City Girl

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City Girl Page 25

by Sarah Mlynowski


  Et j’ai droit à la liste exhaustive — et ponctuée de gloussements excités — de tous les surfeurs et autres maîtres nageurs qu’elle a rencontrés depuis son arrivée. C'est décidé, l’an prochain j’accompagne Bubbe Hannah en Floride.

  Une vingtaine de minutes plus tard (quelle bonne idée j’ai eue d’apprendre par cœur le numéro d’appel de la carte téléphonique de mon père !), je vois un taxi jaune se garer devant l’épicerie. J’interromps Samantha au beau milieu du palpitant récit de son sauvetage par un maître nageur aux épaules larges comme ça et de la torride séance de bouche-à-bouche qui s’est ensuivie, et je rejoins Wendy dans le taxi.

  Pour le dîner, nous décidons de commander un repas chinois casher et de louer quelques cassettes vidéo. Love Story, Titanic, Sur la Route de Madison et Dancers in the Dark. Quitte à pleurer, autant pleurer pour une meilleure raison que pour ce salaud de Jeremy.

  — Jim a appelé, annonce Bubbe Hannah en nous accueillant.

  — Qui ? demande Wendy.

  — Qui ? demandé-je.

  — Jim. Le fiancé de Jackie. Pas le tien, ajoute-t-elle en se tournant vers Wendy. Malheurrreusement.

  Wendy jette un regard agacé au plafond. Je questionne Bubbe Hannah :

  — Vous voulez dire Tim ?

  — Oui, c’est ça. Excuse-moi ma petite Jackie, je me fais vieille.

  Une bouffée de tendresse m’envahit.

  — Vous n’êtes pas vieille, Bubbe Hannah. Vous souffrez juste d’un handicap chronologique.

  — Tim a laissé un message ? demande Wendy.

  — Il faut que Jackie le rappelle.

  Si je veux.

  Et pour l’instant, je ne veux pas.

  — J’ai un cadeau de Hanukkah pour toi.

  C'est le matin de Noël, je suis avec Wendy dans la cuisine. Je sors de mon sac le cadeau que je lui ai acheté hier chez Macy’s. Il n’est pas emballé dans un grotesque papier doré et il n’y a pas de ruban rouge ridicule dessus, ni carte avec un barbu obèse sur un traîneau, mais c’est un cadeau de Noël quand même.

  — Ce n’est pas la coutume de s’échanger des cadeaux pour Hanukkah, dit-elle.

  Mais elle l’accepte malgré tout. C'est la dernière édition du Guide du voyageur en Europe.

  — Ça te donnera peut-être des idées.

  En tout cas, moi, ça m’en donne. L'Italie, l’Espagne… n’importe quelle destination sauf New York. Je hais New York. Je vais lancer une ligne de casquettes et de T-shirts avec un logo « I

  New York » que je dessinerai moi-même. Grâce aux royalties que je toucherai, je deviendrai immensément riche. Je m’achèterai un gratte-ciel avec une piste d’atterrissage au sommet pour mon hélicoptère privé et le jour où Jeremy frappera à la porte de mon empire financier pour demander du travail, je lui ferai répondre que je ne veux pas de lui, même comme balayeur. On ne se moque pas impunément de Jacqueline Fern Norris.

  La voix de Wendy m’arrache à mes rêveries moroses.

  — Moi aussi j’ai un cadeau pour toi.

  Un cadeau pour moi ? Chic alors ! Impatiente, j’arrache le magnifique papier doré orné d’un charmant ruban rouge, et j’ouvre la carte ornée d’un délicieux Père Noël sur son traîneau. Wendy a écrit : « Joyeux Noël à la meilleure amie du monde. Tu es belle, intelligente et déterminée. Toute personne qui ne s’en serait pas encore avisée est priée d’aller se faire cuire un œuf, à Bangkok ou ailleurs. »

  Et voilà, mon mascara va encore couler. La prochaine fois que je viens à New York, j’investis dans du waterproof.

  Sous le papier, il y a une boîte de chez Bloomingdale’s qui contient… deux paires de gants de fourrure grise identiques.

  — Ils sont superbes ! Mais pourquoi deux paires ?

  — Dès que tu arriveras chez toi, tu rangeras la seconde paire dans un tiroir en sécurité. Si tu ne l’as pas déjà perdue. Tu t’en serviras quand tu auras perdu la première.

  Ce qu’il y a de bien avec Wendy, c’est qu’elle me connaît. Sur le bout des doigts.

  15

  Un train nommé désir

  Me voilà enfin dans le train, destination Boston. Pas fâchée de quitter cette Grosse Pomme véreuse. Je suis plongée dans la lecture d’une étude psycho-sociologique de fond (« Comment perdre vos kilos de Noël », Elle de janvier) lorsque soudain le wagon plonge dans l’obscurité. Je lève les yeux, surprise. Derrière ma vitre, je vois voleter des étincelles dans la nuit. C'est joli, on dirait des pétards ou des feux d’artifice. Sauf que le train vient de freiner dans un crissement inquiétant, et que des éclats de voix nous parviennent d’un autre wagon.

  Un silence inhabituel envahit la voiture. Puis quelqu’un allume une lampe de poche. Dire qu’il y a des gens pour se promener avec une lampe de poche sur eux ! Je suis sûre que le type (dix contre un que c’est un homme) transporte dans ses poches toute sa panoplie de scout : boussole, Zippo, couteau suisse avec poêle à frire intégrée. Le syndrome de McGyver a encore frappé. Personnellement, ma trousse de survie est constituée d’un tube de rouge à lèvres, d’un Tampax et d’une brosse à dents. Chacun ses priorités.

  Dans la lueur de la lampe torche, je devine la silhouette de ma voisine, occupée à manger un sandwich. Hallucinant. Le train est peut-être sur le point d’exploser et elle n’a pas cessé de manger. Vous continueriez votre sandwich, vous, s’il vous restait une minute à vivre ? En ce qui me concerne, il me semble que je penserais à ceux que j’aime, ou que j’adresserais une prière au Grand Architecte Assis Dans les Nuages. L'acte de mastiquer un jambon-beurre serait-il de nature plus méditative qu’il n’y paraît ?

  Je commence à me demander ce qui est le plus préoccupant, de l’incident qui vient d’immobiliser le train en rase campagne pour une raison inconnue ou de la capacité de nuisance des aliens qui m’entourent.

  J’étouffe un soupir de contrariété. Pourvu que ce fichu train de la mort ne reste pas bloqué une éternité entre nulle part et ailleurs ! J’ai déjà l’impression d’avoir suivi un circuit invraisemblable depuis New York, je suis fatiguée, je me sens sale, j’ai envie d’une bonne douche et d’un grand bol de corn-flakes (qui vient de murmurer « hydrates de carbone » dans l’assistance ?). Mais manifestement, le crâne d’œuf qui a tracé le plan de la ligne New York-Boston ignorait que le trajet le plus court pour se rendre d’un point A à un point B était — et sera toujours — la ligne droite. Quand il était petit, sa nourrice a dû lui raconter qu’il fallait faire un crochet par le point C, poser la musette au point F et aller voir au point U si j’y étais. Et il l’a crue, le naïf. Résultat, je vais mettre plus de temps à rentrer de New York que Neil Armstrong à revenir de la Lune en 1969.

  En plus, j’ai la migraine. Je n’aurais pas dû essayer de lire sans mes lentilles, que j’ai enlevées à cause de la climatisation qui me lyophilise littéralement les yeux. Il faudrait que je me renseigne sur cette opération au laser, mais j’ai peur que ce soit horriblement cher et horriblement douloureux. Chaque fois que j’y pense, je ne peux pas m’empêcher de voir deux mandarines pelées à vif.

  Autour de moi, les aliens commencent à s’agiter en murmurant. D’autres lampes de poche s’allument. Incroyable le nombre de McGyvers que transporte ce train. C'est l’époque de leur convention annuelle à Boston ? Dans la rangée d’en face, une dame vient de monter sur son siège. Elle est coiffée d’un hallucinant chignon vertical (toutes les mèches redressées vers le haut. Vous n’avez jamais vu ça. Moi non plus). On dirait la fiancée du docteur Frankenstein, un demi-siècle plus tard.

  Plus loin, un type aux épaules de déménageur se lève à son tour. Il lance à la cantonade : « Je suis maître nageur ! Quelqu’un a-t-il besoin d’assistance ? » Pourquoi, il y a quelqu’un qui se noie ? Plus les minutes passent, plus je me demande si ne j’ai pas été enfermée par mégarde dans un convoi spécial pour l’asile d’aliénés.

  A moins que je sois aussi cinglée que les autres ?

  Soudain, il me semble sentir une odeur de cramé. C'est complet. Je vais
mourir carbonisée dans un train à vingt-quatre ans, au milieu d’une bande de fous furieux et dans l’anonymat le plus complet. Le temps qu’on pense à chercher mon corps ici, je serai déjà à la fosse commune.

  Une vague d’angoisse menace de me submerger. Si je ferme les yeux, quelles sont les chances que je me réveille sous ma couette dans mon appartement de Back Bay ?

  Très faibles. Mieux vaut encore affronter la réalité. Je plisse les yeux, mais en vain. Je n’y vois rien. Je ne peux pas poser mes lentilles dans le noir, et de toute façon pour les trouver il me faudrait mes lunettes. Où sont mes lunettes ? Dans mon sac. Où est mon sac ? Dans le casier à bagages à l’entrée du wagon.

  Autour de moi, le délire collectif continue. Une usurpatrice en cuissardes noires et crinière rousse, très Pretty Woman, vient de se lever pour crier : « Est-ce que tout le monde peut s’asseoir et se taire ? »

  Enfin, le monde extérieur se manifeste sous la forme d’un contrôleur qui vient déverrouiller de l’extérieur une des portes d’accès au wagon. D’une voix affolée, il nous ordonne de sortir du train sans panique et de ne prendre que nos bagages à main avec nous. Il me faut mon sac de voyage. Mes cuissardes sont dedans. Sans mes cuissardes de cuir noir, je n’existe plus.

  Je rejoins la file des voyageurs qui se dirigent vers la sortie. Derrière moi, Julia Roberts est très occupée à se faire brancher par le maître nageur. Moi aussi je veux mon maître nageur, comme Julia, comme Samantha ! Qu’on me rende mes cuissardes ! Qu’on me prête une perruque rousse ! Qu’on me trouve un prénom en -a !

  Assise sur un tas de neige (froide), le jambes repliées entre mes bras dans une pose que j’estime assez romantique, je contemple le désastre de mon destin. Derrière moi, presque aussi spectaculaire que l’incendie de la ville dans Autant en emporte le vent, le train est en feu. Du moins, la première voiture. La seconde paraît sur le point de s’embraser à son tour.

  Des gens errent dans la campagne glacée. Je me sens seule au monde. Et en plus, j’ai froid. Après avoir échappé à la carbonisation, me voici menacée d’être congelée vivante. Qui sait, je m’éveillerai peut-être dans un monde meilleur ? Un monde où je serai mince, pleine d’esprit de repartie et où je saurai cuisiner autre chose que les macaronis au fromage. Un monde où je rencontrerai enfin le prince charmant qui ne se décide pas à apparaître dans le segment de l’espace-temps où je me suis fourvoyée. Un monde qui ressemblera à Friends, où on sera tous jeunes et beaux, et où on passera notre temps à rencontrer des amis dans les endroits les plus invraisemblables. Un monde…

  — C'est toi, Jackie ?

  Je me retourne, stupéfaite. Andrew ? Andrew ! C'est Andrew ! Andrew était dans le même train que moi. Ça alors ! Il faut que je le touche pour m’assurer que je ne rêve pas. Je bondis sur mes pieds — et sur les siens par la même occasion — pour le serrer sur mon cœur. C'est bien lui, en chair et en chemise Oxford.

  Mon Andrew ! C'est le ciel qui l’envoie. S'il savait comme je l’aime ! Je ne l’ai jamais autant aimé qu’aujourd’hui !

  — Si tu savais comme je suis heureuse de te voir !

  Au diable la dissimulation ! Après le krach amoureux que je viens de subir, je n’ai plus rien à perdre. Ma vie sentimentale est au bord du dépôt de bilan.

  — Je te croyais en vacances. Tu rentres plus tôt que prévu ?

  — J’avais à faire à Boston.

  — Avec Jessica ?

  La question est sortie malgré moi. Tant pis. Ou tant mieux… Andrew sourit.

  — Non. J’ai suivi ton conseil, j’ai cessé de la voir. Ça ne menait à rien. Enfin, si, ça menait à quelque chose, mais tu vas encore me traiter de butor.

  — Mufle.

  — Pardon ?

  — Je rectifie. Je ne t’ai pas traité de butor mais de mufle.

  Il sourit de nouveau. Au loin, le train continue de brûler. Une odeur de carbonisé flotte dans l’air. Tiens, je mangerais bien des brochettes ! Julia Roberts est en grande conversation avec Johnny Weissmuller, et un peu plus loin, la fiancée de Frankenstein se parle à elle-même. La scène est surréaliste.

  D’après Andrew, qui semble mieux informé que moi, les pompiers ont été appelés. Surtout, ne vous pressez pas, les gars ! C'est seulement l’express New York-Boston qui est en flammes. Rien d’urgent, finissez vos coquillettes avant de venir.

  Je sors de ma poche le muffin que j’ai acheté à la gare et j’en propose la moitié à Andrew. Il le refuse — il est intolérant au lactose. C'est très tendance, on dirait. Je devrais peut-être faire moi aussi une intolérance au lactose ? D’ailleurs, j’ai remarqué que les gens souffrant de cette allergie sont souvent minces. Ça a l’air plus efficace que le régime sans hydrates de carbone. Pas de chocolat, pas de glace, pas de fromage… Comment, pas de fromage ? C'est une plaisanterie ! Et mes macaronis au gruyère ? A la réflexion, je renonce à devenir intolérante au lactose. Il faut parfois savoir tourner le dos aux sirènes de la mode.

  Comme dans les meilleures comédies sentimentales, le ciel est brillant d’étoiles. Andrew et moi nous appuyons, tête contre tête, contre son sac à dos. Une sacrée chance qu’il ait pu le sortir du train, la scène aurait été ridicule avec mon sac à main.

  — J’ai mal au crâne.

  Je voulais dire que j’avais la migraine, mais Andrew a dû comprendre que j’étais mal installée car il sort de son sac un sweat-shirt qu’il roule sous ma nuque. Le sweat sent l’adoucissant, preuve irréfutable qu’Andrew est rentré à la maison confier sa lessive à sa maman. Existerait-il une particularité chromosomique responsable de l’incapacité masculine à utiliser une machine à laver ?

  — C'est un ciel impressionniste, murmure-t-il, me sortant de ma méditation.

  Où va-t-il chercher tout ça ? Je croyais qu’il avait une formation économique et commerciale ? Andrew serait-il l’homme idéal, la combinaison rêvée de l’artiste et de l’homme d’affaires aux dents longues, le mariage subtil de la sensibilité et du portefeuille bien garni ?

  Et s’il était mon âme sœur ? Il faut que j’en aie le cœur net. Si l’instant présent est la Minute Magique de la Rencontre que nous réservait de toute éternité le Grand Calendrier Universel, je n’ai pas le droit de laisser passer ma chance.

  Et encore moins celui d’éternuer.

  Au fait, est-ce que j’aime Andrew ?

  Celui-ci se tourne vers moi. Ses lèvres ne sont plus qu’à quelques centimètres des miennes.

  Les questions se bousculent dans mon esprit (c’est une image : jamais on n’a vu une question en malmener une autre de ses petits poings musclés). Andrew va-t-il m’embrasser ? En ai-je envie ? Embrasse-t-il bien ? Mieux que Jonathan-la-Ventouse ? Va-t-il sentir le goût du chocolat sur mes lèvres ? Cela risque-t-il de lui donner une crise d’asthme, ou une éruption de pustules vertes, ou je ne sais quelle manifestation de l’intolérance au lactose ? A-T-IL toujours sur lui des cachets, en cas de malaise ? Nos enfants seront-ils atteints de la même maladie ?

  — Je suppose que tu es allée rendre visite à Jeremy ?

  Tout compte fait, je me demande si c’était effectivement la Minute Magique. Ça tombe bien, j’ai envie d’éternuer.

  — Oui, je l’ai vu pendant mon séjour avec Wendy.

  Je ne sais pas s’il est dupe de mon mensonge, et je m’en fiche.

  Un type qui ressemble à un Responsable (il porte un brassard fluorescent et donne des ordres en bombant le torse) nous crie de nous diriger vers une ferme à quelques centaines de mètres, où des cars nous attendent pour nous conduire à Boston. Je prends le temps de retirer ma veste pour enfiler le sweat-shirt d’Andrew, puis je remets ma veste, que je laisse entrouverte. S'il voulait avoir la gentillesse de comprendre que ma petite mise en scène est censée être suggestive…

  Au terme d’une marche à travers bois qui m’offre une occasion inespérée de prendre la main d’Andrew, nous montons à bord de l’un des cars. J’ai eu le temps d’apercevoir des journalistes et des cameramen. Je vais passer à la télé ? Chic alors !
Pourvu qu’on me reconnaisse ! Pourvu que Jessica nous reconnaisse, Andrew et moi ! La seule fois où j’ai été filmée pour la télévision, c’était à l’occasion d’un reportage sur Halloween. J’avais huit ans et j’étais déguisée en citrouille.

  Andrew nous guide vers l’arrière du car et nous prenons deux places. A peine assis, il passe son bras autour de mes épaules. Aha ! Alors il m’aime au moins un petit peu ! Au moment de démarrer, le chauffeur met une cassette vidéo. Le film Speed, ce qui est un choix étrange puisqu’il s’agit des péripéties bus menacé d’explosion. Je regarde le début du film en bâillant. On ressemble un peu à Keanu Reeves et Sondra Bullock, Andrew et moi, non ? Non ? Dommage.

  — Quelle heure est-il ?

  — Presque minuit, me répond Andrew.

  Je soupire.

  — Quand je pense que j’étais censée arriver à Boston à 9 heures !

  Je sens son souffle sur ma joue. Dois-je me tourner vers lui ou continuer de fixer bêtement le siège devant moi ? Pourquoi est-ce que je continue de fixer bêtement le siège devant moi ?

  Si je tourne la tête, Andrew va m’embrasser. Je le sais, ça va arriver. Est-ce qu’il va m’embrasser ? C'est plus que probable. Enfin, je ne sais pas.

  Il reste immobile. Son bras est toujours autour de mon cou. Autour… de… mon… cou. Je crois que je vais m’évanouir. Pourquoi les femmes ne s’évanouissent-elles plus comme autrefois ? C'était tellement pratique ! C'est trop tard pour relancer la mode ?

  Bon sang ! qu’est-ce qu’il attend ? Que je prenne une initiative ? Vais-je le faire ? En ai-je envie ? Est-ce qu’il va se passer quelque chose ?

  Il se passe quelque chose. Qu’il fait chaud dans ce bus ! Je tourne mon visage vers Andrew. Je me sens aussi engourdie qu’une pizza mal décongelée. Pourtant je n’ai jamais eu aussi chaud de ma vie. Les premiers signes de la ménopause, déjà ?

  Je vois le visage d’Andrew en gros plan. Il se rapproche. Il se rapproche encore. Le point de contact est proche. Allô Houston ? Envoyez instructions ! Je répète, envoyez instructions !

 

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