un malentendu ou souhaitaient-ils au contraire utiliser ce problème pour régler leurs comptes ?

  » Il nous faut répondre à toutes ces questions. Nous avons eu droit aux mots mensongers d’Aro – il y a parmi nos rangs quelqu’un ayant le talent de détecter les balivernes à coup sûr. Nous voyons aussi le sourire avide de Caïus. Leurs soldats ne sont qu’une arme destinée à asseoir leur pouvoir.

  » À présent, de nouvelles questions se posent, auxquelles vous devez répondre. Qui vous dirige, nomades ? Obéissez-vous à la volonté d’un autre que vous ? Êtes-vous libres de choisir votre chemin, ou seront-ce les Volturi qui décideront de votre manière de vivre ?

  » Je suis venu témoigner. Je resterai me battre. Les Volturi se moquent bien de la mort de l’enfant. Ils veulent la mort de notre liberté !

  Garrett se tourna vers les anciens.

  — Allez-y ! Fi de ces arguties ! Soyez honnêtes dans vos intentions comme nous le serons dans les nôtres. Nous défendrons notre liberté. Attaquez-la ou non, mais décidez-vous maintenant, et que ces témoins voient quel est le véritable nœud du problème.

  De nouveau, il toisa les vampires massés à l’orée des bois. Il était évident que son discours avait marqué les esprits.

  — Réfléchissez bien, conclut-il. Vous pouvez vous joindre à nous. Si vous croyez que les Volturi vous laisseront vivre pour ensuite raconter ce qui s’est passé ici, vous vous trompez. Nous risquons d’être tous anéantis… ou peut-être pas. Si ça se trouve, nous sommes plus à la hauteur qu’ils ne le pensent. Si ça se trouve, les Volturi ont enfin un adversaire digne d’eux. Mais je vous le garantis : si nous tombons, vous tomberez aussi.

  Sur ce, il rejoignit Kate et s’accroupit à moitié, prêt à la lutte.

  — Très jolie mercuriale, cher ami révolutionnaire, commenta Aro avec un sourire tolérant.

  — Révolutionnaire ? rétorqua Garrett. Et puis-je savoir contre qui je me rebelle ? Es-tu mon roi ? Souhaites-tu que je t’appelle « maître » comme tes sycophantes de soldats ?

  — Paix, Garrett, lui enjoignit Aro. Je me référais juste à ta date de naissance. Je constate que tu n’as guère changé depuis.

  Le nomade le fusilla du regard.

  — Interrogeons nos témoins, suggéra l’ancien. Écoutons ce qu’ils ont à dire avant de nous décider.

  Sur ce, il nous tourna le dos avec décontraction et se dirigea vers la foule agitée, qui s’était rapprochée de la forêt.

  — Que pensez-vous de tout cela, mes amis ? leur lança-t-il. Je vous assure que l’enfant n’est pas ce que nous redoutons. Prenons-nous le risque de la laisser en vie ? Mettons-nous en jeu notre univers pour préserver une famille ? Ou Garrett a-t-il raison ? Vous rallierez-vous pour arrêter notre soudaine soif de pouvoir ?

  Les témoins le scrutèrent attentivement. Une petite femme brune jeta un coup d’œil au mâle blond qui l’accompagnait.

  — Sont-ce là nos seuls choix ? demanda-t-elle brusquement. Nous ranger à vos côtés ou nous opposer à vous ?

  — Certes non, délicieuse Makenna ! s’exclama Aro, comme horrifié qu’elle ait pu parvenir à une telle conclusion. Vous pouvez partir en paix, naturellement. Comme Amun. Même si vous n’êtes pas d’accord avec le choix que fera le conseil.

  Makenna interrogea une nouvelle fois du regard son compagnon, qui hocha la tête.

  — Nous ne sommes pas ici pour nous battre, souffla-t-elle ensuite. Mais pour témoigner. Notre témoignage est que cette famille condamnée est innocente. Tout ce qu’a dit Garrett est vrai.

  — Ah ! soupira tristement Aro. Je suis navré que tu nous voies ainsi. Hélas, telle est la nature de notre mission.

  — Ce n’est pas ce que nous voyons, c’est ce que nous sentons, objecta l’ami de Makenna d’une voix haut perchée aux accents nerveux. D’après Garrett, ils ont un moyen de découvrir les mensonges. Moi aussi, je sais quand on me raconte la vérité ou non.

  Il se rapprocha de sa compagne, les prunelles pleines de frayeur.

  — N’aie pas peur de nous, ami Charles. Je ne doute pas que Garrett soit persuadé de ce qu’il dit.

  Aro rigola, et Charles fronça les sourcils.

  — C’était notre avis, annonça Makenna. Maintenant, nous partons.

  Charles et elle se retirèrent lentement, ne se retournant que lorsqu’ils eurent disparu dans les bois. Un autre vampire suivit le même chemin, puis trois autres encore. J’ob
servai les trente-sept restants. Quelques-uns affichaient des mines déroutées, incapables de se décider. La majorité, cependant, paraissaient conscients de la direction qu’avait prise la confrontation. J’imagine qu’ils renonçaient à se sauver pour mieux savoir qui exactement les pourchasseraient plus tard. J’étais persuadée qu’Aro tirait les mêmes conclusions que moi. Se détournant, il revint d’une démarche composée vers sa garde, à laquelle il s’adressa d’une voix claire :

  — Nous sommes en sous-effectif, mes très chers. Nous ne pouvons compter sur des renforts extérieurs. Devons-nous oublier ce problème afin de sauver nos vies ?

  — Non, maître, chuchotèrent les soldats à l’unisson.

  — La protection de notre monde mérite-t-elle la perte de certains parmi nous ?

  — Oui. Nous ne craignons rien.

  — Mes frères, lança Aro à ses compagnons vêtus de noir, comme lui, de nombreuses questions doivent être réglées.

  — Réunissons-nous en conseil, proposa Caïus.

  — Réunissons-nous en conseil, répéta Marcus, l’air de se désintéresser complètement de la situation.

  Tous trois joignirent leurs mains et formèrent un triangle sombre et silencieux. Dès que l’attention d’Aro eut été attirée ailleurs, deux nouveaux témoins s’éclipsèrent sans bruit dans la forêt. J’espérais pour eux qu’ils étaient rapides.

  Ainsi, on y était. Doucement, je desserrai de mon cou les doigts de Renesmée.

  — Tu te souviens de ce que je t’ai dit ?

  Elle opina, en dépit des larmes qui noyaient ses yeux.

  — Je t’aime, chuchota-t-elle.

  Edward nous contemplait, ses prunelles topaze écarquillées. Jacob nous surveillait du coin de son gros œil noir.

  — Moi aussi, je t’aime, répondis-je en effleurant le médaillon. Plus que ma propre vie.

  J’embrassai son front. Jacob poussa un gémissement inquiet. Me dressant sur la pointe des pieds, je murmurai à son oreille :

  — Attends qu’ils soient complètement occupés à autre chose, puis sauve-toi avec elle. Va le plus loin possible d’ici à pied. Ensuite, elle détient ce qui te permettra de prendre l’avion.

  Les visages de mon mari et de mon ami étaient deux masques horrifiés identiques, même si l’un d’eux était celui d’un animal. Renesmée tendit les bras à son père, qui la serra contre lui.

  — Ainsi, c’est ce que tu me dissimulais, murmura-t-il par-dessus la tête de la petite.

  — Pas à toi, à Aro, soufflai-je.

  — Alice ?

  J’acquiesçai. Ses traits se tordirent de souffrance quand il comprit. Avais-je affiché la même expression, lorsque j’avais enfin saisi les desseins de ma belle-sœur ? Jacob grondait doucement, son râpeux et égal qui me fit penser à un ronronnement. Son poil était hérissé, et ses dents dévoilées. Edward déposa un baiser sur le front et les deux joues de notre fille, puis il la souleva pour la placer sur le dos de Jake. Elle y grimpa avec agilité, s’agrippant à sa fourrure rousse avant de s’installer sur son encolure. Lui se tourna vers moi, ses prunelles exprimant un chagrin intense.

  — Tu es le seul en qui nous avions confiance, murmurai-je. Si tu ne l’aimais pas autant, je ne pourrais pas faire cela. Je sais que tu la protégeras, Jacob.

  En gémissant, il baissa la tête et l’enfonça dans mon épaule.

  — Je sais, ajoutai-je. Je t’aime aussi, Jake. Tu seras toujours mon meilleur ami.

  Une larme de la taille d’une balle de base-ball roula sur le poil de sa joue. Se penchant près de lui, Edward chuchota :

  — Au revoir, Jacob, mon frère… mon fils.

  Nos amis avaient conscience de la scène d’adieux en train de se dérouler. Ils nous écoutaient, même s’ils avaient vrillé leur regard sur le triangle noir.

  — N’y a-t-il donc plus d’espoir ? demanda Carlisle.

  Son timbre n’exprimait pas l’anxiété, juste la détermination et l’acceptation.

  — Si, sûrement, répondis-je. (Et pourquoi pas ? pensai-je.) Je ne connais que ma destinée.

  Edward prit ma main. Il savait qu’il était inclus dans ma destinée. Nous étions les deux moitiés d’une unique entité. Derrière moi, j’entendis la respiration heurtée d’Esmé. Elle nous dépassa, caressant nos visages, et alla se poster près de Carlisle afin de glisser ses doigts dans les siens. Soudain, nous fûmes entourés par des au revoir et des je t’aime.

  — Si nous survivons à ça, je te suivrai où tu voudras, femme, lança Garrett à Kate.

  — Et c’est maintenant qu’il me dit ça ! marmonna l’intéressée.

  Rosalie et Emmett échangèrent un baiser rapide mais passionné.

  Tia effleura la joue de Benjamin, qui lui adressa un beau sourire et retint sa main.

  Je ne vis pas toutes les manifestations d’amour et de chagrin, car je fus tout à coup distraite par un effleurement à la lisière de mon bouclier. Je ne réussis pas à en déterminer la source, mais il semblait dirigé sur les flancs de notre groupe, vers Siobhan et Liam notamment. La pression ne provoqua aucun dégât avant de disparaître.

  Les silhouettes des anciens n’avaient pas bougé. Il se pouvait toutefois qu’un signal m’eût échappé.

  — Préparez-vous, annonçai-je. Ça commence.

  38

  POUVOIR

  — Chelsea essaye de briser notre union, me chuchota Edward. Mais elle n’arrive pas à entamer nos liens. Elle ne nous détecte pas… C’est toi qui fais ça ?

  — Je suis partout, répondis-je avec un sourire lugubre.

  Soudain, il s’écarta de moi et tendit la main vers Carlisle. Au même instant, je perçus un assaut plus sérieux contre le bouclier, à l’endroit où il enveloppait étroitement l’étincelle de mon beau-père. Si ce ne fut pas douloureux, ce ne fut pas agréable non plus.

  — Carlisle, tu vas bien ? s’affola Edward.

  — Oui, pourquoi ?

  — Jane.

  Au moment où il prononçait le prénom, une dizaine d’attaques simultanées fondirent sur le dôme élastique, cherchant à atteindre dix cibles étincelantes différentes. Je m’assurai que notre protection résistait – Jane n’avait pas été capable de la transpercer. Une rapide inspection autour de moi me confirma que personne n’avait été touché.

  — Incroyable, murmura Edward.

  — Pourquoi n’attendent-ils pas la décision ? grommela Tanya.

  — C’est la procédure normale, expliqua Edward d’une voix tendue. Ils s’arrangent pour réduire à l’impuissance les accusés, de façon à ce qu’ils ne s’échappent pas.

  Je contemplai Jane. Elle toisait notre groupe d’un air furibond et incrédule. C’était sûrement la première fois qu’on résistait à son talent. Je me permis de lui adresser un grand sourire satisfait. Certes, ce n’était pas très mature. Mais Aro n’allait pas tarder – pour peu que ce ne fût déjà fait – à deviner que mon bouclier était bien plus puissant que ce qu’Edward pensait. Comme j’étais déjà une cible toute désignée à leur vindicte, je ne vis pas de raison de garder secrète l’étendue de mon pouvoir. Jane plissa les yeux et expédia une nouvelle salve, cette fois droit sur moi. Je me contentai de sourire encore plus.

  Elle poussa un cri aigu qui fit sursauter tout le monde, y compris ses acolytes si disciplinés. Seuls les anciens ne réagirent pas, plongés dans leur conférence. Alec attrapa sa jumelle par le bras alors qu’elle s’apprêtait à bondir. Les Roumains ricanèrent, impatients de voir ce qui allait suivre.

  — Je t’avais bien dit que l’heure de la revanche avait sonné ! lança Vladimir à Stefan.

  — Non mais regarde un peu la tronche de la sorcière ! s’esclaffa ce dernier.

  Alec tapota l’épaule de Jane pour l’apaiser. Puis il se tourna vers nous, ses traits angéliques impassibles. Je guettai une pression, rien ne vint. Il continuait à regarder dans notre direction, toujours aussi calme. Était-il en train d’attaquer ? Allait-il transpercer mes défenses ? Étais-je la seule à pouvoir encore le voir ? Je serrai les doigt
s d’Edward dans les miens.

  — Ça va ?

  — Oui, chuchota-t-il.

  — Alec réagit ?

  — Oui. Son don est plus lent que celui de Jane. Il rampe plus qu’il ne frappe. Nous devrions le ressentir d’ici quelques secondes.

  Enfin, je distinguai la chose. C’était une drôle d’aura qui flottait au-dessus de la neige, presque invisible sur le fond blanc. Elle m’évoqua un mirage, une déformation du champ visuel, une clarté frissonnante. J’écartai le bouclier de Carlisle et de la première ligne, afin d’éloigner la brume quand elle frapperait. Et si elle pénétrait ma protection impeccable comme un couteau tranche du beurre ? Faudrait-il que nous fuyions ?

  Soudain, un grondement sourd agita le sol, et une bourrasque fit s’envoler la neige en tourbillons furieux, entre nous et les Volturi. Ayant également discerné la menace, Benjamin essayait de la combattre. Grâce à la neige, je n’eus aucun mal à discerner l’endroit où il expédiait le vent. Malheureusement, le brouillard d’Alec ne réagit pas. À croire que l’air traversait une ombre.

  Le triangle noir des anciens finit par se rompre. À cet instant précis, une fissure étroite mais profonde découpa un long zigzag au milieu de la prairie avec un gémissement assourdissant. La terre trembla. Les congères tombèrent dans le vide, mais l’aura sauta par-dessus, aussi insensible à la gravité qu’elle l’avait été aux bourrasques.

  Aro et Caïus contemplaient la cavité avec des yeux ronds. Marcus, lui, ne faisait montre d’aucune émotion. Ils gardèrent le silence, attendant eux aussi que la brume s’approche de nous. Le vent hurla plus fort, en vain. Jane souriait, à présent.

  Tout à coup, ce fut comme si le brouillard s’était heurté à un mur. J’en goûtai immédiatement la saveur dense, douceâtre, écœurante. J’eus l’impression d’un anesthésiant posé sur ma langue. Il prit de l’altitude, cherchant une brèche – sans résultat. Ses doigts tâtonnèrent alentour, révélant peu à peu la taille impressionnante de mon bouclier. Des deux côtés de la faille, des cris de surprise étouffés retentirent.

 

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