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HÉSITATION

Page 18

by Stephenie Meyer

Peut-être. Un peu. J’avais une bonne excuse.

  — Nous sommes sensibles aux odeurs de sang, dans les parages. Tu peux piger ça, non ?

  — Oh ! grogna-t-il en fronçant les sourcils.

  — Je préfère rendre les choses les plus simples possibles. Edward fait déjà beaucoup d’efforts.

  — Oui, oui.

  Retirant la bonde, je vidai l’évier de son eau sale.

  — Puis-je te poser une autre question, Bella ?

  Je soupirai.

  — À quoi ça ressemble d’avoir un loup-garou pour meilleur ami ?

  Prise au dépourvu, j’éclatai de rire.

  — Cela t’angoisse-t-il ? insista-t-il.

  — Non. Et quand le loup-garou est gentil, c’est formidable.

  Son visage se fendit d’un large sourire, dévoilant des dents éclatantes.

  — Merci, Bella.

  Sur ce, il me serra dans une de ses étreintes à vous étouffer. Aussitôt après, il me relâcha et recula d’un pas.

  — Pouah ! marmonna-t-il. Tes cheveux empestent encore plus que ta chambre.

  — Excuse-moi, murmurai-je en comprenant soudain pourquoi Edward avait eu l’air si content de lui avant de quitter les lieux.

  — C’est l’un des nombreux inconvénients liés à la fréquentation des vampires. Tu sens mauvais. Mais bon, c’est un détail, par rapport au reste.

  — Je ne sens mauvais que pour toi, Jacob ! m’emportai-je.

  — À bientôt, Bella.

  — Tu t’en vas ?

  — Il n’attend que ça. Je l’entends, dehors.

  — Ah !

  — Je passe par-derrière… Hé ! Tu crois pouvoir venir à La Push aujourd’hui ? Soirée feu de camp. Emily sera là. Tu rencontreras Kim. Et Quil a envie de te revoir. Il est plutôt vexé que tu aies découvert avant lui ce qui nous arrivait.

  Cette réflexion me fit sourire à mon tour. J’imaginai très bien l’agacement de Quil à l’idée que la vieille copine humaine de son ami eût été au courant alors que lui se posait encore des tas de questions.

  — Je ne suis pas sûre, Jake. La situation est un peu délicate, en ce moment…

  — Un peu de sérieux ! Personne n’oserait défier six… six gars comme nous.

  Son hésitation me parut bizarre, comme s’il avait tout à coup du mal à prononcer le mot loup-garou, de même que j’en avais à prononcer celui de vampire. Ses yeux étaient suppliants.

  — Je vais essayer, cédai-je, sans beaucoup d’optimisme.

  — Il est aussi gardien de prison, à présent ? La semaine dernière, j’ai vu un reportage aux infos sur les ados brimés et…

  — O.K., le coupai-je en attrapant son bras. Il est temps que le loup-garou déguerpisse.

  — Salut, Bella, se marra-t-il. N’oublie pas de demander la permission !

  Il fila avant que j’aie le temps de lui jeter un objet à la figure, et je me retrouvai seule dans la pièce à enguirlander le vide. La seconde suivante, Edward entra lentement dans la cuisine, les gouttes de pluie formant des diamants dans sa chevelure cuivrée. Il paraissait sur ses gardes.

  — Vous êtes-vous disputés ? s’enquit-il.

  Je me précipitai vers lui.

  — Je suis là, chuchota-t-il en m’enlaçant. Est-ce une manœuvre de diversion ? Efficace.

  — Je ne me suis pas disputée avec lui, m’offusquai-je. Un peu chamaillée. Pourquoi ?

  — Je me demandais si tu l’avais poignardé. Non que ça me dérange.

  Du menton, il désigna le couteau posé sur le plan de travail.

  — Flûte ! Et moi qui croyais avoir tout nettoyé !

  Échappant à son étreinte, je m’empressai de poser le couvert dans l’évier et d’y verser de la Javel.

  — Je ne l’ai pas agressé, expliquai-je. Il a juste oublié qu’il tenait une lame.

  — Alors, ce n’est pas aussi drôle que ce que j’avais imaginé.

  — Sois sympa.

  — Tiens, annonça-t-il en tirant une grosse enveloppe de sa veste, j’ai relevé ton courrier.

  — Bonnes nouvelles ?

  — À mon avis, oui.

  Soupçonneuse, je m’emparai de la lettre qu’il avait pliée en deux. Tout en l’ouvrant, étonnée par le poids du papier coûteux, je déchiffrai l’adresse de l’expéditeur.

  — Dartmouth ! C’est une plaisanterie ?

  — Je suis certain que c’est une acceptation de ta candidature. J’ai reçu un courrier identique.

  — Nom d’une pipe, Edward ! Qu’as-tu encore fait ?

  — Juste envoyé ton dossier.

  — Je ne suis pas suffisamment brillante pour entrer à Dartmouth, mais je ne suis pas idiote non plus.

  — L’université semble penser que tu es digne d’intégrer ses rangs.

  Je comptai lentement jusqu’à dix.

  — Voilà qui est très généreux de leur part, repris-je. Acceptée ou non, reste le détail mineur des frais de scolarité. Je n’ai pas les moyens de payer une fac aussi prestigieuse et je refuse que tu gaspilles l’équivalent d’une voiture de sport rien que pour faire croire aux autres que je serai là-bas l’an prochain.

  — Je n’ai pas besoin d’une voiture neuve. Et tu n’es pas obligée de feindre. Une année d’université ne te tuera pas. Si ça se trouve, tu aimeras ça. Réfléchis, Bella. Imagine la joie de Charlie et Renée quand ils…

  Sa voix de velours était irrésistible. Naturellement, mon père exploserait de fierté, personne à Forks n’échapperait à l’exposé de sa satisfaction. Quant à Renée, elle serait folle de bonheur, même si elle affirmerait qu’elle s’y attendait. Je chassai cette image de ma tête.

  — Je ne suis déjà pas certaine de survivre au bac, Edward. Encore moins à l’été ou à l’automne.

  — Il ne t’arrivera rien, me rassura-t-il en m’enlaçant derechef. Tu as la vie devant toi.

  — J’ai l’intention d’expédier mes économies en Alaska demain, objectai-je. Je n’ai pas besoin d’autre alibi. Juneau est assez loin pour que Charlie n’espère pas une visite avant Noël, et j’aurai inventé une excuse d’ici là pour y échapper aussi. Tous ces secrets et ces mensonges sont vraiment pénibles, tu sais.

  — On s’habitue, rétorqua-t-il en se raidissant. Au bout de quelques décennies, tout le monde est au courant de ta mort. Problème résolu.

  Je tressaillis.

  — Désolé, s’excusa-t-il aussitôt, c’était inutilement dur.

  — Mais vrai.

  — Si je résous la situation actuelle, auras-tu au moins l’obligeance d’envisager de patienter ?

  — Non.

  — Toujours aussi têtue.

  — Oui.

  La machine à laver s’emballa avant de s’arrêter, déséquilibrée parce que j’y avais mis un seul torchon.

  — Imbécile d’engin, marmonnai-je en échappant à Edward pour la relancer. À propos, pourrais-tu demander à Alice où elle a fourré mes affaires quand elle a nettoyé ma chambre ? Je ne retrouve rien.

  — Alice a nettoyé ta chambre ?

  — Je pense, oui. Quand elle est passée chercher mon pyjama, mon oreiller et tout ce dont j’avais besoin pour les deux soirées chez vous. Elle a ramassé tout ce qui traînait par terre, corsages, chaussettes, et les a rangés je ne sais où.

  La stupeur d’Edward laissa soudain place à une rigidité cadavérique.

  — Quand t’es-tu rendu compte de ces disparitions ?

  — À mon retour, hier. Pourquoi ?

  — Je ne crois pas qu’Alice ait pris quoi que ce soit. Ni tes vêtements ni ton oreiller. Ce qui s’est volatilisé, tu l’avais porté ? Touché ? Tu avais dormi dedans ?

  — Oui… qu’y a-t-il ?

  — Ces affaires étaient imprégnées de ton odeur.

  — Oh !

  Nous nous fixâmes du regard pendant un long moment.

  — Mon visiteur, finis-je par murmurer.

  — Il rassemblait des traces… des indices. Afin de prouver qu’il t’avait trouvée…

  — Pourquoi
?

  — Aucune idée, Bella, mais je te jure que je vais le découvrir. Compte sur moi.

  J’avais appuyé ma tête contre son torse et perçus les vibrations de son téléphone, fourré dans sa poche intérieure. Il s’en saisit, identifia le numéro de son correspondant.

  — Exactement celui à qui j’avais envie de parler, marmotta-t-il. Allô, Carlisle ? Je…

  Il s’interrompit et écouta, concentré.

  — D’accord, je vais vérifier. Écoute…

  Il expliqua à son père ce que je venais de lui apprendre. Visiblement, Carlisle n’était pas en mesure de nous aider.

  — J’irai peut-être, conclut-il. Pas sûr. Ne laisse pas Emmett y aller seul, tu le connais. Qu’Alice garde l’œil ouvert. Nous essayerons d’éclaircir ça plus tard.

  Refermant le mobile, il me demanda où était le journal.

  — Je ne sais pas, pourquoi ?

  — Il faut que je vérifie quelque chose. Charlie l’a déjà lu et jeté ?

  — Aucune idée.

  Il disparut, revint une demi-seconde plus tard, de nouvelles gouttelettes dans les cheveux, le journal mouillé entre les mains. Il l’étala sur la table, parcourut rapidement les gros titres. Penché en avant, il posa le doigt sur un passage qui avait retenu son attention.

  — Carlisle a raison… hum… négligent, oui. Jeune et fou ? Suicidaire ?

  Je m’approchai pour lire par-dessus son épaule. La une du Seattle Times proclamait : « L’épidémie de meurtres se poursuit, la police n’a aucune piste. » L’article relatait grosso modo l’histoire qu’avait évoquée Charlie quelques semaines auparavant, à propos de la violence qui sévissait dans les grandes villes et propulsait Seattle au rang de championne nationale des assassinats. La seule différence, c’est que le nombre de victimes avait considérablement augmenté.

  — De pire en pire, chuchotai-je.

  — Aucun contrôle, grommela Edward. Il est impossible que ce soit l’œuvre d’un seul vampire nouveau-né. Que se passe-t-il ? À croire qu’ils n’ont jamais eu vent des Volturi. Ce qui est envisageable, remarque. Personne ne leur a expliqué les règles… mais qui les a créées, dans ce cas ?

  — Les Volturi, répétai-je en frissonnant.

  — C’est le genre d’ennuis qu’ils traitent au quotidien, ces immortels qui menacent de nous exposer. Ils ont fait le ménage lors d’événements semblables qui se sont déroulés à Atlanta il y a quelques années, alors que les dérapages n’étaient pas aussi flagrants. Ils ne vont pas tarder à intervenir, très vite, même, sauf si nous trouvons un moyen de calmer le jeu. Je préférerais qu’ils ne débarquent pas à Seattle maintenant. Vu la proximité, ils risqueraient de venir ici afin de vérifier si toi et moi avons respecté notre parole.

  — Que pouvons-nous faire ?

  — Nous devons en découvrir plus avant de prendre une décision. Si nous réussissons à discuter avec ces jeunes, à leur expliquer nos lois, les choses s’arrangeront en douceur.

  Il plissa le front, peu convaincu apparemment.

  — Attendons qu’Alice ait une meilleure idée de ce qui se passe. Inutile de nous en mêler si ce n’est pas nécessaire. Après tout, cette responsabilité ne nous incombe pas. Heureusement que nous avons Jasper, cependant. Il ne sera pas de trop s’il s’agit effectivement de jeunes vampires.

  — Comment ça ?

  — Il est une sorte d’expert en la matière, lâcha Edward avec un demi-sourire sans joie.

  — Précise.

  — Il t’expliquera lui-même. C’est lié à son histoire.

  — Quel bazar ! soupirai-je.

  — N’est-ce pas ? J’ai l’impression que tout nous tombe sur la tête en même temps. Tu ne crois pas que ta vie aurait été plus simple si tu ne t’étais pas amourachée de moi ?

  — Ce ne serait pas une vie.

  — Pas pour moi en effet. Bon, à présent, tu as une question à me poser, non ?

  — Pardon ? m’étonnai-je.

  — Tiens, tiens… j’avais cru comprendre que tu avais promis de demander la permission de te rendre à une espèce de soirée entre loups-garous.

  — Tu as encore écouté aux portes, toi !

  — Presque pas, rigola-t-il. Juste à la fin.

  — J’avais renoncé à aborder le sujet, de toute façon. Inutile d’ajouter à ton stress.

  Me prenant par le menton, il releva ma tête pour me regarder droit dans les yeux.

  — Tu as envie d’y aller ?

  — Ce n’est pas grand-chose. Oublie.

  — Tu n’as pas à solliciter mon autorisation, Bella. Je ne suis pas ton père, heureusement d’ailleurs. C’est à lui que tu devrais t’adresser.

  — Charlie sera toujours d’accord, je ne t’apprends rien.

  — Je reconnais que je devine comme personne ce qu’il a dans le crâne.

  Je le fixai sans ciller, cherchant à deviner ce qu’il voulait, repoussant mon désir de me rendre à cette fête, refusant de me laisser influencer par ce que je souhaitais. Traîner en compagnie d’une bande de grands imbéciles à moitié loups relevait du caprice, alors que tant d’événements affolants et inexpliqués se déroulaient. Certes, c’était la raison même de mon vœu d’aller là-bas — échapper aux menaces, ne serait-ce que pendant quelques heures, cesser d’être mature un moment, redevenir la Bella insouciante qui était capable de rire avec Jacob. Cela ne devait pas entrer en ligne de compte cependant.

  — Bella, enchaîna Edward, je t’ai promis de me montrer raisonnable et de me ranger à ton jugement. Je suis sincère. Si tu fais confiance aux loups-garous, je ne m’inquiéterai pas.

  — Eh bien ! marmonnai-je, aussi surprise que la veille au soir.

  — Jacob a raison, sur un point au moins. Sa meute devrait suffire à te protéger l’espace d’une soirée.

  — Tu ne me mens pas, là ?

  — Non. Sauf que… ne m’en veux pas si je prends quelques précautions, d’accord ? Autorise-moi à te conduire jusqu’à la frontière de nos territoires, pour commencer. Équipe-toi aussi d’un portable, de manière à ce que je sache quand revenir te chercher.

  — Ça semble… raisonnable.

  — Parfait.

  Il sourit, et je ne détectai nulle trace d’appréhension dans ses prunelles pareilles à des bijoux.

  Charlie n’objecta pas au projet, ce qui ne surprit personne. Jacob roucoula de bonheur lorsque je l’appelai pour l’en informer et il accepta de bonne grâce les conditions d’Edward. Il convint de nous retrouver à dix-huit heures sur le périmètre de la réserve.

  Après mûre réflexion, j’avais décidé de ne pas vendre ma moto et de la rapporter à La Push, l’endroit où elle devait être, d’après moi. Lorsque je n’en aurais plus l’usage, je persuaderais Jacob de s’en séparer. Qu’il la cède ou l’offre à un ami, cela ne me concernerait plus. Autant profiter de la soirée pour ramener l’engin au garage de mon ami. Je n’étais pas d’humeur à remettre au lendemain les tâches qui m’incombaient, y compris les plus anodines, dans la mesure où chaque jour prenait des allures de dernière chance. Edward se borna à acquiescer quand je lui expliquai ce que je voulais, même si je décelai une lueur de consternation dans ses yeux. À l’instar de Charlie, il n’était guère heureux de me savoir perchée sur une moto.

  Je le suivis dans ma camionnette jusque chez lui, où j’avais abandonné la machine. Ce ne fut qu’en descendant de voiture que je compris que sa réaction n’était peut-être pas seulement liée à ma sécurité. Écrasant mon antique bécane de sa majesté, un autre engin encombrait le garage. Énorme, argenté, il paraissait rapide, même à l’arrêt, et n’avait aucune commune mesure avec ma pétrolette.

  — Qu’est-ce que c’est que ce machin ? m’écriai-je.

  — Rien, marmonna Edward.

  — Excuse-moi ?

  Il afficha une expression décontractée, bien décidé à désamorcer ma colère.

  — Comme j’ignorais si tu pardonnerais à ton ami et comme je me demandais si tu aurais toujours envie de faire de la moto, j�
�ai pensé que je pourrais t’accompagner. Au cas où. Tu sembles aimer cela.

  — Tu m’aurais semée sur place.

  — J’aurais maîtrisé ma vitesse.

  — Tu te serais ennuyé.

  — Bien sûr que non, puisque j’aurais été avec toi.

  Il me sourit, tentant de me dérider, tandis que je me mordillais les lèvres.

  — Admettons, maugréai-je. Juste un truc, cependant. Si tu avais estimé que je roulais trop vite, si tu avais craint que je ne perde le contrôle de la machine, comment aurais-tu réagi ?

  Il hésita, chercha la réponse adéquate. Or, je la connaissais déjà — il se serait débrouillé pour me sauver avant qu’il ne m’arrive un accident. Son sourire s’élargit, mais ses prunelles prirent une lueur circonspecte.

  — Cette activité est réservée à Jacob, murmura-t-il enfin. D’accord.

  — Lui et moi sommes sur la même longueur d’onde, dans ce domaine. Certes, toi et moi pourrions…

  — Oublie. J’ai remarqué que Jasper avait contemplé la chose avec grand intérêt. Il est sans doute temps qu’il découvre un nouveau mode de transport. Maintenant qu’Alice a sa Porsche…

  — Edward, je…

  Il m’interrompit d’un baiser furtif.

  — Oublie, je te répète. En revanche, j’ai une requête.

  — Tout ce que tu voudras.

  Me lâchant, il se pencha de l’autre côté de l’énorme moto rutilante pour attraper deux objets qu’il y avait entreposés. L’un était noir et sans forme, l’autre rouge vif et parfaitement identifiable.

  — S’il te plaît, chuchota-t-il.

  — J’aurai l’air idiot, répondis-je en contemplant le casque rouge qu’il avait fourré dans mes bras.

  — Mais non. Juste assez intelligente pour te protéger comme il se doit. Je tiens tant à toi que j’aimerais que tu prennes soin de ton corps.

  — Bien. Et ça, qu’est-ce que c’est ?

  En s’esclaffant, il déplia un blouson en cuir rembourré.

  — J’ai entendu dire que s’éplucher sur le goudron était douloureux.

  Levant les yeux au ciel, j’enfilai le casque puis m’engonçai dans le vêtement. J’eus l’impression d’être raide comme la justice.

  — Sois honnête, grognai-je, je suis hideuse, hein ?

  Edward recula et réprima son hilarité.

 

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