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La Vallée des chevaux

Page 12

by Jean M. Auel


  C’était à qui réussirait à s’approcher de la tête du poisson. Ils se poussaient les uns les autres et Jeren finit par tomber dans l’eau. Il en sortit aussitôt et attrapant un jeune Hadumaï, l’entraîna à sa suite. Très vite, tout le monde se retrouva dans l’eau. Seul Jondalar était encore debout sur la rive. Quand Thonolan s’en aperçut, il se hissa sur la berge et empoigna son frère.

  — Ne crois pas que tu vas rester là bien au sec ! lui cria-t-il. (Puis, comme Jondalar résistait, il lança :) Viens m’aider, Jeren ! Nous allons lui faire boire la tasse.

  En entendant son nom, Jeren accourut aussitôt. Les autre Hadumaï s’approchèrent. Les uns tiraient, les autres poussaient et quand ils arrivèrent à l’extrémité de la berge, ils sautèrent tous dans l’eau, Jondalar avec eux. Ruisselant d’eau et riant toujours, ils regagnèrent la rive et aperçurent alors la vieille femme, debout à côté de l’esturgeon.

  — Haduma, hein ? dit-elle en leur lançant un regard sévère.

  L’air penaud, ils baissèrent la tête comme des gamins pris en faute. Haduma se mit à rire et, debout en face de l’esturgeon, elle balança son bassin d’avant en arrière comme ils l’avaient fait un peu plus tôt. Les jeunes éclatèrent de rire et se précipitèrent autour d’elle. Chacun d’eux se mit à quatre pattes et la supplia de monter sur son dos.

  Ce n’était certainement pas la première fois qu’ils jouaient à ce petit jeu avec elle et, en les voyant faire, Jondalar ne put s’empêcher de sourire. C’était un plaisir de voir que non seulement la tribu révérait cette aïeule, mais que tous ses membres l’aimaient et s’amusaient avec elle. Quand, de la main, elle indiqua que c’était sur le dos de Jondalar qu’elle désirait monter, les jeunes gens firent de grands gestes pour inviter celui-ci à s’approcher et aidèrent aussitôt la vieille femme à s’installer. Jondalar, qui s’était mis à quatre pattes, se releva tout doucement. La vieille femme ne pesait presque rien, mais elle s’agrippait fermement à ses épaules et, malgré son grand âge, ne semblait rien avoir perdu de sa poigne.

  Comme les jeunes Hadumaï couraient et prenaient de l’avance, elle lui tapa sur l’épaule pour qu’il accélère l’allure. Il se mit à courir lui aussi, traversa la plage et ne s’arrêta, hors d’haleine, qu’à l’entrée du camp. Haduma descendit, reprit son bâton, et elle se dirigea dignement vers les tentes.

  — Quelle femme exceptionnelle ! s’écria Jondalar à l’adresse de Thonolan. Seize enfants, cinq générations et toujours en forme. Je suis sûr qu’elle va vivre assez longtemps pour voir naître la sixième génération.

  — Sixième génération, Haduma mourir. Jondalar tourna la tête et reconnut Tamen.

  — Que veux-tu dire ? demanda-t-il.

  — Haduma dire : Noria avoir fils aux yeux bleus, puis Haduma mourir. Elle dire longtemps ici, temps de partir. Nom du bébé : Jondal, sixième Hadumaï. Haduma contente de l’homme zelandonii. Haduma dire : Premiers Rites pour une femme, difficiles. Plaisir avec homme zelandonii. Homme zelandonii, très bien.

  — Si elle pense que le moment est venu pour elle de partir, personne ne peut l’en empêcher, reconnut Jondalar. Mais j’en suis très triste.

  — Tous les Hadumaï tristes, dit Tamen.

  — Ai-je le droit de revoir Noria si peu de temps après les Premiers Rites ? demanda Jondalar. Est-ce que vos coutumes le permettent ?

  — Coutumes, non. Mais Haduma dire oui. Jondalar et Thonolan partir bientôt ?

  — Si Jeren pense que l’esturgeon suffit à payer notre dette pour avoir fait fuir les chevaux, je pense que nous n’allons pas tarder à vous quitter.

  Tamen ne semblait nullement surpris.

  — Haduma dire hommes zelandonii nous quitter, dit-il.

  Durant l’après-midi, tout le monde s’occupa de découper en fines tranches la chair de l’esturgeon et celles-ci furent aussitôt mises à sécher. Le soir même, un repas fut organisé pour fêter l’exploit des pêcheurs.

  Quand Jondalar put enfin revoir Noria, la nuit était tombée depuis longtemps. La jeune femme était escortée par deux vieilles femmes qui les suivirent discrètement quand ils se dirigèrent vers le fleuve. Cette rencontre tout de suite après les Premiers Rites était une entorse aux coutumes et il était hors de question qu’elle ait lieu sans témoins.

  La tête basse, les deux jeunes gens s’arrêtèrent près d’un arbre sans rien dire. Prenant le menton de Noria, Jondalar l’obligea gentiment à le regarder. Le visage de la jeune femme était baigné de larmes. Jondalar lui caressa tendrement la joue et porta son index mouillé à ses lèvres.

  — Oh... Jondalar ! s’écria-t-elle en s’approchant de lui.

  Il la prit dans ses bras et l’embrassa, tendrement au début, puis avec passion.

  — Noria, dit-il. Noria femme. Noria belle femme.

  — Jondalar faire... faire une femme... de Noria, dit-elle avant de laisser échapper un sanglot.

  Elle aurait tellement aimé connaître le zelandonii pour lui dire ce qu’elle ressentait.

  — Je sais, Noria, je sais...

  Desserrant son étreinte, Jondalar se recula un peu et tapota gentiment le ventre de Noria. La jeune femme sourit aussitôt.

  — Noria avoir Zelandonyee, dit-elle en touchant les yeux de Jondalar. Jondal, continua-t-elle avec fierté.

  — Je sais. Tamen me l’a dit. Le premier représentant de la sixième génération hadumaï s’appellera Jondal. (Jondalar ouvrit le petit sac suspendu à sa ceinture et en sortit la donii en pierre.) Je te la donne, dit-il à Noria. C’est pour toi.

  Il aurait aimé pouvoir expliquer à la jeune femme à quel point il tenait à cette statuette qui lui avait été remise par sa mère après avoir été transmise de génération en génération. Comme elle risquait de ne rien comprendre à ses explications, il préféra lui dire :

  — Cette donii est mon Haduma. L’Haduma de Jondalar. Maintenant, elle est devenue l’Haduma de Noria.

  — Haduma de Jondalar ? fit-elle tout étonnée. Haduma de Jondalar pour Noria ?

  Jondalar hocha la tête. La jeune femme ne put retenir ses larmes. Prenant la statuette dans ses deux mains, elle l’approcha de ses lèvres et y déposa un baiser.

  — Haduma de Jondalar, dit-elle entre deux sanglots.

  Elle serra Jondalar dans ses bras, l’embrassa avec passion, puis faisant soudain demi-tour, s’enfuit en courant pour rejoindre le campement.

  Au moment du départ, tout le monde était là. Noria était debout à côté d’Haduma. Jondalar s’immobilisa un court instant en face des deux femmes. Haduma lui sourit et hocha la tête pour lui montrer qu’elle était satisfaite. Noria avait les larmes aux yeux. Quand Jondalar lui effleura tendrement la joue, elle réussit à sourire. Non loin d’elle se trouvait le jeune garçon aux cheveux bouclés qui, sur l’ordre de Jeren, était allé prévenir les Hadumaï de l’arrivée des étrangers. Il couvait Noria du regard et quand Jondalar s’en aperçut, il fut tout heureux pour la jeune femme.

  Noria était une vraie femme maintenant. Son fils, béni par Haduma, serait accueilli à bras ouverts dans le foyer de n’importe quel homme. Très vite le bruit courrait qu’elle avait éprouvé du plaisir durant les Premiers Rites et qu’en conséquence elle ferait une bonne compagne. Elle n’aurait aucun mal à trouver un compagnon parmi les jeunes gens de la tribu.

  — Crois-tu vraiment que Noria sera enceinte d’un enfant de ton esprit ? demanda Thonolan dès qu’ils eurent quitté le camp.

  — Je ne le saurai jamais, répondit Jondalar. Mais je pense qu’Haduma est une vieille femme très sage. Le nombre de choses qu’elle sait doit être inimaginable. Elle possède une « grande magie », comme dit Tamen. Si c’est en son pouvoir, elle se débrouillera pour que Noria ait un enfant aux yeux bleus.

  Les deux frères suivaient à nouveau le fleuve et ils marchèrent un long moment sans échanger un mot jusqu’à ce que Thonolan dise :

  — Il y a quelque chose que j’aimerais bien savoir...

  — Ne te gêne pas, lui conseilla Jondalar.

  — Tu dois a
voir un don surnaturel, dit Thonolan. Même si la plupart des hommes se vantent d’avoir été choisis pour les Premiers Rites, il y en a beaucoup que cela effraie. J’en connais quelques-uns qui ont carrément refusé. Moi, je n’ai jamais refusé, mais cela me met toujours un peu mal à l’aise. Tandis qu’avec toi, c’est toujours une réussite. Elles tombent toutes amoureuses. Comment te débrouilles-tu ?

  — Je n’en sais rien, avoua Jondalar, visiblement embarrassé. J’essaie simplement de faire très attention.

  — Tous les hommes font comme toi. Mais cela ne suffit pas. Comme le disait Tamen : « Premiers Rites difficiles pour une femme. » Comment fais-tu pour qu’elles éprouvent du plaisir ? Moi, quand j’ai réussi à ne pas trop leur faire mal, je m’estime déjà heureux. Tu dois avoir une recette miracle. Et tu devrais la partager avec ton jeune frère. J’avoue que cela ne me déplairait pas si toute une bande de jeunes beautés me couraient après...

  — Tu t’en lasserais très vite, fit remarquer Jondalar. C’est en partie à cause de ça que je me suis promis à Marona. Cela me fournissait une excuse, avoua-t-il en fronçant les sourcils. Il faut imaginer ce que représentent les Premiers Rites pour la femme. Souvent, celle qu’on initie n’est encore qu’une jeune fille. Elle ignore la différence entre courir après les garçons et s’offrir à un homme. Il est très difficile de lui faire comprendre sans la peiner qu’après l’avoir initiée aux Premiers Rites, un homme a besoin de se détendre avec une femme plus expérimentée. Toutes, elles veulent vous accaparer ! Et moi je ne peux tout de même pas tomber amoureux de toutes les femmes avec lesquelles je passe une nuit.

  — Amoureux, tu ne l’es jamais, fit remarquer Thonolan.

  — Que veux-tu dire ? demanda Jondalar qui s’était mis à marcher plus vite. J’ai aimé beaucoup de femmes...

  — Tu les as aimées, comme tu dis. Mais ce n’est pas la même chose.

  — Comment le sais-tu ?

  — Je suis déjà tombé amoureux, rappela Thonolan. Et même si ça n’a pas duré, je sais ce que c’est. Inutile de marcher aussi vite ! ajouta-t-il. Si tu préfères que je me taise, dis-le-moi.

  — Tu as raison, reconnut Jondalar en ralentissant. C’est vrai que je n’ai jamais été réellement amoureux...

  — Comment ça se fait ? Toutes ces femmes que tu as rencontrées, que leur manquait-il ?

  — Si je le savais, crois-tu que... commença Jondalar d’une voix coléreuse. (Puis, après avoir réfléchi, il ajouta :) Je crois que je demande trop. J’aimerais rencontrer une femme, une vraie, et que malgré tout elle soit comme une jeune fille lors des Premiers Rites. Une femme ardente, au cœur sincère. Une femme pour qui l’amour sera une chose totalement neuve mais à qui je ne craindrai pas de faire mal. Je la veux à la fois jeune et vieille, naïve et sage.

  — Ça fait beaucoup, remarqua Thonolan.

  — C’est vrai. Mais je pense avoir répondu à ta question. Les deux frères marchèrent en silence.

  — A ton avis, quel âge a Zelandoni ? demanda soudain Thonolan. Elle doit être légèrement plus jeune que notre mère, non ?

  — Pourquoi ? demanda Jondalar, soudain sur ses gardes.

  — Il paraît qu’elle était extraordinairement belle quand elle était plus jeune, et même il y a peu d’années encore. Les anciens disent qu’aucune femme ne pouvait lui être comparée. Même si cela semble incroyable, ils disent aussi qu’elle est jeune pour être la Grande Prêtresse Zelandoni, la Première parmi Ceux Qui Servent La Mère. (Thonolan se tut pendant un court instant comme s’il hésitait à continuer. Puis il ajouta :) Est-ce que c’est vrai ce qu’on dit sur toi et Zelandoni ?

  Jondalar s’arrêta et se retourna lentement pour regarder son frère :

  — Que dit-on sur moi et Zelandoni ? demanda-t-il, les dents serrées.

  — Désolé, s’excusa aussitôt Thonolan. Je suis allé trop loin. N’y pense plus.

  5

  Ayla sortit de la caverne en se frottant les yeux, puis elle fit quelques pas sur la corniche. Il faisait grand jour, mais le soleil n’était pas encore très haut. Comme chaque matin au réveil, elle jeta un coup d’œil dans la vallée pour voir si les chevaux étaient là. Grâce à eux, elle se sentait un peu moins seule.

  A force de les observer, elle commençait à connaître leurs habitudes elle savait à quel endroit de la rivière ils allaient boire durant la matinée et à l’ombre de quels arbres ils aimaient stationner dans l’après-midi. Et elle les distinguait parfaitement les uns des autres. Il y avait un poulain dont la robe grise était si claire qu’elle semblait presque blanche. Il portait le long de l’échine une rayure plus foncée, de la même couleur que le bas de ses jambes, et une épaisse crinière. Il y avait aussi une jument à la robe brun grisâtre et une jeune pouliche couleur de foin comme l’étalon. Et puis l’étalon lui-même, chef incontesté de la horde jusqu’au jour où il serait supplanté par l’un des poulains que pour l’instant il tolérait tout juste.

  — Bonjour, clan des chevaux.

  Pour s’adresser aux chevaux, Ayla avait fait un geste communément utilisé en signe de bienvenue mais qu’elle avait légèrement modifié pour bien montrer qu’il s’agissait d’un salut matinal.

  — Je me suis levée bien tard ce matin, ajouta-t-elle, toujours avec des gestes. Vous avez déjà dû aller boire à la rivière – et moi, je vais faire comme vous.

  Elle se mit à courir en direction de la rivière, le pied fermement assuré sur l’étroit sentier qu’elle connaissait bien maintenant. Aussitôt après s’être rafraîchie, elle enleva son vêtement en peau et plongea dans l’eau. C’était toujours le même vêtement, mais elle l’avait lavé, puis elle avait travaillé la peau pour qu’elle retrouve toute sa souplesse. Ayla avait toujours aimé l’ordre et la propreté. Cette tendance, naturelle chez elle, avait été renforcée par l’éducation d’Iza. Les nombreuses plantes qu’utilisait la guérisseuse étaient toujours parfaitement rangées et Iza faisait la chasse à la poussière et à la saleté à cause des risques d’infection. Ayla avait hérité de ses qualités et maintenant qu’elle ne voyageait plus et vivait près d’une rivière, elle prenait soin d’elle-même comme lorsqu’elle vivait avec le Clan.

  Ce matin, je vais me laver les cheveux, se dit-elle en passant ses mains dans son abondante chevelure blonde qui lui descendait jusqu’au milieu du dos. La veille, elle avait découvert des plants de saponaire juste après le coude que faisait la rivière, et elle alla chercher quelques rhizomes. En revenant, elle remarqua un large rocher qui émergeait de l’eau et dont la surface était creusée de cuvettes. Elle choisit un galet sur la plage et s’approcha du rocher. Après avoir rincé les rhizomes, elle les déposa dans une des cuvettes qu’elle remplit d’eau puis se servit du galet pour les écraser. Aussitôt, l’eau se mit à mousser. Elle mouilla alors ses cheveux, puis les lava avec l’eau pleine de saponine. Elle se frotta le corps avec l’eau qui restait au fond de la cuvette et plongea dans la rivière pour se rincer.

  Un gros rocher, qui s’était détaché il y a bien longtemps de la falaise, émergeait en partie de l’eau, formant une petite île, séparée de la rive par un bras d’eau étroit et peu profond. Une partie du rocher se trouvait au soleil, l’autre était ombragée par un saule dont les racines à nu plongeaient dans le courant comme autant de doigts noueux. Ayla grimpa sur l’îlot et s’installa au soleil pour faire sécher ses cheveux. Elle arracha une petite branche à un buisson tout proche et, après l’avoir écorcée avec ses dents, s’en servit comme d’un peigne pour démêler sa chevelure.

  Elle contemplait rêveusement le reflet du saule dans le courant quand soudain un léger mouvement accrocha son regard. Elle se pencha un peu et aperçut l’éclair argenté d’une grosse truite qui se trouvait sous les racines à nu. Elle n’avait pas pêché depuis longtemps et se dit que cette truite ferait un excellent petit déjeuner.

  Elle se laissa glisser sans bruit dans l’eau, fit quelques brasses dans le sens du courant, puis revint à pied vers l’île. La main droite dans l’eau, les doigts ballants, elle avan�
�ait avec d’infinies précautions et finit par apercevoir la truite qui ondulait légèrement dans le courant pour que celui-ci ne l’entraîne pas hors de l’abri que lui offraient les racines.

  Même si les yeux d’Ayla brillaient d’excitation, elle faisait très attention à ne pas glisser et plus elle approchait de la truite, plus elle devenait prudente. Elle glissa sa main en dessous du ventre du poisson, la fit remonter tout doucement et effleura la truite pour trouver les ouïes. Elle l’agrippa brusquement, la sortit de l’eau et la lança sur la berge. Échouée sur le sable, la truite se débattit pendant quelques instants, puis elle cessa de lutter.

  Ayla, qui avait eu beaucoup de mal à apprendre à pêcher à la main quand elle était enfant, eut un sourire fier, comme si c’était la première fois qu’elle réussissait à sortir une truite de l’eau. Elle se promit de surveiller l’endroit, certaine d’y trouver d’autres truites. Celle-ci était de belle taille et suffirait amplement pour deux repas. A la pensée du goût exquis de la truite cuite sur des pierres chaudes, Ayla sentit l’eau lui venir à la bouche.

  En attendant que son repas cuise, elle commença à fabriquer un panier avec du yucca qu’elle avait cueilli la veille. Ce panier serait purement utilitaire, mais elle en modifiait parfois le motif, juste pour le plaisir des yeux. Non seulement ce panier serait joli mais elle le tressait si serré qu’il serait aussi étanche. En le remplissant de pierres chaudes, elle pourrait y cuire des aliments. Pour l’instant, elle comptait l’utiliser pour conserver des provisions et, tout en travaillant, elle fit la liste de ce qui lui restait à faire avant que la mauvaise saison arrive.

  Les groseilles que j’ai ramassées hier seront sèches dans quelques jours, se dit-elle en jetant un coup d’œil aux baies qu’elle avait étalées sur des nattes tout près de l’entrée de la caverne. Je vais aussi pouvoir faire provision de myrtilles et ramasser quelques pommes. Il y a aussi un merisier, couvert de fruits, mais ils risquent d’être trop mûrs. Il faudra que je m’en occupe aujourd’hui. Et que je ne tarde pas trop à ramasser des graines de tournesol, sinon les oiseaux vont tout manger. Près du pommier, j’ai cru voir des noisetiers, mais ils sont beaucoup plus petits que ceux qui poussaient près de la caverne du clan. Il faudra que je vérifie s’ils portent bien des noisettes. Quant à ces grands pins, je suis sûre que c’est la variété qui donne des pignons. Eux peuvent attendre.

 

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