by Jean M. Auel
— Il ne faut jamais tourner le dos au fleuve, rappela l’homme qui se trouvait en face de Jondalar.
— A mon avis, c’est la Rivière Sœur qui l’a amené, Markeno, précisa son voisin.
— Comment... un morceau de glace aussi gros... vient jusqu’ici, Carlono ? demanda Jondalar.
— Cet iceberg peut venir d’un glacier en mouvement dans l’une de ces montagnes, expliqua Carlono en montrant du menton les pics d’une blancheur étincelante qui se trouvaient derrière son épaule. Ou alors il vient de beaucoup plus loin au nord et c’est la Sœur qui l’a amené, continua-t-il en se remettant à ramer. A cette époque de l’année, elle est particulièrement profonde à cause des crues. Et il faut qu’elle le soit pour charrier une telle masse de glace. La partie de l’iceberg que tu as vue est beaucoup moins importante que celle qui se trouve dans l’eau.
— C’est difficile à croire, dit Jondalar. Un iceberg aussi gros... venir de si loin.
— Nous en voyons passer chaque année. Mais ils ne sont pas toujours aussi gros que celui-là. Il n’en a plus pour longtemps d’ailleurs, la glace est complètement rongée. Un bon choc et il se brisera. Il y a un rocher un peu en aval qui affleure à la surface, il va certainement le heurter. Ça m’étonnerait qu’il arrive entier jusqu’à la porte, conclut Carlono.
— Le choc aurait pu être pour nous, intervint Markeno, et notre bateau se serait brisé. C’est pourquoi il ne faut jamais tourner le dos au fleuve.
— Markeno a raison, dit Carlono. Avec le fleuve, ce n’est jamais gagné. Si on ne s’occupe pas de lui, il trouve aussitôt le moyen de se rappeler à votre bon souvenir.
— Cela me rappelle certaines femmes, intervint Thonolan. Pas toi, Jondalar ?
Jondalar pensa aussitôt à Marona. En voyant le sourire entendu de son frère, il se rendit compte qu’ils avaient eu tous les deux la même idée. Il n’avait pas pensé à la jeune femme depuis un certain temps. La reverrait-il un jour ? Elle était vraiment très belle. Mais Serenio l’était aussi. Peut-être devrait-il lui demander de devenir sa compagne. Elle était plus âgée que lui, mais cela ne faisait qu’ajouter à l’attirance qu’il éprouvait pour elle. Pourquoi ne pas profiter de l’Union de Jetamio et de Thonolan pour lui proposer de devenir sa compagne et s’installer chez les Sharamudoï ?
Depuis combien de temps sommes-nous partis ? se demanda Jondalar. Plus d’une année. Nous avons quitté la Caverne de Dalanar au printemps dernier. Et Thonolan ne veut plus rentrer. Tout le monde est très excité et attend le grand jour avec impatience. Mieux vaut attendre avant de proposer quoi que ce soit à Serenio. Elle pourrait penser qu’il s’agit d’une réflexion après coup. Je verrai plus tard...
— Pourquoi avez-vous mis si longtemps ? demanda un des hommes qui se trouvaient sur le rivage. Nous sommes venus par la piste, qui est le chemin le plus long, et c’est nous qui sommes arrivés les premiers.
— Il a fallu attendre ces deux-là. J’ai l’impression qu’ils se cachaient, répliqua Markeno en riant.
— Il est trop tard pour se cacher, Thonolan, lança un autre homme en pénétrant dans l’eau pour tirer le bateau vers le rivage. Jetamio t’a harponné, ajouta-t-il en faisant mine de lancer un harpon, puis de tirer d’un coup sec pour engager l’hameçon.
Jetamio, qui s’était, elle aussi, approchée du bateau, ne put s’empêcher de rougir.
— Reconnais, Barono, que c’est une belle prise, dit-elle en souriant.
— Toi, bon pêcheur, renchérit Jondalar. Avant, Thonolan toujours s’enfuir.
Tout le monde éclata de rire. Même si Jondalar ne maîtrisait pas encore parfaitement leur langue, les Sharamudoï étaient contents qu’il puisse plaisanter avec eux.
— Qu’est-ce qu’il faut pour attraper un gros poisson comme toi, Jondalar ? demanda Barono.
— Le bon appât ! lança Thonolan avec un grand sourire.
On tira le bateau sur une étroite bande de sable et de graviers et, quand les occupants furent descendus, on le hissa jusqu’à une clairière située au milieu d’une dense forêt de chênes pubescents. A l’évidence, cet endroit était utilisé depuis des années. Le sol était jonché de bouts de bois et de copeaux et on ne devait avoir aucune difficulté à alimenter le foyer qui se trouvait en face d’un vaste abri servant de coupe-vent. C’est là que les Sharamudoï fabriquaient leurs embarcations et presque tout l’espace était occupé par des bateaux en cours d’achèvement.
Le bateau déposé, les nouveaux arrivants s’approchèrent du feu. Les Sharamudoï qui étaient en train de travailler tout autour se joignirent à eux. Chacun s’approcha d’un récipient en bois qui contenait une infusion odorante et plongea son bol à l’intérieur de la bûche évidée, sans en laisser une goutte.
Deux hommes prirent alors la bûche et la renversèrent sur le sol pour la débarrasser des feuilles qui avaient servi à faire l’infusion, tandis qu’un troisième homme plaçait des pierres dans le foyer. On refit une infusion afin que chacun puisse se resservir quand il en aurait envie et on laissa les pierres dans le foyer pour qu’elles servent à réchauffer un bol dont le liquide aurait refroidi.
Après avoir échangé de nombreuses plaisanteries sur le futur jeune couple, chacun posa son bol et s’apprêta à reprendre le travail. Le moment était venu pour Thonolan de s’initier à la fabrication des bateaux et aujourd’hui, il allait commencer par le plus facile, à savoir couper un arbre.
Comme il s’éloignait en compagnie d’un groupe de Sharamudoï, Jondalar en profita pour demander à Carlono :
— Quels arbres font les bons bateaux ?
Heureux de voir que ce jeune étranger s’intéressait à leur travail, Carlono se lança aussitôt dans des explications détaillées.
— Le mieux, répondit-il, c’est le chêne vert. C’est un bois résistant et flexible à la fois, et pas trop lourd. Quand il est sec, il est moins facile à travailler. Mais on peut le couper en hiver et mettre les troncs en réserve dans un marécage ou une mare pendant un an ou deux. Il ne faut pas le conserver plus longtemps, car si le bois est imbibé d’eau, il est plus difficile à travailler et le bateau risque d’être mal équilibré. Mais le plus important, c’est le choix de l’arbre.
— Il faut qu’il soit grand ? demanda Jondalar.
— Ce n’est pas qu’un problème de taille. Pour la partie inférieure du bateau et les madriers, il faut des arbres avec des troncs parfaitement droits.
Carlono entraîna Jondalar à la lisière de la forêt et lui montra des arbres qui avaient poussé serrés les uns contre les autres.
— Dans les forêts très denses, les arbres sont obligés de pousser très haut car ils cherchent le soleil...
— Jondalar ! appela soudain Thonolan.
Levant la tête, Jondalar aperçut son frère au pied d’un chêne énorme.
— Ton jeune frère a besoin de toi, expliqua Thonolan. Avant de pouvoir m’unir à Jetamio, il faut que je construise un bateau et pour construire un bateau, il parait qu’il faut que j’abatte cet arbre. C’est lui qui va servir à faire les « bordages » comme ils disent. Je n’ai rien compris, mais ça ne fait rien. Regarde ce monstre ! continua-t-il en montrant l’immense chêne. J’en ai pour une éternité à l’abattre. A ce train-là, je risque d’avoir les cheveux blancs le jour où j’aurai enfin le droit de prendre Jetamio pour compagne.
— Les bordages, ce sont les madriers qui sont utilisés pour fabriquer les flancs des grandes embarcations, précisa Jondalar. Si tu dois devenir sharamudoï, il faudrait tout de même que tu saches ça.
— Je serai un Shamudoï et je laisserai les bateaux aux Ramudoï. Chasser le chamois est une activité dans mes cordes. Il m’est déjà arrivé de chasser le mouflon et le bouquetin dans les montagnes et ça ne me fait pas peur. Par contre, j’aimerais bien que tu me donnes un coup de main. Tes fameux biceps seront les bienvenus.
— Si je ne veux pas que Jetamio attende trop longtemps, j’ai en effet l’impression qu’il faut que je t’aide, fit remarquer Jondalar. (Il se tourna vers Carlono et ajouta en
sharamudoï :) Jondalar aider à abattre l’arbre. Parler plus tard.
Carlono hocha la tête en signe d’assentiment, puis il se recula pour attendre Jondalar. Mais il comprit très vite qu’ils en avaient pratiquement pour toute la journée et il retourna à son propre travail en se disant qu’il reviendrait comme tout le monde au moment où l’arbre serait prêt à tomber.
Pour abattre cet énorme chêne, il fallait l’entailler en biseau et en faire le tour. Les haches en pierre n’étaient pas très efficaces pour ce genre de travail. Pour résister aux chocs, le tranchant de la lame devait être assez épais, ce qui réduisait considérablement son pouvoir de pénétration. Au fur et à mesure qu’ils approchaient du centre, le tronc de l’arbre semblait plutôt grignoté par leurs outils que réellement coupé. Malgré tout, chaque copeau qui tombait sur le sol creusait un peu plus dans le cœur du géant.
La journée touchait à sa fin et tous, dans la clairière, s’étaient rassemblés autour de l’arbre quand Thonolan donna les derniers coups de hache. Il se recula en entendant le tronc craquer et vit qu’il commençait à osciller. Le chêne s’écroula doucement au début, puis de plus en plus vite au fur et à mesure qu’il se rapprochait du sol, arrachant au passage des branches à ses voisins et même quelques jeunes chênes. Puis dans un grondement de tonnerre, il atterrit sur le sol. Il rebondit une dernière fois, ses feuilles frissonnèrent, et il s’immobilisa définitivement.
Le silence envahit la forêt et même les oiseaux cessèrent de chanter, comme si la mort du vieux chêne exigeait cette marque de respect. L’arbre majestueux avait été abattu, séparé à jamais de ses racines, et dans ce sous-bois aux teintes terreuses et sourdes sa souche fraîchement coupée semblait une cicatrice encore à vif. S’approchant avec dignité, Dolando s’agenouilla à côté de la souche, puis, creusant un trou dans la terre avec sa main, il y déposa un gland.
— Puisse la Bienheureuse Mudo accepter notre offrande et donner la vie à un autre arbre, dit-il en recouvrant le gland de terre et en l’arrosant d’un peu d’eau.
Lorsqu’ils s’engagèrent sur la piste qui rejoignait la terrasse, les derniers rayons du soleil éclairaient l’horizon embrumé, transformant les nuages en autant de flammèches dorées. Durant le trajet, les ors et les bronzes du ciel tournèrent au rouge, puis au mauve. Au moment où il contournait la paroi rocheuse, Jondalar s’arrêta soudain, frappé par la beauté du panorama. Les eaux calmes de la Grande Rivière Mère, à peine agitées en surface par le courant, reflétaient les teintes changeantes du ciel et les montagnes aux sommets arrondis. Uniquement préoccupé par ce paysage d’une beauté à couper le souffle, Jondalar s’avança sur la corniche, oubliant pour une fois ses craintes.
— C’est beau, n’est-ce pas ?
Reconnaissant la voix de Serenio, Jondalar tourna la tête et sourit à la femme qui s’était approchée de lui.
— Très beau, Serenio.
— Il y a une grande fête ce soir, rappela-t-elle. Pour célébrer la future Union de Jetamio et de Thonolan. Ils t’attendent pour commencer. Allons-y.
Elle allait repartir. Mais Jondalar lui prit la main pour la retenir et contempla les derniers rayons du soleil qui se reflétaient dans ses yeux. Serenio, qui n’avait que quelques années de plus que Jondalar, était une femme douce et complaisante. Jamais elle n’exigeait quoi que ce soit des autres. Mais elle n’était pas pour autant une femme soumise. Elle savait ce qu’était la souffrance, car elle en avait eu plus que sa part : son premier compagnon était mort, puis un second amour, auquel elle n’avait pas eu le temps de s’unir, et elle avait alors fait une fausse-couche. Tous ces deuils l’avaient rendue apte à comprendre et à soulager les souffrances d’autrui. Ceux qui avaient de la peine se tournaient tout naturellement vers elle et repartaient soulagés car elle n’exigeait jamais rien en retour de la compassion qu’elle leur témoignait.
Compte tenu de l’effet apaisant qu’elle pouvait avoir sur les patients anxieux et angoissés, elle aidait souvent le shamud et, grâce à cette association, elle avait acquis certaines connaissances médicales. Quand Thonolan était arrivé chez les Sharamudoï, elle s’était occupée de lui avec le shamud et c’est ainsi que Jondalar avait fait sa connaissance. Dès que Thonolan avait été rétabli, il était allé vivre dans le foyer de Dolando et de Roshario, pour se rapprocher de Jetamio, et Jondalar s’était installé dans le foyer de Serenio et de son fils Darvo. Cela s’était fait tout naturellement : Jondalar n’avait rien demandé et Serenio n’avait rien exigé de lui en retour.
Il est impossible de lire quoi que ce soit au fond de ses yeux, songeait-il en l’embrassant tendrement avant de se diriger vers le feu. Peut-être cela valait-il mieux. Il avait parfois l’impression que Serenio le connaissait mieux qu’il ne se connaissait lui-même. Elle devait savoir qu’il était incapable de s’abandonner complètement et de tomber amoureux comme Thonolan. Elle avait peut-être même compris que l’habileté consommée qu’il montrait lorsqu’il lui faisait l’amour était une manière de cacher son manque de sentiments. Elle s’en accommodait parfaitement, de même qu’elle acceptait qu’il soit parfois déprimé. Et dans ces cas-là, jamais elle ne lui en tenait rigueur.
Elle n’était pas à proprement parler réservée – elle souriait facilement et parlait sans se gêner – mais toujours discrète et difficilement accessible. Les seules fois où Jondalar l’avait vue se laisser aller, c’est quand elle regardait son fils.
— Qu’est-ce qui vous a retenu si longtemps ? demanda Darvo en les voyant arriver. Le repas est prêt, mais tout le monde vous attend pour commencer.
Darvo avait aperçu de loin Jondalar et sa mère, mais il n’avait pas voulu les interrompre. Au début, il n’avait pas apprécié de devoir partager l’affection que lui témoignait sa mère avec cet étranger qui venait de s’installer dans leur foyer. Mais très vite il s’était aperçu que ce désavantage était largement compensé par le fait que quelqu’un d’autre s’occupe de lui. Jondalar racontait les aventures qui lui étaient arrivées durant son Voyage, lui parlait de la chasse ou des coutumes de son peuple et il écoutait avec un intérêt évident tout ce que l’enfant lui disait. En plus, il avait commencé à lui enseigner la taille du silex. Et Darvo se montrait un élève très doué.
Le jeune garçon avait été tout heureux d’apprendre que Thonolan allait s’unir à Jetamio et s’installer chez les Sharamudoï car il avait aussitôt pensé que Jondalar allait faire de même et s’unir à sa mère. Depuis, il se tenait à l’écart chaque fois que Serenio et Jondalar se trouvaient ensemble pour ne pas les gêner et, sans le savoir, il les encourageait.
En fait, Jondalar n’avait cessé de penser à Serenio tout au long de la journée. Physiquement, elle lui plaisait. Ses cheveux étaient plus clairs que ceux de son fils : blond foncé au lieu d’être châtain. Sa haute taille la faisait paraître plus mince qu’elle ne l’était en réalité. Debout, elle arrivait à la hauteur du menton de Jondalar. Elle avait les yeux couleur noisette comme son fils et les mêmes traits fins, qui conféraient une grande beauté à son visage.
Je pourrais être heureux avec elle, songeait Jondalar. Pourquoi ne pas m’unir à elle ?
— Serenio... commença-t-il.
La jeune femme se retourna pour le regarder et aussitôt elle fut prise au piège de ces yeux incroyablement bleus. Le charme de Jondalar, d’autant plus puissant qu’il en était inconscient, était en train de battre en brèche les défenses qu’elle avait mises en place pour ne plus souffrir. Elle se sentait invinciblement attirée par lui et totalement vulnérable.
— Jondalar...
Le ton de sa voix disait clairement qu’elle était prête d’avance à accepter tout ce qu’il lui proposerait.
— Je... réfléchis beaucoup aujourd’hui, reprit Jondalar qui avait bien du mal à trouver les mots capables d’exprimer ce qu’il pensait. Thonolan... mon frère... voyager loin ensemble. Maintenant, il aime Jetamio, il veut rester... Si tu... Je veux...
— Venez tous les deux ! cria Thonolan. Tout le monde a faim et l
e repas...
Il s’interrompit en voyant à quel point Serenio et Jondalar étaient proches l’un de l’autre.
— Désolé, s’excusa-t-il aussitôt. J’ai l’impression que je tombe mal. Jondalar et Serenio se séparèrent. Le moment était passé.
— Ce n’est pas grave, Thonolan, dit Jondalar. Nous n’allons pas faire attendre tout le monde. Nous pourrons reparler de ça plus tard. Jetant un coup d’œil à Serenio, il s’aperçut que la jeune femme était surprise et gênée, comme si elle ne comprenait pas très bien ce qui venait de lui arriver, et qu’elle faisait un effort pour retrouver son sang-froid habituel.
Ils s’approchèrent du grand feu qui brûlait dans le foyer central sous le surplomb rocheux. Dès qu’ils furent là, tous les assistants se disposèrent en cercle autour de Jetamio et de Thonolan qui se tenaient debout dans l’espace laissé libre derrière le feu. La Fête de la Promesse marquait le début de la période rituelle qui culminerait avec la Cérémonie de l’Union. Durant cet intervalle, les deux jeunes gens auraient très peu de contacts, lesquels seraient sévèrement réglementés.
Pour l’instant, Jetamio et Thonolan se tenaient par la main et ils attendaient avec impatience de pouvoir confirmer leur engagement mutuel. Quand le shamud s’approcha d’eux, ils s’agenouillèrent pour que le guérisseur et guide spirituel des Sharamudoï puisse poser sur leur tête une couronne d’aubépines en boutons. On leur fit faire trois fois le tour du feu et de l’assemblée, toujours la main dans la main, puis on les ramena à leur place, refermant ainsi le cercle que leur amour venait de tracer autour de la Caverne des Sharamudoï.
Le shamud se retourna pour leur faire face et, levant les bras, il se mit à prononcer les formules rituelles.
— Tout cercle commence et se termine au même endroit, dit-il. La vie est un cercle qui commence avec la Mère et finit avec Elle. (La voix vibrante du shamud couvrait sans mal les crépitements du feu et chacun se taisait pour l’écouter.) La bienheureuse Mudo, créatrice de toute vie, se trouve au commencement et à la fin. D’Elle nous venons, et vers Elle nous retournons. C’est Elle qui subvient à tous nos besoins. Nous sommes Ses Enfants et Elle nous octroie sans compter tout ce qu’Elle possède. Son corps nous fournit ce qui est nécessaire à notre subsistance : l’eau, la nourriture et les abris. Son esprit nous offre sagesse et chaleur : le talent et l’habileté, le feu et l’amitié. Mais le plus grand de Ses Dons, c’est l’amour qu’Elle porte à tous les êtres.