Bohemian Flats

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Bohemian Flats Page 33

by Mary Relindes Ellis


  — Pourquoi Jacob aurait-il fait une chose pareille ? demande Magdalena.

  — Sœur Augusta se pose la même question. Certaines religieuses sentent encore les coups de pied que Ruby leur a donnés.

  — Elle ne se serait pas beaucoup mieux comportée à Fox Lake, fait observer Henry Two Knives. La petite n’avait pas de grands-parents, d’oncles ni de tantes pour l’aider à devenir une jeune fille convenable. Personne ne comprend plus Jacob depuis qu’il est revenu de cette école, ni pourquoi il fait des choses pareilles.

  — Comme offrir un nouvel enterrement à Joseph Weir, observe Albert.

  Il regarde Henry, puis Ilmarinen.

  — Il a enterré Marie ici, près de la maison, reprend-il. Voulez-vous qu’elle soit transférée et inhumée à Fox Lake ? Ou bien en ville ?

  — Elle a reçu le baptême catholique, dit Magdalena. Même si elle n’allait pas à l’église.

  — Non. Il faut qu’elle reste là où Jacob l’a enterrée, répond Henry Two Knives. Et pour ce qui est de l’enfant, le père Boland a raison. On n’aurait pratiquement eu aucune chance si l’État avait fait emmener la petite. Sans compter que l’État l’aurait placée dans une pension pour Indiens. Au moins, chez les sœurs, elle ne sera pas loin.

  Son regard se perd au-delà de la fenêtre et quand il reprend la parole, c’est comme s’il se parlait à lui-même.

  — En laissant sa fille au couvent, Jacob nous a au moins évité une nouvelle lutte. Ce fardeau n’est plus le nôtre, mais le sien, et je n’aimerais pas être à sa place. C’est une chose horrible qu’il a faite. Abandonner son propre enfant. Elle n’a plus que vous, maintenant, dit-il en se tournant vers Magdalena.

  *

  * *

  Elle rêve de Marie toutes les nuits : elle la voit qui parle, mais n’entend pas ce qu’elle dit. Un matin elle se décide enfin. Après avoir hésité à envoyer Hilda en ville avec Albert, elle renonce : la petite viendra avec elle. Leur relation a radicalement changé depuis leur séjour sur les Flats.

  — C’était atroce pour vous tous, évidemment, de vivre tout ça, lui a dit Marjaana quand elle a appris les bagarres qui s’étaient déroulées sur les Flats. Mais finalement, ça lui a causé un choc salutaire, ça l’a fait tomber de son piédestal de vertu. Je parie que se faire uriner dessus n’avait rien d’agréable.

  Magdalena et Hilda se rendent chez les Bleu. Jacob a creusé la tombe aussi près que possible du grand orme sans en entailler les énormes racines. Il n’y a pas de pierre tombale, seulement le nom de la défunte gravé sur le tronc de l’arbre : « Marie Cadotte Bleu », accompagné de ses dates de naissance et de mort. Jacob a gravé une troisième ligne : « Nous nous retrouverons*. » Magdalena est certaine qu’il n’a pas gravé ces mots le jour où il a inhumé son épouse. Il est revenu exprès les rajouter. En tout cas, c’est le fait d’être écrite en français qui rend cette phrase si émouvante. Magdalena dresse l’oreille : aucun bruit nulle part. Rien que l’appel du mâle lancé par les geais gris et les mésanges. Si le vert éclatant est devenu plus sombre, la clairière n’en demeure pas moins enchanteresse. Une route longe désormais cet endroit, mais elle est suffisamment en retrait pour que personne ne devine que l’on a vécu ici. Elle a pourtant l’impression que quelqu’un est tout près, qu’on les surveille. Elle regarde Hilda et met un doigt sur ses lèvres.

  — Jacob ! lance-t-elle. Je ne vous juge pas !

  Ce sont des paroles sincères. Elle s’est réveillée la nuit dernière en se rappelant les raisons qui l’avaient poussée à enterrer elle-même sa fille, des raisons inconnues de tous, à l’exception d’Aino et de Raymond.

  Elle met pied à terre, aide Hilda à en faire autant, puis elle prend dans la sacoche de selle deux pelles munies d’une poignée et un sac de jute rempli de bulbes d’iris, dont elle donne la moitié à Hilda. Elle attache le cheval de manière suffisamment lâche pour qu’il puisse paître l’herbe luxuriante qui croît autour de la maison. L’une en face de l’autre, elles plantent les bulbes des deux côtés de la tombe et à l’extrémité où, selon Magdalena, repose la tête de Marie.

  — Si tout se passe bien, ils vont s’acclimater et bientôt ils formeront tout un tapis, explique Magdalena.

  L’iris était la fleur préférée de sa mère, mais aussi de Marie. Magdalena avait planté des iris violets durant le premier mois de juillet qu’ils avaient passé ici et elle en apportait souvent un bouquet à Marie lorsqu’ils fleurissaient au printemps.

  — Presque comme des sabots de Vénus, disait Marie.

  Elle décrivait alors à Magdalena la fleur sauvage qui poussait dans les marais des îles des Apôtres.

  Hilda trouve un seau près de la pompe et le remplit. Elle répand l’eau sur les bulbes, puis elle se redresse et contemple leur œuvre, ainsi que la sépulture.

  — Si je meurs, tu en planteras sur ma tombe ? demande Hilda.

  — Ma chérie, tu ne vas pas mourir avant longtemps. Tu me survivras. Mais j’aimerais bien que tu en plantes sur la mienne quand je mourrai.

  Elles s’attardent encore quelques minutes. Magdalena n’a jamais expliqué à Marie la signification de ces fleurs, ce que les Grecs croyaient à leur propos, parce qu’elle ne voulait rien insinuer de négatif, étant donné la maladie dont souffrait Marie Bleu. On mettait des iris sur la tombe des femmes pour faire venir la déesse Iris qui les guiderait ensuite dans leur voyage après la mort.

  Avant de partir, Magdalena se penche et lisse la terre qui recouvre le petit creux superficiel. Puisque Marie avait emprunté des traditions et des croyances des deux côtés de sa famille, cela ne pourrait pas lui faire de mal de bénéficier d’un autre soutien spirituel, même s’il trouve son origine parmi un peuple aussi ancien que celui des Grecs de l’Antiquité.

  *

  * *

  Frank se tient sur le seuil de la maison de son oncle, une bouteille de bière à la main. Il a fini ses cours plus tôt aujourd’hui pour apporter l’acte de propriété de la maison ainsi qu’une copie du testament d’Alžběta à la mairie de Minneapolis, afin de prouver que son oncle possède bien et la maison, et le terrain. Il a insisté pour qu’on fouille dans les archives jusqu’à ce qu’on retrouve la copie de l’acte. Lorsqu’on l’a enfin retrouvée, il a de nouveau insisté pour qu’on lui remette un document attestant que la maison et le terrain, jadis propriété d’Alžběta Dvořák, puis de Magdalena et Albert Kaufmann, appartiennent désormais à Raymond Kaufmann.

  — Vous êtes un parent ? a demandé l’employé de la mairie.

  — Oui, le neveu de Raymond Kaufmann.

  Par chance, l’employé n’a pas cherché plus loin. En rentrant, Frank s’est empressé de ranger le document dans le coffre placé sous le lit de son oncle.

  On est presque en octobre. La ferme lui manque, mais il sait qu’il a fait le bon choix en s’inscrivant au département d’études agricoles de l’université. Ainsi que l’avait prédit Eberhard, il s’amuse, même s’il ne fréquente ni les soirées ni les réceptions. Les cours de l’université n’ont rien à voir avec l’école. Les études lui réussissent : il excelle en chimie, en biologie et en agronomie. Au trimestre prochain, il va étudier la gestion de la ferme et l’élevage. Il a même réussi à se faire appeler Frank Červenka au lieu de Frank Kaufmann. Cette ruse lui permet d’être quelqu’un dont il ne soupçonnait pas l’existence : elle lui donne pour la première fois l’impression d’avoir une identité différente de celle de son père et de son frère. Il a davantage le sentiment d’être un homme, et c’est cette assurance croissante qui lui a permis de se rendre seul à la mairie.

  Il scrute les maisons en contrebas. Cooper Street est sur la partie la plus élevée des Flats, seule Mill Street se trouve encore plus haut. En bas, il y a Wood Street, où les loyers sont moins chers car les maisons sont construites directement sur la rive. Sa partie inférieure est inondée chaque printemps, quand le fleuve est en crue, si bien qu’on l’appelle la « Petite Venise ». Tous les habitants de Wood Street possèdent un bateau et, pendant au moins le mois e
t demi que dure la crue, ils passent d’une maison à l’autre dans des barques qu’ils dirigent à la perche. Si une maison est entièrement inondée, les habitants du niveau supérieur des Flats hébergent provisoirement la famille concernée.

  C’est Honza qui lui a expliqué la hiérarchisation sociale des Flats en fonction des niveaux, car ce phénomène ne lui était pas apparu quand il était petit. Mill Street abrite ceux qui occupent les meilleurs emplois et Wood Street, les nouveaux arrivants, qui ont au contraire les emplois les moins bien payés. Cette organisation sociale donne parfois lieu à des remarques déplacées, mais sans conséquence. De toute façon, ces rancunes sont oubliées pour le moment : tout le monde est à cran depuis l’apparition des officiers municipaux. Ces derniers arpentent les rues et abordent les résidents en leur demandant depuis combien de temps ils habitent ici, ou encore qui occupe quelle maison. La ville est soumise à un traitement implacable. Septembre a été meurtrier. Les familles Pafko, Kovach, Novák, Karitish et Michenko ont chacune perdu un fils. La semaine dernière, Honza et Žena ont reçu un télégramme : Marek a trouvé la mort dans la bataille de l’Argonne. La rage, puis les sanglots de Honza se sont fait entendre à travers tous les Flats.

  En raison de la guerre, les habitants souffrent aussi de pénuries, bien pires ici qu’en ville. Les connaissances agricoles fraîchement acquises de Frank se révèlent donc très utiles. Il apporte aux habitants de nouvelles graines et leur montre de meilleures façons de cultiver leurs plates-bandes, ce qui permet de doubler la récolte de légumes. Il a également reconstruit des poulaillers, limitant ainsi le risque de maladies qui se propagent le plus souvent lorsque l’on élève ensemble des volées d’oiseaux inconnus.

  Il entend soudain des bruits de pas et aperçoit Honza qui arrive depuis l’autre bout de la rue ; le vieil homme porte un fusil.

  — Vous allez chasser le canard ? demande-t-il.

  — Les rats, répond Honza.

  Tout en disant cela, il s’assied sur les marches de la maison.

  — Wood Street est infestée de rats. J’ai dit que j’en tuerais autant que je pourrais. J’espère seulement que ça va pas empirer au point qu’on doive les manger, ajoute-t-il dans une grimace.

  — J’ai cru que vous étiez à la recherche d’inspecteurs municipaux.

  — Des sales rats, ceux-là aussi.

  Frank pénètre dans la maison et en ressort avec une autre bière. Ils trinquent tout en écoutant le chant des cigales et des criquets. Ils entendent soudain comme un bruit de clairon et une oie solitaire passe au-dessus de leur tête. Honza s’essuie le visage sur sa manche.

  — Je ne voulais pas que Marek y aille. « Ça n’est pas notre guerre », je lui ai dit. Mais c’est difficile d’encaisser des insultes quand vous n’êtes qu’un jeune blanc-bec. Marek n’en pouvait plus qu’on le traite de sale Bohêmien, exactement comme Eberhard détestait qu’on le traite de Fritz. Je ne sais pas ce qu’ils ont dans cette ville. Eux aussi ils viennent d’ailleurs, mais si on leur pose la question, ils répondent toujours qu’ils sont américains. Nous, on se bat pour l’Amérique, comme eux. On paie le même prix.

  Il dépose son fusil à côté de lui sur les marches avant de poursuivre :

  — Je voulais rester en dehors de tout ça. Mais Ray m’a dit qu’on ne pouvait pas faire l’autruche. Si l’empire des Habsbourg l’emporte, il essaiera de gouverner le monde. Et je veux bien être pendu si je dois encore vivre sous un tel joug. Au fait, tu as eu des nouvelles d’Eberhard ? Ou de ton oncle Ray ?

  Frank hésite. Il songe aux récits que rapportent les journaux, à l’envoi des listes de soldats tombés pendant l’avancée du 18 septembre en France. Eberhard a survécu, mais non Marek.

  — Allez, raconte. J’ai besoin de bonnes nouvelles.

  Sur ces mots, Honza lui donne un léger coup de poing à l’épaule.

  — J’ai reçu une lettre d’Eberhard hier et je suis sans nouvelles d’oncle Ray depuis son départ. Eberhard va bien. Il a été blessé par un éclat d’obus à la jambe gauche. Sinon, ses lettres ne racontent pas grand-chose.

  Dans la toute dernière pourtant, Eberhard a confié à Frank qu’il tenait un journal et que s’il lui arrivait quoi que ce soit, ce serait à lui, son frère, que cet objet devrait revenir. Frank soupçonne ce journal de contenir tout ce qu’Eberhard n’a pas pu dire dans ses lettres.

  — Celles de Marek non plus ne racontaient pas grand-chose. Certains mots étaient découpés. Le courrier des soldats passe par la censure.

  — Que croyez-vous qu’il fait là bas, l’oncle Ray ?

  — Je ne sais pas. Mais je te garantis qu’il n’est pas fantassin. Avec le cerveau et l’instruction qu’il a, il est sans doute bien au-dessus dans la hiérarchie.

  Frank a le sentiment que Honza en sait plus qu’il n’en dit, qu’il a peut-être même des contacts avec Raymond. C’est l’un des paradoxes de Honza : il est colérique, enflammé à propos de ce qu’il aime et tout aussi virulent à propos de ce qu’il n’aime pas ; il peut être grossier, puis redevenir courtois et bien élevé en moins de quelques secondes. Certains pensent qu’avec lui il est inutile d’aller au-delà des apparences, mais Frank sait que ce n’est pas vrai. Malgré son manque d’instruction, Honza est un penseur. Quand on lui dit de tenir sa langue, il le fait et enterre le secret en question dans les profondeurs de son âme.

  — Tu pourrais lui vriller la cervelle pour essayer d’y trouver des renseignements, il ne te les donnerait pas. Et en plus, c’est ta cervelle à toi qui finirait en bouillie si tu le mets de mauvais poil, avait un jour dit Eberhard.

  Frank décide de changer de sujet :

  — Qu’est-ce qu’on devrait faire ? À propos de la ville ?

  — Eh bien, certains vont vendre pour déménager. Mais nous, on a un avocat et on se battra jusqu’au retour de ton oncle, répond Honza en finissant sa bière. Ray saura quoi faire. Tu te souviens du bonhomme qui a acheté mon grand cheval rouan ?

  Frank hoche la tête. Il se rappelle bien cet événement : il nettoyait les stalles de l’écurie de Honza, dans le quartier de Seven Corners, quand ce dernier avait vendu ce cheval.

  — Il m’a demandé qui tu étais et j’ai répondu que tu étais mon neveu, lance Honza avec un grand sourire. Et tu sais ce qu’il a dit ?

  — Quoi ?

  — Que tu étais mon portrait craché ! beugle Honza en se tapant sur la cuisse.

  Ce soir-là, Frank se regarde dans le miroir : il examine son visage et ses oreilles pour voir s’il n’y aurait pas des poils. Il a peur que son nom d’emprunt n’ait une influence concrète sur sa personne. Un second coup d’œil achève de le rassurer : cette idée est ridicule. Honza l’a fait marcher et il a probablement bien ri en rentrant chez lui. Frank s’assied à la table de la cuisine et commence une lettre à Eberhard pour lui rapporter les propos de Honza. Peut-être qu’ils le feront rire, lui aussi.

  *

  * *

  Eberhard a tellement vomi qu’il a l’impression de s’être déchiré un muscle du ventre. Il a également la dysenterie. Une infirmière et un médecin finissent tout juste de changer ses draps souillés d’excréments.

  — Qu’est-ce que j’ai ? murmure-t-il.

  — La grippe, répond le médecin. Vous et six autres. Ce n’est pas très étonnant, vu la pluie, la boue et le froid qu’on a ici.

  — Où sommes-nous ?

  — Vous dites ? demande le médecin en se penchant vers lui.

  — Où sommes-nous ? répète-t-il.

  — Nous sommes toujours dans l’Argonne. Vous étiez trop malade pour être évacué. Savez-vous comment vous vous appelez ?

  — Kaufmann. Caporal Kaufmann.

  Eberhard délire à moitié ; il fixe le médecin. Seuls les yeux sont visibles : la moitié inférieure de son visage est dissimulée par un masque.

  — Est-ce que je vais mourir ?

  — J’en doute. Vous avez passé une mauvaise nuit, mais vous allez considérablement mieux. Voici l’infirmière. Buvez autant d’eau que possible et tâchez de la garder.


  Il passe le reste de la matinée à dormir. À midi, quand il se réveille, il a les idées plus claires. La même infirmière lui apporte un bol de porridge et commence à lui donner la becquée.

  — Vous êtes une femme. Américaine.

  — Oui. Les deux, répond-elle en étouffant un rire.

  Elle a un accent du Sud. Ses yeux, aussi bleus que celui du père Boland, sont mis en valeur par des cheveux blond paille dont l’essentiel est ramené sous sa coiffe blanche. Sa peau et sa voix sont comme du miel.

  — Vous êtes tellement jolie.

  Là, elle éclate de rire.

  — Ah, nous sommes si peu nombreuses que les soldats nous trouvent de plus en plus jolies chaque jour.

  Au moment où elle tourne la tête, il remarque son pansement.

  — Que vous est-il arrivé au cou ?

  — Un minuscule éclat d’obus. Je ne m’en suis pas rendu compte, jusqu’à ce que le médecin voie du sang couler sur ma nuque. Franchement, ce n’est rien.

  Il tente de se redresser, mais elle le force à rester allongé.

  — Je suis ici depuis combien de temps ?

  — Quatre jours.

  — Quel jour sommes-nous ?

  — Le 4 novembre.

  Elle repart s’occuper d’autres soldats, étendus sur de longues rangées de lits de camp. La plupart sont blessés. Il aurait pu être tué ou blessé en de nombreuses occasions, mais il est indemne après plusieurs mois de combats, si ce n’est qu’il a une légère blessure causée par un éclat d’obus à la jambe gauche. Il souffre également de symptômes psychologiques que tous doivent endurer : cauchemars, tremblements, fatigue. Il a entendu l’un des médecins appeler ce phénomène neurasthénie.

  Tout juste trois semaines auparavant, la 32e division avait traversé la ligne Hindenburg en Argonne. Les 126e, 127e régiments et le 2e bataillon du 128e régiment d’infanterie avaient réussi à pénétrer dans une région boisée entre Bantheville et Landres-et-Saint-Georges. Une patrouille avait été envoyée pour estimer dans quelles conditions ils pourraient avancer. Et cette patrouille avait rapporté qu’en dépit de lourds tirs d’obus, la ceinture de barbelés sur la ligne de front allemande était intacte. Il fallait couper les fils pour que le 128e régiment puisse la franchir. Eberhard comptait parmi les quinze volontaires désignés. On leur avait tendu des cisailles.

 

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