Annunciation
Annonciation
For André Breton.
À André Breton.
New mokatine blood ringing at meat o’clock clings to branches of the vegetal sun; they await their turn.
A movement of palm fronds suggests the future body of the yellow-breasted porter girls a harvest germinating with all hearts revealed.
Des sangs nouveaux de mokatine sonnant à la viande s’accrochent aux branches du soleil végétal ; ils attendent leur tour.
Un mouvement de palmes dessine le corps futur des porteuses aux seins jaunes moisson germante de tous les cœurs révélés.
The cock-pit of the flaming torch lowering to its furthest point makes for the weakness of the city a benevolent rose window moored by young lianas to the true sun of true fire of true earth: annunciation.
Le pitt du flambeau descendant jusqu’à l’extrême pointe fait à la faiblesse de la ville une rosace amicale amarrée de lianes jeunes au vrai soleil de vrai feu de terre vraie : annonciation.
For the annunciation of the porters of palm fronds and mokatine moored to the sun of the cock-pit of flaming torches—green eye ringed with yellow oxide loaded with moons moon eye loaded with torches—torch eye contort the discrete manure of unknotted snares.
Pour l’annonciation des porteuses de palmiers de mokatine amarrés au soleil du pitt de flambeaux – œil vert bagué de jaune d’oxyde chargé de lunes œil de lune chargé de torches – œil des torches tordez l’engrais discret des lacs dénoués.
Tom-Tom I
Tam-tam I
For Benjamin Péret.
À Benjamin Péret.
right on the river of blood of earth
right on the blood of broken sun
right on the blood of a hundred sun nails
right on the blood of the suicide of glowworms
à même le fleuve de sang de terre
à même le sang de soleil brisé
à même le sang d’un cent de clous de soleil
à même le sang du suicide des bêtes à feu
right on the blood of an ember the blood of salt the blood of bloods of love
right on the fire bird inflamed blood
herons and falcons
rise and burn
à même le sang de cendre le sang de sel le sang des sangs d’amour
à même le sang incendié d’oiseau feu
hérons et faucons
montez et brûlez
Tom-Tom II
Tam-tam II
For Wifredo.
Pour Wifredo.
with baby steps like a rain of caterpillars
with baby steps like a gulp of milk
with baby steps like ball bearings
with baby steps like a seismic tremor
the yams in the soil advance with giant steps like a breach of stars
à petits pas de pluie de chenilles
à petits pas de gorgée de lait
à petits pas de roulement à billes
à petits pas de secousse sismique
les ignames dans le sol marchent à grands pas de trouées d’étoiles
like a breach of night like the Holy
Mother of God breach
with giant steps like a breach of words in a stutterer’s throat
orgasm of holy pollutions
hallelujah
de trouée de nuit de trouée de Sainte
Mère de Dieu
à grands pas de trouée de paroles dans un gosier de bègue
orgasme des pollutions saintes
alleluiah
The Great Noon
(Fragment)
Le grand midi
(Fragment)
— Stop, stop for rest! Onward! Downward!
Stop for rest! Impatient becoming, tupping from awakenings and fumings,
– Halte, halte d’auberge ! Plus outre ! Plus bas !
Halte d’auberge ! L’impatient devenir, fléchant de réveils et de fumées,
bloody toes bristling like chargers,
insurrection
arises!
orteils sanglants se dressant en coursiers,
insurrection
se lève !
Queen of the molten wind
—at the heart of forceful peace—
gravel, yesterday’s uproar
Reine du vent fondu
– au cœur des fortes paix –
gravier, brouhaha d’hier
queen of the molten wind but tenacious memory
it’s a shoulder swelling
it’s a fist unclenching
reine du vent fondu mais tenace mémoire
c’est une épaule qui se gonfle
c’est une main qui se desserre
it’s a baby girl tapping the cheeks of her sleep
it’s a water licking its water chops
toward the fruit of the succulent drowned,
gravel, yesterday’s uproar, queen of the molten wind. . .
c’est une enfant qui tapote les joues de son sommeil
c’est une eau qui lèche ses babines d’eau
vers des fruits de noyés succulents,
gravier, brouhaha d’hier, reine du vent fondu…
Harsh swarm. Drunken warriors oh cainite mandibles
rampant bedazzlements, paradisiac golden pheasants
spurts, crossings, burnings and strippings
Essaim dur. Guerriers ivres ô mandibules caïnites
éblouissements rampants, paradisiaques thaumalées
jets, croisements, brûlements et dépouillements
oh octopus
spittle of radiances
pollen secretly drooling the four cardinal points
ô poulpe
crachats des rayonnements
pollen secrètement bavant les quatre coins cardinaux
I, I alone, freighted flotilla
clutching at myself
in the frightation and the terrifying vermicular mugful.
Alone and naked!
moi, moi seul, flottille nolisée
m’agrippant à moi-même
dans l’effarade de l’effrayante gueulée vermiculaire.
Seul et nu !
Atomic messages hit home and incredible
kisses gurgling their roamings that overflow their beds
and wailings and agonizings like lilies
perfidiously bursting in the rose window and the silting up and the fierce occultation of solitudes.
Les messages d’atomes frappent à même et d’incroyables
baisers gargouillant leurs errances qui se délitent
et des vagissements et des agonisements comme des lys
perfides éclatant dans la rosace et l’ensablement et la farouche occultation des solitudes.
I toss about
amidst the tender milk of lights and lichens
and the mitoses and the thick myelin
and the eozoon
and the mists and the mites of the bellowing heat.
Je bourlingue
à travers le lait tendre des lumières et les lichens
et les mitoses et l’épaisse myéline
et l’éozoon
et les brouillards et les mites de la chaleur hurlante.
O immense spawning of the green-eyed day grazing flowers
of glittering brains
the non-sacred naked eye of night recites in its very opacity the gorse of my depths and of my hatred!
Ô immense frai du jour aux yeux verts broutant des fleurs
de cervelles éclatantes
l’œil nu non sacré de la nuit récite en son opacité même le genêt de mes profondeurs et de ma haine !
My beautiful country with its high sesame shores
where the arrow of my well-intentioned blood smokes with base adolescent schemes!
Mon beau pays aux hautes rives de sésame
où fume de noirceurs adolescentes la flèche de mon sang de bons sentiments !
I toss abo
ut
throat stretched amidst mysterious rettings, rolled-up atolls,
the mastiff-faced tadpoles, the reticent yeasts and the deliriums of low thunder
Je bourlingue
gorge tendue à travers les mystérieux rouissements, les atolls enroulés,
les têtards à face de molosse, les levures réticentes et les délires de tonnerre bas
and the sacred tempest of chromosomes,
throat stretched, head high and the primal terror and the secret deliriums
setting golden frenzies on fire in my skull, throat stretched, head high,
et la tempête sacrée des chromosomes,
gorge tendue, tête levée et l’épouvante première et les délires secrets
incendiant dans mon crâne des frénésies d’or, gorge tendue, tête levée,
amidst patiences, expectations, surgings, gyrations,
metamorphoses, coalescings, the icteric scaling of future landscapes,
throat heavy, head high, like a stubborn swimmer, amidst the rainy salvo of shadow amidst the twirling trammel of the sky
amidst the undertow and the spindrift peeping anew
à travers les patiences, les attentes, les montées, les girations,
les métamorphoses, les coalescences, l’écaillement ictérique des futurs paysages,
gorge lourde, tête levée, tel un nageur têtu, à travers les pluvieuses mitraillades de l’ombre à travers le trémail virevoltant du ciel
à travers le ressac et l’embrun pépiant neuf
amidst the rudderless sluice of fears
head high
beneath the bulwark
in the rustling of births and dawns!...
à travers le pertuis désemparé des peurs
tête levée
sous les pavois
dans le frisselis des naissances et des aubes !…
The blood of the world a salty lip
rigged with lightning
sobs sharply
its marine haymakings
into my keen ear.
Le sang du monde une lèvre salée
vertement à mon oreille aiguë
sanglote
gréée de foudres
ses fenaisons marines.
Oh chartless embracings.
What does it matter?
spurting palm tree
Ô embrassements sans portulan.
Qu’importe ?
jaillissant palmier
irresistible fountain, umbel,
my heavy
hooker
fontaine irrésistible, ombelle,
ma hourde
lourde
crushes
the
sludge
lurches ahead
écrase
la
vase
avance
and ascends!
Ah! peak! flexible tomorrow,
water comma, my heavy hooker, with no chamulcus*, against the current
crushes the sharp attenuating peak.
Spume!
et monte !
Ah ! cime ! demain flexible,
virgule d’eau, ma hourde lourde, sans chamulque, à contre-flot
écrase la cime fine qui s’amenuise.
Écume !
I search no longer: I’ve found!
Love clings to the branches
love pierces the nostrils of the sun; love, with a blue tooth
snaps up the white sea.
Je ne cherche plus : j’ai trouvé !
L’amour s’accroche aux branches
l’amour perce les narines du soleil ; l’amour, d’une dent bleue
happe la blanche mer.
I am the column of the embanked morning
I am the just flame of the burned bark;
in the boscage of my five fingers the whole standing forest reddens, yes,
Je suis la colonne du matin terrassé
Je suis la flamme juste de l’écorce brûlée ;
dans le bocage de mes cinq doigts toute la forêt debout rougit, oui,
reddens above the abysses the hundred thousand point works
of fearless dances.
Large, ah! larger! to scatter at the crossroads of my loins the lovestruck cavalries!
rougit au-dessus des abîmes les cent mille pointes
des danses impavides.
Large, ah ! plus large ! disperser au carrefour de mes reins les cavaleries frappées d’amour !
grazing fungosities
the abyss has burst the living bubble of the hills
grazing fungosities
broutantes fongosités
l’abîme a soufflé la bulle vivante des collines
broutantes fongosités
assassinated ardor
will you not leave?
Am I already following the heavy greyish-brown roads of rains and coxalgias?
élan assassiné
ne partirez-vous point ?
Suivrais-je déjà les lourds chemins bis des pluies et des coxalgies ?
My whyless love cartwheels like a tepid snake
my whyless love turns round like a white sun
my love with time-filled guts in an abrupt desolation
of sage and glaucoma scrapes unquiet hoof the bombax of the mute savana.
Mon amour sans pourquoi fait une roue de serpent tiède
mon amour sans pourquoi fait un tour de soleil blanc
mon amour aux entrailles de temps dans une désolation brusque
de sauge et de glaucome gratte sabot inquiet le bombax de la savane sourde.
Am I already advancing caressed by a pale sun toward the heavens
where my crimes and the long grass-like shredding of my colonized hells
will gleam like deceased ears in the cavern of Requiems?
M’avancerais-je caressé déjà de soleil pâle vers les ciels
où mes crimes et le long effilochement d’herbes de mes enfers colonisés
luiront comme des oreilles trépassées dans la caverne des Requiems ?
Oh sun bird with hard renaissant beaks
fraternal midnight, sole estuary in which to boil my dazzled indifference
I hear the breathing of aralies,
Ô oiseau du soleil aux durs becs renaissants
fraternel minuit, seul estuaire où bouillir ma darne indifférence
j’entends le souffle des aralies,
the hollow light of beaches,
the fanning of marine suns,
and the silences
la creuse lumière des plages,
le tisonnement des soleils marins,
et les silences
and the shaggy evenings with their knotted sneers
and over the lapping percussion of frogs the acrid nocturnal
perseverance!
et les soirs chevelus aux ricanements noueux
et sur la clapotante batterie des grenouilles l’âcre persévérance
nocturne !
Who cracks my joy? Who sighs for daylight?
The Complete Poetry of Aimé Césaire Page 15