A Season in Hell & Illuminations

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A Season in Hell & Illuminations Page 14

by Arthur Rimbaud


  Les voyageurs entourés des trombes du val

  Et du strom.

  Ce sont les conquérants du monde

  Cherchant la fortune chimique personnelle;

  Le sport et le comfort voyagent avec eux;

  Ils emmènent l’éducation

  Des races, des classes et des bêtes, sur ce Vaisseau.

  Repos et vertige

  À la lumière diluvienne,

  Aux terribles soirs d’étude.

  Car de la causerie parmi les appareils,—le sang, les fleurs, le feu, les bijoux,—

  Des comptes agités à ce bord fuyard,

  On voit, roulant comme une digue au delà de la route hydraulique motrice:

  Monstrueux, s’éclairant sans fin,—leur stock d’études;

  Eux chassés dans l’extase harmonique,

  Et l’héroïsme de la découverte.

  Aux accidents atmosphériques les plus surprenants

  Un couple de jeunesse s’isole sur l’arche,

  —Est-ce ancienne sauvagerie qu’on pardonne?

  Et chante et se poste.

  GÉNIE

  Il est l’affection et le présent puisqu’il a fait la maison ouverte à l’hiver écumeux et à la rumeur de l’été, lui qui a purifié les boissons et les aliments, lui qui est le charme des lieux fuyants et le délice surhumain des stations. Il est l’affection et l’avenir, la force et l’amour que nous, debout dans les rages et les ennuis, nous voyons passer dans le ciel de tempête et les drapeaux d’extase.

  Il est l’amour, mesure parfaite et réinventée, raison merveilleuse et imprévue, et l’éternité: machine aimée des qualités fatales. Nous avons tous eu l’épouvante de sa concession et de la nôtre: ô jouissance de notre santé, élan de nos facultés, affection égoïste et passion pour lui, lui qui nous aime pour sa vie infinie …

  Et nous nous le rappelons et il voyage … Et si l’Adoration s’en va, sonne, sa promesse sonne: «Arrière ces superstitions, ces anciens corps, ces ménages et ces âges. C’est cette époque-ci qui a sombré!»

  Il ne s’en ira pas, il ne redescendra pas d’un ciel, il n’accomplira pas la rédemption des colères de femmes et des gaîtés des hommes et de tout ce péché: car c’est fait, lui étant, et étant aimé.

  Ô ses souffles, ses têtes, ses courses; la terrible célérité de la perfection des formes et de l’action.

  Ô fécondité de l’esprit et immensité de l’univers!

  Son corps! le dégagement rêvé, le brisement de la grâce croisée de violence nouvelle!

  Sa vue, sa vue! tous les agenouillages anciens et les peines relevés à sa suite.

  Son jour! l’abolition de toutes souffrances sonores et mouvantes dans la musique plus intense.

  Son pas! les migrations plus énormes que les anciennes invasions.

  Ô Lui et nous! l’orgueil plus bienveillant que les charités perdues.

  Ô monde! et le chant clair des malheurs nouveaux!

  Il nous a connus tous et nous a tous aimés. Sachons, cette nuit d’hiver, de cap en cap, du pôle tumultueux au château, de la foule à la plage, de regards en regards, forces et sentiments las, le héler et le voir, et le renvoyer, et, sous les marées et au haut des déserts de neige, suivre ses vues, ses souffles, son corps, son jour.

  Self-portrait, Rimbaud, c. 1883.

  An early draft of Une saison en enfer.

  BROUILLON D’UNE SAISON EN ENFER

  MAUVAIS SANG

  Oui c’est un vice que j’ai, qui s’arrête et qui reprend avec moi, et, ma poitrine ouverte, je verrais un horrible cœur infirme. Dans mon enfance, j’entends ses racines de souffrance jetée à mon flanc: aujourd’hui elle a poussé au ciel, elle bien plus forte que moi, elle me bat, me traîne, me jette à terre.

  Donc c’est dit, renier la joie, éviter le devoir, ne pas porter au monde mon dégoût et mes trahisons supérieures la dernière innocence, la dernière timidité.

  Allons, la marche! le désert, le fardeau, les coups, le malheur, l’ennui, la colère.—L’enfer, là sûrement les délires de mes peurs et se disperse.

  À quel démon je suis à me louer? Quelle bête faut-il adorer? dans quel sang faut-il marcher? Quels cris faut-il pousser? Quel mensonge faut-il soutenir? A Quelle Sainte image faut-il attaquer? Quels cœurs faut-il briser?

  Plutôt éviter d’offrir la main br stupide justice, de la mort. J’entendrai les la complainte chantée aujourd’hui jadis dans sur les marchés. Point de popularité.

  La dure vie, l’abrutissement pur,—et puis soulever d’un poing séché le couvercle du cercueil, s’asseoir et s’étouffer. Je ne vieillirai pas de vieillesse. Point de dangers la terreur n’est pas française.

  Ah! je suis tellement délaissé, que j’offre à n’importe quelle divine image des élans vers la perfection. Autre marché grotesque.

  À quoi servent Ô mon abnégation Ô ma charité inouïes De profundis Domine! je suis bête?

  Assez. Voici la punition! Plus à parler d’innocence. En marche. Oh! les reins se déplantent, le cœur gronde, la poitrine brûle, la tête est battue, la nuit roule dans les yeux, au Soleil.

  Sais je où je vais Où va-t-on, à la bataille?

  Ah! mon âme ma sale jeunesse. Va! … va, les autres avancent remuent les outils, les armes.

  Oh! oh. C’est la faiblesse, c’est la bêtise, moi!

  Allons, feu sur moi. Ou je me rends! qu’on laisse blessé, je me jette à plat ventre, foulé aux pieds des chevaux.

  Ah!

  Je m’y habituerai.

  Ah çà, je mènerais la vie française, et je tiendrais le Sentier de l’honneur.

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  FAUSSE CONVERSION

  Jour de malheur! J’ai avalé un fameux verre gorgée de poison. La rage du désespoir m’emporte contre tout la nature les objets, moi, que je veux déchirer. Trois fois béni soit le conseil qui m’est arrivé. M Les entrailles me brûlent, la violence du venin tord mes membres, me rend difforme. Je meurs de soif. J’étouffe. Je ne puis crier. C’est l’enfer l’éternité de la peine. Voilà comme le feu se relève. Va, démon, va, diable, va Satan attise-le. Je brûle bien comme il faut, c’est un bon (bel et bon) enfer.

  J’avais entrevu le salut la conversion, le bien, le bonheur, le salut. Puis-je décrire la vision, on n’est pas poète dans en enfer.

  Dès que C’était l’apparition des milliers de ’Apsaras? charmantes, un admirable concert spirituel, la force et la paix, les nobles ambitions, que sais-je!

  Ah: les nobles ambitions! ma haine. R Je recommence l’existence enragée la colère dans le sang, la vie bestiale, l’abêtissement, le malheur … mon malh et les malheurs des autres qui m’importe peu et c’est encore la vie! Si la damnation est éternelle. C’est encore la vie encore. C’est l’exécution des lois religieuses pourquoi a-t-on semé une foi pareille dans mon esprit? On a Les Mes parents ont fait mon malheur, et le leur, ce qui m’importe peu. On a abusé de mon innocence. Oh! l’idée du baptême. Il y en a qui ont vécu mal, qui vivent mal, et qui ne sentent rien! C’est le mon baptême et ma faiblesse dont je suis esclave. C’est la vie encore!

  Plus tard, les délices de la damnation seront plus profondes. Je reconnais bien la damnation. Quand Un homme qui veut se mutiler est bien damné, n’est-ce pas? Je me crois en enfer, donc j’y suis.—Un crime, vite, que je tombe au néant, par la loi des hommes.

  Tais-toi. Mais tais-toi! C’est la honte et le reproche, qui à côté de moi; c’est Satan qui me dit que son feu est ignoble, idiot; et que ma colère est affreusement laide. Assez. Tais-toi! ce sont des erreurs qu’on me souffle à l’oreille, la les magies, l’ les alchimies, les mysticismes, les parfums fleuris? faux, les musiques naïves, les. C’est Satan qui se charge de cela. Alors les poètes sont damnés. Non ce n’est pas cela.

  Et dire que je tiens la vérité. Que j’ai un jugement sain et arrêté sur toute chose, que je suis tout prêt pour la perfection. Tais toi, c’est l’orgueil! à présent. Je ne suis qu’un bonhom
me en bois, la peau de ma tête se dessèche. Ô Dieu! mon Dieu! mon Dieu! J’ai peur, pitié. Ah! j’ai soif. Ô mon enfance, mon village, les prés, le lac sur la grève le clair de lune quand le clocher sonnait douze. Satan a ri. Et c’est au clocher.—Que je deviens bête! Ô Marie, Sainte-Vierge, faux sentiment, fausse prière.

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  DÉLIRES II: ALCHIMIE DU VERBE

  Enfin mon esprit devin[t]….….

  de Londres ou de Pékin, ou Ber.…….

  qui disparaissent je plaisante sur………

  de réjouissance populaire. Voilà….….

  les petits fournaises.…….

  J’aurais voulu le désert crayeux de.…

  J’adorai les boissons tiédies, les boutiques fanées, les vergers brûlés. Je restais de longues heures la langue pendante, comme les bêtes harassées: je me traînais dans les ruelles puantes, et, les yeux fermés, je priais le m’offrais au soleil, Dieu de feu, qu’il me renversât et, Général, roi, disais-je, si tu as encore un vieux canons sur tes remparts qui dégringolent, bombarde les hommes avec des monceau mottes de terre sèche Aux glaces des magasins splendides! Dans les salons frais! Que les araignées À la manger sa poussière à la ville! Oxyde des gargouilles. À l’heure exacte après boudoirs du brules sable de rubis les

  Je portais des vêtements de toile. Je me mot illisible j’allais cassais sic des pierres sur des routes balayées toujours. Le soleil souverain descendait donnait vers la une merde, dans la vallée de la illisible, son moucheron enivré au centre

  à la pissotière de l’auberge isolée, amoureux de la bourrache,

  et dissous au soleil

  et

  qui va se fondre en un rayon

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  FAIM

  J’ai réfléchis aux bonheur des bêtes; les chenilles étaient les foule petits-corps-blancs innocen des limbes: romantique envahie par l’aube opale; la punaise, brune personne, attendait mots illisibles passionné. Heureuse le somm la taupe, sommeil de toute la Virginité!

  Je m’éloignais du contact Étonnante virginité d’essay l’écrire, avec une espèce de romance. Chanson de la plus haute tour.

  Je crus avoir trouvé raison et bonheur. J’écartais le ciel, l’azur, qui est du noir, et je vivais, étincelle d’or de la lumière nature. C’était très sérieux. J’exprimai, le plus bêtement.

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  ÉTERNITÉ

  Et pour comble De joie, je devins un opéra fabuleux.

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  GE D’OR

  À cette période, c’était c’était ma vie éternelle, non écrite, non chantée,—quelque chose comme la Providence les lois du monde un à laquelle on croit et qui ne chante pas.

  Après ces nobles minutes, vint stupidité complète. Je m vis une fatalité de bonheur dans tous les êtres: l’action n’était pas la vie mauvaise qu’une façon de instinctive de gâcher une insatiété de vie: seulement moi, je laissai la sachant, au hasard sinistre et doux, un énervement, déviation errement. Le savoir était la faiblesse et la cervelle……………………………….…êtres et toutes choses m’apparaissaient…………………….….d’autres vies autour d’elles. Ce monsieur…………………………… un ange. Cette famille n’est pas…………………………………….…Avec plusieurs hommes………………………………moment d’une de leurs autres vies.……histoire plus de principes. Pas un des sophismes qui.…….la folie enfermée.

  Je pourrais les redire tous et d’autres et bien d’autres et d’autres, je sais le système. Je n’éprouvais plus rien. Les hallucinations étaient tourbillonnaient trop. Mais maintenant je ne voudrais n’essaierais pas de me faire écouter.

  Un mois de cet exercice, je crus Ma santé s’ébranla fut menacée.

  J’avais bien autre chose à faire que de vivre. Les hallucinations étaient plus vives plus épouvantes la terreur plus venait! Je faisais des sommeils de plusieurs jours, et, levé, continuais les rêves les plus tristes (les égarés) partout.

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  MÉMOIRE

  Je me trouvais mûr pour la mort le trépas et ma faiblesse me tirait jusqu’aux confins du monde et de la vie, où le tourbillon dans la Cimmérie noire, patrie des morts, où un grand … a pris une route de dangers laissé presque toute chez une sur emb … tion épouvantes.

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  CONFINS DU MONDE

  Je voyageai un peu. J’allai au nord: je rappelai au (fermai mon cerveau) Je voulus reconnaître là toutes mes odeurs féodales, bergères, sources sauvages. J’aimais la mer bonhomme le sol et les principes l’anneau magique dans l’eau lumineuse éclairée comme si elle dût me laver d’un me laver de ces aberrations souillures. Je voyais la croix consolante. J’avais été damné par l’arc-en-ciel et les bes magies religieuses; et par le Bonheur, mon remor ma fatalité, mon ver, et qui je quoique le monde me parut très nouveau, à moi qui avais levé toutes les impressions possibles: faisant ma vie trop immense énervait même après que ma illisible pour armer (sincer) (seulement) bien réellement la force et la beauté.

  Dans les plus grandes villes, à l’aube, ad diluculum matutinum, au Christus venit, quand pour les hommes forts le Christ vient sa dent, douce à la mort, m’avertissait avec le chant du coq.

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  BONR

  Si faible, je ne me crus plus supportable dans la société, qu’à force de pitié Quel malheur Quel cloître possible pour ce beau dégoût?

  Cela s’est passé peu à peu.

  Je hais maintenant les élans mystiques et les bizarreries de style.

  Maintenant je puis dire que l’art est une sottise.

  Nos grands poètes aussi facile: l’art est une sottise.

  Salut à la bont.

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  From Rimbaud’s school notebook, age eleven.

  ACKNOWLEDGMENTS

  The images used in this edition are reproduced from the facsimile edition of Rimbaud’s work by Steve Murphy (Œuvres complètes, IV: Fac-similies, Honoré Champion) and from the definitive biography of the poet by Jean-Jacques Lefrère (Arthur Rimbaud, Fayard). I am grateful to these scholar-authors for their generosity with permissions and their patience in unpacking many particulars of Rimbaud’s life and work.

  Thank you to Roger Stuart Berkowitz and John Jeremiah Sullivan for responding to early drafts of the introduction; and to David Bezmozgis and Charles Bock for offering timely, clarifying edits. All four are demanding readers and exemplary writers. I am grateful for their attention and friendship.

  At the Modern Library, I am lucky once again to benefit from the vision and exactitude of Vincent La Scala; the energy and support of Will Murphy; the example of David Ebershoff; and the encouragement of Daniel Menaker.

  For their support, in various forms, to the activity of translation and the activities of this translator: Esther Allen, Michael Attias, Peter Gay, Richard Howard, Wendy Lesser, Rick Moody, Roger Shattuck, Anna Stein, Lorin Stein, and Jean Strouse—to all, thank you.

  To Suzanne and William Mason, my love.

  —WM

  Spring 2005

  A NOTE ON SOURCES

  In the Introduction, quotations sprinkled throughout in Rimbaud’s voice are drawn from my translations of his letters (Rimbaud Complete, Volume II: I Promise to Be Good).

  Additional sources, below, are provided for those readers who might wish to learn more about various factual details mentioned in passing.

  1 Salacious tidbits about Rimbaud’s life (arrests, vagrancy, stabbing) are a feature of all biographies of the poet. In English, accounts by Starkie, Robb, and Steinmetz all contain versions of these factual details. In French, their accounting by Jean-Jacques
Lefrère is more dependably even-tempered (and a better read).

  Rimbaud’s visit to the Round Reading Room is known to us because of the existence of the document that appears on this page. Otherwise, information relating to Rimbaud and Verlaine’s time in London is largely hearsay. Documents (including advertisements placed in newspapers; business cards they had printed; envelopes they addressed) all attest to their locations and hint at their activities during their London stays. Letters and journals by various of their friends and family in England and France add to our picture of their time there but cannot be considered dependable, only suggestive. A little bit more about this period may be read in Robb (pp. 183–206) and Lefrère (pp. 521–561).

  A useful article by Angeline Goureau about the history of the Round Reading Room can be read online in The New York Times (November 9, 1997): http://www.nytimes.com/books/97/11/09/​bookend/bookend.html?

  2 Lenin’s lie is known to us via a letter dated 21 April 1902 that he wrote to the Library Director. An excellent account of the machinations surrounding his pseudonym may be read online at the website of the British Library: http://www.bl.uk/collections/easteuropean/lenin.html

  Rimbaud’s supposed pornographic misbehaviors (writing on café tables with his excrement; ejaculating on inappropriate objects) come from highly undependable anecdotes that pepper letters and diaries of various literary figures of the day. Too often, they are passed off as fact in contemporary biographies of the poet (when not distorted altogether). A fuller discussion of this unfortunate tendency to mythologize Rimbaud may be found in my “The Elaborations: Rimbaud at the Mercy of His Biographers” (Harper’s, October 2002).

 

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