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City Girl

Page 28

by Sarah Mlynowski


  Quelques secondes plus tard, c’est au tour de Sam de me rejoindre. Finalement, il faut savoir prendre du recul pour que les gens viennent vers vous.

  — Qu’est-ce qu’il t’a dit ?

  Je résume notre échange. Elle écarquille les yeux d’un air effaré.

  — Tu lui as dit quoi ?

  Du calme, Samantha. Ne crie pas.

  — Je lui ai dit que tu étais bien plus heureuse sans lui.

  — Mais mais mais… pourquoi ?

  — Parce que c’est le cas.

  C'est bien ce qu’elle m’a dit tout à l’heure, non ? Comment, non ? Elle ne l’a pas dit ?

  — Et Ben ? Et Philip ?

  — Mais on s’en fiche, de Ben et Philip !

  Vraiment ? Ce n’est pas l’impression qu’elle donnait tout à l’heure devant le bar. J’ai raté un épisode ?

  — Où est-il ?

  — Ben ou Philip ?

  — Marc ! Où est passé Marc ?

  — Euh, Marc ? Il est…

  Aïe ! Quelque chose me dit que j’ai un peu vite tiré les conclusions. Où est passée mon intuition féminine ?

  —... parti.

  — Quand ?

  — A l’instant.

  — Il faut que je lui parle.

  — Tu ne vas pas le suivre ?

  — Pourquoi pas ?

  — Et Ben ? Et Philip ?

  Mais elle ne m’entend pas. Elle a déjà filé vers la sortie.

  Super soirée. Andrew fête ses retrouvailles avec Jess (j’ai rêvé ou elle vient de lui passer la main dans les cheveux ?), Samantha va fêter les siennes avec Marc sans attendre les douze coups de minuit, et je me retrouve au bar en tête à tête avec une coupe de champagne vide.

  Il y a des centaines de gens dans ce bar et je suis seule au milieu de la foule surexcitée. Allez, une deuxième coupe. Allez, une troisième. Pour la route. Quelle route ? Sais pas. Jess est sur les genoux d’Andrew. Deux coupes (trois ?) plus tard, Joli Garçon passe à l’attaque. Il vient s’asseoir à côté de moi. Pour m’embrasser ? Il est déjà minuit ? Quelle heure est-il ? C'est déjà l’an prochain ? A quelle vitesse passe le temps exactement ?

  — Quelle heure est-il ?

  Je viens de poser la question à Joli Garçon. Petit veinard, vois comme je te facilite le travail. Il regarde sa Rolex d’un air obligeant. Il est riche ? Il est beau et riche ? Il est beau et riche et seul le soir du 31 ? Qu’est-ce qui cloche ?

  — Minuit moins dix.

  Et en plus, il a une belle voix grave bien timbrée, comme on dit chez Cupidon. Il enchaîne (oh oui ! enchaîne-moi, Joli Garçon !) :

  — Quel est ton nom ?

  — Amber.

  Je ne sais pas pourquoi j’ai dit ça. Amber ! Où es-tu, Amber ? Où es-tu, ma sœur de silicone ?

  — Comment se fait-il que tu sois seule ?

  C'est tout ce que tu as trouvé ? Faudrait un peu plus de conversation, mon mignon. Dis-moi que je suis belle, trouve quelque chose. Allez, je suis sûre que tu peux y arriver !

  — C'est parce que Sam est partie chass… chercher Marc et que Jess ne veut pas léch… lâcher Andrew.

  — Oh !

  — Oh ! Et toi, pourquoi es-tu sale ? seul ?

  — Je ne suis pas seul puisque je suis en train de te parler.

  Bien raisonné, Joli Garçon. Admirablement raisonné.

  — Et pourquoi est-ce que tu me plaî… tu me parles ?

  Un compliment, bon sang ! C'est le moment !

  — Parce que tu as l’air sympathique. Et que tu es très jolie.

  Tout de même. J’ai failli attendre. Je lève ma flûte. Flûte. Flûte vide. Non, c’est une coupe. Peu importe. Où est la bouteille ?

  — Et que je ne rencontre pas beaucoup de jolies filles dans mon travail.

  Et voilà, il va parler de son travail. Il attend que je lui demande ce qu’il fait. Mais je ne vais pas me fatiguer à lui poser la question : il y répondra de toute façon.

  — Tu n’as pas envie de rencontrer des filles ?

  — Si. Mais je ne connais pas beaucoup de femmes analystes financières.

  Qu’est-ce que je disais ?

  — Ma meilleure amie est analyste financière. Je pourrais peut-être vous présenter ?

  — Pourquoi pas ? En fait, il se trouve que je…

  Et c’est parti pour la visite guidée. J’ai droit à l’intégralité de son parcours, depuis le jardin d’enfants (bac à sable option seuil de rentabilité) jusqu’à sa spécialisation dans les fusées et altercations… les fusions et acquisitions. J’ai un peu de mal à suivre.

  Je le regarde ouvrir et fermer la bouche en cadence. Je ne comprends qu’un mot sur deux à cause de la musique. Non, ce n’est pas la musique. Ce sont les battements de mon cœur. Est-ce toi qui fais battre mon cœur, Joli Garçon ?

  Le rythme est de plus en plus lancinant. Non, ce n’est pas Joli Garçon qui me tourne la tête. Ou plutôt, si. Ce type me donne la migraine avec son bla-bla. Il va bien finir par s’arrêter, non ? Sur quel bouton faut-il appuyer pour le faire taire ? J’appuie sur tous les boutons de sa chemise. Sans résultat. Bon sang ! ses commandes ne répondent plus. Il va falloir atterrir en catastrophe. Que j’ai le gosier sec !

  D’un geste, je hèle Miss Décolleté. Ou son clone. Peu importe.

  — Encre… Encore quelques c… coupes, siouplaît. Et sans faux col.

  — Ça fait combien, quelques ? demande-t-elle sur un ton, je dois le dire, assez désagréable.

  — Ça fait trois. Une pour moi et une pour mon ami.

  Non, ça fait deux. Mais il paraît qu’un plus un égale trois. Où ai-je entendu ça ? J’ouvre mon sac et je sors mon portefeuille. Merci de m’offrir à boire, Joli Glaçon. Pas de réaction. Il est trop occupé à parler.

  — Tu sais quoi, chéri ? Moi aussi je bosse !

  Je lui ai cloué le bec. Il faut fêter ça. Coupe numéro un. Coupe numéro deux. Coupe numéro trois. Admirez le travail ! Joli Garçon me regarde d’un air paternaliste.

  — Vraiment ? Que fais-tu ?

  On dirait que je viens de lui annoncer que je suis allée sur la lune.

  — Je suis correctrice chez Cupidon.

  — Les romans sentimentaux ?

  Je hoche la tête.

  — Alors tu connais…

  Non ! Ne dis rien. Ne le dis pas. Par pitié, ne…

  — ... Fabio ?

  — Oui, je connais Fabio. En fait, je couche avec lui. Et franchement…

  Je louche sans ambiguïté sur son entrejambe.

  — … j’ai peur que tu ne sois pas de taille à lutter.

  Tu ne t’attendais pas à celle-là, hein ? Moi non plus. Mais je suis très fière de moi. Je suis même tellement contente que je sens un léger vertige. Pourquoi mon tabouret est-il bancal, tout d’un coup ? A ce moment, un haut-parleur prend la parole.

  — Plus que dix minutes avant minuit !

  Minuit ? Vite, il faut que je trouve Andrew. Andrew ! You-hou ! Où es-tu ? Ah ! à la table. J’arrive !

  Enfin, j’essaie. Si je n’avais pas tous ces bras et toutes ces jambes qui m’encombrent ! Pourquoi ai-je tant de bras et tant de jambes ce soir ? Je demande à un de mes bras de faire signe à Andrew. Le bras refuse. Je demande à un autre. Nouveau refus. C'est la panne. Tiens, Joli Garçon a un frère jumeau ? Première nouvelle. C'est marrant, ils rigolent tous les deux en même temps. Ils devraient faire du music-hall.

  Ah ! j’arrive à lever un bras. Et un autre. Et un autre. You-hou, Andrew ! Tiens, lui aussi il a amené son frère jumeau ? C'est une soirée spéciale jumeaux ? Il fallait le dire. Ça y est, ils m’ont vue. Ils font une drôle de tête, tous les deux. Et pourquoi ont-ils l’air penchés ? Pourquoi tout le monde se penche-t-il ? C'est une nouvelle danse ? Il faut m’apprendre !

  Andrew est là. Je ne l’ai pas vu arriver. Il me parle. C'est rigolo, on dirait que la bande-son est enrayée.

  — Oùùùùùù ééééétais-tu passééééée toute la soirééééée ?

  Il faut que je l’embrasse tout de suite. Je n
e vais pas pouvoir attendre minuit. Je ne me sens pas bien. Je ne me sens pas bien du tout. Tiens, c’est Jeremy ? Il est à Boston ?

  — Jeremy ? qu’eche… qu’est-ce que tu ffffff… fais là ?

  Il a l’air fâché. Ça ne doit pas être Jeremy.

  — Je suis Andrew.

  — Tu aimes Jess ?

  Il a l’air encore plus fâché.

  — Je discutais avec elle.

  — M’en fiche. M’en fiche ‘plètement.

  Je me sens mal. Où est mon lit ? Je veux me coucher. Est-ce que je peux me coucher par terre ?

  — Viens, tu as besoin de prendre l’air.

  — Nan. J’ai soif. A boire !

  — Pas question.

  Il me prend par le bras pour me faire descendre de force de mon tabouret de bar. Brute ! Je descendrai si je veux ! Je descendrai quand je le déciderai. Je… Tiens ? je suis descendue. Pourquoi m’a-t-il fait descendre ? Il faut à tout prix que je l’embrasse à minuit. Pourquoi minuit ne sonne-t-il pas ?

  — Il est minuit ?

  — Dans trois minutes. Et maintenant, viens marcher un peu dehors. Tu es verte !

  — Tu chais que ch’est très diffichile d’être verte ? Ch’est Kermit qui me l’a dit. Tu connais Kermit ? Moi je connais Fabio.

  Pourquoi fait-il froid tout d’un coup ? Tout ce froid sur ma peau ! J’ai autant de peau que ça ? Ça doit être toutes ces jambes et tous ces bras qui m’ont poussé dans la nuit. Je vais attraper une pneumonie !

  — Ça va ?

  Qui me parle ? Tiens, Andrew est revenu. Qu’est-ce qu’il fait là ? C'est marrant, il ressemble à Kermit. J’adore les grenouilles. Si je l’embrasse, va-t-il se transformer en prince charmant ? J’essaie de l’embrasser mais il soupire d’un air fâché. Pourquoi sont-ils tous fâchés ce soir ?

  — Veux-tu un verre d’eau ?

  Non. Ce que je veux, c’est un copain. Un petit ami. Un jules. Un boyfriend. Un fiancé. Un mec. Je suis soudain secouée d’une nausée.

  — Tu as envie de vomir ?

  — Nan.

  Peut-être. Sais pas. Andrew me prend par la main pour m’entraîner plus loin. Où va-t-on ? On dirait que c’est toujours le mur en brique rouge de l’Orgasme, mais je n’arrive pas à voir. Si cette saleté de mur voulait bien rester en place !

  Le haut-parleur est en train de compter. J’entends sa voix assourdie de l’autre côté du mur. Je commence à trouver qu’il a une sacrée personnalité, pour un haut-parleur. C'est peut-être un faux ? C'est peut-être un homme déguisé en haut-parleur ?

  — Dix… Neuf… Huit…

  Presque minuit ! Je me tourne vers Andrew.

  — Tu vas m’embrasser ?

  On dirait qu’il n’a pas saisi l’urgence de la situation. Plus que sept secondes et tout sera fini. Le taxi redeviendra poubelle et mon prince restera une grenouille. En plus, j’ai le mal de mer. Pourquoi le trottoir est-il agité de vagues ?

  — Quatre… Trois… Deux…

  — Je me sens mal.

  — Un ! Bonne année à tous !

  Je vomis tout mon champagne sur le trottoir.

  17

  Delirium très mince

  Ma tête. Mal. Qu’on m’enlève ce casque !

  Je pose les mains sur mon front. Pas de casque. Qu’est-ce qui me serre comme ça ? J’ai la migraine. Et le mal de mer. Je suis sur un bateau ? J’ouvre les yeux. Non, je suis dans ma chambre. Je regarde mon réveil. 15 heures. Tiens, j’y vois bien. J’ai encore mes lentilles de contact ? Pourquoi ai-je encore mes lentilles de contact ? Et quelle est cette odeur nauséabonde ?

  Horreur ! ça vient de moi.

  Les souvenirs me reviennent. L'Orgasme. Andrew. Non, pas l’orgasme avec Andrew, hélas ! Andrew à l’Orgasme. Avec Jess. Marc et Sam. Sam et Marc. Joli Garçon et moi. Heu… Joli Garçon sans moi. Fabio. Non, pas Fabio.

  Je suis si mal que je peux entendre les pulsations de mon cœur. Drôlement énergique, dis donc. Non, ce n’est pas mon pouls. On frappe à ma porte. Qui frappe à ma porte avec une telle impatience ?

  — Oui ?

  Je ne sais pas si la personne m’a entendue. En fait, moi-même je ne me suis pas entendue. Pas envie de parler. Trop fatiguée. Que s’est-il passé hier soir ? Ah oui ! Le mur de brique. Le trottoir. Les douze coups de minuits. Beurk ! Je me souviens qu’Andrew m’a raccompagnée à la maison, qu’il m’a donné un verre d’eau et m’a mise au lit.

  — C'est moi ! glapit une voix que je n’identifie pas. Ouvre cette saleté de porte ! Ça fait des heures que j’attends !

  J’arrive, j’arrive, qui que vous soyez. Laissez-moi juste le temps de distinguer le haut du bas et de me lever. Au moins, j’ai réussi à retirer ma robe. Est-ce bien moi qui l’ai enlevée ? Et pourquoi mes jambes sont-elles noires ? Oh ! j’ai encore mes collants !

  — Viiiite ! insiste la voix.

  Marrant, on dirait Iris. Enfin, marrant…

  — Quand même ! grommelle ma sœur quand j’ouvre finalement la porte.

  Bon sang ! c’était bien elle.

  — Iris ? Mais qu’est-ce que tu fais là ?

  — Je n’ai plus le droit de rendre visite à ma sœur ? Si je te dérange, il faut le dire !

  Du calme, du calme. Récapitulons. Nous sommes le premier de l’an, soit très précisément le lendemain de la sauterie organisée par Iris en l’absence des parents. Je croyais qu’elle était sur… comment s’appelle-t-il ? Ken ? Karl ? Kyle ? Elle devrait être tranquille à la maison avec Ken/Karl/Kyle (rayer les mentions inutiles), et elle a envie de rendre visite à sa sœur ?

  Il y a un bogue dans le programme.

  — J’ai appelé à l’Interphone pendant une heure, mais tu ne répondais pas. Heureusement, un voisin m’a fait entrer. Il me faut de l’argent, je n’ai pas de quoi payer le taxi.

  Quel taxi ?

  — Tu es venue de Virginie jusqu’à Boston en taxi ?

  Iris me jette un regard agacé.

  — Mais non, j’ai pris l’avion. J’arrive de l’aéroport. Maintenant, si tu voulais bien t’activer… Je lui ai dit que j’en avais pour cinq minutes et ça fait une heure qu’il attend en bas.

  J’espère qu’il a arrêté son compteur. Où est mon sac ? Le voici. Je le trouve drôlement léger. Pourquoi mon portefeuille n’y est-il plus ? Je le cherche rapidement dans ma chambre. Rien. Dans la cuisine. Rien. Dans la salle de bains. Rien. Dans les toilettes… Non, pas dans les toilettes. Mon portefeuille n’a rien à faire dans les toilettes.

  Je rejoins Iris dans la cuisine, où elle vient d’entreprendre une inspection en règle des placards et du Frigidaire.

  — Il ne peut pas être là.

  — Quoi ? demande Iris.

  — Mon portefeuille.

  — Ton portefeuille ? Mais je m’en fiche ! Je cherche de quoi manger. Il n’y a pas de corn-flakes dans cette baraque ?

  Je repars en étouffant un soupir d’agacement. Où est mon portefeuille ? Et le taxi qui attend en bas !

  — Il acceptera un chèque ?

  — J’espère, répond Iris en s’asseyant tranquillement à la table de la cuisine.

  — Combien ?

  — Trente. Et n’oublie pas le pourboire.

  Je vais dans ma chambre, remplis un chèque et retourne dans la cuisine le donner à Iris

  — Mes corn-flakes vont ramollir, bougonne-t-elle. Tu ne pourrais pas…

  — Non.

  En grommelant, elle se lève et se dirige en traînant les pieds vers la cage d’escalier. Je grogne :

  — Eh ! de rien ! Mal élevée !

  Bon, où est mon portefeuille ? Je recommence à chercher. Dans la commode de ma chambre ? Négatif. Dans ma penderie ? Pas plus. Dans les draps ? Que nenni ! Dix minutes plus tard, je m’effondre — au propre comme au figuré — sur le canapé. C'est la catastrophe. J’ai bel et bien perdu mon portefeuille. J’ai envie de pleurer.

  — Tu pourrais au moins m’aider ! râle Iris depuis l’entrée.

  Elle traîne un énorme sac polochon — que dis-je, un sac matelas à l’intér
ieur de l’appartement.

  — Ce crétin ne voulait pas me donner mon sac tant qu’il n’avait pas été payé. Grotesque ! Mes Diesels valent trois fois le prix de la course.

  Je l’aide à tracter l’engin jusque dans le salon. Bon sang, qu’il est lourd ! Elle a emporté son lavabo avec elle ? Soudain, une sonnette d’alarme résonne dans un coin de ma tête — à supposer que mon crâne soit doté de coins. Pourquoi Iris est-elle si chargée ? Combien de temps compte-t-elle rester ?

  — Iris, dis-moi la vérité. Que fais-tu ici ?

  Elle hausse les épaules, comme si la réponse était évidente.

  — Tu vois bien. Je m’installe.

  C'est une plaisanterie ?

  — Mais ce n’est pas possible. J’ai une colocataire, figure-toi. Janie sait-elle où tu es ? Et au fait, comment as-tu payé l’avion pour venir ?

  Iris pousse un gros soupir.

  — Premièrement, si, c’est possible. La preuve, je suis ici. Deuxièmement, non, tu n’as plus de colocataire. Sam s’installe chez Marc, elle me l’a dit ce matin. Troisièmement, non, Janie ne sait pas. Et quatrièmement…

  Je sens que je décroche.

  — Attends, attends, attends. Sam t’a appelée pour te dire qu’elle s’installait chez Marc ?

  — Tu es toujours aussi bête ou c’est spécial premier de l’an ? C'est moi qui ai appelé. Cinq fois. Mais tu ne répondais pas, tu devais cuver ton vin.

  Elle plisse ses narines d’un air offensé.

  — Tu pues, ajoute-t-elle de sa petite voix flûtée.

  Pour tout dire, je commence à la trouver un rien crispante.

  — Iris, surveille ton langage.

  — Je ne suis plus une gamine. Et tu n’es pas ma mère !

  — D’accord, d’accord, mais par pitié ne crie pas.

  Une idée me vient alors à l’esprit, du moins à ce qu’il en reste après ma cuite de cette nuit.

  — Tu as appelé ici cinq fois? Et Sam n’a pas répondu ?

  — Elle n’est plus là.

  Comment, plus là ? Où est-elle ?

  — J’ai fini par l’appeler sur son portable, reprend Iris. Elle était chez Marc. Elle s’installe chez lui.

  Impossible, elle le déteste. A moins que… Ils n’auraient pas eu le culot de se réconcilier hier soir ? Sam, ne me fais pas ce coup-là ! Sam, reviens ! Il faut que j’appelle tout de suite Philip. Ou Ben. Ou n’importe qui.

 

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