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Cinq Semaines En Ballon

Page 21

by Jules Verne


  " Sera-t-il suffisant? demanda-t-il au docteur.

  —Ne crains rien a cet egard, Dick; je retablirai l'equilibre, et si notre pauvre Joe revient, nous saurons bien reprendre avec lui notre route accoutumee.

  —Au moment de notre chute, Samuel, si mes souvenirs sont exacts, nous ne devions pas etre eloignes d'une ele.

  —Je me le rappelle en effet; mais cette ele, comme toutes celles du Tchad, est sans doute habitee par une race de pirates et de meurtriers; ces sauvages auront ete certainement temoins de notre catastrophe, et si Joe tombe entre leurs mains, a moins que la superstition ne le protege, que deviendra-t-il?

  —Il est homme a se tirer d'affaire, je te le repete; j'ai confiance dans son adresse et son intelligence.

  —Je l'espere. Maintenant, Dick, tu vas chasser aux environs, sans t'eloigner toutefois; il devient urgent de renouveler nos vivres, dont la plus grande partie a ete sacrifiee.

  —Bien, Samuel; je ne serai pas longtemps absent. "

  Kennedy prit un fusil a deux coups et s'avanca dans les grandes herbes vers un taillis assez rapproche; de frequentes detonations apprirent bientot au docteur que sa chasse serait fructueuse.

  Pendant ce temps, celui-ci s'occupa de faire le releve des objets conserves dans la nacelle et d'etablir l'equilibre du second aerostat; il restait une trentaine de livres de pemmican, quelques provisions de the et de cafe, environ un gallon et demi d'eau-de-vie, une caisse a eau parfaitement vide; toute la viande seche avait disparu.

  Le docteur savait que; par la perte de l'hydrogene du premier ballon, sa force ascensionnelle se trouvait reduite de neuf cents livres environ; il dut donc se baser sur cette difference pour reconstituer son equilibre. Le nouveau Victoria cubait soixante-sept mille pieds et renfermait trente. trois mille quatre cent quatre-vingts pieds cubes de gaz; l'appareil de dilatation paraissait etre en bon etat; ni la pile ni le serpentin n'avaient ete endommages.

  La force ascensionnelle du nouveau ballon etait donc de trois mille livres environ; en reunissant les poids de l'appareil, des voyageurs, de la provision d'eau, de la nacelle et de ses accessoires, en embarquant cinquante gallons d'eau et cent livres de viande fraeche, le docteur arrivait a un total de deux mille huit cent trente livres. Il pouvait donc emporter cent soixante-dix livres de lest pour les cas imprevus, et l'aerostat se trouverait alors equilibre avec l'air ambiant

  Ses dispositions furent prises en consequence, et il remplaca le poids de Joe par un supplement de lest. Il employa la journee entiere a ces divers preparatifs, et ceux-ci se terminaient au retour de Kennedy Le chasseur avait fait bonne chasse; il apportait une veritable charge d'oies, de canards sauvages, de becassines, de sarcelles et de pluviers. Il s'occupa de preparer ce gibier et de le fumer. Chaque piece, embrochee par une mince baguette, fut suspendue au-dessus d'un foyer de bois vert. Quand la preparation parut convenable a Kennedy, qui s'y entendait d'ailleurs, le tout fut emmagasine dans la nacelle.

  Le lendemain, le chasseur devait completer ses approvisionnements.

  Le soir surprit les voyageurs au milieu de ces travaux. Leur souper se composa de pemmican, de biscuits et de the. La fatigue apres leur avoir donne l'appetit, leur donna le sommeil. Chacun pendant son quart interrogea les tenebres, croyant parfois saisir la voix de Joe; mais, helas, elle etait bien loin, cette voix qu'ils eussent voulu entendre!

  Aux premiers rayons du jour, le docteur reveilla Kennedy

  " J'ai longuement medite, lui dit-il, sur ce qu'il convient de faire pour retrouver notre compagnon.

  —Quel que soit ton projet, Samuel, il me va; parle.

  —Avant tout, il est important que Joe ait de nos nouvelles.

  —Sans doute! Si ce digne garcon allait se figurer que nous l'abandonnons!

  —Lui! il nous connaet trop! Jamais pareille idee ne lui viendrait l'esprit; mais il faut qu'il apprenne ou nous sommes.

  —Comment cela?

  —Nous allons reprendre notre place dans la nacelle et nous elever dans l'air.

  —Mais si le vent nous entraene?

  —Il n'en sera rien, heureusement. Vois, Dick; la brise nous ramene sur le lac, et cette circonstance, qui eut ete facheuse hier, est propice aujourd'hui. Nos efforts se borneront donc a nous maintenir sur cette vaste etendue d'eau pendant toute la journee. Joe ne pourra manquer de nous voir la ou ses regards doivent se diriger sans cesse. Peut-etre meme parviendra-t-il a nous informer du lieu de sa retraite.

  —S'il est seul et libre, il le fera certainement.

  —Et s'il est prisonnier, reprit le docteur, l'habitude des indigenes n'etant pas d'enfermer leurs captifs, il nous verra et comprendra le but de nos recherches.

  —Mais enfin, reprit Kennedy,—car il faut prevoir tous les cas, —si nous ne trouvons aucun indice, s'il n'a pas laisse une trace de son passage, que ferons-nous?

  —Nous essayerons de regagner la partie septentrionale du lac, en nous maintenant le plus en vue possible; la, nous attendrons, nous explorerons les rives, nous fouillerons ces bords, auxquels Joe tentera certainement de parvenir, et nous ne quitterons pas la place sans avoir tout fait pour le retrouver.

  —Partons donc, " repondit le chasseur.

  Le docteur prit le relevement exact de ce morceau de terre ferme qu'il allait quitter; il estima, d'apres sa carte et son point, qu'il se trouvait au nord du Tchad, entre la ville de Lari et le village d'Ingemini, visites tous deux par le major Denham. Pendant ce temps, Kennedy completa ses approvisionnements de viande fraeche. Bien que les marais environnants portaient des marques de rhinoceros, de lamentins et d'hippopotames, il n'eut pas l'occasion de rencontrer un seul de ces enormes animaux.

  A sept heures du matin, non sans de grandes difficultes dont le pauvre Joe savait se tirer a merveille, l'ancre fut detachee de l'arbre. Le gaz se dilata et le nouveau Victoria parvint a deux cents pieds dans l'air. Il hesita d'abord en tournant sur lui-meme; mais enfin, pris dans un courant assez vif, il s'avanca sur le lac et bientot fut emporte avec une vitesse de vingt milles a l'heure.

  Le docteur se maintint constamment a une hauteur qui variait entre deux cents et cinq cents pieds. Kennedy dechargeait souvent sa carabine. Au-dessus des eles, les voyageurs se rapprochaient meme imprudemment, fouillant du regard les taillis, les buissons, les halliers, partout ou quelque ombrage, quelque anfractuosite de roc eut pu donner asile a leur compagnon. Ils descendaient pres des longues pirogues qui sillonnaient le lac. Les pecheurs, a leur vue, se precipitaient a l'eau et regagnaient leur ele avec les demonstrations de crainte les moins dissimulees.

  " Nous ne voyons rien, dit Kennedy apres deux heures de recherches.

  —Attendons, Dick, et ne perdons pas courage; nous ne devons pas etre eloignes du lieu de l'accident. "

  A onze heures, le Victoria s'etait avance de quatre-vingt-dix milles; il rencontra alors un nouveau courant qui, sous un angle presque droit, le poussa vers l'est pendant une soixantaine de milles. Il planait au-dessus d'une ele tres vaste et tres peuplee que le docteur jugea devoir etre Farram, ou se trouve la capitale des Biddiomahs. Il s'attendait a voir Joe surgir de chaque buisson, s'echappant, l'appelant. Libre, on l'eut enleve sans difficulte; prisonnier, en renouvelant la maneuvre employee pour le missionnaire, il aurait bientot rejoint ses amis; mais rien ne parut, rien ne bougea! C'etait a se desesperer.

  Le Victoria arrivait a deux heures et demie en vue de Tangalia, village situe sur la rive orientale du Tchad, et qui marqua le point extreme atteint par Denham a l'epoque de son exploration.

  Le docteur devint inquiet de cette direction persistante du vent. Il se sentait rejete vers l'est, repousse dans le centre de l'Afrique, vers d'interminables deserts.

  " Il faut absolument nous arreter, dit-il, et meme prendre terre; dans l'interet de Joe surtout, nous devons revenir sur le lac; mais, auparavant, tachons de trouver un courant oppose. "

  Pendant plus d'une heure, il chercha a differentes zones. Le Victoria derivait toujours sur la terre ferme; mais, heureusement, a mille pieds un souffle tres violent le ramena dans le nord-ouest.

  Il n'etait pas possible
que Joe fut retenu sur une des eles du lac; il et certainement trouve moyen de manifester sa presence; peut-etre l'avait-on entraene sur terre. Ce fut ainsi que raisonna le docteur, quand il revit la rive septentrionale du Tchad.

  Quant a penser que Joe se fut noye, c'etait inadmissible. Il y eut bien une idee horrible qui traversa l'esprit de Fergusson et de Kennedy: les caimans sont nombreux dans ces parages! Mais ni l'un ni l'autre n'eut le courage de formuler cette apprehension. Cependant elle vint si manifestement a leur pensee, que le docteur dit sans autre preambule:

  " Les crocodiles ne se rencontrent que sur les rives des eles ou du lac; Joe aura assez d'adresse pour les eviter; d'ailleurs, ils sont peu dangereux, et les Africains se baignent impunement sans craindre leurs attaques "

  Kennedy ne repondit pas; il preferait se taire a discuter cette terrible possibilite.

  Le docteur signala la ville de Lari vers les cinq heures du soir. Les habitants travaillaient a la recolte du coton devant des cabanes de roseaux tresses, au milieu d'enclos propres et soigneusement entretenus.

  Cette reunion d'une cinquantaine de cases occupait une legere depression de terrain dans une vallee etendue entre de basses montagnes. La violence du vent portait plus avant qu'il ne convenait au docteur; mais il changea une seconde fois et le ramena precisement a son point de depart, dans cette sorte d'ele ferme ou il avait passe la nuit precedente. L'ancre, au lieu de rencontrer les branches de l'arbre, se prit dans des paquets de roseaux meles a la vase epaisse du marais et d'une resistance considerable

  Le docteur eut beaucoup de peine a contenir l'aerostat; mais enfin le vent tomba avec la nuit, et les deux amis veillerent ensemble, presque desesperes.

  CHAPITRE XXXIV

  L'ouragan.—Depart force.—Perte d'une ancre.—Tristes reflexions.—Resolution prise.—La trombe.—La caravane engloutie.—Vent contraire et favorable.—Retour au sud.—Kennedy a son poste.

  A trois heures du matin, le vent faisait rage, et soufflait avec une violence telle que le Victoria ne pouvait demeurer pres de terre sans danger; les roseaux froissaient son enveloppe, qu'ils menacaient de dechirer.

  " Il faut partir, Dick, fit le docteur; nous ne pouvons rester dans cette situation.

  —Mais Joe, Samuel?

  —Je ne l'abandonne pas! non certes! et dut l'ouragan m'emporter a cent milles dans le nord, je reviendrai! Mais ici nous compromettons la surete de tous.

  —Partir sans lui! s'ecria l'Ecossais avec l'accent d'une profonde douleur.

  —Crois-tu donc, reprit Fergusson, que le ceur ne me saigne pas comme a toi? Est-ce que je n'obeis pas a une imperieuse necessite?

  —Je suis a tes ordres, repondit le chasseur. Partons. "

  Mais le depart presentait de grandes difficultes. L'ancre, profondement engagee, resistait a tous les efforts, et le ballon, tirant en sens inverse, accroissait encore sa tenue. Kennedy ne put parvenir a l'arracher; d'ailleurs, dans la position actuelle, sa maneuvre devenait fort perilleuse, car le Victoria risquait de s'enlever avant qu'il ne l'eut rejoint.

  Le docteur, ne voulant pas courir une pareille chance, fit rentrer l'Ecossais dans la nacelle, et se resigna a couper la corde de l'ancre. Le Victoria fit un bond de trois cents pieds dans l'air, et prit directement la route du nord.

  Fergusson ne pouvait qu'obeir a cette tourmente; il se croisa les bras et s'absorba dans ses tristes reflexions.

  Apres quelques instants d'un profond silence, il se retourna vers Kennedy non moins taciturne.

  " Nous avons peut-etre tente Dieu, dit-il. Il n'appartenait pas a des hommes d'entreprendre un pareil voyage! "

  Et un soupir de douleur s'echappa de sa poitrine.

  " Il y a quelques jours a peine, repondit le chasseur, nous nous felicitions d'avoir echappe a bien des dangers! Nous nous serrions la main tous les trois!

  —Pauvre Joe! bonne et excellente nature! ceur brave et franc! Un moment ebloui par ses richesses, il faisait volontiers le sacrifice de ses tresors! Le voila maintenant loin de nous! Et le vent nous emporte avec une irresistible vitesse!

  —Voyons, Samuel, en admettant qu'il ait trouve asile parmi les tribus du lac, ne pourra-t-il faire comme les voyageurs qui les ont visitees avant nous, comme Denham, comme Barth? Ceux la ont revu leur pays.

  —Eh! mon pauvre Dick, Joe ne sait pas un mot de la langue! Il est seul et sans ressources! Les voyageurs dont tu parles ne s'avancaient qu'en envoyant aux chefs de nombreux presents, au milieu d'une escorte, armes et prepares pour ces expeditions. Et encore, ils ne pouvaient eviter des souffrances et des tribulations de la pire espece! Que veux-tu que devienne notre infortune compagnon? C'est horrible a penser, et voila l'un des plus grands chagrins qu'il m'ait ete donne de ressentir!

  —Mais nous reviendrons, Samuel.

  —Nous reviendrons, Dick, dussions-nous abandonner le Victoria, quand il nous faudrait regagner a pied le lac Tchad, et nous mettre en communication avec le sultan du Bornou! Les Arabes ne peuvent avoir conserve un mauvais souvenir des premiers Europeens.

  —Je te suivrai, Samuel, repondit le chasseur avec energie, tu peux compter sur moi! Nous renoncerons plutot a terminer ce voyage! Joe s'est devoue pour nous, nous nous sacrifierons pour lui! "

  Cette resolution ramena quelque courage au ceur de ces deux hommes. Ils se sentirent forts de la meme idee. Fergusson mit tout en euvre pour se jeter dans un courant contraire qui put le rapprocher du Tchad; mais c'etait impossible alors, et la descente meme devenait impraticable sur un terrain denude et par un ouragan de cette violence.

  Le Victoria traversa ainsi le pays des Tibbous; il franchit le Belad el Djerid, desert epineux qui forme la lisiere du Soudan, et penetra dans le desert de sable, sillonne par de longues traces de caravanes; la derniere ligne de vegetation se confondit bientot avec le ciel a l'horizon meridional, non loin de la principale oasis de cette partie de l'Afrique, dont les cinquante puits sont ombrages par des arbres magnifiques; mais il fut impossible de s'arreter. Un campement arabe, des tentes d'etoffes rayees, quelques chameaux allongeant sur le sable leur tete de vipere, animaient cette solitude; mais le Victoria passa comme une etoile filante, et parcourut ainsi une distance de soixante milles en trois heures, sans que Fergusson parvent a maetriser sa course.

  " Nous ne pouvons faire halte! dit-il, nous ne pouvons descendre! pas un arbre! pas une saillie de terrain! allons-nous donc franchir le Sahara? Decidement le ciel est contre nous! "

  Il parlait ainsi avec une rage de desespere, quand il vit dans le nord les sables du desert se soulever au milieu d'une epaisse poussiere, et tournoyer sous l'impulsion des courants opposes.

  Au milieu du tourbillon, brisee, rompue, renversee, une caravane entiere disparaissait sous l'avalanche de sable; les chameaux pele-mele poussaient des gemissements sourds et lamentables; des cris, des hurlements sortaient de ce brouillard etouffant. Quelquefois, un vetement bariole tranchait avec ces couleurs vives dans ce chaos, et le mugissement de la tempete dominait cette scene de destruction.

  Bientot le sable s'accumula en masses compactes, et la ou naguere s'etendait la plaine unie, s'elevait une colline encore agitee, tombe immense d'une caravane engloutie.

  Le docteur et Kennedy, pales, assistaient a ce terrible spectacle; ils ne pouvaient plus maneuvrer leur ballon, qui tournoyait au milieu des courants contraires et n'obeissait plus aux differentes dilatations du gaz. Enlace dans ces remous de l'air, il tourbillonnait avec une rapidite vertigineuse; la nacelle decrivait de larges oscillations; les instruments suspendus sous la tente s'entrechoquaient a se briser, les tuyaux du serpentin se courbaient a se rompre, les caisses a eau se deplacaient avec fracas; a deux pieds l'un de l'autre, les voyageurs ne pouvaient s'entendre, et d'une main crispee s'accrochant aux cordages; ils essayaient de se maintenir contre la fureur de l'ouragan.

  Kennedy, les cheveux epars, regardait sans parler; le docteur avait repris son audace au milieu du danger, et rien ne parut sur ses traits de ses violentes emotions, pas meme quand, apres un dernier tournoiement, le Victoria se trouva subitement arrete dans un calme inattendu; le vent du nord av
ait pris le dessus et le chassait en sens inverse sur la route du matin avec une rapidite non moins egale.

  " Ou allons-nous? s'ecria Kennedy.

  —Laissons faire la Providence, mon cher Dick; j'ai eu tort de douter d'elle; ce qui convient, elle le sait mieux que nous, et nous voici retournant vers les lieux que nous n'esperions plus revoir. "

  Le sol si plat, si egal pendant l'aller, etait alors bouleverse comme les flots apres la tempete; une suite de petits monticules a peine fixes jalonnaient le desert; le vent soufflait avec violence, et le Victoria volait dans l'espace.

  La direction suivie par les voyageurs differait un peu de celle qu'ils avaient prise le matin; aussi vers les neuf heures, au lieu de retrouver les rives du Tchad, ils virent encore le desert s'etendre devant eux.

  Kennedy en fit l'observation.

  Peu importe, repondit le docteur; l'important est de revenir au sud; nous rencontrerons les villes de Bornou, Wouddie ou Kouka, et je n'hesiterai pas a m'y arreter.

  —Si tu es satisfait, je le suis, repondit le chasseur; mais fasse le ciel que nous ne soyons pas reduits a traverser le desert comme ces malheureux Arabes! Ce que nous avons vu est horrible.

  —Et se reproduit frequemment? Dick. Les traversees du desert sont autrement dangereuses que celles de l'Ocean; le desert a tous les perils de la mer, meme l'engloutissement, et de plus, des fatigues et des privations insoutenables.

  —Il me semble, dit Kennedy, que le vent tend a se calmer; la poussiere des sables est moins compacte, leurs ondulations diminuent, l'horizon s'eclaircit

  —Tant mieux, il faut l'examiner attentivement avec la lunette, et que pas un point n'echappe a notre vue!

  —Je m'en charge, Samuel, et le premier arbre n'apparaetra pas sans que tu n'en sois prevenu. "

  Et Kennedy, la lunette a la main, se placa sur le devant de la nacelle.

 

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