Cinq Semaines En Ballon
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Le docteur Fergusson nota soigneusement qu'il s'etait arrete a 4 degrees de latitude nord et a 17 degrees de longitude ouest.
Voyons maintenant ce que firent les lieutenants Burton et Speke dans l'Afrique orientale.
Les diverses expeditions qui remonterent le Nil ne purent jamais parvenir aux sources mysterieuses de ce fleuve. D'apres la relation du medecin allemand Ferdinand Werne, l'expedition tentee en 1840, sous les auspices de Mehemet-Ali, s'arreta a Gondokoro, entre les 4 degrees et 5 degrees paralleles nord.
En 1855, Brun-Rollet, un Savoisien, nomme consul de Sardaigne dans le Soudan oriental, en remplacement de Vaudey, mort a la peine, partit de Karthoum, et sous le nom de marchand Yacoub, trafiquant de gomme et d'ivoire, il parvint a Belenia, au-dela du 4e degre, et retourna malade a Karthoum, ou il mourut en 1837.
Ni le docteur Peney, chef du service medical egyptien, qui sur un petit steamer atteignit un degre au-dessous de Gondokoro, et revint mourir d'epuisement a Karthoum,—ni le Venitien Miani, qui, contournant les cataractes situees au-dessous de Gondokoro, atteignit le 2e parallele,—ni le negociant maltais Andrea Debono, qui poussa plus loin encore son excursion sur le Nil—ne purent franchir l'infranchissable limite.
En 1859, M. Guillaume Lejean, charge d'une mission par le gouvernement francais, se rendit a Karthoum par la mer Rouge, s'embarqua sur le Nil avec vingt et un hommes d'equipage et vingt soldats; mais il ne put depasser Gondokoro, et courut les plus grands dangers au milieu des negres en pleine revolte. L'expedition dirigee par M. d'Escayrac de Lauture tenta egalement d'arriver aux fameuses sources.
Mais ce terme fatal arreta toujours les voyageurs; les envoyes de Neron avaient atteint autrefois le 9e degre de latitude; on ne gagna donc en dix huit siecles que 5 ou 6 degres, soit de trois cents a trois cent soixante milles geographiques.
Plusieurs voyageurs tenterent de parvenir aux sources du Nil, en prenant un point de depart sur la cote orientale de l'Afrique.
De 1768 a 1772, l'Ecossais Bruce partit de Masuah, port de l'Abyssinie, parcourut le Tigre, visita les ruines d'Axum, vit les sources du Nil ou elles n'etaient pas, et n'obtint aucun resultat serieux.
En 1844, le docteur Krapf, missionnaire anglican, fondait un etablissement a Monbaz sur la cote de Zanguebar, et decouvrait, en compagnie du reverend Rebmann, deux montagnes a trois cents milles de la cote; ce sont les monts Kilimandjaro et Kenia, que MM. de Heuglin et Thornton viennent de gravir en partie.
En 1845, le Francais Maizan debarquait seul a Bagamayo, en face de Zanzibar, et parvenait a Deje-la-Mhora, ou le chef le faisait perir dans de cruels supplices.
En 1859, au mois d'aout, le jeune voyageur Roscher, de Hambourg parti avec une caravane de marchands arabes, atteignait le lac Nyassa, ou il fut assassine pendant son sommeil.
Enfin, en 1857, les lieutenants Burton et Speke, tous deux officiers a l'armee du Bengale, furent envoyes par la Societe de Geographie de Lon-dres pour explorer les Grands Lacs africains; le 17 juin ils quitterent Zanzibar et s'enfoncerent directement dans l'ouest.
Apres quatre mois de souffrances inouies, leurs bagages pilles, leurs porteurs assommes, ils arriverent a Kazeh, centre de reunion des trafiquants et des caravanes; ils etaient en pleine terre de la Lune; la ils recueillirent des documents precieux sur les meurs, le gouvernement, la religion, la faune et la flore du pays; puis ils se dirigerent vers le premier des Grands Lacs, le Tanganayika situe entre 3 degrees et 8 degrees de latitude australe; ils y parvinrent le 14 fevrier 1858, et visiterent les diverses peuplades des rives, pour la plupart cannibales.
Ils repartirent le 26 mai, et rentrerent a Kazeh le 20 juin. La, Burton epuise resta plusieurs mois malade; pendant ce temps, Speke fit au nord une pointe de plus de trois cents milles, jusqu'au lac Oukerooue, qu'il apercut le 3 aout; mais il n'en put voir que l'ouverture par 2 degrees 30' de latitude.
Il etait de retour a Kazeh le 25 aout, et reprenait avec Burton le chemin de Zanzibar, qu'ils revirent au mois de mars de l'annee suivante. Ces deux hardis explorateurs revinrent alors en Angleterre, et la Societe de Geographie de Paris leur decerna son prix annuel.
Le docteur Fergusson remarqua avec soin qu'ils n'avaient franchi ni le 2e degre de latitude australe, ni le 29e degre de longitude est.
Il s'agissait donc de reunir les explorations de Burton et Speke a celles du docteur Barth; c'etait s'engager a franchir une etendue de pays de plus de douze degres.
CHAPITRE V
Reves de Kennedy.—Articles et pronoms au pluriel.—Insinuations de Dick.—Promenade sur la carte d'Afrique—Ce qui reste entre les deux pointes du compas.—Expeditions actuelles.—Speke et Grant.—Krapf, de Decken, de Heuglin.
Le docteur Fergusson pressait activement les preparatifs de son depart; il dirigeait lui-meme la construction de son aerostat, suivant certaines modifications sur lesquelles il gardait un silence absolu.
Depuis longtemps deja, il s'etait applique a l'etude de la langue arabe et de divers idiomes mandingues; grace a ses dispositions de polyglotte, il fit de rapides progres.
En attendant, son ami le chasseur ne le quittait pas d'une semelle; il craignait sans doute que le docteur ne pret son vol sans rien dire; il lui tenait encore a ce sujet les discours les plus persuasifs, qui ne persuadaient pas Samuel Fergusson, et s'echappait en supplications pathetiques, dont celui-ci se montrait peu touche Dick le sentait glisser entre ses doigts.
Le pauvre Ecossais etait reellement a plaindre; il ne considerait plus la voute azuree sans de sombres terreurs; il eprouvait, en dormant, des balancements vertigineux, et chaque nuit il se sentait choir d'incommensurables hauteurs.
Nous devons ajouter que, pendant ces terribles cauchemars, il tomba de son lit une fois ou deux. Son premier soin fut de montrer a Fergusson une forte contusion qu'il se fit a la tete.
" Et pourtant, ajouta-t-il avec bonhomie, trois pieds de hauteur! pas plus! et une bosse pareille! Juge donc! "
Cette insinuation, pleine de melancolie, n'emut pas le docteur.
" Nous ne tomberons pas, fit-il.
—Mais enfin, si nous tombons?
—Nous ne tomberons pas. "
Ce fut net, et Kennedy n'eut rien a repondre.
Ce qui exasperait particulierement Dick, c'est que le docteur semblait faire une abnegation parfaite de sa personnalite, a lui Kennedy; il le considerait comme irrevocablement destine a devenir son compagnon aerien. Cela n'etait plus l'objet d'un doute Samuel faisait un intolerable abus du pronom pluriel de la premiere personne.
" Nous " avancons..., " nous " serons prets le..., " nous " partirons le...
Et de l'adjectif possessif au singulier:
" Notre " ballon..., " notre " nacelle..., " notre " exploration...
Et du pluriel donc!
" Nos " preparatifs..., " nos " decouvertes .., " nos " ascensions...
Dick en frissonnait, quoique decide a ne point partir; mais il ne voulait pas trop contrarier son ami. Avouons meme que, sans s'en rendre bien compte, il avait fait venir tout doucement d'Edimbourg quelques vetements assortis et ses meilleurs fusils de chasse.
Un jour, apres avoir reconnu qu'avec un bonheur insolent, on pouvait avoir une chance sur mille de reussir, il feignit de se rendre aux desirs du docteur; mais, pour reculer le voyage, il entama la serie des echappatoires les plus variees. Il se rejeta sur l'utilite de l'expedition et sur son opportunite. Cette decouverte des sources du Nil etait-elle vraiment necessaire?... Aurait-on reellement travaille pour le bonheur de l'humanite?... Quand, au bout du compte, les peuplades de l'Afrique seraient civilisees, en seraient-elles plus heureuses?... Etait-on certain, d'ailleurs, que la civilisation ne fut pas plutot la qu'en Europe—Peut-etre.— Et d'abord ne pouvait-on attendre encore?... La traversee de l'Afrique serait certainement faite un jour, et d'une facon moins hasardeuse... Dans un mois, dans dix mois, avant un an, quelque explorateur arriverait sans doute...
Ces insinuations produisaient un effet tout contraire a leur but, et le docteur fremissait d'impatience.
" Veux-tu donc, malheureux Dick, veux-tu donc, faux ami, que cette gloire pro
fite a un autre? Faut-il donc mentir a mon passe? reculer devant des obstacles qui ne sont pas serieux? reconnaetre par de laches hesitations ce qu'ont fait pour moi, et le gouvernement anglais, et la Societe Royale de Londres?
—Mais..., reprit Kennedy, qui avait une grande habitude de cette conjonction.
—Mais, fit le docteur, ne sais-tu pas que mon voyage doit concourir au succes des entreprises actuelles Ignores-tu que de nouveaux explorateurs s'avancent vers le centre de l'Afrique
—Cependant...
—Ecoute-moi bien, Dick, et jette les yeux sur cette carte. "
Dick les jeta avec resignation.
" Remonte le cours du Nil, dit Fergusson.
—Je le remonte, dit docilement l'Ecossais.
—Arrive a Gondokoro.
—J'y suis. "
Et Kennedy songeait combien etait facile un pareil voyage... sur la carte.
" Prends une des pointes de ce compas, reprit le docteur, et appuie-la sur cette ville que les plus hardis ont a peine depassee.
—J'appuie.
—Et maintenant cherche sur la cote l'ele de Zanzibar, par 6 degrees de latitude sud.
—Je la tiens.
—Suis maintenant ce parallele et arrive a Kazeh.
—C'est fait.
—Remonte par le 33e degre de longitude jusqu'a l'ouverture du lac Oukereoue, a l'endroit ou s'arreta le lieutenant Speke.
—M'y voici! Un peu plus, je tombais dans le lac.
—Eh bien! sais-tu ce qu'on a le droit de supposer d'apres les renseignements donnes par les peuplades riveraines?
—Je ne m'en doute pas.
—C'est que ce lac, dont l'extremite inferieure est par 2 degrees 30' de latitude, doit s'etendre egalement de deux degres et demi au-dessus de l'equateur.
—Vraiment!
—Or, de cette extremite septentrionale s'echappe un cours d'eau qui doit necessairement rejoindre le Nil, si ce n'est le Nil lui-meme.
—Voila qui est curieux.
—Or, appuie la seconde pointe de ton compas sur cette extremite du lac Oukereoue.
—C'est fait, ami Fergusson
—Combien comptes-tu de degres entre les deux pointes?
—A peine deux.
—Et sais-tu ce que cela fait, Dick?
—Pas le moins du monde.
—Cela fait a peine cent vingt milles [Cinquante lieues], c'est-a-dire rien.
—Presque rien, Samuel.
—Or, sais-tu ce qui se passe en ce moment?
—Non, sur ma vie!
—Eh bien! le voici. La Societe de Geographie a regarde comme tres importante l'exploration de ce lac entrevu par Speke. Sous ses auspices, le lieutenant, aujourd'hui capitaine Speke, s'est associe le capitaine Grant de l'armee des Indes; ils se sont mis a la tete d'une expedition nombreuse et largement subventionnee; ils ont mission de remonter le lac et de re-venir jusqu'a Gondokoro; ils ont recu un subside de plus de cinq mille livres, et le gouverneur du Cap a mis des soldats hottentots a leur dispo-sition; ils sont partis de Zanzibar a la fin d'octobre 1860. Pendant ce temps, l'Anglais John Petherick, consul de Sa Majeste a Kartoum, a recu du Foreign-office sept cents livres environ; il doit equiper un bateau a vapeur a Karthoum, le charger de provisions suffisantes, et se rendre a Gondokoro; la il attendra la caravane du capitaine Speke et sera en mesure de la ravitailler.
—Bien imagine, dit Kennedy.
—Tu vois bien que cela presse, si nous voulons participer a ces travaux d'exploration Et ce n'est pas tout; pendant que l'on marche d'un pas sur a la decouverte des sources du Nil, d'autres voyageurs vont hardiment au ceur de l'Afrique.
—A pied, fit Kennedy
—A pied, repondit le docteur sans relever l'insinuation. Le docteur Krapf se propose de pousser dans l'ouest par le Djob, riviere situee sous l'equateur. Le baron de Decken a quitte Monbaz, a reconnu les montagnes de Kenia et de Kilimandjaro, et s'enfonce vers le centre.
—A pied toujours?
—Toujours a pied, ou a dos de mulet.
—C'est exactement la meme chose pour moi, repliqua Kennedy.
—Enfin, reprit le docteur, M. de Heuglin, vice-consul d'Autriche a Karthoum, vient d'organiser une expedition tres importante, dont le premier but est de rechercher le voyageur Vogel, qui, en 1853, fut envoye dans le Soudan pour s'associer aux travaux du docteur Barth. En 1856, il quitta le Bornou, et resolut d'explorer ce pays inconnu qui s'etend entre le lac Tchad et le Darfour. Or, depuis ce temps, il nia pas reparu. Des lettres arrivees en juin 1860 a Alexandrie rapportent qu'il fut assassine par les ordres du roi du Wadai; mais d'autres lettres, adressees par le docteur Hartmann au pere du voyageur, disent, d'apres les recits d'un fellatah du Bornou, que Vogel serait seulement un prisonnier a Wara; tout espoir n'est donc pas perdu. Un comite s'est forme sous la presidence du duc regent de Saxe-Cobourg-Gotha; mon ami Petermann en est le secretaire; une souscription nationale a fait les frais de l'expedition, a laquelle se sont joints de nombreux savants; M. de Heuglin est parti de Masuah dans le mois de juin, et en meme temps qu'il recherche les traces de Vogel, il doit explorer tout le pays compris entre le Nil et le Tchad, c'est-a-dire relier les operations du capitaine Speke a celles du docteur Barth. Et alors l'Afrique aura ete traversee de l'est a l'ouest [Depuis le depart du docteur Fergusson, on a appris que M. de Heuglin, a la suite de certaines discussions, a pris une route differente de celle assignee a son expedition, dont le commandement a ete remis a M. Munzinger.].
—Eh bien! reprit l'Ecossais, puisque tout cela s'emmanche si bien, qu'allons-nous faire la-bas? "
Le docteur Fergusson ne repondit pas, et se contenta de hausser les epaules.
CHAPITRE VI
Un domestique impossible.—Il apercoit les satellites de Jupiter.—Dick et Joe aux prises.—Le doute et la croyance.—Le pesage.—Joe Wellington.—Il recoit une demi-couronne.
Le docteur Fergusson avait un domestique; il repondait avec empressement au nom de Joe; une excellente nature; ayant voue a son maetre une confiance absolue et un devouement sans bornes; devancant meme ses ordres, toujours interpretes d'une facon intelligente; un Caleb pas grognon et d'une eternelle bonne humeur; on l'eut fait expres qu'on n'eut pas mieux reussi. Fergusson s'en rapportait entierement a lui pour les details de son existence, et il avait raison. Rare et honnete Joe! un do-mestique qui commande votre dener, et dont le gout est le votre qui fait votre malle et n'oublie ni les bas ni les chemises, qui possede vos clefs et vos secrets, et n'en abuse pas!
Mais aussi quel homme etait le docteur pour ce digne Joe! avec quel respect et quelle confiance il accueillait ses decisions. Quand Fergusson avait parle, fou qui eut voulu repondre. Tout ce qu'il pensait etait juste; tout ce qu'il disait, sense; tout ce qu'il commandait, faisable; tout ce qu'il entreprenait, possible; tout ce qu'il achevait, admirable. Vous auriez decoupe Joe en morceaux, ce qui vous eut repugne sans doute, qu'il n'aurait pas change d'avis a l'egard de son maetre.
Aussi, quand le docteur concut ce projet de traverser l'Afrique par les airs, ce fut pour Joe chose faite; il n'existait plus d'obstacles; des l'instant que le docteur Fergusson avait resolu de partir, il etait arrive—avec son fidele serviteur, car ce brave garcon, sans en avoir jamais parle, savait bien qu'il serait du voyage.
Il devait d'ailleurs y rendre les plus grands services par son intelligence et sa merveilleuse agilite. S'il eut fallu nommer un professeur de gymnastique pour les singes du Zoological Garden, qui sont bien degourdis cependant, Joe aurait certainement obtenu cette place. Sauter, grimper, voler, executer mille tours impossibles, il s'en faisait un jeu.
Si Fergusson etait la tete et Kennedy le bras, Joe devait etre la main. Il avait deja accompagne son maetre pendant plusieurs voyages, et possedait quelque teinture de science appropriee a sa facon; mais il se distinguait surtout par une philosophie douce, un optimisme charmant; il trouvait tout facile, logique, naturel, et par consequent il ignorait le besoin de se plaindre ou de maugreer.
Entre autres qualites, il possedait une puissance et une etendue de vision etonnantes; il partageait avec Moe
stlin, le professeur de Kepler, la rare faculte de distinguer sans lunettes les satellites de Jupiter et de compter dans le groupe des pleiades quatorze etoiles, dont les dernieres sont de neuvieme grandeur. Il ne s'en montrait pas plus fier pour cela; au contraire: il vous saluait de tres loin, et, a l'occasion, il savait joliment se servir de ses yeux.
Avec cette confiance que Joe temoignait au docteur, il ne faut donc pas s'etonner des incessantes discussions qui s'elevaient entre Kennedy et le digne serviteur, toute deference gardee d'ailleurs.
L'un doutait, l'autre croyait; l'un etait la prudence clairvoyante, l'autre la confiance aveugle; le docteur se trouvait entre le doute et la croyance! je dois dire qu'il ne se preoccupait ni de l'une ni de l'autre.
" Eh bien! monsieur Kennedy? disait Joe.
—Eh bien! mon garcon?
—Voila le moment qui approche il parait que nous nous embarquons pour la lune.
—Tu veux dire la terre de la Lune, ce qui n'est pas tout a fait aussi loin; mais sois tranquille, c'est aussi dangereux.
—Dangereux! avec un homme comme le docteur Fergusson!
—Je ne voudrais pas t'enlever tes illusions, mon cher Joe; mais ce qu'il entreprend la est tout bonnement le fait d'un insense: il ne partira pas.
—Il ne partira pas! Vous n'avez donc pas vu son ballon a l'atelier de MM. Mittchell, dans le Borough [ Faubourg meridional de Londres.].
—Je me garderais bien de l'aller voir.
—Vous perdez la un beau spectacle, Monsieur! Quelle belle chose! quelle jolie coupe! quelle charmante nacelle! Comme nous serons a notre aise la-dedans!
—Tu comptes donc serieusement accompagner ton maetre?
—Moi, repliqua Joe avec conviction, mais je l'accompagnerai ou il voudra! Il ne manquerait plus que cela! le laisser aller seul, quand nous avons couru le monde ensemble! Et qui le soutiendrait donc quand il serait fatigue? qui lui tendrait une main vigoureuse pour sauter un precipice? qui le soignerait s'il tombait malade? Non, monsieur Dick, Joe sera toujours a son poste aupres du docteur, que dis-je, autour du docteur Fergusson