Moi, l'amour et autres catastrophes

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Moi, l'amour et autres catastrophes Page 13

by Karen Templeton


  Il hausse les épaules.

  Les plats ont refroidi et la conversation faiblit. Il n’est pas tout à fait 20 h 30 quand il se lève pour partir. Je le raccompagne à la porte, consciente qu’il ne fait mine à aucun moment de me toucher, pas même d’effleurer innocemment mon bras. Je tente de lui glisser les restes de plats chinois — il a apporté de quoi nourrir six personnes — mais il les refuse. J’ouvre la porte mais il s’accroupit pour gratter les oreilles de Geoff.

  — Quand je t’ai parlé d’Amy, tu n’as pas dit le fond de ta pensée, n’est-ce pas ? dit-il.

  Je pars d’un petit rire nerveux.

  — Qu’est-ce qui te fait penser ça ?

  Nick se tient devant moi, sa veste sur un bras, ses mains enfoncées dans ses poches. Je me demande où sont passé son arme et son holster. Son regard soutient le mien, pas menaçant, plutôt… exigeant, et indéfinissable. Une fois de plus, une tension à couper au couteau s’élève entre nous, plus primale qu’une simple attirance physique.

  — Je suis flic, Ginger. Je suis très doué pour déchiffrer le langage corporel. Et toi tu es incapable de conserver un visage neutre. Pourquoi n’as-tu pas dit ce que tu pensais ?

  D’accord, peut-être est-il un poil plus intuitif que je ne le pensais.

  — Je… je ne sais pas. Peut-être parce que la plupart des mecs se soucient peu de l’opinion d’une femme.

  Il hausse les sourcils, mais ne fait aucun commentaire. Plutôt parce qu’il préfère s’abstenir que parce qu’il n’a rien à dire, à mon sens.

  — Bonsoir, dit-il.

  Il tourne les talons d’un pas sûr mais fatigué, avant de descendre lentement le couloir. Je le suis du regard jusqu’à l’ascenseur, puis me tourne vers le chien, debout — si on peut dire d’un corgi qu’il est debout — sur le pas de la porte.

  — Tu as remarqué qu’il n’a même pas suggéré qu’on se revoie ?

  Geoff bâille, absolument pas intéressé.

  Exactement le comportement que je devrais avoir, si j’étais intelligente.

  J’ai perdu mon job et mon appart depuis maintenant une semaine. Ma vue s’est affaiblie à force de lire les annonces, et mon portable s’est transformé en extension de mon oreille. Je jure que j’entends ce foutu truc sonner jusque dans mon sommeil.

  Mon peu de sommeil.

  J’ai officiellement atteint le stade de la panique deux jours plus tôt, lorsque j’ai reçu un mail de Max, le comptable de Brice. Il m’y faisait part d’une joyeuse nouvelle : après avoir parcouru plusieurs fois les livres de compte de Fanning, il en est arrivé à la conclusion que Brice avait pioché dans deux comptes auxquels il n’aurait pas dû toucher. Probablement avec l’intention de remettre l’argent avant le paiement des salaires. Mais pas de chance, il s’est fait descendre avant et, en bref, il n’y a plus rien dans les caisses. Pas pour le moment. Max m’assure — comme l’avocat de Brice qui m’a appelé hier — que dès que les biens seront liquidés et les créditeurs payés, les employés toucheront leur dû. Mais pour l’instant, on ne peut rien faire. Surtout que la police n’a pas encore levé les scellés.

  Ce nouveau coup du sort m’a rendue un peu irritable. C'est pourquoi l’abruti qui me colle sur le quai du métro devrait réfléchir à deux fois avant d’entreprendre quoi que ce soit. Il me prend pour une touriste ou quoi ?

  Mes pieds me torturent. Chaussée de talons hauts, j’ai dû remonter vingt pâtés de maisons en courant, dans une chaleur torride. Tout ça pour courir d’un entretien d’embauche à un autre. Sauf qu’aucun des deux cabinets d’architecture d’intérieure avec qui j’avais rendez-vous (tous deux impressionnés par mon portfolio) n’embauche. (Alors pourquoi diable font-ils passer des entretiens d’embauche ?) Et je suis maintenant en route pour visiter un nouvel appartement qui, s’il ressemble aux six précédents, me donnera envie de vomir. Et je n’ai pas déjeuné.

  Je sens, plus que je ne vois, un type plus grand et plus mince que moi sur le quai. A cette heure, il n’est pas bondé, mais pas désert non plus. Et je suis trop loin de la bordure du quai pour qu’un dingue me pousse sur la voie. Alors si ce naze a l’intention de m’agresser, il aura affaire à moi.

  Je jette un coup d’œil par-dessus mon épaule, remarque les chaussures de skateboard géantes neuves, noires et rouges, qui en dix secondes se sont rapprochées. Mon rythme cardiaque accélère juste ce qu’il faut pour me tenir en alerte tandis que ma main droite se resserre sur la lanière de mon sac, passée comme d’habitude en travers de ma poitrine. Mais aujourd’hui je transporte aussi mon portfolio, suspendu à mon épaule gauche. Je resserre ma prise.

  Le type réduit l’espace entre nous. Je décide de ne pas jouer à ce petit jeu. Je me retourne et fixe le gamin — parce que ce n’est qu’un gamin — avant de me diriger vers le tourniquet.

  Une seconde plus tard, je sens une main sur mes fesses.

  Une autre seconde plus tard, le gamin est étendu sur le dos, serrant son bras là où mon portfolio l’a frappé.

  — Salope! crie-t-il, réalisant trop tard que l’employé du guichet observe la scène avec grand intérêt.

  Je souris sous les applaudissements, tandis que je passe le tourniquet et monte les escaliers. Peu importe que tout aille mal, c’est pour des moments comme celui-ci que j’aime cette ville.

  Malheureusement, mon euphorie est de courte durée. L'appartement se révèle être, comme le résumerait succinctement Terrie, un trou à rats. Or Annie sera de retour dans moins d’une semaine maintenant. Six jours très exactement.

  Je m’écroule avec mon portfolio sur un banc dans un parc, quelque part dans Washington Heights, trop épuisée et trop dégoûtée pour bouger. Je consulte ma montre : 18 h 30. Une vague brise souffle, mais il fait encore assez chaud pour griller un hot dog. Mon Dieu ! Mon mariage aurait eu lieu — je plisse le front pour compter — seize jours plus tôt. Greg et moi serions revenus de notre lune de miel et pelotonnés dans notre petit — d’accord pas si petit — nid d’amour de Scarsdale depuis déjà plus d’une semaine. J’essaie de ne pas m’attarder sur le fait qu’en ce moment même, je pourrais être en train de servir un dîner sympa al fresco. Ou faire l’amour dans une chambre avec air conditionné…

  Un adolescent ressemblant à Droopy passe avec une boom box dont s’échappe du rap.

  … en écoutant du Mozart.

  Je soupire.

  Pour ajouter à ma bonne humeur, je croise un cortège funéraire. Ma première pensée est de me demander si l’appartement est libre.

  Je ne m’en sortirai jamais. Je quitte le banc, tentant de me souvenir où se situe la station de métro. Je lève le nez pour décider de ma direction (j’en suis au point où je ne distingue plus l’est de l’ouest, et peu m’importe). Je me mets en marche en boitillant, avec la sensation d’être bonne pour la poubelle.

  J’erre en boitillant plusieurs minutes, et finis par croiser un vieux monsieur haut comme une cacahuète qui promène son cocker encore plus âgé. Sa kippa juive accrochée aux trois mèches de cheveux blancs qu’il lui reste, le vieil homme a la gentillesse de m’indiquer, dans un anglais mêlé de yiddish, où se trouve la station de métro. Quand je m’éloigne, je surprends son regard nostalgique sur mes jambes.

  Je tourne à l’intersection indiquée. La rue qui s’étire devant moi est d’une propreté presque insupportable, comme si un bataillon d’aides du Père Noël déboulait chaque matin de l’immeuble de briques Art déco. Et l’endroit est incroyablement calme.

  Les rebords de fenêtres débordent de fleurs éclatantes. Un bébé est né : depuis la fenêtre du premier étage, une banderole éclatante annonce : « C'est une fille ! » Au coin de la rue, deux femmes d’âge mûr, la tête enveloppée de foulards, échangent des potins. Un « Mazeltov ! » enjoué fuse. L'une d’elles me décoche un timide sourire. Un couple asiatique dont la femme, protectrice, serre un tout petit bébé coiffé d’une touffe de cheveux noirs contre sa poitrine, cherche en riant à déplier une poussette pliante récalcitrante.

  Je suis sous le charme.

>   Aussi quand un homme hispanique d’une cinquantaine d’années surgit de l’un des bâtiments, je m’entends demander si, à tout hasard, un des appartements serait disponible.

  Il m’étudie du regard, ses yeux noirs noyés de méfiance — Hé, avec la tête que j’ai, moi aussi je me méfierais de moi —, puis il acquiesce.

  — Un deux pièces au quatrième étage. Je suis le concierge, je peux vous faire visiter si vous le désirez.

  Mon cœur bondit.

  — Le loyer se monte à combien, vous le savez ?

  Il hausse les épaules.

  — Mille deux cents, peut-être mille cinq cents par mois, je ne suis pas certain. Plus l’eau et l’électricité. C'est un appart sympa. Très lumineux. Beaux placards.

  Je jure entendre un chœur d’anges entonner leur chanson. Je souris.

  — Je peux le voir maintenant ?

  Il hausse de nouveau les épaules.

  — Pourquoi pas ?

  ***

  — Tu es certaine que cet appart n’a aucun problème?

  Deux jours plus tard, Randall, assis sur mon canapé, trie les CD dont j’ai décrétés ce matin que je ne voulais plus, tandis qu’un peu plus loin j’entasse d’interminables piles de livres dans une douzaine de cartons extorqués au magasin du coin de la rue. Une tâche qui se révèle un pur délice, même dans cet appartement torride. Oui, je croyais aimer cet endroit — et je l’aimais, je l’aimais vraiment — mais mon nouvel appart…

  Un flot de joie pure m’étreint.

  — Rand, c’est incroyable. Le salon est immense, et fait face au sud, il est lumineux toute la journée. Il y a une grande chambre avec une immense garde-robe, et une cuisine séparée… Et tout ça pour mille deux cents dollars par mois !

  — Je ne comprends pas.

  Il soulève une pile de CD.

  — Je vais prendre ceux-ci, si tu es d’accord.

  — Bien sûr. Prends ceux que tu veux.

  — Il doit y avoir quelque chose qui cloche. A ce prix?

  — Rien de visible en tout cas. L'appartement vient d’être repeint et le réfrigérateur est relativement récent. Le four est un peu vieux et les lattes du plancher un peu rayées, mais je ferai avec. Et si je me penche assez par la fenêtre du salon, je peux même apercevoir le fleuve.

  Les yeux de Randall roulent dans leurs orbites.

  — Et comme par hasard, il est libre ? Pourquoi ?

  — C'est ce qui est génial. Le locataire précédent avait déménagé deux jours plus tôt, il a rompu son bail ou je ne sais quoi, je n’ai pas compris toute l’histoire. Enfin, l’appartement a été remis en état mais il n’était pas encore en agence. Et ce n’est pas tout, côté bonnes nouvelles. J’ai aussi décroché un job.

  — Sans blague ? Où ?

  Je cite l’un des plus grands magasins de la ville.

  — Ils embauchent ?

  — Oui. Je commence lundi. Mes commissions vont mettre un peu de temps à revenir au top, mais dès le déménagement terminé, j’appelle mes anciens clients pour les prévenir que je me suis remise au boulot.

  Pour vous dire la vérité, je ne suis pas aussi emballée que cela. D’abord, j’avais juré ne jamais travailler pour un grand magasin. Traiter avec de vieilles dames qui ne désirent que des ministores pour leur cuisine, très peu pour moi. Mais l’acheteur du département meuble semble assez branché, et les commandes spéciales sont autorisées. Et si je peux récupérer mes anciens clients, tout ira bien. Et puis un job est un job.

  Du moins c’est ce que je me répète.

  Je me lève et m’empare d’une pile qui menace de s’écrouler devant la porte d’entrée et manque trébucher sur le chien. Je grimace. Malgré la résolution du problème nourriture, Geoff ne semble toujours pas heureux. Je ne crois pas qu’il soit malade, mais il ne respire pas non plus la joie de vivre.

  — Je crois que Brice lui manque, dis-je. Difficile à croire, étant donné la façon dont cet individu traitait les êtres humains, mais il devait se montrer plutôt sympa avec son chien.

  — Il y a des gens comme ça.

  Randall se lève, observe le chien qui écarquille les yeux devant lui.

  — A mon avis, il est juste perturbé parce que sa vie est sens dessus dessous.

  — Exactement ce dont j’ai besoin. Un chien avec des états d’âme. Hé, dis-je au chien en le caressant gentiment de mon pied nu.

  Il lève la tête en ronchonnant et cligne des yeux.

  — Si je réussis à gérer les perturbations de mon existence, tu le peux aussi. Tu n’as jamais entendu parler de la faculté d’adaptation, de la loi du plus fort et tout ça ?

  Geoff laisse retomber sa tête sur le sol avec un lourd soupir.

  — Tu sais que tes carences pourraient signifier l’extinction de ton espèce ?

  Randall penche la tête, étudiant le postérieur de Geoff.

  — Chérie, ça m’ennuie de te dire ça, mais les facultés de reproduction de ce clébard sont de l’histoire ancienne.

  — Je sais. Je déteste le voir si malheureux. Je ne peux m’empêcher de penser que c’est ma faute.

  Randall me regarde.

  — Je me demande qui a le plus besoin d’un psy. Lui ou toi.

  — Comme je n’ai pas les moyens de nous en offrir un, ni à lui ni à moi, nous allons devoir faire les choses à l’ancienne.

  Je m’accroupis pour gratter le ventre de Geoff. Il lutte un instant avec sa conscience, puis lève une patte.

  — … Mais je ne peux pas m’empêcher de penser qu’il ne sera pas plus heureux avec j’ai-oublié-son-nom.

  Son chien est la seule chose que Brice ait léguée, à l’un de ses amants que je me rappelle avoir vu traîner dans le secteur quelques années plus tôt. Moi qui vis en face de chez Randall et Ted, qui se font régulièrement draguer en vain par des femmes, j’éprouvais toujours un choc en croisant ce mec. Assez sympa, mais un peu éprouvant pour le système nerveux. Je ne sais pas du tout pourquoi Brice et lui ont rompu, encore moins pourquoi Brice lui a laissé le chien. En théorie du moins, parce que pour l’instant l’avocat n’a pas réussi à joindre ce Curtiss.

  Je ne sais pas si je suis heureuse ou non de me débarrasser de Geoff. Ce chien est aussi exigeant qu’un gosse capricieux de trois ans. Mais il sait écouter. Vivre avec quelqu’un qui se moque que vous lui râliez dessus dès la porte d’entrée est agréable. Et il ne me torture pas avec des conseils bien intentionnés.

  Bien sûr, je sais bien que Geoff ne compatit pas pour de bon. Il écoute, mais avec distraction, je le vois bien.

  Alors pourquoi diable suis-je de plus en plus attachée à lui ?

  — Alors, dit Randall. Tu as prévenu ta mère que tu déménageais ?

  Je reviens à mon carton, survolant du regard les piles branlantes contenant toute mon existence qui jonchent l’appartement. Je ne possédais pratiquement rien quand j’ai emménagé. Maintenant regardez ce fouillis. Ted a raison, je garde tout.

  — Tu es dingue ?

  — Elle va se douter de quelque chose quand elle viendra te voir et ne te trouvera pas.

  — Je n’ai pas dit que j’allais lui cacher que je déménageais. Encore que l’idée est tentante. Mais je l’avertirai quand je serai installée. Hors de question que je lui donne l’occasion d’essayer de me convaincre de revenir vivre avec elle.

  — Ce ne serait peut-être pas une si mauvaise idée. Jusqu’à ce que tu retombes sur tes pieds financièrement, en tout cas.

  Je lève les yeux, écarte une mèche de cheveux de mon visage.

  — Retournerais-tu vivre chez la tienne ?

  Il pâlit.

  — Pas de mon vivant.

  — Alors j’envisagerai de retourner vivre chez ma mère le jour où tu diras à la tienne que tu es gay.

  Randall me jette un œil boudeur qui laisse deviner le petit garçon qu’il a été.

  — D’ailleurs, dis-je, parce que je suis lasse de parler de moi, quand ton frère vient-il s’installer avec vous ?

  — Vendredi soir.

 
; — Et comment avez-vous décidé de gérer… la situation ?

  — Selon les bonnes vieilles méthodes, en mentant du bout des lèvres.

  Je me redresse, les mains sur les hanches.

  — C'est bien l’idée la plus stupide que j’aie jamais entendue.

  — Personne ne t’a demandé ton opinion, n’est-ce pas, ma petite ?

  Je renifle.

  — Ecoute, Ginger, il ne s’agit que d’une semaine. Al la passera chez sa mère et Ted s’installera dans sa chambre. Je resterai dans la nôtre et Davis dormira sur le canapé du salon. Il pensera que nous sommes colocs.

  — C'est ce que tu crois. Rand, la chambre d’Al est typique d’une fille de douze ans. Cela ne marchera pas, si ton but est de jeter la poudre aux yeux de ton frère, idée à mon avis idiote.

  — Tu l’as déjà dit.

  — Ça vaut la peine de le répéter.

  Randall soupire.

  — Nous ne sommes pas idiots, Ginge. Nous avons enlevé tous les trucs de fille.

  — Rand… les murs de sa chambre sont roses.

  — Alors nous garderons sa porte fermée. Davis n’a d’ailleurs aucune raison d’entrer dans la chambre de Ted, n’est-ce pas ?

  — Ai-je précisé que je trouve cette idée stupide… ?

  Puis je décide que le moment est bien choisi pour l’avertir d’un de mes projets.

  — … mais non seulement cela ne me regarde pas…

  — Merci.

  — … Mais puisque ton frère sera là, il pourra vous aider tous les deux à m’aider à déménager.

  Les sourcils de Randall se froncent.

  — Hein ?

  — J’ai tout organisé. Je vais louer une camionnette et j’ai pensé que Ted et toi pourriez porter les trucs lourds, Terrie, Shelby et moi nous chargerions des cartons. Ça ne doit pas prendre longtemps de vider un studio ? Et si ton frère est là, ça ira beaucoup plus vite.

  Je souris avec assurance.

  — ... L'un de vous deux sait conduire, non ?

  — Euh oui, mais…

  — Super, je fournis toute la nourriture et toutes les boissons que vous pourrez ingurgiter. On va bien s’amuser.

 

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