HÉSITATION

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HÉSITATION Page 42

by Stephenie Meyer


  — Elle ne t’aime pas, reprit Edward avec des intonations hypnotiques. Elle ne t’a jamais aimé. Elle en aimait un autre, James, et tu n’es qu’un outil pour elle.

  Au nom de James, Victoria retroussa ses lèvres sur ses crocs sans pour autant me quitter des yeux. Riley lui jeta un regard éperdu. Mais Edward l’appela, et il tourna aussitôt la tête vers lui.

  — Elle ne doute pas que je vais te tuer, Riley. Elle souhaite que tu meures, de façon à ne plus être obligée de jouer la comédie. Tu l’as deviné, n’est-ce pas ? Tu as lu ses réticences dans ses yeux, tu as soupçonné les fausses notes dans ses promesses. Tu avais raison. Elle ne t’a jamais désiré. Chaque baiser, chaque caresse ont été des leurres.

  Une fois encore, Edward bougea, s’approchant à peine de son ennemi, s’écartant à peine de moi. Les prunelles de Victoria se portèrent sur l’espace qui nous séparait. Elle mettrait moins d’une seconde à me tuer, il lui suffisait juste d’une ouverture. Plus lentement cette fois, Riley se repositionna lui aussi.

  — Rien ne te force à mourir, continua Edward. Il existe d’autres façons de vivre que celles qu’elle t’a inculquées. Tout n’est pas que mensonges et sang, Riley. Tu peux encore partir. Tu n’es pas obligé de te sacrifier pour elle.

  Edward se déplaça derechef, mettant trente centimètres entre lui et moi. Le jeune vampire réagit aussitôt, mais alla trop loin. Victoria se pencha en avant.

  — C’est ta dernière chance, Riley, murmura Edward.

  Le garçon chercha un conseil auprès de sa maîtresse.

  — C’est lui le menteur, décréta-t-elle. Je t’ai parlé de leurs ruses. Tu sais bien que je n’aime que toi.

  Sa voix me surprit. Elle n’était pas le grondement félin, sauvage et puissant que j’avais associé à sa posture et à son visage, mais un doux soprano, pareil au gazouillis d’un enfant. On imaginait en l’entendant des boucles blondes et des joues roses. Échappée des dents luisantes, cette voix perdait tout sens.

  Riley serra les mâchoires et carra les épaules. Ses iris se vidèrent de leur doute, de leur égarement, de toute réflexion. Il se tendit, prêt à bondir. Le corps de Victoria se mit à trembler sous l’effet de la tension. Ses doigts pareils à des griffes attendaient l’instant où Edward s’écarterait un peu plus.

  Tout à coup, un grognement résonna, qui n’émanait d’aucun des vampires, et une silhouette énorme vola au milieu de nous, sautant à la gorge de Riley.

  — Non ! hurla la rouquine de sa voix de bébé.

  À un mètre et demi de moi, le loup déchirait le corps de son adversaire. Une chose blanche et dure alla frapper les rochers à mes pieds, et je reculai. Victoria n’accorda pas un regard au garçon dont elle venait pourtant d’affirmer qu’elle l’aimait. Ses prunelles ne m’avaient pas quittée, empreintes d’une déception si féroce qu’elle lui donnait un air fou.

  — Non, répéta-t-elle, cependant qu’Edward s’interposait entre elle et moi.

  Riley s’était relevé, hagard et comme difforme, ce qui ne l’empêcha pas d’expédier un coup de pied vicieux dans l’épaule de Seth. J’entendis les os craquer, le loup fit retraite en boitillant. Riley avait écarté les bras, il lui manquait une partie de la main. À quelques mètres de là, Edward et Victoria dansaient comme des lutteurs. Pas en cercle cependant, car lui s’arrangeait pour qu’elle ne pût approcher de moi. Elle tentait de trouver une fissure dans la défense qu’il lui opposait, mais il répondait à chacun de ses pas avec une concentration infaillible.

  Seth attaqua Riley sur le flanc, et un déchirement abominable retentit tandis qu’un autre débris blanc volait vers la forêt. Le nouveau-né poussa un rugissement de fureur, et l’animal recula, étonnamment léger pour sa taille, cependant que l’autre lançait son bras mutilé dans sa direction.

  Victoria avait regagné les arbres en lisière de notre campement. Elle hésitait, partagée entre son envie de sauver sa peau et celle de m’assassiner, ses yeux revenant sans cesse sur moi, comme aimantés. L’instinct de survie et l’envie de tuer se le disputaient en elle, je le remarquai, tout comme Edward.

  — Ne t’en va pas, Victoria, murmura-t-il sur le même ton hypnotique. Tu tiens une chance qui ne se représentera pas.

  Elle cracha et montra les dents, sembla toutefois incapable de se décider.

  — Tu t’enfuiras plus tard, ronronna Edward. Tu auras largement le temps. Parce que c’est cela, ton talent, hein ? C’est la raison pour laquelle James te gardait à ses côtés. Pratique, quand on joue avec la mort, une partenaire dotée d’un instinct infaillible quand il s’agit de s’éclipser. Il n’aurait pas dû te laisser. Tes dons lui auraient été très utiles, lorsque nous l’avons attrapé, à Phoenix.

  Un grognement lui répondit.

  — Malheureusement, tu ne représentais guère plus, à ses yeux. Quelle bêtise de gaspiller autant d’énergie à venger un homme qui avait moins d’affection pour toi qu’un chasseur pour sa monture. Tu n’as jamais été qu’un objet utile. Tu ne me tromperas pas là-dessus.

  Il tapota sa tempe. Poussant un cri étranglé, Victoria bondit tout en exécutant une feinte latérale. Edward ne s’y laissa pas prendre, et la danse recommença de plus belle.

  À cet instant, Riley toucha le flanc de Seth, qui émit un jappement sourd. Il recula, secouant ses épaules, comme s’il essayait de chasser la douleur. J’aurais voulu supplier le vampire blond, lui dire qu’il se battait contre un enfant. Malheureusement, j’étais hors d’état de parler. Pourquoi, pourquoi, grands dieux, Seth ne s’était-il pas enfui ? Pourquoi ne s’enfuyait-il pas maintenant ? De nouveau, Riley rétrécit la distance les séparant, ramenant son ennemi contre la falaise, près de moi. Victoria sembla soudain s’intéresser au sort de son compagnon, et je la vis jauger l’espace entre lui et moi. Seth claqua des mâchoires, forçant Riley à faire machine arrière, Victoria en siffla de dépit. Le loup ne boitait plus. Ses mouvements le portèrent près d’Edward, sa queue effleura son dos. La rouquine parut ahurie.

  — Non, expliqua Edward en se servant de la distraction subite de Victoria pour avancer, il ne m’attaquera pas. Tu nous as fourni un adversaire commun. Tu as réussi à nous rendre alliés.

  Serrant les dents, elle s’obligea à rester concentrée sur le seul Edward.

  — Observe mieux, Victoria, la défia-t-il, poussant plus le pion de la diversion. Est-il si semblable au monstre que James a pourchassé à travers toute la Sibérie ?

  Elle écarquilla de grands yeux, son regard papillonnant d’Edward à Seth puis à moi, encore et encore.

  — Ce n’est pas le même ? gronda-t-elle. Impossible !

  — Rien n’est jamais impossible, murmura Edward de sa voix veloutée. Sauf ce que tu cherches ici. Tu ne toucheras pas un des cheveux de Bella.

  Elle secoua la tête, luttant contre les voies où il l’entraînait, puis essaya de le feinter, en vain, puisqu’il devinait ses intentions sitôt qu’elle les pensait. Furieuse, elle grimaça et se ramassa sur elle-même, lionne encore une fois, qui avança délibérément vers lui. Victoria n’était pas un nouveau-né sans expérience, guidé par son seul instinct. Elle était dangereuse. Même moi, je décelais la différence entre elle et Riley, et je devinais que Seth n’aurait pas tenu longtemps face à un vampire de cette trempe. Edward adopta la même position qu’elle, lion affrontant la lionne. Leur danse s’accéléra. Ils me rappelèrent Alice et Jasper dans la prairie, ensemble de mouvements fluides et flous, si ce n’est que cette sarabande ne relevait pas d’une chorégraphie aussi perfectionnée. Des bruits de cassures, des craquements rebondissaient sur la falaise quand l’un d’eux commettait une erreur. Hélas, ils se déplaçaient trop rapidement pour que je puisse voir lequel était faillible…

  Distrait par ce ballet violent, Riley suivait sa compagne avec des yeux anxieux, et Seth en profita pour lui arracher un autre lambeau de corps. Le nouveau-né hurla et réagit en abattant un poing massif dans le torse du loup, qui décolla à trois mètres du sol avant de percuter la falaise derrière moi avec une force qui sembla ébr
anler toute la montagne. J’entendis l’air quitter ses poumons et me baissai quand il rebondit sur les pierres et s’écrasa à mes pieds. Un faible gémissement lui échappa.

  Des éclats de roche dégringolèrent sur ma tête, égratignant ma peau. L’un d’eux, en forme d’épieu, roula le long de mon bras droit, et je m’en saisis automatiquement, mue par l’instinct de survie. Aussi vain que soit ce geste, j’étais prête à lutter, puisque la fuite était exclue. L’adrénaline s’activa dans mes veines. L’attelle coupait ma paume, la fissure de mes jointures protestait. J’en avais conscience, ne ressentais aucune souffrance cependant.

  Au-delà de Riley, je ne distinguais qu’un tourbillon orange et blanc — cheveux de Victoria et peau d’Edward. La multiplication et l’accélération des chocs aux résonances métalliques, des claquements de dents, des déchirures, des sifflements et des halètements indiquaient que le combat tournait au désavantage de l’un des lutteurs. Lequel, cependant ? Riley se rua sur moi, ses prunelles rouges luisant de rage. Il toisa l’amas affaissé de fourrure couleur sable qui nous séparait, et ses mains brisées et mutilées se muèrent en griffes. Il ouvrit une grande bouche aux dents étincelantes, à deux doigts d’égorger Seth.

  Une deuxième montée d’adrénaline me secoua comme une décharge électrique et, soudain, tout fut clair : les deux combats étaient trop égaux. Seth allait perdre le sien, et j’ignorais ce qu’il en était d’Edward. Ils avaient besoin d’aide. D’une diversion. De quelque chose pour les soulager. J’agrippai mon épieu avec tant de violence qu’un des étais de mon attelle se rompit. Serais-je assez forte ? Assez courageuse ? Jusqu’à quel point pouvais-je enfoncer le morceau de roche dans mon corps ? Cela donnerait-il assez de temps à Seth pour qu’il s’enfuie ? Récupérerait-il assez vite pour que mon sacrifice lui soit utile ?

  Relevant la manche de mon pull, j’appuyai la pointe de mon arme à la saignée de mon coude. J’avais là une cicatrice datant de mon précédent anniversaire. Cette nuit-là, mon sang avait suffi à attirer l’attention de tous les vampires présents, les figeant sur place. Je priai pour que cela fonctionne de nouveau. Me raidissant, j’inspirai une grande bouffée d’air.

  Ce bruit interpella Victoria. Ses yeux, immobiles une fraction de seconde, rencontrèrent les miens. Fureur et curiosité s’y mêlaient étrangement. Je ne suis pas certaine de la façon dont je perçus le bruit ténu qui suivit, au milieu du vacarme qui rebondissait sur la falaise et de celui qui martelait l’intérieur de mon crâne. Rien que les battements de mon cœur auraient dû l’étouffer. Pourtant, dans le court espace où je contemplai Victoria, j’entendis un soupir exaspéré et familier.

  Dans le même court laps de temps, la danse s’interrompit brutalement. Si vite qu’elle fut terminée avant que j’aie eu le loisir de comprendre l’enchaînement des actions. Victoria fut éjectée de la mêlée et s’envola à mi-hauteur d’un épicéa. Elle retomba à terre, déjà prête à repartir à l’attaque. De son côté, Edward, invisible à force de rapidité, s’était retourné pour attraper Riley par le bras. J’eus l’impression qu’il plantait son pied dans le dos du vampire blond tout en le soulevant… Un hurlement de douleur envahit l’espace. Au même instant, Seth bondit sur ses pattes, se mettant devant mon champ de vision.

  Ce qui ne m’empêcha pas toutefois de distinguer Victoria. Bien qu’elle parût étrangement déformée, comme si elle n’arrivait pas à se redresser entièrement, je vis se dessiner sur ses lèvres le sourire dont j’avais si souvent rêvé. Elle plongea. Une petite chose blanche traversa l’air en sifflant, la heurtant de plein fouet et la projetant contre un autre arbre. Elle atterrit de nouveau sur ses jambes, mais Edward était déjà sur elle. Le soulagement me submergea quand je constatai qu’il n’avait rien.

  Victoria shoota dans le missile qui venait de ralentir sa course. Il roula dans ma direction et, quand je constatai de quoi il s’agissait, je manquai de vomir. Les doigts bougeaient encore, agrippant des brins d’herbe, et le bras de Riley se mit à ramper sans but sur le sol.

  Seth avait repris son harcèlement, et le jeune homme blond reculait à présent, les traits raidis par la souffrance. Les dents de l’animal se refermèrent sur son épaule et, poussant un nouveau cri d’agonie, Riley perdit son deuxième bras. Seth secoua la tête, balançant son trophée dans la forêt, puis un feulement lui échappa, qui ressemblait à un ricanement.

  — Victoria ! appela le nouveau-né d’une voix suppliante.

  Cette dernière ne réagit pas, ne tourna même pas la tête. Seth se lança sur son adversaire avec la force d’un boulet de démolition. Emporté par son élan, il fut blackboulé dans les arbres en compagnie de Riley. De nouveaux sons métalliques résonnèrent, à l’unisson des braillements du vampire. Braillements qui, tout à coup, s’interrompirent, cependant que les bruits de la pierre dépecée se poursuivaient.

  Bien qu’elle n’eût même pas accordé un regard d’adieu à son compagnon, Victoria sembla se rendre compte qu’elle était désormais seule. Elle entreprit de reculer devant Edward, une déception teintée de panique illuminant ses prunelles. Elle me jeta un ultime coup d’œil de regret avant de commencer à tourner les talons.

  — Non ! lui lança Edward sur un ton séducteur. Reste encore un peu.

  Virevoltant, elle fonça vers l’abri des arbres. Malheureusement pour elle, Edward fut plus leste — une balle échappée de la gueule d’un pistolet. Il la rattrapa à la lisière et, en un seul geste, le ballet s’acheva. La bouche d’Edward frôla le cou de son adversaire avec des allures de caresse. Les glapissements aigus de Seth couvrant tout le reste, aucun son n’imprégna de violence le spectacle qui se déroulait devant moi. Edward aurait pu tout aussi bien embrasser son ennemie.

  Pourtant, la chevelure rousse se détacha brusquement du reste du corps de Victoria, tomba à terre et rebondit une fois avant de rouler dans les bois.

  25

  Reflet

  J’obligeai mes yeux, figés par l’horreur, à bouger, de façon à examiner l’objet ovale enroulé dans les vrilles de cheveux roux frissonnants.

  Edward se déplaçait, vif, froid, tout à son affaire de démembrer le corps étêté. Rivée à la roche, j’étais incapable de m’approcher de lui, de forcer mes jambes au mouvement. Cela ne m’empêcha pas cependant d’observer chacun de ses gestes avec minutie, cherchant un signe quelconque de blessure. À force de ne rien trouver, je sentis mon pouls s’apaiser. Il était aussi agile et gracieux que d’habitude. Ses vêtements ne comportaient pas même une déchirure.

  Tout le temps qu’il empila les membres frémissants avant de les recouvrir d’aiguilles de pin, il ne se tourna pas vers moi et il ne m’adressa pas non plus un regard quand il fila rejoindre Seth dans la forêt.

  Je n’étais toujours pas remise lorsque tous deux revinrent. Edward avait les bras chargés de lambeaux de Riley, Seth tenait un grand bout — le torse — dans sa gueule. Ils déposèrent leur chargement sur la pile constituée par Victoria, puis Edward tira un rectangle en argent de sa poche. Il alluma le briquet, enflamma l’amadou, qui s’embrasa aussitôt. De longues flammes orange se mirent à lécher le bûcher.

  — Ramassons tous les morceaux, murmura Edward au loup.

  Ensemble, le vampire et la bête parcoururent les parages, lançant de temps en temps des débris de pierre blanche dans le feu. Seth se servait de ses dents, naturellement. J’étais trop hébétée pour me demander pourquoi il ne reprenait pas forme humaine. Edward était très concentré.

  Ils en eurent bientôt terminé. Le brasier dégageait des colonnes de fumée mauve plus solide que la normale qui s’enroulaient lentement. Il en émanait une odeur d’encens, mais désagréable, lourde, forte. Une fois encore, Seth émit son espèce de ricanement sourd. Un sourire traversa le visage tendu d’Edward, qui lui tendit son poing serré. Le loup sourit, dévoilant ses crocs acérés, et donna du nez contre la main offerte.

  — Beau travail d’équipe, marmonna le vampire.

  Seth toussota en un signe de complicité satisfaite.

  Alors, apr�
�s avoir pris une profonde inspiration, Edward se tourna vers moi, l’expression de ses traits illisible. Ses yeux restaient circonspects, comme si j’étais une ennemie ; plus même, ils étaient effrayés. Pourtant, il n’avait montré aucune peur lorsqu’il avait affronté Victoria et Riley. Mon cerveau était stupéfait, aussi gourd et inutile que mon corps, et je le dévisageai avec ahurissement.

  — Bella, mon amour, dit-il de sa voix la plus tendre en venant vers moi avec une lenteur exagérée.

  Il tendait les mains, paumes en l’air. Bien que je fusse perdue, l’image m’évoqua brièvement celle d’un suspect approchant un policier, lui prouvant ainsi qu’il n’est pas armé.

  — Bella, s’il te plaît, accepterais-tu de lâcher cette pierre ? Doucement. Ne te blesse pas.

  J’avais complètement oublié mon arme pitoyable, alors que je la serrais si fort que mes jointures hurlaient leur douleur. Les avais-je de nouveau cassées ? Si oui, j’étais bonne pour un plâtre, Carlisle y veillerait. Edward hésita, à quelques pas de moi, toujours aussi prudent. Il me fallut quelques secondes pour me rappeler comment on bougeait les doigts, puis la pierre tomba avec fracas sur le sol. Edward se détendit un peu, sans pour autant approcher toutefois.

  — Inutile d’avoir peur, Bella, chuchota-t-il. Tu ne crains rien, je ne te ferai pas de mal.

  Cette promesse cryptique ne servit qu’à m’égarer plus avant. Je le fixai comme une imbécile, incapable de saisir.

  — Tout ira bien, Bella. Je sais que tu es terrifiée, mais c’est fini. Personne ne te fera aucun mal, je ne te toucherai pas, je ne te ferai aucun mal.

  — Pourquoi répètes-tu cela ? dis-je en retrouvant enfin ma voix.

  J’avançai d’un pas maladroit, il recula.

  — Que se passe-t-il ? soufflai-je. Qu’est-ce que tu as ?

  — Tu n’as pas peur de moi ? demanda-t-il, soudain aussi égaré que je l’étais.

  — Quoi ? En quel honneur ?

  Je titubai un peu plus, puis trébuchai — sur mes propres pieds sans doute —, et il me rattrapa. Enfouissant ma tête dans son torse, je fondis en larmes.

 

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