Bohemian Flats

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Bohemian Flats Page 17

by Mary Relindes Ellis


  — Dors, maintenant, dit Alžběta.

  Et elle remonte la couverture sur Magdalena.

  Raymond, Albert et les enfants passent le restant de la journée à parcourir les différents quartiers de la ville pour récupérer des meubles mis au rebut. Honza, Radim et trois autres gars se joignent à eux. Ils rentrent au crépuscule avec trois lits supplémentaires, une solide table en pin et cinq chaises, de la vaisselle ébréchée et un service en argent donné par la gouvernante du presbytère de l’église Sainte-Élisabeth. Alžběta invite les nouveaux venus chez elle pour le dîner car Magdalena dort toujours. Raymond, lui, reste avec elle.

  Quand Magdalena se réveille, Raymond est assoupi sur une chaise près de son lit. Il a le visage sale, sillonné de larmes, et l’haleine aigre. Elle se redresse et, en se penchant vers lui, elle aperçoit par terre trois bouteilles vides, une quatrième à moitié pleine et une cinquième encore intacte. Elle ramasse celle qui est à moitié pleine et boit une gorgée. Cette bière n’est pas aussi bonne que celle que lui a donnée Alžběta : elle a un goût douteux, une lourdeur minérale qui rappelle la boue. Peut-être a-t-elle été fabriquée avec de l’eau du fleuve ? Peu importe, songe-t-elle en terminant la bouteille. Elle s’attaque ensuite à la dernière bière et, entre deux gorgées, elle observe son beau-frère. Tout en priant pour qu’il ne leur ait pas menti sur d’autres sujets que la maison, elle fait le point sur leur situation présente : ils ont traversé l’Atlantique et enduré un long voyage en train jusqu’au cœur du pays pour finir dans un village semblable à ceux de ces paysans allemands du Moyen ge qui vivaient près des douves d’un quelconque château. Ils ont atterri dans un refuge d’aventuriers au fond d’une vallée fluviale.

  L’espace d’un instant, elle envisage de frapper Raymond avec la bouteille. Cependant, il a fait une bonne chose : il a trouvé à Albert un emploi dans la minoterie où lui-même travaille. Albert commence demain matin et, en raison de son instruction et de son expérience, il va percevoir un salaire plus élevé. Elle termine la bouteille et, tout en la posant par terre près des autres, elle repense à Tempy. Il y a plusieurs dieux là où vous allez.

  — Puisse l’un d’entre vous avoir pitié de nous, dit-elle à voix haute.

  Une semaine plus tard, lorsque Aino Takelo déclare que leur arrivée a provoqué un été indien sur les Flats, Magdalena ne comprend pas ce que cela signifie.

  — C’est l’occasion de travailler plus longtemps sur le fleuve et sur les falaises, lui explique Aino. Venez, Maggie, je vais vous montrer. Emmenez les garçons. Eux aussi peuvent travailler.

  Et c’est ainsi que Magdalena apprend à récupérer billettes, bûches, restes de bois et autres rebuts de la scierie à l’aide d’une longue perche en métal munie d’un crochet. Les garçons et elle font des allers et retours entre le fleuve et la maison, et dressent au fil des jours une importante pile de planches.

  Un soir, elle emmène Albert et Raymond derrière la maison pour leur montrer celles taillées à la scierie et entassées les unes en travers des autres.

  — Il leur faudra une semaine pour sécher, dit Raymond. Ensuite, je te promets que nous remettrons la maison en état.

  Quelques jours plus tard, au terme de leur longue journée de travail, Albert et Raymond se mettent à l’ouvrage. Ils aplatissent des boîtes de conserve et les clouent sur les nœuds fissurés dans le bois ; ils grimpent sur le toit et le rebouchent avec des galets qu’Eberhard a trouvés sur la rive, près d’une péniche amarrée. Au cours des jours suivants, le fleuve charrie encore de nombreux morceaux de bois, à tel point qu’Albert déclare qu’ils auront largement le temps de rajouter une pièce, sinon deux, à leur logis avant l’hiver. Aino donne à Magdalena de la laine brute pour qu’elle comble les trous à l’intérieur de la maison, puis Albert les recouvre de fer-blanc.

  C’est non seulement du bois, mais toutes sortes de choses utiles, voire précieuses, qui flottent jusqu’à eux ou qu’ils repêchent dans le Mississippi. Un soir, un magasin de distribution alimentaire situé en amont jette même des fruits : des bananes et des oranges échouent sur la rive. Magdalena et les enfants en rapportent des sacs entiers dans un petit chariot, puis Alžběta étale ces fruits sur l’établi sommaire qu’Albert et Raymond ont construit dehors. Ayant vu Magdalena et ses fils rapporter péniblement du fleuve leur butin exotique, Kyle et Aino viennent voir de plus près. Tous ont déjà goûté des oranges, mais des bananes, jamais. Les adultes en ont déjà entendu parler et savent qu’elles sont comestibles. Kyle sort son couteau, pèle une orange et en mange un quartier ; le jus dégouline sur sa main.

  — Elle a très bon goût, dit-il. Je ne comprends pas pourquoi ils l’ont balancée.

  Il attrape ensuite une banane, encore verte, puis il l’épluche et en mange un morceau.

  — Pas mauvais. Mais elles ne sont pas mûres. Deux ou trois jours au soleil et elles devraient être bien meilleures.

  Le petit Frank tend la main vers le fruit, mais Alžběta lui donne une tape.

  — Pas maintenant. Finis-la, Kyle. Si elle ne te rend pas malade, on pourra en donner une aux enfants.

  Tous éclatent de rire, puis regardent Kyle manger le restant du fruit. Kyle ne tombe pas malade ; si bien que deux jours plus tard ils mangent leur toute première banane.

  Magdalena, Albert et les garçons ne tardent pas à devenir très proches non seulement d’Alžběta, mais aussi des Takelo. Aino est une femme svelte, gracile, au teint clair et aux yeux verts mouchetés de noisette qui, sous une lumière propice, prennent une teinte turquoise surprenante. Kyle a les yeux bleus d’un Scandinave, un torse long et musclé, mais les jambes courtes. Il a les cheveux couleur de lin, tout comme son épouse ; en revanche, sa barbe et sa moustache sont couleur châtain.

  Au début, Magdalena pense que ses fils sont attirés par Kyle car, contrairement à la plupart des autres hommes, il passe ses journées chez lui. Il fabrique des tonneaux de grande qualité dans un atelier situé juste derrière sa maison et dans lequel se trouve un four en brique, ce qui lui permet de travailler même en hiver. Le soir, lorsqu’ils rentrent à la maison, les garçons racontent des légendes où il est question d’un moulin magique appelé le Sampo, de pays magiques où seules vivent des femmes, d’un dieu qui s’appelle Väinämöinen et qui, des siècles durant, a combattu une déesse du nom de Lohi.

  — Ce sont des récits du Kalevala, remarque un jour Albert au cours du dîner. Tu te souviens ? Ton père nous en avait parlé. On n’a pas étudié tant que ça les mythes scandinaves, mais on a lu certains poèmes finnois. Il disait que les Finlandais avaient une mythologie à eux et qu’on l’appelait le Kalevala.

  — En Finlande, Aino chantait des poèmes, dit Raymond en beurrant une tranche de pain. Attends donc de l’entendre. Pour eux, ce n’est pas seulement une mythologie, c’est aussi une religion. Vous avez probablement remarqué que Kyle et Aino ne fréquentent pas l’église luthérienne comme les Suédois et les Norvégiens. C’est parce qu’ils croient aux dieux plus anciens du Kalevala.

  Magdalena est fascinée par ces mythes, mais les Takelo étant discrets, elle ne cherche pas à en savoir davantage. Cependant, au fil des jours, Kyle continue de raconter des légendes aux garçons et elle lui en est reconnaissante. Il leur montre, à elle et à ses fils, le fumoir en pierre calcaire situé à quelques pas de son atelier et dans lequel il garde toutes sortes de viandes, mais aussi des poissons. Il apprend aux garçons à pêcher sur la plate-forme qu’il a construite à la surface de l’eau, soutenue par quatre bûches profondément enfoncées dans les parties superficielles et boueuses du fleuve. Il prend des brèmes, des poissons-chats, des mariganes et des poissons-lunes, puis il les fume au bois d’érable, qu’il achète en ville. L’essentiel de ses salaisons, il les vend à un boucher d’East Hennepin Avenue.

  Au début du mois de novembre, il adopte une nouvelle méthode de pêche : debout sur sa plate-forme, il drague le fleuve à l’aide d’une perche en acier au bout de laquelle il a soudé un épais fil de fer. À l’extrémité de ce fil se trouve un hameçon à
quatre branches. Et tout en pêchant, il chante en finnois. Eberhard raconte à ses parents que Kyle chante pour s’attirer la faveur de Väinämöinen. Kyle pêche essentiellement en fin de semaine, moment où il peut compter sur l’aide d’autres hommes.

  — Regarde-moi un peu cet hameçon, dit Albert. On dirait qu’il va pêcher la baleine.

  — Attends de voir, répond Raymond.

  Mais ils sont loin d’imaginer quel poisson Kyle harponne et tente de ramener sur la rive. Raymond et quatre autres hommes sont obligés de s’avancer dans l’eau, munis de crocs de gaffe. Une corde enroulée autour de la taille et retenue par des hommes restés à terre les protège du courant.

  — C’est une baleine ! s’écrie Eberhard.

  — Nein, répond Raymond.

  Ils restent tous un long moment à observer le poisson qu’ils viennent de remonter.

  — C’est un esturgeon.

  — Qu’est-ce que tu en penses ? demande Kyle. Il fait bien cent livres ?

  Il mesure de ses mains la longueur du poisson.

  — Et un mètre quatre-vingts, ajoute-t-il.

  — Plutôt deux cents livres, on dirait, lance un des hommes qui ont participé à la pêche.

  — C’est mieux que cette vache crevée qu’il a remontée il y a deux ans ! s’écrie un autre.

  — Et mieux aussi que le cochon, ajoute Alžběta.

  Le dimanche suivant, Kyle attrape deux esturgeons et un poisson-spatule, que les enfants tentent chacun à son tour de soulever en le tenant par sa très longue mâchoire. D’après Kyle, malgré son aspect étrange, son goût est délicieux. Depuis qu’ils sont arrivés sur les Flats, les Takelo ont d’ailleurs inauguré une nouvelle tradition : Kyle apporte un esturgeon fumé ou un poisson-spatule pour le Noël de la communauté, et un autre pour la Morena. Cette année, Aino et Kyle comptent prendre au moins trois esturgeons et deux poissons-spatules. Aino confie à Magdalena que le poisson fumé se vend à bon prix, là-haut, en ville.

  — Cet argent, on en a besoin, vu qu’on espère partir d’ici deux ou trois ans. On a déposé une demande pour une propriété près de Pine City, dans le nord du Minnesota. De toute façon, on n’a pas les moyens de s’acheter une terre dans le Sud ; et puis, Kyle et moi, on se sent plus chez nous au milieu des pins. On travaillera un peu dans l’agriculture et l’exploitation du bois. Raymond m’a dit que vous aussi, vous économisez pour acheter une propriété.

  — Dans le nord du Wisconsin, répond Magdalena. Nous avons une brochure là-dessus. La terre n’est pas chère et on dit que l’agriculture y est rentable. Comme nous avons déjà de l’argent que nous a donné ma famille, nous espérons n’avoir à attendre qu’un an ou deux pour déménager. Nous voulons commencer bientôt à cultiver la terre. Au fait, depuis combien de temps êtes-vous ici ?

  — Trois ans, même si ça paraît plus long. On s’est fait de bons amis, sur les Flats, et vous vous en ferez aussi. Du coup, ce sera difficile de s’en aller le moment venu.

  À mesure que les jours raccourcissent et que le temps devient plus froid, les femmes travaillent davantage. Alžběta et Aino montrent à Magdalena où trouver des champignons, de l’ail et autres herbes qui poussent sur la falaise durant l’arrière-saison. Magdalena apprend à les faire sécher et à les conserver pour les cuisiner l’hiver dans les soupes et les ragoûts. Les denrées de base telles que farine, sel, sucre et viande, elle les achète à l’épicerie de Procházka. Le lait, à cinq cents le quart, et le beurre, à sept cents la livre, proviennent de chez Mme Karitish, qui élève sept vaches dans une grotte de la falaise, non loin du village. Avec l’aide de son fils cadet, Mme Karitish transporte sur un chariot, matin et soir, un bidon de vingt-cinq gallons de lait qu’ils répartissent entre chacune des familles. Le fils emmène paître les vaches sur les Lower Flats. Elles marchent pesamment derrière lui à la queue-leu-leu et, au rythme de leur défilé, les cloches qu’elles ont autour du cou font retentir une mélodie harmonieuse et apaisante.

  L’arrivée de l’hiver est aussi étrange que l’automne a été long. Passé les pluies de la fin de novembre, la température baisse brusquement. Les bouleaux noirs, qui d’habitude s’agitent au moindre souffle, sont immobilisés par le gel. La maison est glaciale, en dépit des suppléments de bois et des abondantes quantités de charbon que l’on met à brûler dans le poêle. Frank et Eberhard, qui ont maintenant deux ans et demi et cinq ans, sont très fiers de contribuer au chauffage de la maison : tous les jours, ils gambadent derrière le chariot du charbonnier, ramassent les petites pépites qui en tombent et les emballent dans un sac de jute qu’ils traînent ensuite jusque chez eux. Ils ont le visage couvert de poussière et les mains aussi noires que celles d’un ramoneur. Quelquefois, en les regardant par la fenêtre, Magdalena songe aux Glaneuses de Millet, dont son père avait accroché une copie dans son bureau.

  — On dirait des gosses des rues, dit Albert, un soir que les enfants sont couchés. Ce n’est pas digne. Et s’ils se font prendre ?

  — Je ne pense pas que quiconque ici ait envie de les prendre, objecte Raymond. Ça n’a rien à voir avec la dignité. En quoi ramasser du charbon est-il différent de pelleter du fumier ? Nous, on faisait de sales besognes, à leur âge.

  — Mais pas en public.

  — Ce n’est pas « en public », ici. Tout le monde doit travailler. Ici, les enfants ont des corvées. En quoi est-ce différent de ce que nous, on faisait quand on était petits ? Personne ici ne les regarde comme des gosses des rues. Tous les enfants ramassent des choses qui peuvent être utiles à leur famille. En plus, Eberhard et Frank s’en sont fait un jeu.

  Albert se tourne vers Magdalena pour avoir son avis.

  — Deutéronome 24 : 19, dit-elle. Tu te souviens ?

  Mais c’est Raymond qui répond ; il récite l’un des rares versets de la Bible qui plaisaient à Richter :

  — « Si tu fais la moisson dans ton champ et que tu oublies des épis, tu ne reviendras pas les prendre. Ils seront pour l’émigré, l’orphelin et la veuve, afin que le Seigneur ton Dieu te bénisse dans toutes tes actions. »

  — Ils ne sont pas orphelins et Magdalena n’est pas veuve, fait observer Albert.

  — Nous sommes des étrangers, riposte Raymond.

  — Je doute que les lois américaines reconnaissent le Deutéronome.

  — Je ne crois pas que la loi américaine vaille pour les Flats rétorque Raymond.

  Et il lui fait un large sourire.

  Un samedi, Albert et Magdalena regardent par la fenêtre de la cuisine leurs fils qui jouent dehors. Les garçons ne semblent pas vraiment incommodés par le froid. La cafetière à la main, Magdalena se tourne vers Raymond, assis à table.

  — Comment as-tu fait pour survivre aux trois derniers hivers ?

  — En dormant dans le lit d’une femme, en ville, répond Albert. Où crois-tu qu’il va, les soirs où il ne rentre pas ?

  Il s’éloigne de la fenêtre, tend le bras et ébouriffe les cheveux de son frère cadet.

  — Tu tiens du vieux. On dirait un cabot qui court après toutes les chiennes en chaleur.

  Sur ce, il enfile son manteau et sort rejoindre ses fils. Magdalena se sert une tasse de café et s’assied à table.

  — Tu ne les paies pas, si ? demande-t-elle à Raymond.

  — Ça m’arrive. Tu trouves ça immoral ?

  Elle ne lui répond pas tout de suite. Raymond n’est plus le garçon qui s’est enfui de chez lui pour échapper à la décision paternelle de faire de lui un prêtre. Ce n’est plus cet adolescent éperdu et refoulé qui prétendait étudier dans le grenier à foin quand, en vérité, il se masturbait en regardant des cartes postales pornographiques. Quelque temps après son départ, elle avait découvert ces cartes, coincées entre deux poutres du grenier. Elle avait alors compris la ruse.

  En descendant du train, elle a vu tout de suite celui qu’il est devenu : un homme aux gestes assurés, qui levait son chapeau pour saluer les autres dames sortant du wagon. Quand il l’a soulevée pour la faire virevolter, elle a pu ressentir toute sa puissance se
xuelle. Il a un corps d’adulte et ressemble désormais à Albert, sinon que ses cheveux, blond foncé, sont plus longs. Il a la même mâchoire et le même menton virils qu’Albert, le même torse large, et de belles mains.

  Raymond penche la tête, lui adresse un sourire désarmant. Elle prend la cafetière et lui remplit de nouveau sa tasse tout en se demandant si Raymond a une ou plusieurs maîtresses. Plusieurs, sans doute. La question reste de savoir comment il peut se permettre de s’offrir leurs services.

  — Immoral… Pour ces femmes ou pour toi ? répond-elle enfin. Je ne sais qu’en penser. Veille seulement à ne pas t’attirer d’ennuis.

  Le sourire aux lèvres, il se laisse retomber en arrière sur sa chaise

  — Trop tard. Pendant ma première semaine ici, j’ai failli être battu à mort. J’avais flirté avec la deuxième femme de Honza. Je ne savais pas qu’elle était mariée. Alžběta a arrêté Honza avant qu’il ne me fracasse le crâne. Et tu sais ce qu’elle m’a dit ?

  — De garder ton pantalon ?

  Il éclate de rire.

  — Oui et non. Elle m’a dit de ne jamais fréquenter les femmes des Flats, mais d’aller plutôt chercher des femmes en ville. Elle ne m’a jamais jugée. Mais toi, tu crois que c’est mal ?

  Elle le regarde en fronçant les sourcils. Ne sait-il pas qu’en matière de sexe, ses parents avaient les idées larges ?

  — Tu oublies à qui tu parles. Non, je ne vois là aucun mal. Et Albert non plus. Il te taquine, c’est tout. À l’évidence, il ne souffre pas d’un manque d’affection ni de désir, dit-elle en jetant un coup d’œil à son ventre.

  — J’aime les femmes. Je les ai toujours aimées.

  — Et elles te le rendent bien, visiblement. Tu as de la chance. Tu as la liberté que jamais aucune femme ne pourrait avoir. Cela te va bien, Raymond, tant que tu ne deviens pas sérieux ou que tu n’en mets pas une enceinte. Je ne crois pas que tu doives jamais te marier.

 

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