LE GRAND VOYAGE

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LE GRAND VOYAGE Page 37

by Jean M. Auel


  Toutefois, la force d’Ayla n’était pas uniquement due à la nécessité de survivre, elle provenait de son éducation dans le Clan, où l’on exigeait d’elle autant que des autres femmes. Et pour accomplir sa tâche aussi bien que n’importe quelle femme du Clan, elle avait dû acquérir une force exceptionnelle d’après les critères des Autres.

  — C’était parfait, Jondalar. Maintenant, maintiens son bras au niveau de l’épaule. Comme ça, dit Ayla en lui montrant. Ne lâche surtout pas, et si tu sens que la prise t’échappe, préviens-moi tout de suite.

  Ayla s’aperçut que, si l’os s’était mal ressoudé, les muscles et les tendons, eux, s’étaient cicatrisés.

  — Je vais avoir du mal à remettre le bras en place, expliqua-t-elle. Certains muscles vont se déchirer comme au moment où l’os s’est fracturé, et je vais devoir étirer les tendons. Roshario souffrira au réveil, mais il n’y a pas d’autre solution. Fais-moi signe dès que tu seras prêt.

  — Mais comment sais-tu tout cela ?

  — Iza me l’a appris.

  — Oui, je sais qu’Iza t’a initiée, mais comment sais-tu cela ? Où as-tu appris à casser un os déjà ressoudé ?

  — Une fois, Brun avait emmené ses hommes chasser loin de la caverne. Ils sont partis très longtemps. Un des chasseurs s’est cassé le bras au début de la chasse et il a refusé de rentrer. Il a attaché son bras à son corps et il a chassé d’une main. A son retour, Iza lui a remis le bras en place.

  — Mais comment a-t-il fait ? s’étonna Jondalar. Comment a-t-il pu continuer la chasse avec un bras cassé ? Il n’avait donc pas mal ?

  — Bien sûr que si, mais il n’en a rien montré. Les hommes du Clan préfèrent mourir plutôt que d’avouer leur souffrance. On les élève comme ça. Bon, tu es prêt maintenant ?

  Jondalar aurait voulu en savoir davantage, mais ce n’était pas le moment.

  — Oui, je suis prêt, se contenta-t-il de dire.

  Ayla empoigna fermement le bras de Roshario juste au-dessus du coude, pendant que Jondalar le maintenait en dessous de l’épaule. Avec fermeté, Ayla commença à tirer progressivement tout en évitant que les os ne frottent l’un contre l’autre, ce qui aurait pu les broyer, et en empêchant les ligaments de se déchirer. Il fallut étirer le bras au-delà de sa longueur initiale pour remettre l’os en place.

  Jondalar faillit lâcher prise et se demanda où Ayla trouvait les ressources nécessaires pour tendre le bras de Roshario avec tant de force. Ayla, le visage crispé par l’effort et ruisselant de sueur, maintenait le bras étiré. Progressivement, elle s’appliqua à mettre vis-à-vis les aspérités des deux sections de l’os qui se remit soudain en place, presque tout seul. Ayla s’assura que les deux parties de l’os s’emboîtaient parfaitement, et reposa enfin délicatement le bras sur le lit.

  Lorsque Jondalar releva la tête, il la vit trembler, les yeux clos, le souffle court. Le plus difficile avait été de garder sa lucidité malgré la tension physique qu’exigeait l’opération et elle cherchait maintenant à reprendre le contrôle de ses muscles.

  — Je crois que tu as réussi, Ayla ! s’exclama Jondalar.

  Ayla reprit sa respiration et sourit à Jondalar, l’œil brillant.

  — Oui, je le crois aussi, déclara-t-elle d’un air victorieux. Il ne reste plus qu’à fixer les attelles.

  Elle palpa l’os une dernière fois.

  — S’il se ressoude bien, si je n’ai pas causé trop de dégâts sur les muscles, elle pourra se servir à nouveau de son bras. Mais la chair est meurtrie et le bras va d’abord enfler.

  Dehors, Jondalar fut accueilli par des visages anxieux. Tous les habitants de la Caverne, Shamudoï et Ramudoï réunis, avaient rejoint Dolando pour monter la garde devant la case.

  — Dolando, Ayla a besoin des attelles, déclara Jondalar.

  — Alors ? demanda le chef des Shamudoï en lui tendant les planches polies.

  Préférant attendre qu’Ayla annonçât la nouvelle elle-même, Jondalar se contenta de sourire. Dolando ferma les yeux et soupira de soulagement.

  Ayla plaça les attelles et les enveloppa de bandes de peaux de chamois. Le bras enflerait et il faudrait renouveler le pansement. Les attelles maintiendraient le bras de façon qu’aucun mouvement de Roshario ne le déplace. Plus tard, quand les chairs enflées se seraient résorbées, Ayla appliquerait autour du bras l’écorce de bouleau préalablement trempée dans l’eau chaude. En séchant, l’écorce formerait un moule rigide qui permettrait à Roshario de bouger son bras sans risque.

  Ayla écouta la respiration de la malade, tâta son pouls au cou et au poignet, mit l’oreille contre sa poitrine, souleva ses paupières, et, rassurée, sortit sur le pas de la porte.

  — Dolando, tu peux venir, maintenant, annonça-t-elle.

  — Comment va-t-elle ? s’enquit l’homme d’une voix inquiète.

  — Entre, tu jugeras par toi-même.

  L’homme s’avança timidement, s’agenouilla près du lit, et examina sa compagne avec anxiété. Il regarda sa poitrine se soulever à un rythme régulier, et soulagé de la voir respirer, porta enfin son regard sur le bras cassé. A travers le pansement, il put constater qu’il paraissait normal.

  — Mais... mais, on dirait qu’il est parfaitement remis ! s’exclama-t-il. Crois-tu qu’elle pourra s’en servir ?

  — J’ai fait ce que j’ai pu. Avec l’aide des esprits et de la Grande Terre Mère, oui, Roshario devrait retrouver l’usage de son bras. Peut-être pas comme avant, mais son bras sera valide. Maintenant, il faut la laisser dormir.

  — Je reste avec elle, décida Dolando, essayant d’impressionner Ayla par son autorité, mais prêt à partir si elle l’ordonnait.

  — J’étais sûre que tu voudrais rester. Mais maintenant que c’est terminé, j’ai une faveur à te demander.

  — Tu n’as qu’à demander. Je te donnerai tout ce que tu voudras, assura Dolando sans hésiter.

  — Je voudrais me laver. Peut-on nager et se laver dans le bassin ?

  Dolando s’attendait à tout sauf à cela, et il mit du temps avant de revenir de sa surprise. Alors seulement il s’aperçut que le visage d’Ayla était barbouillé de mûres, ses bras couverts d’écorchures, ses habits sales et déchirés, ses cheveux en désordre.

  — Roshario ne me pardonnerait jamais un tel manque d’hospitalité, s’excusa-t-il alors en souriant d’un air piteux. On ne t’a même pas offert d’eau à boire ! Tu dois être épuisée après un si long voyage. Je vais appeler Tholie. Demande-moi ce que tu veux. Tout ce que nous avons t’appartient.

  Ayla frotta entre ses mains mouillées les fleurs riches en saponine jusqu’à en obtenir une écume onctueuse. Ensuite, elle s’en frictionna la tête. L’écume de céanothe[12] n’était pas aussi riche que la mousse de saponaire, mais pour un dernier lavage, les pétales bleu pâle suffisaient et répandaient en outre un parfum agréable. Le paysage et les plantes étaient si familiers qu’Ayla était sûre de trouver de quoi se laver mais elle fut agréablement surprise de découvrir des saponaires et des céanothes en retournant avec Jondalar chercher les paniers, le travois et le bateau. Ils s’étaient arrêtés près des chevaux et Ayla s’était promis de revenir peigner Whinney, à la fois pour vérifier l’état de sa robe et pour la rassurer.

  — Reste-t-il des fleurs moussantes ? demanda Jondalar.

  — Oui, là-bas, sur le rocher, près de Loup. Mais ce sont les dernières. La prochaine fois nous en cueillerons davantage, et je les ferai sécher pour la route, déclara-t-elle avant de se plonger dans l’eau pour se rincer.

  — Tiens, sèche-toi avec les peaux de chamois, proposa Tholie qui approchait du bassin les bras chargés de douces peaux jaunes.

  Ayla ne l’avait pas entendue venir. La femme mamutoï avait décrit un large demi-cercle pour éviter Loup autant que possible. Une petite fille de trois ou quatre ans l’avait suivie, et s’accrochait maintenant à la jambe de sa mère. Elle observait les étrangers de ses grands yeux en suçant son pouce.

  — Je t’ai préparé quelque chose à ma
nger dans la hutte, annonça, Tholie en déposant les serviettes en peaux.

  Tholie et Markeno avaient offert un lit à Jondalar et à Ayla dans la hutte qu’ils occupaient pendant leur séjour à terre. C’était la même que Thonolan et Jetamio avaient partagée avec eux, et Jondalar éprouva quelques moments pénibles la première fois qu’il y entra, assailli par les souvenirs des événements qui avaient précipité le départ de son frère, et l’avaient conduit au-devant de la mort.

  — Mais garde assez d’appétit pour ce soir, reprit Tholie. Nous organisons une fête en l’honneur de Jondalar.

  Elle se garda bien d’ajouter que c’était aussi pour remercier Ayla d’avoir aidé Roshario. La femme dormait encore, et personne ne voulait tenter le destin en se réjouissant trop vite.

  — Ah, merci, Tholie. Merci pour tout, déclara Jondalar.

  Il adressa un sourire à la petite fille qui baissa aussitôt la tête et se réfugia derrière sa mère, tout en continuant d’observer le grand Zelandonii.

  — On dirait que la brûlure de Shamio s’est bien cicatrisée, reprit Jondalar. Je n’en vois plus de trace.

  Tholie souleva la petite fille et la présenta à Jondalar pour lui montrer son visage.

  — En regardant bien, on peut deviner où elle a été brûlée, mais c’est vrai, c’est à peine visible. La Mère a été bonne avec elle, je Lui rends grâce.

  — C’est une belle enfant, remarqua Ayla en regardant la petite avec une envie mêlée de nostalgie. Tu as de la chance ! J’aimerais tant avoir un jour une petite fille comme elle. (Ayla sortit lentement de l’eau, rafraîchissante mais trop froide pour s’y attarder.) Elle s’appelle Shamio, n’est-ce pas ?

  — Oui, et je remercie la Mère de me l’avoir donnée, répondit Tholie en reposant sa fille.

  Le compliment d’Ayla était allé droit au cœur de Tholie qui adressa un sourire chaleureux à la grande et belle jeune femme blonde, bien qu’elle continuât de penser qu’Ayla lui cachait sa véritable identité. Tholie avait décidé de garder une certaine réserve en attendant d’en savoir davantage.

  Ayla ramassa une peau et entreprit de se frictionner.

  — Oh, comme c’est doux ! s’exclama-t-elle. C’est vraiment agréable. Une fois sèche, elle enroula la peau autour de sa taille puis en saisit une autre pour se sécher les cheveux avant de la nouer sur sa tête. Elle s’était aperçue que Shamio, toujours cramponnée à sa mère, observait Loup avec une évidente curiosité. Loup, toujours assis à l’endroit qu’Ayla lui avait indiqué, s’intéressait aussi à la petite fille, et frétillait d’impatience. Ayla lui fit signe d’approcher, et s’agenouilla pour l’enlacer.

  — Shamio veut-elle que je lui présente Loup ? demanda Ayla à l’enfant, et devant sa réponse positive, guetta l’approbation de la mère.

  Tholie considérait les crocs du jeune fauve avec appréhension.

  — Ne t’inquiète pas, Tholie. Il ne lui fera pas de mal, Loup adore les enfants. Il a grandi au milieu d’eux, au Camp du Lion.

  Fascinée par la bête qui la dévorait des yeux, Shamio avait déjà lâché sa mère et s’avançait vers l’animal d’un pas hésitant. L’enfant regardait Loup d’un air grave et solennel tandis que le quadrupède couinait de plaisir. Shamio fit un ultime pas et put enfin plonger les deux mains dans la fourrure de Loup. Le cri d’effroi de Tholie fut noyé dans les éclats de rire et les gargouillis de sa fille, que Loup léchait à grands coups de langue. Shamio repoussa son museau, agrippa sa fourrure à pleines mains, et perdant l’équilibre, s’étala sur l’animal. Le loup attendit patiemment que la petite se relevât, et lui lécha encore le visage, déclenchant une nouvelle cascade d’éclats de rire.

  — Viens, ‘ti Loup, dit la petite fille en tirant sur la fourrure de Loup. Elle le considérait déjà comme son jouet vivant, et Loup glapit comme un bébé pour attirer l’attention d’Ayla et obtenir sa permission.

  — Allez, Loup, va jouer avec Shamio, dit enfin Ayla, libérant l’animal.

  Loup jeta à sa maîtresse un regard qu’on aurait pu croire plein de gratitude, et suivit la petite fille avec une joie évidente qui fit sourire jusqu’à Tholie.

  Jondalar, qui sortait de l’eau en se séchant, avait suivi la scène avec beaucoup d’intérêt. Il ramassa leurs affaires et marcha avec les deux femmes vers l’abri de grès. Tholie surveillait Shamio du coin de l’œil, au cas où, mais ne pouvait s’empêcher d’être intriguée par le loup. Et elle n’était pas la seule. De nombreux Shamudoï observaient le loup et l’enfant. Un petit garçon de l’âge de Shamio s’approcha et fut à son tour accueilli par un chaleureux coup de langue. Au même moment, deux enfants sortirent d’une habitation en se disputant un objet en bois. Le plus jeune le jeta pour empêcher l’autre de s’en emparer, ce que Loup comprit comme le signal de son jeu favori. Il courut après le bout de bois sculpté, le rapporta et le déposa devant le garçon, en remuant la queue, la langue pendante, l’œil brillant de plaisir. Le garçon ramassa l’objet et le lança.

  — Mais... tu as raison, il joue avec eux, s’étonna Tholie. Il doit aimer les enfants, mais comment peut-il jouer ? Ce n’est qu’un loup !

  — Les loups et les humains ont beaucoup de points communs, assura Ayla. Les loups adorent jouer. Dès leur plus jeune âge, les louveteaux d’une même portée s’amusent beaucoup entre eux. Leurs aînés et leurs parents jouent aussi avec eux. Lorsque j’ai trouvé Loup, il était le dernier survivant de sa portée. Il n’avait pas encore les yeux ouverts. Il a grandi parmi les humains, en jouant avec les enfants.

  — Oui, mais regarde-le. Il est d’une patience ! Je suis sûre que Shamio lui fait mal en lui tirant les poils. Pourquoi ne bronche-t-il pas ? s’enquit Tholie.

  — Je n’ai eu aucun mal à le lui apprendre, les loups sont toujours tolérants envers les plus petits de leur bande. Loup fait preuve d’une patience infinie avec les bébés et les tout petits. Lorsque les enfants deviennent trop brutaux, il s’éloigne, tout simplement, et il revient plus tard. Il n’en accepte pas tant des plus grands, et on dirait qu’il fait la différence entre ceux qui lui font mal accidentellement, et ceux qui le font exprès. Il n’a jamais mordu personne, mais il peut faire semblant, il attrape le fautif entre ses dents, sans serrer les mâchoires, pour rappeler qu’il y a des limites. Par exemple, on ne peut pas lui tirer la queue sans conséquence.

  — On a du mal à imaginer quiconque, et surtout un enfant, en train de tirer la queue d’un loup... enfin, jusqu’à aujourd’hui, soupira Tholie. Si on m’avait dit un jour que Shamio jouerait avec un loup... Tu... tu nous obliges à réfléchir, Ayla... Ayla des Mamutoï.

  Tholie avait d’autres questions à poser, mais elle voulait éviter d’accuser Ayla de mensonge, pas après ce qu’elle avait fait pour Roshario... ou du moins, ce qu’elle semblait avoir fait. On n’était encore sûr de rien.

  Ayla avait deviné les réserves de Tholie, et cela la chagrinait. Elle aimait la petite Mamutoï potelée, et n’en regrettait que davantage sa suspicion inavouée. Elles marchèrent sans rien dire, observant Loup qui jouait avec Shamio et les autres enfants. Ayla espérait avoir une fille la prochaine fois... une fille aussi jolie que Shamio. Elle portait si bien son nom !

  — Je trouve que Shamio est un très joli nom, Tholie. Très joli et peu courant. On dirait un nom à la fois sharamudoï et mamutoï, déclara Ayla.

  — Oui, c’est vrai, admit Tholie en souriant malgré elle. Je l’ai choisi pour cela, mais peu de gens l’ont aussi bien compris que toi. Si elle avait été mamutoï, on l’aurait appelée Shamie, bien que ce nom n’existe dans aucun Camp puisqu’il vient du sharamudoï. Elle a donc un peu de chaque peuple en elle. Je suis une Sharamudoï aujourd’hui, mais je suis née dans le Foyer du Cerf, d’une haute lignée. Ma mère a insisté pour obtenir un bon Prix d’Union du peuple de Markeno, même s’il n’était pas mamutoï. Shamio peut être fière de ses origines mamutoï comme de son héritage sharamudoï. Je voulais que son nom reflète sa double appartenance. Ayla aussi est un nom inhabituel, ajouta-t-elle comme frappée d’une idée s
ubite. Dans quel Foyer es-tu née ? demanda-t-elle, en se disant : « Je serais curieuse de connaître ton explication. »

  — Je ne suis pas née chez les Mamutoï, Tholie. J’ai été adoptée par le Foyer du Mammouth, avoua Ayla, soulagée que la petite femme soulevât la question qui manifestement la travaillait.

  — Le Foyer du Mammouth n’adopte personne, rétorqua Tholie, certaine d’avoir pris Ayla en flagrant délit de mensonge. C’est un Foyer de mamuti. Si on choisit la voie des esprits, on peut être accepté par le Foyer du Mammouth, mais il n’adopte personne.

  — C’est vrai, intervint Jondalar. Mais Ayla a tout de même été adoptée. J’y étais. Talut voulait adopter Ayla dans son Foyer du Lion, mais, le jour de la cérémonie, Mamut a surpris tout le monde en l’adoptant dans le Foyer du Mammouth. Il lui trouvait un Don, c’est pourquoi il avait entrepris de l’initier. Il prétendait qu’elle appartenait au Foyer du Mammouth, même si elle n’était pas une Mamutoï.

  — Adoptée par le Foyer du Mammouth ? Une étrangère ? s’exclama Tholie au comble de la surprise.

  Elle connaissait bien Jondalar avec qui, en outre, elle était apparentée, et ne pouvait mettre ses paroles en doute. Ce qui ne faisait qu’exciter davantage sa curiosité. Débarrassée de sa retenue prudente obligée, elle pouvait enfin donner libre cours à son naturel indiscret.

  — Où es-tu née, Ayla ? demanda-t-elle alors.

  — Je ne sais pas. Mon peuple est mort dans un tremblement de terre quand je n’étais pas plus grande que Shamio. J’ai été élevée par le Clan, expliqua Ayla.

  Tholie n’avait jamais entendu parler du Clan. Elle pensa que c’était une des tribus de l’est, ce qui expliquait bien des choses. A commencer par son accent, bien qu’elle parlât plutôt bien le mamutoï pour une étrangère. Mamut du Camp du Lion était âgé, sage et rusé. On l’avait toujours connu vieux, pensa Tholie. Même dans mon enfance, personne ne l’avait connu jeune et on n’aurait jamais douté de ses intuitions.

 

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