On jette d’autres bouteilles et, au grand effroi de Hilda, l’une d’elle atteint son frère à la poitrine. Elle ne se brise pas, mais Eberhard a la respiration coupée. Il regarde fixement le pont, puis il baisse les yeux et c’est là qu’il l’aperçoit.
— Hilda ! Reste où tu es ! Ne descends pas !
Elle regarde Erika et Ilona, qui se sont levées et se cramponnent au cadre d’acier. Elles sont toutes tremblantes.
— Tenez bon ! hurle-t-elle.
Ses amies tournent vers elle un visage déformé par la peur.
— Satanés fils de putes ! hurle l’homme-ours. Vous m’achetez ma bière et vous me balancez des bouteilles dessus ! Descendez, venez ici, fils de putes.
Magdalena accourt vers Eberhard. Mais l’homme-ours l’intercepte. Hilda regarde en direction de l’escalier et voit son frère disparaître avec un autre groupe ; ils montent les marches quatre à quatre.
— Reste où tu es ! hurle Magdalena en direction de Hilda. Ilona ! Erika ! Restez où vous êtes !
Des gens ricanent sur le pont. Soudain, un liquide chaud dégouline sur la tête de Hilda et, quand elle lève les yeux, il l’atteint en plein visage. Elle sent alors l’odeur salée et nauséabonde de l’urine. Avant qu’elle n’ait eu le temps de réagir, le pont semble frappé par le tonnerre : son armature vibre au rythme des bottes qui arrivent de l’autre côté et le bruit de la bagarre ne tarde pas à se faire entendre : le claquement sourd des coups de poing, des jurons, des corps qui tombent.
Quelqu’un crie son nom et celui de ses amies. Sa mère et Aino arrivent en contrebas.
— Maman !
Elle croit d’abord que le cri a été proféré par Erika et Ilona ; mais non, il provient de sa propre gorge.
— Hilda, descends maintenant. N’aie pas peur. Je suis là. Je vais t’attraper.
Elle commence alors à descendre, toute tremblante, en s’aidant à la fois de ses mains et de ses pieds. Elle se laisse tomber par terre et, tandis qu’elle se relève, elle sent l’humidité nauséabonde de ses cheveux et de sa robe. Sa peur, sa rage et son humiliation s’expriment dans ses sanglots.
— Ils m’ont pissé dessus.
— Emmenons-les jusqu’au fleuve, dit Aino.
Aino prend chacune de ses filles par la main et s’avance à contre-courant de la foule, qui maintenant se dirige vers le pont. En arrivant sur la rive, elles trouvent Mme O’Flaherty, livide, courbée au-dessus de sa canne.
— Sainte Marie, mère de Dieu ! Ils ont uriné sur des enfants ! dit-elle, et à l’entendre, c’est une offense aussi grave que des coups et des blessures.
On déshabille les fillettes ; une fois qu’elles sont en chemise, Magdalena soulève Hilda, la prend entre ses bras comme un bébé et s’avance dans l’eau. Aino fait de même avec Erika, tandis que Žena s’occupe d’Ilona.
— Pince-toi le nez, dit Magdalena, avant de la plonger dans l’eau au point de l’immerger entièrement.
Elle réitère l’opération plusieurs fois, puis elle la sort du fleuve, enfin lavée de l’urine et des larmes.
— Tout est parti, dit Aino.
Magdalena, Mme O’Flaherty et Žena acquiescent : Tout est parti.
*
* *
La bagarre sur le pont s’est terminée assez vite, parce qu’il n’y avait que cinq hommes à l’avoir provoquée et vingt habitants des Flats face à eux. C’est la police qui l’a interrompue.
— Et pour la première fois, la première fois, remarquez bien, a dit l’homme-ours, la police n’a pas engagé de poursuites contre nous. C’était à cause des uniformes. Est-ce que vous allez arrêter des soldats américains qui font la fête en famille ? Non !
Eberhard a une égratignure sur la joue ; sa lèvre inférieure tremble encore. Ses phalanges sont enflées et leur chair est à vif.
— Trois de ces hommes sont allés en classe avec moi. Ils ont eu leur baccalauréat en même temps que moi. Avant, c’étaient mes amis, dit-il.
— Les Anglo-Saxons ont toujours été comme ça depuis que j’habite ici, répond l’homme-ours. Pour eux, ceux qui viennent de pays situés à l’est de Paris sont des Polacks, des Boches, des Bohêmiens ou des sales Russes, assez bons pour travailler dans les manufactures et les usines mais pas assez pour s’asseoir à leur table ou être respectés comme n’importe quel Anglo-Saxon, homme ou femme.
— Tu as lu le journal dimanche dernier ? demande Radim. Un pasteur luthérien a été plongé dans du goudron et couvert de plumes après avoir récité une prière pour une femme qui agonisait en Allemagne. À l’usine, trois Allemands ont déjà fait changer leur nom de famille.
Un homme à la longue barbe rousse propose à Eberhard et à d’autres soldats de retirer leurs uniformes afin de les nettoyer. Hilda remarque une ligne creuse en travers de son index. Ce doigt l’intrigue beaucoup.
— Il est tailleur, lui chuchote Eberhard.
Elle regarde son frère retirer son uniforme et le donner à sa mère. Celle-ci le plie et l’ajoute aux autres, avant de les donner tous au tailleur.
— Merci, Zalman. Est-ce que vous allez jouer du violon, tout à l’heure ?
Zalman acquiesce d’un signe de tête.
Hilda, Erika et Ilona ont enfilé une robe propre ; leurs cheveux encore humides sont rassemblés en une tresse qui forme une couronne. Alors que le soleil se couche, les gens repartent faire la fête, mais non sans une pointe de tristesse. Hilda se dégage de l’étreinte de sa mère pour s’appuyer contre son frère qui porte à présent ses vêtements de tous les jours. Sur la table se dresse un gros gâteau avec des bougies. Puisque les anniversaires d’Erika et d’Ilona tombent dans moins d’une semaine, ce gâteau leur est destiné également. Au moment où elles soufflent les bougies, des applaudissements s’élèvent : on leur souhaite santé et bonheur. Ensuite, Zalman commence à jouer du violon.
— Ah, Paganini, soupire Magdalena.
Puis on demande au Russe, qui s’appelle Sergueï, de jouer de sa balalaïka.
— Pas pendant quelques semaines, dit-il en levant les mains.
Elles sont gonflées et en sang, comme celles d’Eberhard.
— Ma tante, vas-tu chanter la légende d’Aino ? demande Eberhard en se tournant vers la femme du tonnelier.
Cette dernière rougit.
— Oh, Aino, s’il vous plaît, insiste Magdalena.
Cette chanson, c’est une histoire qui déferle telle une vague et emporte Hilda dans ses flots. Elle est hypnotisée par la voix d’Aino, les yeux d’Aino, qui sont du vert des aiguilles de pin nouvelles à la lumière du feu. Cette chanson est une mise en garde adressée aux mères, qui doivent surveiller leurs filles. Elle envahit Hilda comme si Aino avait plongé la main dans sa poitrine et pris son cœur entre ses paumes. Hilda s’appuie contre sa mère et sent le bras de celle-ci s’enrouler autour d’elle. Le monde qu’elle croyait connaître a volé en éclats : elle ne maîtrise plus ce qui se passe, elle n’est plus à l’abri du mal. Il y a un monde plus grand, un monde dans lequel des gens haïssent d’autres gens à cause de l’endroit d’où ils viennent ; ou la haïssent, elle, bien qu’ils ne la connaissent pas. Elle se rappelle ce que Ruby Bleu lui a dit dans la cour de récréation, après qu’elle s’est plainte de sa mère :
— Tu es idiote, Hilda ! Tu as une mère gentille. Et ton père aussi est gentil. Toi, tu te crois tellement bonne, tellement sainte. Mais tu ne l’es pas.
Après la fête, tandis qu’ils rentrent chez Raymond, elle entraîne sa mère sur le côté pour s’assurer que les autres ne peuvent pas l’entendre.
— Est-ce que tu me forcerais à me marier ? lui demande-t-elle.
— Jamais. Et si tu veux toujours te faire religieuse quand tu auras seize ans, je ne t’en empêcherai pas.
Tout en suivant sa mère à l’intérieur de la maison, Hilda ne sait plus très bien si elle veut toujours devenir religieuse. En cet instant, elle veut être une jeune fille au service de la lune, une femme qui peut rester debout à la surface de l’eau et chanter pour consoler ceux qui sont sur la rive.
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*
* *
— J’avais espéré que Wilson nous en tiendrait à l’écart, dit Albert.
— Je ne pense pas qu’il aurait pu, répond le père Boland.
Comme tous les dimanches, ils déjeunent avec le prêtre. Hilda et Frank sont partis à la pêche et les adultes discutent tranquillement en prenant le dessert. Le père Boland est heureux de cette belle journée d’octobre, de ces mets délicieux et de cette agréable compagnie. Pendant qu’il se rendait à la ferme des Kaufmann, il a remarqué que les mélèzes arboraient maintenant une nuance de jaune, et cette preuve de l’immuable routine de la nature a adouci son humeur et lui a fait momentanément oublier ce qui tracasse désormais tout le monde : l’entrée en guerre des États-Unis. Il prie pour que ce nouveau rebondissement mette rapidement fin au conflit qui dure depuis trois ans.
On se querelle à la taverne, à la scierie, ou encore à l’épicerie. Le Comité d’éducation du Minnesota a exigé que les établissements scolaires retirent de leur bibliothèque les livres sur l’Allemagne rédigés en allemand ou par des Allemands. Surpris, le prêtre a fait valoir que, dans sa paroisse, les catholiques originaires d’Allemagne ou d’Europe centrale souhaitaient rester neutres, non par loyauté envers l’Allemagne, mais par loyauté envers leurs traditions culturelles et les membres de leur famille qui vivent toujours au pays. Le père Boland n’a cependant pas dit toute la vérité : environ un quart de ses fidèles soutiennent l’Allemagne. Mais les nouvelles des atrocités, commises surtout en Belgique, ont accru l’hystérie anti-allemande. Ensuite, il y a eu le télégramme que Zimmermann, ministre allemand des Affaires étrangères, a envoyé à son ambassadeur au Mexique et qui promettait le soutien de l’Allemagne dans la reconquête des territoires du Texas et de la Californie si le Mexique déclarait la guerre aux États-Unis. Ce télégramme, intercepté par les décrypteurs anglais et transmis au président Wilson, était une preuve irréfutable de l’hostilité de l’Allemagne aux États-Unis. Qu’il existe une forte adhésion au mouvement pangermanique dans certaines parties de l’État n’arrange rien. Si le prêtre est affecté par ces nouvelles troublantes, il refuse que ses paroissiens portent le fardeau de la culpabilité pour des actions auxquelles ils ne participent pas et, plutôt que de détruire les livres dénoncés par le Comité d’éducation, il les a mis au grenier du presbytère.
Ils ne parlent pas beaucoup du frère d’Albert. Le prêtre envisage un instant une manière délicate de s’enquérir de Raymond, puis se ravise : il ne veut pas créer d’embarras. Il choisit de les interroger sur leur fils aîné.
— Des nouvelles d’Eberhard ? Dans quelle division se trouve-t-il, redites-moi ?
— La 32e, répond Albert. Ils sont stationnés au camp McArthur, à Waco, au Texas, mais ils vont partir pour Camp Merritt, dans le New Jersey. Ensuite, ils embarqueront pour la France, en février ou en mars. Eberhard n’aime pas le Texas. Une région aride, apparemment. Il dit que le fleuve et les pins lui manquent. Pas plus tard que la semaine dernière, nous avons reçu une lettre de son commandant. D’après lui, Eberhard est exceptionnel dans tout ce qu’il fait et il a le « don de la diplomatie », ce qui aide grandement à préserver la cohésion de son unité. Il dit que nous devrions être fiers de lui.
— Il a raison.
Le prêtre le pense sincèrement, toutefois, il ne parvient pas à savoir si le ton d’Albert était celui de la résignation ou du consentement.
— Comment va Frank ? demande-t-il ensuite.
— Il est malheureux. Il est amer parce qu’il n’a pas réussi les examens physiques de l’armée en raison d’un souffle au cœur. Il se sent inutile, même si je ne peux pas me passer de lui à la ferme, répond Albert.
— Il va mieux. Mais il demeure inquiet, ajoute Magdalena.
— Pourquoi ne lui proposez-vous pas une nouvelle fois de s’inscrire à l’université ? Mieux encore, dit le père Boland, pourquoi ne pas demander à Eberhard d’écrire une lettre à son frère pour l’inciter à y aller ? Comme ça, Frank pourra habiter chez Raymond et suivre des cours.
— Frank n’a jamais beaucoup aimé l’école. Il n’a jamais été studieux comme Eberhard ; il aime davantage la chasse et la pêche que la lecture, dit Magdalena.
— Il aime cultiver la terre, non ?
— Beaucoup, répond Albert.
— On développe sans cesse de nouvelles méthodes de culture et l’université du Minnesota a une excellente faculté agricole. Ce serait plus technique ; un domaine dans lequel il se sentirait à l’aise. Pouvez-vous vous permettre de le laisser partir quatre ans ? Il vous serait peut-être d’une plus grande aide encore à son retour.
Ils ne répondent pas tout de suite. C’est Albert qui finit par rompre le silence :
— Je ne veux pas qu’il vive ce qu’Eberhard a traversé. Je ne crois pas que ce soit là une solution sûre.
— Et s’il suivait les cours sous le nom de famille de Honza ? suggère Magdalena.
— Ou le mien, ajoute le prêtre. Je pourrais dire qu’il est mon neveu.
— Il serait renvoyé si jamais on découvrait la vérité, répond Albert. Et s’il n’est pas renvoyé, il obtiendra un diplôme sur lequel ne figurera pas son vrai nom. Je suis sensible à votre offre, mon père, mais je ne supporte pas l’idée de devoir faire une chose pareille.
— Il n’en demeurerait pas moins votre fils. La semaine dernière, il y avait un entrefilet dans le Milwaukee Tribune – peut-être vous a-t-il échappé –, un professeur allemand qui enseignait les sciences politiques à l’université du Minnesota a été révoqué. Si Frank devait s’inscrire pour passer un diplôme très avancé, changer de nom poserait problème. Mais il veut cultiver la terre, et non enseigner. Quand votre frère rentrera de la guerre, peut-être sera-t-il à même d’intervenir pour que le nom de Frank redevienne Kaufmann ; mais dans l’immédiat, Boland est un nom plus sûr.
— Vous vous attireriez des ennuis de la part de l’archidiocèse, si jamais on l’apprenait, dit Magdalena. C’est un mensonge. Et un péché.
— Un péché par action. Et je l’assume. Mon devoir de prêtre, tel que je le conçois, est de protéger les innocents.
— Nous ne pouvons pas vous laisser faire cela.
Albert se lève et va à la fenêtre de la salle à manger.
— Frank Červenka, dit-il au bout d’un petit instant de réflexion. Ça ne me plaît toujours pas qu’il doive changer son nom ! Mais ce serait plus plausible et, en cas de problème, Honza pourrait intervenir.
— Ah, mon Dieu, dit Magdalena, en se couvrant la bouche de la main.
Elle voit d’ici le Tchèque, cet homme costaud et rude, en train de s’asseoir avec le président de l’université, de lui offrir une bière et une chique de tabac avant de lui rebattre les oreilles avec sa vision de l’enseignement.
— Espérons que Frank ne fera rien qui requière la présence de Honza, lance soudain Albert avec un sourire moqueur.
Si le prêtre n’a jamais rencontré Honza, les histoires qu’il a entendues sur son compte lui rappellent celles qui courent au sujet de Roman Zelinski.
— Nous pourrions écrire à Honza pour lui demander s’il n’y a pas deux jeunes gens, ou même un couple, désireux de s’installer ici et d’apprendre à cultiver la terre, propose Albert qui continue à réfléchir à haute voix. Nous pourrions retaper la maison des Weir pour qu’ils y habitent. Comme ça, nous aiderions quelqu’un et nous obtiendrions de l’aide en échange si Frank s’en allait. Et si c’est Eberhard qui présente l’idée à Frank, je crois que ça pourrait marcher.
Le prêtre n’est pas dupe des raisons pour lesquelles, brusquement, Albert accepte la situation. La tristesse sur son visage est flagrante et il saisit parfaitement le fil de sa pensée. Albert sait que son fils aîné est inquiet. Il ne veut pas qu’il soit frustré d’être à la ferme. Mais il est en train de perdre les personnes qui lui sont le plus proches.
Tout en regagnant la ville, le père Boland se demande s’il aurait pu être un parent aussi dévoué, s’il aurait pu
supporter le départ de ses enfants, surtout en temps de guerre. C’est une épreuve bien plus difficile que tout ce qu’on lui a jamais demandé d’endurer, et il éprouve quelque honte à être ainsi protégé par sa vie d’homme d’Église.
*
* *
On est déjà à la mi-février lorsque Frank reçoit un colis que son frère lui a expédié de Camp Merritt, dans le New Jersey. Il y est joint une lettre, une photo d’Eberhard en uniforme et deux autres, où il apparaît avec des amis du 128e régiment d’infanterie.
« Oncle Honza sera très heureux de t’avoir comme neveu par le nom ! Il surveille la maison d’oncle Ray, mais il a besoin qu’elle soit habitée. Tu nous rendrais un grand service, à oncle Ray et à moi-même. Et puis, c’est amusant, l’université. Tu verras. »
Ainsi que le père Boland l’a prédit, la lettre d’Eberhard suffit à convaincre Frank d’aller à l’université, sous le nom de Červenka. Juste après l’arrivée de cette lettre, Eberhard s’est embarqué pour la France avec la 32e division.
Frank part pour Minneapolis vers la fin du mois d’avril. Il lui faut rattraper toute une partie du programme avant d’entamer le trimestre d’automne ; l’été lui permettra aussi d’emménager sur les Flats et de récupérer des affaires.
À cette occasion, Albert lui a fait confectionner un nouveau costume par le tailleur de la ville, un costume de serge bleue. Albert et Magdalena sont heureux pour leur fils cadet : il a fini par trouver un objectif dans la vie. Toutefois, au vu des événements de l’année écoulée, leurs émotions se teintent de gravité. Debout sur le quai, alors qu’ils regardent le train s’éloigner et disparaître hors de vue, cette vision leur rappelle étrangement la dernière visite à Eberhard : c’était pour la Noël 1914. Dans deux semaines, ils reviendront dans cette même gare afin d’accueillir le jeune couple de Norvégiens recommandé par Honza et qui sera chargé de remplacer Frank à la ferme.
Lorsqu’ils regagnent leur chariot, Albert confie les rênes à Magdalena en lui disant qu’il a une affaire à régler en ville et que Roman le ramènera à la maison. Il est onze heures du matin. Albert entre dans la taverne de Schaeffer et commande une bière.
Bohemian Flats Page 31