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Les Index Noires

Page 13

by Jules Verne


  Un jour, après une longue exploration de la partie sud de la houillère — exploration qui avait duré plusieurs jours à travers les dernières galeries de cette énorme substruction —, Harry avait péniblement gravi une étroite galerie, évidée dans un écartement de la roche schisteuse. Tout à coup, il fut très surpris de se trouver en plein air. La galerie, après avoir remonté obliquement vers la surface du sol, aboutissait précisément aux ruines de Dundonald Castle. Il y existait donc une communication secrète entre la Nouvelle-Aberfoyle et la colline que couronnait le vieux château. L'orifice supérieur de cette galerie eût été impossible à découvrir extérieurement, tant il était obstrué de pierres et de broussailles. Aussi, lors de l'enquête, les magistrats n'avaient-ils pu y pénétrer.

  Quelques jours après, James Starr, conduit par Harry, vint reconnaître lui-même cette disposition naturelle du gisement houiller.

  « Voilà, dit-il, de quoi convaincre les superstitieux de la mine. Adieu, les brawnies, les lutins et les Dames de feu !

  — Je ne crois pas, monsieur Starr, répondit Harry, que nous ayons lieu de nous en féliciter ! Leurs remplaçants ne valent pas mieux et peuvent être pires, assurément !

  — En effet, Harry, reprit l'ingénieur, mais qu'y faire ? Évidemment, les êtres quelconques qui se cachent dans la mine, communiquent par cette galerie avec la surface du sol. Ce sont eux, sans doute, qui, la torche à la main, pendant cette nuit de tourmente, ont attiré le Motala à la côte, et, comme les anciens pilleurs d'épaves, ils en eussent volé les débris, si Jack Ryan et ses compagnons ne se fussent pas trouvés là ! Quoi qu'il en soit, enfin, tout s'explique. Voilà l'orifice du repaire ! Quant à ceux qui l'habitaient, l'habitent-ils encore ?

  — Oui, puisque Nell tremble, lorsqu'on lui en parle ! répondit Harry avec conviction. Oui, puisque Nell ne veut pas ou n'ose pas en parler ! » Harry devait avoir raison. Si les mystérieux hôtes de la houillère l'eussent abandonnée, ou s'ils étaient morts, quelle raison aurait eue la jeune fille de garder le silence ?

  Cependant, James Starr tenait absolument à pénétrer ce secret. Il pressentait que l'avenir de la nouvelle exploitation pouvait en dépendre. On prit donc de nouveau les plus sévères précautions. Les magistrats furent prévenus. Des agents occupèrent secrètement les ruines de Dundonald-Castle. Harry lui-même se cacha, pendant plusieurs nuits, au milieu des broussailles qui hérissaient la colline. Peine inutile. On ne découvrit rien. Nul être humain n'apparut à travers l'orifice.

  On en arriva bientôt à cette conclusion, que les malfaiteurs avaient dû définitivement quitter la Nouvelle-Aberfoyle, et que, quant à Nell, ils la croyaient morte au fond de ce puits où ils l'avaient abandonnée. Avant l'exploitation, la houillère pouvait leur offrir un refuge assuré, à l'abri de toute perquisition. Mais, depuis, les circonstances n'étaient plus les mêmes. Le gîte devenait difficile à cacher. On aurait donc dû raisonnablement espérer qu'il n'y avait plus rien à craindre pour l'avenir. Cependant, James Starr n'était pas absolument rassuré. Harry, non plus, ne pouvait se rendre, et il répétait souvent :

  « Nell a été évidemment mêlée à tout ce mystère. Si elle n'avait plus rien à redouter, pourquoi garderait-elle le silence ? On ne peut douter qu'elle soit heureuse d'être avec nous ! Elle nous aime tous ! Elle adore ma mère ! Si elle se tait sur son passé, sur ce qui pourrait nous rassurer pour l'avenir, c'est donc que quelque terrible secret, que sa conscience lui interdit de dévoiler, pèse sur elle ! Peut-être aussi, dans notre intérêt plus que dans le sien, croit-elle devoir se renfermer dans cet inexplicable mutisme ! »

  C'est par suite de ces diverses considérations que, d'un accord commun, il avait été convenu qu'on écarterait de la conversation tout ce qui pouvait rappeler son passé à la jeune fille.

  Un jour, cependant, Harry fut amené à faire connaître à Nell ce que James Starr, son père, sa mère et lui-même croyaient devoir à son intervention.

  C'était jour de fête. Les bras chômaient aussi bien à la surface du comté de Stirling que dans le domaine souterrain. On s'y promenait un peu partout. Des chants retentissaient, en vingt endroits, sous les voûtes sonores de la Nouvelle-Aberfoyle.

  Harry et Nell avaient quitté le cottage et suivaient à pas lents la rive gauche du lac Malcolm. Là, les éclats électriques se projetaient avec moins de violence, et leurs faisceaux se brisaient capricieusement aux angles de quelques pittoresques rochers qui soutenaient le dôme. Cette pénombre convenait mieux aux yeux de Nell, qui ne se faisaient que très difficilement à la lumière.

  Après une heure de marche, Harry et sa compagne s'arrêtèrent en face de la chapelle de Saint-Gilles, sur une sorte de terrasse naturelle, qui dominait les eaux du lac.

  « Tes yeux, Nell, ne sont pas encore habitués au jour, dit Harry, et certainement, ils ne pourraient supporter l'éclat du soleil.

  — Non, sans doute, répondit la jeune fille, si le soleil est tel que tu me l'as dépeint, Harry.

  — Nell, reprit Harry, en te parlant, je n'ai pu te donner une juste idée de sa splendeur ni des beautés de cet univers que tes regards n'ont jamais observé. — Mais, dis-moi, se peut-il que depuis le jour où tu es née dans les profondeurs de la houillère, se peut-il que tu ne sois jamais remontée à la surface du sol ?

  — Jamais, Harry, répondit Nell, et je ne pense pas que, même petite, ni un père ni une mère m'y aient jamais portée. J'aurais certainement gardé quelque souvenir du dehors !

  — Je le crois, répondit Harry. D'ailleurs, à cette époque, Nell, bien d'autres que toi ne quittaient jamais la mine. Les communications avec l'extérieur étaient difficiles, et j'ai connu plus d'un jeune garçon ou d'une jeune fille, qui, à ton âge, ignoraient encore tout ce que tu ignores des choses de là-haut ! Mais maintenant, en quelques minutes, le railway du grand tunnel nous transporte à la surface du comté. J'ai donc hâte, Nell, de t'entendre me dire : « viens, Harry, mes yeux peuvent supporter la lumière du jour, et je veux voir le soleil ! Je veux voir l'uvre de Dieu ! »

  — Je te le dirai, Harry, répondit la jeune fille, avant peu, je l'espère. J'irai admirer avec toi ce monde extérieur, et cependant...

  — Que veux-tu dire, Nell ? demanda vivement Harry. Aurais-tu quelque regret d'avoir abandonné le sombre abîme dans lequel tu as vécu pendant les premières années de ta vie, et dont nous t'avons retirée presque morte ?

  — Non, Harry, répondit Nell. Je pensais seulement que les ténèbres sont belles aussi. Si tu savais tout ce qu'y voient des yeux habitués à leur profondeur ! Il y a des ombres qui passent et qu'on aimerait à suivre dans leur vol ! Parfois ce sont des cercles qui s'entrecroisent devant le regard et dont on ne voudrait plus sortir ! Il existe, au fond de la houillère, des trous noirs, pleins de vagues lumières. Et puis, on entend des bruits qui vous parlent ! vois-tu, Harry, il faut avoir vécu là pour comprendre ce que je ressens, ce que je ne puis t'exprimer !

  — Et tu n'avais pas peur, Nell, quand tu étais seule ?

  — Harry, répondit la jeune fille, c'est quand j'étais seule que je n'avais pas peur ! » La voix de Nell s'était légèrement altérée en prononçant ces paroles. Harry, cependant, crut devoir la presser un peu, et il dit :

  « Mais on pouvait se perdre dans ces longues galeries, Nell. Ne craignais-tu donc pas de t'y égarer ?

  — Non, Harry. Je connaissais, depuis longtemps, tous les détours de la nouvelle houillère !

  — N'en sortais-tu pas quelquefois ?...

  — Oui.., quelquefois.., répondit en hésitant la jeune fille, quelquefois, je venais jusque dans l'ancienne mine d'Aberfoyle.

  — Tu connaissais donc le vieux cottage ?

  — Le cottage.., oui.., mais, de bien loin seulement, ceux qui l'habitaient !

  — C'étaient mon père et ma mère, répondit Harry, c'était moi ! Nous n'avions jamais voulu abandonner notre ancienne demeure !

  — Peut-être cela aurait-il mieux valu pour vous !... murmura la jeune fille.

  — Et pourquoi, Nell ? N'est-ce pas notre obstination à ne pas la quitte
r, qui nous a fait découvrir le nouveau gisement ? Et cette découverte n'a-t-elle pas eu des conséquences heureuses pour toute une population qui a reconquis ici l'aisance par le travail, pour toi, Nell, qui, rendue à la vie, as trouvé des curs tout à toi !

  — Pour moi ! répondit vivement Nell... Oui ! quoi qu'il puisse arriver ! Pour les autres.., qui sait ?...

  — Que veux-tu dire ?

  — Rien... rien !... Mais, il y avait danger à s'introduire, alors, dans la nouvelle houillère ! Oui ! grand danger ! Harry ! Un jour, des imprudents ont pénétré dans ces abîmes. Ils ont été loin, bien loin ! Ils se sont égarés...

  — Égarés ? dit Harry en regardant Nell.

  — Oui... égarés... répondit Nell, dont la voix tremblait. Leur lampe s'est éteinte ! Ils n'ont pu retrouver leur chemin...

  — Et là, s'écria Harry, emprisonnés pendant huit longs jours, Nell, ils ont été près de mourir ! Et sans un être secourable, que Dieu leur a envoyé, un ange peut-être, qui leur a secrètement apporté un peu de nourriture, sans un guide mystérieux qui, plus tard, a conduit jusqu'à eux leurs libérateurs, ils ne seraient jamais sortis de cette tombe !

  — Et comment le sais-tu ? demanda la jeune fille.

  — Parce que ces hommes c'était James Starr.., c'était mon père... c'était moi, Nell ! »

  Nell, relevant la tête, saisit la main du jeune homme, et elle le regarda avec une telle fixité, que celui-ci se sentit troublé jusqu'au plus profond de son cur.

  « Toi ! répéta la jeune fille.

  — Oui ! répondit Harry, après un instant de silence, et celle à qui nous devons de vivre, c'était toi,

  Nell ! Ce ne pouvait être que toi ! » Nell laissa tomber sa tête entre ses deux mains, sans répondre. Jamais Harry ne l'avait vue aussi vivement impressionnée.

  « Ceux qui t'ont sauvée, Nell, ajouta-t-il d'une voix émue, te devaient déjà la vie, et crois-tu qu'ils puissent jamais l'oublier ? »

  XVI. Sur l'échelle oscillante

  Cependant, les travaux d'exploitation de la Nouvelle-Aberfoyle étaient conduits avec grand profit. Il va sans dire que l'ingénieur James Starr et Simon Ford — les premiers découvreurs de ce riche bassin carbonifère — participaient largement à ces bénéfices. Harry devenait donc un parti. Mais il ne songeait guère à quitter le cottage. Il avait remplacé son père dans les fonctions d'overman et surveillait assidûment tout ce monde de mineurs.

  Jack Ryan était fier et ravi de toute cette fortune qui arrivait à son camarade. Lui aussi, il faisait bien ses affaires. Tous deux se voyaient souvent, soit au cottage, soit dans les travaux du fond. Jack Ryan n'était pas sans avoir observé les sentiments qu'éprouvait Harry pour la jeune fille. Harry n'avouait pas, mais Jack riait à belles dents, lorsque son camarade secouait la tête en signe de dénégation.

  Il faut dire que l'un des plus vifs désirs de Jack Ryan était d'accompagner Nell, lorsqu'elle ferait sa première visite à la surface du comté. Il voulait voir ses étonnements, son admiration devant cette nature encore inconnue d'elle. Il espérait bien qu'Harry l'emmènerait pendant cette excursion. Jusqu'ici, cependant, celui-ci ne lui en avait pas fait la proposition, — ce qui ne laissait pas de l'inquiéter un peu.

  Un jour, Jack Ryan descendait l'un des puits d'aération par lequel les étages inférieurs de la houillère communiquaient avec la surface du sol. Il avait pris l'une de ces échelles qui, en se relevant et en s'abaissant par oscillations successives, permettent de descendre et de monter sans fatigue. Vingt oscillations de l'appareil l'avaient abaissé de cent cinquante pieds environ, lorsque, sur l'étroit palier où il avait pris place, il se rencontra avec Harry, qui remontait aux travaux du jour.

  « C'est toi ? dit Jack, en regardant son compagnon, éclairé par la lumière des lampes électriques du puits.

  — Oui, Jack, répondit Harry, et je suis content de te voir. J'ai une proposition à te faire...

  — Je n'écoute rien avant que tu m'aies donné des nouvelles de Nell ! s'écria Jack Ryan.

  — Nell va bien, Jack, et si bien même que, dans un mois ou six semaines, je l'espère...

  — Tu l'épouseras, Harry ?

  — Tu ne sais ce que tu dis, Jack !

  — C'est possible, Harry, mais je sais bien ce que je ferai !

  — Et que feras-tu ?

  — Je l'épouserai, moi, si tu ne l'épouses pas, toi ! répliqua Jack, en éclatant de rire. Saint Mungo me protège ! mais elle me plaît, la gentille Nell ! Une jeune et bonne créature qui n'a jamais quitté la mine, c'est bien la femme qu'il faut à un mineur ! Elle est orpheline comme je suis orphelin, et, pour peu que tu ne penses vraiment pas à elle, et qu'elle veuille de ton camarade, Harry !... »

  Harry regardait gravement Jack. Il le laissait parler, sans même essayer de lui répondre.

  « Ce que je dis là ne te rend pas jaloux, Harry ? demanda Jack Ryan d'un ton un peu plus sérieux.

  — Non, Jack, répondit tranquillement Harry.

  — Cependant, si tu ne fais pas de Nell ta femme, tu n'as pas la prétention qu'elle reste vieille fille ?

  — Je n'ai aucune prétention », répondit Harry.

  Une oscillation de l'échelle vint alors permettre aux deux amis de se séparer, l'un pour descendre, l'autre pour remonter le puits. Cependant, ils ne se séparèrent pas.

  « Harry, dit Jack, crois-tu que je t'aie parlé sérieusement tout à l'heure à propos de Nell ?

  — Non, Jack, répondit Harry.

  — Eh bien, je vais le faire alors !

  — Toi, parler sérieusement !

  — Mon brave Harry, répondit Jack, je suis capable de donner un bon conseil à un ami.

  — Donne, Jack.

  — Eh bien, voilà ! Tu aimes Nell de tout l'amour dont elle est digne, Harry ! Ton père, le vieux Simon, ta mère, la vieille Madge, l'aiment aussi comme si elle était leur enfant. Or, tu aurais bien peu à faire pour qu'elle devînt tout à fait leur fille ! — Pourquoi ne l'épouses-tu pas ?

  — Pour t'avancer ainsi, Jack, répondit Harry, connais-tu donc les sentiments de Nell ?

  — Personne ne les ignore, pas même toi, Harry, et c'est pour cela que tu n'es point jaloux ni de moi, ni des autres. — Mais voici l'échelle qui va descendre, et...

  — Attends, Jack, dit Harry, en retenant son camarade, dont le pied avait déjà quitté le palier pour se poser sur l'échelon mobile.

  — Bon, Harry ! s'écria Jack en riant, tu vas me faire écarteler !

  — Écoute sérieusement, Jack, répondit Harry, car, à mon tour, c'est sérieusement que je parle.

  — J'écoute... jusqu'à la prochaine oscillation, mais pas plus !

  — Jack, reprit Harry, je n'ai point à cacher que j'aime Nell.

  Mon plus vif désir est d'en faire ma femme...

  — Bien, cela.

  — Mais, telle qu'elle est encore, j'ai comme un scrupule de conscience à lui demander de prendre une détermination qui doit être irrévocable.

  — Que veux-tu dire, Harry ?

  — Je veux dire, Jack, que Nell n'a jamais quitté ces profondeurs de la houillère où elle est née, sans doute. Elle ne sait rien, elle ne connaît rien du dehors. Elle a tout à apprendre par les yeux, et peut-être aussi par le cur. Qui sait ce que seront ses pensées, lorsque de nouvelles impressions naîtront en elle ! Elle n'a encore rien de terrestre, et il me semble que ce serait la tromper, avant qu'elle se soit décidée, en pleine connaissance, à préférer à tout autre le séjour dans la houillère. — Me comprends-tu, Jack ?

  — Oui... vaguement... Je comprends surtout que tu vas encore me faire manquer la prochaine oscillation !

  — Jack, répondit Harry d'une voix grave, quand ces appareils ne devraient plus jamais fonctionner, quand ce palier devrait manquer sous nos pieds, tu écouteras ce que j'ai à te dire !

  — A la bonne heure ! Harry. Voilà comment j'aime qu'on me parle ! — Nous disons donc qu'avant d'épouser Nell, tu vas l'envoyer dans un pensionnat de la vieille-Enfumée ?

  — Non, Jack, répondit Harry, je saurai b
ien moi-même faire l'éducation de celle qui devra être ma femme !

  — Et cela n'en vaudra que mieux, Harry !

  — Mais, auparavant, reprit Harry, je veux, comme je viens de te le dire, que Nell ait une vraie connaissance du monde extérieur. Une comparaison, Jack. Si tu aimais une jeune fille aveugle, et si l'on venait te dire : « Dans un mois elle sera guérie ! » n'attendrais-tu pas pour l'épouser que sa guérison fût faite ?

  — Oui, ma foi, oui ! répondit Jack Ryan.

  — Eh bien, Jack, Nell est encore aveugle, et, avant d'en faire ma femme, je veux qu'elle sache bien que c'est moi, que ce sont les conditions de ma vie qu'elle préfère et accepte. Je veux que ses yeux se soient ouverts enfin à la lumière du jour !

  — Bien, Harry, bien, très bien ! s'écria Jack Ryan. Je te comprends à cette heure. Et à quelle époque l'opération ?...

  — Dans un mois, Jack, répondit Harry. Les yeux de Nell s'habituent peu à peu à la clarté de nos disques. C'est une préparation. Dans un mois, je l'espère, elle aura vu la terre et ses merveilles, le ciel et ses splendeurs ! Elle saura que la nature a donné au regard humain des horizons plus reculés que ceux d'une sombre houillère ! Elle verra que les limites de l'univers sont infinies ! »

  Mais, tandis qu'Harry se laissait ainsi entraîner par son imagination, Jack Ryan, quittant le palier, avait sauté sur l'échelon oscillant de l'appareil.

  « Eh ! Jack, cria Harry, où es-tu donc ?

  — Au-dessous de toi, répondit en riant le joyeux compère. Pendant que tu t'élèves dans l'infini, moi, je descends dans l'abîme !

  — Adieu, Jack ! répondit Harry, en se cramponnant lui-même à l'échelle remontante. Je te recommande de ne parler à personne de ce que je viens de te dire !

  — A personne ! cria Jack Ryan, mais à une condition pourtant...

  — Laquelle ?

  — C'est que je vous accompagnerai tous les deux pendant la première excursion que Nell fera à la surface du globe !

  — Oui, Jack, je te le promets », répondit Harry.

 

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