Moi, l'amour et autres catastrophes

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Moi, l'amour et autres catastrophes Page 31

by Karen Templeton


  Sa bouche semble plus mince que d’habitude.

  — Que veux-tu que je te dise ? Je m’inquiète.

  Je plante mes mains sur mes hanches.

  — Tu ne peux pas m’ordonner de vivre ma vie, puis piquer une crise quand je le fais. Tu désires ce bébé, et moi je veux comprendre ce que je suis censée faire ici. Ce qui inclut décider par moi-même quelle conduite adopter envers un homme avec lequel j’étais prête à passer le reste de ma vie. Pour citer une personne présente dans cette pièce, cela n’a rien à voir avec toi.

  Elle me décoche un drôle de regard, mais se tait.

  Je me change et enfile un pantalon corsaire gris et une tunique assortie — pratique et chic — ainsi qu’une paire de mules, fourre la bague dans mon sac, puis me lance à la recherche des pages jaunes de l’annuaire, que je finis par trouver dans le bureau de ma mère. Dix minutes plus tard, après une demi-douzaine de coups de fil, j’obtiens le nom de la personne à demander au Diamond Exchange de la 47e Rue, nom que je griffonne au dos d'une carte de visite prise sur le bureau de ma mère. Une demi-heure plus tard, je suis sur place. Vingt minutes après, je suis en possession d’un gros chèque et… de cette carte de visite. Qui, oui, vous l’avez deviné, est celle donnée à ma mère par Manny Ortiz.

  Dans la Cinquième Avenue, je fixe la carte…

  Non, je ne peux pas faire ça. Je n’éprouve pas la moindre affection pour cette stupide volaille. Qu’ai-je à faire de son sort ?

  Je pivote en direction du nord, dépasse le Rockefeller Center, traverse la rue et me promène chez Saks environ une demi-heure, puis reviens sur la 50e Rue vers la station de métro direction uptown. Sauf que, parvenue sur la Septième Avenue, je traverse la rue vers la station direction downtown.

  Je le crois pas.

  Tandis que je sors ma carte de métro, mon cœur bat comme un fou dans ma poitrine. Même si parvenue à Weehawken je trouve ces gens, qu’est-ce que je vais faire, zut? Une attaque commando à moi toute seule pour sauver un poulet ? Et après ?

  Je reste plantée devant le tourniquet, hésitant à introduire ma carte. Je peux encore changer d’avis. Faire demi-tour, revenir aux escaliers, traverser la rue, rentrer à la maison.

  Dans le lointain, j’entends le grondement de la rame qui arrive.

  J’introduis ma carte dans la machine et passe le tourniquet.

  16

  Le temps que j’attrape le bus qui se rend à Weehawken, je suis totalement obsédée. Ou possédée, peut-être. Je demande au chauffeur si par hasard il connaîtrait l’arrêt le plus proche de l’adresse indiquée sur la carte. Il ne le connaît pas, mais la petite dame cubaine à la taille épaisse qui est montée devant moi me renseigne.

  Réconfortée à l’idée de ne pas errer deux heures au hasard dans Weehawken, je m’assieds en résistant à la tentation de me ronger un ongle. Un peu plus tard, le bus me laisse sur Kennedy Boulevard. Derrière moi, de l’autre côté du fleuve, s’élève Manhattan. Et devant moi, ma propre stupidité.

  Perdue, je me dirige vers l’ouest, priant pour trouver une indication. Ou du moins quelqu’un qui parle anglais. Je finis par obtenir des indications concernant l’entreprise de pompes funèbres, qui par le plus pur hasard se trouve à quelques rues de là. Le parking est presque vide, ce qui signifie, Dieu merci, qu’aucune cérémonie n’est en cours.

  La porte de devant est ouverte. J’entre et suis les bruits de voix jusqu’à un bureau au bout du couloir. A mon apparition, deux têtes se tournent d’un coup, celles d’un homme et d’une femme, tous les deux bruns et d’âge moyen, surpris.

  — Je cherche Manny Ortiz, dis-je avant que l’un d’eux n’entame son argumentaire de vente.

  Envisager mon décès ne me perturbe pas outre mesure — pas vraiment — mais il est fort peu probable que je choisisse d’être enterrée à Weehawken.

  — Il est en congé aujourd’hui, répond l’homme. Je peux vous aider ?

  — C'est... personnel. Je ne pense pas que vous acceptiez de me donner son adresse ? Nous… euh… étions voisins. A Washington Heights.

  Je ne dois pas paraître terriblement menaçante parce que l’homme m’indique comment rejoindre la demeure des Ortiz. Qui s’avère être aussi la sienne. Ah, c’est le cousin.

  Le centre de Weehawken regorge de ruelles sombres bordées de maisons de styles hétéroclites dont le degré d’entretien varie. Les Ortiz habitent une rue un peu délabrée qui à une époque a dû être presque élégante. La maison elle-même comporte deux étages de bardeaux bruns et une véranda, et date environ du début du XXe siècle. Un chien aboie à mon approche, et quand je monte les marches, des odeurs de cuisine filtrent de la porte à moustiquaire.

  Je me demande soudain si ces gens parlent anglais. Or mon espagnol est succinct.

  Mme Manny vient à la porte, le plus jeune de ses enfants coincé sur sa hanche, les cheveux relevés sur le sommet du crâne. Une bretelle de soutien-gorge, rouge, s’est échappée de son débardeur noir et étrangle le haut de son bras.

  — Madame Ortiz ? Je m’appelle Ginger Petrocelli. Je cherche votre mari.

  Elle plisse les yeux, puis sourit, révélant une dent manquante.

  — Vous êtes la femme d’autre appartement ! s’exclame-t-elle en se reculant pour me faire entrer.

  Que je surgisse sans crier gare ne semble ni la surprendre, ni l’inquiéter. Elle place le bébé plus haut sur sa hanche afin de me serrer la main, et déclare se nommer Benita.

  — Entrez, s’il vous plaît. La maison est chantier, mais avec beaucoup enfants…

  Elle hausse les épaules.

  — Nous espérons avoir le nôtre bientôt. Vous voulez un Coca peut-être ?

  — Non, non merci.

  Soulagée au moins quant au problème de la langue, je parcours le salon du regard. Les meubles trapus, de style méditerranéen, recouvrent une moquette couleur Coca. La pièce est propre, le « chantier » est exclusivement constitué de matériel enfantin — jouets, crayons…

  — Je ne peux pas m’attarder. Je suis juste venue pour le coq. Rocky.

  Elle se tourne vers moi, son sourire disparu.

  — Le coq ?

  — Oui. Ma mère s’en est occupée. Votre mari est venu le chercher ce matin.

  — Si, si, comprendo.

  Elle pose l’enfant à terre et écarte ses cheveux de ses sourcils froncés.

  — Il est derrière avec les autres.

  Elle passe sa langue sur ses lèvres.

  — … Mon mari n’est pas là. Je ne crois pas que lui voudrait que vous voyez…

  Mais je me suis déjà élancée et traverse en trombe la cuisine immaculée jusqu’au jardin, divisé en plusieurs petits box. Chacun contient un coq.

  Aucune poule, juste des coqs.

  Je me tourne vers Benita qui m’observe avec des yeux inquiets, même si, en théorie, il n’est pas en mon pouvoir de leur créer des ennuis. Rien ne prouve que les coqs sont destinés au combat.

  — Pas mon idée, dit-elle calmement, les bras croisés sur son ventre rond. Hombres estupidos.

  Je compte quatre de ces créatures, assez majestueuses pour des volatiles. Je ne peux pas les sauver toutes. Ni empêcher les hombres estupidos, ces hommes idiots, de poursuivre leur activité, pas aujourd’hui, pas à moi toute seule. Appeler les autorités serait inutile. Soudain, je comprends ce qui pousse ma mère, et ceux qui lui ressemblent, à se battre pour les causes qui semblent perdues : parce que, comme le dit Nonna, quelqu’un doit parler pour ceux qui n’ont pas la parole.

  D’accord, il ne s’agit que d’un poulet, mais c’est un début.

  — Combien… vaut-il ?

  Benita comprend ma question. Elle hausse les épaules, lâche un chiffre. Je pense au chèque dans mon sac, de plusieurs fois le montant qu’elle a annoncé. Je sors mon chéquier, ajoute une centaine de dollars au chiffre annoncé et tends le chèque à la femme médusée.

  — Je vais l’emmener avec moi, dis-je.

  C'est là que je comprends que j’ai définitivement perdu l’esprit.
/>   En route vers l’arrêt de bus, chargée de ma cage contenant un coq, je sens mon zèle diminuer en même temps que les choix qui s’offrent à moi. En supposant même que je trouve un moyen de transport qui accepte les animaux vivants, où ai-je l’intention de transporter ledit animal ?

  Voilà où me mène mon comportement impulsif.

  Oh oui ! Contemplez un peu le charmant tableau offert par la jeune citadine branchée trimballant cet article original, me dis-je en changeant la lourde cage de main, main maintenant engourdie. Zut ! En ce moment-même, je pourrais être en train de faire la queue à l’entrée d’un café, papoter avec d’autres jeunes citadins. Avec pour seul souci de choisir le restau où je vais dîner. Au lieu de quoi, je trimballe un coq dans la rue, dans une cage qui frappe ma cuisse de façon atroce, priant pour que, contre toute probabilité, remonter l’Hudson à la nage, la cage ficelée sur mon dos, ne soit pas ma seule chance de fuir le New Jersey.

  La première demi-heure, le tableau est sombre. Quand un bus poussif finit par s’arrêter, le chauffeur me rit au nez, bloque les portes et redémarre, nous laissant, Rocky et moi, étouffer dans les gaz d’échappement. Et pas un taxi en vue. Maintenant, j’ai envie d’aller aux toilettes, j’ai un coup de soleil et suis au bord des larmes. Et pas plus près de trouver une solution. Juste quand j’envisage d’être, après tout, enterrée à Weehawken, un long véhicule noir s’arrête devant moi.

  Un corbillard. Devinez qui est au volant ? Vous avez droit à un essai.

  Mon sang se glace dans mes veines (je n’aurais jamais pensé être un jour en situation d’utiliser cette phrase) tandis que des pensées déplaisantes concernant les propriétaires de coq en colère et les gringas stupides me traversent l’esprit.

  La vitre sombre se baisse de mon côté. Avec prudence, je me penche pour regarder à l’intérieur.

  — Vous voulez que je vous emmène ?

  C'est ça. Dieu sait ce qu’il va me faire.

  Mais c’est là que Manny Ortiz sourit. Un joli sourire, qui ne signifie pas du tout : « Ton cou est si mince que je le casserai avec le petit doigt. » Et puis je distingue un petit garçon à ses côtés, installé dans un siège auto.

  — Ma femme, elle m’a dit ce que vous faites, que vous achetez le coq. Vous aimez beaucoup le coq, sí?

  Je mens.

  — Oui.

  Il rit.

  — Vous voulez un coq, je pourrais vous dire où acheter moins cher.

  — Je ne…

  Oh et puis zut. Comme si je pouvais m’expliquer.

  — C'est très généreux, ce que vous faites. L'argent, il va nous aider à trouver une maison à nous plus vite. Gracias.

  Je hoche la tête.

  — De nada, dis-je.

  Mon espagnol ne va pas plus loin. Puis j’ajoute, parce que je n’ai absolument plus rien à perdre :

  — Et les autres coqs ?

  Ses sourcils se haussent en flèche.

  — Vous voulez les acheter aussi ?

  — Non, non. Mais…

  Impossible d’achever ma phrase. Manny soupire, passe la main dans son épaisse chevelure.

  — Vous les femmes, cœur trop tendre.

  Il me glisse un regard.

  — J’y réfléchirai. En attendant, je vous emmène où vous voulez, O.K.? Votre mère et vous êtes très bonnes avec ma famille. Vous emmener c’est pas beaucoup en échange.

  J’hésite.

  — Personne caché derrière, si ça vous inquiète.

  Zut, je n’avais même pas pensé à ça.

  — Non, simplement je ne sais pas où vous demander de… m’emmener…

  Mon Dieu. De plus en plus nulle.

  — Vous pouvez m’emmener à Brooklyn? A Greenpoint ?

  — Pas de problème. Mettez le coq à l’arrière et montez. Benita, elle est trop contente de pas avoir le petit dans les jambes un moment, sí?

  Je dépose la cage à l’arrière, puis monte à côté du petit garçon qui m’adresse un joli sourire un peu timide.

  — Seigneur, tu veux que j’aie une crise cardiaque ?

  Debout sur le pas de la porte, Paula porte la main à sa poitrine.

  — C'était un corbillard?

  Je fais signe au revoir à Manny et au petit Benito qui s’éloignent, puis me retourne vers ma cousine au visage cendreux.

  — C'est une longue histoire et j’ai vraiment envie de faire pipi…

  Son regard tombe sur la cage. Et son occupant.

  — Je n’ose pas poser la question, dit-elle, mais pourquoi transportes-tu un coq ?

  — Paula ? Je vais faire pipi sur le pas de la porte.

  — Mon Dieu, entre. Non attends, laisse le coq… Bon, je ne sais pas où laisser le coq ! Frank ! Viens voir !

  Je me précipite dans le couloir en direction des toilettes, et les atteins juste à temps. Quand j’en sors, la cage de Rocky est cernée d’une horde de Wojowodski de tailles variables. Ma vessie vide, je me lance dans le récit complet des événements qui m’ont menée à cet instant. C'est là que Nick apparaît, descendant de son propre appartement, les yeux écarquillés à ma vue. Puis il voit Rocky et ses yeux s’étrécissent.

  — Ce coq me paraît horriblement familier.

  Rocky penche la tête et Nick lui répond d’un genre de… gazouillis.

  — Tu avais raison, ils l’élèvent pour le combat, dis-je à la hâte. Ma mère l’avait rendu aux Ortiz mais je n’ai pas pu le supporter, alors je me suis rendue là-bas et l’ai, euh, libéré.

  Ce que je lis dans le regard de Nick doit s’appeler de l’amusement.

  — Et tu l’as amené… ici.

  Mon regard va de Nick à Paula, de Paula à Frank et revient à Nick.

  — C'est seulement jusqu’à ce que je lui trouve un endroit, je le jure.

  — Maman, dit Frank Junior, l’aîné des garçons, il est trop cool. C'est comme si on habitait une ferme.

  — Mais nous n’habitons pas une ferme, dit Paula avant de se tourner vers moi. Chérie, je le jure, je ferais n’importe quoi pour toi, mais je ne peux pas garder un coq.

  Les yeux me brûlent. Je me sens incroyablement idiote. Et désespérée. Comment se fait-il que ma mère se sorte de ce genre de situations avec panache alors que moi j’ai simplement l’air idiote ?

  — Seulement pour quelques jours. Je promets de trouver un endroit qui l’acceptera. D’ici la fin de la semaine, dis-je, alors que, une fois de plus, je n’ai pas idée de ce que je dis.

  — Ginger…

  — Je m’occuperai de lui, dit tranquillement Nick à sa belle-sœur, tandis que son regard soutient le mien. Et je vais lui trouver un nouveau foyer. J’ai des relations, ajoute-t-il quand je hausse les sourcils.

  — Maman, regarde! s’écrie Frank Junior. On dirait qu’il sait qu’on parle de lui !

  — Ce n’est qu’un poulet, Frank! rétorque Paula. Les poulets sont les créatures les plus stupides que la terre ait jamais portées !

  A ces paroles, Rocky tourne ses petits yeux globuleux vers Paula, se hausse sur ses ergots et lance un cocorico à pleins poumons.

  — Mon Dieu, s’écrie-t-elle. Je suis désolée.

  — Je vous revaudrai ça, dis-je.

  Je me dirige vers la porte avant que Nick ne puisse me toucher, même si je dois l’admettre, il m’a, dans un sens, déjà touchée.

  — Au moindre besoin d’une baby-sitter, appelez-moi, je suis là.

  Puis j’étreins Paula et m’enfuis, consciente que tandis que je galope en direction du métro, Nick est sorti sur le perron et observe ma retraite.

  Le temps que je rentre à la maison, le dîner est terminé depuis longtemps, même si Nonna insiste pour me réchauffer des aubergines parmigiana. Quand elle retournera à Brooklyn, ma mère ou moi allons devoir apprendre à cuisiner. Flûte. Je leur raconte mes aventures de l’après-midi. Toutes deux me regardent, bouche bée.

  — Et Nick a dit qu’il s’en occuperait et lui trouverait un foyer ? demande ma mère.

  — Oui.

  — Et tout ce que ce Greg a
fait, c’est envoyer des roses, grogne Nonna.

  Après dîner, je suis ma mère dans sa chambre et lui tends un chèque. Une fois déduite la somme payée pour le coq, c’est le montant que j’ai obtenu pour la bague. J’ai laissé l’ordre en blanc.

  Ma mère lit le montant, cille, et lève les yeux sur moi.

  — Pour ce refuge dont tu parlais, dis-je.

  Puis je me rends dans ma chambre, arrache mes vêtements, sombre dans mon lit et, pour la première fois de l’été, m’appête à profiter d’une nuit de sommeil digne de ce nom.

  Les événements du week-end ont failli me faire oublier que je débutais un nouveau job aujourd’hui. Et que j’étais censée m’y trouver à 9 heures, c’est-à-dire il y a vingt minutes, alors que je descends à peine du bus à l’intersection de la Cinquième Avenue et de la 86e Rue. J’entame un sprint vers Lexington Avenue, où se situent la galerie et les bureaux de Dana Alsworth. J’ai tout d’une apparition beige et crème, jusqu’au bout de mes sandales, classiques mais dernier cri, assorties. Même la météo y met du sien — ciel relativement bleu, air presque oxygéné, brise d’une certaine fraîcheur — ce qui déclenche ma bonne humeur (même si je suis en retard, que ma mère est enceinte et que ce soir, j’ai rendez-vous avec un homme dont je ne sais que faire). Je remonte le trottoir d’un pas assez vif pour colorer mes joues, mais pas assez pour que j’arrive à bout de souffle.

  Je m’arrête à la porte d’entrée, autant pour reprendre ma respiration que pour faciliter mon entrée dans ce que j’aime considérer comme mon univers. Une métamorphose s’amorce. La folle créature impulsive d’hier s’efface… pour laisser place à la femme de confiance, sûre d’elle et pleine de bon sens que j’ai toujours été.

  Mon Dieu comme elle m’a manqué !

  Les locaux d’Alsworth sont deux fois plus vastes que ceux de Fanning. Des designers et des assistants s’affairent en tout sens comme les souris dans le Cendrillon de Disney. Lorsque la ravissante réceptionniste noire annonce mon arrivée, Dana elle-même surgit et m’entraîne subrepticement dans son bureau. Entraîner subrepticement semble beaucoup se pratiquer par ici.

 

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