Moi, l'amour et autres catastrophes

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Moi, l'amour et autres catastrophes Page 24

by Karen Templeton


  Eh oui, ce fichu espoir a notre peau chaque fois. Mais c’est aussi lui qui nous empêche de sauter par la fenêtre.

  Je pose un pied sur le rebord du lit et envisage de me vernir les ongles des orteils. Une teinte pâle et nacrée cette fois, je crois.

  — Tu peux toujours arrêter avec Davis.

  — Je sais.

  — Mais… ?

  Long soupir à fendre l’âme.

  — Bien, dis-je, très raisonnable et pleine de sagesse, parce que c’est ce dont elle a besoin en ce moment. Dans ce cas, interroge-toi sur ce que tu désires le plus : éviter la douleur ou prendre le risque d’y croire.

  Un éclair de douleur pince ma poitrine mais je décide de l’ignorer.

  — Tu sais, dit Terrie, je déteste quand tu me parles en toute logique.

  Et elle raccroche. Ça commence à devenir une mauvaise habitude.

  Je m’allonge sur le lit, tentant de me vider l’esprit. J’y parviens environ cinq ou six secondes, jusqu’à ce que résonne le son d’une mini-avalanche au bout du couloir : Nonna est en train de vider le sac de croquettes pour chien dans la poubelle en plastique toute neuve.

  — Per Dio ! Ginger ! Nedra ! Venite ! Subito !

  Je saute du lit et me rue dans le couloir, manquant me cogner dans ma mère. Des images de rats ou pire (encore que je ne voie pas quoi) surgissent dans mon esprit. Près de la poubelle/bac à nourriture, ma grand-mère agrippe ses joues de ses deux mains. A notre arrivée, elle se tourne, les yeux aussi larges que ses assiettes préférées, puis pointe un doigt vers le récipient.

  — Guardate !

  Nous nous penchons. Niché au milieu d’une mer de croquettes, gît un sac congélation grande taille bourré de ce qui semble être un sacré paquet de billets de cent dollars.

  — Je ne crois pas que c’est bien, non ? murmure-t-elle.

  Et moi qui pensais que le coq était un problème.

  Assise à la table de la cuisine, je lève les yeux sur Nick qui arbore un jean usé, une chemise bleu marine cintrée et une grimace.

  — Ecoute, dis-je, grimaçant en retour. Je n’en sais pas davantage. Nonna a vidé le sac et trouvé l’argent. Comment il est arrivé là, je n’en ai aucune idée.

  Je baisse la tête et me concentre pour caresser le dos de Geoff de mes pieds nus. Le chien est étendu à mes pieds, déchiré entre le désir de me protéger de cet homme râleur et bougon et celui de monter la garde devant ces croquettes qui déclenchent soudain un tel intérêt. Ce qui ne l’empêche pas de glisser des regards furtifs vers la chambre de ma mère afin de s’assurer que La Créature ne va pas surgir pour l’assassiner à coups de bec. Dans le salon, un autre officier de police questionne ma grand-mère, tandis qu’un troisième appuyé contre le comptoir écoute Nick qui m’interroge.

  Debout sur le pas de la porte, ma mère observe la scène d’un air suffisant.

  Zut.

  La seule raison pour laquelle j’ai contacté le commissariat de mon ancien quartier, c’est que j’ai pensé que cet argent pouvait être lié au meurtre de Brice. Sauf que je ne m’attendais pas du tout à ce que Nick en personne se présente. Mais, comme il l’a fait remarquer d’un ton irrité, c’est lui qui est chargé de l’enquête.

  Dieu que je déteste sa façon de ne pas me regarder. Vous savez cette expression qui signifie « Un dur ne boude pas » et qui vous tord le cœur? Je ne l’en blâme pas, mais… merde. Cerise sur le gâteau, j’ai maintenant une raison de me détester. L’idée de me préserver ne me dérange pas, mais je ne prends pas mon pied non plus à piétiner les sentiments des autres.

  Surtout de Nick. Il mérite mieux que ça.

  — L’un d’entre vous a-t-il manipulé la pièce à conviction ? demande-t-il, très professionnel.

  — Non. Enfin, ma mère et moi, non. Et Nonna assure qu’elle s’est contentée de vider le sac dans le seau. Je ne peux pas jurer que Curtiss ou son compagnon ne l’ont pas touché, mais pourquoi l’auraient-ils fait ?

  — Donc, ça pourrait être eux qui ont placé l’argent dans le sac.

  J’écarquille le regard.

  — Avant de me ramener le chien pour cacher l’argent ici ? Pourquoi auraient-ils fait ça ?

  — Parce que les gens font parfois d’étranges choses, Ginger, dit-il en me transperçant de son regard d’un bleu glacé. Des choses insensées. Illogiques.

  Bon, ça va… J’ai compris. Ouh, là, là.

  Nick plante ses pouces dans ses poches. Il hausse les épaules.

  — De plus, tu as dit que tu ne connaissais pas vraiment ces deux personnes.

  — Non, mais… ça n’a aucun sens. Le contenu du sac diminuait. Nous aurions de toute façon trouvé l’argent dans un jour ou deux, une semaine au maximum.

  — Tu as bien dit que Curtiss James était un ex-amant de Fanning.

  — Oui, leur histoire date de peut-être trois ans…

  Ma grand-mère pousse le jeune flic qui l’interrogeait — un beau mec brun aux yeux sombres — dans la cuisine et tente de le convaincre de consommer ses tortellinis frais. Je regarde Nick qui s’empresse de baisser les yeux sur son carnet. Le deuxième policier disparaît également, victime de l’opération tortellinis de ma grand-mère. Sì, sì, elle n’en manque pas. Sì, ils se réchauffent au micro-ondes, deux minutes, pas de problème…

  — A l’origine, dis-je à voix basse, le sac vient de chez Brice. Qui est mort assassiné. Or nous savons qu’il se servait dans les caisses.

  Le regard de Nick se rive le mien.

  — Tu sais ça ?

  — Le comptable m’a mise au courant. Voilà pourquoi je n’ai pas été payée. Et ne le serai pas jusqu’à ce que vous leviez les scellés de l’immeuble et qu’il puisse être vendu.

  Nick ignore ma remarque.

  — Tu dis qu’à ta connaissance au moins cinq personnes se sont trouvées en contact avec ce sac depuis la mort de Fanning ?

  — Avec toi ça fait six.

  L'horreur envahit son regard. Ça fait ding dans ma tête. Mais je n’insinuais pas du tout que Nick ait pu faire disparaître une pièce à conviction…

  Oups.

  Derrière nous, l’un des flics rit aux paroles de ma mère. La radio accrochée à la ceinture de Nick crachote. Geoff lève la tête en grognant, la truffe pointée en direction de la chambre de ma mère. Etonné, Nick tourne la tête dans la même direction que celle de Geoff.

  — Qu’est-ce que c’était que ça ?

  Ma mère et moi échangeons un regard éclair.

  — Ce satané chien grogne pour un rien, dis-je. Ce devait être les voisins du dessus…

  — Non, écoute… Là ? On dirait comme… un coq qui chante ?

  Geoff se lève et va renifler la porte qui sépare la cuisine de la chambre de ma mère, puis se tourne vers moi comme pour me dire : « Tu te souviens de la souris ? »

  Evidemment, le coq répond. Un son étouffé, certes, mais une oreille entraînée ne risque pas de le confondre avec la roue de la cage d’un hamster.

  Sur le coup, le projet de cuisiner un bouillon de poule me séduit. Bon sang ! Cette bestiole stupide se trouve dans une cage recouverte d’une couverture et il est presque 21 heures. Alors pourquoi diable chante-t-il ?

  — Ce doit être dehors, répond ma mère.

  Mais Nick est déjà à la porte. Geoff lui dédie un sourire, signifiant : « Si tu ouvres cette porte, je t’en serai éternellement reconnaissant » mais dès que Nick ouvre la porte, Geoff détale direction sud.

  Quant à Rocky, il se surpasse. Ils auraient dû le baptiser Pavarotti.

  Nick se tourne vers moi. Impossible de décrire avec précision l’expression de son visage. Pour l’instant, contentons-nous de stupéfait.

  Je désigne ma mère du doigt. D’accord, j’ai entamé l’ego de cet homme, j’ai été par inadvertance complice d’un crime, mais hors de question que je porte le chapeau pour le coq.

  Nick fixe ma mère, qui hésite entre jouer les faibles femmes repentantes — ce qui chez elle n’est pas crédible — ou les femmes pleines de dé
fi.

  — Madame Petrocelli, articule Nick d’un ton las, je suis certain que vous savez qu’il est contraire à la loi d’élever un coq dans un appartement de Manhattan.

  — Je te l’avais bien dit, ne puis-je m’empêcher de marmonner.

  — C’est juste pour un jour ou deux…, lance Nedra, les mains plantées sur les hanches.

  Elle s’est décidée pour le défi.

  — … jusqu’à ce que ses maîtres trouvent un endroit hors de la ville. C’est un animal de compagnie.

  Nick regarde ma mère, presque avec sympathie.

  — J’en doute, répond-il calmement, je crois plutôt qu’il a été élevé comme coq de combat. Ce qui signifie qu’il va mourir de très vilaine et très cruelle façon.

  Ma mère laisse échapper un petit cri — moi aussi, mais pas aussi fort — avant de se reprendre à toute vitesse.

  — Impossible! Les Ortiz ont des enfants, l’un deux a même baptisé le coq. Jamais ils ne se comporteraient ainsi…

  Je me tourne vers Nick, toujours grimaçant, avec la ferme intention d’expliquer qu’il s’agit de la famille qui a mis le feu à mon appartement. Mais le chien choisit ce moment pour faire preuve du courage dont il a semblé un temps privé. Comprenant que le coq ne peut l’attaquer, Geoff fonce dans la chambre, droit sur la cage, et aboie comme un fou. L’équivalent canin de « tu vas voir ce que tu vas voir ». De façon compréhensible, Rocky s’énerve et se jette contre les barreaux en caquetant furieusement. Jusqu’à ce que, surmontant le vacarme, la voix de Nonna — censée être la sourde de l’assemblée — retentisse.

  — On a sonné !

  — Avec ce boucan, ce n’est pas étonnant, me dis-je en me dirigeant vers la porte. Probablement un voisin. Zut, probablement tous les voisins, patientant dans le couloir, armés de battes de base-ball, de balais et de barres de fer, prêts à vider le 4-C de ses occupants démoniaques.

  J’ébouriffe mes cheveux, redresse les épaules et ouvre grand la porte aux hordes vengeresses.

  Sauf qu’il ne s’agit pas des hordes vengeresses.

  Mais de Greg.

  13

  — Ginger ! Que diable fais-tu ici ?

  Mon cerveau s’est dissous en un nuage flou et cotonneux. Quand j’ouvre la bouche, rien s’en sort, excepté un couinement ténu, étouffé. Le flou se matérialise une minute ou deux, le temps que je distingue ses cheveux un peu longs à la coupe branchée, sa chemise tendance, sans col, glissée dans son pantalon à pinces gris, tout aussi en vogue. Je hume son parfum, aussi agréable que dans mon souvenir. Et je lis, derrière ses lunettes tendance à la monture de métal noir, le choc et l’anxiété dans ses yeux noisette. Puis des pas résonnent derrière moi.

  De très, très nombreux pas. Un véritable déluge de pas.

  Je pivote brusquement, comme une poupée mécanique qu’on vient de remonter. Nedra et Nonna restent toutes deux bouche bée. Nick arbore une expression renfrognée. Les deux autres policiers, qui évidemment ne comprennent rien, gardent une expression neutre. Comme je n’ai aucune idée des règles de savoir-vivre exigées par ce genre de situation, je plaque un large sourire sur mon visage exsangue.

  — Greg Munson, Nick Wojowodski.

  Non, je ne me donne pas la peine d’entrer dans les détails. Vous plaisantez ou quoi ? Ce n’était déjà pas gagné d’articuler quatre mots.

  Vous imaginez l’ambiance. La quantité de testostérone qui envahit la pièce pourrait alimenter la durée totale du tournoi des cinq nations. Avez-vous déjà remarqué la vitesse à laquelle un homme repère un rival potentiel ? Je m’attends à leur voir pousser des bois sur la tête et entamer un duel à mort dans le couloir.

  Cet appartement souffre d’une présence excessive de coqs arrogants.

  Nonna intervient.

  — Peut-être vous braves garçons, voulez des tortellinis ? Sont frais, faits aujourd’hui.

  Je fusille ma grand-mère du regard. Elle hausse les épaules. Nick marmonne quelque chose que je ne comprends pas, donne l’ordre aux autres flics d’emporter le sac de croquettes ainsi que le, hum, reste — mais à mon grand regret pas le coq — puis passe devant moi et sort de l’appartement.

  Le regret me noue l’estomac. Je me rends compte que ce mec me plaît. En tant que personne, vous comprenez ? J’aurais aimé être amie avec lui. Mais en ai-je été capable ? Nooooon. Il a fallu que je laisse le sexe tout ficher en l’air.

  Quelqu’un, n’importe qui, pourrait-il s’il vous plaît m’expliquer pourquoi j’ai cédé à Nick en un clin d’œil — deux fois — alors que je n’ai couché avec Greg qu’après plusieurs mois ?

  Ah oui. Greg.

  Qui se tient à un mètre de moi, les mains enfoncées dans les poches, l’air perdu.

  Je soupire.

  Ma mère et ma grand-mère ont battu en retraite dans leur chambre. J’en aurais bien fait de même.

  Nous passons dans ce qui tient lieu de salon, mais aucun de nous deux ne s’assied. J’ai l’estomac retourné, le cerveau toujours cotonneux. Sombrer dans un lourd sommeil sans rêve serait parfait.

  Greg se passe la main dans les cheveux, le visage crispé comme s’il s’attendait au pire, lorsque de l’autre côté des doubles portes, le coq se lance dans un nouveau numéro de chant. Le pauvre garçon tente un sourire, mais ne réussit pas la meilleure de ses performances.

  — C'était... un coq?

  J’acquiesce, les bras croisés sur la poitrine, dans une vaine tentative de faire cesser mes tremblements.

  — Le dernier sauvetage de ma mère.

  — Et… puis-je me permettre de te demander pourquoi trois policiers viennent de quitter les lieux ?

  — Tu veux vraiment le savoir ?

  Il réfléchit une seconde.

  — Non.

  De nouveau, une esquisse de sourire.

  — Ces fous de Petrocelli ont encore frappé, hein ?

  Ce qui résume à peu près les événements, donc je ne relève pas.

  — Et lui, qui est-ce ? demande-t-il en se baissant pour appeler Geoff.

  Le chien étudie Greg une minute avant de décider qu’il mérite peut-être une investigation approfondie, au cas où il dissimulerait un hamburger dans sa poche. Quand il découvre que Greg ne peut lui offrir qu’un grattouillis derrière l’oreille, son empressement se mue en ennui poli.

  — Je n’avais pas idée que tu te trouvais là, Ginger, dit-il, s’adressant presque autant au chien qu’à moi. Sinon je n’aurais pas fait irruption ainsi.

  Il lève le regard et je lis dans ses yeux une trouille monstre.

  — Je te le jure. Ecoute, je vois bien que ma venue t’a bouleversée… Tu veux que je parte ?

  Je me force à soutenir son regard. Il faut bien que je réagisse un minimum. Zut, j’avais oublié combien il était beau. Peut-être pas exactement oublié, mais je ne m’en souvenais pas vraiment non plus. Ni des petites rides qui griffent le tour de sa bouche, ou ce profond sillon entre ses sourcils blonds. La sympathie me frappe comme un coup de poing dans le plexus solaire.

  — Tu peux rester.

  Ce n’est pas la même chose que dire que je ne veux pas qu’il parte. Or il est trop intelligent pour ne pas comprendre la différence.

  — … Enfin, un petit moment.

  Je l’avoue, j’éprouve des sentiments contradictoires. Il y a quelques semaines encore, je m’apprêtais à partager le reste de mon existence avec lui. Quelques jours plus tôt seulement, j’ai décidé qu’aucune réconciliation n’était possible, seule et unique raison pour laquelle j’ai fait l’amour avec Nick — mon Dieu ! — la nuit dernière ! Et maintenant Greg débarque ici et m’embrouille l’esprit. Je ne sais plus où j’en suis, ni quoi penser. Alors donnez-moi une minute, d’accord ?

  Exactement le temps que je donne à Greg.

  — Que fais-tu ici ?

  — J’ai appelé ton ancien numéro, mais il n’est plus en service. Alors je me suis rendu chez toi, pour découvrir que tu n’y vivais plus. Alors j’ai pensé… je ne savais même pas si ta mère m’adresserait
la parole, encore moins me dirait où te trouver, mais cela ne coûtait rien d’essayer.

  Notez s’il vous plaît que j’ai les bras fermement croisés sur la poitrine.

  — Tu aurais pu appeler. Tu as mon numéro de portable.

  — Non, je ne l’ai plus. Tu te souviens ? Tu as changé de fournisseur juste avant… à la fin mai. Tu ne m’as jamais donné ton nouveau numéro.

  C'est vrai. J’avais oublié, tant tout était devenu si chaotique à la veille du mariage. Evidemment, ce n’était rien comparé à la période qui a suivi ce non-événement…

  Sans parler de maintenant.

  — Je suis désolé d’avoir mis tant de temps pour régler les factures. Mais j’ai enfin réussi à m’en occuper la semaine dernière. Tu le savais ?

  — Oh. Oui. Merci.

  Un silence pénible s’étire plusieurs secondes entre nous.

  — Ma mère m’a dit que Nedra et toi étiez passées prendre tes affaires ?

  J’acquiesce. Les yeux me brûlent et je cille.

  — Si j’essayais de te toucher, tu me frapperais, n’est-ce pas?

  — Tu as deviné. Bon sang, Greg ! Pourquoi as-tu mis si longtemps à venir me trouver ?

  — Parce que je suis un idiot ? C'est une raison acceptable ?

  — Peut-être. Comme début.

  Un sourire éclaire son visage avant de s’évanouir.

  — Je regrette de ne pas avoir de meilleure réponse, parce que tu en mériterais une. Mais je n’en ai pas. Pas vraiment. A moins que « J’ai déconné » ne te paraisse valable. Comment réparer? Oh Ginger… chérie, tu n’imagines pas à quel point je suis désolé de ce que je t’ai fait subir. Je te le jure… je ne sais pas ce qui m’a pris. Tu me connais… Ce comportement ne me ressemble pas.

  Vous entendez ça ? Il supplie. Quelle ironie. Trois, voire deux semaines plus tôt, j’aurais tué pour entendre Greg Munson demander pardon. Maintenant je suis juste… embarrassée.

  Mais pas embarrassée au point de lui faciliter la tâche.

  Mes bras sont toujours croisés. La moitié de la pièce et plus d’un mois de non-communication nous séparent.

 

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