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La Vallée des chevaux

Page 79

by Jean M. Auel


  — Est-ce que ça te plaît ? demanda-t-elle en relevant la tête pour le regarder.

  — Oui, Ayla, ça me plaît.

  Il disait la vérité. Il était obligé de se retenir pour ne pas répondre à ses avances et cela ne faisait qu’attiser son désir. Ses baisers légers provoquaient dans tout son corps des sensations fulgurantes. Ayla n’avait pas confiance en elle et elle était aussi inexpérimentée qu’une jeune fille qui aurait atteint la puberté mais n’aurait pas encore connu les Premiers Rites – et pour Jondalar, il n’y avait rien de plus séduisant. Des baisers aussi tendres avaient plus de pouvoir sur lui que les caresses ardentes et sensuelles d’une femme expérimentée – car ils étaient interdits.

  La plupart des femmes étaient plus ou moins disponibles mais les jeunes filles qui n’avaient pas connu les Premiers Rites étaient intouchables. Et pour un homme, jeune ou vieux, il n’y avait rien de plus excitant que d’échanger en cachette des caresses avec une jeune fille inexpérimentée au fond d’une caverne. Quand une jeune fille devenait pubère juste après la Réunion d’Été, sa mère s’arrachait les cheveux en songeant à ce qui risquait de se passer pendant la longue période qui la séparait de la prochaine Réunion. La plupart des jeunes filles avaient une expérience des Premiers Rites grâce aux baisers et aux caresses qu’elles avaient échangés avec des hommes et, pour quelques-unes, ce n’était pas la première fois – Jondalar était bien placé pour le savoir même s’il ne s’était jamais permis de divulguer pareille découverte.

  Il avait toujours été attiré par les jeunes filles inexpérimentées et leur manque de pratique était pour beaucoup dans le plaisir que lui procuraient les Premiers Rites. Ayla, avec ses caresses, lui faisait le même effet. Quand elle embrassa son cou, il frémit et ferma les yeux, s’abandonnant totalement.

  Ayla descendit plus bas, traçant sur son corps de larges cercles qui le chatouillaient agréablement. Pour lui, ces caresses étaient presque une torture, une torture exquise, un mélange de chatouilles et de stimulations fulgurantes. Quand Ayla s’approcha de son nombril, il lui prit la tête pour qu’elle descende plus bas, jusqu’à ce que son membre viril se retrouve contre sa joue. Sa respiration s’était accélérée et elle aussi se sentait très excitée. Incapable de supporter plus longtemps les effleurements de sa langue, Jondalar guida sa bouche vers son sexe dressé. Ayla releva la tête pour le regarder.

  — Jondalar, veux-tu que je...

  — Uniquement si tu en as envie, Ayla.

  — Est-ce que tu aimerais ça ?

  — Oui, murmura Jondalar.

  — Alors j’en ai envie.

  Quand il sentit qu’elle prenait son membre en érection dans sa bouche, Jondalar gémit de plaisir. Ayla explora le bout arrondi et lisse, la petite fissure et découvrit pour la première fois la douceur de cette peau si fine. Comme Jondalar gémissait sous ses caresses, cela lui donna confiance et elle commença à tracer des cercles avec la langue autour de son membre viril. Quand il cria son nom, elle s’enhardit encore, accéléra ses caresses et sentit une chaude humidité entre ses jambes.

  — Oh, Doni ! Ayla ! Ayla ! Où as-tu appris à faire ça ? cria-t-il quand elle prit son membre à pleine bouche, essayant d’aller le plus loin possible.

  Ayla continua à le caresser ainsi jusqu’à ce qu’elle sente qu’il désirait autre chose. Elle s’installa alors au-dessus de lui, s’empala sur son membre en érection et laissa Jondalar la pénétrer. Elle arqua le dos et sentit son Plaisir quand il s’enfonça profondément en elle.

  Jondalar ouvrit les yeux pour la regarder et se sentit transporté. Le soleil qui l’éclairait par-derrière avait transformé sa chevelure en un nuage doré, ses yeux étaient fermés, sa bouche ouverte et son visage baigné d’ivresse. Elle avait le dos cambré, ses seins fermes aux aréoles légèrement plus foncées pointaient en avant et son corps souple luisait au soleil. Son membre viril, enfoui au plus profond d’elle-même, semblait prêt à céder sous l’extase.

  Ayla se souleva, puis redescendit quand Jondalar leva les hanches pour venir à sa rencontre. Son désir s’enfla et devint si puissant qu’il aurait été incapable de le maîtriser même s’il l’avait voulu. Ayla se souleva une fois encore et quand elle retomba sur lui, elle sentit jaillir l’essence de son Plaisir.

  Il se redressa, la tira vers lui et prit le bout de son sein dans sa bouche. Après un moment, Ayla s’allongea à côté de lui. Il se pencha alors sur elle pour l’embrasser, puis nicha sa tête entre ses deux seins. Il en suça un, puis l’autre et l’embrassa à nouveau. Puis il s’allongea à son tour, totalement détendu.

  — J’aime te donner du Plaisir, Jondalar.

  — Jamais aucune femme ne m’en avait donné autant.

  — Mais tu aimes quand même mieux me donner du Plaisir...

  — Ce n’est pas que j’aime mieux mais... Comment fais-tu pour me connaître aussi bien ?

  — C’est toi qui m’as appris et tu es très doué, comme pour tailler les outils. (Ayla sourit, puis se mit à glousser.) Jondalar a deux métiers. C’est un tailleur d’outils et un faiseur-de-femmes.

  Jondalar se mit à rire. Mais il riait un peu jaune. Même si Ayla plaisantait, elle se rapprochait dangereusement de la vérité. Et ce n’était pas la première fois qu’il entendait cette plaisanterie.

  — Tu as raison, avoua-t-il. J’aime donner du Plaisir, j’aime ton corps... je t’aime, Ayla.

  — J’aime aussi que tu me donnes du Plaisir, Jondalar. J’ai alors l’impression d’être remplie d’amour. Mais de temps en temps, moi aussi, je veux t’en donner.

  — D’accord, répondit-il en riant à nouveau. Puisque tu as envie d’apprendre, je peux t’enseigner d’autres choses. Un homme et une femme peuvent se donner mutuellement du Plaisir. Je crois que maintenant c’est mon tour. Mais tu as fait ça si parfaitement que même si Haduma me touchait je ne crois pas que je me redresserais.

  — Cela n’a pas d’importance, Jondalar.

  — Qu’est-ce qui n’a pas d’importance ?

  — Même si ta virilité ne devait jamais plus se redresser, je t’aimerais quand même.

  — Ne dis pas des choses pareilles ! s’écria-t-il avec un frisson de crainte.

  — Ta virilité se redressera, annonça Ayla sur un ton solennel. Incapable de conserver son sérieux, elle se remit à glousser.

  — Il y a des choses avec lesquelles il ne faut pas plaisanter, dit Jondalar d’un air faussement choqué.

  Puis il éclata de rire à son tour. C’était la première fois qu’Ayla faisait de l’humour et cela lui plaisait.

  — J’aime te faire rire, Jondalar. Rire avec toi est presque aussi agréable que de t’aimer. J’ai l’impression que tant que tu riras avec moi, tu ne cesseras pas de m’aimer.

  — Cesser de t’aimer, Ayla ? demanda Jondalar en se redressant pour la regarder. Je t’ai attendue toute ma vie sans même savoir ce que j’attendais. Tu es tout ce que je désirais et tu dépasses même mes rêves les plus fous. Tu es vraiment une énigme fascinante. Tu es d’une franchise extraordinaire, tu ne caches jamais rien. Et pourtant, jamais je n’ai rencontré une femme plus mystérieuse que toi.

  « Tu possèdes une force extraordinaire, tu es indépendante et totalement autonome. Mais cela ne t’a pas empêchée de t’agenouiller à mes pieds, sans honte, sans ressentiment, aussi naturellement qu’on s’agenouille pour honorer Doni. Tu es courageuse et tu n’as peur de rien. Tu m’as sauvé la vie, soigné pendant toute ma convalescence, tu as chassé pour moi et pourvu à tous mes besoins. Tu n’as pas besoin de moi, Ayla. Cependant, j’ai envie de te protéger et de m’assurer qu’il ne t’arrivera rien de mal.

  « Je pourrais vivre toute ma vie avec toi sans réussir à vraiment te connaître. Il me faudrait plusieurs vies pour explorer tous les mystères que tu recèles. Tu possèdes la sagesse séculaire de la Mère et la fraîcheur d’esprit d’une jeune fille qui n’a pas encore connu les Premiers Rites. Et tu es la plus belle femme qu’il m’ait jamais été donné de voir. J’ai encore du mal à croire à ma ch
ance, Ayla. Jusqu’à ce que je te rencontre, je me croyais incapable d’aimer. Maintenant je sais que c’était toi que j’attendais. Je pensais que je ne tomberais jamais amoureux et maintenant je tiens plus à toi qu’à la vie.

  Ayla avait les larmes aux yeux. Jondalar embrassa ses paupières, puis il la serra contre lui, comme s’il craignait de la perdre.

  Quand ils se réveillèrent le lendemain, le sol était couvert d’une fine couche de neige. Ils laissèrent retomber la peau qui se trouvait à l’entrée de la tente et retournèrent se pelotonner sous les fourrures. Une soudaine tristesse s’abattit sur eux.

  — Il faut rentrer, Jondalar.

  — Je suppose que tu as raison, dit-il en remarquant que la respiration d’Ayla dégageait de la buée. La saison n’est pas encore très avancée. Nous ne risquons pas d’être pris dans une tempête de neige.

  — On ne sait jamais. Dans les steppes, le temps change parfois très vite.

  Ils sortirent tous deux de la tente et commencèrent à lever le camp. Une grande gerboise sortit de son gîte souterrain et, debout sur ses pattes postérieures, bondit en avant. Mais elle n’alla pas loin car Ayla avait pris sa fronde. Elle souleva l’animal par la queue, une queue presque deux fois plus longue que son corps, puis saisissant ses pattes postérieures, dont l’extrémité ressemblait à un sabot, elle le lança sur son épaule pour le rapporter vers leur camp. Elle dépouilla alors l’animal et l’embrocha.

  — Je suis triste de rentrer, dit-elle à Jondalar qui était en train de faire du feu. C’était vraiment... amusant. Simplement voyager et s’arrêter où on veut. Ne pas s’inquiéter de rapporter du gibier. S’arrêter à midi parce qu’on a envie de se baigner ou de partager les Plaisirs. Je suis heureuse que tu aies pensé à me proposer ça.

  — Moi aussi, je suis triste que ce soit fini, Ayla. C’était bien agréable.

  Jondalar se releva et se dirigea vers la rivière en ramassant du bois pour le feu, aidé par Ayla. Ils passèrent le coude que faisait le cours d’eau et s’approchèrent d’un tas de bois mort tout près de la berge. Ayla entendit soudain quelque chose. Elle leva les yeux et se rapprocha aussitôt de Jondalar.

  — Holà ! lança une voix.

  Un petit groupe de gens se dirigeait vers eux en faisant de grands gestes. Sentant qu’Ayla se serrait craintivement contre lui, Jondalar la prit par l’épaule pour la rassurer.

  — Tout va bien, Ayla. Ce sont des Mamutoï. Je ne crois pas t’avoir dit qu’ils s’appellent aussi les chasseurs de mammouths. Ils doivent penser que nous sommes des Mamutoï.

  Quand le groupe fut tout prêt, Ayla se tourna vers Jondalar.

  — Ces gens, Jondalar, dit-elle, surprise et émerveillée, ils sourient. Ils me sourient, Jondalar !

  Fin du tome 2

  * * *

  [1]Oiseau voisin du pingouin, à bec très court. (NScan)

  [2]Le pika est un petit mammifère lagomorphe (tout comme les lapins). Ces animaux de taille modérée (8 – 25 cm) se distinguent notamment par leurs oreilles et pattes postérieures réduites, ainsi que par leurs sifflements strident qui leur vaut le nom de lièvres siffleurs. (NScan)

  [3]Le cynorrhodon est le fruit du rosier et de l’églantier. Il est appelé familièrement « gratte-cul », car il fournit le poil à gratter. (NScan)

  [4]Également appelés « chien sauvage d'Asie », le dhole, ou Cuon, s'apparente peut-être davantage au loup ou au lycaon. Sa robe est d'une couleur brun-roux. Il vit en Asie méridionale mais s'adapte facilement à de nouveaux environnements. (NScan)

  [5]En anglais whinny signifie : hennissement. (N.d.T.)

  [6]Genre de poissons des lacs comprenant le lavaret, la féra. (du grec korê, pupille de l'œil, et gonia, angle) (NScan)

  [7]Plante monocotylédone, affectionnant les lieux humides, de la famille des Cyperaceae. (NScan)

  [8]Genre de plantes de la famille des Composées. (NScan)

  [9]En anglais sweet grass, « herbe douce ». Il s'agit de la glycérie. (N.d.T.)

 

 

 


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