La Vallée des chevaux

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La Vallée des chevaux Page 7

by Jean M. Auel


  Quand elle se réveilla, toutes sortes d’oiseaux pépiaient, gazouillaient ou croassaient dans l’air matinal. Repoussant la couverture en peau, Ayla contempla avec délice cet univers verdoyant qui, encore humide de pluie, étincelait sous le soleil. Elle se trouvait sur une grande plage rocheuse. A cet endroit, la petite rivière, dont le cours était orienté vers le sud, obliquait légèrement vers l’est.

  Sur la rive opposée poussaient des pins vert sombre dont la cime atteignait le haut de la paroi mais sans jamais la dépasser. Toutes les tentatives qu’ils avaient faites pour la dominer avaient été arrêtées net par le vent qui soufflait dans les steppes. Les arbres les plus grands avaient donc une curieuse forme aplatie et, comme la croissance de leurs branches était stoppée en hauteur, celles-ci bifurquaient sur les côtés. La symétrie presque parfaite d’un immense pin était ainsi rompue par sa cime qui avait poussé à angle droit par rapport au tronc. Non loin de là, la cime d’un autre pin s’était carrément retournée, poussant en direction du sol, et formait une sorte de moignon déchiqueté et charbonneux. Tous ces arbres avaient poussé sur une étroite bande de terre entre la paroi et la berge et si près de l’eau parfois que leurs racines se trouvaient à découvert.

  Sur la rive où se tenait Ayla, un peu en amont, des saules pleureurs se penchaient au-dessus de la rivière. Un peu plus haut, agitées par une douce brise, les feuilles des trembles bruissaient. Il y avait aussi des bouleaux à écorce blanche et des aulnes à peine plus gros que des arbustes. Des lianes grimpaient et s’enroulaient autour des arbres et la rivière était bordée de buissons couverts de feuilles.

  Ayla avait voyagé si longtemps dans les steppes qu’elle avait presque oublié à quel point la nature pouvait être belle quand elle était aussi verdoyante. La rivière étincelait sous le soleil et semblait lui tendre les bras. Ses peurs nocturnes s’étaient envolées : elle bondit sur ses pieds et s’approcha de l’eau. Dans un premier temps, elle ne songeait qu’à se rafraîchir mais très vite elle détacha la longue lanière qui retenait son vêtement, enleva son amulette et plongea. Puis elle se mit à nager en direction de la rive opposée.

  Le contact de l’eau froide lui fit du bien et la débarrassa de la poussière des steppes qui lui collait à la peau. Elle nagea à contre-courant jusqu’à ce qu’elle arrive à un étroit goulet formé par les deux parois abruptes. A cet endroit, le lit était moins large, le courant plus fort et l’eau beaucoup plus froide. Elle se retourna sur le dos, fit la planche et se laissa porter par le courant qui la ramenait vers son point de départ. Elle était en train de contempler la bande d’azur du ciel quand, un peu avant d’arriver à la plage, elle remarqua une cavité creusée dans la paroi qui surplombait la rive opposée. Est-ce que par hasard ce serait une caverne ? se demanda-t-elle, toute excitée à cette idée. Je me demande si je pourrais l’atteindre...

  Elle regagna la plage et s’assit sur les pierres pour se sécher au soleil. Non loin d’elle, des oiseaux sautillaient sur le sol, tirant sur des vers que la pluie nocturne avait ramenés à la surface, tandis que d’autres voletaient de branche en branche, picorant au passage les baies dont regorgeaient les buissons.

  Des framboises ! se dit Ayla. Et elles sont énormes ! Quand elle s’approcha des buissons, les oiseaux battirent frénétiquement des ailes avant d’aller se percher un peu plus loin. Elle cueillit une pleine poignée de baies juteuses et les mangea aussitôt. Puis elle s’approcha à nouveau de la rivière et, après s’être rincé les mains, remit son amulette. Au moment d’enfiler son vêtement en peau, sale et poussiéreux, elle ne put s’empêcher de froncer le nez. Malheureusement, elle n’en avait pas d’autre. Quand elle s’était précipitée dans la caverne, juste après le tremblement de terre, pour y prendre de la nourriture, des vêtements et une tente, elle n’avait emporté que ce qui était indispensable à sa survie. Comment imaginer qu’un jour elle aurait besoin d’une seconde tenue d’été !

  Au fond, cela n’avait guère d’importance. Le désespoir qu’elle avait éprouvé à force de voyager dans les steppes arides s’était envolé. Au contact de cette vallée fraîche et verdoyante, elle retrouvait le goût de vivre. Les framboises qu’elle venait de manger lui avaient ouvert l’appétit et elle ressentait le besoin d’une nourriture plus substantielle. Elle retourna donc près de son panier pour y prendre sa fronde et en profita pour étendre sur les pierres chauffées par le soleil la tente et la fourrure trempées par la pluie. Après avoir remis son vêtement en peau, elle se mit en quête de cailloux lisses et ronds.

  Très vite elle se rendit compte qu’il n’y avait pas que des pierres sur la rive. Il y avait aussi des bois flottés de teinte grisâtre et des os blanchis qui s’étaient amoncelés contre une avancée de la paroi jusqu’à former un énorme tas. Les violentes crues printanières avaient déraciné des arbres et entraîné des animaux imprudents, les projetant avec violence dans l’étroit goulet qui se trouvait en amont, puis les abandonnant dans le cul-de-sac formé par la saillie de la paroi, là où la rivière faisait une boucle. Ayla découvrit dans le tas d’ossements des andouillers géants, des cornes de bison et quelques énormes défenses en ivoire. Le mammouth lui-même n’avait pu résister à la violence de la crue. Il y avait là aussi des galets et des pierres d’un gris crayeux qui attirèrent aussitôt son attention.

  Ça, c’est un silex ! se dit-elle. Pour pouvoir m’en assurer, il faut que j’en fende un avec un percuteur. Mais je suis sûre que c’est un silex ! Très excitée par sa découverte, elle se mit aussitôt à la recherche d’une pierre ovale et lisse qu’elle puisse facilement tenir en main. Lorsqu’elle en eut trouvé une, elle s’en servit pour frapper sur la pierre crayeuse. L’enveloppe blanchâtre finit par se fendre et à l’intérieur apparut une pierre gris foncé à l’éclat sombre.

  C’est bien un silex ! se dit-elle. J’avais vu juste ! Et imaginant aussitôt les outils qu’elle allait pouvoir fabriquer, elle ajouta pour elle-même : Je vais faire provision de silex. Si je casse ceux que j’ai emportés, je n’aurai plus à m’inquiéter. Elle mit aussitôt de côté quelques-unes de ces lourdes pierres qui avaient été arrachées en amont de la rivière à des affleurements calcaires et transportées par le courant jusqu’au pied de la paroi. Cette découverte la poussa à poursuivre son exploration.

  En temps de crue, la saillie de la paroi formait une barrière contre laquelle les eaux tumultueuses venaient buter mais la rivière avait repris son niveau normal et Ayla n’eut aucun mal à la contourner. Une fois arrivée de l’autre côté, elle s’arrêta pour contempler la vallée qu’elle avait aperçue d’en haut la veille au soir.

  Après cette boucle, la rivière s’élargissait et comme elle était moins profonde, le fond rocheux émergeait par endroits. Elle se dirigeait vers l’est, longeant une des parois à pic de la gorge. Sur la rive où se trouvait Ayla, les arbres et les buissons, protégés par cette barrière naturelle, avaient atteint leur plein développement. Sur sa gauche, au-delà de la barrière rocheuse, la paroi de la gorge s’abaissait graduellement et finissait par rejoindre, au nord comme à l’est, la vaste étendue des steppes. En face d’elle, la large vallée formait une luxuriante prairie dont les hautes herbes ondulaient comme des vagues chaque fois que le vent venu du nord soufflait en rafales. Et, à mi-pente, la petite horde de chevaux paissait.

  Cette scène était si belle et il en émanait une telle quiétude qu’Ayla en eut le souffle coupé. Elle avait du mal à croire qu’en plein cœur des steppes arides et ventées un tel endroit puisse exister. Cachée par une faille, la vallée formait une oasis, un petit monde luxuriant, comme si la nature, obligée d’économiser ses bienfaits dans les steppes arides, devenait soudain prodigue dès que l’occasion lui en était donnée.

  De loin, la jeune femme observa les chevaux. Robustes et massifs, ils avaient des pattes assez courtes, une encolure épaisse, une grosse tête, des naseaux proéminents qui faisaient penser aux narines de certains hommes du Clan. Leur crinière était courte mais fournie, leur pelage long et épais, gris chez certains et chez
les autres, couleur chamois, allant du beige au jaune doré. Un peu à part se tenait un étalon à la robe couleur de foin et Ayla remarqua que plusieurs poulains avaient le même pelage. Quand l’étalon, relevant la tête, secoua sa crinière et hennit, elle lança en souriant :

  — Tu es fier de ton clan, n’est-ce pas ?

  Revenant sur ses pas, Ayla s’engagea dans les taillis qui bordaient la rivière, notant machinalement les diverses variétés de plantes qu’elle rencontrait, aussi bien alimentaires que médicinales. Distinguer et ramasser les plantes qui avaient le pouvoir de soigner avait fait partie de son apprentissage de guérisseuse et il en existait très peu qu’elle ne soit pas capable d’identifier instantanément. Mais pour l’instant, elle pensait avant tout à se nourrir.

  Au passage, elle remarqua les feuilles et les fleurs en ombelle qui dénotaient la présence de carottes sauvages, enfouies sous le sol, mais elle continua son chemin comme si de rien n’était. Elle avait parfaitement enregistré l’endroit où elles se trouvaient. Pour l’instant, ce qui l’intéressait avant tout, c’était les traces qu’elle venait de découvrir et qui trahissaient la présence d’un lièvre.

  Comme tout chasseur digne de ce nom, elle se mit à avancer sans faire de bruit, guidée par des crottes fraîches, une touffe d’herbe couchée, une légère empreinte dans la poussière, et bientôt elle distingua droit devant elle la forme d’un animal tapi dans un fourré où il se dissimulait. Elle détacha la fronde pendue à sa ceinture et sortit d’une des poches de son vêtement deux pierres rondes. Quand le lièvre prit brusquement la fuite, elle était prête. Avec une habileté consommée, acquise grâce à des années de pratique, elle lança une première pierre puis, aussitôt après, une seconde. Clac ! clac ! Le bruit faisait plaisir à entendre et les deux projectiles atteignirent leur but.

  En ramassant l’animal, Ayla repensa à l’époque où elle avait appris, toute seule, cette technique du double jet de pierre. Peu de temps avant, elle avait raté un lynx et pris conscience de sa vulnérabilité : une seule pierre ne suffisait pas toujours à tuer un animal. Mais il avait fallu qu’elle s’entraîne énormément pour réussir à positionner la seconde pierre pendant le mouvement de descente du premier lancer. Grâce à cette technique, elle pouvait lancer deux projectiles à intervalles très rapprochés.

  Sur le chemin du retour, elle cassa une branche d’arbre dont elle appointa l’une des extrémités à l’aide d’un outil de silex dont la face coupante portait une encoche triangulaire. Elle utilisa ce bâton à fouir pour déterrer les carottes sauvages remarquées un peu plus tôt. Elle fourra les carottes dans un repli de son vêtement, cassa encore deux branches, fourchues celles-là, et regagna la plage. Là, elle déposa le lièvre et les carottes à côté de son panier et retira de celui-ci sa drille à feu et sa sole en bois. Elle retourna alors près de la saillie rocheuse et, après avoir soulevé quelques troncs, fit provision de bois flottés bien secs auxquels elle ajouta des branches mortes ramassées au pied des arbres. Utilisant à nouveau l’outil qui avait servi à appointer le bâton à fouir, elle racla un morceau de bois sec pour en détacher des copeaux d’écorce. Ensuite elle retira l’écorce velue de quelques tiges sèches d’armoise et la bourre que contenaient des cosses d’onagraire.

  Quand elle eut trouvé un endroit où elle pouvait s’asseoir à l’aise, elle tria le bois qu’elle avait ramassé – bois d’allumage, bois flotté et grosses bûches – et le disposa autour d’elle. Elle prit sa sole, taillée dans une tige de clématite, et sa drille à feu, une tige de massette de l’année précédente. A l’aide d’un perçoir en silex, elle fit une entaille sur un des côtés de la sole et y inséra la tige de massette afin de vérifier que la cavité avait bien la taille voulue. Elle disposa alors la bourre d’onagraire sous l’entaille qu’elle venait de pratiquer, ajouta les écorces tout autour et bloqua le tout avec son pied. Elle inséra à nouveau la tige de massette dans la cavité et prit une profonde inspiration. Faire du feu exigeait une grande concentration.

  Plaçant le haut de la drille entre ses deux paumes, elle commença à la faire tourner tout en exerçant une pression vers le bas. Au fur et à mesure qu’elle la faisait tourner, ses mains descendaient tout en bas de la tige, presque jusqu’à toucher la sole. Si elle n’avait pas été seule, au moment où ses mains se seraient retrouvées en bas, quelqu’un d’autre aurait placé ses paumes en haut de la drille et continué à la faire tourner. Comme elle ne pouvait pas compter sur l’aide de qui que ce soit, chaque fois qu’elle arrivait en bas de la drille, elle était obligée de replacer le plus vite possible ses mains en haut pour ne pas interrompre le mouvement de rotation et exercer une pression constante sur la sole. Dans le cas contraire, la chaleur dégagée par le frottement ne manquerait pas de se dissiper et n’atteindrait jamais le degré suffisant pour que le bois s’embrase.

  Prise par le rythme, Ayla ne se rendait pas compte que la sueur ruisselait sur son front. Grâce au mouvement continu, la cavité était en train de se creuser et la sciure de bois tendre s’accumulait. Elle avait mal aux bras mais, quand elle sentit une odeur de bois brûlé et qu’elle vit que l’entaille noircissait puis qu’elle laissait échapper un mince ruban de fumée, cela l’encouragea à continuer. Pour finir, un petit charbon de bois incandescent se détacha de la sole et tomba dans les écorces et la bourre qui se trouvaient en dessous. Tout dépendait maintenant du prochain stade : si le charbon de bois s’éteignait, elle serait obligée de tout recommencer depuis le début.

  Elle se pencha, le visage si près de la sole qu’elle sentait la chaleur dégagée par le bois incandescent, et commença à souffler sur celui-ci. Chaque fois qu’elle soufflait, le charbon de bois devenait plus brillant, et quand elle reprenait son souffle, il diminuait comme s’il allait s’éteindre. Elle approcha quelques copeaux de la braise : ils s’enflammèrent immédiatement, puis noircirent aussi vite. Et soudain, il y eut une flamme minuscule. Elle souffla de plus belle, approcha d’autres copeaux et quand ceux-ci formèrent un petit tas rougeoyant, elle ajouta du bois d’allumage.

  Quand le feu eut bien pris, elle l’alimenta avec les morceaux de bois flotté. Il n’y avait plus de risque qu’il s’éteigne et elle en profita pour aller chercher d’autres bouts de bois qu’elle plaça tout près du foyer. Elle saisit un autre outil, doté d’une entaille légèrement plus large, et s’en servit pour retirer l’écorce du bâton qu’elle avait utilisé pour déterrer les carottes sauvages. Puis elle planta les deux branches fourchues de chaque côté du feu de manière à pouvoir y poser le bâton. Elle s’occupa alors de dépiauter le lièvre.

  Dès que l’animal fut prêt, elle l’embrocha et le mit à rôtir au-dessus des braises. Elle plaça les entrailles dans la dépouille et s’apprêtait à jeter le tout un peu plus loin quand soudain elle changea d’avis. Je pourrais utiliser la fourrure, se dit-elle. Cela ne me prendrait qu’un jour ou deux...

  Avant de mettre son projet à exécution, elle rinça les carottes sauvages dans la rivière, les enveloppa dans des feuilles de plantain et les déposa à côté des braises.

  En attendant que son repas soit prêt, elle commença à préparer la peau. A l’aide d’un grattoir, elle se mit à racler l’intérieur de la fourrure pour la débarrasser des vaisseaux sanguins, des follicules pileux et de la membrane interne.

  Tout en travaillant, ses pensées vagabondaient. Peut-être pourrais-je rester ici quelques jours, se disait-elle. Juste le temps de terminer cette peau. J’en profiterais aussi pour faire quelques outils en silex. Les miens sont abîmés... J’aimerais aussi explorer cette cavité que j’ai aperçue dans la paroi. Si c’est une caverne, je pourrais m’y installer pour quelques nuits... Ce lièvre commence à sentir bon...

  Elle se leva pour tourner la broche et reprit son travail. Je ne peux pas rester ici très longtemps, songeait-elle. Il faut que je trouve ceux que je cherche avant l’hiver. Elle s’arrêta soudain de racler la peau en se demandant à nouveau, comme elle n’avait cessé de le faire tous ces derniers temps : Où sont-ils ? Iza m’a dit que les Autres
vivaient sur le continent. Si c’est le cas, pourquoi ne les ai-je pas rencontrés ? Où sont-ils, Iza ? En pensant à la vieille guérisseuse, elle fondit en larmes. Comme tu me manques, Iza ! Et comme Durc me manque, lui aussi Durc, mon bébé... Dire que j’ai eu tant de mal à te mettre au monde ! Mais tu n’es pas difforme, simplement différent. Comme moi.

  Non, pas comme moi, corrigea-t-elle aussitôt. Tu fais partie du Clan. Tu seras simplement un peu plus grand que les autres et ta tête sera légèrement différente. Et tu deviendras un grand chasseur. Toi aussi, un jour, tu sauras manier la fronde. Et tu courras plus vite que tout le monde. Tu gagneras toutes les courses organisées pour le Rassemblement du Clan. Et même si tu n’es pas assez fort pour triompher dans un corps à corps, tu seras malgré tout un homme costaud.

  Mais qui s’amusera à t’apprendre de nouveaux sons ? Qui jouera à te les faire répéter ?

  Arrête ! s’intima-t-elle en essuyant ses larmes. Je devrais me réjouir qu’il y ait des gens qui t’aiment, Durc. Quand tu seras grand, Ura deviendra ta compagne. Elle non plus, elle n’est pas vraiment difforme. Simplement un peu différente, comme toi. Et moi, se demanda Ayla, est-ce que je trouverai un jour un compagnon ?

  Quand elle s’approcha à nouveau du feu, le lièvre n’était pas tout à fait cuit. Elle en mangea quand même un morceau, ne serait-ce que pour se changer les idées. Les carottes sauvages étaient tendres et leur chair jaune pâle avait une saveur un peu piquante. Après avoir déjeuné, elle se sentit mieux. Elle replaça le lièvre au-dessus des braises pour qu’il finisse de cuire et continua à racler la peau de l’animal.

  Le soleil était déjà haut dans le ciel quand elle décida qu’il était temps d’aller explorer la cavité qu’elle avait aperçue dans la matinée. Elle se déshabilla à nouveau et traversa la rivière. Puis elle s’accrocha aux racines d’un pin pour sortir de l’eau. La paroi était presque verticale et difficile à escalader. Quand elle atteignit enfin l’étroite corniche qui se trouvait au-dessous de la cavité, elle regretta d’avoir fait autant d’efforts : ce n’était pas une caverne mais un simple trou creusé dans le rocher. Dans un coin, elle aperçut les excréments d’une hyène. Comme l’animal ne pouvait pas avoir escaladé la paroi, il devait exister un autre accès du côté des steppes. Quoi qu’il en soit, cette cavité ne présentait aucun intérêt pour elle.

 

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