COMMENT JE SUIS DEVENUE IRRESISTIBLE

Home > Other > COMMENT JE SUIS DEVENUE IRRESISTIBLE > Page 7
COMMENT JE SUIS DEVENUE IRRESISTIBLE Page 7

by KLASKY


  J’ai attendu le moment où j’avais des livres à ranger près de lui. Dès qu’il a levé la tête, je me suis lancée.

  — On a beaucoup de monde, en ce moment. Des tas de nouveaux clients. J’imagine que les étudiants qui préparent leur maîtrise doivent avoir du pain sur la planche en cette fin de trimestre…

  D’accord, ce n’est peut-être pas la technique d’approche la plus élaborée qui soit. Ça me fait penser à ce jeu où l’on doit amener son coéquipier à prononcer un mot clé, « tabou » par exemple. Mais au moins, j’ai réussi à attirer son attention.

  Il m’a dit en souriant :

  — Vous avez une jolie robe.

  J’ai littéralement fondu de plaisir.

  Mais il a ajouté :

  — Vous avez organisé un bal masqué à la bibliothèque ?

  J’ai tiré sur mes poignets de dentelle en maudissant Evelyn.

  — Nous essayons quelque chose de nouveau, pour donner un semblant de vie à nos collections.

  Avant qu’il ait eu le temps de répondre, quelqu’un a sonné pour avoir un café. C'était aussi bien, car j’ai perçu dans le regard de Jason une lueur de perplexité. Et un rien de pitié. Pas terrible pour commencer une histoire d’amour.

  Mais c’est toujours mieux qu’un fifils à sa maman qui a besoin d’une intervention chirurgicale pour être séparé de son téléphone portable!

  Je dis à Melissa :

  — Désolée. J’espère que tu auras plus de chance la prochaine fois.

  Elle soupire.

  — Eh oui ! Il va falloir que je passe en revue les prochains candidats…

  Elle a reçu une pile de réponses à sa dernière petite annonce parue dans le Washington Today. Elle se brosse les mains comme si elle voulait se débarrasser d’un reste de farine.

  — … mais je commence à en avoir ras le bol de tout ça. Tu es toujours partante pour le yoga demain ?

  — Je ne sais pas.

  Je déteste aller au cours de yoga avec Melissa. Elle est bien plus souple que moi et est capable d’écouter le prof tout en se contorsionnant pour prendre des postures pas possible !

  — Tu sais bien que tu te sentiras mieux après le cours.

  — J’ai peur de laisser Neko tout seul.

  — Tu es bien restée toute la journée à la bibliothèque, aujourd’hui. Pourquoi veux-tu qu’il fasse demain ce qu’il aurait pu faire aujourd’hui ?

  Je tente encore de trouver une échappatoire. Mais elle insiste.

  — Bon. On se fait un petit « Pierre, papier, ciseaux » ?

  Depuis l’école élémentaire, c’est avec ce jeu que nous réglons tous nos différends.

  — O.K., allons-y !

  Nous commençons à compter ensemble, le poing droit sur la paume de la main gauche.

  — Un, deux, trois!

  Je choisis la pierre, et elle le papier.

  Elle s’exclame en riant :

  — Le papier enveloppe la pierre. C'est parti pour le yoga !

  — On le rejoue en trois manches ?

  — Ne sois pas mauvaise joueuse. Rendez-vous à la salle de yoga demain.

  Je vais chercher mon sac et je suis Melissa vers la porte de derrière.

  — J’aurais dû choisir les ciseaux.

  — C'est ça ! Ne sois pas en retard.

  Je fais un pas dans l’allée, et je me retourne pour regarder Melissa. Elle est debout dans l’encadrement de la porte, la salopette constellée de farine et les cheveux en bataille après sa journée de travail.

  Je lui demande :

  — Tu me prends pour une cinglée, non ? A cause de toutes ces histoires de sorcières…

  Mais elle secoue la tête et continue de sourire comme elle le faisait déjà à l’école primaire.

  — Tu es peut-être un peu cinglée, mais ça n’a rien à voir avec « ces histoires de sorcières », comme tu dis. Je ne suis pas certaine de comprendre ce qu’il se passe, mais nous arriverons bien à trouver une explication. Ceci dit, tu ferais mieux d’acheter une boîte de thon avant de rentrer chez toi. Ce sera toujours un jour de gagné pour ton Imbécile de Poisson.

  C'est étrange. Je devrais paniquer à l’idée de savoir Neko seul chez moi. Ce n’est quand même pas tous les jours qu’une fille fait apparaître un être mi-homme mi-chat qui a un sens aigu de la mode.

  Oui, mais voilà : Neko n’a rien d’effrayant. Je devrais me ronger les sangs à cause de ses pouvoirs magiques, redouter ce qu’il pourrait me faire à moi, à ma maison, à toute la ville et au monde entier. Mais je n’y arrive pas. Que redouter de quelqu’un qui est atterré à l’idée de réutiliser un sachet de thé ou pire, de me voir porter des chaussures plates avec une robe au-dessus du genou ? Un être désespéré depuis que je lui ai fait voir le déguisement que je suis obligée de porter à la bibliothèque.

  C'est vrai, il se passe des choses étranges, mais rien de terrifiant. Et comme je n’ai aucune intention de refaire des tours de magie, tout ça n’a pas vraiment d’importance. Je me suis répété tout l’après-midi qu’il fallait être idiote pour jouer les magiciennes. Idiote et naïve.

  Tout en descendant la rue pavée de Georgetown, je me répète une fois encore :

  — La magie, c’est bien fini !

  Dieu fasse que je m’en tienne à cette sage décision !

  6

  Je m’assieds face à Mamie et j’attends qu’elle ait fini de remplir ma tasse de thé bouillant. J’ai déserté la bibliothèque pour l’après-midi en expliquant à Evelyn que je devais rendre sa voiture à Mamie après le déménagement. J’ai juste omis de lui dire que ce sont les clés que je lui rends, confortablement installée dans un salon du Four Seasons.

  Ce n'est pas ma faute. C'est Mamie qui m’a proposé de manger un morceau avec elle. Elle adore ça. Difficile pour moi de refuser... C'est ma seule parente qui soit encore de ce monde ! En plus, j’ai entendu dire beaucoup de bien des délicieux sandwichs de cet hôtel, sans parler de leurs desserts. Je n'allais quand même pas rater ça !

  Après l’invitation de Mamie, j’ai téléphoné à Melissa et lui ai proposé de mener à bien une mission de reconnaissance pour sa boulangerie. Qui sait si le Four Seasons ne détient pas un trésor caché que Melissa n’aurait qu’à parfaire avant de se l’approprier… En lui donnant au passage un nom jazzy et pour un prix raisonnable. On a l’esprit d’équipe ou on ne l’a pas !

  Jusqu’ici, je ne suis pas déçue par ma petite escapade de l’après-midi. Le serveur nous présente une boîte à plusieurs compartiments remplie de flacons aux bouchons de verre contenant des feuilles de thé. Mamie et moi humons chacun des parfums pour faire notre choix : ça va de l’Oolong à la poire en passant par l’Earl Grey à la lavande et le Pekoe à l’abricot. Je finis par choisir l’Oolong, avec sa couleur ambrée et ses senteurs délicates qui parfument à présent l’air ambiant. La quintessence du thé… Mamie me propose du sucre, mais je n’en prends pas. J’accepte, en revanche, une noisette de crème.

  O.K. C'est vrai que j'ai menti à Neko la nuit de sa transformation : j’adore mettre un peu de crème dans mon thé. Mais juste un peu. Je n’en ai jamais chez moi car j’en utilise rarement, et je dépasse toujours la date de péremption avant que la brique soit vide. Or rien n’empeste davantage dans un frigo que des produits laitiers périmés.

  De toute façon, même si j’avais eu de la crème sous la main l’autre soir, je ne l’aurais pas partagée avec l’homme-chat. Je n’avais aucune envie de mettre en valeur le côté félin de sa personnalité. Cela me donne la chair de poule rien que d’y penser. Hier soir, lorsque je suis rentrée de chez Melissa, j’ai trouvé deux campagnols et une souris étendus à l’entrée de la maison, leurs minuscules cadavres alignés comme une offrande rituelle.

  Neko. J’ai décidé de ne parler ni de lui ni de Montrose à Mamie. Je préfère garder pour moi ce qui s’est passé cette fameuse nuit. Elle se ferait trop de souci, et comme je n’ai aucune intention de refaire des tours de magie, inutile de l’inquiéter pour rien.

  Un serveur s’
approche et pose sur la table un plateau à plusieurs étages. J’aperçois quelques sandwichs au concombre (avec des tranches de pain blanc incroyablement fines débarrassées de leur croûte). Il y a aussi de minuscules bouchées de salade de poulet au curry sur de fines tranches de pain aux noisettes glacé, une cuillerée de salade aux œufs avec du pain noir et un soupçon d’aneth. Je décide de laisser l’œuf pour Mamie – c’est ce qu’elle préfère – mais je ne me prive pas de le humer au passage. Mon choix se porte sur le saumon fumé, servi sur une brioche au citron.

  C'est Mamie qui rompt le silence.

  — Je suis vraiment ravie que tu aies pu prendre ton après-midi. Dommage que tu n’aies pas gardé ta nouvelle tenue, j’aurais bien aimé la voir. Cela doit être adorable comme tout.

  Je mâche un morceau d’orange en prenant tout mon temps. Dès que je l’ai avalé, je baisse les yeux sur ma jolie petite jupe trapèze. Dire que je ne la porterai jamais plus pour aller au boulot ! Et Jason Templeton n’aura jamais l’occasion de l’admirer… même de loin, et encore moins de près, surtout la fermeture à glissière sur le côté qui fait parfois des siennes…

  — Je ne peux pas porter cette tenue en public, Mamie. C'est une jupe à cerceaux… Parole d’honneur! Quant au jupon matelassé, il a l’air de sortir tout droit d’un musée.

  — C'est pour t'aider à te tenir droite. Tu as toujours eu besoin d’un pense-bête pour corriger ta position.

  Merci, Mamie. Moi aussi, je t’aime.

  — Avant que j’oublie… voici tes clés. J’ai laissé la Lincoln au voiturier.

  Mamie pose les clés sur la table, devant nous. Pendant un moment, je me dis qu’elle les a mises là pour les avoir sous la main, comme une trappe de secours. Au cas où l’une de nous deux aurait besoin de prendre la fuite. Etrange, non ?

  Je chasse cette pensée de mon esprit et je lui demande comment s’est passée sa réunion. Elle vient d’avoir sa séance mensuelle avec le conseil d’administration du Club des Amis de l’Opéra.

  — Bien, ma chérie.

  — Bien?

  Décidément, il y a quelque chose qui cloche. Mamie est capable de parler de ses réunions pendant des heures ! De nous raconter par le menu le spectacle donné par les bénévoles, ou l’arrivée triomphale des sopranos vedettes qui arrivaient au théâtre en se prenant pour des prima donna alors que ce genre d’accueil n’existe qu’au New York’s Metropolitan Opera.

  — Oui, ça s’est bien passé.

  Elle regarde autour d’elle d’un air distrait, comme si elle essayait de trouver un serveur. Tu parles !

  — Encore un peu de thé ?

  Je baisse les yeux sur ma tasse : elle est encore pleine. Là, je commence vraiment à m’inquiéter.

  — Heu… plus tard, Mamie.

  — Jane, je voudrais que tu me fasses une promesse…

  Ouf ! C'était donc ça. Ça faisait longtemps! Il fallait s’y attendre…

  — A quel sujet ?

  — C’est encore trop tôt pour te le dire.

  — Quoi…?

  Je me rappelle à temps que Mamie aime les bonnes manières.

  — Pardon ! Tu disais... ?

  Mais on sent une certaine brusquerie dans ma voix.

  — Je vais te demander de faire quelque chose, et je sais que ça ne te plaira pas beaucoup. Mais promets-moi quand même de le faire, c’est très important pour moi. Plus important que tout ce que j’ai pu te demander jusqu’à présent.

  Attendez une minute ! Ça n’a rien à voir avec ce que Mamie me demande d’habitude. Cette fois, elle veut que je m’engage avant même de savoir ce qui est en jeu. Que se passe-t-il donc ?

  Et soudain, toutes les pièces du puzzle se mettent en place. La nervosité de Mamie, cette invitation à prendre le thé avec elle et cette réponse laconique concernant le conseil d’administration.

  L’oncle George !

  Il ne s’agit pas du tout de mon oncle. En fait, c’est un ami de Mamie, son plus vieil ami. Il sort avec elle depuis des décennies… les seules soirées d’adulte que je lui aie jamais connues depuis que je suis gamine. L'oncle George et mon grand-père se sont connus à l’école primaire, et à la mort de mon grand-père, George a aidé Mamie à tenir sa maison.

  A dire vrai, je n’ai jamais porté cet homme dans mon cœur. Pendant des années, il s’est amusé à faire sortir de mes oreilles des pièces de vingt-cinq cents. Je comprends qu’on puisse être ébahi et rire comme un gamin avec une enfant de cinq ans, moi en l’occurrence. Mais à quinze ans ? Et en plus, il a des bajoues… Je vous jure! Des grosses bajoues de bon gros chien. Quand il parle, on les voit bouger…

  Mais il rend Mamie heureuse. C’est même lui qui l’a amenée à s’intéresser à l’opéra. D’après elle, c’est grâce à lui qu’elle supporte les assemblées générales qui n’en finissent pas. Il faut dire qu’il en est le président.

  Aujourd’hui, il semble qu’il soit enfin prêt à passer à « un autre » type de relation. Il va demander Mamie en mariage. C'est logique. Je me suis enfin trouvé une maison digne de ce nom par l’intermédiaire de Peabridge, et même si Scott est définitivement sorti de ma vie, il est clair que je n’aurai plus à revenir vivre chez Mamie.

  Je me demande si elle portera une robe blanche. Comprenez-moi bien… Personnellement, je n’y vois aucun inconvénient. Je suis tout sauf conformiste. Pourquoi pas un genre de robe de cocktail, avec un bouquet de roses discret ? Nous pourrions même organiser la cérémonie dans les jardins de Peabridge, et profiter de ma cuisine pour servir le punch et la pièce montée. Je suis certaine qu’Evelyn ne serait pas contre. Ça lui ferait même de la publicité.

  — Jane ? Tu me le promets ?

  Maintenant que j’ai compris de quoi il retourne, et que nous sommes en terrain sûr, je souris. Mais avant que j’aie le temps de dire quoi que ce soit, le serveur s’approche de nouveau. Il nous débarrasse du plateau de sandwichs pour le remplacer par un autre qui regorge cette fois de merveilleux desserts. En dépit de ma réticence à faire une promesse – attention, pour la forme ! –, je ne peux m’empêcher de saliver en découvrant ces scones saupoudrés de noix de coco, ces mini-tartelettes meringuées au citron et ces financiers à la pistache couronnés d’une cerise confite.

  Mamie sourit comme une enfant qui découvre ses cadeaux le matin de Noël. L’espace d’un instant, je me dis qu’elle va se mettre à applaudir…

  — Tu as vu, Jane ? Tous mes gâteaux préférés sont là !

  — Mamie…

  — Donne-moi ton assiette, je vais te servir.

  Elle passe un temps fou à faire son choix parmi toutes ces merveilles et pose les gâteaux sur mon assiette d’une main un peu tremblante. D’accord, elle est toujours nerveuse, mais pas à ce point-là. Que se passe-t-il donc ?

  Elle mord dans une minuscule tartelette à la framboise et je regarde le mouvement de ses mâchoires tandis qu’elle engloutit son gâteau. Puis elle se rend compte que je l’observe.

  — Quoi ? Ne me dis pas que tu n’en peux déjà plus !

  — Mamie, pourquoi m’as-tu amenée ici ? Que veux-tu me demander ?

  Elle pose son assiette et, pour la première fois depuis que nous sommes ici, elle me regarde dans les yeux.

  — Promets-moi… !

  — Bon, d’accord. Je te le promets. Tu sais très bien que je t’aiderai à organiser ton mariage avec l’oncle George. Personnellement, je trouve merveilleux que vous vous soyez enfin décidés à vous marier !

  — A nous marier... ?

  Elle a parlé si fort que plusieurs clients se retournent pour nous regarder.

  — Comment ça ? Qui t’a parlé de mariage?

  — Pour quelle autre raison m’avoir amenée ici ? Pourquoi insister à ce point sur cette promesse et faire tant de cachotteries ?

  Mamie éclate de rire, un rire grave que je lui connais depuis ma plus tendre enfance, mes colères de petite fille, mon arrogance de lycéenne, ma rébellion d’étudiante. Un rire apaisant, mais où l’on détecte un brin de désespoir.

  Plus
elle rit, plus je m’énerve intérieurement. Bon, d’accord, je me suis trompée, elle n’a sans doute pas l’intention de se marier. L’oncle George et elle n’ont aucun besoin de modifier la nature de leur relation après des années d’une amitié sans nuages. Mais mon idée n’était quand même pas choquante à ce point ! Pourquoi réagir comme si j’étais une sorte de clown envoyé dans le seul but de la distraire ? J’avale une truffe miniature couverte de poudre de cacao et je laisse le chocolat amer fondre sur ma langue. Un vrai délice…

  Lorsqu’elle reprend enfin sa respiration, Mamie me dit :

  — Jane, je suis désolée. Je n’avais pas l’intention de t’induire en erreur.

  — Mais tu l’as fait.

  Je me rends compte qu’il y a encore de la bouderie dans ma voix. Je me redresse sur ma chaise, les épaules en arrière.

  — Mamie, que se passe-t-il ?

  — Promets d’abord…

  — Bon, d’accord. C'est promis ! Je ferai ce que tu me diras.

  Elle hoche la tête, satisfaite d’avoir enfin obtenu ce serment.

  — Jane, il y a quelqu’un qui veut te rencontrer.

  — Ne me dis pas que tu m’as arrangé un rendez-vous !

  Mamie a un petit sourire, presque triste.

  — Pas du tout, ma chérie.

  Elle prend la serviette de table posée sur ses genoux et la plie en forme de rectangle. Puis elle la pose à côté de son assiette, comme si elle en avait assez de prendre son thé.

  — La personne qui veut te rencontrer est une femme. Elle s’appelle Clara, Clara Smythe.

  Smythe est le nom de famille de Mamie. Et Clara était la sœur de Mamie. Ma grand-tante Clara est morte il y a des dizaines d’années dans un accident de voiture, juste un mois avant la naissance de ma mère. C'est d’ailleurs la raison pour laquelle Mamie a donné le nom de Clara à ma mère. Quelle ironie que ma mère soit également morte dans un accident de voiture…

  — Clara…?

  Mamie hoche la tête.

 

‹ Prev