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Cinq Semaines En Ballon

Page 13

by Jules Verne


  En ce moment, il fallut elever le Victoria pour franchir une foret d'arbres hauts de plus de trois cents pieds, sortes de banians seculaires.

  " Voila de magnifiques arbres, s'ecria Kennedy; je ne connais rien de beau comme l'aspect de ces venerables forets. Vois donc, Samuel.

  —La hauteur de ces banians est vraiment merveilleuse, mon cher Dick; et cependant elle n'aurait rien d'etonnant dans les forets du Nouveau-Monde.

  —Comment! il existe des arbres plus eleves?

  —Sans doute, parmi ceux que nous appelons les " mammouth trees. "

  Ainsi, en Californie, on a trouve un cedre eleve de quatre cent cinquante pieds, hauteur qui depasse la tour du Parlement, et meme la grande pyramide d'Egypte. La base avait cent vingt pieds de tour, et les couches concentriques de son bois lui donnaient plus de quatre mille ans d'existence.

  —Eh! Monsieur, cela n'a rien d'etonnant alors! Quand on vit quatre mille ans, quoi de plus naturel que d'avoir une belle taille? "

  Mais, pendant l'histoire du docteur et la reponse de Joe, la foret avait deja fait place a une grande reunion de huttes circulairement disposees autour d'une place. Au milieu croissait un arbre unique, et Joe de s'ecrier a sa vue:

  Eh bien! s'il y a quatre mille ans que celui-la produit de pareilles fleurs, je ne lui en fais pas mon compliment. "

  Et il montrait un sycomore gigantesque dont le tronc disparaissait en entier sous un amas d'ossements humains. Les fleurs dont parlait Joe etaient des tetes fraechement coupees, suspendues a des poignards fixes dans l'ecorce.

  L'arbre de guerre des cannibales! dit le docteur. Les Indiens enlevent la peau du crane, les Africains la tete entiere.

  —Affaire de mode, " dit Joe.

  Mais deja le village aux tetes sanglantes disparaissait a l'horizon; un autre plus loin offrait un spectacle non moins repoussant; des cadavres a demi devores, des squelettes tombant en poussiere, des membres humains epars ca et la, etaient laisses en pature aux hyenes et aux chacals.

  " Ce sont sans doute les corps des criminels; ainsi que cela se pratique dans l'Abyssinie, on les expose aux betes feroces, qui achevent de les devorer a leur aise, apres les avoir etrangles d'un coup de dent.

  —Ce n'est pas beaucoup plus cruel que la potence, dit l'Ecossais. C'est plus sale, voila tout.

  —Dans les regions du sud de l'Afrique, reprit le docteur, on se contente de renfermer le criminel dans sa propre hutte, avec ses bestiaux, et peut-etre sa famille; on y met le feu, et tout brule en meme temps. J'appelle cela de la cruaute, mais j'avoue avec Kennedy que, si la potence est moins cruelle, elle est aussi barbare. "

  Joe, avec l'excellente vue dont il se servait si bien, signala quelques bandes d'oiseaux carnassiers qui planaient a l'horizon.

  " Ce sont des aigles, s'ecria Kennedy, apres les avoir reconnus avec la lunette, de magnifiques oiseaux dont le vol est aussi rapide que le notre.

  —Le ciel nous preserve de leurs attaques! dit le docteur; ils sont plutot a craindre pour nous que les betes feroces ou les tribus sauvages.

  —Bah! repondit le chasseur, nous les ecarterions a coups de fusil.

  —J'aime autant, mon cher Dick, ne pas recourir a ton adresse; le taffetas de notre ballon ne resisterait pas a un de leurs coups de bec; heureusement, je crois ces redoutables oiseaux plus effrayes qu'attires par notre machine.

  —Eh mais! une idee, dit Joe, car aujourd'hui les idees me poussent par douzaines; si nous parvenions a prendre un attelage d'aigles vivants, nous les attacherions a notre nacelle, et ils nous traeneraient dans les airs!

  —Le moyen a ete serieusement propose, repondit le docteur; mais je le crois peu praticable avec des animaux assez retifs de leur naturel.

  —On les dresserait, reprit Joe; au lieu de mors, on les guiderait avec des eilleres qui leur intercepteraient la vue; borgnes, ils iraient a droite ou a gauche; aveugles, ils s'arreteraient.

  —Permets-moi, mon brave Joe, de preferer un vent favorable a tes aigles atteles; cela coute moins cher a nourrir, et c'est plus sur.

  —Je vous le permets, Monsieur, mais je garde mon idee. "

  Il etait midi; le Victoria, depuis quelque temps, se tenait a une allure plus moderee; le pays marchait au-dessous de lui, il ne fuyait plus.

  Tout d'un coup, des cris et des sifflements parvinrent aux oreilles des voyageurs; ceux-ci se pencherent et apercurent dans une plaine ouverte un spectacle fait pour les emouvoir

  Deux peuplades aux prises se battaient avec acharnement et faisaient voler des nuees de fleches dans les airs. Les combattants, avides de s'entre-tuer, ne s'apercevaient pas de l'arrivee du Victoria; ils etaient environ trois cents, se choquant dans une inextricable melee; la plupart d'entre eux, rouges du sang des blesses dans lequel ils se vautraient, formaient un ensemble hideux a voir.

  A l'apparition de l'aerostat, il y eut un temps d'arret; les hurlements redoublerent; quelques fleches furent lancees vers la nacelle, et l'une d'elles assez pres pour que Joe l'arretat de la main.

  " Montons hors de leur portee! s'ecria le docteur Fergusson! Pas d'imprudence! cela ne nous est pas permis "

  Le massacre continuait de part et d'autre, a coups de haches et de sagaies; des qu'un ennemi gisait sur le sol, son adversaire se hatait de lui couper la tete; les femmes, melees a cette cohue, ramassaient les tetes sanglantes et les empilaient a chaque extremite du champ de bataille; souvent elles se battaient pour conquerir ce hideux trophee.

  " L'affreuse scene! s'ecria Kennedy avec un profond degout.

  —Ce sont de vilains bonshommes! dit Joe Apres cela, s'ils avaient un uniforme, ils seraient comme tous les guerriers du monde.

  —J'ai une furieuse envie d'intervenir dans le combat, reprit le chasseur en brandissant sa carabine.

  —Non pas repondit vivement le docteur! non pas! melons-nous de ce qui nous regarde? Sais-tu qui a tort ou raison, pour jouer le role de la Providence? Fuyons au plus tot ce spectacle repoussant! Si les grands capitaines pouvaient dominer ainsi le theatre de leurs exploits, ils finiraient peut-etre par perdre le gout du sang et des conquetes! "

  Le chef de l'un de ces partis sauvages se distinguait par une taille athletique, jointe a une force d'hercule D'une main il plongeait sa lance dans les rangees compactes de ses ennemis, et de l'autre y faisait de grandes trouees a coups de hache. A un moment, il rejeta loin de lui sa sagaie rouge de sang, se precipita sur un blesse dont il trancha le bras d'un seul coup, prit ce bras d'une main, et, le portant a sa bouche, il y mordit a pleines dents.

  " Ah! dit Kennedy, l'horrible bete! je n'y tiens plus! "

  Et le guerrier, frappe d'une balle au front, tomba en arriere.

  A sa chute, une profonde stupeur s'empara de ses guerriers; cette mort surnaturelle les epouvanta en ranimant l'ardeur de leurs adversaires, et en une seconde le champ de bataille fut abandonne de la moitie des combattants.

  " Allons chercher plus haut un courant qui nous emporte, dit le docteur. Je suis eceure de ce spectacle. "

  Mais il ne partit pas si vite qu'il ne put voir la tribu victorieuse, se precipitant sur les morts et les blesses, se disputer cette chair encore chaude, et s'en repaetre avidement.

  " Pouah! fit Joe, cela est repoussant! "

  Le Victoria s'elevait en se dilatant; les hurlements de cette horde en delire le poursuivirent pendant quelques instants; mais enfin, ramene vers le sud, il s'eloigna de cette scene de carnage et de cannibalisme.

  Le terrain offrait alors des accidents varies, avec de nombreux cours d'eau qui s'ecoulaient vers l'est; ils se jetaient sans doute dans ces affluents du lac Nu ou du fleuve des Gazelles, sur lequel M. Guillaume Lejean a donne de si curieux details.

  La nuit venue, le Victoria jeta l'ancre par 27 degrees de longitude, et 4 degrees 20' de latitude septentrionale, apres une traversee de 150 milles.

  CHAPITRE XXI

  Rumeurs etranges.—Une attaque nocturne.—Kennedy et Joe dans l'arbre.—Deux coups de feu.—A moi! a moi!—Reponse en francais.—Le matin.—Le missionnaire.—Le plan de sauvetage.

  La nuit se faisait tres obscure. Le
docteur n'avait pu reconnaetre le pays; il s'etait accroche a un arbre fort eleve, dont il distinguait a peine la masse confuse dans l'ombre. Suivant son habitude, il prit le quart de neuf heures, et a minuit Dick vint le remplacer.

  " Veille bien, Dick, veille avec grand soin.

  —Est-ce qu'il y a quelque chose de nouveau

  —Non! cependant j'ai cru surprendre de vagues rumeurs au-dessous de nous; je ne sais trop ou le vent nous a portes; un exces de prudence ne peut pas nuire.

  —Tu auras entendu les cris de quelques betes sauvages.

  —Non! cela m'a semble tout autre chose; enfin, a la moindre alerte, ne manque pas de nous reveiller.

  —Sois tranquille. "

  Apres avoir ecoute attentivement une derniere fois, le docteur, n'entendant rien, se jeta sur sa couverture et s'endormit bientot.

  Le ciel etait couvert d'epais nuages, mais pas un souffle n'agitait l'air. Le Victoria, retenu sur une seule ancre, n'eprouvait aucune oscillation.

  Kennedy, accoude sur la nacelle de maniere a surveiller le chalumeau en activite, considerait ce calme obscur; il interrogeait l'horizon, et, comme il arrive aux esprits inquiets ou prevenus, son regard croyait parfois surprendre de vagues lueurs.

  Un moment meme il crut distinctement en saisir une a deux cents pas de distance; mais ce ne fut qu'un eclair, apres lequel il ne vit plus rien.

  C'etait sans doute l'une de ces sensations lumineuses que l'eil percoit dans les profondes obscurites.

  Kennedy se rassurait et retombait dans sa contemplation indecise, quand un sifflement aigu traversa les airs.

  Etait-ce le cri d'un animal, d'un oiseau de nuit? Sortait-il de levres humaines?

  Kennedy, sachant toute la gravite de la situation, fut sur le point d'eveiller ses compagnons; mais il se dit qu'en tout cas, hommes ou betes se trouvaient hors de portee; il visita donc ses armes, et, avec sa lunette de nuit, il plongea de nouveau son regard dans l'espace.

  Il crut bientot entrevoir au-dessous de lui des formes vagues qui se glissaient vers l'arbre; a un rayon de lune qui filtra comme un eclair entre deux nuages, il reconnut distinctement un groupe d'individus s'agitant dans l'ombre.

  L'aventure des cynocephales lui revint a l'esprit; il mit la main sur l'epaule du docteur.

  Celui-ci se reveilla aussitot.

  " Silence, fit Kennedy, parlons a voix basse.

  —Il y a quelque chose?

  —Oui, reveillons Joe. "

  Des que Joe se fut leve, le chasseur raconta ce qu'il avait vu.

  " Encore ces maudits singes? dit Joe.

  —C'est possible; mais il faut prendre ses precautions.

  —Joe et moi, dit Kennedy, nous allons descendre dans l'arbre par l'echelle.

  —Et pendant ce temps, repartit le docteur, je prendrai mes mesures de maniere a pouvoir nous enlever rapidement.

  —C'est convenu.

  —Descendons, dit Joe.

  —Ne vous servez de vos armes qu'a la derniere extremite, dit le docteur; il est inutile de reveler notre presence dans ces parages. "

  Dick et Joe repondirent par un signe. Ils se laisserent glisser sans bruit vers l'arbre, et prirent position sur une fourche de fortes branches que l'ancre avait mordue.

  Depuis quelques minutes, ils ecoutaient muets et immobiles dans le feuillage. A un certain froissement d'ecorce qui se produisit, Joe saisit la main de l'Ecossais.

  " N'entendez-vous pas?

  —Oui, cela approche.

  —Si c'etait un serpent? Ce sifflement que vous avez surpris...

  —Non! il avait quelque chose d'humain.

  —J'aime encore mieux des sauvages, se dit Joe. Ces reptiles me repugnent.

  —Le bruit augmente, reprit Kennedy, quelques instants apres.

  —Oui! on monte, on grimpe.

  —Veille de ce cote, je me charge de l'autre.

  —Bien. "

  Ils se trouvaient tous les deux isoles au sommet d'une maetresse branche, poussee droit au milieu de cette foret qu'on appelle un baobab; l'obscurite accrue par l'epaisseur du feuillage etait profonde; cependant Joe, se penchant a l'oreille de Kennedy et lui indiquant la partie inferieure de l'arbre, dit:

  " Des negres. "

  Quelques mots echanges a voix basse parvinrent meme jusqu'aux deux voyageurs.

  Joe epaula son fusil.

  " Attends, " dit Kennedy.

  Des sauvages avaient en effet escalade le baobab; ils surgissaient de toutes parts, se coulant sur les branches comme des reptiles, gravissant lentement, mais surement; ils se trahissaient alors par les emanations de leurs corps frottes d'une graisse infecte.

  Bientot deux tetes apparurent aux regards de Kennedy et de Joe, au niveau meme de la branche qu'ils occupaient.

  " Attention, dit Kennedy, feu! "

  La double detonation retentit comme un tonnerre, et s'eteignit au milieu des cris de douleur. En un moment, toute la horde avait disparu.

  Mais, au milieu des hurlements, il s'etait produit un cri etrange, inattendu, impossible! Une voix humaine avait manifestement profere ces mots en francais:

  " A moi! a moi! "

  Kennedy et Joe, stupefaits, regagnerent la nacelle au plus vite.

  Avez-vous entendu? leur dit le docteur.

  —Sans doute! ce cri surnaturel: A moi! a moi!

  —Un Francais aux mains de ces barbares!

  —Un voyageur!

  —Un missionnaire, peut-etre!

  —Le malheureux, s'ecria le chasseur? on l'assassine, on le martyrise! "

  Le docteur cherchait vainement a deguiser son emotion.

  " On ne peut en douter, dit-il. Un malheureux Francais est tombe entre les mains de ces sauvages Mais nous ne partirons pas sans avoir fait tout au monde pour le sauver. A nos coups de fusil, il aura reconnu un secours inespere, une intervention providentielle. Nous ne mentirons pas a cette derniere esperance. Est-ce votre avis?

  —C'est notre avis, Samuel, et nous sommes prets a t'obeir.

  —Combinons donc nos maneuvres, et des le matin, nous chercherons a l'enlever.

  —Mais comment ecarterons-nous ces miserables negres? Demanda Kennedy.

  —Il est evident pour moi, dit le docteur, a la maniere dont ils ont deguerpi, qu'ils ne connaissent pas les armes a feu; nous devrons donc profiter de leur epouvante; mais il faut attendre le jour avant d'agir, et nous formerons notre plan de sauvetage d'apres la disposition des lieux.

  Ce pauvre malheureux ne doit pas etre loin, dit Joe, car...

  —A moi! a moi! repeta la voix plus affaiblie.

  —Les barbares! s'ecria Joe palpitant. Mais s'ils le tuent cette nuit?

  —Entends-tu, Samuel, reprit Kennedy en saisissant la main du docteur, s'ils le tuent cette nuit?

  —Ce n'est pas probable, mes amis; ces peuplades sauvages font mourir leurs prisonniers au grand jour; il leur faut du soleil!

  —Si je profitais de la nuit, dit l'Ecossais, pour me glisser vers ce malheureux?

  —Je vous accompagne, Monsieur Dick

  —Arretez mes amis! arretez! Ce dessein fait honneur a votre ceur et a votre courage; mais vous nous exposeriez tous, et vous nuiriez plus encore a celui que nous voulons sauver.

  —Pourquoi cela? reprit Kennedy. Ces sauvages sont effrayes, disperses! Ils ne reviendront pas.

  Dick, je t'en supplie, obeis-moi; j'agis pour le salut commun; si, par hasard, tu te laissais surprendre, tout serait perdu!

  —Mais cet infortune qui attend, qui espere! Rien ne lui repond! Personne ne vient a son secours! Il doit croire que ses sens ont ete abuses, qu'il n'a rien entendu!...

  —On peut le rassurer, " dit le docteur Fergusson.

  Et debout, au milieu de l'obscurite, faisant de ses mains un porte-voix, il s'ecria avec energie dans la langue de l'etranger:

  " Qui que vous soyez, ayez confiance! Trois amis veillent sur vous! "

  Un hurlement terrible lui repondit, etouffant sans doute la reponse du prisonnier.

  " On l'egorge! on va l'egorger! s'ecria Kennedy. Notre intervention n'aura servi qu'a hater l'heure de
son supplice! Il faut agir!

  —Mais comment, Dick! Que pretends-tu faire au milieu de cette obscurite?

  —Oh! s'il faisait jour! s'ecria Joe.

  —Eh bien, s'il faisait jour? demanda le docteur d'un ton singulier.

  —Rien de plus simple, Samuel, repondit le chasseur. Je descendrais a terre et je disperserais cette canaille a coups de fusil.

  —Et toi, Joe? demanda Fergusson.

  —Moi, mon maetre, j'agirais plus prudemment, en faisant savoir au prisonnier de s'enfuir dans une direction convenue.

  —Et comment lui ferais-tu parvenir cet avis?

  —Au moyen de cette fleche que j'ai ramassee au vol, et a laquelle j'attacherais un billet, ou tout simplement en lui parlant a voix haute, puisque ces negres ne comprennent pas notre langue.

  —Vos plans sont impraticables, mes amis; la difficulte la plus grande serait pour cet infortune de se sauver, en admettant qu'il parvint a tromper la vigilance de ses bourreaux. Quant a toi, mon cher Dick, avec beaucoup d'audace, et en profitant de l'epouvante jetee par nos armes a feu, ton projet reussirait peut-etre; mais s'il echouait, tu serais perdu, et nous au-rions deux personnes a sauver au lieu d'une. Non, il faut mettre toutes les chances de notre cote et agir autrement.

  —Mais agir tout de suite, repliqua le chasseur.

  —Peut-etre! repondit Samuel en insistant sur ce mot.

  —Mon maetre, etes-vous donc capable de dissiper ces tenebres!

  —Qui sait, Joe?

  —Ah! si vous faites une chose pareille, je vous proclame le premier savant du monde. "

  Le docteur se tut pendant quelques instants; il reflechissait. Ses deux compagnons le consideraient avec emotion; ils etaient surexcites par cette situation extraordinaire. Bientot Fergusson reprit la parole:

  " Voici mon plan, dit-il. Il nous reste deux cents livres de lest, puisque les sacs que nous avons emportes: sont encore intacts. J'admets que ce prisonnier, un homme evidemment epuise par les souffrances, pese autant que l'un de nous; il nous restera encore une soixantaine de livres a jeter afin de monter plus rapidement

  —Comment comptes-tu donc maneuvrer? demanda Kennedy.

 

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