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LE GRAND VOYAGE

Page 59

by Jean M. Auel


  Ce ne fut que vers le milieu de l’après-midi qu’ils aperçurent enfin les chevaux dans le lointain. A mesure qu’ils se rapprochaient, Ayla se crevait les yeux à chercher sa jument. Elle crut entrevoir la robe louvette de Whinney, mais n’aurait pu l’affirmer tant cette couleur était répandue dans la bande. Le vent en tournant renseigna les chevaux sur leur présence, et ils s’enfuirent.

  — Ces chevaux-là ont déjà été chassés, remarqua Jondalar.

  Il se retint à temps d’ajouter ce qui lui traversa l’esprit : il y a par ici des gens qui apprécient la viande de cheval. Inutile d’affoler Ayla.

  Le troupeau distança rapidement le jeune étalon et ses deux cavaliers. Ils continuèrent à le pister. C’était tout ce qu’ils pouvaient faire pour l’instant.

  Pour une raison connue d’eux seuls, les chevaux obliquèrent au sud vers la Grande Rivière Mère. Le relief s’éleva, le sol devint rocailleux et l’herbe plus rare.

  Ils parvinrent alors à un vaste pré surplombant le paysage. De l’eau miroitait en contrebas, et ils découvrirent qu’ils se trouvaient sur un plateau dont ils avaient contourné la base quelques jours auparavant et que la rivière qu’ils avaient traversée enserrait de ses bras avant de se jeter dans la Mère.

  Voyant que les chevaux se mettaient à brouter, ils s’approchèrent.

  — Regarde, Jondalar, la voilà ! s’écria Ayla.

  — Comment peux-tu en être aussi sûre ? Il y a tellement de chevaux de cette couleur.

  C’était la vérité, mais Ayla connaissait trop bien sa jument pour avoir l’ombre d’un doute, et lorsqu’elle siffla, Whinney leva la tête.

  — Tu vois c’est elle !

  Au deuxième sifflement, Whinney s’avança. Mais la femelle dominante, une puissante et élégante jument à la robe tourdille[20] s’élança pour lui barrer la route. Le mâle se précipita à la rescousse. C’était un extraordinaire cheval clair, à la crinière argentée, avec une raie grise le long de l’échine, et une queue argentée qui paraissait presque blanche lorsqu’il l’agitait. Les canons[21] étaient également argentés. Il obligea Whinney à réintégrer la bande en lui mordillant les jarrets, sous le regard intéressé des autres femelles qui observaient la scène avec nervosité. Sa tâche accomplie, il revint au galop provoquer le jeune étalon. Il frappa du devant, rua et hennit, défiant Rapide en combat singulier.

  Intimidé, le jeune étalon recula et au grand désespoir de ses cavaliers, aucun encouragement, aucune cajolerie ne l’incitèrent à s’approcher. Parvenu à distance respectable, il appela sa mère et le hennissement familier de Whinney lui répondit. Ayla et Jondalar descendirent de cheval pour examiner la situation.

  — Qu’allons-nous faire ? gémit Ayla. Ils ne la laisseront jamais partir.

  — Ne t’inquiète pas, il y a un moyen. S’il le faut, nous utiliserons nos propulseurs, mais je ne crois pas que ce sera nécessaire.

  Sa froide assurance calma Ayla qui n’avait même pas pensé aux propulseurs. Elle ne voulait pas tuer de chevaux, mais elle était prête à tout pour récupérer son amie.

  — Tu as un plan ? s’enquit-elle.

  — Oui. Je suis sûr que ces chevaux ont déjà été chassés. Ils doivent donc craindre les humains, ce qui nous donne un avantage. A mon avis, le mâle dominant pensait que Rapide voulait lui prendre une femelle et il cherchait à l’empêcher d’approcher. Nous devons donc éloigner Rapide, expliqua Jondalar. Whinney accourra quand tu la siffleras. Pendant que j’occuperai l’étalon, toi, tu éloigneras la femelle. Dès que tu seras près de Whinney, saute sur son dos. Si la femelle dominante essaie d’empêcher Whinney de te rejoindre, menace-la avec ta sagaie ou hurle lui après, elle se tiendra à distance le temps que tu t’enfuies avec Whinney.

  Ayla se rassérénait.

  — Ça a l’air facile, mais que faire de Rapide ?

  — J’ai repéré des buissons près d’un rocher, un peu plus loin. Je vais l’attacher à une branche. Ce ne sera pas bien solide, mais je ne crois pas qu’il cherchera à se libérer. Il a l’habitude d’être attaché.

  Il empoigna la bride du jeune étalon et l’emmena à grandes enjambées.

  — Voilà, dit-il en arrivant au rocher. Prends ton propulseur et une ou deux sagaies. Je laisse mon panier ici, je serai plus libre de mes mouvements. (Il sortit son propulseur et quelques sagaies.) Quand tu auras récupéré Whinney, viens chercher Rapide et rejoins-moi.

  Le plateau était orienté du nord-est au sud-ouest. La déclivité douce vers le nord s’accentuait vers l’est. Au sud-ouest, un précipice le bordait. A l’ouest, on pouvait rejoindre par une pente assez abrupte la rivière qu’ils avaient traversée plus tôt, mais au sud un haut précipice les séparait de la Grande Rivière Mère. Le temps était clair et le soleil encore haut. Ayla et Jondalar longèrent prudemment le flanc ouest, le moindre faux pas risquant de les précipiter dans le ravin.

  Lorsqu’ils furent assez près du troupeau ils s’arrêtèrent pour chercher Whinney. La bande, constituée de juments et de poulains, paissait au milieu d’un champ d’herbe sèche d’un mètre de haut. L’étalon dominant broutait légèrement à l’écart. Ayla crut apercevoir sa jument et la siffla. Whinney leva la tête et trotta à leur rencontre. Son propulseur armé, Jondalar s’avança lentement pour s’interposer entre l’étalon clair et le reste du troupeau. Pendant ce temps-là, Ayla avança vers les femelles, prête à enlever Whinney.

  Soudain, les chevaux s’arrêtèrent de brouter et levèrent la tête. Mais ils ne regardaient pas dans sa direction, et Ayla eut la brusque impression que quelque chose n’allait pas. Elle chercha Jondalar et aperçut une mince volute de fumée, puis une autre. Le feu avait enflammé le champ desséché en plusieurs endroits. Soudain, derrière l’écran de fumée, elle aperçut des silhouettes qui couraient vers les chevaux en hurlant et en brandissant des torches ! Ils chassaient les chevaux et Whinney vers le précipice !

  La panique s’empara de la bande. Tout à coup, au milieu des cris affolés des chevaux, Ayla entendit un hennissement familier qui provenait de derrière. Elle se retourna et vit Rapide qui galopait vers les chevaux, traînant sa longe après lui. Pourquoi s’était-il enfui ? Et où pouvait être Jondalar ? Ayla sentait l’odeur de peur suintant des chevaux terrorisés qui fuyaient dans la direction opposée au feu.

  Les chevaux se bousculaient autour d’elle et Ayla avait perdu Whinney de vue, mais Rapide, saisi à son tour par la panique, galopait dans sa direction. Elle siffla le plus fort qu’elle put et se précipita à sa rencontre. Il ralentit et vint vers elle, les oreilles couchées, le regard fou. Elle réussit à attraper sa longe qui pendait de son harnais, et la tira d’un coup sec. Il hennit et se cabra. D’autres chevaux terrorisés le dépassaient en le frôlant. Ayla se brûla en serrant la corde qu’il faillit lui arracher des mains, mais elle tint bon et dès que ses antérieurs touchèrent le sol, elle empoigna sa crinière et l’enfourcha.

  D’une nouvelle ruade, Rapide manqua désarçonner Ayla qui se rétablit de justesse. L’animal avait toujours peur, mais il avait l’habitude de porter un poids sur son dos, et la présence familière de la jeune femme le rassura. Lorsqu’il se mit à courir, Ayla eut d’abord du mal à le contrôler. Elle l’avait déjà chevauché et connaissait les signaux que Jondalar utilisait pour le guider, mais elle n’avait pas l’habitude de se servir des rênes. Rapide n’obéit pas aussitôt aux premières tentatives hésitantes d’Ayla, plus occupée à chercher Whinney qu’à maîtriser l’étalon.

  Ils étaient engloutis dans la bousculade des chevaux qui galopaient en hennissant, et Ayla respirait la puissante odeur de peur. Elle poussa un long sifflement perçant, craignant que Whinney ne pût l’entendre dans ce vacarme. Elle savait combien il était difficile d’arrêter un cheval dans sa fuite.

  Soudain, dans le brouillard de poussière et de fumée, Ayla vit un cheval ralentir et essayer de faire demi-tour, résistant tant bien que mal à la peur que les chevaux lui communiquaient dans leur fuite éperdue. Ayla reconnut Whinney malgré la couleur poussiéreuse de son p
elage. Elle siffla pour l’encourager, et vit sa jument tant aimée hésiter. L’instinct profondément ancré de fuir avec la bande luttait contre l’envie d’obéir au sifflet qui signifiait sécurité et amour. De plus, le feu ne l’effrayait pas autant que les autres chevaux. Elle avait été élevée dans les odeurs de fumée qui témoignaient pour elle de la présence rassurante d’humains.

  Whinney hésitait. Des chevaux au galop la frôlaient, d’autres la bousculaient en essayant de l’éviter. Ayla talonna Rapide qui s’élança. La jument allait à leur rencontre quand un cheval clair surgit de la poussière. Le grand mâle tenta de couper la retraite de Whinney et lança à Rapide un hennissement menaçant. Même dans son affolement, il refusait d’abandonner sa nouvelle jument au jeune étalon. Mais cette fois Rapide releva le défi. Il hennit, piaffa, frappa du devant et s’avança finalement au-devant du puissant mâle, oubliant d’un coup sa jeunesse et son manque d’expérience.

  Changeant brusquement d’avis, ou poussé par la panique, le grand mâle fit volte-face et détala. Whinney le suivit, et Rapide se lança à sa poursuite. Les chevaux approchaient dangereusement du précipice et de la mort certaine qui les attendait. La jument louvette et le jeune étalon qu’elle avait mis bas, portant Ayla sur son dos, étaient entraînés dans leur sillage ! Avec la détermination du désespoir, la jeune femme poussa l’étalon qu’elle fit stopper devant sa mère. Rapide hennit de terreur, et voulut rejoindre les autres, mais la femme le tenait bien et le dressage qu’il avait subi le força à obéir.

  Tandis que Rapide et Whinney, immobiles, tremblaient de peur, tous les chevaux les avaient dépassés et ils disparurent dans le précipice. Ayla frissonna en entendant des hennissements lointains, suivis d’un silence encore plus effrayant. Rapide, Whinney, et elle-même, n’avaient échappé que de justesse à la chute. Ayla en tremblait encore. Elle poussa un profond soupir et se mit à chercher Jondalar.

  Elle ne le vit nulle part. Le vent changeait, les flammes avançaient maintenant vers l’est, mais le feu avait atteint son but. Jondalar restait introuvable. Ayla était seule avec les deux chevaux dans le champ enfumé. Sa gorge se serra. Qu’était-il arrivé à Jondalar ?

  Elle mit pied à terre et, sans lâcher la longe de Rapide, enfourcha Whinney. Ils retournèrent à l’endroit où elle avait quitté Jondalar, l’examina soigneusement à la recherche de traces. Mais le sol était couvert d’empreintes de sabots. Un objet accrocha son regard. Elle se précipita le cœur battant, et ramassa le propulseur de Jondalar !

  En y regardant de plus près, elle remarqua des traces de pieds. C’étaient, à n’en pas douter, des pieds humains, et elle reconnut parmi eux les empreintes plus larges des bottes usées de Jondalar. Elle les avait vues tant de fois autour de leurs campements qu’elle ne pouvait se tromper. Elle se baissa, toucha l’empreinte du doigt. Elle le retira taché de sang !

  La peur lui noua la gorge. En prenant soin de ne pas piétiner les traces, elle regarda autour d’elle, essayant de reconstituer ce qui avait pu se passer. Ayla était un traqueur émérite, et son œil exercé ne tarda pas à découvrir qu’on avait blessé Jondalar et qu’on l’avait ensuite traîné. Elle suivit quelque temps les traces qui la menaient vers le nord, et nota les détails des environs pour être sûre de retrouver la piste le moment venu. Elle remonta sur Whinney, et retourna chercher leurs affaires, tenant toujours Rapide par sa longe.

  Tout en chevauchant, Ayla réfléchissait, inquiète et révoltée en même temps. On avait blessé et enlevé Jondalar, et personne n’avait le droit d’agir ainsi. Elle ne connaissait peut-être pas toutes les coutumes des Autres, mais ça, elle le savait. Elle savait autre chose encore : d’une manière ou d’une autre, elle le retrouverait.

  Elle constata avec soulagement que leurs affaires étaient toujours dans le panier adossé au rocher, tel qu’ils l’avaient laissé. Elle déballa le contenu, entreprit d’installer quelques paquets sur le dos de Rapide, et réunit le reste dans le panier. Le matin, elle avait ôté sa ceinture, trop lourde, et l’avait laissée avec les autres paquets. Elle s’en empara et en examina la dague de cérémonie, toujours accrochée dans la boucle, et se piqua par mégarde. Saisie, elle regarda la goutte de sang perler, et fut sur le point d’éclater en sanglots. Elle se retrouvait seule encore une fois. Et on avait enlevé Jondalar.

  D’un geste décidé, elle attacha sa ceinture autour de sa taille et y accrocha sa dague, son couteau, le propulseur et les sagaies. Jondalar ne resterait pas prisonnier longtemps ! Elle entassa la tente sur la croupe de Rapide, mais garda les fourrures de couchage en cas de mauvais temps. Elle conserva aussi une outre d’eau. Elle s’assit ensuite et mangea une galette, moins par appétit que pour emmagasiner le maximum d’énergie. Elle en aurait besoin si elle devait pister ceux qui avaient capturé Jondalar.

  Son deuxième souci majeur concernait Loup. Elle ne voulait pas partir à la recherche de Jondalar avant d’avoir retrouvé son loup. D’abord parce qu’elle l’aimait, mais aussi en prévision de la traque : Loup avait un flair remarquable. Elle espérait de tout cœur qu’il réapparaîtrait avant la nuit, mais hésita à partir à sa rencontre. S’il s’était écarté de la piste pour chasser, ils risquaient de se manquer. Quelle que fût son impatience, elle décida donc de l’attendre.

  Elle essaya de bâtir un plan d’action, mais son cerveau se refusait à toute analyse. Le simple fait de blesser quelqu’un et de l’enlever lui semblait si aberrant qu’elle était incapable de réfléchir. Cela défiait toute logique !

  Un gémissement suivi d’un petit jappement la sortirent de sa torpeur. Loup courait vers elle, tout content de la retrouver.

  — Oh, Loup ! s’écria-t-elle, joyeuse. Tu as fait plus vite qu’hier, c’est bien. Ta blessure va mieux ?

  Après les traditionnelles embrassades, elle l’examina et put vérifier qu’il n’avait rien de cassé. L’hématome se résorbait normalement.

  Elle décida de partir sur-le-champ afin de repérer les traces pendant qu’il faisait encore jour. Elle attacha la longe de Rapide à la courroie qui maintenait la couverture sur le dos de Whinney, et enfourcha la jument. Elle dit à Loup de la suivre, et conduisit la jument à l’endroit où elle avait découvert les empreintes de Jondalar parmi une foule d’autres, son propulseur et la tache de sang, qui n’était plus qu’une mince traînée brunâtre. Elle descendit de cheval pour examiner attentivement les traces.

  — Loup, il faut absolument retrouver Jondalar, expliqua-t-elle l’animal qui l’observait d’un air perplexe.

  Accroupie, elle étudia les empreintes en s’efforçant de les identifier pour connaître le nombre des agresseurs, et pour les graver dans sa mémoire. Assis sur son arrière-train, Loup attendait patiemment, devinant que quelque chose de nouveau et d’extraordinaire se préparait. Finalement Ayla lui montra la tache de sang.

  — On a blessé Jondalar, et on l’a enlevé, annonça-t-elle. Il faut qu’on le retrouve.

  Loup flaira le sang séché, remua la queue et jappa.

  — Ça, c’est l’empreinte de Jondalar, expliqua Ayla en désignant une trace plus large que les autres.

  Loup la renifla. Il regarda ensuite Ayla comme s’il attendait de nouvelles instructions.

  — Ce sont ceux-là qui l’ont enlevé, reprit-elle en lui montrant les empreintes plus petites des autres humains.

  Ayla se releva soudain et marcha sur Rapide. Elle saisit le propulseur de Jondalar et s’agenouilla pour le faire sentir à Loup.

  — Loup, nous devons retrouver Jondalar. On l’a enlevé, et nous allons le reprendre !

  26

  Jondalar émergea lentement d’un profond sommeil, mais resta immobile. Prudent, il fit le mort en attendant de comprendre ce qui était anormal, et de toute évidence, quelque chose n’allait pas. Pour commencer, une douleur lancinante lui martelait le crâne. Il risqua un œil. L’endroit baignait dans une lumière blafarde qui lui permit à peine de voir sur quoi il gisait. Lorsqu’il voulut porter la main à son visage, où une sorte de croûte le gênait, il s’aperçut que ses mains étaient lié
es derrière son dos. Ses pieds étaient également entravés.

  Il roula sur le côté et scruta la pénombre. Il se trouvait dans une pièce ronde construite sur une armature en bois recouverte de peaux. L’absence de vent et de courant d’air, qui auraient dû gonfler les peaux, lui donnait à penser que la petite pièce faisait partie d’un ensemble plus vaste. D’ailleurs, bien qu’il fît froid, il ne gelait pas. Il se rendit alors compte qu’il ne portait plus sa pelisse.

  Comme il se tortillait pour s’asseoir, la tête lui tourna. La douleur lancinante se localisa près de sa tempe gauche, là où il avait senti la sorte de croûte. Il abandonna ses efforts en entendant des voix approcher. Deux femmes parlaient dans une langue qu’il ne connaissait pas, bien que certains sons lui eussent vaguement rappelé le mamutoï.

  — Hé, vous là-bas ! Je suis réveillé, cria-t-il dans la langue des Chasseurs de Mammouths. Allez-vous me détacher ? Ces liens sont inutiles, il y a eu méprise. Je ne voulais blesser personne.

  Les voix cessèrent un instant avant de reprendre leur conversation, mais personne ne lui répondit.

  Étendu, le visage dans la poussière, Jondalar essayait de se rappeler comment il avait échoué ici, et ce qu’il avait bien pu faire pour mériter un tel traitement. D’après son expérience, les seules personnes qu’on attachait étaient celles qui s’étaient mal conduites et en avaient menacé d’autres. L’image d’un mur de feu lui revint, avec des chevaux galopant aveuglément vers le précipice qui bordait un champ. Il avait certainement été capturé au cours d’une chasse.

  Il se souvint ensuite d’Ayla qui montait Rapide au milieu des chevaux sans parvenir à le contrôler. Il ne comprenait pas comment l’étalon s’était retrouvé au milieu de la bande de chevaux, alors qu’il l’avait attaché à un buisson.

  Il avait eu très peur que Rapide, obéissant à son instinct, ne suivit les autres par-dessus bord, entraînant Ayla dans le précipice. Il se revoyait encore, son propulseur à la main, courant vers eux. Malgré toute son affection pour le bel étalon, il n’aurait pas hésité à le tuer pour l’empêcher de sauter. Ensuite, il ne se souvenait plus de rien, si ce n’est d’une vive douleur suivie d’un grand trou noir.

 

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