The Prophecies
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10.34
Gauloys qu’empire par guerre occupera
Par son beau frere mineur sera trahy,
Par cheval rude voltigeant traynera
Du fait le frere long temps sera hay.
10.35
Pusnay royal flagrand d’ardant libide,
Pour se jouyr de cousine germaine,
Habit de femme au temple d’Arthemide :
Allant murdry par incognue du Maine.
10.36
Apres le Roy du soucq guerres parlant,
L’isle Harmotique le tiendra à mepris,
Quelques ans bons rongeant un & pillant
Par tyrranie à l’isle changeant pris.
10.37
Lassemblee grande pres du lac de Borget,
Se ralieront pres de Montmelian,
Marchans plus oultre pensifz feront proget
Chambry, Moriane combat sainct Julian.
10.38
Amour alegre non loing pose le siege,
Au sainct barbar seront les garnisons,
Ursins Hadrie pour Gaulois feront plaige,
Pour peur rendus de l’armee aux Grisons.
10.39
Premier fils vefve malheureux mariage,
Sans nuls enfans deux Isles en discord,
Avant dixhuict incompetant eage,
De l’autre pres plus bas sera l’accord.
10.40
Le jeune nay au regne Britannique,
Qu’aura le pere mourant recommandé,
Iceluy mort LONOLE donra topique,
Et à son fils le regne demandé.
10.41
En la frontiere de Caussade & Charlus,
Non guieres loing du fonds de la vallee,
De ville Franche musicque à son de luths,
Environnez combouls & grand myttee.
10.42
Le regne humain d’Anglique geniture,
Fera son regne paix union tenir,
Captive guerre demy de sa closture,
Long temps la paix leur fera maintenir.
10.43
Le trop bon temps trop de bonté royalle :
Fais & deffais prompt subit negligence,
Legier croira faux d’espouse loyalle,
Luy mis à mort par sa benevolence.
10.44
Par lors qu’un Roy sera contre les siens,
Natif de Bloys subjuguera Ligures :
Mammel, Cordube & les Dalmatiens,
Des sept puis l’ombre à Roy estrennes & lemures.
10.45
Lombre du regne de Navarre non vray,
Fera la vie de sort illegitime :
La veu promis incertain de Cambray,
Roy Orleans donra mur legitime.
10.46
Vie sort mort de L’OR vilaine indigne,
Sera de Saxe non nouveau electeur :
De Brunsuic mandra d’amour signe,
Faux le rendant au peuple seducteur.
10.47
De Bourze ville à la dame Guyrlande,
L’on mettra sus par la trahison faicte,
Le grand prelat de Leon par Formande,
Faux pellerins & ravisseurs defaicte.
10.48
Du plus profond de l’Espaigne enseigne,
Sortant du bout & des fins de l’Europe,
Troubles passant aupres du pont de Laigne,
Sera deffaicte par bandes sa grand troppe.
10.49
Jardin du monde au pres de cité neufve,
Dans le chemin des montaignes cavees,
Sera saisi & plongé dans la Cuve,
Beuvant par force eaux soulfre envenimees.
10.50
La Meuse au jour terre de Luxembourg,
Descouvrira Saturne & trois en lurne,
Montaigne & pleine, ville, cité & bourg,
Lorrain deluge trahison par grand hurne.
10.51
Des lieux plus bas du pays de Lorraine,
Seront des basses Allemaignes unis,
Par ceux du siege Picards, Normans, du Maisne,
Et aux cantons ce seront reunis.
10.52
Au lieu où LAYE & Scelde se marient,
Seront les nopces de long temps maniees,
Au lieu d’Anvers où la crappe charient,
Jeune vieillesse consorte intaminee.
10.53
Les trois pellices de loing s’entrebatron,
La plus grand moindre demeurera à l’escoute :
Le grand Selin n’en sera plus patron,
Le nommera feu pelte blanche routte.
10.54
Nee en ce monde par concubine fertive,
A deux hault mise par les tristes nouvelles,
Entre ennemis sera prinse captive,
Et amené à Malings & Bruxelles.
10.55
Les malheureuses nopces celebreront,
En grande joye, mais la fin malheureuse :
Mary & mere nore desdaigneront,
Le Phybe mort, & nore plus piteuse.
10.56
Prelat royal son baissant trop tiré,
Grand fleux de sang sortira par sa bouche,
Le regne Anglicque par regne respiré,
Long temps mort vif en Tunys comme souche.
10.57
Le sublevé ne cognoistra son sceptre,
Les enfans jeunes des plus grands honnira :
Oncques ne fut en plus ord cruel estre,
Pour leurs espouses à mort noir bannira.
10.58
Au temps du deuil que le selin monarque,
Guerroyera le jeune Aemathien :
Gaule bransler perecliter la barque,
Tenter Phossens au Ponant entretien.
10.59
Dedans Lyon vingt cinq d’une alaine,
Cinq citoyens Germains, Bressans, Latins,
Par dessous noble conduiront longue traine,
Et descouvers par abbois de mastins.
10.60
Je pleure Nisse, Mannego, Pize, Gennes,
Savone, Sienne, Capue, Modene, Malte :
Le dessus sang & glaive par estrennnes,
Feu, trembler terre, eau, malheureuse nolte.
10.61
Betta, Vienne, Emorre, Sacarbance,
Voudront livrer aux Barbares Pannone :
Par picque & feu, enorme violance,
Les conjurez descouvers par matrone.
10.62
Pres de Sorbin pour assaillir Ongrie,
L’heroult de Bude les viendra advertir :
Chef Bizantin, Sallon de Sclavonie,
A loy d’Arabes les viendra convertir.
10.63
Cydron, Raguse, la cité au sainct Hieron,
Reverdira le medicant secours,
Mort fils de Roy par mort de deux heron,
L’Arabe Ongrie feront un mesme cours.
10.64
Pleure Milan, pleure Luqes, Florance,
Que ton grand Duc sur le char montera,
Changer le siege pres de Venise s’advance,
Lors que Colomne à Rome changera.
10.65
O vaste Romme ta ruyne s’approche,
Non de tes murs de ton sang & sustance :
L’aspre par lettres fera si horrible coche,
Fer poinctu mis à tous jusques au manche.
10.66
Le chef de Londres par regne l’Americh,
L’isle d’Escosse tempiera par gellee :
Roy Reb auront un si faux antechrist,
Que les mettra trestous dans la meslee.
10.67
Le tremblement si fort au mois de May,
Saturne, Caper, Jupiter, Mercure au beuf :
Venus aussi Cancer, Mars, en Nonnay,
Tombera gresle lors plus grosse qu’un euf.
10.68
L’armee de mer devant cité tiendra.
Puis partira sans faire longue alee,
Citoyens grande proye en terre prendra,
Retour
ner classe reprendre grand emblee.
10.69
Le fait luysant de neuf vieux eslevé
Seront si grand par midi aquilon,
De sa seur propre grandes alles levé.
Fuyant murdry au buysson d’ambellon.
10.70
L’œil par object fera telle excroissance,
Tant & ardante que tumbera la neige,
Champ arrousé viendra en descroissance,
Que le primat succumbera à Rege.
10.71
La terre & l’air gelleront si grand eau,
Lors qu’on viendra pour jeudi venerer,
Ce qui sera jamais ne feut si beau,
Des quatre pars le viendront honnorer.
10.72
L’an mil neuf cens nonante neuf sept mois
Du ciel viendra un grand Roy deffraieur
Resusciter le grand Roy d’Angolmois.
Avant apres Mars regner par bon heur.
10.73
Le temps present avecques le passé
Sera jugé par grand Jovialiste,
Le monde tard luy sera lassé,
Et desloial par le clergé juriste.
10.74
Au revolu du grand nombre septiesme
Apparoistra au temps Jeux d’Hacatombe,
Non esloigné du grand eage milliesme,
Que les entres sortiront de leur tombe.
10.75
Tant attendu ne reviendra jamais
Dedans l’Europe, en Asie apparoistra
Un de la ligue yssu du grand Hermes,
Et sur tous roys des orientz croistra.
10.76
Le grand senat discernera la pompe,
A l’un qu’apres sera vaincu chassé,
Ses adherans seront à son de trompe,
Biens publiez ennemys deschassez.
10.77
Trente adherans de l’ordre des quyretres
Bannys leurs biens donnez ses adversaires,
Tous leurs bienfais seront pour desmerites
Classe espargie delivrez aux corsaires.
10.78
Subite joye en subite tristesse
Sera à Romme aux graces embrassees
Dueil, cris, pleurs, larm. sang excellant liesse
Contraires bandes surprinses & troussees.
10.79
Les vieux chemins seront tous embelys,
Lon passera à Memphis somentrée,
Le grand Mercure d’Hercules fleur de lys
Faisant trembler terre, mer & contree.
10.80
Au regne grand du grand regne regnant,
Par force d’armes les grands portes d’arain
Fera ouvrir le roy & duc joignant,
Port demoly nef à fons jour serain.
10.81
Mys tresor temple citadins Hesperiques
Dans iceluy retiré en secret lieu,
Le temple ouvrir les liens fameliques.
Reprens ravys proye horrible au milieu.
10.82
Cris, pleurs, larmes viendront avec coteaux
Semblant fouyr donront dernier assault
Lentour parques planter profons plateaux,
Vifs repoulsez & meurdrys de prinsault.
10.83
De batailler ne sera donné signe,
Du parc seront contraint de sortir hors
De Gand lentour sera cogneu l’ensigne,
Qui fera mettre de tous les siens à mors.
10.84
La naturelle à si hault hault non bas
Le tard retour fera martis contens,
Le Recloing ne sera sans debatz
En empliant & perdant tout son temps.
10.85
Le vieil tribung au point de la trehemide
Sera pressee captif ne deslivrer,
Le veuil non veuil le mal parlant timide
Par legitime à ses amys livrer.
10.86
Comme un gryphon viendra le roy d’Europe
Accompaigné de ceux d’Aquilon,
De rouges & blancz conduira grand troppe
Et yront contre le roy de Babilon.
10.87
Grand roy viendra prendre port pres de Nisse
Le grand empire de la mort si enfera
Aux Antipolles posera son genisse,
Par mer la Pille tout esvanoira.
10.88
Piedz & Cheval à la seconde veille
Feront entree vastient tout par la mer,
Dedans le poil entrera de Marseille,
Pleurs, crys, & sang, onc nul temps si amer.
10.89
De brique en marbre seront les murs reduits
Sept & cinquante annees pacifiques,
Joie aux humains renové Laqueduict,
Santé, grandz fruict joye & temps melifiques.
10.90
Cent foys mourra le tyran inhumain.
Mys à son lieu scavant & debonnaire,
Tout le senat sera dessoubz sa main,
Faché sera par malin themeraire.
10.91
Clergé Romain l’an mil six cens & neuf,
Au chef de l’an feras election
D’un gris & noir de la Compagne yssu,
Qui onc ne feut si maling.
10.92
Devant le pere l’enfant sera tué:
Le pere apres entre cordes de jonc,
Genevois peuple sera esvertué,
Gisant le chief au milieu comme un tronc.
10.93
La barque neufve recevra les voyages,
Là & aupres transfereront l’empire,
Beaucaire, Arles retiendront les hostages,
Pres deux colomnes trouvees de porphire.
10.94
De Nismes, d’Arles, & Vienne contemner,
N’obey tout à l’edict Hespericque :
Aux labouriez pour le grand condamner,
Six eschappez en habit seraphicque.
10.95
Dans les Espaignes viendra Roy trespuissant,
Par mer & terre subjugant or midy,
Ce mal fera rabaissant le croissant,
Baisser les aesles à ceux du vendredy.
10.96
Religion du nom des mers vaincra,
Contre la secte fils Adaluncatif,
Secte obstinee deploree craindra,
Des deux blessez par Aleph & Aleph.
10.97
Triremes pleines tout aage captif,
Temps bon à mal, le doux pour amertume :
Proye à Barbares trop tost seront hastifs,
Cupid de veoir plaindre au vent la plume.
10.98
La splendeur claire à pucelle joyeuse,
Ne luyra plus long temps sera sans sel :
Avec marchans, ruffiens loups odieuse,
Tous peste mele monstre universel.
10.99
La fin le loup, le lyon, beuf, & l’asne,
Timide dama seront avec mastins,
Plus ne cherra à eux la douce manne,
Plus vigilance & custode aux mastins.
10.100
Le grand empire sera par Angleterre,
Le pempotam des ans plus de trois cens :
Grandes copies passer par mer & terre,
Les Lusitains n’en seront pas contens.
Appendix: Five Hundred Years of
Reading the Prophecies
For close to five centuries, people have linked Nostradamus’s quatrains to historical events. Some of the quatrains have lain dormant for decades before suddenly coming into view. Others have surfaced repeatedly. All have lent themselves to private rumination and public conversations. The “truth” of the quatrains matters less than their continued ability to captivate minds and generate new meanings.
From the late Renaissance until the seventeenth century, most readers of the Prophecies were literate elites, familiar with poetry and history, awed by wondrous happenings, and eager to make sense of change and conflicts and catastrophes. The death of the Fr
ench king Henri II after a joust in 1559 was one such calamity. Members of the court and others turned first to Nostradamus’s almanacs and prognostications and uncovered, among other suggestive phrases, a verse declaring “The Great One to be no more.” At some point (we do not know precisely when, but it was years after the king’s death), contemporaries also opened the book and pondered quatrain 1.35:
The young lion shall overcome the old
Le lyon jeune le vieux surmontera,
On the field of battle in single duel :
En champ bellique par singulier duelle :
He’ll put out his eyes in his cage of gold,
Dans caige d’or les yeux luy crevera,
Winner taking all, then a death most cruel.
Deux classes une, puis mourir, mort cruelle.
The jousters both had lions as their emblems. Henri was the old one; the count whose lance gouged the king’s eye was the young one. The “cage of gold” stood for the king’s gilded helmet. Some commentators suggested that the “deux classes” in the fourth verse denoted his two wounds, above and below the eye. A death most cruel, indeed—and easier to understand and perhaps accept if it was part of an underlying design rather than a random event.
This quatrain has become a touchstone in the posterity of Nostradamus, a prediction that has served as proof of his prophetic gifts. Other quatrains also assumed significance in the sixteenth century. In 1560, the Venetian ambassador to France wrote in a diplomatic dispatch that quatrain 10.39 had predicted the demise of Henri’s successor, the teenage François II. The fourth verse presumably referred to François’ recent marriage to Mary, Queen of Scots :
First son, widower of luckless marriage,
Premier fils vefve malheureux mariage,
Without issue, the two Isles in discord :
Sans nuls enfans deux Isles en discord,
Before he turns eighteen, not yet of age,