Who conspires on the tower?
My blood meows
Qui fêle ma joie ? Qui soupire vers le jour ?
Qui conspire sur la tour ?
Mon sang miaule
bells ring in my knees
O the apterous walk of man bristling in the sand.
Tomorrow? But already this today escapes me, collapses, mute divinity on which a weary
drowning gorges amidst the calm!
des cloches tintent dans mes genoux.
Ô l’aptère marche de l’homme dans le sable hérissée.
Demain ? Mais déjà cet aujourd’hui me fuit, s’effondre, muette divinité que gorge
une lasse noyade à travers la bonace !
—Cowardly, cowardly sigh! and encircling the nucellus
of its gurgling, death, that other death, bitter hardy wild vine!
poverty
– Lâche, lâche soupir ! et ceinturant la nucelle
de son gargouillement, la mort, l’autre mort, lambruche aigre et vivace !
misère
Ah! I faint, this sound! It enters by my heels, scrapes my bones,
pink and grey star among the seething of my skull.
Stop! I confess, I confess all. I am not a God. Cicindela!
Cicindela! Cicindela!
Ah ! Je défaille, ce son ! Il entre par mes talons, racle mes os,
étoile rose et gris parmi le bouillonnement de mon crâne.
Arrête ! j’avoue, j’avoue tout. Je ne suis pas un Dieu. Cicindelle !
Cicindelle ! Cicindelle !
Light. Ah! why this refusal?
What a streaming of blood!
On my face.
Lumière. Ah ! pourquoi ce refus ?
Quel ruissellement de sang !
Sur ma face.
In thick birdlime along my shoulders!
My kneeling decrepitude sobs frantically.
Ding!
Dong!
En épaisse glu le long de mes épaules !
Ma décrépitude à genoux sanglote éperdument.
Ding !
Dong !
Incredible sallies rush forth! On beveled edges of milky way
I aim for the 9 which takes off like a rocket,
I hang up the flower thunderstruck into a bird,
D’incroyables sorties se précipitent ! Sur des biseaux de voie lactée
je vise le 9 qui démarre en fusée,
j’accroche la fleur foudroyée en oiseau,
I ignite with the thousand and one useless bells
the powerful tocsin of my new salivas.
Ding!
Dong!
j’incendie aux mille et une cloches inefficaces
le puissant tocsin de mes neuves salives.
Ding !
Dong !
Tepidity.
Noxious breath. Bites, bloody bulbil amidst the neuroses. . .
Somewhere in the world a tom-tom beats out my defeat,
Under the machetes and in disorder
stems of raw light fall.
Tiédeur.
Souffle vireux. Morsures, caïeu sanglant à travers les nécroses…
Quelque part dans le monde un tam-tam bat ma défaite,
Des tiges de lumière brute sous les machetes
et dans le dérèglement tombent.
The sun of 116th Street hatches in my blood the serenade of worms
in strange sloughs where silicoses whistle.
Arums of love
will you rock me more docile than the agami
my leprosies and my boredoms?
Le soleil de la 116e rue en d’étranges bourbiers où soufflent
les silicoses, éclôt dans mon sang la sérénade des vers.
Arums d’amour
me bercerez-vous plus docile que l’agami
mes lèpres et mes ennuis ?
Tom-toms of blood
papaw trees of the shadow
Mumbo-jumbo* tough tipoyeur*
Tam-tams de sang
papayers de l’ombre
Mumbo-jumbo dur tipoyeur
Kolikombo* tough tipoyeur
Kolikombo a drop of night in the yellow heart of a pansy
Kolikombo with the big eyes of clear cassava
Kolikombo fiery royal kite compacted in the ear of years
Kolikombo goutte de nuit au cœur jaune de pensée
Kolikombo aux larges yeux de cassave claire
Kolikombo milan de feu tassé dans l’oreille des années
Kolikombo
Kolikombo
Kolikombo
in the whirling bawlings of cecropias. . .
Kolikombo
Kolikombo
Kolikombo
dans les tourbillonnants beuglements des cécropies…
A swagger of a world
quietly settles and unravels the metallic pairing
in this gobbling inferno. Rain!
(I don’t understand since I’ve not summoned a wave)
Un panache de monde
tranquillement s’installe et parfile la pariade métallique
dans ce boulottement d’incendie. Pluie !
(je ne comprends pas car je n’ai point convoqué d’onde)
rain
(I don’t understand since I’ve not sent out my parietal messages)
rain, rain, rain
bursting its electric shoulders about me.
pluie
(je ne comprends pas car je n’ai point expédié mes messages pariétaux)
pluie, pluie, pluie
éclatant parmi moi ses épaules électriques.
—Enos!* All life long shall I find at the static crossroads
your nocturnal monarchy and your violaceous peace
swarming in hands pale with tremblings and silences?
Back off! I am standing; my foot heehaws toward less flat lands!
– Enos ! toute ma vie trouverai-je aux statiques carrefours
foisonnant aux mains pâles des tremblements et des silences
ta monarchie nocturne et ta paix violacée ?
Arrière ! je suis debout ; mon pied hihane vers de moins plats pays !
I shall walk filled with a final and fulsome drunkenness, my gold
and my sobs in my fist laid against my heart!
Forward to the left where the sedulous nenia* beats in my flesh more cruel than the tenaculum
—to wait
Je marcherai plein d’une dernière et plantureuse ivresse, mon or
et mes sanglots dans mon poing couchés contre mon cœur !
En avant par la gauche où bat en ma chair plus cruelle que l’érigne la nénie séduleuse
– attendre
malevolently blaring by my sonorous sunset
the boiling of blood and the closed ear and the heart still more closed than an assegai,
to weigh the anchor of our clean fingernails in the starchy fodder of the day!
maléfiquement cornant par mon couchant sonore
le bouillonnement de sang et l’oreille fermée et le cœur mieux clos qu’une sagaie,
jeter l’ancre de nos ongles nets dans la pouture du jour !
Wait? Why wait?
the palm tree escapes through its fingers like a remorse
and behold the hammering and behold the stamping
and behold the vertiginous breath of negation on my steppe and tundra face!
Attendre ? Pourquoi attendre ?
le palmier à travers ses doigts s’évade comme un remords
et voici le martèlement et voici le piétinement
et voici le souffle vertigineux de la négation sur ma face de steppe et de toundra !
I’m leaving. I shall not arrive. It’s all the same, but I leave on the road of arrivals with my prognathous laughter
I’m leaving. The trismus of despair does not distort my mouth.
So much the worse for the crows: the pibrochs are playing very far away.
Je pars. Je n’arriverai point. C
’est égal, mais je pars sur la route des arrivées avec mon rire prognathe.
Je pars. Le trisme du désespoir ne déforme point ma bouche.
Tant pis pour les corbeaux : très loin jouent les pibrochs.
I leave, I’m leaving. Sea without elsewhere, oh replunge without departure
I tell you I am leaving: in the sandy clarity, toward my undying host,
centaurs are rearing.
Je pars, je pars. Mer sans ailleurs, ô recreux sans départ
je vous dis que je pars : dans la clarté aréneuse, vers mon hostie vivace,
se cabrent des centaures.
I’m leaving. The wind with its hard snout forages my patience
Oh land of stripped cyma
rich land gorged on sluggish water
your day is a dog yapping at a shadow.
Je pars. Le vent d’un museau dur fouine dans ma patience
Ô terre de cimaise dénuée
terre grasse gorgée d’eau lourde
votre jour est un chien qui jappe après une ombre.
Farewell!
When the land grown lazy shall scalp the sun
in the purple sea you will find my eye smoking like a brand.
Adieu !
Quand la terre acagnardée scalpera le soleil
dans la mer violette vous trouverez mon œil fumant comme un tison.
Furnace, rough tenderness
hail!
The stars are rotting in the sidereal swamps
but I advance more sure and more secret and more terrible than the rotting star.
Fournaise, rude tendresse
salut !
Les étoiles pourrissent dans les marais du ciel
mais j’avance plus sûr et plus secret et plus terrible que l’étoile pourrissante.
Oh curved flight of my steps!
alight on the ardent forest.
And already the little bumps on my forehead and the rose of my pulse are catapulting the Great Noon.
Ô vol courbe de mes pas !
posez-vous dans la forêt ardente.
Et déjà les bossettes de mon front et la rose de mon pouls catapultent le Grand Midi.
Batuque
Batouque
The rice paddies of cigarette butts of spit on the strange summons
of my simplicity are tattooed with pitons.
The perforated words in my saliva resurface as open-sluiced
cities paler than the suburbs of my love.
O transparent cities mounted on yaks
Les rizières de mégots de crachat sur l’étrange sommation
de ma simplicité se tatouent de pitons.
Les mots perforés dans ma salive ressurgissent en villes
d’écluse ouverte, plus pâle sur les faubourgs de mon amour.
Ô les villes transparentes montées sur yaks
slow blood pissing into filigreed leaves the last memory
the boulevard bruised comet brusque crossed bird
strikes itself right in the sky
drowned in arrows
It’s my kind of night most hollow and most null
a fan of compass fingers collapsed into the white laughter of slumbers.
sang lent pissant aux feuilles de filigrane le dernier souvenir
le boulevard comète meurtrie brusque oiseau traversé
se frappe en plein ciel
noyé de flèches
C’est la nuit comme je l’aime très creuse et très nulle
éventail de doigts de boussole effondrés au rire blanc des sommeils.
batuque
when the world shall be naked and russet
like a womb burned to a cinder by the great suns of love
batuque
when the world shall be without inquest
a wondrous heart in which the scenery of glances splintered to bits is embossed
for the first time
batouque
quand le monde sera nu et roux
comme une matrice calcinée par les grands soleils de l’amour
batouque
quand le monde sera sans enquête
un cœur merveilleux où s’imprime le décor des regards brisés en éclats
pour la première fois
when attractions shall entrap the stars
when love and death shall be
a selfsame coral snake resoldered around a gemless arm
without soot
without defense
batuque of the river swollen with crocodile tears and drifting whips
quand les attirances prendront au piège les étoiles
quand l’amour et la mort seront
un même serpent corail ressoudé autour d’un bras sans joyau
sans suie
sans défense
batouque du fleuve grossi de larmes de crocodiles et de fouets à la dérive
batuque of the serpent tree of dancers of the prairie
Pennsylvania roses peep at the eyes at the nose at the ears
at the windows of the tortured man’s
sawn head
batuque of the woman with arms made of sea her hair an underwater source
rigor mortis transforms bodies into steely tears,
batouque de l’arbre aux serpents des danseurs de la prairie
des roses de Pensylvanie regardent aux yeux au nez aux oreilles
aux fenêtres de la tête sciée
du supplicié
batouque de la femme aux bras de mer aux cheveux de source sous-marine
la rigidité cadavérique transforme les corps en larmes d’acier,
all the leafy phasmas make a sea of blue yuccas and rafts
all the neurotic phantoms have taken the bit between their teeth
batuque
when the world shall be, seduced by abstraction, made of shoots of rock salt
the gardens of the sea
for the first and the last time
tous les phasmes feuillus font une mer de youcas bleus et de radeaux
tous les fantasmes névrotiques ont pris le mors aux dents
batouque
quand le monde sera, d’abstraction séduite, de pousses de sel gemme
les jardins de la mer
pour la première et la dernière fois
a mast of forgotten caravel blazes almond tree of the shipwreck
a coconut palm a baobab a sheet of paper
a dismissal of appeal
batuque
when the world shall be an open-cast mine
un mât de caravelle oubliée flambe amandier du naufrage
un cocotier un baobab une feuille de papier
un rejet de pourvoi
batouque
quand le monde sera une mine à ciel découvert
when the world shall be from the height of the navigation bridge
my desire
your desire
conjugated in a leap into the inhaled void under the awning of our eyes unfurl
all the sundust peopled with parachutes
quand le monde sera du haut de la passerelle
mon désir
ton désir
conjugués en un saut dans le vide respiré
à l’auvent de nos yeux déferlent
toutes les poussières de soleils peuplés de parachutes
with deliberate fires with oriflammes with red wheat
batuque of rotted eyes
batuque of molasses eyes
batuque of short-circuit eyes surprised by cow’s milk
batuque of eyes sweetened by fever
d’incendies volontaires d’oriflammes de blé rouge
batouque des yeux pourris
batouque des yeux de mélasse
batouque des yeux de court circuit surpris de lait de vache
batouque des yeux sucrés de fièvre
batuque of night with an eggplant sex marked by mercury
batuque of night with cigar flesh
batuque of a doleful sea encrusted with
islands
the Congo is a leap of the sun raising at the end of a thread
batouque de la nuit au sexe d’aubergine signalé de mercure
batouque de la nuit à la chair de cigare
batouque de mer dolente encroûtée d’îles
le Congo est un saut de soleil levant au bout d’un fil
a pail of bleeding cities
a tuft of citronella in the wrenched-open night
batuque
when the world shall be a tower* of silence
where we shall be the prey and the vulture
un seau de villes saignantes
une touffe de citronnelle dans la nuit forcée
batouque
quand le monde sera une tour de silence
où nous serons la proie et le vautour
all the rains of parrots
all the resignations of chinchillas
batuque of broken trumpets, of an oily eyelid of virulent plovers
batuque of murdered rain split finely by reddened ears
purulence and vigilance
toutes les pluies de perroquets
The Complete Poetry of Aimé Césaire Page 16