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ELEANOR DÉBARQUE !

Page 19

by Lee Nicols


  Il me pose un tas de questions sur les rouages de Connexion extralucide, et j’ai l’impression d’avoir une vraie conversation au sujet de ma carrière. Je me sens fière.

  — Trois quatre-vingt-dix-neuf la minute, rit-il. Et c’est toi qu’ils ont au bout du fil ?

  — Pourquoi est-ce si drôle ?

  — Oh, Elle.

  Il se penche à travers l’îlot central et prend mon visage entre ses mains.

  — Tu es adorable.

  Je presse mon visage contre sa main, comme un chien qui mendie un sucre. Je veux tellement qu’il m’aime.

  Pendant le dîner aux chandelles, je lui donne des détails sur la maison-mère, les services affiliés, la loi, le matériel, etc. Il se montre tellement attentif, moi et mon existence semblons l’absorber à un point tel, que lorsqu’il me demande si je peux lui procurer certains papiers se trouvant dans le bureau de C. Burke, afin qu’il comprenne en profondeur comment fonctionne l’affaire, j’accepte. Je suppose que c’est vraiment intéressant.

  Comme dessert, il y a des tartelettes à la framboise. La mienne me fait peur. Elle va à coup sûr se muer en tache embarrassante et disgracieuse sur mon Céline. Alors, je le régale de récits concernant mon boulot et ignore l’objet de mon désir. Je parle de la tartelette.

  — Amour Hétéro, c’est eux ?

  Il me fait croquer une bouchée de tartelette à la framboise.

  — Dis-m’en plus…

  Je fais mieux. Je lui fais une démonstration.

  Le grand lit a de vrais draps de lin. Ils ont besoin d’être repassés, mais quand même, du vrai lin ! Les ébats matinaux sont délicieux. Terrifiée à l’idée que Joshua ne remarque ma cellulite, j’ai du mal à me détendre, mais tout de même, c’est délicieux.

  Je nage tellement dans le bonheur, en rentrant chez moi, que j’oublie presque que j’ai déménagé et dois couper la route à un camion pour ne pas rater ma sortie d’autoroute. Il bruine et, dans la lumière grise, ma nouvelle maison semble un peu lugubre avec ses tourelles victoriennes. Je ne sais même pas qui d’autre vit ici. Le bâtiment est à moitié résidentiel, à moitié commercial, mais je n’ai pas eu le temps hier de m’enquérir de mes colocataires. Je n’ai pas encore utilisé la porte d’entrée — hier, pour déménager, je ne me suis servie que de la porte de derrière. Heureusement, c’est le matin. De nuit, la maison doit paraître un peu sinistre.

  Quand je franchis la porte d’entrée, un homme surgit devant moi. Je laisse échapper un glapissement.

  — Elle ?

  C'est Merrick. Dans l’entrée de mon immeuble.

  — Que faites-vous ici ?

  — Vous m’avez fait peur.

  — Ce n’était pas mon intention.

  Ce n’était pas mon intention ? Qui parle comme ça ? On dirait Spock.

  Une plaque orne la porte ouverte derrière Merrick. Il est écrit Louis Merrick, Architecte.

  — Vous travaillez ici ? Vous ne travaillez pas ici. Vous travaillez ici ?

  Il me désigne l’intérieur. Une immense table à dessin remplit presque toute la pièce, et derrière, on aperçoit un canapé et deux chaises chinoises anciennes.

  — J’ai installé mon bureau dans la pièce de devant. Il y a une chambre dans le fond.

  — Vous habitez ici ? Vous n’habitez pas ici.

  — Vous avez fini ? Je travaille et j’habite ici. Du moins je dors ici. Je suis en train de me construire une maison mais j’ai quelques problèmes. Je vis ici le temps de les résoudre.

  Il a l’air tout frais, douché et alimenté, et sent le gel douche à la lavande. Je suis sale et froissée, avec une tache de framboise sur le sein gauche, les cheveux emmêlés et l’odeur de Joshua encore sur moi.

  — Vous me cherchiez ? demande-t-il.

  — J’habite ici.

  Il fronce les sourcils.

  — Monty vous a loué l’un des appartements.

  — Pourquoi pas ?

  Une lueur amusée pétille dans ses yeux mais il se contente de dire :

  — En effet. Sauf que personne n’a encore emménagé. Lequel avez-vous ?

  — Le studio en haut.

  Je jette un œil sur son repaire par la porte.

  — Le mien a une vue super.

  Le sien donne sur le parking.

  — Je sais, c’est moi qui ai dessiné les plans.

  — Vraiment ?

  Vivre dans un endroit conçu par lui me donne une étrange sensation d’intimité.

  — C'est bizarre.

  — Merci. Ce sont les mots que tout architecte rêve d’entendre.

  Son regard m’interroge, s’arrête sur ma robe froissée et mes cheveux emmêlés.

  — Qu’est-il arrivé à votre trolley ?

  — Qu’entendez-vous par « Qu’est-il arrivé ? » ? Ce n’est pas comme si on avait dû l’anéantir. Oh, l’équipe de démolition est venue l’autre jour. Un peu de TNT et c’était fait. Franchement, il ne s’agissait que de toilettes bouchées. Comme si vous n’aviez jamais vu de toilettes bouchées. Je suppose que quand vos toilettes se bouchent, elles ne puent pas. Non, quand vous…

  — Je voulais dire, m’interrompt-il, pourquoi avez-vous décidé d’emménager ici ?

  — Oh. Je me suis fait expulser.

  — Pour quelle raison ?

  — Principalement les bombes à eau.

  — Quoi ? Les quoi à eau ?

  — Les bombes, je marmonne.

  — Les bombes à eau, répète-t-il d’un ton posé, comme s’il entendait mal.

  Pourquoi insiste-t-il ?

  — Les bombes à eau, dis-je haut et clair. Vous ne pouvez pas avoir oublié les préservatifs. Je vous avais bien expliqué que c’était pour bombarder le gamin d’à côté ? Eh bien, les événements ont échappé à mon contrôle.

  Il secoue la tête, incapable d’intégrer ce nouveau désastre.

  — Vous voulez du café ?

  J’hésite. J’ai envie d’un café. Mais je n’ai pas envie de lui parler. Mais je ne peux pourtant pas le demander « à emporter ». Je le suis dans son repaire et il nous sert deux tasses — sans sucre, avec beaucoup de lait écrémé. Les chaises chinoises ont l’air de réelles antiquités. Le café est délicieux. Merrick porte un T-shirt bleu ardoise et un jean. J’ai l’impression que ses cheveux sont d’un rouge différent. Sérieusement. C'est peut-être la lumière, mais on dirait qu’ils ont viré de carotte flamboyant à cerise sans éclat. L'effet est, si c’est possible, encore pire.

  — Alors, vous avez transformé toutes ces capotes en bombes à eau ?

  J’avale une gorgée de mon café afin de revenir à la vie avant d’acquiescer.

  — Comment s’est comporté le nervuré ?

  Je ris malgré moi.

  — Je ne peux pas dire. Encore que c’est peut-être celui qui s’est coincé dans les cheveux de M. Petrie.

  — M. Petrie ?

  — Mon propriétaire.

  Il s’étouffe. J’ai peur que le café ne ressorte par son nez.

  — Un vieux, j’explique. Je ne l’avais jamais rencontré. Je l’ai pris pour le gamin.

  D’une voix contrite, il demande :

  — Vieux comment ?

  — Soixante-dix ans…

  Je n’arrive pas à déterminer s’il est amusé ou horrifié, mais pourquoi m’en soucier ?

  — … mais alerte pour son âge. Vous auriez dû le voir éviter les coups. Enfin, jusqu’à celui qui l’a étalé. Là il s’est contenté de remuer dans tous les sens tandis que je le bombardais.

  Le rire de Merrick est agréable. Je le sais parce que je l’entends pendant peut-être trois minutes d’affilée.

  — Ce n’est pas si drôle que ça. Il m’a fichue dehors et a gardé mon dépôt de garantie.

  — Ça me paraît juste.

  — Oui, je ne peux pas dire qu’il ait eu tort.

  — Et maintenant, vous avez un nouvel appartement, et apparemment vous…

  Il détaille les signes de mes transports et débordements.

  — … pr
enez du bon temps.

  Je me rebiffe.

  — Qu’est-ce que ça veut dire ? Prendre du bon temps ? Je ne prends pas du bon temps. J’ai… j’ai dormi chez une amie. Chez Maya. Et j’ai oublié de prendre des vêtements de rechange. Merci pour le café.

  Je me dirige vers la porte, mais il n’en a pas fini avec moi.

  — Et le travail ? Vous avez trouvé un emploi ?

  — Oui.

  — Quoi ?

  — Conseillère.

  — Vous donnez des conseils sur quoi ?

  Je m’approche de sa table à dessin où sont posés les croquis de quelque chose d’immense.

  — Juste… vous savez, des conseils.

  Il réunit les croquis.

  — Non, je ne sais pas. Quoi exacte…

  — Vous avez fini par embaucher une assistante ?

  J’examine la pièce autour de moi. Pas un crayon qui traîne, ni épure, facture, ou message. Seulement la tasse de café vide que j’ai laissée sur la table basse.

  — Parce que c’est vraiment en désordre ici.

  — Oui. Elle commence la semaine prochaine.

  — Bien.

  — Bien, dit-il.

  Nous restons face à face. A nous regarder. Je me souviens l’avoir embrassé devant le trolley. J’aime sa voix, et j’aime ses yeux. Mais il a les cheveux rouges, et moi, j’ai Joshua. Je recule d’un pas.

  — Elle…

  — Quoi ?

  — Si vous voulez…

  Il hésite, et on dirait qu’il change d’avis à propos de ce qu’il allait dire.

  — Si vous avez des problèmes avec l’appartement, là-haut. Venez me voir plutôt que d’en parler à Monty. On lui a déjà remplacé une hanche.

  Je me renfrogne et sors. Mais en montant l’escalier, je balance légèrement du train arrière, juste parce que. Je me retourne à mi-étage, sa porte est refermée. Bien. Merrick et moi, seuls tous les deux. J’aurai de la chance si j’échappe à un sermon chaque fois que je passe devant son bureau. Il ressemble tellement au Louis d’origine — raide, rigoureux et moralisateur. Il ne m’a même pas laissé mettre la main sur ses croquis, exactement comme Louis et les dossiers traitant de ses affaires.

  Pas comme Joshua. Lui, il aime quand je mets la main dans ses affaires.

  27

  Le lendemain matin, après une journée passée à installer mon nouvel appartement et à ignorer la présence de Merrick à l’étage en dessous, je sors, discrètement, de crainte qu’il ne m’accule dans un coin pour m’interroger à propos de mes activités suspectes de « conseil ». C'est du conseil bien sûr, mais il risque d’insister sur le fait que c’est aussi une imposture, uniquement parce que je ne suis pas réellement voyante. Peut-être que tous les hommes nommés Louis se ressemblent.

  Au travail, d’excellentes nouvelles m’accueillent. Aujourd’hui, mon bureau se situe à bonne distance des orgasmes par téléphone.

  — Comment ça va avec la numérologie ? me demande Darwin.

  — Super.

  Je m’empare de mon magazine homonyme, Elle, qui comporte toujours un horoscope numérologique. J’apprends un tas de choses.

  Il acquiesce d’un air profond.

  — Tu devrais te munir de PlayBoy, au cas où tu aurais des hommes.

  — L'Equipe. Si je leur demande leur équipe préférée, je n’arriverai plus à les faire taire. Hum. Ce n’est pas une mauvaise idée.

  Je vais m’étendre sur le sujet quand Adèle fait son apparition dans des effluves de patchouli. Aujourd’hui, elle a la panoplie New Age totale : un tablier couleur lavande sur un T-shirt violet Croyez en la Terre, un caleçon fuchsia et des chaussettes de laine framboise. Et, bien sûr, des Birkenstocks.

  — Ta technique est peut-être peu orthodoxe, Elle, intervient Adèle qui a surpris la fin de notre conversation, mais on ne peut pas nier que tu te débrouilles bien. Ce qui prouve bien…

  Elle dit souvent « ce qui prouve bien ». Mais elle ne dit jamais ce que ça prouve, à moins que vous ne le lui demandiez.

  — Qu’est-ce que ça prouve bien ? demande Darwin.

  — Que le chemin qui va du chakra crânien au chakra du cœur contourne l’esprit…

  Elle trace une ligne depuis le sommet de son crâne jusqu’entre ses seins.

  — … et non bien sûr, le chakra de l’esprit.

  Darwin et moi approuvons.

  — Bien sûr que non. Dieu du ciel, non. Il ne contourne pas ça.

  — Mais tout de même, Elle, j’aimerais bien que tu t’instruises un peu.

  J’acquiesce. Elle a raison. Je devrais vraiment. Malgré son incroyable et totale absence de goût vestimentaire, Adèle est une bonne conseillère téléphonique. Sensible et profonde, parfois pleine de sagesse. Et douée avec les Texans.

  Je suis sur le point d’approuver — encore — et m’engager à effectuer des recherches, de la méditation, à participer à des ateliers, des groupes de guérisseurs, etc. quand le téléphone sonne.

  C'est Valentine, la mamie de Montecito. Je l’accueille avec enthousiasme, et lui dis que j’étais justement à Montecito l’autre jour. Je parviens à ne pas me vanter de la superbe demeure de Joshua — je ne veux pas lui donner un sentiment d’infériorité.

  Heureusement, elle n’écoute pas. Elle est trop bouleversée, parce que Voyou, son petit chien de Poméranie, a été heurté par un cycliste dans Coast Village Road, et n’a pas récupéré l’usage de l’une de ses pattes de derrière.

  — C'est terrible. Pauvre petit Voyou. J’espère que vous avez pu noter la plaque d’immatriculation du coureur.

  — Du cycliste, Elle — pas un coureur, répond-elle. C'est comme ça qu’on les appelle. Cyclistes. Avec leurs casques en forme d’œuf et leurs shorts en stretch noir.

  — Un cycliste, bien sûr. Ne me dites rien — j’ai un flash — l’accident ne se serait pas passé sur Coast Village Road par hasard ?

  Juré, je ne fais pas ça souvent. Seulement de-ci de-là, pour impressionner mon correspondant.

  — Oui ! C'est exactement là que c’est arrivé ! J’appelle parce que je voudrais que vous me disiez, sans détour, quelles sont ses chances de guérison ?

  — Eh bien… j’ai le pressentiment que d’après le vétérinaire, les chances ne sont pas très bonnes.

  Sinon, elle ne poserait pas la question.

  — Pas bonnes du tout, dit-elle, manifestement à bout de nerfs.

  Elle aime son chien. Que lui dire ? Achetez un de ces petits fauteuils roulants pour chien ? Je feuillette Elle en hâte, mais Elle ne m’est d’aucune aide. Je simule un bruitage sonore — voyante au bord de la révélation — et fouille dans ma pile de magazines. Ah ! Voilà. Prévention. Ils ont souvent des articles sur les soins aux animaux.

  Le magazine s’ouvre à la page d’un article sur l’acupuncture pour chiens et chats. Etrange. Mais pas plus que la voyance par téléphone.

  — Je vois quelque chose, Valentine… Je vois… C'est très clair… L'acupuncture serait d’un grand secours à Voyou. Je ne peux pas dire si sa patte va récupérer toute sa mobilité, mais l’acupuncture soulagerait au moins sa gêne.

  — L'acupuncture ? Mon vétérinaire ne m’a pas parlé d’acupuncture.

  — Je ne suis pas surprise. Vous savez combien les vétérinaires peuvent se montrer obtus et avoir d’épais mollets.

  — D’épais quoi ?

  — Ce n’est pas un traitement conventionnel, Valentine. Il s’agit d’une démarche audacieuse. Rien n’est certain, mais je pense que Voyou souffre d’un blocage de… euh… du chakra de la patte qui devrait être directement connecté au chakra crânien mais…

  Une boulette de papier ricoche sur mon front. Darwin me prévient de me taire avant qu’Adèle ne m’entende.

  — … Enfin, il vaut mieux laisser l’acupuncteur faire son boulot. Mais je crois que c’est vraiment ce dont Voyou a besoin.

  Elle me remercie avec effusion, et promet de rappeler quand Voyou ira mieux.

  — Rien n’est garanti dans la vie, lui dis-je. Tout est mou
vement. Tout est fluide. Etes-vous déjà tombée sur Oprah ?

  Le standard me prévient qu’on me demande, l’un de mes correspondants précédents rappelle.

  — Connexion extralucide, bonjour.

  Tiens, je me demande si on écrit Connexion ou Connection. Je passe un bon moment à étudier la question.

  — C'est Nyla, dit ma correspondante, je ne sais pas si vous vous souvenez de moi…

  — Bien sûr que je me souviens de vous…

  Vous m’avez raccroché au nez après m’avoir insultée.

  — … Je suis heureuse que vous rappeliez.

  Elle s’excuse d’avoir été désagréable, et je fais semblant d’être bien trop civilisée pour attacher de l’importance à ce genre de choses, bien qu’en réalité je sois férocement jalouse de sa sacoche Fendi.

  — Vous êtes la seule personne qui ne se soit pas contentée de me dire ce que j’avais envie d’entendre.

  Je me retiens noblement de ne pas dire : « Je vous l’avais bien dit. »

  Elle me reparle de son petit ami, riche mais distant. Peut-être veut-elle simplement parler à quelqu’un. Je lui demande :

  — Vous avez déjà envisagé d’aller voir un psy ? Je veux dire, un vrai psy ?

  — J’y vais deux fois par semaine. Mais je ne veux pas que Susan croie que je vais mal. Je lui dis que ma vie de couple est géniale. Je me sens un peu en compétition avec elle.

  — Vous mentez à votre psy ? Nyla, c’est une très mauvaise idée.

  Silence.

  — Elle a environ un an de moins que moi. Son mariage est très heureux. Et elle s’habille en trente-quatre.

  — En trente-quatre ? dis-je. On dirait qu’elle a besoin de se faire soigner pour anorexie, dites-moi. Vous croyez toujours qu’il vous est infidèle ?

  — En fait, il l’est. Je veux dire, je sais qu’il l’est.

  — Et ?

  — Et je ne veux pas le quitter. Alors je ne sais pas quoi faire.

  — Vous en avez parlé avec lui ?

  — J’ai peur de lui en parler. Je serais plutôt pour faire semblant, et rester avec lui, vous voyez ?

  — Nyla…

  Elle sanglote.

  — … Nyla, laissez-moi vous dire comment j’imagine vos journées. Vous dormez trop, peut-être douze heures par nuit. Le reste du temps, vous faites du shopping — vêtements, nourriture, ou adorables petites choses.

 

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