HÉSITATION

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HÉSITATION Page 47

by Stephenie Meyer


  — Je ne tolérerai pas que tu souffres, Bella, alors…

  — Non, Edward. J’ai tout bousillé, et je vais devoir exister avec ça. Mais je ne doute pas de ce que je désire, ni de ce dont j’ai besoin… ni de ce que je vais faire, là maintenant.

  — Et qu’allons-nous faire ?

  La correction m’arracha un mince sourire.

  — Nous allons voir Alice, soupirai-je.

  Alice était au pied du porche, trop excitée pour nous attendre à l’intérieur. Elle semblait sur le point d’exécuter une petite danse triomphale, aux anges de la nouvelle que je lui apportais.

  — Merci, Bella ! s’écria-t-elle dès que nous descendîmes de la camionnette.

  — Du calme ! tempérai-je en levant un doigt. J’ai encore quelques réserves à émettre.

  — Oui, oui, oui, je suis au courant. Je n’ai que jusqu’au treize août au plus tard, tu as un droit de veto sur la liste des invités, et si je dépasse les bornes en quoi que ce soit, tu ne me parleras plus jamais.

  — Bon, je constate que tu connais les règles.

  — Ne te bile pas, Bella. Ça sera impeccable. Tu veux voir ta robe ?

  Je fus forcée de respirer plusieurs fois de suite profondément. « Si ça lui plaît ! » m’exhortai-je.

  — Bien sûr.

  Elle sourit, visiblement très contente d’elle-même.

  — Excuse-moi, repris-je, mais quand m’as-tu acheté une robe ?

  Mon apparente décontraction ne dut tromper personne, car Edward serra mes doigts tandis que nous suivions sa sœur à l’intérieur, puis dans l’escalier.

  — Ces choses-là ne s’improvisent pas, expliqua-t-elle sur un ton un peu… évasif. Certes, je n’étais certaine de rien, mais mes doutes étaient assez sérieux pour…

  — Quand ? répétai-je.

  — Perrine Bruyère a une liste d’attente longue comme le bras, éluda-t-elle, sur la défensive à présent. Les vêtements de qualité exigent du temps. Si je n’avais pas anticipé, tu aurais été obligée de te fringuer en prêt-à-porter !

  — Perrine qui ? demandai-je, devinant que je n’allais pas obtenir de réponse franche.

  — Ce n’est pas la plus prestigieuse des maisons de haute couture, Bella, alors inutile de piquer une crise. Mais elle est prometteuse et se spécialise dans ce dont j’avais besoin.

  — Je ne pique pas de crise.

  — Non, en effet.

  Elle dévisagea mon visage paisible d’un air suspicieux, puis entra dans sa chambre.

  — Toi, lança-t-elle à Edward, dégage !

  — Pourquoi ? m’offusquai-je.

  — Voyons, Bella ! La tradition ! Il n’est pas censé voir la robe avant le grand jour !

  — Je m’en fiche. En plus, il l’a déjà vue dans tes pensées. Mais bon, puisque tu insistes…

  Alice repoussa son frère dans le couloir. Il ne lui prêta pas la moindre attention, focalisé sur moi, craignant visiblement de me laisser seule. Je lui adressai un signe de tête rassurant, en espérant que mon calme suffirait à l’apaiser. Sa sœur lui claqua la porte au nez.

  — Bon, marmonna-t-elle, allons-y.

  M’attrapant par le poignet, elle me traîna vers son dressing, qui était plus grand que ma propre chambre. Là, elle me poussa dans un des coins du fond, où était suspendue une longue housse à vêtement blanche, seule sur sa tringle. Elle ouvrit le sac, en retira le cintre avec soin. Reculant d’un pas, elle brandit la robe avec des gestes dignes d’une animatrice de jeu télévisé.

  — Alors ? demanda-t-elle, le souffle court.

  Je pris tout mon temps pour examiner la tenue, histoire d’agacer un peu Alice, laquelle ne tarda pas à céder à l’inquiétude.

  — Hum, fis-je en souriant, je vois.

  — Qu’en penses-tu ?

  De nouveau, c’était La Maison aux pignons verts.

  — Magnifique. Idéale. Tu es géniale.

  — Merci.

  — 1918 ?

  — Plus ou moins. Il y a des idées à moi. La traîne, le voile… La dentelle est d’époque. Tu aimes ?

  — Elle est splendide. Exactement ce qu’il appréciera.

  — Mais toi ?

  — Moi aussi. Bon boulot. Je sais que le reste sera aussi bien… si tu parviens à te contrôler.

  Elle sourit, ravie.

  — Puis-je voir la tienne ? demandai-je.

  Elle parut surprise.

  — Ne t’es-tu pas commandé une robe de demoiselle d’honneur en même temps ? Pas question que ma demoiselle d’honneur mette du prêt-à-porter !

  — Oh, merci, Bella ! s’écria-t-elle en se jetant à mon cou.

  — Tu avais forcément deviné, non ? ris-je en embrassant ses cheveux. C’est toi l’extralucide !

  Elle recula et sautilla, emballée par un regain d’enthousiasme.

  — Va jouer avec Edward, m’ordonna-t-elle. J’ai des tonnes de trucs à faire.

  Sur ce, elle fila dans le couloir en appelant Esmé à grands cris. Je suivis plus calmement. Edward m’attendait sur le palier, appuyé aux lambris.

  — Tu es vraiment, vraiment adorable, commenta-t-il.

  — Elle semble si heureuse.

  Il effleura mes joues, scruta mon visage.

  — Sortons, proposa-t-il soudain. Allons dans la prairie.

  — Je n’ai plus à me cacher ?

  — Non, le danger est vraiment passé.

  Nous partîmes, moi sur son dos tandis que lui courait, silencieux, pensif. Le vent, plus tiède maintenant que la tempête était retombée, ébouriffait mes cheveux. Le ciel était couvert, comme d’habitude.

  La prairie était paisible et joyeuse, aujourd’hui. Des taches de pâquerettes illuminaient l’herbe de jaune et de blanc. Je m’allongeai, insoucieuse de l’humidité qui suintait de la terre, et contemplai les dessins que formaient les nuages. Ces derniers, trop unis, ne proposaient en réalité qu’une douce couverture grise. Couché à mon côté, Edward tenait ma main.

  — Le treize août ? demanda-t-il avec décontraction au bout de quelques minutes.

  — Un mois avant mon anniversaire.

  — Esmé a trois ans de plus que Carlisle. Tu le savais ?

  Je secouai la tête.

  — Pour eux, ça ne fait aucune différence.

  — Mon âge n’est plus si important. Je suis prête. J’ai choisi une vie, j’ai envie de la commencer.

  — Veto sur la liste des invités ? s’enquit-il ensuite.

  — Ce n’est pas fondamental, mais… Alice comptait peut-être convier quelques loups-garous. Je me suis posé des questions… sur Jake. Il se sentirait peut-être obligé de venir, pour ne pas me vexer… je ne pense pas qu’il devrait subir cette épreuve.

  Edward ne réagit pas tout de suite, puis il me fit basculer sur lui.

  — Explique-moi un peu, Bella. Pourquoi as-tu finalement décidé de laisser à Alice la bride sur le cou ?

  — Il serait injuste de laisser Charlie en dehors de cela, répondis-je en repensant à la conversation que j’avais eue la veille avec mon père. Pareil pour Renée et Phil, donc. Et puis, Alice a le droit de s’amuser. Ces adieux dans les règles faciliteront peut-être les choses à Charlie. Même s’il estime que c’est trop tôt, je ne souhaite pas le frustrer de la perspective de mener sa fille à l’autel. Au moins, ma famille, mes amis seront au courant de mon choix, de la part que je suis en droit de leur révéler. Ils sauront que je t’ai élu, que toi et moi serons ensemble. Que je serai heureuse, quel que soit l’endroit où je me trouverai. C’est le moins que je puisse leur donner, à mon avis.

  Edward me dévisagea.

  — Le marché ne tient plus, décréta-t-il soudain.

  — Quoi ? Tu te défiles ? Non !

  — Je ne me défile pas, Bella. Je respecterai ma parole. Mais toi, je te libère de la tienne. Ce sera ce que tu voudras, sans obligation de ta part.

  — Pourquoi ce revirement ?

  — Tu essayes de faire plaisir à tout le monde. Moi, je me fiche des autres, seul ton bonheur m’intéresse. Je
me chargerai d’apprendre la nouvelle à Alice. Elle ne te culpabilisera pas, je te le jure.

  — Mais, je…

  — Non. Nous allons procéder en fonction de tes règles, puisque les miennes ne fonctionnent pas. Je t’ai accusée d’être têtue, or je ne vaux pas mieux. Je me suis accroché comme un crétin à ce que j’estimais le mieux pour toi, et je n’ai fait que te blesser, profondément, trop souvent. Nous agirons à ta guise, parce que je passe mon temps à me tromper. Nous allons accéder à tes désirs, Bella. Cette nuit. Aujourd’hui. Le plus tôt sera le mieux. J’en parlerai à Carlisle. S’il te donne assez de morphine, ça ira sans doute. Ça mérite qu’on essaye.

  — Non, Edward…

  — Chut, mon amour. Je n’ai pas oublié tes autres exigences.

  Il m’embrassa, fourragea dans mes cheveux, sans me laisser le temps de comprendre ce qu’il venait de dire. Ce qu’il s’apprêtait à faire. Je devais réagir, vite, sinon je ne me rappellerais plus pourquoi il était nécessaire que je l’arrête. Déjà, je respirais de manière désordonnée. Mes mains agrippaient ses bras, mon corps se plaquait sur le sien, ma bouche se collait à ses lèvres.

  Je tentai de recouvrer ma raison, de parler. Il roula doucement sur le sol, me coucha dans l’herbe.

  Tant pis ! Le côté le moins noble de ma personne exultait. Mon esprit était embrumé par l’arôme de son haleine. Non, non ! Je me battis contre moi-même, secouai la tête, échappai à sa bouche.

  — Stop, Edward ! Attends !

  — Pourquoi ?

  — Je n’ai pas envie de le faire maintenant.

  — Vraiment ?

  Sa voix avait des intonations moqueuses. Ses lèvres trouvèrent de nouveau les miennes, m’empêchèrent de parler. Mes veines étaient en feu, le contact de sa peau me brûlait.

  Avec bien des efforts, je réussis cependant à lâcher ses boucles de cuivre, à poser mes mains sur son torse et à le repousser. Je n’y serais pas parvenue seule, naturellement, mais il le sentit, s’exécuta. S’écartant de quelques centimètres, il m’observa, et ses prunelles incendiaires ne m’aidèrent en rien à tenir mes résolutions.

  — Pourquoi ? répéta-t-il. Je t’aime. Je te veux. Maintenant.

  Je restai coite, trop énervée pour répondre. Il en profita aussitôt.

  — Attends, attends ! protestai-je en dépit de ses baisers.

  — Ne renonce pas pour moi, marmonna-t-il.

  — Je t’en prie !

  En grognant, il se détacha de moi, s’allongea dans l’herbe.

  — Explique-moi, Bella ! Donne-moi une bonne raison, et pas une qui soit moi.

  Quelle requête idiote ! Toute ma vie ne tournait qu’autour de lui.

  — Cette étape est très importante, me justifiai-je. Je tiens à la réussir.

  — Définition de la réussite ?

  — La mienne.

  — Comment comptes-tu y parvenir, alors ? demanda-t-il en s’appuyant sur son coude et en me jetant un regard plein de reproches.

  — Je tiens à me montrer responsable. À ce que tout soit parfait. Je ne priverai pas Charlie et Renée de ce que je suis en mesure de leur offrir. Et, puisque je dois me marier, je ne refuserai pas son plaisir à Alice. Et je me donnerai à toi de toutes les manières humaines possibles avant que tu ne me transformes en immortelle. J’observe les règles, Edward. Ton âme est beaucoup trop importante à mes yeux pour que je la mette en péril. Tu ne me feras pas changer d’avis.

  — Je te parie que j’y arriverai, pourtant.

  — Sauf que tu n’essayeras même pas. Pas en sachant que tout cela est ce dont j’ai vraiment besoin.

  — Tu n’es pas fair-play, gémit-il.

  — Je ne t’ai jamais promis de l’être, rigolai-je.

  — Bon, convint-il. Si jamais tu devais te raviser…

  — Tu seras le premier à en être averti.

  À cet instant, la pluie se mit à tomber. Je fusillai le ciel du regard.

  — Je te ramène, proposa-t-il en essuyant des gouttes sur mes joues.

  — La pluie ne me dérange pas. Elle signifie seulement qu’il est temps d’accomplir un acte extrêmement déplaisant et terriblement dangereux.

  Alarmé, il écarquilla les yeux.

  — Heureusement que les balles ne peuvent pas t’atteindre, précisai-je. Nous allons avoir besoin de cette fichue bague. C’est le moment de mettre Charlie au courant.

  — Alors, oui, tu as raison, c’est effectivement périlleux, s’esclaffa-t-il.

  Ayant tiré l’écrin de la poche de son jean, il glissa, une fois encore, la bague à ma main gauche, là où elle resterait pour l’éternité.

  Épilogue — Décision

  JACOB BLACK

  — Tu crois que ça va durer encore longtemps, Jacob ? s’impatienta Leah d’une voix geignarde.

  Je serrai les dents. Comme tous les membres de la meute, Leah était au courant de tout — pourquoi j’étais venu ici, à l’extrémité de la terre, du ciel et de la mer. Pour être seul. Elle savait que je ne désirais qu’une chose — la solitude. Cela ne l’empêchait pas de m’imposer sa présence.

  J’étais certes furieux, je me sentis pourtant brièvement satisfait, parce que je n’eus même pas à songer à contrôler ma mauvaise humeur. Cela m’était facile, à présent, naturel. Fini, le brouillard rouge qui obscurcissait mes yeux. Finie, la brûlure qui frémissait le long de ma colonne vertébrale. Aussi, ce fut sur un ton calme que je répondis à l’importune.

  — Saute de la falaise, Leah.

  — Franchement, gros bébé, tu n’as pas idée de ce que j’endure.

  Elle se jeta par terre, à côté de moi.

  — Toi ? m’écriai-je, éberlué. Tu es la personne la plus égocentrique qui soit, Leah. Mais comme je ne tiens pas à détruire ton petit monde, celui où le soleil tourne en orbite autour de ta chère personne, je ne te dirai pas à quel point ça m’est égal. Déguerpis !

  — Mets-toi à ma place cinq minutes, insista-t-elle comme si je n’avais pas parlé.

  Si elle avait cherché à me sortir de ma morosité, cela fonctionna, et j’éclatai de rire, un son qui, bizarrement, me fit mal.

  — Arrête de rigoler et écoute-moi, s’énerva-t-elle.

  — Si je fais semblant, partiras-tu ?

  Je jetai un coup d’œil à sa mine renfrognée, seule expression qu’elle avait à sa disposition ces temps-ci, apparemment. Je me souvins de l’époque où j’avais trouvé Leah jolie, belle, même. C’était il y a longtemps. Plus personne ne la considérait ainsi, à présent. Sauf Sam, qui ne se pardonnerait jamais. Comme s’il était responsable qu’elle ait viré à la harpie revêche. Elle afficha une mine encore plus mauvaise, à croire qu’elle avait deviné mes pensées, ce qui était sans doute le cas.

  — Ça me rend malade, Jacob. Te rends-tu compte de ce que je ressens, moi ? Je n’apprécie même pas Bella Swan, et tu m’obliges à pleurer cette amoureuse des sangsues comme si, moi aussi, je l’aimais. C’est un peu déroutant, vois-tu ? La nuit dernière, j’ai rêvé que je l’embrassais ! Non mais tu imagines ?

  — Je m’en moque.

  — Je ne supporte plus d’être dans la tête ! Oublie-la ! Elle va épouser ce machin, et il va la transformer en l’un d’eux ! Il est temps de passer à autre chose, mec !

  — La ferme !

  Il ne fallait pas que je m’énerve, donc je me mordis la langue. N’empêche, si elle ne filait pas, elle allait le regretter.

  — De toute façon, ricana-t-elle, il se bornera sûrement à la tuer, un point c’est tout. Les histoires racontent que ça arrive souvent. Si ça se trouve, un enterrement sera une meilleure fin qu’un mariage. Ha !

  Cette fois, je fus obligé de lutter. Fermant les yeux, je repoussai la bile amère qui m’envahissait la bouche, la langue de feu qui dévorait mon échine, m’obligeant à ne pas changer de forme, cependant que mon corps tremblait de toutes parts. Quand j’eus regagné la maîtrise de moi, je toisai Leah. Elle contemplait mes mains, souriait. Quelle blague !

  — La confusion des genres
t’embête, ma vieille, mais songe un peu à ce qu’il en est de nous, à force de regarder Sam à travers tes yeux. Emily doit déjà supporter ta fixation, elle n’a vraiment pas besoin que nous autres, les gars, nous crevions de désir pour lui aussi.

  J’avais beau être furax, j’éprouvai une bouffée de culpabilité quand un éclair de souffrance traversa ses traits. Elle bondit sur ses pieds et fila vers les bois, non sans avoir craché dans ma direction auparavant.

  — Raté ! me moquai-je.

  Sam allait m’engueuler de l’avoir blessée, mais ça valait la peine. Leah ne m’ennuierait plus. Et je n’hésiterais pas à recommencer à la première occasion.

  Parce que ses paroles étaient encore fichées en moi, si douloureuses que j’avais du mal à respirer. Ce n’était pas tant que Bella en avait choisi un autre. Cette souffrance-là n’était presque rien, je serais capable de la supporter pour le restant de ma trop longue vie, de ma débile de vie. En revanche, que Bella renonce à tout, qu’elle permette à son cœur de s’arrêter de battre, à sa peau de se glacer et à son esprit de se dévoyer en traqueur sanguinaire était insupportable. Elle allait devenir un monstre. Une étrangère.

  Pour moi, il n’y avait rien de pire ni de plus torturant. Sauf… s’il la tuait…

  Une fois encore, je dus me battre contre ma rage. Laisser la chaleur me transformer en une créature mieux à même de gérer cela était peut-être la solution. Une créature dont les instincts étaient tellement plus forts que les émotions humaines. Un animal qui ne ressentait pas la douleur de la même façon. Cela constituerait un peu de variété, au moins. Malheureusement, Leah était en train de muter, et je ne tenais pas à partager ses pensées. Je jurai, mécontent d’être privé de cette échappatoire-là également.

  Malgré moi, mes mains tremblaient. Pourquoi ? La colère ? La souffrance ? Je n’étais même plus sûr de ce contre quoi je luttais, à présent.

  Il fallait que je croie à la survie de Bella. Toutefois, cela exigeait que j’aie confiance dans le buveur de sang. Or, je refusais de lui accorder cette confiance.

  Bella allait être différente, et je me demandais à quel point cela m’affecterait. Serait-ce comme si elle était morte, de la voir pareille à une pierre, à de la glace ? Quand son odeur me brûlerait le nez, réveillerait en moi l’instinct d’attaquer, de déchirer… Comment allais-je le vivre ? Aurais-je envie de la tuer ? Était-il possible que je puisse échapper à l’envie de liquider un représentant de l’espèce ennemie ?

 

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