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LE GRAND VOYAGE

Page 84

by Jean M. Auel


  Ils entrèrent et Losaduna ferma l’entrée avec une pièce de cuir qu’il attacha ensuite. Ils se trouvaient dans un petit passage séparé du reste de la tente par de lourdes peaux de bêtes. Des peaux de mammouth, nota Ayla. Bien que la température extérieure fût glaciale, il faisait bon dans le petit passage. Une double tente avait été disposée sur une source chaude, mais en dépit de la vapeur, les parois étaient relativement sèches. Quelques gouttes perlaient sur la paroi et roulaient jusqu’à la couverture de peau qui recouvrait le sol, mais l’essentiel de la condensation se faisait sur la surface interne de la paroi extérieure, là où le froid entrait en contact avec la vapeur chaude. L’air qui circulait entre les deux parois était plus chaud, gardant ainsi le cuir de la surface intérieure presque sec.

  Losaduna enjoignit aux deux femmes de se déshabiller, et voyant que Madenia ne bougeait pas, il demanda à Ayla de lui ôter ses vêtements. La jeune fille s’agrippa à ses habits quand Ayla voulut les lui retirer, tout en regardant fixement Celui Qui Sert la Mère.

  — Si elle ne se laisse pas faire, amène-la comme ça, dit Losaduna avant de se glisser derrière la lourde peau.

  Un filet de vapeur s’échappa de l’ouverture quand il souleva la peau de mammouth. L’homme parti, Ayla réussit à déshabiller la fille, se dévêtit ensuite prestement et conduisit Madenia derrière le rabat.

  Des nuages de vapeur voilaient les reliefs d’un brouillard chaud et embuaient les contours, mais Ayla devina un petit bassin tapissé de pierres jouxtant une source naturelle d’eau chaude. Le trou qui permettait à l’eau de se déverser dans le bassin était fermé par un bouchon de bois sculpté. De l’autre côté du bassin, un tronc d’arbre creusé, qui amenait de l’eau froide d’un ruisseau voisin, avait été surélevé de façon à ne pas refroidir le bassin. Les volutes de vapeur s’estompèrent juste le temps pour Ayla d’apercevoir les peintures qui décoraient l’intérieur de la tente. C’étaient des animaux, la plupart gros de futurs petits, que la vapeur avait estompés. Il y avait aussi d’énigmatiques triangles, cercles, trapèzes et autres figures géométriques.

  Des laines de mouflon feutrées entouraient le bassin et la source, et leur chaude douceur caressait les pieds. Des signes dessinés sur la laine conduisaient à la partie la moins profonde du bassin. Sous l’eau, on apercevait des bancs de pierre situés à l’autre extrémité de la pièce d’eau. Au fond, sur une estrade de terre, trois lampes en pierre, sortes de bols remplis de graisse fondue au centre desquels flottait une mèche aromatique, éclairaient la statuette d’une femme dotée de formes généreuses. Ayla reconnut la représentation de la Grande Terre Mère.

  En face de l’autel, un cercle de pierre d’une géométrie parfaite entourait un foyer impeccablement rond. Losaduna apparut au milieu des nuages de vapeur et prit sur l’autel un petit bâtonnet. Une goutte noire tachait l’extrémité de l’objet et Celui Qui Sert le présenta à la flamme d’une lampe. Le bâtonnet prit feu instantanément, et à l’odeur Ayla devina qu’il avait été trempé dans de la poix. Losaduna alla jusqu’au foyer en protégeant la petite flamme de sa main et alluma l’amadou. Le feu prit aussitôt en dégageant un arôme agréable qui masqua la forte odeur de soufre.

  — Suivez-moi, dit Losaduna.

  Plaçant son pied entre deux lignes parallèles dessinées sur la laine de mouflon, il commença à marcher autour du bassin en suivant un chemin très précis. Madenia le suivit d’un pas traînant, sans se soucier où elle posait les pieds, mais Ayla imita scrupuleusement Celui Qui Sert. Ils firent un tour complet autour de la source et du bassin, enjambant le ruisseau d’eau froide ainsi qu’une profonde tranchée. En entamant le deuxième tour, Losaduna se mit à chanter d’une voix mélodieuse, invoquant tous les noms et titres de la Mère.

  — O Duna, Grande Terre Mère, Puissante et Bienfaisante Nourricière, Grande Mère de Toutes les Créatures, Mère Originelle, Mère Première, Toi Qui Bénis les femmes, Mère Très Compatissante, écoute notre prière.

  Il répéta l’invocation plusieurs fois tout en accomplissant son deuxième tour.

  Comme il plaçait son pied sur les lignes parallèles pour entamer le troisième tour, il répéta encore une fois, « Mère Très Compatissante, écoute notre prière », mais au lieu de recommencer depuis le début, il enchaîna :

  — O Duna, Grande Terre Mère, une des Tiennes a été blessée. Une des Tiennes a été violentée. Une des Tiennes doit être purifiée pour recevoir Ta bénédiction. Puissante et Bienfaisante Nourricière, une des Tiennes a besoin de Ton aide. Elle doit être soignée. Elle doit guérir. Fais-la revivre, Grande Mère de Toutes les Créatures, et aide-la à connaître les joies de Ton Don. Aide-la, Mère Originelle, à connaître Tes Rites des Premiers Plaisirs. Aide-la, Mère Première, à recevoir Ta Bénédiction. Mère Très Compatissante, aide Madenia, fille de Verdegia, enfant des Losadunaï, Les Enfants de la Terre qui vivent près des hautes montagnes.

  Ayla était émue et fascinée par les paroles et le cérémonial, et elle décela avec plaisir des signes d’intérêt chez Madenia. Après avoir achevé le troisième tour, Losaduna les entraîna, toujours en posant soigneusement les pieds sur les marques et en poursuivant ses invocations, vers l’autel de terre où brûlaient les trois lampes qui entouraient la statuette de la Mère, la dunaï. Près d’une des lampes, Losaduna prit un objet en forme de couteau, taillé dans un os. Il était assez large, avec une double lame et une pointe légèrement arrondie. Celui Qui Sert alla ensuite près du foyer.

  Ils s’assirent autour du feu, Madenia entre eux, en regardant le bassin. L’homme ajouta des pierres qui brûlent dans le feu, et dans une niche à côté de l’autel, il prit un bol. La pierre devait avoir à l’origine une forme de coupe, mais elle avait été creusée avec un maillet en pierre dure. Le dessous du bol était noirci. Losaduna le remplit d’eau qu’il puisa dans une outre rangée dans la niche, y ajouta des feuilles séchées qu’il prit dans un petit panier, et posa le bol à même les braises.

  Losaduna traça ensuite un trait avec le couteau sur une partie du sol bien aplanie et entourée de coussins de laine. Ayla comprit soudain à quoi servait le couteau. Les Mamutoï en utilisaient un semblable pour dessiner des lignes, marquer le score des jeux ou garder une trace des paris, pour esquisser une tactique de chasse, ou pour illustrer un récit. En observant Losaduna, Ayla se rendit compte qu’il se servait du couteau pour illustrer une histoire dont le but n’était pas le simple divertissement. Il récitait l’histoire de sa voix mélodieuse, et dessinait des oiseaux pour souligner certains points qu’il jugeait importants. Ayla finit par comprendre que l’histoire était une allégorie de l’attaque qu’avait subie Madenia, et que les oiseaux figuraient les agresseurs.

  A l’évidence, la jeune fille était prise par le récit et s’identifiait au jeune oiseau femelle dont parlait Losaduna. Et soudain, elle se mit à sangloter violemment. Du plat du couteau, Celui Qui Sert la Mère effaça la scène.

  — C’est fini ! Rien ne s’est jamais passé, dit-il en dessinant le jeune oiseau femelle. Elle est de nouveau intacte, comme au début. Avec l’aide de la Mère, c’est ce qu’il t’arrivera à toi aussi, Madenia. Tout sera oublié, comme si rien ne s’était passé.

  Un arôme mentholé, mêlé d’une âcreté familière qu’Ayla ne put reconnaître, emplit alors la tente. Losaduna vérifia l’eau qui chauffait sur le feu et y puisa une coupe qu’il offrit à Madenia.

  — Bois ça, ordonna-t-il.

  Prise de court, la jeune fille avala le liquide sans réfléchir. Losaduna puisa une seconde coupe pour Ayla, et une autre qu’il but. Il se leva ensuite, et les conduisit au bassin.

  Losaduna avança lentement dans l’eau fumante, mais sans la moindre hésitation. Madenia le suivit, et Ayla leur emboîta le pas. Mais à peine avait-elle posé le pied dans le bassin qu’elle l’ôta aussitôt. C’était brûlant ! L’eau est presque assez chaude pour y cuire, constata-t-elle avec stupeur. Il lui fallut un gros effort de volonté pour s’obliger à remettre un pied dans l’eau brûlante. Elle resta plantée, une jamb
e en l’air, avant de pouvoir avancer. Elle s’était souvent baignée dans l’eau froide de rivières, de torrents, de bassins, parfois même après avoir brisé la pellicule de glace qui recouvrait la surface, elle s’était lavée dans de l’eau réchauffée par le feu, mais elle n’avait jamais mis les pieds dans de l’eau aussi chaude.

  Losaduna les guidait lentement pour qu’elles eussent le temps de s’habituer à la chaleur, mais Ayla fut beaucoup plus longue à atteindre les bancs en pierre. Pourtant, à mesure qu’elle progressait dans l’eau, un doux bien-être l’envahit. Lorsqu’elle se fut assise et que l’eau lui arriva au menton, elle se décontracta enfin. Ce n’est pas si mal, une fois qu’on s’habitue, décida-t-elle. En fait, la chaleur faisait du bien.

  Dès qu’ils se furent habitués, Losaduna recommanda à Ayla de retenir sa respiration et de plonger la tête sous l’eau. Elle s’exécuta et lorsqu’elle refit surface, il enjoignit à Madenia de l’imiter. Puis il plongea à son tour, et les conduisit ensuite hors du bassin.

  Il pénétra dans le petit passage et en rapporta un bol en bois, rempli d’une matière épaisse et jaunâtre qui ressemblait à de l’écume. Il le posa sur une aire pavée de pierres plates, prit une pleine poignée d’écume et s’en frotta le corps, ordonnant à Ayla d’enduire le corps de Madenia, et de se frictionner à son tour, sans oublier d’en passer sur les cheveux.

  L’homme chantonnait en se frottant avec la chose douce et glissante, et Ayla eut l’impression qu’il ne s’agissait plus d’un rituel, mais bien de manifester sa joie. Elle se sentait elle-même assez gaie, et se demanda si la décoction qu’il leur avait fait boire n’y était pas pour quelque chose.

  Lorsqu’il ne resta plus d’écume, Losaduna ramassa le bol en bois, le remplit dans le bassin, revint sur l’aire pavée et se rinça en versant l’eau sur son corps. Il recommença deux fois l’opération, remplit de nouveau le bol et rinça ensuite Madenia, puis Ayla. L’eau s’écoulait loin du bassin, entre les interstices des pierres. Alors, Celui Qui Sert la Mère les entraîna vers la pièce d’eau tout en marmonnant une chanson sans paroles.

  Ils s’assirent sur le banc, flottant presque dans l’eau. Ayla était complètement détendue, et elle repensa aux bains de vapeur des Mamutoï, qui n’étaient toutefois pas aussi agréables. Lorsque Losaduna décida qu’ils en avaient eu assez, il alla à l’autre bout du bassin ôter le bouchon de bois. L’eau commença à s’écouler dans la profonde tranchée creusée dans le sol, et Losaduna se mit à hurler.

  — Allez-vous-en, mauvais esprits ! Eau purificatrice de la Mère, efface les traces de l’empreinte de Charoli et de ses hommes ! Fuyez, impuretés, que l’eau vous emporte ! Lorsque l’eau sera partie, Madenia sera purifiée. Les pouvoirs de la Mère l’ont rendue aussi neuve qu’avant !

  Ils sortirent alors de l’eau, et Losaduna les entraîna dehors sans même s’arrêter pour prendre leurs habits. Le vent glacial et le sol gelé rafraîchirent leurs corps brûlants. Les rares Losadunaï présents les ignorèrent ou détournèrent la tête, ce qui rappela un souvenir pénible à Ayla. Lorsqu’elle avait été damnée, ceux du Clan l’avaient regardée fixement sans la voir, mais cette fois-ci c’était différent. Ceux qui passaient la voyaient, mais feignaient de l’ignorer par courtoisie. Ils rentrèrent alors dans la tente, bien contents de s’envelopper dans les douces couvertures sèches qui les attendaient, et de déguster une infusion de menthe brûlante.

  Comme elle portait la coupe fumante à sa bouche, le regard d’Ayla tomba sur ses mains. La peau était ridée, mais d’une propreté ! En peignant ses cheveux avec un instrument dentelé, taillé dans de l’os, elle remarqua qu’ils crissaient.

  — Quelle était cette douce écume ? demanda-t-elle. Elle nettoie encore mieux que la racine de saponaire.

  — C’est Solandia qui la fabrique, dit Losaduna. C’est un mélange de cendre et de graisse, mais elle t’expliquera mieux que moi.

  Après avoir terminé avec ses cheveux, Ayla peigna Madenia.

  — Comment fais-tu pour que l’eau soit si chaude ?

  — C’est un Don de la Mère aux Losadunaï, répondit l’homme en souriant. Il y a plusieurs sources chaudes dans cette région. Certaines sont utilisées par tout le monde, et d’autres sont sacrées. Nous considérons que celle-ci est au centre et à l’origine des autres sources, c’est pourquoi elle est la plus sacrée de toutes. C’est un grand honneur pour notre Caverne, et c’est pourquoi personne ne veut en partir. Mais nous commençons à manquer de place et un groupe de jeunes pensent sérieusement à fonder une nouvelle Caverne. De l’autre côté de la rivière, un peu plus bas, il y a un endroit qui leur plaît, mais c’est un territoire de Têtes Plates, et ils hésitent encore.

  Ayla hocha la tête. Elle se sentait si bien, si détendue, qu’elle n’avait aucune envie de bouger. Elle remarqua que Madenia n’était plus crispée, ni sur la défensive.

  — Cette eau est un Don merveilleux ! s’exclama Ayla. Que la Mère en soit remerciée !

  — Il est très important d’apprécier tous les Dons de la Mère, approuva Losaduna. Et surtout Son Don des Plaisirs.

  — Son Don est un mensonge ! s’écria Madenia qui s’était brusquement raidie. Ce n’est pas un plaisir, il n’apporte que la douleur ! C’était la première fois qu’elle ouvrait la bouche.

  — J’avais beau les supplier, ils n’arrêtaient pas ! Plus aucun homme ne me touchera, je le jure !

  — Je comprends ta colère, lui dit Ayla. Je comprends tes pleurs. Ce qu’ils t’ont fait est horrible. Je sais ce que tu ressens.

  Elle se leva, et prit la jeune fille dans ses bras.

  — Comment pourrais-tu comprendre ? s’exclama la jeune fille avec amertume en se dégageant.

  — J’ai connu cette même douleur et cette humiliation, assura Ayla. La jeune fille la dévisagea avec surprise, et Losaduna hocha la tête comme s’il venait de comprendre quelque chose d’important.

  — Madenia, dit Ayla avec douceur, lorsque j’avais ton âge, et même un peu moins, peu après que mes périodes lunaires se déclarent, j’ai été forcée, moi aussi. C’était ma première fois. J’ignorais qu’on appelât cela les Plaisirs et je ne me souviens que d’une violente douleur.

  — Oui, mais par un seul homme ? fit Madenia.

  — Un seul, oui. Mais il a souvent recommencé par la suite, et je détestais ça ! s’exclama Ayla, surprise par sa propre véhémence.

  — Plusieurs fois ? Pourquoi ne l’a-t-on pas empêché de recommencer ? demanda Madenia.

  — Tout le monde croyait que c’était son bon droit, et personne ne comprenait ma colère et ma haine, ni pourquoi je ne ressentais que de la douleur. Je commençais à m’inquiéter et je me demandais si j’étais normale. Et puis la douleur a disparu, mais je ne ressentais toujours pas les Plaisirs. D’ailleurs, il ne le faisait pas pour me les donner, il cherchait surtout à m’humilier. Un jour, j’ai cessé de le haïr, et quelque chose d’inouï s’est produit. Quand il me forçait, je pensais à autre chose, et je ne sentais plus rien. Je l’ignorais. Lorsqu’il a comprise qu’il ne me faisait plus de mal, je crois qu’il s’est senti humilié. Et il n’a jamais recommencé. Mais je ne voulais plus qu’un homme me touche.

  — Aucun homme ne me touchera ! s’écria Madenia.

  — Tous ne sont pas comme Charoli et sa bande. Jondalar, par exemple. C’est lui qui m’a appris la joie et les Plaisirs du Don de la Mère. Et crois-moi, Madenia, c’est un Don merveilleux. Accorde-toi la chance de rencontrer un homme comme Jondalar, et tu connaîtras la joie, toi aussi.

  — Non ! Non ! hurla Madenia. C’est trop horrible !

  — Je sais, fit Ayla. Même les Dons les meilleurs peuvent devenir malfaisants si on les détourne de leur usage. Mais un jour, tu voudras être mère, et tu ne le deviendras jamais si tu ne partages pas le Don de la Mère avec un homme.

  — Ne dis pas ça, sanglota Madenia, le visage inondé de larmes. Je ne veux pas l’entendre.

  — C’est pourtant la vérité. Ne laisse pas Charoli gâter ce que tu as de bon en toi. Ne le laisse
pas te priver de la joie d’être mère. Accepte les Premiers Rites, et tu t’apercevras que ce n’est pas forcément douloureux. J’ai fini par apprendre, même si je n’ai pas eu la chance de célébrer une cérémonie. La Mère a quand même trouvé un moyen de me donner cette joie. Elle m’a envoyé Jondalar. Le Don va bien au-delà des Plaisirs, Madenia. Il apporte davantage, crois-moi, s’il est partagé avec amour. Et si la douleur que j’ai ressentie la première fois était le prix à payer pour ce que j’ai découvert par la suite, je suis prête à en payer dix fois le prix pour tout l’amour que j’ai obtenu. Tu as tant souffert que la Mère t’accordera peut-être un privilège particulier... mais laisse-Lui une chance, Madenia. Penses-y, et ne dis pas non avant d’avoir bien réfléchi.

  Ayla se réveilla fraîche et dispose comme jamais. Elle s’étira avec volupté et chercha Jondalar à tâtons, mais il était déjà parti. Déçue, elle se souvint alors qu’il l’avait réveillée pour lui rappeler qu’il allait chasser avec Laduni et quelques autres, et qu’il lui avait proposé de les accompagner. Elle avait décliné l’offre la veille parce qu’elle avait d’autres projets, et elle était restée couchée à paresser dans les douces fourrures chaudes.

  Cette fois, elle décida qu’il était l’heure de se lever. Elle s’étira, passa les mains dans ses cheveux en se délectant de leur douceur soyeuse. Solandia lui avait promis de lui expliquer comment fabriquer la mousse qui nettoyait si bien.

  Le repas était le même que les autres jours : un brouet de poissons séchés, pêchés au début de l’année dans la Grande Rivière Mère. Jondalar lui avait dit qu’ils allaient à la chasse parce que la Caverne était à court de réserves, mais ce n’était ni la viande ni le poisson qui manquaient le plus. Ils mangeaient suffisamment mais la fin de l’hiver approchait et les mets n’étaient pas très variés. Plus personne ne supportait la viande ni le poisson séchés. De la viande fraîche serait la bienvenue, même en petite quantité. Tous se languissaient des vertes pousses des légumineuses, des fruits et des premiers produits du printemps. Ayla se livra à une petite exploration autour de la caverne, mais les Losadunaï avaient déjà ratissé les environs. Il leur restait cependant une abondante réserve de graisse, dont ils enrichissaient leurs repas.

 

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