The Complete Poetry of Aimé Césaire

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The Complete Poetry of Aimé Césaire Page 16

by Césaire, Aimé; Eshleman, Clayton; Arnold, A. James


  Who conspires on the tower?

  My blood meows

  Qui fêle ma joie ? Qui soupire vers le jour ?

  Qui conspire sur la tour ?

  Mon sang miaule

  bells ring in my knees

  O the apterous walk of man bristling in the sand.

  Tomorrow? But already this today escapes me, collapses, mute divinity on which a weary

  drowning gorges amidst the calm!

  des cloches tintent dans mes genoux.

  Ô l’aptère marche de l’homme dans le sable hérissée.

  Demain ? Mais déjà cet aujourd’hui me fuit, s’effondre, muette divinité que gorge

  une lasse noyade à travers la bonace !

  —Cowardly, cowardly sigh! and encircling the nucellus

  of its gurgling, death, that other death, bitter hardy wild vine!

  poverty

  – Lâche, lâche soupir ! et ceinturant la nucelle

  de son gargouillement, la mort, l’autre mort, lambruche aigre et vivace !

  misère

  Ah! I faint, this sound! It enters by my heels, scrapes my bones,

  pink and grey star among the seething of my skull.

  Stop! I confess, I confess all. I am not a God. Cicindela!

  Cicindela! Cicindela!

  Ah ! Je défaille, ce son ! Il entre par mes talons, racle mes os,

  étoile rose et gris parmi le bouillonnement de mon crâne.

  Arrête ! j’avoue, j’avoue tout. Je ne suis pas un Dieu. Cicindelle !

  Cicindelle ! Cicindelle !

  Light. Ah! why this refusal?

  What a streaming of blood!

  On my face.

  Lumière. Ah ! pourquoi ce refus ?

  Quel ruissellement de sang !

  Sur ma face.

  In thick birdlime along my shoulders!

  My kneeling decrepitude sobs frantically.

  Ding!

  Dong!

  En épaisse glu le long de mes épaules !

  Ma décrépitude à genoux sanglote éperdument.

  Ding !

  Dong !

  Incredible sallies rush forth! On beveled edges of milky way

  I aim for the 9 which takes off like a rocket,

  I hang up the flower thunderstruck into a bird,

  D’incroyables sorties se précipitent ! Sur des biseaux de voie lactée

  je vise le 9 qui démarre en fusée,

  j’accroche la fleur foudroyée en oiseau,

  I ignite with the thousand and one useless bells

  the powerful tocsin of my new salivas.

  Ding!

  Dong!

  j’incendie aux mille et une cloches inefficaces

  le puissant tocsin de mes neuves salives.

  Ding !

  Dong !

  Tepidity.

  Noxious breath. Bites, bloody bulbil amidst the neuroses. . .

  Somewhere in the world a tom-tom beats out my defeat,

  Under the machetes and in disorder

  stems of raw light fall.

  Tiédeur.

  Souffle vireux. Morsures, caïeu sanglant à travers les nécroses…

  Quelque part dans le monde un tam-tam bat ma défaite,

  Des tiges de lumière brute sous les machetes

  et dans le dérèglement tombent.

  The sun of 116th Street hatches in my blood the serenade of worms

  in strange sloughs where silicoses whistle.

  Arums of love

  will you rock me more docile than the agami

  my leprosies and my boredoms?

  Le soleil de la 116e rue en d’étranges bourbiers où soufflent

  les silicoses, éclôt dans mon sang la sérénade des vers.

  Arums d’amour

  me bercerez-vous plus docile que l’agami

  mes lèpres et mes ennuis ?

  Tom-toms of blood

  papaw trees of the shadow

  Mumbo-jumbo* tough tipoyeur*

  Tam-tams de sang

  papayers de l’ombre

  Mumbo-jumbo dur tipoyeur

  Kolikombo* tough tipoyeur

  Kolikombo a drop of night in the yellow heart of a pansy

  Kolikombo with the big eyes of clear cassava

  Kolikombo fiery royal kite compacted in the ear of years

  Kolikombo goutte de nuit au cœur jaune de pensée

  Kolikombo aux larges yeux de cassave claire

  Kolikombo milan de feu tassé dans l’oreille des années

  Kolikombo

  Kolikombo

  Kolikombo

  in the whirling bawlings of cecropias. . .

  Kolikombo

  Kolikombo

  Kolikombo

  dans les tourbillonnants beuglements des cécropies…

  A swagger of a world

  quietly settles and unravels the metallic pairing

  in this gobbling inferno. Rain!

  (I don’t understand since I’ve not summoned a wave)

  Un panache de monde

  tranquillement s’installe et parfile la pariade métallique

  dans ce boulottement d’incendie. Pluie !

  (je ne comprends pas car je n’ai point convoqué d’onde)

  rain

  (I don’t understand since I’ve not sent out my parietal messages)

  rain, rain, rain

  bursting its electric shoulders about me.

  pluie

  (je ne comprends pas car je n’ai point expédié mes messages pariétaux)

  pluie, pluie, pluie

  éclatant parmi moi ses épaules électriques.

  —Enos!* All life long shall I find at the static crossroads

  your nocturnal monarchy and your violaceous peace

  swarming in hands pale with tremblings and silences?

  Back off! I am standing; my foot heehaws toward less flat lands!

  – Enos ! toute ma vie trouverai-je aux statiques carrefours

  foisonnant aux mains pâles des tremblements et des silences

  ta monarchie nocturne et ta paix violacée ?

  Arrière ! je suis debout ; mon pied hihane vers de moins plats pays !

  I shall walk filled with a final and fulsome drunkenness, my gold

  and my sobs in my fist laid against my heart!

  Forward to the left where the sedulous nenia* beats in my flesh more cruel than the tenaculum

  —to wait

  Je marcherai plein d’une dernière et plantureuse ivresse, mon or

  et mes sanglots dans mon poing couchés contre mon cœur !

  En avant par la gauche où bat en ma chair plus cruelle que l’érigne la nénie séduleuse

  – attendre

  malevolently blaring by my sonorous sunset

  the boiling of blood and the closed ear and the heart still more closed than an assegai,

  to weigh the anchor of our clean fingernails in the starchy fodder of the day!

  maléfiquement cornant par mon couchant sonore

  le bouillonnement de sang et l’oreille fermée et le cœur mieux clos qu’une sagaie,

  jeter l’ancre de nos ongles nets dans la pouture du jour !

  Wait? Why wait?

  the palm tree escapes through its fingers like a remorse

  and behold the hammering and behold the stamping

  and behold the vertiginous breath of negation on my steppe and tundra face!

  Attendre ? Pourquoi attendre ?

  le palmier à travers ses doigts s’évade comme un remords

  et voici le martèlement et voici le piétinement

  et voici le souffle vertigineux de la négation sur ma face de steppe et de toundra !

  I’m leaving. I shall not arrive. It’s all the same, but I leave on the road of arrivals with my prognathous laughter

  I’m leaving. The trismus of despair does not distort my mouth.

  So much the worse for the crows: the pibrochs are playing very far away.

  Je pars. Je n’arriverai point. C
’est égal, mais je pars sur la route des arrivées avec mon rire prognathe.

  Je pars. Le trisme du désespoir ne déforme point ma bouche.

  Tant pis pour les corbeaux : très loin jouent les pibrochs.

  I leave, I’m leaving. Sea without elsewhere, oh replunge without departure

  I tell you I am leaving: in the sandy clarity, toward my undying host,

  centaurs are rearing.

  Je pars, je pars. Mer sans ailleurs, ô recreux sans départ

  je vous dis que je pars : dans la clarté aréneuse, vers mon hostie vivace,

  se cabrent des centaures.

  I’m leaving. The wind with its hard snout forages my patience

  Oh land of stripped cyma

  rich land gorged on sluggish water

  your day is a dog yapping at a shadow.

  Je pars. Le vent d’un museau dur fouine dans ma patience

  Ô terre de cimaise dénuée

  terre grasse gorgée d’eau lourde

  votre jour est un chien qui jappe après une ombre.

  Farewell!

  When the land grown lazy shall scalp the sun

  in the purple sea you will find my eye smoking like a brand.

  Adieu !

  Quand la terre acagnardée scalpera le soleil

  dans la mer violette vous trouverez mon œil fumant comme un tison.

  Furnace, rough tenderness

  hail!

  The stars are rotting in the sidereal swamps

  but I advance more sure and more secret and more terrible than the rotting star.

  Fournaise, rude tendresse

  salut !

  Les étoiles pourrissent dans les marais du ciel

  mais j’avance plus sûr et plus secret et plus terrible que l’étoile pourrissante.

  Oh curved flight of my steps!

  alight on the ardent forest.

  And already the little bumps on my forehead and the rose of my pulse are catapulting the Great Noon.

  Ô vol courbe de mes pas !

  posez-vous dans la forêt ardente.

  Et déjà les bossettes de mon front et la rose de mon pouls catapultent le Grand Midi.

  Batuque

  Batouque

  The rice paddies of cigarette butts of spit on the strange summons

  of my simplicity are tattooed with pitons.

  The perforated words in my saliva resurface as open-sluiced

  cities paler than the suburbs of my love.

  O transparent cities mounted on yaks

  Les rizières de mégots de crachat sur l’étrange sommation

  de ma simplicité se tatouent de pitons.

  Les mots perforés dans ma salive ressurgissent en villes

  d’écluse ouverte, plus pâle sur les faubourgs de mon amour.

  Ô les villes transparentes montées sur yaks

  slow blood pissing into filigreed leaves the last memory

  the boulevard bruised comet brusque crossed bird

  strikes itself right in the sky

  drowned in arrows

  It’s my kind of night most hollow and most null

  a fan of compass fingers collapsed into the white laughter of slumbers.

  sang lent pissant aux feuilles de filigrane le dernier souvenir

  le boulevard comète meurtrie brusque oiseau traversé

  se frappe en plein ciel

  noyé de flèches

  C’est la nuit comme je l’aime très creuse et très nulle

  éventail de doigts de boussole effondrés au rire blanc des sommeils.

  batuque

  when the world shall be naked and russet

  like a womb burned to a cinder by the great suns of love

  batuque

  when the world shall be without inquest

  a wondrous heart in which the scenery of glances splintered to bits is embossed

  for the first time

  batouque

  quand le monde sera nu et roux

  comme une matrice calcinée par les grands soleils de l’amour

  batouque

  quand le monde sera sans enquête

  un cœur merveilleux où s’imprime le décor des regards brisés en éclats

  pour la première fois

  when attractions shall entrap the stars

  when love and death shall be

  a selfsame coral snake resoldered around a gemless arm

  without soot

  without defense

  batuque of the river swollen with crocodile tears and drifting whips

  quand les attirances prendront au piège les étoiles

  quand l’amour et la mort seront

  un même serpent corail ressoudé autour d’un bras sans joyau

  sans suie

  sans défense

  batouque du fleuve grossi de larmes de crocodiles et de fouets à la dérive

  batuque of the serpent tree of dancers of the prairie

  Pennsylvania roses peep at the eyes at the nose at the ears

  at the windows of the tortured man’s

  sawn head

  batuque of the woman with arms made of sea her hair an underwater source

  rigor mortis transforms bodies into steely tears,

  batouque de l’arbre aux serpents des danseurs de la prairie

  des roses de Pensylvanie regardent aux yeux au nez aux oreilles

  aux fenêtres de la tête sciée

  du supplicié

  batouque de la femme aux bras de mer aux cheveux de source sous-marine

  la rigidité cadavérique transforme les corps en larmes d’acier,

  all the leafy phasmas make a sea of blue yuccas and rafts

  all the neurotic phantoms have taken the bit between their teeth

  batuque

  when the world shall be, seduced by abstraction, made of shoots of rock salt

  the gardens of the sea

  for the first and the last time

  tous les phasmes feuillus font une mer de youcas bleus et de radeaux

  tous les fantasmes névrotiques ont pris le mors aux dents

  batouque

  quand le monde sera, d’abstraction séduite, de pousses de sel gemme

  les jardins de la mer

  pour la première et la dernière fois

  a mast of forgotten caravel blazes almond tree of the shipwreck

  a coconut palm a baobab a sheet of paper

  a dismissal of appeal

  batuque

  when the world shall be an open-cast mine

  un mât de caravelle oubliée flambe amandier du naufrage

  un cocotier un baobab une feuille de papier

  un rejet de pourvoi

  batouque

  quand le monde sera une mine à ciel découvert

  when the world shall be from the height of the navigation bridge

  my desire

  your desire

  conjugated in a leap into the inhaled void under the awning of our eyes unfurl

  all the sundust peopled with parachutes

  quand le monde sera du haut de la passerelle

  mon désir

  ton désir

  conjugués en un saut dans le vide respiré

  à l’auvent de nos yeux déferlent

  toutes les poussières de soleils peuplés de parachutes

  with deliberate fires with oriflammes with red wheat

  batuque of rotted eyes

  batuque of molasses eyes

  batuque of short-circuit eyes surprised by cow’s milk

  batuque of eyes sweetened by fever

  d’incendies volontaires d’oriflammes de blé rouge

  batouque des yeux pourris

  batouque des yeux de mélasse

  batouque des yeux de court circuit surpris de lait de vache

  batouque des yeux sucrés de fièvre

  batuque of night with an eggplant sex marked by mercury

  batuque of night with cigar flesh

  batuque of a doleful sea encrusted with
islands

  the Congo is a leap of the sun raising at the end of a thread

  batouque de la nuit au sexe d’aubergine signalé de mercure

  batouque de la nuit à la chair de cigare

  batouque de mer dolente encroûtée d’îles

  le Congo est un saut de soleil levant au bout d’un fil

  a pail of bleeding cities

  a tuft of citronella in the wrenched-open night

  batuque

  when the world shall be a tower* of silence

  where we shall be the prey and the vulture

  un seau de villes saignantes

  une touffe de citronnelle dans la nuit forcée

  batouque

  quand le monde sera une tour de silence

  où nous serons la proie et le vautour

  all the rains of parrots

  all the resignations of chinchillas

  batuque of broken trumpets, of an oily eyelid of virulent plovers

  batuque of murdered rain split finely by reddened ears

  purulence and vigilance

  toutes les pluies de perroquets

 

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