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La Vallée des chevaux

Page 72

by Jean M. Auel


  Il avait le sentiment d’une divergence, d’un choix, l’impression de se retrouver à la croisée des chemins sans que personne soit là pour le guider. Un courant d’air chaud hérissa les poils de sa nuque et il sentit qu’Elle était en train de le quitter. Il n’avait jamais eu conscience de Sa présence à ses côtés mais, maintenant qu’Elle était partie, il ressentait profondément le vide douloureux qu’Elle laissait derrière Elle. C’était la fin d’une période qui avait duré si longtemps, la fin de la glace, la fin d’un âge, la fin d’une époque où Elle subvenait à tous les besoins de Ses enfants. La Terre Mère abandonnait Ses enfants car il était temps qu’ils trouvent leur propre chemin, qu’ils forgent leurs vies, qu’ils assument les conséquences de leurs actes – qu’ils deviennent majeurs. Ce n’était pas pour demain, Jondalar ne le verrait pas et il faudrait encore bien des générations avant que cela ne se produise, mais le premier pas, inexorable, avait été franchi. Elle venait de transmettre à Ses enfants Son cadeau d’adieu, le Don de la Connaissance.

  En entendant une plainte aiguë et surnaturelle, Jondalar comprit qu’il s’agissait des pleurs de la Mère.

  Comme une corde trop tendue qui soudain se relâche, la réalité revint en force. Mais la corde avait été si tendue qu’elle ne pouvait retrouver ses dimensions d’origine. Il se rendit compte que quelque chose clochait. Il jeta un coup d’œil à Ayla qui se trouvait de l’autre côté du feu et vit que ses joues étaient couvertes de larmes.

  — Qu’est-ce qui ne va pas, Ayla ?

  — Je ne sais pas.

  — Tu es sûre qu’elle va pouvoir nous porter tous les deux ?

  — Non, je n’en suis pas sûre, dit Ayla en tenant Whinney qui portait ses deux paniers.

  Rapide suivait derrière, tenu par une corde fixée à une sorte de licol, fabriqué avec des lanières de cuir. Ce licol lui laissait la liberté de brouter ou de bouger la tête et il ne risquait pas de lui serrer trop le cou et de l’étrangler. Au début, cela l’avait gêné mais il avait fini par s’y habituer.

  — Si nous pouvons monter tous les deux sur Whinney, nous irons plus vite, reprit Ayla. Si elle n’aime pas ça, je le verrai tout de suite. Nous pourrons alors la monter chacun notre tour ou marcher à côté d’elle.

  Lorsqu’ils eurent atteint le gros rocher qui se trouvait dans le pré, Ayla monta sur la jument, puis elle s’avança un peu et tint l’animal d’une main ferme pendant que Jondalar se hissait derrière elle. Whinney baissa les oreilles. Même si elle n’était pas habituée à porter ce poids supplémentaire, elle était robuste et se mit en route sur un signe d’Ayla. La jeune femme la maintint à une allure raisonnable et l’arrêta dès qu’elle sentit qu’elle avait besoin de se reposer.

  Quand ils repartirent, Jondalar était déjà moins nerveux – mais il aurait préféré que ce soit le contraire. Maintenant qu’il se détendait, il était beaucoup plus sensible à la présence de la jeune femme devant lui. Il sentait qu’il s’appuyait contre son dos et que ses cuisses touchaient les siennes. Ayla elle-même commençait à sentir autre chose que le simple contact de la jument : une dure et chaude pression s’exerçait dans son dos que Jondalar était bien incapable de contrôler. A chaque cahot, ils étaient projetés l’un contre l’autre. Ayla souhaitait que cela s’arrête et, à la fois, elle n’en avait nulle envie.

  Jondalar souffrait en silence. Jamais encore il n’avait été obligé de se retenir à ce point. Depuis sa puberté, il avait toujours trouvé le moyen d’assouvir ses désirs. Mais Ayla mise à part, il n’y avait aucune femme. Et il ne voulait pas à nouveau aller se soulager en solitaire.

  — Ayla... dit-il d’une voix étouffée. Je crois... Je crois qu’il est temps de se reposer.

  Ayla arrêta la jument et descendit le plus vite possible.

  — Nous ne sommes plus très loin, dit-elle. Nous pouvons parcourir le reste du chemin à pied.

  — Cela reposera Whinney.

  Ayla savait que ce n’était pas à cause de Whinney qu’ils étaient descendus, mais elle ne dit rien. Ils marchèrent tous les trois de front, la jument étant au milieu. Ayla avait bien du mal à se concentrer sur les repères qu’elle avait enregistrés la veille et Jondalar, l’aine douloureuse, se félicitait de l’écran que lui fournissait la jument.

  Quand ils aperçurent le troupeau, l’idée de chasser pour la première fois avec les propulseurs éteignit en partie leur ardeur. Malgré tout, ils prirent bien garde à ne pas se retrouver trop près l’un de l’autre.

  Le troupeau de bisons était massé autour d’un ruisseau. Il était plus important que la veille. Des petits groupes étaient venus se joindre au troupeau qu’Ayla avait aperçu et d’autres suivraient. En fin de compte, des dizaines de milliers d’animaux à la toison brun-noir se rassembleraient sur des hectares de collines moutonnantes et de vallées, et formeraient un véritable tapis vivant qui résonnerait du bruit de leurs sabots et de leurs beuglements. Au sein d’une telle masse, la notion d’individu n’avait plus aucun sens : la survie de chacun dépendait du nombre.

  Même si le troupeau qui se tenait autour du ruisseau était encore relativement petit, les animaux qui le composaient n’obéissaient déjà plus qu’à l’instinct grégaire. Plus tard, pour résister aux périodes de disette, ils seraient obligés de se scinder à nouveau en petits groupes familiaux et de se disperser à la recherche du fourrage.

  Ayla emmena Whinney au bord de la rivière, près d’un pin courbé par le vent. Utilisant le langage par signes du Clan, elle dit à la jument de ne pas s’éloigner. Voyant qu’elle gardait instinctivement son petit près d’elle, elle se dit qu’elle avait eu tort de s’inquiéter : Whinney était parfaitement capable de veiller sur son poulain en cas de danger. Malgré tout, Jondalar s’était creusé la tête pour trouver un système capable de retenir le poulain et elle était curieuse de voir si cela allait marcher.

  Après avoir pris chacun un propulseur et une poignée de sagaies, Ayla et Jondalar se dirigèrent vers le troupeau. Les sabots des bisons avaient eu raison de la croûte de terre qui recouvrait les steppes et la poussière soulevée par leur passage maculait les fourrures sombres et hirsutes. Cette poussière âcre et suffocante était semblable à la fumée qui signale le parcours d’un feu de prairie : elle permettait de suivre le troupeau à la trace. Et quand celui-ci était passé, on observait le même spectacle de désolation qu’après un feu de prairie.

  Ayla et Jondalar firent le tour du troupeau pour se retrouver face au vent. Les yeux à moitié fermés, ils essayaient de repérer l’animal qu’ils allaient tuer tandis que le vent imprégné de la forte odeur des bisons leur envoyait de minuscules grains de sable dans le visage. Les petits meuglaient derrière leur mère et les jeunes bisons mettaient à rude épreuve la patience de leurs aînés en s’amusant à leur donner des coups de corne.

  Un vieux mâle qui venait de se rouler dans un trou terreux était en train de se relever. Sa tête massive pendait en avant comme si elle avait du mal à supporter le poids de ses énormes cornes noires. Avec son mètre quatre-vingt-dix, Jondalar atteignait tout juste le garrot de l’animal. Le bison avait un train avant puissant et recouvert de fourrure alors que son arrière-train était bas et plus gracile. L’énorme bête n’étant plus de première jeunesse, sa viande dure et filandreuse n’intéressait pas Ayla et Jondalar. Mais quand il s’immobilisa pour les examiner d’un air soupçonneux, ils comprirent à quel point il devait encore être redoutable. Ils s’immobilisèrent à leur tour et attendirent qu’il soit parti avant de recommencer à avancer.

  Plus ils approchaient du troupeau, plus le grondement sourd s’amplifiait, rythmé par toute la gamme des meuglements. Jondalar montra à Ayla une jeune femelle. La génisse ne portait pas de petits mais elle était en âge d’être couverte. Elle profitait de l’herbe d’été pour renouveler ses réserves de graisse. Ayla hocha la tête en signe d’acquiescement. Chacun d’eux plaça sa sagaie dans son propulseur et Jondalar indiqua d’un geste à Ayla qu’il comptait faire le tour de la génisse pour l’attaquer de l’autre c
ôté.

  La génisse avait-elle aperçu le mouvement de Jondalar ? Ou avait-elle été alertée par quelque instinct ? Toujours est-il qu’elle se rapprocha anxieusement du gros du troupeau. D’autres bêtes se mirent à l’entourer, faisant écran entre Jondalar et sa proie. Ayla se dit qu’elle n’allait pas tarder à leur échapper. Elle ne pouvait pas faire signe à Jondalar car celui-ci lui tournait le dos, ni crier car cela aurait alerté l’animal. Si la génisse continuait à s’éloigner, il ne pourrait plus l’atteindre.

  Elle se mit en position. Jondalar se retourna vers elle au moment où elle allait lancer son arme. Comprenant aussitôt la situation, il saisit son propulseur. L’agitation de la génisse n’avait pas échappé aux autres bisons, pas plus que la présence des deux chasseurs. Ayla et Jondalar avaient pensé que le nuage de poussière soulevé par le troupeau suffirait à masquer leur approche, mais les animaux en avaient l’habitude. La génisse avait presque atteint la sécurité que lui offrait le gros du troupeau et d’autres bisons étaient en train de l’imiter.

  Jondalar se précipita vers l’animal en levant son arme. Sa sagaie s’enfonça dans l’abdomen de la génisse. Celle d’Ayla vint se ficher dans son cou. Entraîné par son propre mouvement, le bison continua à avancer à la même allure. Puis il ralentit, se mit à tanguer, chancela soudain et s’affala sans vie sur le sol en brisant sous son poids la sagaie de Jondalar. Le troupeau avait senti l’odeur du sang. Quelques bêtes s’approchèrent de la génisse en meuglant. D’autres poussaient des mugissements sinistres, se bousculaient et tournaient sur elles-mêmes, ce qui accroissait d’autant l’excitation du troupeau.

  Venant de deux directions différentes, Ayla et Jondalar se dirigeaient vers l’animal mort. Soudain, Jondalar commença à gesticuler et à crier. Ayla secoua la tête pour lui montrer qu’elle n’y comprenait rien.

  Un jeune mâle, qui s’amusait à donner des coups de corne, venait de se faire remettre au pas par un vieux patriarche et, en faisant un bond de côté, il avait percuté un petit. Indécis et nerveux, il avait essayé de reculer mais le vieux bison lui avait coupé la route. C’est alors qu’il avait aperçu un bipède en mouvement. Il fonçait maintenant dans cette direction.

  — Ayla ! Attention ! hurla Jondalar en se précipitant vers elle, la sagaie pointée en direction du jeune bison.

  Tournant brusquement la tête, Ayla aperçut l’animal. Son premier réflexe fut de saisir sa fronde, car cette arme avait toujours été son meilleur moyen de défense, mais elle se ravisa et plaça une sagaie dans le propulseur. Jondalar avait déjà lancé la sienne. Les deux armes frappèrent le jeune bison presque en même temps. La sagaie de Jondalar transperça son flanc, le détournant momentanément de sa route. Celle d’Ayla se ficha dans son œil et l’animal mourut avant d’atteindre le sol.

  L’agitation, les cris et l’odeur du sang précipitèrent la fuite des animaux grégaires dans une seule et même direction, le plus loin possible du théâtre des événements. Les derniers traînards dépassèrent les deux animaux qui gisaient sur le sol et rejoignirent le gros du troupeau dans sa panique qui faisait trembler la terre. La poussière était déjà retombée que le grondement sourd s’entendait encore.

  Ayla et Jondalar restèrent un long moment à contempler, muets d’étonnement, les deux bisons couchés au milieu des vastes plaines.

  — C’est fini, dit Ayla, complètement stupéfaite.

  — Pourquoi ne t’es-tu pas enfuie ? cria Jondalar, qui avait eu très peur pour elle. Il aurait pu te tuer.

  — Je n’allais pas tourner le dos à un bison en train de charger : il m’aurait certainement encornée. Peut-être que ta sagaie l’aurait arrêté avant, ajouta-t-elle après avoir jeté un coup d’œil au jeune bison. Mais je ne pouvais pas le savoir. C’est la première fois que je chasse avec quelqu’un. J’ai toujours été seule pour veiller sur moi.

  Jondalar réalisa brusquement ce qu’avait dû être son existence. Il la vit sous un nouveau jour. Cette femme douce, gentille, aimante, a traversé des épreuves incroyables. Jamais elle ne s’enfuira devant quoi que ce soit. Même pas devant toi, Jondalar. Quand tu te laisses aller et que tu perds tout contrôle sur toi-même, les gens détalent. Avec elle, tu t’es montré sous ton plus mauvais jour et elle t’a tenu tête.

  — Tu es merveilleuse, Ayla ! Belle et fougueuse ! Et une chasseresse unique ! Regarde ce que nous avons fait ! ajouta-t-il avec un grand sourire. Deux bisons ! Comment allons-nous faire pour ramener toute cette viande ?

  Réalisant soudain ce qui venait d’arriver, Ayla eut un sourire satisfait. Une lueur de joyeux triomphe dansa au fond de ses yeux. Dommage qu’elle ne sourie pas plus souvent, se dit Jondalar en remarquant que son visage semblait illuminé de l’intérieur. Sans raison, il éclata brusquement de rire. Sa gaieté était communicative et Ayla l’imita aussitôt. Leurs deux rires fusèrent, tels deux cris de victoire.

  — Tu es vraiment un grand chasseur, Jondalar ! s’écria-t-elle à son tour.

  — C’est grâce aux propulseurs. Nous n’avons eu qu’à nous approcher du troupeau et avant qu’ils aient eu le temps de comprendre ce qui leur arrivait... nous en avons tué deux ! Est-ce que tu te rends compte de ce que ça veut dire ?

  Ayla s’en rendait parfaitement compte. Grâce à ce propulseur, elle pourrait chasser tout ce qu’elle voudrait et à n’importe quelle saison de l’année. Elle n’aurait pas besoin de creuser de fosse. Elle pourrait chasser lorsqu’elle voyagerait. Le propulseur possédait tous les avantages de sa fronde et, en plus, il était parfaitement adapté au gros gibier.

  — Je m’en rends compte. Tu m’as dit que tu allais m’enseigner un moyen plus facile de chasser et tu as dépassé tout ce que j’avais imaginé. Je ne sais pas comment te dire... Je suis tellement...

  Ayla ne connaissait qu’une manière d’exprimer sa gratitude : celle qu’on utilisait au sein du Clan. Elle s’assit par terre en face de Jondalar et baissa la tête. Peut-être ne lui taperait-il pas sur l’épaule pour lui donner la permission de parler et de dire ce qu’elle ressentait, mais au moins, elle aurait essayé.

  — Que fais-tu ? demanda-t-il. Ne reste pas assise comme ça.

  — Quand une femme du Clan désire dire quelque chose d’important à un homme, c’est ainsi qu’elle s’y prend, expliqua-t-elle en relevant la tête. Je tiens à te dire à quel point je te suis reconnaissante de m’avoir fait cadeau de cette arme. Et aussi pour m’avoir appris à parler. Pour tout.

  — Ayla, lève-toi, je t’en prie, dit-il en la remettant sur ses pieds. C’est toi qui m’as fait cadeau de cette arme et non le contraire. Si je ne t’avais pas vue utiliser ta fronde, jamais je n’aurais pensé à fabriquer un propulseur. C’est moi qui devrais te remercier et pas seulement pour cette arme.

  Jondalar n’avait pas lâché ses bras et leurs deux corps se touchaient presque. Ayla le regardait dans les yeux. Elle aurait été incapable de détourner la tête et n’en avait aucune envie. Il se pencha vers elle et posa ses lèvres sur les siennes.

  Ayla écarquilla les yeux. Elle ne s’attendait vraiment pas à ça. Elle en éprouva un véritable choc et resta sans bouger, ne sachant pas comment répondre à la pression des lèvres de Jondalar sur les siennes.

  Il finit par comprendre et n’insista pas. Ce serait pour plus tard.

  — Qu’est-ce que c’est que cette bouche sur la bouche ? demanda-t-elle.

  — C’est un baiser, Ayla. C’est la première fois qu’on t’embrasse, n’est-ce pas ? J’aurais dû m’en douter. Mais quand on te voit, il est difficile d’imaginer que... Quel idiot je fais parfois !

  — Pourquoi dis-tu ça ? Tu n’es pas idiot.

  — Si ! Jamais je n’aurais pensé que j’étais idiot à ce point. Mais passons... Il faut que nous trouvions un moyen de ramener ces deux bisons car je sens que si je reste encore longtemps près de toi, je serai incapable de faire les choses correctement. Comme elles doivent être faites la première fois...

  — De quoi parles-tu ?

  — Des Premiers Rites, Ayla. Si tu m’y autorises...
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  — Je ne pense pas que Whinney aurait pu les ramener si nous n’avions pas laissé les têtes sur place. C’était une bonne idée. (Ayla aida Jondalar à sortir du travois la dépouille du jeune bison et à la placer sur la corniche.) Que de viande ! Cela va nous prendre du temps de découper tout ça. Nous avons intérêt à nous y mettre tout de suite.

  — Ça peut attendre, Ayla, dit Jondalar en lui souriant. Je crois que tes Premiers Rites passent avant. Je vais t’aider à débarrasser Whinney de son harnachement, puis j’irai me baigner. Je suis tout en sueur et couvert de sang.

  — Jondalar... commença Ayla d’une voix hésitante. (Elle était émue et intimidée.) Ces Premiers Rites, est-ce que c’est une cérémonie ?

  — Oui, répondit-il.

  — Iza m’a appris à me préparer pour les cérémonies. Pour celle-là, y a-t-il quelque chose de spécial de prévu ?

  — D’habitude les femmes plus âgées aident la jeune femme à se préparer. Je ne sais pas ce qu’elles lui disent ou ce qu’elles font. Tu n’as qu’à faire ce que tu juges le mieux approprié.

  — Je vais aller chercher de la saponaire pour me purifier comme Iza m’a appris à le faire. J’attendrai que tu aies fini de te baigner. Pour me préparer, je préfère être seule, ajouta-t-elle en rougissant et en baissant les yeux.

  Elle est aussi timide qu’une jeune fille avant les Premiers Rites, songea Jondalar en sentant l’habituelle vague de tendresse et d’excitation. Même les rites de purification d’Ayla étaient adaptés à la situation. Il lui prit le menton, l’embrassa à nouveau et s’éloigna d’elle.

  — Moi aussi, j’aurais besoin de saponaire.

  — Je vais en chercher pour nous deux.

  Quand Ayla eut déterré les plantes et regagné la caverne, Jondalar plongea avec délice dans la rivière. Il se frictionna tout le corps avec l’écume savonneuse, défit ses cheveux et les frotta à leur tour. Cela faisait longtemps qu’il ne s’était pas senti aussi bien dans sa peau. Il plongea à nouveau dans l’eau, nagea presque jusqu’à la cascade, revint vers la plage, ceignit sa bande de peau et remonta en courant vers la caverne. Ayla avait mis à rôtir un morceau de viande au fumet délicieusement bon. Jondalar se sentait incroyablement détendu et heureux.

 

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