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City Girl

Page 22

by Sarah Mlynowski


  Lorsqu’il emprisonne entre ses mains fiévreuses ses seins aux rondeurs nacrées, elle comprend que l’instant de vérité est enfin venu. Elle veut être sienne, pour toujours. Il caresse son sein droit, puis le gauche (notre héros est un garçon méthodique), puis joue à faire rouler la pointe de sa langue sur ses mamelons durcis par le désir (de nouveau le droit en premier, le gauche en second). Avec une lenteur infinie, il glisse ses mains dans le creux de ses reins pour la plaquer contre lui, ne lui laissant rien ignorer de la passion qui le brûle.

  S'abandonnant sans retenue au feu de son désir, elle lui mord le lobe de l’oreille tout en ondulant du bassin en une sensuelle invitation. Puis elle le fait rouler sur elle, impatiente, ivre de désir. Elle sent une vague de chaleur monter en elle, emportant sur son passage toute pudeur. Elle n’est plus que passion, attente, volupté…

  Dans un nouveau gémissement, il lui arrache sa jupe et ses sous-vêtements (quelle fille utilise encore le terme de sous-vêtements ? On ne porte pas toutes des strings ? Au fait, il a déjà fait voler son jean, ai-je pensé à le mentionner ?) S'enhardissant, elle fait glisser son caleçon (son caleçon ? qu’est-ce que c’est que ce héros qui porte un caleçon ? ça ne faisait pas partie du contrat !) le long de ses jambes musclées, effleurant au passage sa virilité triomphante.

  Le moment tant attendu est arrivé. Mais une sonnerie d’alarme résonne dans sa tête.

  — Tu as apporté des…

  — Non, je ne pensais pas que…

  — Heureusement que moi, si.

  Elle se soulève sur un coude pour ouvrir le tiroir de sa table de chevet, dont elle sort une capote. Ayant déchiré l’emballage, elle déroule le préservatif sur le membre dressé de son amant. Puis, le cœur battant au rythme frénétique de son désir, elle l’invite à entrer dans la tiédeur moite de sa féminité. Il plonge en elle avec vigueur, et… là s’arrête brutalement toute ressemblance avec les ébats du millionnaire et de sa jeune épousée.

  Il jouit dans un râle de bonheur.

  Comment, il jouit ? C'est tout ? C'est pour ça que j’ai passé des heures à me pomponner, à faire la cuisine et à briquer ma salle de bains ? Mais je ne suis pas du tout d’accord ! Et nos heures de passion partagée ? Et mes orgasmes renouvelés ? Et la femme vibrante de sensualité qu’il est censé éveiller en moi ?

  Les mauvais coups ont-ils conscience d’être nuls au lit, ou vais-je devoir lui annoncer moi-même la triste nouvelle ? Mais… attendez une minute (lui aussi, j’aurais bien aimé qu’il attende une minute. Mais passons). Et s’il était vraiment puceau ? Cela expliquerait son… comment dire ? son impatience. Dans ce cas, je suppose que je devrais me sentir flattée ?

  Autre hypothèse : il n’est ni vierge ni éjaculateur précoce. C'est simplement l’émotion qui lui a fait perdre le contrôle de la situation. Oui, je préfère nettement cela. Il paraît que ça arrive aux hommes très amoureux. Au lieu de faire la gueule, je ferais sans doute mieux de prendre un air câlin et de lui murmurer à l’oreille quelque chose comme : « Ce n’est pas grave, mon chéri. Ne t’en fais pas, ça ira mieux la prochaine fois ».

  A condition qu’il y ait une prochaine fois. Ce dont je commence à douter, vu le tour que prend la situation.

  — Je n’ai pas envie de rentrer chez moi, babe, dit-il d’une voix étouffée (par une forte émotion ? Hélas ! je crains que ce ne soit plutôt par une forte somnolence).

  — Eh bien… reste.

  Je préférerais avoir mon lit pour moi toute seule, mais bon. Au moins, on va pouvoir réessayer. Pour l’instant, ce que j’aimerais, c’est surtout pouvoir respirer. Il est toujours étendu sur moi tel un cheval mort, et je commence à m’inquiéter. Il ne peut pas au moins sortir de moi ? Et si le préservatif se roulait à l’intérieur ? Je n’ai pas la moindre envie de devoir courir aux urgences le faire enlever par un gynécologue.

  Je le secoue doucement.

  — Tim ?

  Il ne s’est pas endormi, quand même ?

  — Tim ?

  Pas de réponse.

  — Tim ! Il faut que j’aille à la salle de bains.

  Je le fais rouler de force sur le côté et me lève pour aller faire pipi. Il paraît que ça permet d’éviter certaines MST. Quoique… dans maladie sexuellement transmissible, il y a « sexuellement ». C'était vraiment du sexe, ce qui vient de se passer ?

  J’ouvre le robinet du lavabo pour couvrir le bruit pendant que je fais pipi. Un peu ridicule, je sais. Comme si les garçons étaient assez bêtes pour croire que les filles ne font jamais pipi ! Puis je vais dans la cuisine nous chercher à boire. Dans deux verres distincts — nous n’en sommes pas encore à « boire à la même coupe », comme le chante le Prophète. Si nous y arrivons un jour.

  Ne suis-je pas trop dure avec lui ?

  En me recouchant, je regarde le radio-réveil. 23 h 56. Tim est assis dans le lit. Entre ses jambes, le drap se soulève gaiement. Chouette, on remet ça !

  Puis ça me revient. La théorie de la première fois. L'idée, c’est de ne pas chercher à prolonger la première fois, afin de permettre à l’homme d’évacuer son trop-plein d’énergie, et de se concentrer sur le plaisir de sa partenaire la seconde fois. Normalement, Petit Timmy devrait rester au garde-à-vous durant des heures.

  A 23 h 59, il se rendort.

  Cette théorie, c’est des foutaises.

  Trois minutes. Qu’est-ce qui dure trois minutes ? (barrez la mauvaise réponse)

  1 Une pause publicité.

  2 Un clip vidéo.

  3 La cuisson d’un œuf coque.

  4 Une folle nuit d’amour.

  Je parie que Tim est persuadé qu’il faut des heures entières pour cuire un œuf coque.

  Roulé sur le côté, Tim dort comme un bienheureux. Moi, en revanche, je suis dans un état de frustration intense. Je ne vais jamais réussir à m’endormir. En plus, il est de mon côté du lit. Et d’abord, qu’est-ce qu’il fiche ici ? Sa maman va s’inquiéter ! Et pourquoi n’a-t-il pas pensé à apporter des capotes ? Je croyais que tous les garçons en avaient dans leur portefeuille ?

  Le lendemain matin, j’ai droit à la traditionnelle discussion pour savoir combien d’aventures on a déjà eues. (Nota : La prochaine fois, essayer d’avoir cette conversation avant plutôt qu’après.)

  — Quatre, dis-je. En te comptant.

  Si je peux te compter, Tim chéri, ce que je n’ai pas encore décidé.

  — Qui ?

  — Le premier au collège, puis une aventure d’un soir quand j’étais étudiante, et mon ex, Jeremy. Et toi ?

  Il a intérêt à ne pas me sortir une énormité du style « J’attendais de te rencontrer ».

  — Heu… plus de quatre.

  Plus de quatre ? Alors ce doit être cinq.

  — Cinq ?

  — Plus de cinq.

  Ce petit jeu commence à m’agacer.

  — Je donne ma langue au chat (si cela pouvait lui donner des idées…)

  — Treize. En te comptant.

  Je rêve ! Il a couché avec douze filles avant moi et aucune ne lui a expliqué qu’un seul aller et retour ne suffisait pas ? Impossible. Ce doit être le chiffre treize qui me porte la poisse. Qui me dit qu’il n’a pas été un amant fabuleux avec les douze premières ? Et qu’il est tellement fou de moi qu’il n’a pas pu se retenir ?

  Bof…

  — Alors, qu’est-ce que je fais ?

  — Il manque peut-être d’entraînement, diagnostique Natalie.

  — Laisse un Cosmo ouvert à la page d’un article sur la question, suggère Samantha.

  — Mais il faudrait déjà qu’il ait conscience d’être éjaculateur précoce ! Il avait l’air de trouver ça tout à fait normal. Il n’a jamais entendu parler de tout ça ? Quand on parle d’une nuit d’amour, que croit-il ? Qu’on joue au Scrabble ?

  — Il y a forcément un truc pour résoudre la question, déclare Samantha d’un don docte.

  Qu’appelle-t-elle « un truc » ? Mettre Tim sous Viagra ? Il n’a pas l’âge réglementaire !

&
nbsp; — Comme quoi, par exemple ?

  — Comme la technique du feu vert-feu rouge. On fait l’amour quelques minutes, on s’arrête et on passe à autre chose. Puis on recommence.

  — Et entre-temps, on fait quoi ? On commande une pizza ? Et comment résous-tu la question de la capote ? Que devient-elle pendant l’intermède de… ramollissement ?

  — Ce ne seraient pas les capotes qui lui posent un problème ? suggère Natalie.

  — Ça n’a pas de sens. D’un point de vue technique, les capotes ralentissent le processus, elles ne l’accélèrent pas. Si on n’en avait pas mis, ça se serait terminé avant d’avoir commencé !

  — Dans ce cas, mettez-en deux, propose Sam.

  — Non, répond Natalie. Il va tellement flipper à l’idée de ne rien sentir qu’il va surcompenser.

  — Alors essayez encore. C'était peut-être l’angoisse de la première fois.

  Hélas ! et après renouvellement de l’expérience, ce n’était pas l’angoisse de la première fois.

  « Vous avez un message ! »

  Le message d’Un Sourire pour Vous s’affiche sur mon écran.

  « Salut babe ! », dit le texte saisi au-dessus d’un énorme clou. Le texte se poursuit en dessous : « Tu me rends complètement marteau ».

  Vingt minutes plus tard, un second message me parvient. Encore un sourire pour moi. « Un jour sans toi, c’est comme une tartine sans confiture. » Une cuiller dégoulinante de confiture apparaît à l’écran. Dois-je y voir un symbole freudien ?

  Tout ceci réclame une analyse en profondeur. Je m’apprête à envoyer un mail à Samantha, mais je change d’avis. J’ai besoin d’une vraie conversation. Il faudrait inventer un système de mails vocaux dotés d’une transmission instantanée du son. Ça fonctionnerait sur le principe d’un site de discussion, mais seulement sur le mode oral, et en temps réel. Il y aurait une sorte de signal sonore pour indiquer que votre ligne est libre, et un dispositif d’enregistrement de votre voix au cas où votre interlocuteur ne serait pas devant son ordinateur ou bien serait déjà occupé à échanger un mail vocal (c’est ainsi que je désigne cette invention) avec quelqu’un d’autre. On pourrait appeler cela phone-télé, du Grec phone (le son) et télé (à distance).

  C'est marrant, ça me dit quelque chose… Mais j’ai d’autres préoccupations pour l’instant. Je décroche mon téléphone. Pourvu que Sam soit déjà rentrée à la maison !

  Je crois que j’ai essayé tous les trucs qu’on m’avait recommandés. Par exemple, à mi-parcours de son premier aller et retour en moi, je lui ai dit : « Stop ! attends un peu, c’est si bon ! ». Il a dit : « O.K., bébé ».

  Deux aller et retour plus tard, tout était plié. Comment voulez-vous que j’aie un avenir avec ce type ? En admettant qu’on fasse l’amour trois fois par semaine et que chaque ébat dure cinq minutes (oui, je suis optimiste. Que voulez-vous, c’est dans ma nature !), je vais passer un quart d’heure par semaine à faire l’amour. Que suis-je censée faire durant les cent soixante-sept heures quarante-cinq minutes restant ? Jouer au Scrabble ? Commander des pizzas ? Il y a de quoi devenir cinglée !

  — C'est toi, Jackie ? Alors, quoi de neuf ?

  — Je commence à me demander si ce n’est pas moi qui ai un problème. Et si c’était Bev qui avait raison ? Si j’avais vraiment besoin d’une psychothérapie ? Je n’aime plus Tim alors qu’il est fou de moi. Comme si je ne supportais pas qu’on m’aime. Pourquoi est-ce que je tombe toujours amoureuse de types qui ne me voient même pas ? Pourquoi est-ce que je fuis ceux qui m’adorent ? Il veut que je rencontre ses parents. Mais je m’en fiche, de ses parents ! Je ne peux pas épouser un type qui m’aimera un cent soixante septième quarante-cinq du temps !

  — Tu te poses trop de questions. Et tu n’as pas besoin d’aller voir un psy. Tu n’aimes plus Tim parce que c’est un mauvais coup, point final. La vie est trop courte pour s’ennuyer au lit. Trouves-en un autre ! Je te laisse, je dois y aller.

  Et elle raccroche, sans doute pressée de retrouver Philip. Pour la séance d’introspection, c’est raté.

  — Jackie ?

  Flûte ! voilà Helen. Elle a plus que jamais l’air d’une poule, avec son regard étonné, sa tête ronde qui sort du col de son chemisier fermé jusqu’en haut et ses petites jambes maigrichonnes qui dépassent de sa jupe trop large.

  — Oui ?

  — Je voulais te remercier d’avoir accepté de corriger Le Millionnaire se marie.

  Ah bon ? Depuis quand me remercie-t-on de faire mon boulot ?

  — C'est gentil, mais c’est précisément pour ça qu’on me paie.

  — Exact.

  C'est bizarre, on dirait qu’elle est nerveuse. Aurait-elle appris ma quasi-liaison avec le frère de son autre correctrice ?

  — Et, hmm… tu veux bien me dire ce que tu en penses ?

  On me demande de penser, en plus ? Première nouvelle. (Nota : Penser à demander une augmentation en contrepartie de l’accroissement des efforts demandés).

  — Tu veux savoir ce que je pense du manuscrit ? Elle opine du chef (j’adore cette expression).

  — L'intrigue est bien menée.

  — Vraiment ? Et quoi d’autre ?

  Puisqu’elle le demande…

  — Eh bien, j’aurais quelques suggestions à faire à l’auteur. D’abord, la scène de la première rencontre. Il faudrait la rendre plus vivante, plus ressentie. Elle manque de peps. Lui, par exemple, on ne le sent pas. Il porte un parfum, de l’after-shave ? Ça reste trop bavard, et pas assez dans les sensations. C'est comme la scène du mariage. On ne sait jamais de quel point de vue on se place, la lectrice s’y perd. Il faudrait choisir un point de vue, celui du héros ou celui de l’héroïne, et s’y tenir. J’ai bien compris que l’auteur voulait jouer sur l’alternance des points de vue, mais le procédé ne fonctionne pas. A peine a-t-on compris qu’on voit la scène par les yeux du héros que pouf ! on se retrouve dans la peau de l’héroïne. On n’a jamais le temps de s’installer dans la scène. Et à ce propos, on se contrefiche du point de vue de la mère. Tout ce qu’elle apporte au récit pourrait être réintégré dans le monologue intérieur de l’héroïne. Et je ne parle pas des réflexions que se fait la tante. Qu’est-ce que ça ajoute comme sens ou comme intérêt ? Rien. Si tu vois l’auteur, montre-lui où est la touche « Effacer » sur son clavier, il ne l’a peut-être pas remarquée.

  Helen me regarde d’un air effaré. Eh bien quoi, ma poule, tu voulais mon avis, oui ou non ? Manifestement, Helen n’avait pas encore compris que je savais aussi parler.

  — Je ne manquerai pas de tenir compte de tes suggestions dans mon rewriting, dit-elle.

  — Encore un point. Les scènes d’amour sont très chaudes. Presque trop. Ce n’est pas un titre pour la collection Amour Vrai, il faudrait plutôt le caser dans Passions Brûlantes.

  Un large sourire s’épanouit sur son visage ingrat. On dirait que ça lui fait plaisir que ce manuscrit lui échappe au profit d’une autre collection !

  — Merci, dit-elle avant de tourner les ergots… heu, les talons.

  — A ton service.

  Pour une fois qu’on fait appel à mes neurones, dans cette boîte !

  « Vous avez un message. »

  Oh non ! Si c’est encore un sourire à la noix de Tim le casse-noisettes, je me jette dans ma poubelle.

  « Salut, Jackie,

  Me voilà de retour ! Comment ça va pour toi ? Suis chez mes parents à New York. Ai fait une virée du tonnerre. Suis impatient de te montrer mes photos de vacances. Appelle-moi ou envoie-moi un mail.

  Jer. »

  Ça alors. Ça alors. Ça alors !!!

  Dois-je vraiment l’appeler ? Non, je ne peux pas. Mais il dit qu’il veut me voir. Pour me montrer ses photos de sa cruche hollandaise ? D’abord, est-ce qu’elle sera sur les photos ? Est-ce qu’il aura eu la délicatesse de retirer les portraits de la bimbo avant de me montrer son album ? Est-ce qu’il aura prévu deux albums dont un allégé (« sans bimbo ajoutée ») et l’autre réservé à un public psychologiquement plu
s stable que moi ? Est-il seulement capable d’un tel effort pour moi ? Et si oui, cela signifie-t-il qu’il m’aime encore un peu ? Est-ce qu’il envisage de revenir à Boston pour achever sa licence ? Si c’est le cas, fréquentera-t-il l’Orgasme ? Va-t-il chercher un appartement sur Back Bay ? En a-t-il déjà trouvé un ? Avec qui ?

  Il faut que je perde trois kilos. Le jour où je le croiserai à l’Orgasme, je serai entourée par une nuée de garçons sexy et fous de moi. Son regard fendra la foule dans ma direction. Il sentira son cœur s’arrêter, avant de repartir dans un hoquet douloureux. Moi ! Tellement plus belle, plus rayonnante, plus désirable que dans son souvenir ! Je porterai mes cuissardes noires, un petit haut brassière qui dénudera mon adorable ventre (plat, grâce à la reprise imminente de mes séances abdos-fessiers) orné d’un piercing, une minijupe qui dévoilera mes cuisses fuselées (merci, Maître Lorenzo !), et il sentira la tête lui tourner.

  Il aura enfin compris que je suis la femme de sa vie.

  S'il tient tant que ça à me parler, il peut toujours m’appeler. Ou m’envoyer un nouveau mail. Je vais attendre un peu. S'il m’écrit de nouveau, je lui réponds.

  Vous savez quoi ? Voilà une éternité que je n’ai pas vu Wendy. Si j’allais faire un petit tour à New York pour Noël ? Wendy sera ravie de me retrouver. On pourra passer des heures à discuter entre filles. On ira au cinoche. Oui, j’ai très envie d’aller à New York. Pour voir Wendy. C'est uniquement parce qu’elle me manque que j’y vais. Pour quelle autre raison irais-je là-bas ?

  Le soir même, je l’appelle.

  — Je viens te voir à Noël.

  Elle a l’air moyennement emballée par mon idée.

  — Je ne sais pas si le moment est bien choisi.

  Ne dis pas ça ! Je viens pour Noël. Il faut que je vienne.

  — Pourquoi ?

  — Je ne quitte pas le bureau avant une heure du matin. Je ne pourrai pas passer de temps avec toi.

  — Mais c’est Noël !

  Elle peut au moins me laisser les clés de son appartement ?

  — Les Juifs ne célèbrent pas Noël.

  — Mais ta boîte, si. Ils ne vont pas te demander de venir travailler pendant que tout le monde est en congé.

 

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