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HÉSITATION

Page 21

by Stephenie Meyer


  Le vieux Quil s’interrompit et soupira. Un instant, ses prunelles noires profondément enfoncées dans les rides de son visage parurent se poser sur moi.

  — Il y en a tant, à présent, continua-t-il, que la tribu a dû développer une meute grande comme jamais depuis l’époque de Taha Aki. Les fils de notre peuple sont contraints de supporter à nouveau le fardeau et le sacrifice de leurs pères.

  Un silence s’installa qui dura longtemps. Les héritiers de la magie et des légendes se contemplaient au-dessus du feu, leurs regards pleins de tristesse. Tous, sauf un.

  — Fardeau, tu parles ! bougonna Quil. Moi, je trouve ça chouette.

  De l’autre côté du brasier qui mourait lentement, Seth Clearwater, les traits empreints d’une adulation sans borne pour la fraternité des protecteurs de la tribu, acquiesça. Billy émit un petit rire, et la magie du moment sembla se dissoudre dans les braises rouges. Soudain, nous ne fûmes plus qu’un cercle d’amis. Jared lança un caillou vers Quil, et tout le monde s’esclaffa quand le garçon sursauta. Les conversations murmurées, moqueuses et décontractées, reprirent leur cours.

  Leah n’ouvrit pas les paupières. Il me sembla distinguer un éclat brillant sur sa joue, telle une larme, mais cela fut furtif. Ni Jacob ni moi ne nous exprimâmes. Il était si immobile, sa respiration était si profonde et régulière, que je le crus presque endormi. Je flottais à mille années d’ici. Je ne songeais pas à Yaha Uta ni aux autres loups, ni à la somptueuse femelle Sang-froid que je me représentais trop bien. Non, je pensais à quelqu’un qui n’avait pas été touché par la magie. J’essayais d’imaginer le visage de l’épouse sans nom qui avait sauvé son peuple. Une humaine, rien que cela, sans dons ni pouvoirs particuliers, physiquement plus faible et plus lente que chacun des êtres mythiques de l’histoire. Elle avait pourtant été la solution. Elle avait permis d’épargner les vies de son mari, de ses jeunes fils, de sa tribu. Je regrettais que son nom eût été oublié…

  On me secoua par le bras.

  — Coucou, Bella, nous y sommes, murmura Jacob à mon oreille.

  Je clignai des yeux, en pleine confusion. Le feu s’était éteint, apparemment. Je fixai l’obscurité en m’efforçant de me repérer. Il me fallut une minute pour m’apercevoir que je ne me trouvais plus sur la falaise. Jacob et moi étions seuls. Son bras s’enroulait toujours autour de mes épaules, mais j’avais quitté le sol. Comment diable étais-je montée dans sa voiture ?

  — Oh, flûte ! me lamentai-je en comprenant que je m’étais assoupie. Quelle heure est-il ? Où est passé ce fichu téléphone ?

  Je fouillai frénétiquement mes poches.

  — Du calme. Il n’est pas encore minuit, et je l’ai déjà appelé. Tiens, regarde. Il nous attend.

  — Minuit ? répétai-je comme une sotte.

  Je scrutai la nuit, et mon pouls s’accéléra quand, ma vision s’étant habituée aux ombres, j’identifiai la Volvo, à une trentaine de mètres de nous. Je posai la main sur la poignée de la portière.

  — N’oublie pas ça, me dit Jake en me tendant le portable.

  — Tu as prévenu Edward à ma place ?

  — J’ai songé qu’en me comportant bien j’aurais plus d’occasions de te revoir, sourit-il.

  — Merci, chuchotai-je, émue. Et merci de m’avoir invitée ce soir. C’était… quelque chose.

  — Tu ne m’as même pas vu avaler une vache, s’esclaffa-t-il. Je suis heureux que ça t’ait plu. Pour moi, c’était bien, que tu sois là.

  Un mouvement rompit la quiétude de la pénombre, une silhouette fantomatique hantant les arbres. Faisait-il les cent pas ?

  — Il n’est pas très patient, hein ? murmura Jacob qui l’avait également remarqué. Vas-y. Mais reviens-moi vite, d’accord ?

  — Promis.

  J’ouvris la portière, l’air froid déclencha mes frissons.

  — Dors bien, Bella. Ne t’inquiète pas, je monterai la garde cette nuit.

  — Non, Jake, repose-toi. Je ne risque rien.

  — Oui, oui, éluda-t-il sur un ton paternaliste.

  — Bonne nuit, merci.

  — Bonne nuit.

  Je filai. Edward m’accueillit sur la frontière invisible.

  — Enfin ! souffla-t-il, soulagé.

  Ses bras m’enlacèrent fermement.

  — Salut, désolée d’être là si tard. Je me suis assoupie, et…

  — Je sais, Jacob m’a tout expliqué. Si tu es fatiguée, je te porte.

  — Ça va.

  — Rentrons te mettre au lit. Tu as passé un moment agréable ?

  — Oui, formidable. Je regrette que tu n’aies pu assister à cela. Le père de Jake nous a raconté leurs légendes, c’était… magique. Il n’y a pas d’autre mot.

  — Tu m’en reparleras. Après quelques bonnes heures de sommeil.

  — Ce ne sera pas pareil.

  Un bâillement m’échappa. Ouvrant ma portière, il m’installa sur le siège avant et boucla ma ceinture à ma place. Des phares éblouissants balayèrent la voiture, et j’agitai la main en direction de la voiture de Jacob. Je ne suis pas certaine qu’il me vit.

  Cette nuit-là, après avoir franchi le barrage paternel — mais Charlie ne me disputa pas, car Jacob l’avait également prévenu —, je ne me couchai pas tout de suite. Penchée par la fenêtre, j’attendis le retour d’Edward. Il faisait un froid étonnant pour la saison, presque hivernal. Je n’en avais pas du tout souffert sur la falaise venteuse, plus à cause de la proximité de Jacob que du feu, sans doute. Il se mit à pleuvoir, des gouttes glacées s’écrasèrent sur mes joues.

  L’obscurité était trop épaisse pour distinguer autre chose que les triangles noirs des épicéas qui s’agitaient dans le vent. Une silhouette pâle se détachait sur les ténèbres… ou était-ce les contours flous d’un loup énorme ? Mes yeux étaient trop faibles pour le deviner.

  Brusquement, Edward fut tout à côté de moi. Il se glissa dans la pièce, les mains encore plus gelées que la pluie.

  — Jacob est dans les parages ? demandai-je en frissonnant quand il me prit dans ses bras.

  — Oui. Esmé rentre à la maison.

  — Le temps est tellement épouvantable, soupirai-je. Cette surveillance est idiote.

  — Tu es la seule à souffrir du froid, Bella, rit-il.

  J’en souffris également en rêve, peut-être parce que je m’étais endormie dans l’étreinte d’Edward. Je songeai que j’étais en pleine tempête, des bourrasques fouettant mes cheveux, qui se plaquaient contre mon visage et m’aveuglaient. J’étais sur le croissant de First Beach, une des plages de la réserve, et je m’efforçais d’identifier ce qu’étaient les ombres mouvantes et rapides que je distinguais mal dans la faible lueur qui baignait la grève. D’abord, ce ne furent que des éclats de blanc et de noir, qui se jetaient l’un sur l’autre, reculaient en dansant. Puis, comme si la lune avait brutalement émergé de derrière les nuages, je compris.

  Sa chevelure dorée et humide lui tombant dans le dos, Rosalie se ruait vers un énorme loup au museau argenté que je reconnus comme Billy Black. Je voulus courir, ne réussis à me déplacer qu’avec la lenteur des rêveurs ; je criai, le vent arracha mes paroles. J’agitai les bras pour attirer l’attention des combattants. Quelque chose dans ma main luit, et je découvris que je tenais un long couteau ancien et couleur argent, dont la lame était ternie par un sang noir et sec.

  Je tressaillis, ouvris les yeux sur l’obscurité de ma chambre. J’enfouis ma tête dans le torse d’Edward, consciente que la douce odeur de sa peau chasserait le cauchemar avec une efficacité sans pareille.

  — Je t’ai réveillée ? chuchota-t-il.

  Un bruissement de papier résonna, des pages qu’on feuilletait, suivi par le faible écho d’un objet léger qui tombait sur le plancher.

  — Non, marmonnai-je en soupirant de bonheur. J’ai fait un mauvais rêve.

  — Tu souhaites en parler ?

  — Trop fatiguée. Demain matin, peut-être. Si je m’en souviens.

  Un rire silencieux le secou
a.

  — D’accord.

  — Que lisais-tu ?

  — Les Hauts de Hurlevent.

  — Je croyais que tu ne l’aimais pas ?

  — Il traînait dans le coin, répondit-il de sa voix caressante, berceuse me ramenant vers le sommeil. Et puis, plus je passe de temps avec toi, plus les émotions humaines me deviennent compréhensibles. J’ai découvert que j’étais capable de compassion envers Heathcliff, alors que je ne pensais pas cela possible.

  — Hmm…

  Il ajouta quelque chose, je dormais déjà.

  Le lendemain, le ciel était gris perle. Edward m’interrogea sur mon rêve, je ne réussis pas à le raviver. Seule subsistait l’impression de froid que j’avais éprouvée. Et mon plaisir à ce que mon amour eût été présent quand je m’étais réveillée. Il m’embrassa, assez longtemps pour affoler mon cœur, puis rentra chez lui afin de se changer et de récupérer sa voiture.

  Je m’habillai rapidement, encore perplexe de l’intrusion à laquelle ma garde-robe avait été soumise. Agacée aussi, car je n’avais plus rien à me mettre. La peur l’emportait sur ma contrariété, toutefois.

  Je m’apprêtais à descendre prendre mon petit déjeuner quand je remarquai mon vieil exemplaire des Hauts de Hurlevent, ouvert par terre, à l’endroit où Edward l’avait laissé tomber, la couverture fatiguée marquant le passage où il avait interrompu sa lecture.

  Je m’en emparai, curieuse, cherchant à me rappeler ce qu’il avait dit. Il avait parlé de compassion pour Heathcliff. Peu vraisemblable. Sûrement un autre rêve. Trois mots attirèrent mon regard, et je me penchai sur le paragraphe. Ces lignes du chapitre quatorze, prononcées par Heathcliff m’étaient bien connues.

  C’est là tout ce qui nous sépare : eût-il été à ma place et moi à la sienne, et bien que je l’aie haï d’une haine qui a teinté ma vie d’amertume, jamais je n’aurais levé la main sur lui. Vous semblez sceptique, soit. Jamais pourtant je ne l’aurais séparé d’elle tant qu’elle souhaitait qu’il fût là. Du jour où ce désir aurait cessé, cependant, je lui aurais arraché le cœur, j’aurais bu son sang ! Mais jusque-là — si vous ne me croyez pas, c’est que vous ne me connaissez pas —, jusque-là, j’aurais préféré mourir peu à peu plutôt que de toucher à un seul de ses cheveux !

  Les mots qui avaient accroché mon regard étaient « bu son sang ».

  Je frissonnai.

  Oui, j’avais sûrement rêvé la phrase d’Edward à propos des aspects positifs de Heathcliff. Et cette page n’était sans doute pas celle qu’il avait lue. Le livre pouvait fort bien s’être ouvert de lui-même.

  12

  Le temps

  — J’ai vu…, me lança Alice d’une voix menaçante.

  Son frère voulut lui donner un coup de coude dans les côtes, elle l’évita lestement.

  — Edward m’oblige à t’en parler, insista-t-elle, mécontente, mais j’ai vu que tu serais pénible si je te prenais par surprise.

  Nous regagnions la voiture après notre journée de cours.

  — Tu veux bien t’exprimer en anglais ? ripostai-je, n’ayant pas la moindre idée de ce dont elle parlait.

  — Avant, je te prie de ne pas faire l’enfant. Pas de crise, s’il te plaît.

  — Tu m’inquiètes, là.

  — Figure-toi que tu vas, ou plutôt que nous allons organiser une petite fête de fin d’année. Rien d’extraordinaire, donc pas d’affolement. J’ai vu que tu paniquerais si je me risquais à ne pas t’en avertir au préalable, et Edward m’a ordonné de te prévenir. (Elle s’esquiva quand son frère tenta d’ébouriffer ses cheveux.) En tout cas, ce sera tout simple, je te le jure.

  — J’imagine que mes protestations n’y changeront rien, n’est-ce pas ? soupirai-je.

  — En effet.

  — D’accord, Alice. J’y serai. Et je détesterai ça du début à la fin. Je te le jure.

  — Je n’en attendais pas moins de ta part ! À propos, j’adore mon cadeau. Tu n’aurais pas dû.

  — Je ne t’ai encore rien acheté !

  — Ça ne va pas tarder.

  Intriguée, je me creusai les méninges en tâchant de me rappeler sur quel présent de fin d’année j’avais arrêté mon choix.

  — Je n’en reviens pas, marmonna Edward. Comment un être aussi chétif peut-il être aussi agaçant ?

  — Le talent, mon cher, le talent ! s’esclaffa sa sœur.

  — Tu n’aurais pas pu attendre quelques semaines pour m’annoncer la nouvelle ? m’emportai-je. Maintenant, je vais être stressée pendant encore plus longtemps.

  — Bella, sais-tu quel jour nous sommes ? répliqua-t-elle, perplexe.

  — Lundi ?

  — Oui, lundi ! s’énerva-t-elle. Lundi quatre juin.

  Me prenant par le coude, elle me fit virevolter et désigna une grande affiche jaune scotchée sur la porte du gymnase. La date de remise des diplômes s’y étalait en lettres grasses. D’ici une semaine exactement.

  — Le quatre juin ? répétai-je. Tu es sûre ?

  Ni elle ni Edward ne se donnèrent la peine de relever. Alice se borna à secouer la tête avec une tristesse et une déception feintes, Edward à sourciller.

  — Ce n’est pas possible ! m’entêtai-je. Comment cela a-t-il pu se produire ?

  Je m’efforçai de faire le compte des jours passés, en vain. Ils avaient filé sans que je ne m’en rendisse compte. J’eus l’impression d’avoir les jambes coupées. Avec ces semaines d’angoisse et de tension, mon obsession du temps n’avait pas empêché que celui-ci m’échappât et que me fût ôté le loisir de l’organiser, de tracer des plans sur la comète. J’avais été volée de mon temps.

  Or, je n’étais pas prête.

  Comment dire au revoir à Charlie et Renée ? À Jacob ? À mon humanité ? Je savais certes ce que je voulais, j’étais cependant terrifiée à l’idée de l’obtenir. J’aspirais à troquer mon statut de mortelle pour celui d’immortelle, puisque c’était la seule façon de rester à jamais auprès d’Edward. Sans compter que des ennemis, connus et inconnus, me traquaient. Autant éviter de m’offrir, proie succulente et impuissante. Bref, en théorie, mes choix avaient un sens. En pratique… je ne connaissais que l’humanité. Le futur qui se dessinait au-delà était un grand abysse noir que je ne découvrirais qu’après y avoir plongé.

  La simple nouvelle de la date, si évidente que mon inconscient l’avait effacée, donnait à l’ultimatum que j’avais espéré avec tant d’impatience des allures de rendez-vous devant le peloton d’exécution.

  Ce fut dans un brouillard vague que je vis Edward me tenir la portière de la Volvo, que j’entendis Alice jacasser depuis la banquette arrière, que je perçus la pluie qui tambourinait sur le pare-brise. Edward parut se rendre compte que je n’étais plus avec eux. Il ne tenta pas de me ramener à la réalité. Ou s’il le fit, je ne m’en aperçus pas.

  Nous arrivâmes devant chez moi. Il m’entraîna vers le canapé et m’attira dans ses bras. Je fixais la fenêtre, la brume liquide et grise à l’extérieur, tout en m’efforçant de comprendre à quel moment ma résolution m’avait désertée. Pourquoi cédais-je à l’affolement ? Pourquoi maintenant ? J’avais su que l’échéance fatale approchait. Pour quelle raison me terrifiait-elle, à présent qu’elle était là ? J’ignore combien de temps Edward me laissa ainsi me perdre dans le spectacle de l’averse sans mot dire. L’obscurité s’installait quand il finit par craquer.

  — Aurais-tu l’obligeance de me confier à quoi tu penses ? Avant que je ne m’énerve.

  Que pouvais-je répondre ? Que j’étais une froussarde ? J’hésitai sur les termes.

  — Tes lèvres sont toutes blanches, Bella. Parle.

  Je soufflai un bon coup. Depuis combien de minutes retenais-je ma respiration ?

  — La date d’aujourd’hui m’a désarçonnée, chuchotai-je. C’est tout.

  Il patienta, à la fois soucieux et sceptique.

  — Je ne sais trop que faire… que raconter à Charlie… comment expliquer…

  — Cela ne concern
e pas la fête ?

  — Non, même si tu aurais pu t’éviter de me rappeler ce détail.

  Dehors, la pluie redoubla, tandis qu’il scrutait mes traits.

  — Tu n’es pas prête, chuchota-t-il enfin.

  — Si, mentis-je par réflexe. Je n’ai pas le choix, ajoutai-je, devinant qu’il lisait en moi comme dans un livre.

  — Rien ne t’y oblige.

  — Victoria, Jane, Caïus, l’inconnu qui a pénétré dans ma chambre… tout cela m’y contraint.

  — Non, ce sont autant de raisons d’attendre.

  — Tu n’es pas logique, Edward !

  Saisissant mon visage entre ses mains — il dut déchiffrer l’angoisse qui imprégnait mes yeux —, il s’exprima avec une lenteur délibérée.

  — Écoute-moi, Bella. Aucun de nous n’a décidé de son sort. Tu as constaté le résultat… surtout chez Rosalie. Tous, nous avons lutté pour nous réconcilier avec une nature sur laquelle nous n’avions pas de contrôle. Je refuse que tu subisses une telle épreuve. Toi, je veux que tu aies vraiment le choix.

  — J’ai déjà choisi.

  — Tu ne te résoudras pas à cela sous prétexte qu’une épée de Damoclès est suspendue au-dessus de ta tête, je l’interdis. Nous allons régler ce problème, et je prendrai soin de toi. Cela terminé, si rien ne te force la main, tu décréteras ou non de me rejoindre. Mais pas parce que tu auras peur. Personne ne t’obligera à cela.

  — J’ai déjà la promesse de Carlisle, bougonnai-je, aiguillonnée par mon esprit de contradiction habituel. Après le bac.

  — Il ne fera rien tant que tu ne seras pas prête, assena-t-il avec certitude. Et rien non plus tant que tu te sentiras menacée.

  Je gardai le silence, car j’étais peu encline aux disputes, ce soir-là. Je n’en avais pas l’énergie. Edward m’embrassa sur le front.

  — Ça va aller, murmura-t-il. Il n’y a pas de quoi s’inquiéter.

 

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