Bohemian Flats

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Bohemian Flats Page 16

by Mary Relindes Ellis


  Son travail prit fin brusquement cinq ans plus tard. Ce jour-là, attaché aux pilotis grâce à une corde afin de pouvoir nager sans risque, il était en train d’effectuer une réparation sous le quai. Il venait à peine de descendre lorsqu’il sentit que ses jambes et ses pieds étaient pris dans un puissant tourbillon ; la corde enroulée autour de sa taille se défaisait. Le courant commençait à l’entraîner. Il appela aussitôt au secours. Les autres ouvriers lui lancèrent la seule corde qu’ils avaient à portée de main et qui était attachée à une poulie actionnée par un moteur. Il l’attrapa et l’enroula autour de sa main droite. Ce fut une lutte acharnée. Les eaux s’apprêtaient à triompher lorsque l’un des hommes tourna la manivelle du moteur pour le faire remonter rapidement et sans danger. Ils le hissèrent, puis l’étendirent sur le quai. Sa main droite palpitait. La corde avait glissé et s’était enroulée autour de trois doigts dont il ne demeurait que des lambeaux de chair ensanglantée et des os brisés. On l’emmena chez un médecin qui lui amputa ce qui restait afin de prévenir la gangrène.

  Une semaine plus tard, debout sur le quai, il scrutait l’eau, la surface paisible qui dissimulait les puissants courants. Le dieu du Fleuve l’avait châtié pour son impudence – sa croyance qu’il était privilégié parce que le Mississippi l’avait sauvé un jour. Il avait connu deux mésaventures avec le fleuve et décida de ne pas en risquer une troisième. Il avait vingt ans, à l’époque. Il quitta Saint Paul et poursuivit son chemin vers le nord jusqu’à Duluth, où il travailla à bord d’un cargo qui naviguait sur le lac Supérieur et le lac Michigan.

  Voilà bien des années qu’il n’a pas évoqué cette période de son existence. C’est seulement maintenant qu’il se rend compte que tout le temps qu’il a parlé, il a contemplé l’océan et non la passagère. Il pose un instant les yeux sur elle. Puis, alors qu’il regarde de nouveau le ciel, il est pris de panique : le soleil est à mi-chemin au-dessus de l’horizon à l’est.

  — Oh non, dit-il en détournant le visage. Vous devez vous en aller immédiatement.

  Tandis qu’elle regagne sa cabine, Magdalena sent son désespoir s’évanouir un peu. Le récit de Tempy met en perspective son propre chagrin. Plus encore, il a pris un risque énorme en lui racontant sa vie. Elle repense aux hommes qui buvaient du café, assis dans la cuisine de sa mère, et révélaient sans le savoir des informations sur eux-mêmes qu’ils n’avaient jamais dites à personne, pas même à leur femme. Telle sera sa destinée, à elle aussi. Dorénavant, elle sera celle qui recueillera ces histoires, ces regrets et ces secrets. Qui recueillera les mythologies et les dieux.

  Il faut trois jours à Magdalena avant de réussir à s’échapper une nouvelle fois. Tempy la regarde : ses mains sont vides.

  — Je vous en prie, sortez vos chapelets. Comme ça, si quelqu’un tombe sur nous par hasard, il croira que vous priez et que moi, je travaille.

  Il se rappelle la traversée en compagnie des six religieuses allemandes qui se rendaient en Amérique afin d’y établir leur ordre. Leur habit noir et blanc les rendait invisibles en tant que femmes, ce qui lui offrait la liberté de leur adresser la parole, et réciproquement. Magdalena sort ses chapelets de sa poche et les glisse de nouveau entre ses doigts.

  — Vous m’avez dit avoir travaillé sur les Grands Lacs. Ont-ils des dieux, eux aussi ? demande-t-elle.

  Toute divinité autre que celle consacrée par la Bible l’intrigue.

  — Oui, ils en ont.

  Il prend une pipe et une blague à tabac dans la poche intérieure de sa veste.

  — Je peux ?

  Elle lui fait signe que oui. Il l’observe discrètement, tout en tassant le tabac dans le fourneau de sa pipe. Cela fait bien longtemps qu’il n’a pas parlé à une femme sans devoir la payer et, même à ce moment-là, il ne disait pas grand-chose : les besoins du corps étouffaient toute stimulation cérébrale. C’est un plaisir qui lui manque, étant donné que ses sujets de conversation avec les autres matelots se limitent à l’alcool, au travail, aux cartes et à leurs conquêtes ou échecs sexuels.

  — Ce sont des divinités masculines également ?

  — Non, non. Ces divinités sont des femmes.

  Il craque une allumette contre la poutrelle métallique fixée à la barre tout près de lui, allume sa pipe et tire une longue bouffée.

  — Moi, je les appelle les Sœurs, dit-il en exhalant la fumée. Sœur Supérieure, sœur Michigan, sœur Érié et sœur Ontario. Elles sont froides, mais passionnées. Cela n’a pas de sens, si ?

  — En fait, non.

  — En ce moment, nous sommes dans l’Atlantique Nord. L’eau est glaciale. Quand survient une tempête, impossible de se méprendre sur sa passion.

  Il s’arrête et tire une autre bouffée avant de continuer.

  — Mais il n’y a rien de semblable à une tempête sur les Sœurs, surtout sœur Supérieure. Elle ne fait pas tanguer les navires comme l’océan pendant la tempête. Ses vagues frappent et heurtent tous les côtés du bateau.

  Il pose sa pipe et fait claquer son poing gauche dans la paume de sa main droite à plusieurs reprises.

  — Jusqu’à ce qu’elle en ait brisé tous les os. Ensuite, elle l’entraîne vers le fond, avec tous les hommes à bord, pour qu’ils gèlent en son sein. J’ai survécu à trois tempêtes sur sœur Supérieure et ça m’a suffi. J’ai donc pris un navire qui m’a fait traverser le Saint-Laurent et ensuite, j’ai continué jusqu’à New York. Maintenant, je travaille sur des bateaux qui traversent l’Atlantique.

  — Vous devez aimer soit l’eau, soit le danger, dit Magdalena. Et qu’en est-il des dieux de l’océan ?

  Il sourit largement et déplace sa pipe vers l’autre coin de sa bouche.

  — Jusqu’à présent, ces femmes ont été bonnes avec moi.

  Tout en regardant les bottes éculées de Tempy, Magdalena se rappelle le livre qu’elle a lu, La Case de l’oncle Tom. Tempy ne parle pas comme les esclaves dans ce roman : il n’omet pas les désinences des verbes, ni les sujets, et sa diction est précise et élégante.

  — Puis-je vous demander où vous avez appris à si bien parler anglais ? Et allemand, semble-t-il.

  — L’une des abolitionnistes était une Tchèque, elle m’a appris à lire et écrire. Ensuite, elle m’a enseigné l’allemand, un peu de français, mais pas de tchèque, parce que, d’après elle, j’aurais davantage besoin de l’allemand et de l’anglais plus tard. Et elle avait raison. C’est l’allemand que je sais le mieux, vu que cet itinéraire est apparemment celui que je parcours le plus. D’Amérique en Allemagne. D’Allemagne en Amérique. Beaucoup d’Allemands quittent leur pays.

  — À juste titre.

  Elle contemple ses cheveux roux-brun, ses pommettes hautes. Son sang recèle bien des continents.

  — D’où…, commence-t-elle d’une voix hésitante. D’où viennent vos ancêtres ?

  — Je peux compter sur les doigts d’une main les gens qui m’ont posé cette question. Et pas aussi poliment que vous.

  — Quelle main ?

  — La gauche, répond-il en souriant.

  Et il la lève, comme pour confirmer ses propos.

  — La plupart des gens s’imaginent que je suis noir. Un nègre. Mais mon père était irlandais ; c’était le propriétaire de la plantation où travaillait ma mère, en Géorgie. Ma mère était un quart cherokee, un quart blanche et à moitié africaine. Vos cheveux – les siens étaient pareils. Noirs et longs. Je me cachais dedans quand elle se les brossait le soir. Je me souviens d’elle comme étant une très belle femme.

  Il détourne son regard vers l’océan.

  — Mieux vaut être laid, je pense. La beauté peut être une malédiction : elle peut piéger celui qui la possède. Ma mère travaillait dans la maison du maître. Elle était ce qu’on appelle une « négresse domestique ». La dernière fois que je l’ai vue, j’avais huit ans. Ensuite, le maître m’a vendu à une plantation en Caroline du Sud.

  — Votre père vous a vendu ?

  — Obligé. La femme du maître ne tolérait pas ma
présence. Les cheveux roux, les taches de rousseur. Il était évident que mon père n’était autre que son mari. Quelques années après m’avoir vendu, il a vendu ma mère à une plantation située dans l’Alabama. Je le sais parce qu’il y a quinze ans j’ai rencontré un homme qui avait travaillé là-bas. Il semble qu’elle ait plu aussi à son nouveau maître, là-bas. Elle s’est suicidée, dit-il sans émotion.

  Magdalena ne répond rien. Que dire ? Ses tracas du moment sont infimes, comparés à ce qu’a été la vie de cet homme. Elle se tourne vers le pont, toute honteuse.

  — Vous avez été souffrante, dit-il.

  Il sait ce que c’est… comment les esclaves appellent cela… le malheur.

  — Ce n’est rien, à présent.

  — J’ai vu l’homme, sur le quai.

  — C’était le frère aîné de mon mari. Je pense que tout le monde sur le bateau l’a vu. C’était pénible.

  — Vous auriez pu descendre, votre mari et vos enfants aussi, mais vous êtes restée et vous lui avez fait face.

  — Vous avez entendu ce qu’il a dit ? De quoi il m’a traitée ?

  — Oui.

  — Ce qui me blesse le plus, c’est que mes fils l’aient entendu. Qu’ils aient entendu qu’on me traitait de ça. De putain. De sorcière. Voilà ce qu’ils se rappelleront de leur mère.

  — Cela se pourrait. Mais ce n’est pas un souvenir qu’ils retiendront contre vous. Cette femme qui l’a fait taire… c’était votre mère ?

  Elle acquiesce.

  — C’est bien ce que je pensais. Vous lui ressemblez tellement. Savez-vous ce qu’elle lui a dit ?

  — Non.

  Il n’avait jamais assisté à un tel spectacle dans aucun port étranger. L’homme s’était comporté comme un esclavagiste : il avait crié comme s’il avait eu des droits sur son frère, sur la femme de son frère, sur les enfants de son frère. Et ensuite, cette femme d’un certain âge avait saisi le licou du cheval avec une belle assurance et dit quelque chose qui avait effrayé cet homme au point de le réduire au silence. Tempy n’avait pas eu besoin de voir ni de sentir le cavalier pour savoir que cet énorme diable enragé sur son cheval avait soudain eu la peur de sa vie. Une seule et unique fois, il avait vu une femme user d’un tel pouvoir.

  Il avait alors douze ans et travaillait dans sa plantation de Caroline du Sud. Une Indienne Geechee avait été dénudée jusqu’à la taille et ligotée à un poteau afin d’être fouettée en raison de quelque infraction. Personne n’aurait su dire comment elle avait dégagé ses mains du poteau. Elle venait de subir dix coups de fouet ; au onzième, elle s’était retournée et avait attiré le surveillant vers elle en saisissant la pointe de son fouet. Le dos et les seins ruisselant de sang, elle l’avait maudit dans une langue que Tempy ne comprenait pas. L’homme l’avait regardée une minute environ avant que ses genoux ne se dérobent : il s’était écroulé par terre, en proie à de terribles convulsions ; puis, le pantalon souillé d’urine et d’excréments, il s’était mis à donner des coups de pied, faisant voler la poussière. L’Indienne Geechee avait été séquestrée dans une remise sans fenêtres, le temps que le propriétaire réfléchisse à ce qu’il devait faire d’elle. Le lendemain matin, la cuisinière avait dit à Tempy que le surveillant avait été « victime d’une attaque » et que la femme s’était évadée pendant la nuit.

  Il regarde Magdalena, la nuance brun olivâtre de sa peau, ses yeux brun foncé.

  — Je crois que votre mère a envoyé Dieu s’occuper de lui, dit-il.

  Tempy va trouver Magdalena juste au moment où le navire entre dans le port de New York. La plupart des passagers sont à la proue, fascinés par la vue de la statue de la Liberté. Albert descend dans leur cabine pour chercher le restant de leurs bagages.

  — Votre mari m’a dit où vous alliez habiter. Je connais l’endroit. Il y a une femme, là-bas, qui vous aidera à vous installer. Alžběta Dvořák.

  Il donne un bonbon à Frank et à Eberhard.

  — Tu te rappelles ce que j’ai dit ? demande-t-il à ce dernier.

  — « Ne nagez pas dans le fleuve », répond le petit garçon.

  Tempy sourit. Puis il se retourne et disparaît vers le niveau intermédiaire du bateau.

  Les Flats

  * * *

  1899-1906

  DEBOUT SUR LE PONT DE WASHINGTON AVENUE, les yeux plissés pour se protéger des rayons obliques du soleil d’octobre, ils regardent le fleuve. Ce n’est pas le puissant Mississippi qui, d’après Tempy, mesure deux milles de large, mais sa partie plus juvénile. Elle n’en est pas moins vigoureuse et large d’un quart de mille. À la faveur des siècles et aidé par les chutes de Saint-Antoine le fleuve a creusé un profond canal entre deux falaises calcaires. Celle de la rive forme un à-pic ; elle est couverte d’herbes sauvages, de bouleaux noirs, de noyers cendrés, de chênes de Nuttall et de peupliers. À son sommet se trouvent les somptueux bâtiments de l’université du Minnesota. Raimund leur montre la rive ouest du fleuve, sur laquelle il loue une maison et où ils vont désormais habiter. Cette rive s’élève de manière abrupte en une colline calcaire parsemée de fleurs, puis elle redescend vers le Mississippi en une série de dénivellations naturelles. Les plus élevées s’appellent les Upper Flats et celles qui sont proches du fleuve, les Lower Flats. C’est là, sur un groupe d’une cinquantaine de maisons en contrebas, que leur regard s’arrête.

  — Ça, dit Raimund, ce sont les Flats.

  Ils traversent le pont et descendent d’un bon pas les marches rudimentaires de l’escalier en bois qui mène aux Flats, afin de rejoindre Cooper Street, où habite Raimund. Frank et Eberhard courent devant vers les énormes tas de ferraille et de charbon rassemblés sur le terminal municipal des péniches, le long duquel sont amarrés des remorqueurs. Albert, Magdalena et Raimund s’arrêtent pour les regarder longer à toutes jambes une péniche.

  — J’ai oublié de vous dire qu’ici personne ne m’appelle Raimund. J’ai opté pour l’équivalent américain : Raymond. On m’appelle Ray. La seule personne qui m’appelle encore Raimund, c’est ma voisine.

  — Est-ce qu’on va devoir faire pareil ? demande Albert. Nos noms ont-ils un équivalent américain ?

  — Non, ce sont les mêmes. Mais tu deviendras probablement Al, parce que les Américains ont tendance à abréger. Et pour toi, ce sera sûrement Maggie, ajoute-t-il en désignant Magdalena d’un signe de tête.

  Albert appelle ses fils. En descendant du train, ils étaient propres et parfaitement présentables, mais les voici qui accourent le visage barbouillé de charbon. On dirait des orphelins tout droit sortis d’un roman de Dickens. Magdalena réussit à leur faire lâcher les morceaux de charbon qu’ils tiennent dans leurs mains, avant de leur essuyer les paumes et le visage avec un mouchoir. Puis ils reprennent leur chemin.

  Ils ont presque atteint le bout de la rue lorsque, enfin, ils s’arrêtent. Raymond leur montre une petite maison.

  — La première année, je l’ai louée. Ensuite, je l’ai achetée à Procházka. Je n’ai toujours pas eu le temps de la retaper comme je voulais, mais maintenant qu’Albert est là, on va vraiment pouvoir l’embellir.

  Magdalena porte une main à sa gorge.

  — Une bicoque avec des fenêtres vaut mieux qu’une cage dorée, dit Albert avec un enthousiasme forcé.

  Raymond ouvre la porte et Magdalena franchit le seuil. Elle regarde un instant l’unique lit dans le coin de la cuisine, la table branlante, les chaises tout aussi branlantes et le vieux poêle à charbon.

  — Parle pour toi, répond-elle.

  Sur ce, elle s’évanouit.

  Quand elle reprend connaissance, elle est allongée sur le lit et une vieille femme lui passe un linge froid sur le visage. Raymond, Albert et les enfants se tiennent dans le coin opposé de la cuisine.

  — Tu es enceinte, susurre la vieille femme en allemand.

  Magdalena observe ses yeux, semblables aux morceaux de charbon qu’elle a retirés des mains de ses fils. La femme a les joues creuses ; ses rides convergent vers sa bouche comme des f
ronces sur une robe.

  — C’est seulement que j’ai faim, dit-elle en essayant de se redresser. Je ne m’attendais pas à cela. Je dois être folle.

  D’un simple geste, la vieille femme la force à se rallonger.

  — Nein, répond-elle. C’est Raimund qui est fou. Tu es enceinte, voilà.

  La vieille femme se lève, puis se tourne en hurlant vers les hommes et les garçons.

  — Raimund ! Combien de fois t’ai-je dit de retaper cette maison ? Espèce d’idiot ! Tu ne peux plus vivre comme un jeune homme !

  Raymond et Albert se pétrifient sur place. De honte pour Raymond et de surprise pour Albert. Quant à Frank et Eberhard, ils se cachent derrière les jambes de leur père.

  — Ne reste donc pas planté là ! Va en ville trouver d’autres lits et des meubles.

  Les deux petits garçons se précipitent hors de la maison, suivis d’Albert et de Raymond, encore meurtris par le fouet cinglant de la voix d’Alžběta.

  — Ne seriez-vous pas Alžběta ? demande Magdalena quand elles sont seules.

  — Si. Je suppose que Raimund t’a parlé de moi.

  — Non. C’est un homme sur le bateau.

  — Un Noir ? Avec des taches de son et des cheveux roux ?

  — Oui.

  La vieille femme affiche un grand sourire.

  — Donc, Tempy vit toujours. Le fleuve ne l’a pas encore emporté.

  Elle pose la main sur le ventre de Magdalena.

  — C’est encore trop tôt. Peut-être deux mois. Pas de nausées ?

  Magdalena secoue la tête.

  — Reste là, je vais t’apporter à manger.

  Magdalena mange de la soupe au poulet accompagnée de pain de pommes de terre beurré, puis Alžběta découpe à la fourchette des bouchées fumantes de koláč aux prunes et lui donne la becquée comme à une petite fille. Quand il ne reste plus rien, elle remplit un grand verre de bière faite maison. Magdalena le boit d’un trait. La vieille femme le remplit de nouveau, et Magdalena le vide presque tout aussi vite.

 

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