COMMENT JE SUIS DEVENUE IRRESISTIBLE

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COMMENT JE SUIS DEVENUE IRRESISTIBLE Page 6

by KLASKY

— Ce démon, c’est lui. Et vous l’avez fait par une nuit de pleine lune.

  Neko se fige sur place, alors qu’il s’apprêtait à tester son thé du bout de la langue. Il lance un regard craintif en direction de Montrose. C'est bizarre, mais j’éprouve un sentiment protecteur vis-à-vis de l’homme-chat. Après tout, il n’a pas demandé à être réveillé par moi !

  Je demande des explications.

  — Qu’est-ce que la pleine lune vient faire dans tout ça ? En quoi change-t-elle les choses ?

  Montrose soupire.

  — Tout démon familier réveillé par une nuit de pleine lune est libre d’aller où bon lui semble. Neko peut se promener n’importe où, il n’est pas tenu de rester dans la pièce où se trouve le Compendium. Et il n’est pas lié à vous comme le serait un démon familier normal.

  Moi qui le considérais déjà comme mon protégé ! Je me tourne vers Neko.

  — Je suppose que vous vous apprêtiez à m’expliquer tout ça ?

  — Je ne crois pas, non.

  Il hausse les épaules en m’envoyant un baiser à distance.

  — Si on ne me demande rien, je ne dis rien.

  Je me sens trahie. Je me tourne de nouveau vers Montrose.

  — Ecoutez. Je suggère que nous revenions au problème principal. Pour faciliter les choses, je veux bien reconnaître que j’ai prononcé une formule magique. Vous êtes la police, et j’ai enfreint les règles. Dois-je payer une amende ? Et me présenter devant le tribunal des sorcières ?

  — Vous devez cesser d’utiliser vos pouvoirs à titre temporaire. Et vous former avec quelqu’un qui sait ce qu’il se passe lorsqu’on se lance dans la magie.

  — Bien. Finalement, c’est plus simple que je ne le craignais. Je vous promets que je ne referai plus de tour de magie. Jamais. C’est bien trop mystérieux. J’insiste sur le fait que je n’ai pas décidé de ce qui est arrivé.

  Mon soulagement est palpable.

  — Plus de formule magique !

  Je hoche la tête, étonnée de voir que tout se passe aussi bien.

  — D’accord.

  Dès qu’il fera jour, je mettrai au rebut toutes mes bougies en cire d’abeille. Je préfère risquer de me retrouver sans lumière pendant une douzaine d’orages plutôt que revivre une nuit aussi étrange que celle-ci. Et je trouverai bien le moyen de me débarrasser de mon… démon familier quand il fera jour.

  Montrose me lance un avertissement.

  — C'est moi qui vous guiderai.

  — Allez-y, faites ce que vous avez à faire !

  J’essaie de continuer à jouer les provocatrices.

  En fait, j’ai un bon million de questions à poser. Comment compte-t-il me guider? Et pour commencer, comment a-t-il fait pour me trouver ? Comment a-t-il su que j’avais transformé Neko ? Et comment peut-il imaginer un seul instant que je vais tomber dans le panneau, croire que la sorcellerie existe dans cette bonne ville de Washington, au vingtième et unième siècle ?

  Avant que je puisse poser mes questions, je suis prise d’un énorme bâillement que j’ai du mal à étouffer au fond de ma gorge. Je risque un œil sur ma montre : il est presque 4 heures… Rien que d’y penser, je me sens déjà épuisée et je ne peux retenir un second bâillement. Mais je n’oublie pas de mettre la main devant ma bouche. Mamie serait fière de moi.

  Montrose doit penser que je lui envoie un message car il pose son mug sur la table d’un geste décidé et saute sur ses pieds.

  — Naturellement, vous êtes responsable de tout ce que votre démon familier peut faire… de toutes les actions qu’il entreprend.

  Je fais celle qui passe sa vie à négocier ce genre de choses.

  — Bien sûr. Je ne ferai pas appel à la magie. Il n’aura donc rien à faire.

  Je lance un regard noir à Neko, lequel réussit à hausser gracieusement le sourcil comme pour me dire : « Qui ça... ? Moi... ? »

  — Ah… une dernière chose, miss Madison.

  Je penche la tête de côté, de nouveau surprise par la résonance que prend mon nom lorsqu’il est prononcé de façon aussi solennelle.

  — Prenez bien soin de ceci…

  Il tend le doigt vers la table de travail de ma cuisine.

  — Vous parlez de l’aquarium ?

  — Du poisson.

  — Il y a un problème avec mon Imbécile de Poisson ?

  — Surveillez-le bien. On ne sait jamais le genre de problème qu’on peut rencontrer lorsqu’on manque de vigilance…

  Montrose regarde Neko qui se sent aussitôt obligé de ramasser quelques peluches sur sa manche pourtant impeccable.

  Des problèmes ? Mon regard s’attarde sur la porte de la cave, et je repense à tous les livres qui sont là, en bas, et à toutes ces formules magiques qui pourraient engendrer des catastrophes sans fin. J’en frissonne…

  — Je serai vigilante.

  Je m’engage in petto à ne jamais remettre les pieds dans cette cave.

  — Surtout, ne l’oubliez pas.

  Sur ces bonnes paroles, Montrose disparaît dans la nuit.

  5

  — Oh, mon Dieu ! Et tu as fait quoi ?

  Melissa lève un doigt pour m’empêcher de répondre tout de suite et se tourne vers la table derrière elle pour prendre le pot de café Toffee Kiss. Elle en remplit un grand gobelet en carton sur lequel elle enfile un manchon de papier gaufré qui lui évite de se brûler les doigts, et elle le tend à un homme aux cheveux poil de carotte qui a l’air de sortir du lit bien qu’il soit 18 heures passées. Il lui donne l’appoint et s’empare du gobelet. Aucun échange de paroles. C’est chouette d’être un habitué, non ? Et la boutique de Melissa, Cake Walk, a plus d’habitués qui viennent prendre leur café que la Bibliothèque Peabridge n’en aura jamais.

  Dès que Melissa m’accorde de nouveau toute son attention, je hausse les épaules.

  — Montrose est parti et j’ai fermé la porte à clé derrière lui. Puis je suis retournée me coucher.

  — Je n’arrive pas à croire que tu puisses être blasée à ce point! Moi, j’aurais carrément pété les plombs! Tu te rends compte? Tu as lu une formule magique dans un vieux grimoire !

  — Je suis censée faire quoi? Sortir dans la rue en courant, et crier « Je suis une sorcière! Je suis une sorcière ! » ? Je ne peux tout de même pas appeler les flics et tout leur raconter, ils seraient capables de m’enfermer et d’appeler un médecin! Si Neko n’était pas là, je me demanderais si tout ça n’est pas le fruit de mon imagination.

  — Donc, il est toujours là ?

  — Il s’est endormi sur le canapé. En tout cas, il dormait toujours ce matin, roulé en boule, au soleil. C’est à peine s’il a bougé quand je suis partie au boulot.

  — Et tu l’as laissé chez toi ! Je n’arrive pas à y croire.

  — Que voulais-tu que je fasse d’autre ? M’asseoir et passer la journée à le regarder ? Il fallait bien que j’aille bosser, ce n’est vraiment pas le moment de me faire virer. Je perdrais tout : ma paye et ma maison.

  — Mais Montrose a bien dit qu’à la pleine lune…

  — Je sais !

  Je me fais du souci en pensant à tout ce que mon démon familier pourrait faire ou dire en une journée. Melissa a l’air surprise par le ton de ma voix, aussi je m’efforce de répéter ce que je viens de dire d’une voix plus amène.

  — Je sais bien, mais je n’ai pas trouvé ce que je pouvais faire de lui. Et puis, il n’a pas l’air dangereux du tout.

  Melissa grommelle :

  — Pense à ton poisson !

  — J’ai traîné l’aquarium jusque dans ma chambre. Je l’ai posé par terre. Que voulais-tu que je fasse d’autre?

  — Le pauvre !

  Je réponds d’un ton sec :

  — Ce n’est jamais qu’un poisson ! Je vais essayer de trouver une table pour cette nuit. J’ai déjà de la chance que la porte de ma chambre ferme à clé. Sinon, inutile de te dire ce que Neko pourrait en faire si jamais il avait une petite faim…

  — Tu aurais pu sortir une autre formule magique
pour faire apparaître une table…

  — Qu’est-ce que tu crois ? Je suis loin d’être une experte en sorcellerie ! Et il est hors de question que je m’approche de nouveau de ce livre.

  Je me souviens de cette courte et étrange plongée dans les ténèbres, de cette énergie soudaine venue de nulle part.

  — Tu comprends, je ne sais pas du tout comment j’ai pu faire tout ça, et je ne vais pas m’amuser à ce petit jeu. Mais si je n’avais pas promis à Montrose…

  Je suis interrompue par deux femmes qui franchissent la porte du magasin. L'une d'elles fouille déjà dans son sac en demandant :

  — Il vous reste quoi ?

  Melissa montre du doigt la dernière pâtisserie sous son dôme de verre.

  — Une Grenade au citron. Et aussi deux Merveilles au caramel et au gingembre…

  Les cookies géants sont côte à côte sur une assiette en poterie faite à la main.

  — … un Tourbillon aux deux Parfums…

  C’est un mélange de confiture de framboise et de caramel.

  — … et une demi-douzaine de Jeannot-Lapin.

  Ce sont ceux que je préfère, des mini gâteaux aux carottes. Leur confection prend beaucoup de temps, d’autant que Melissa met un point d’honneur à les décorer avec de minuscules bouts de carottes à l’orange sur le glaçage au fromage frais. Mais je verrais plutôt ces deux femmes jeter leur dévolu sur les Merveilles, et la suite me donne raison. Elles payent en promettant de revenir demain, puis se dirigent vers la porte.

  Melissa me tend un Jeannot-Lapin. Le glaçage fond sur ma langue et je ferme les yeux, au bord de l’extase.

  Après tout, quelle importance si je suis une sorcière et si j’ai réussi à faire un tour de magie ? Quelle importance si les bouquins stockés dans ma cave détiennent les secrets de l’univers, je pourrais peut-être prendre le temps de les consulter, de faire des recherches et de les ranger ?

  J’avale une bouchée de gâteau. Finalement non, je n’ai rien à faire de cette collection de livres sur la sorcellerie. Je ne les laisserai plus jamais s’immiscer dans ma vie. J’ai commis cette erreur une fois, et c’était une fois de trop! Comme cette cire brésilienne que Scott m’a persuadée d’essayer, ou mes sourcils teintés. Je n’ai pas l’intention de jouer à ce petit jeu. Jamais plus. Ce serait la porte ouverte au mystère. Et quoi de mieux que le moment présent pour reprendre une vie normale ? Même avec un démon familier qui fait un petit somme sur mon canapé…

  Je me force à sourire en changeant radicalement de sujet de conversation.

  — Bon, si on oubliait la sorcellerie ? Parle-moi plutôt de ton rendez-vous.

  Melissa est fermement décidée à trouver l’homme de sa vie avant d’avoir trente ans. Bien qu’elle ne l’ait pas encore rencontré, elle sait déjà qu’il est cultivé, sensible et prévenant, et le fait qu’elle gère toute seule son magasin ne lui fait pas peur. Il est suffisamment indépendant pour lui laisser un peu d’autonomie si elle a besoin de respirer, mais suffisamment fiable pour être là quand il s’engage à le faire. Il doit impérativement être plus fort qu’elle physiquement, plus grand aussi, et avoir toutes ses dents et tous ses cheveux. Les mecs trop BCBG, trop grunge ou trop punk peuvent s’abstenir. Disons pour résumer qu’elle poursuit un impossible rêve, un être irréel, forgé de toutes pièces par les magazines, les romans de gare et les papotages incessants entre copines.

  Mais Melissa procède à une recherche rigoureuse de son homme idéal. Elle auditionne un nouveau candidat tous les quinze jours en puisant dans son stock de bases de données, à savoir : l’Association des Célibataires Urbains (qui a pour but de mener à bien des activités sur la base du bénévolat, et dont les équipes sont composées à 50 % d’hommes), les petites annonces du Washington Today (un magazine lu par les avocats, les lobbyistes et autres intellectuels pleins d’ambition), RendezVousd’Enfer.com (ce n’est pas le vrai nom du site, mais je n’arrive jamais à m’en souvenir), sans oublier les francs-tireurs (des mecs recommandés par des amis, des parents ou qui que ce soit qui les jugent dignes de croiser la vie amoureuse de Melissa).

  — Ton dernier rendez-vous, c’était bien un célibataire urbain, non ?

  Melissa ingurgite un Jeannot-Lapin. Comme elle ne mange jamais ses propres gâteaux, j’en conclus que le mec en question était un vrai désastre!

  — Ça, pour être urbain, il l’est! Avec sa mère, surtout…

  — Tu veux dire que c’est un type du genre Norman Bates, dans Psychose?

  — Presque. Il a téléphoné à sa chère maman lorsqu’il est venu me chercher, soi-disant pour s’assurer qu’elle était bien rentrée de son club de bridge. Ensuite, il l’a appelée pendant le dîner. Et c’est elle qui l’a appelé lui pendant qu’il me raccompagnait chez moi.

  — Mais il était comment ? Tu aurais peut-être pu régler cette histoire de téléphone avec lui ?

  — Les coups de fil, ce n’étaient que les amuse-gueule !

  Melissa jette un coup d’œil sur sa montre pour s’assurer qu’il est bien 18 h 30, puis elle fait le tour du comptoir jusqu’à la porte et passe du mode OUVERT en mode FERME en retournant l’écriteau fabriqué par ses soins en lettres manuscrites. Puis elle éteint la lumière de l’enseigne. Elle actionne ensuite un nouvel interrupteur, et les quatre vitrines du magasin se fondent dans l’obscurité.

  Comme j’ai pris l’habitude de le faire, je m’empare d’un torchon. Melissa se refusant à me faire payer ses Jeannot-Lapin, je me charge de laver la vaisselle : assiettes, pots à café, et ce qu’il reste en fin de journée. Tout en remplissant l’évier d’eau chaude et de produit vaisselle, Melissa poursuit son récit.

  — J’ai essayé de lui faire des compliments sur sa cravate, mais il m’a dit que c’était sa mère qui la lui avait rapportée de Singapour. Et quand je lui ai demandé ce qui l’avait poussé à s’engager avec les Célibataires Urbains, il m’a répondu que c’était le club de jardinage de sa mère qui parrainait l’association…

  — J’ai compris. Ce n’est encore pas le bon numéro !

  Je commence à laver les assiettes.

  — Tu sais quoi? Avant même que nous ayons fini les amuse-gueule, j’avais déjà fait le tour de mes cinq sujets de conversation.

  En dépit de son expérience, Melissa est stressée par ses rendez-vous. Elle a toujours peur de dire une bêtise, ou pire encore, de ne pas savoir quoi dire. Elle s’arrange donc pour dresser une liste de cinq sujets de conversation avant chaque rencontre. Elle les note sur un bout de papier et les apprend par cœur. Elle essaie de les utiliser avec parcimonie, en exploitant au maximum chacun d’eux avant de passer au suivant. Ce sont en général des petits chefs-d’œuvre de questions ouvertes, et à ma connaissance, elle n’a encore jamais pu traiter les cinq sujets avec la même personne. En général, elle s’arrête à deux. Trois si le mec est particulièrement difficile à cerner, voire quatre si c’est l’homme le plus timide de la terre. La plupart du temps, ceux qui ont droit à quatre sujets sont des adeptes du site RendezVousd’Enfer.com...

  Mais cinq, ça jamais! Surtout au stade des amuse-gueule…

  — Tu as fait quoi ?

  — J’ai cédé devant l’inévitable.

  — Tu pourrais être plus claire ?

  Elle hausse les épaules et retire la bonde de l’évier. Nous regardons l’eau s’écouler en tournoyant. Le gargouillis final ressemble furieusement à un commentaire sur notre vie amoureuse !

  — Je lui ai demandé quel était, d’après sa mère, le portrait de la femme idéale.

  — Tu plaisantes ?

  — Certainement pas.

  Elle prend un torchon pour s’essuyer les mains, la mâchoire serrée.

  — Et si jamais il avait compris que tu te fichais de lui ?

  — Qu’est-ce que je risquais ? Qu’il refuse de me revoir?

  — Alors, il a répondu quoi ? C’est quoi la femme idéale, pour sa mère?

  — Une femme qui sait faire la cuisine et le ménage, capable de tenir les comptes de la maison tout e
n pondant des bébés comme si la pilule n’existait pas.

  Melissa met du café dans les filtres pour se préparer au rush du lendemain matin.

  — Les derniers mots sont de moi… Tu penses bien qu’il n’a pas parlé de la pilule!

  — Et après, de quoi avez-vous parlé ?

  — De rien.

  — De rien ?

  Je suis fascinée par son récit. Pour un désastre, c’en est un. Un énorme fiasco ! Et je ne peux m’empêcher de remuer là où ça fait mal.

  Melissa finit par répondre à ma question.

  — J’ai décidé de faire l’économie d’autres sujets. Cinq, c’est ma limite. Si je te disais que le dessert lui-même était nul, des gâteaux au chocolat fondant. Je ferais mieux même en dormant…

  Je trouve son jugement sévère. Après tout, les gâteaux au chocolat fondant, on sait ce que c’est. Ils ne devaient pas être aussi mauvais que ça, même si son rendez-vous a été une cata ! Mais la loyauté m’impose d’avoir l’air d’accord avec elle, et je marque ma réprobation d’un claquement de langue.

  — Je vois. Encore une soirée gâchée.

  Melissa s’approche du calendrier qui pend sous le téléphone. Elle farfouille dans le mug rempli de stylos posé sur le comptoir et finit par trouver ce qu’elle cherchait, son feutre rouge. C’est celui qu’elle utilise pour ses rendez-vous. Au départ, c’était censé être romantique (rouge cœur !), mais ça vire de plus en plus au rouge sang ! Elle trace une croix géante sur le rendez-vous de la veille puis opte pour un stylo bille noir pour rayer la case correspondante.

  Je la comprends. Vraiment. Mais une petite voix intérieure n’arrête pas de me harceler : vingt-six « premiers » rendez-vous en un an, il y a de quoi devenir folle, non ? Et que se passera-t-il si jamais un de ces mecs lui plaît? Elle sera peut-être obligée de trouver un créneau pour un second rendez-vous avant de rencontrer le candidat suivant, ou d’éliminer d’office un des candidats. Et si elle choisit d’éliminer un candidat avant même de le voir, comment gérera-t-elle ses bases de données pour continuer à les utiliser chacune à leur tour ?

  Personnellement, je trouve que je m’en tire mieux. J’ai déjà choisi ma cible : Jason. Je peux investir et mes pensées et mon énergie pour m’occuper de son cas. En fait, j’ai ébauché ce matin même la trame de la conversation idéale qui me permettra de dénicher des infos précises sur Ekaterina Ivanova.

 

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