LE GRAND VOYAGE

Home > Literature > LE GRAND VOYAGE > Page 32
LE GRAND VOYAGE Page 32

by Jean M. Auel


  Repérant un petit troupeau de cerfs, Jondalar y vit l’opportunité de constituer des réserves de viande en attendant de rejoindre les Sharamudoï, et peut-être même d’en partager les surplus avec eux. L’idée enthousiasma Ayla. Elle adorait chasser et, à part les perdrix et autres petits gibiers qu’elle avait abattus avec sa fronde, les occasions n’avaient pas été si fréquentes ces derniers temps. La Grande Rivière Mère avait pourvu généreusement à leurs besoins.

  Ils plantèrent leur campement au bord de la rivière, déchargèrent leurs paniers et le travois et, armés de leur propulseur, partirent à cheval sur la piste des cerfs. Loup ne tenait pas en place. A la vue des propulseurs, il avait compris ce qui se préparait. Whinney et Rapide étaient fringants, ne serait-ce qu’a cause de l’allégement de leur charge.

  C’était un groupe de mâles, et leur ramure était recouverte d’un velours épais. A l’automne, à la saison du rut, quand les andouillers auraient atteint leur apogée, les vaisseaux sanguins se dessécheraient et la douce pellicule pubescente pèlerait, aidée en cela par les cerfs qui fraieraient leurs bois aux arbres et aux rochers.

  Ayla et Jondalar s’arrêtèrent pour étudier la situation. Loup s’agitait, couinant et faisant mine d’attaquer. De peur qu’il ne s’élançât et dispersât le troupeau, Ayla lui ordonna de rester tranquille. Une pointe d’admiration brilla dans les yeux de Jondalar en voyant le loup obéir. Il était soulagé qu’Ayla ait réussi à le dresser. Il se concentra sur sa chasse, conscient que, juché sur le dos de Rapide, il possédait une vision d’ensemble qu’il n’aurait jamais eue à pied. Plusieurs cerfs broutaient, avertis de la présence des nouveaux arrivants, mais rassurés par les chevaux. D’habitude, ils toléraient, ou ignoraient ces cousins herbivores, si ceux-ci ne manifestaient pas de crainte. Même les deux humains et le loup ne les inquiétaient pas assez pour les inciter à fuir.

  Jondalar fut tenté par un vieux cerf magnifique à la tête couronnée, qui semblait le toiser avec défi. S’il avait chassé en groupe pour nourrir une Caverne entière, et qu’il avait voulu faire une prouesse, il se serait peut-être décidé pour le cerf majestueux. Mais Jondalar savait que lorsque l’automne apporterait la saison des Plaisirs, nombreuses seraient les femelles impatientes de rejoindre un troupeau conduit par un tel mâle. Jondalar ne pouvait se résoudre à tuer un animal si fier et si magnifique alors qu’ils n’avaient pas besoin de tant de viande. Il choisit donc un autre cerf.

  — Ayla, tu vois celui qui est près du grand buisson ? Là-bas, un peu à l’écart des autres ? (La jeune femme acquiesça d’un signe de tête.) Je crois que nous pouvons l’isoler facilement. Essayons.

  Ils se concertèrent avant d’adopter une stratégie, puis se séparèrent. Loup ne quittait pas Ayla des yeux et, à son signal, il bondit vers le cerf qu’elle lui indiquait, suivi de Whinney et sa cavalière. Jondalar arrivait d’en face, une sagaie engagée dans le propulseur.

  Les cerfs avaient senti le danger et ils bondirent dans toutes les directions. Celui que les chasseurs avaient repéré s’enfuit devant la femme et le loup qui le chargeaient et fonça droit sur Jondalar. Il arriva si près que Rapide pila net.

  Jondalar était prêt à utiliser son propulseur, mais le jeune étalon le déséquilibra. Le cerf bifurqua pour fuir l’homme et le cheval qui lui barraient le chemin, et tomba sur l’énorme loup. Terrorisé, il fit volte-face et s’élança pour passer entre Ayla et Jondalar.

  Ayla exerça une légère pression sur les flancs de Whinney tout en visant l’animal en fuite. La jument obtempéra et poursuivit le cerf pendant que Jondalar, revenu de ses émotions, déclenchait son arme au même moment qu’Ayla.

  Les deux sagaies le transpercèrent presque simultanément, et le cerf s’arrêta par saccades. Il tenta de fuir une dernière fois, mais c’était trop tard. Les sagaies avaient atteint leur cible et la bête chancela, puis s’écroula.

  La plaine s’était vidée. Le troupeau s’était dispersé, mais les deux chasseurs sautèrent de cheval sans y prêter attention. Jondalar sortit son couteau à manche d’os, empoigna les andouillers veloutés, tira la tête du cerf en arrière, et lui trancha la gorge. Ils contemplèrent en silence la mare de sang qui se formait autour de la tête de l’animal. La terre assoiffée but le liquide gluant.

  — Quand tu retourneras près de la Grande Terre Mère, remercie-La de notre part, demanda Jondalar au cerf mort à ses pieds.

  Ayla approuva d’un signe de tête. Elle était habituée à ce rituel. Jondalar prononçait ces paroles chaque fois qu’ils tuaient un animal, même un petit, et ce n’était jamais machinal. Il parlait avec chaleur et respect, et ses remerciements étaient sincères.

  Les pentes des collines s’accentuèrent et des bouleaux se mêlèrent aux arbustes, puis des charmes, des hêtres, et quelques chênes. A basse altitude, la région ressemblait aux collines boisées du delta. Mais à mesure qu’ils montaient, ils commencèrent à voir des sapins, des épicéas, des pins et quelques mélèzes parmi les immenses arbres à feuilles caduques.

  Ils parvinrent dans une clairière, sorte de mamelon surplombant les bois. Jondalar s’arrêta pour s’orienter et Ayla en profita pour admirer la vue. Ils étaient plus hauts qu’elle ne l’avait cru. Par-dessus les forêts, elle apercevait à l’ouest la Grande Rivière Mère. Tous ses chenaux s’étaient rejoints et le fleuve serpentait entre des murailles rocheuses. A présent, elle comprenait pourquoi Jondalar avait tenu à contourner les gorges.

  — J’ai déjà franchi ce passage en bateau, expliqua-t-il. On l’appelle la Porte.

  — La Porte ? s’étonna Ayla. Comme la porte d’un enclos ? Ce qui ferme l’ouverture et empêche les animaux de sortir ?

  — Je ne sais pas pourquoi on l’appelle comme ça. Peut-être le nom vient-il de là. Pourtant, cela ressemble davantage aux barrières qui bordent le chemin menant à la porte. Le passage est assez long, j’aimerais t’y emmener un jour en bateau. Tiens, c’est une idée, ajouta-t-il en souriant.

  Ils descendirent le mamelon et reprirent leur ascension de la montagne. Un mur d’arbres gigantesques se dressa devant eux, première ligne d’une forêt mixte de bois durs et d’arbres à feuilles persistantes. A peine avaient-ils pénétré sous la sombre voûte feuillue qu’ils se retrouvèrent dans un univers nouveau. Ils mirent du temps avant de s’accoutumer à la pénombre de la forêt primitive. La fraîcheur de l’humidité et sa riche odeur de moisissure les enveloppèrent aussitôt.

  Une mousse verte recouvrait le sol d’un épais tapis qui s’étendait aux rochers, habillait indifféremment les arbres tombés depuis longtemps et les troncs d’arbres morts ou les vivants. Le loup, qui courait devant, sauta sur une souche moussue que le pourrissement désintégrait lentement. Elle se brisa, dévoilant des milliers de vers blancs grouillants, surpris par la soudaine lumière du jour. Les deux cavaliers ne tardèrent pas à descendre de leur monture pour trouver plus facilement leur chemin à travers le sous-bois jonché de restes en putréfaction et d’où jaillissait à nouveau la vie.

  Des rejets surgissaient des souches pourries et perçaient la couche de mousse. Là où un arbre foudroyé s’était abattu, encroué à ceux qu’il avait entraînés dans sa chute, de jeunes pousses se disputaient déjà une place au soleil. Des mouches bourdonnaient autour des pointes fleuries de rose d’une gaulthérie[9] éclairé par un rayon de soleil qui avait réussi à trouer la voûte feuillue. Il régnait un silence inquiétant où le moindre son était amplifié. Ayla et Jondalar murmuraient sans raison.

  Les champignons foisonnaient de tous côtés sur des racines putréfiées. Partout croissaient des herbacées dépourvues de feuilles, comme l’orobanche, la lavande, la dentaire, ainsi que diverses petites orchidées aux couleurs éclatantes, elles aussi souvent dépourvues de feuilles. Dès qu’Ayla aperçut des petites tiges pâles et cireuses, à la tête frémissante, elle se précipita pour en cueillir.

  — Cela soulagera les yeux de Loup et des chevaux, expliqua-t-elle avec un sourire triste qui n’échappa pas à Jondalar. C’est la plante qu’Iza utilisait
pour mes yeux, quand je pleurais.

  Elle ramassa aussi quelques champignons qu’elle savait comestibles. Prudente, Ayla ne prenait aucun risque dans sa cueillette. De nombreuses variétés étaient succulentes, d’autres avaient peu de goût mais ne présentaient aucun danger, certaines donnaient de bons remèdes, d’autres pouvaient rendre assez malade, un petit nombre était utilisé pour voyager dans le monde des esprits, et quelques-unes étaient mortelles. Mais surtout, certaines espèces vénéneuses se confondaient facilement avec des espèces comestibles.

  A cause de ses longues perches écartées, le travois les gênait dans leur progression. Il s’accrochait aux troncs d’arbres serrés les uns contre les autres. Lorsqu’Ayla avait inventé cette méthode, simple mais efficace, pour profiter pleinement de la force de Whinney, elle avait placé les perches en parallèles rapprochées pour que la jument pût monter le sentier exigu qui menait à leur grotte. Mais pour y installer le bateau, ils avaient dû écarter les perches, et Whinney avait peine à tirer le travois en contournant les obstacles. Le traîneau était très efficace en terrain accidenté, il ne se bloquait pas dans les trous ou les fossés, mais il lui fallait de l’espace.

  Ils bataillèrent pendant tout l’après-midi, et finalement Jondalar détacha le bateau et le tira lui-même. Ils envisageaient sérieusement de s’en séparer. Le bateau leur avait été on ne peut plus utile pour traverser nombre de rivières et d’affluents qui se jetaient dans la Grande Mère, mais ils se demandaient s’il valait la peine de s’encombrer d’un tel fardeau dans une forêt aussi dense. A supposer qu’il restât d’autres rivières à franchir, avaient-ils vraiment besoin d’un bateau qui retardait leur progression ?

  La nuit les surprit dans la forêt. Ayla et Jondalar s’y sentaient mal à l’aise et plus exposés au danger que dans les vastes steppes où, à ciel ouvert, ils voyaient même dans l’obscurité : étoiles ou nuages, silhouettes mouvantes. Ici, les énormes troncs des arbres gigantesques pouvaient cacher n’importe quoi, y compris des créatures de grande taille. C’était le noir absolu. Le profond silence qui les avait tant inquiétés quand ils avaient pénétré dans l’univers sylvestre, devenait, avec la nuit, vraiment terrifiant, même s’ils s’efforçaient de ne rien montrer de leur angoisse.

  Les chevaux, nerveux eux aussi, se rapprochèrent du feu. Même Loup resta au camp, ce qui ravit Ayla qui lui donna leurs restes à manger. Pour une fois, Jondalar était content de sa présence. Un grand loup amical à ses côtés le rassurait. Le jeune animal pouvait renifler ou percevoir un danger qui échappait aux humains.

  La nuit était froide dans les bois, où régnait une humidité si dense qu’elle s’abattait sur eux comme de la pluie. De bonne heure, ils se glissèrent dans leur fourrure, et bien que fatigués, ils discutèrent longtemps, trop inquiets pour s’endormir.

  — Abandonnons le bateau, proposa Jondalar. Les chevaux peuvent traverser les petits cours d’eau sans mouiller le matériel. Et dans les rivières plus profondes, nous remonterons les paniers sur leur dos, au lieu de les laisser pendre sur leurs flancs.

  — Un jour, je venais d’être chassée du Clan et j’étais à la recherche des miens quand j’ai dû franchir une grande rivière qui me barrait le chemin. Alors j’ai attaché mes affaires sur une souche et j’ai nagé en la poussant devant moi.

  — Ça ne devait pas être facile, remarqua Jondalar. Nager sans les mains, c’est sûrement dangereux.

  — C’est vrai, mais je n’avais pas le choix.

  Elle s’absorba dans une profonde méditation, et Jondalar crut qu’elle s’était endormie. Elle lui livra enfin le fond de ses pensées.

  — Jondalar, j’ai l’impression que nous avons parcouru plus de chemin que lorsque j’ai quitté le Clan. Qu’en dis-tu ?

  — Oui, nous avons bien avancé, répondit-il avec prudence en s’accoudant pour mieux la voir. Mais il nous reste une longue route avant d’arriver chez moi. Es-tu fatiguée de voyager ?

  — Oui, un peu. J’aimerais me reposer un moment avant de continuer. Tant que je suis avec toi, peu m’importe de voyager loin, mais je n’imaginais pas que le monde était si vaste. Ne finit-il jamais ?

  — A l’ouest de mon pays, la terre s’arrête aux Grandes Eaux. Personne ne sait ce qu’il y a au-delà. Je connais un homme qui a voyagé très loin et qui prétend avoir vu de grandes eaux dans l’est, mais rares sont ceux qui le croient. Beaucoup voyagent mais jamais très loin, et ils ont peine à croire aux récits des longs Voyages. Ils ont besoin de voir pour être convaincus. Mais certains ont traversé de nombreux pays... et je n’aurais jamais imaginé devenir l’un d’eux, ajouta-t-il avec un petit rire ironique. Wymez avait exploré les alentours de la mer du Sud et il affirmait qu’il y avait encore des terres plus au sud.

  — Il a trouvé la mère de Ranec et il l’a ramenée. On est bien obligé de le croire. As-tu jamais vu une peau aussi noire que celle de Ranec ? Wymez a dû aller loin pour trouver une femme comme ça.

  Jondalar contempla le visage d’Ayla éclairé par le feu de bois, et se sentit fondre d’amour pour elle. Et dévoré de soucis. Parler du Voyage lui rappelait le long chemin qu’il leur restait à parcourir.

  — Au nord, la terre se termine dans le glacier, reprit Ayla. Personne ne peut aller au-delà.

  — Si, par bateau. Mais on dit que ce ne sont que glaces et neiges à perte de vue, et que les esprits des ours y habitent. On dit aussi qu’on y trouve des poissons plus gros que les mammouths. Des gens de l’ouest prétendent que des chamans sont assez puissants pour les attirer, et qu’une fois sur le rivage, ils ne peuvent plus repartir, mais...

  Un fracas retentit soudain dans les arbres. Les deux voyageurs sursautèrent, puis restèrent ensuite cloués sur leur couche sans dire un mot, osant à peine respirer. Loup émit un grognement sourd, et Ayla le retint de crainte qu’il ne se rue dehors. Les échos d’un combat furieux leur parvinrent, puis ce fut de nouveau le silence, et bientôt Loup cessa de gronder. Jondalar se demandait s’il allait pouvoir s’endormir. Il finit par se lever et rajouta une bûche dans le feu, en se félicitant d’avoir trouvé de grosses branches qu’il avait fendues avec sa hache de silex à manche d’ivoire.

  — Le glacier que nous devons traverser n’est pas au nord, n’est-ce pas ? demanda Ayla quand il revint se coucher.

  — Par rapport à l’endroit où nous sommes, si. Mais il est au sud du mur de glace. A l’ouest, il y a une autre chaîne de montagnes, c’est celle que tu as aperçue aujourd’hui. Le glacier que nous traverserons se trouve sur des hauts plateaux, au nord de ces montagnes.

  — Est-ce vraiment difficile de traverser un glacier ?

  — Eh bien, il y fait très froid, et le blizzard y souffle souvent. Au printemps et en été, la glace fond, des crevasses énormes s’ouvrent, et si tu tombes dedans tu ne peux plus en ressortir. L’hiver, les crevasses se remplissent de neige et de glace, mais ça reste dangereux.

  Ayla frissonna.

  — Oui, mais tu disais qu’on pouvait contourner le glacier. Pourquoi devrait-on le traverser alors ?

  — Parce que c’est le seul moyen d’éviter le territoire des Têtes... euh... du Clan.

  — Tu allais dire le territoire des Têtes Plates.

  — Eh oui, c’est comme cela qu’on les a toujours appelés, s’excusa Jondalar. Il va falloir t’habituer, Ayla, tout le monde les appelle ainsi.

  — Mais pourquoi les éviter ?

  — Il y a eu des accrochages, expliqua Jondalar d’un air soucieux. Je ne sais même pas si les Têtes Plates du nord sont les mêmes que ceux de ton Clan... En tout cas, ce ne sont pas eux qui ont commencé. A l’aller, j’ai entendu dire qu’une bande de jeunes hommes les... les harcelait. C’étaient des Losadunaï, ils appartenaient au peuple qui vit près du glacier.

  — Et pour quelles raisons les Losadunaï cherchent-ils des ennuis au Clan ? s’étonna Ayla.

  — Ce ne sont pas tous les Losadunaï, Ayla. Les Losadunaï ne veulent d’ennuis avec personne. C’est seulement cette bande d’excités. Ils doivent trouver ça drôle, je ne sais pas..
. Au début, en tout cas, ce n’était qu’un jeu.

  Ayla n’avait certainement pas du jeu la même conception qu’eux, mais elle s’inquiétait surtout de la durée de leur Voyage et du chemin qu’il leur restait à parcourir. A entendre Jondalar, ils n’étaient pas près de toucher au but. Elle décida de ne plus penser au-delà du lendemain, et de chasser le reste de son esprit.

  Allongée sur sa couche, elle regrettait de ne pas voir le ciel à travers la voûte de feuillage.

  — Oh, regarde, Jondalar ! On dirait qu’on aperçoit des étoiles. Tu les vois ?

  — Non, où ça ?

  — Là-bas. Presque au-dessus de nous, un peu en arrière. Tu les vois ?

  — Ah, oui... oui, je crois. Bien sûr ce n’est pas le sillon de lait de la Mère, mais je vois quelques étoiles, tu as raison.

  — Le sillon de lait de la Mère, qu’est-ce que c’est ?

  — C’est encore une des légendes sur la Mère et Son Enfant.

  — Oh, raconte-moi !

  — Attends que je m’en souvienne... Ah, oui, ça commence comme ça...

  Il se mit à fredonner la mélodie, puis commença au milieu d’un vers :

  Son sang se figea et sécha en terre d’une ocre rougeur,

  Mais l’enfant lumineux fit fructifier son labeur.

  Pour la Mère un immense bonheur.

  Un enfant brillant d’une telle lueur.

  Des montagnes s’élevèrent en crachant leur fournaise,

  Elle donna à Son fils Ses mamelons montagneux.

  Il téta si fort, et si loin jaillirent les braises,

  Que le lait chaud de la Mère traça un sillon dans les cieux.

 

‹ Prev