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Cinq Semaines En Ballon

Page 26

by Jules Verne


  —Nous approchons! s'ecria Joe, nous approchons! "

  Dix toises! La montagne depassait le Victoria de dix toises encore.

  Joe prit les couvertures et les precipita au dehors. Sans en rien dire a Kennedy, il lanca egalement plusieurs sacs de balles et de plomb.

  Le ballon remonta, il depassa la cime dangereuse, et son pole superieur s'eclaira des rayons du soleil. Mais la nacelle se trouvait encore un peu au-dessous des quartiers de rocs, contre lesquels elle allait inevitablement se briser.

  " Kennedy! Kennedy! s'ecria le docteur, jette tes armes, ou nous sommes perdus.

  —Attendez, Monsieur Dick! fit Joe, attendez! "

  Et Kennedy, se retournant, le vit disparaetre au dehors de la nacelle.

  " Joe! Joe! cria-t-il.

  —Le malheureux! " fit le docteur.

  La crete de la montagne pouvait avoir en cet endroit une vingtaine de pieds de largeur, et de l'autre cote, la pente presentait une moindre declivite. La nacelle arriva juste au niveau de ce plateau assez uni; elle glissa sur un sol compose de cailloux aigus qui criaient sous son passage,

  " Nous passons! nous passons! nous sommes passes! " cria une voix qui fit bondir le ceur de Fergusson.

  L'intrepide garcon se soutenait par les mains au bord inferieur de la nacelle; il courait a pied sur la crete, delestant ainsi le ballon de la totalite de son poids; il etait meme oblige de le retenir fortement, car il tendait a lui echapper.

  Lorsqu'il fut arrive au versant oppose, et que l'abeme se presenta devant lui, Joe, par un vigoureux effort du poignet, se releva, et s'accrochant aux cordages, il remonta aupres de ses compagnons.

  " Pas plus difficile que cela, fit-il.

  —Mon brave Joe! mon ami! dit le docteur avec effusion.

  —Oh! ce que j'en ai fait; repondit celui-ci, ce n'est pas pour vous; c'est pour la carabine de M. Dick! Je lui devais bien cela depuis l'affaire de l'Arabe! J'aime a payer mes dettes, et maintenant nous sommes quittes, ajouta-t-il en presentant au chasseur son arme de predilection. J'aurais eu trop de peine a vous voir vous en separer. "

  Kennedy lui serra vigoureusement la main sans pouvoir dire un mot.

  Le Victoria n'avait plus qu'a descendre; cela lui etait facile; il se retrouva bientot a deux cents pieds du sol, et fut alors en equilibre. Le terrain semblait convulsionne; il presentait de nombreux accidents fort difficiles a eviter pendant la nuit avec un ballon qui n'obeissait plus. Le soir arrivait rapidement, et, malgre ses repugnances, le docteur dut se resoudre a faire halte jusqu'au lendemain.

  " Nous allons chercher un lieu favorable pour nous arreter, dit-il.

  —Ah! repondit Kennedy, tu te decides enfin?

  —Oui, j'ai medite longuement un projet que nous allons mettre a execution; il n'est encore que six heures du soir, nous aurons le temps. Jette les ancres, Joe. "

  Joe obeit, et les deux ancres pendirent au-dessous de la nacelle.

  " J'apercois de vastes forets, dit le docteur; nous allons courir au-dessus de leurs cimes, et nous nous accrocherons a quelque arbre. Pour rien au monde, je ne consentirais a passer la nuit a terre.

  —Pourrons-nous descendre? demanda Kennedy.

  —A quoi bon? Je vous repete qu'il serait dangereux de nous separer. D'ailleurs, je reclame votre aide pour un travail difficile. "

  Le Victoria, qui rasait le sommet de forets immenses, ne tarda pas a s'arreter brusquement; ses ancres etaient prises; le vent tomba avec le soir, et il demeura presque immobile au-dessus de ce vaste champ de verdure forme par la cime d'une foret de sycomores.

  CHAPITRE XLII

  Combat de generosite.—Dernier sacrifice.—L'appareil de dilatation.—Adresse de Joe.—Minuit.—Le quart du docteur.—Le quart de Kennedy.—Il s'endort.—L'incendie.—Les hurlements.—Hors de portee.

  Le docteur Fergusson commenca par relever sa position d'apres la hauteur des etoiles; il se trouvait a vingt-cinq milles a peine du Senegal.

  " Tout ce que nous pouvons faire, mes amis, dit-il apres avoir pointe sa carte, c'est de passer le fleuve; mais comme il n'y a ni pont ni barques, il faut a tout prix le passer en ballon; pour cela, nous devons nous alleger encore.

  —Mais je ne vois pas trop comment nous y parviendrons, repondit le chasseur qui craignait pour ses armes; a moins que l'un de nous se decide a se sacrifier, de rester en arriere... et, a mon tour, je reclame cet honneur.

  —Par exemple! repondit Joe; est-ce que je n'ai pas l'habitude...

  —Il ne s'agit pas de se jeter, mon ami, mais de regagner a pied la cote d'Afrique; je suis bon marcheur, bon chasseur...

  —Je ne consentirai jamais! repliqua Joe.

  —Votre combat de generosite est inutile, mes braves amis, dit Fergusson; j'espere que nous n'en arriverons pas a cette extremite; d'ailleurs, s'il le fallait, loin de nous separer, nous resterions ensemble pour traverser ce pays.

  —Voila qui est parle, fit Joe; une petite promenade ne nous fera pas de mal.

  —Mais auparavant, reprit le docteur, nous allons employer un dernier moyen pour alleger notre Victoria.

  —Lequel? fit Kennedy; je serais assez curieux de le connaetre.

  —Il faut nous debarrasser des caisses du chalumeau, de la pile de bunzen et du serpentin; nous avons la pres de neuf cents livres bien lourdes a traener par les airs.

  —Mais, Samuel, comment ensuite obtiendras-tu la dilatation du gaz?

  —Je ne l'obtiendrai pas; nous nous en passerons.

  —Mais enfin...

  —Ecoutez-moi, mes amis; j'ai calcule fort exactement ce qui nous reste de force ascensionnelle; elle est suffisante pour nous transporter tous les trois avec le peu d'objets qui nous restent; nous ferons a peine un poids de cinq cents livres, en y comprenant nos deux ancres que je tiens a conserver.

  —Mon cher Samuel, repondit le chasseur, tu es plus competent que nous en pareille matiere; tu es le seul juge de la situation; dis-nous ce que nous devons faire, et nous le ferons.

  —A vos ordres, mon maetre.

  —Je vous repete, mes amis, quelque grave que soit cette determination, il faut sacrifier notre appareil.

  —Sacrifions le! repliqua Kennedy.

  —A l'ouvrage! " fit Joe.

  Ce ne fut pas un petit travail; il fallut demonter l'appareil piece par piece; on enleva d'abord la caisse de melange, puis celle du chalumeau, et enfin la caisse ou s'operait la decomposition de l'eau; il ne fallut pas moins de la force reunie des trois voyageurs pour arracher les recipients du fond de la nacelle dans laquelle ils etaient fortement encastres; mais Kennedy etait si vigoureux, Joe si adroit, Samuel si ingenieux, qu'ils en vinrent a bout; ces diverses pieces furent successivement jetees au dehors, et elles disparurent en faisant de vastes trouees dans le feuillage des sycomores.

  " Les negres seront bien etonnes, dit Joe, de rencontrer de pareils objets dans les bois; ils sont capables d'en faire des idoles! "

  On dut ensuite s'occuper des tuyaux engages dans le ballon, et qui se rattachaient au serpentin. Joe parvint a couper a quelques pieds au-dessus de la nacelle les articulations de caoutchouc; mais quant aux tuyaux, ce fut plus difficile, car ils etaient retenus par leur extremite superieure et fixes par des fils de laiton au cercle meme de la soupape.

  Ce fut alors que Joe deploya une merveilleuse adresse; les pieds nus, pour ne pas erailler l'enveloppe, il parvint a l'aide du filet, et malgre les oscillations, a grimper jusqu'au sommet exterieur de l'aerostat; et la, apres mille difficultes, accroche d'une main a cette surface glissante, il detacha les ecrous exterieurs qui retenaient les tuyaux. Ceux-ci alors se detacherent aisement, et furent retires par l'appendice inferieur, qui fut hermetiquement referme au moyen d'une forte ligature.

  Le Victoria, delivre de ce poids considerable, se redressa dans l'air et tendit fortement la corde de l'ancre.

  A minuit, ces divers travaux se terminaient heureusement, au prix de bien des fatigues; on prit rapidement un repas fait de pemmican et de grog froid, car le docteur n'avait plus de chaleur a mettre a la disposition de Joe.

  Celui-ci, d'ailleurs, et K
ennedy tombaient de fatigue.

  " Couchez-vous et dormez, mes amis, leur dit Fergusson; je vais prendre le premier quart; a deux heures, je reveillerai Kennedy; a quatre heures, Kennedy reveillera Joe; a six heures, nous partirons, et que le ciel veille encore sur nous pendant cette derniere journee! "

  Sans se faire prier davantage, les deux compagnons du docteur s'etendirent au fond de la nacelle, et s'endormirent d'un sommeil aussi rapide que profond.

  La nuit etait paisible; quelques nuages s'ecrasaient contre le dernier quartier de la lune, dont les rayons indecis rompaient a peine l'obscurite. Fergusson, accoude sur le bord de la nacelle, promenait ses regards autour de lui; il surveillait avec attention le sombre rideau de feuillage qui s'etendait sous ses pieds en lui derobant la vue du sol; le moindre bruit lui semblait suspect, et il cherchait a s'expliquer jusqu'au leger fremissement des feuilles.

  Il se trouvait dans cette disposition d'esprit que la solitude rend plus sensible encore, et pendant laquelle de vagues terreurs vous montent au cerveau. A la fin d'un pareil voyage, apres avoir surmonte tant d'obstacles, au moment de toucher le but, les craintes sont plus vives, les emotions plus fortes, le point d'arrivee semble fuir devant les yeux.

  D'ailleurs, la situation actuelle n'offrait rien de rassurant, au milieu d'un pays barbare, et avec un moyen de transport qui, en definitive, pouvait faire defaut d'un moment a l'autre. Le docteur ne comptait plus sur son ballon d'une facon absolue; le temps etait passe ou il le maneuvrait avec audace parce qu'il etait sur de lui.

  Sous ces impressions, le docteur put saisir parfois quelques rumeurs indeterminees dans ces vastes forets; il crut meme voir un feu rapide briller entre les arbres; il regarda vivement, et porta sa lunette de nuit dans cette direction; mais rien n'apparut, et il se fit meme comme un silence plus profond.

  Fergusson avait sans doute eprouve une hallucination; il ecouta sans surprendre le moindre bruit; le temps de son quart etant alors ecoule, il reveilla Kennedy, lui recommanda une vigilance extreme, et prit place aux cotes de Joe qui dormait de toutes ses forces.

  Kennedy alluma tranquillement sa pipe, tout en frottant ses yeux, qu'il avait de la peine a tenir ouverts; il s'accouda dans un coin, et se mit a fumer vigoureusement pour chasser le sommeil.

  Le silence le plus absolu regnait autour de loi; un vent leger agitait la cime des arbres et balancait doucement la nacelle, invitant le chasseur a ce sommeil qui l'envahissait malgre lui; il voulut y resister, ouvrit plusieurs fois les paupieres, plongea dans la nuit quelques-uns de ces regards qui ne voient pas, et enfin, succombant a la fatigue, il s'endormit.

  Combien de temps fut-il plonge dans cet etat d'inertie? Il ne put s'en rendre compte a son reveil, qui fut brusquement provoque par un petillement inattendu.

  Il se frotta les yeux, il se leva. Une chaleur intense se projetait sur sa figure. La foret etait en flammes.

  " Au feu! au feu! s'ecria-t-il, " sans trop comprendre l'evenement.

  Ses deux compagnons se releverent.

  " Qu'est-ce donc! demanda Samuel.

  —L'incendie! fit Joe... Mais qui peut... "

  En ce moment des hurlements eclaterent sous le feuillage violemment illumine.

  " Ah! les sauvages! s'ecria Joe. Ils ont mis le feu a la foret pour nous incendier plus surement!

  —Les Talibas! les marabouts d'Al-Hadji, sans doute! " dit le docteur.

  Un cercle de feu entourait le Victoria; les craquements du bois mort se melaient aux gemissements des branches vertes; les lianes, les feuilles, toute la partie vivante de cette vegetation se tordait dans l'element destructeur; le regard ne saisissait qu'un ocean de flammes; les grands arbres se dessinaient en noir dans la fournaise, avec leurs branches couvertes de charbons incandescents; cet amas enflamme, cet embrasement se reflechissait dans les nuages, et les voyageurs se crurent enveloppes dans une sphere de feu.

  " Fuyons! s'ecria Kennedy! a terre! c'est notre seule chance de salut! "

  Mais Fergusson l'arreta d'une main ferme, et, se precipitant sur la corde de l'ancre, il la trancha d'un coup de hache. Les flammes, s'allongeant vers le ballon, lechaient deja ses parois illuminees; mais le Victoria, debarrasse de ses liens, monta de plus de mille pieds dans les airs.

  Des cris epouvantables eclaterent sous la foret, avec de violentes detonations d'armes a feu; le ballon, pris par un courant qui se levait avec le jour, se porta vers l'ouest

  Il etait quatre heures du matin.

  CHAPITRE XLIII

  Les Talibas.—La poursuite.—Un pays devaste.—Vent modere.—Le Victoria baisse—Les dernieres provisions.—Les bonds du Victoria.—Defense a coups de fusil.—Le vent fraechit,—Le fleuve du Senegal.—Les cataractes de Gouina.—L'air chaud.—Traversee du fleuve.

  " Si nous n'avions pas pris la precaution de nous alleger hier soir, dit le docteur, nous etions perdus sans ressources.

  Voila ce que c'est que de faire les choses a temps, repliqua Joe; on se sauve alors, et rien n'est plus naturel.

  —Nous ne sommes pas hors de danger, repliqua Fergusson.

  —Que crains-tu donc? demanda Dick. Le Victoria ne peut pas descendre sans ta permission, et quand il descendrait?

  —Quand il descendrait! Dick, regarde! "

  La lisiere de la foret venait d'etre depassee, et les voyageurs purent apercevoir une trentaine de cavaliers, revetus du large pantalon et du burnous flottant; ils etaient armes, les uns de lances, les autres de longs mousquets; ils suivaient au petit galop de leurs chevaux vifs et ardents la direction du Victoria, qui marchait avec une vitesse moderee.

  A la vue des voyageurs, ils pousserent des cris sauvages, en brandissant leurs armes; la colere et les menaces se lisaient sur leurs figures basanees, rendues plus feroces par une barbe rare, mais herissee; ils traversaient sans peine ces plateaux abaisses et ces rampes adoucies qui descendent an Senegal.

  " Ce sont bien eux! dit le docteur, les cruels Talibas, les farouches marabouts d'Al-Eladji! J'aimerais mieux me trouver en pleine foret, au milieu d'un cercle de betes fauves, que de tomber entre les mains de ces bandits.

  —Ils n'ont pas l'air accommodant! fit Kennedy, et ce sont de vigoureux gaillards!

  —Heureusement, ces betes-la, ca ne vole pas, repondit Joe; c'est toujours quelque chose

  —Voyez, dit Fergusson, ces villages en ruines, ces huttes incendiees! voila leur ouvrage; et la ou s'etendaient de vastes cultures, ils ont apporte l'aridite et la devastation.

  —Enfin, ils ne peuvent nous atteindre, repliqua Kennedy, et si nous parvenons a mettre le fleuve entre eux et nous, nous serons en surete.

  —Parfaitement, Dick; mais il ne faut pas tomber, repondit Le docteur en portant ses yeux sur le barometre

  —En tout cas, Joe, reprit Kennedy, nous ne ferons pas mal de preparer nos armes.

  —Cela ne peut pas nuire, Monsieur Dick; nous nous trouverons bien de ne pas les avoir semees sur notre route.

  —Ma carabine! s'ecria le chasseur, j'espere ne m'en separer jamais. "

  Et Kennedy la chargea avec le plus grand soin; il lui restait de la poudre et des balles en quantite suffisante.

  " A quelle hauteur nous maintenons-nous? demanda-t-il a Fergusson.

  —A sept cent cinquante pieds environ; mais nous n'avons plus la faculte de chercher des courants favorables, en montant ou en descendant; nous sommes a la merci du ballon.

  —Cela est facheux, reprit Kennedy; le vent est assez mediocre, et si nous avions rencontre un ouragan pareil a celui des jours precedents, depuis longtemps ces affreux bandits seraient hors de vue.

  —Ces coquins-la nous suivent sans se gener, dit Joe, au petit galop; une vraie promenade.

  —Si nous etions a bonne portee, dit le chasseur, je m'amuserais a les demonter les uns apres les autres.

  —Oui-da! repondit Fergusson; mais ils seraient a bonne portee aussi, et notre Victoria offrirait un but trop facile aux balles de leurs longs mousquets; or, s'ils le dechiraient, je te laisse a juger quelle serait notre situation. "

  La poursuite des Talibas continua toute la matinee. Vers onze
heures du matin, les voyageurs avaient a peine gagne une quinzaine de milles dans l'ouest.

  Le docteur epiait les moindres nuages a l'horizon. Il craignait toujours un changement dans l'atmosphere. S'il venait a etre rejete vers le Niger, que deviendrait-il! D'ailleurs, il constatait que le ballon tendait a baisser sensiblement; depuis son depart, il avait deja perdu plus de trois cents pieds, et le Senegal devait etre eloigne d'une douzaine de milles; avec la vitesse actuelle, il lui fallait compter encore trois heures de voyage.

  En ce moment, son attention fut attiree par de nouveaux cri; les Talibas s'agitaient en pressant leurs chevaux.

  Le docteur consulta le barometre, et comprit la cause de ces hurlements:

  " Nous descendons, fit Kennedy.

  —Oui, repondit Fergusson.

  —Diable! " pensa Joe.

  Au bout d'un quart d'heure, la nacelle n'etait pas a cent cinquante pieds du sol, mais le vent soufflait avec plus de force.

  Les Talibas enleverent leurs chevaux, et bientot une decharge de mousquets eclata dans les airs.

  " Trop loin, imbeciles! s'ecria Joe; il me paraet bon de tenir ces gredins-la a distance. "

  Et, visant l'un des cavaliers les plus avances, il fit feu; le Talibas roula a terre; ses compagnons s'arreterent et le Victoria gagna sur eux.

  " Ils sont prudents; dit Kennedy.

  —Parce qu'ils se croient assures de nous prendre, repondit le docteur; et ils y reussiront, si nous descendons encore! Il faut absolument nous relever!

  —Que jeter! demanda Joe.

  —Tout ce qui reste de provision de pemmican! C'est encore une trentaine de livres dont nous nous debarrasserons!

  —Voila, Monsieur! " fit Joe en obeissant aux ordres de son maetre.

  La nacelle, qui touchait presque le sol, se releva au milieu des cris des Talibas; mais, une demi-heure plus tard, le Victoria redescendait avec rapidite; le gaz fuyait par les pores de l'enveloppe.

  Bientot la nacelle vint raser le sol; les negres d'Al-Hadji se precipiterent vers elle; mais, comme il arrive en pareille circonstance, a peine eut-il touche terre, que le Victoria se releva d'un bond pour s'abattre de nouveau un mille plus loin.

 

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