Soie

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Soie Page 3

by Alessandro Baricco


  Ce ne fut rien, ensuite, d’ouvrir la main, et de voir ce billet. Petit. Quelques idéogrammes dessinés l’un en dessous de l’autre. Encre noire.

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  Le lendemain, tôt, le matin, Hervé Joncour partit. Cachés parmi ses bagages, il emportait avec lui des milliers d’œufs de vers à soie, autrement dit l’avenir de Lavilledieu, du travail pour des centaines de personnes, et la richesse pour une dizaine d’autres. À l’endroit où la route tournait vers la gauche, cachant à jamais la vue du village derrière la silhouette de la colline, il s’arrêta, sans s’occuper des deux hommes qui l’accompagnaient. Il descendit de cheval et resta quelques moments sur le bord de la route, le regard sur ces maisons, qui s’agrippaient au dos de la colline.

  Six jours plus tard, Hervé Joncour s’embarqua, à Takaoka, sur un navire de contrebandiers hollandais qui l’amena à Sabirk. De là, il remonta la frontière chinoise jusqu’au lac Baïkal, traversa quatre mille kilomètres de terre sibérienne, franchit les monts Oural, atteignit Kiev, et parcourut en train toute l’Europe, d’est en ouest, avant d’arriver, après trois mois de voyage, en France. Le premier dimanche d’avril – à temps pour la grand-messe – il était aux portes de Lavilledieu. Il vit sa femme Hélène accourir à sa rencontre, et sentit le parfum de sa peau quand il la serra contre lui, et le velours dans sa voix quand elle lui dit

  — Tu es revenu. Avec douceur.

  — Tu es revenu.

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  À Lavilledieu, la vie filait simplement, réglée par une méthodique normalité. Hervé Joncour la laissa glisser sur lui pendant quarante et un jours. Le quarante-deuxième, il capitula, ouvrit un tiroir de sa malle de voyage, en sortit une carte du Japon, la déplia, et prit la petite feuille qu’il y avait cachée, des mois plus tôt. Quelques idéogrammes dessinés l’un en dessous de l’autre. Encre noire. Il s’assit à son bureau, et resta longtemps à la regarder.

  Il trouva Baldabiou chez Verdun, au billard. Baldabiou jouait toujours seul, contre lui-même. Des parties bizarres. Le valide contre le manchot, il les appelait. Il faisait un coup normalement, et le coup suivant d’une seule main. Le jour où le manchot gagnera – disait-il –, je m’en irai de cette ville. Depuis des années, le manchot perdait.

  — Baldabiou, il faut que je trouve quelqu’un, ici, qui sache lire le japonais.

  Le manchot décocha un deux bandes avec effet rétro.

  — Demande à Hervé Joncour, il sait tout.

  — Moi ? Je n’y comprends rien.

  — C’est toi le Japonais, ici.

  — Peut-être, mais je n’y comprends rien.

  Le valide se pencha sur le billard et envoya une chandelle à six points.

  — Alors il ne reste plus que Madame Blanche. Elle a un magasin de tissus, à Nîmes.

  Au-dessus du magasin, il y a un bordel. C’est à elle, aussi. Elle est riche. Et elle est japonaise.

  — Japonaise ? Et comment est-elle arrivée ici ?

  — Ne lui pose pas la question, si tu veux obtenir quelque chose d’elle. Merde.

  Le manchot venait de rater un trois bandes à quatorze points.

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  À sa femme Hélène, Hervé Joncour dit qu’il lui fallait se rendre à Nîmes, pour affaires. Et qu’il serait de retour le jour même.

  Il monta au premier étage, au-dessus du magasin de tissus, au 12 de la rue Moscat, et demanda Madame Blanche. On le fit attendre longtemps. Le salon était meublé comme pour une fête commencée des années plus tôt et jamais terminée. Les filles étaient toutes jeunes et françaises. Il y avait un pianiste qui jouait, en sourdine, des airs aux senteurs de Russie. À la fin de chaque morceau, il passait la main droite dans ses cheveux et murmurait doucement

  — Voilà.

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  Hervé Joncour attendit près de deux heures. Puis on l’accompagna dans le couloir, jusqu’à la dernière porte. Il l’ouvrit, et entra.

  Madame Blanche était assise dans un grand fauteuil, non loin de la fenêtre. Elle était vêtue d’un kimono fait d’une étoffe légère : entièrement blanc. À ses doigts, comme autant de bagues, elle portait des petites fleurs d’un bleu intense.

  — Qu’est-ce qui vous fait croire que vous êtes assez riche pour pouvoir coucher avec moi ?

  Hervé Joncour resta debout, face à elle, son chapeau à la main.

  — J’ai besoin que vous me rendiez un service. Peu importe le prix.

  Puis il tira de la poche intérieure de sa veste une petite feuille, pliée en quatre, et la lui tendit.

  — Il faut que je sache ce qui est écrit là.

  Madame Blanche ne bougea pas d’un millimètre. Elle gardait les lèvres entrouvertes, on aurait dit la préhistoire d’un sourire.

  — Je vous le demande, madame.

  Elle n’avait aucune raison au monde de le faire. Pourtant elle prit la feuille, l’ouvrit, la regarda. Elle leva les yeux sur Hervé Joncour, puis les baissa. Elle replia la feuille, lentement. Quand elle se pencha en avant, pour la lui redonner, son kimono s’entrouvrit légèrement, sur sa poitrine. Hervé Joncour vit qu’elle ne portait rien, dessous, et que sa peau était jeune et d’un blanc immaculé.

  — Revenez, ou je mourrai.

  Elle dit cela d’une voix froide, en regardant Hervé Joncour dans les yeux, et sans laisser échapper la moindre expression.

  Revenez, ou je mourrai.

  Hervé Joncour replaça la feuille dans la poche intérieure de sa veste.

  — Merci.

  Il fit un salut de la tête, pivota, marcha vers la porte et s’apprêta à poser quelques billets sur la table.

  — Laissez tomber.

  Hervé Joncour hésita un instant.

  — Je ne parle pas de l’argent. Je parle de cette femme. Laissez tomber. Elle ne mourra pas et vous le savez.

  Sans se retourner, Hervé Joncour posa les billets sur la table, ouvrit la porte et s’en alla.

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  Baldabiou disait que des hommes venaient de Paris, quelquefois, pour faire l’amour avec Madame Blanche. De retour dans la capitale, ils arboraient au revers de leur habit de soirée quelques petites fleurs bleues, de celles qu’elle portait toujours entre les doigts, comme autant de bagues.

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  Pour la première fois de sa vie, Hervé Joncour emmena sa femme, cet été-là, sur la Riviera. Ils s’installèrent pour deux semaines dans un hôtel de Nice, fréquenté surtout par des Anglais et connu pour les soirées musicales qu’il offrait à ses clients. Hélène était persuadée que dans un endroit aussi beau, ils réussiraient à concevoir cet enfant qu’ils attendaient en vain depuis des années. Ensemble, ils décidèrent que ce serait un fils. Et qu’il s’appellerait Philippe. Ils se mêlaient discrètement à la vie mondaine de la station balnéaire, s’amusant ensuite, enfermés dans leur chambre, à rire des personnages bizarres qu’ils avaient rencontrés. Au concert, un soir, ils firent la connaissance d’un négociant en fourrures, un Polonais : il disait qu’il était allé au Japon.

  La nuit précédant leur départ, Hervé Joncour se trouva réveillé, alors qu’il faisait encore nuit, et se leva, puis s’approcha du lit d’Hélène. Au moment où elle ouvrit les yeux, il entendit sa propre voix dire doucement :

  — Je t’aimerai toujours.

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  Au début de septembre, les sériciculteurs de Lavilledieu se réunirent pour décider de ce qu’il fallait faire. Le gouvernement avait envoyé à Nîmes un jeune biologiste chargé d’étudier la maladie qui rendait inutilisables les œufs produits en France. Il s’appelait Louis Pasteur : il travaillait avec des microscopes capables de voir l’invisible : on disait qu’il avait déjà obtenu des résultats extraordinaires. Du Japon arrivaient des nouvelles sur l’imminence d’une guerre civile, fomentée par les forces qui s’opposaient à l’entrée des étrangers dans le pays. Le consulat français, installé depuis peu à Yokohama, envoyait des dépêches qui déconseillaient pour le moment de nouer avec l’île des relations commerciales et invitaient à l’attente d’une période plus favorable. Enclins à la prudence,
et sensibles à l’énorme dépense que comportait toute expédition clandestine au Japon, de nombreux notables de Lavilledieu firent l’hypothèse qu’on pouvait suspendre les voyages d’Hervé Joncour et se contenter pour cette année-là des approvisionnements en œufs, à peu près fiables, qui transitaient par les grands importateurs du Moyen-Orient. Baldabiou les écouta tous, sans dire un mot. À la fin, quand ce fut son tour de parler, il se contenta de poser sa canne de jonc sur la table et de lever les yeux vers l’homme qui était assis en face de lui. Et il attendit.

  Hervé Joncour était au courant des recherches de Pasteur, et il avait lu les nouvelles qui arrivaient du Japon : mais il s’était toujours refusé à les commenter. Il préférait employer son temps à revoir le projet du parc qu’il voulait construire autour de sa maison. En un endroit caché de son bureau, il gardait une petite feuille pliée en quatre, avec quelques idéogrammes dessinés l’un en dessous de l’autre, encre noire. Il avait un compte en banque substantiel, menait une vie tranquille et caressait l’illusion raisonnable de devenir bientôt père. Quand Baldabiou leva les yeux vers lui, il dit

  — C’est à toi de décider, Baldabiou.

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  Hervé Joncour partit pour le Japon aux premiers jours d’octobre. Il passa la frontière près de Metz, traversa le Wurtemberg et la Bavière, pénétra en Autriche, atteignit par le train Vienne puis Budapest et poursuivit jusqu’à Kiev. Il parcourut à cheval deux mille kilomètres de steppe russe, franchit les monts Oural, entra en Sibérie, voyagea pendant quarante jours avant d’atteindre le lac Baïkal, que les gens de l’endroit appelaient : le dernier. Il redescendit le cours du fleuve Amour, longeant la frontière chinoise jusqu’à l’Océan, et quand il fut à l’Océan, resta onze jours dans le port de Sabirk en attendant qu’un navire de contrebandiers hollandais l’amène à Capo Teraya, sur la côte ouest du Japon. Ce qu’il trouva, ce fut un pays plongé dans l’attente désordonnée d’une guerre qui n’arrivait pas à éclater. Il voyagea pendant plusieurs jours sans recourir à la prudence habituelle, la carte des pouvoirs et les systèmes de contrôle semblant s’être dissous autour de lui dans l’imminence d’une explosion qui les redessinerait totalement. À Shirakawa, il rencontra l’homme qui devait le conduire chez Hara Kei. En deux jours, à cheval, ils arrivèrent en vue du village. Hervé Joncour y entra à pied, afin que la nouvelle de son arrivée pût le précéder.

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  On le conduisit dans l’une des dernières maisons du village, en haut, à la lisière des bois. Cinq serviteurs l’attendaient. Il leur confia ses bagages et sortit sur la véranda. À l’extrémité opposée du village on apercevait le palais d’Hara Kei, à peine plus haut que les autres maisons mais entouré de cèdres énormes qui en défendaient la solitude. Hervé Joncour resta quelques instants à l’observer, comme s’il n’y avait rien d’autre, jusqu’à l’horizon. Ce fut ainsi qu’il vit, finalement, tout à coup, le ciel au-dessus du palais se noircir du vol de centaines d’oiseaux, comme exploses de la terre, des oiseaux de toutes sortes, étourdis, qui s’enfuyaient de tous côtés, affolés, et chantaient et criaient, pyrotechnie jaillissante d’ailes, nuée de couleurs et de bruits lancée dans la lumière, terrorisés, musique en fuite, là dans le ciel à voler.

  Hervé Joncour sourit.

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  Le village commença à s’agiter comme une fourmilière affolée : tous couraient et criaient, et regardaient en l’air pour suivre des yeux ces oiseaux échappés, orgueil de leur seigneur pendant des années, outrage à présent qui volait dans le ciel. Hervé Joncour sortit de chez lui et redescendit à travers le village, marchant lentement, et regardant devant lui avec un calme infini. Personne ne semblait le voir, et il semblait ne rien voir. Il était un fil d’or qui courait droit, dans la trame d’un tapis tissé par un fou. Il passa le pont sur la rivière, descendit jusqu’aux grands cèdres, entra dans leur ombre et en ressortit Devant lui, il vit l’immense volière, avec ses portes grandes ouvertes, absolument vide. Et devant la volière, une femme. Il ne regarda pas autour de lui et continua simplement à marcher, lentement, ne s’arrêtant que lorsqu’il fut face à elle.

  Ses yeux n’avaient pas une forme orientale, et son visage était celui d’une jeune fille.

  Hervé Joncour fit un pas vers elle, tendit le bras et ouvrit la main. Sur sa paume, il y avait un billet, plié en quatre. Elle le vit et son visage tout entier se mit à sourire. Elle posa sa main sur celle d’Hervé Joncour, serra avec douceur s’attarda un instant, puis la retira, gardant entre ses doigts ce billet qui avait fait le tour du monde. Elle l’avait à peine caché dans un pli de son vêtement que la voix d’Hara Kei se fit entendre.

  — Soyez le bienvenu, mon ami français.

  Il était à quelques pas. Son kimono sombre, ses cheveux, noirs, parfaitement rassemblés sur la nuque. Il s’approcha. Il se mit à examiner la volière, regardant l’une après l’autre les portes grandes ouvertes.

  — Ils reviendront. Il est toujours difficile de résister à la tentation de revenir, n’est-ce pas ?

  Hervé Joncour ne répondit pas. Hara Kei le regarda dans les yeux et, très doucement, lui dit

  — Venez.

  Hervé Joncour le suivit. Il fit quelques pas avant de se retourner vers la jeune fille et s’inclina pour la saluer.

  — J’espère vous revoir bientôt.

  Hara Kei continuait de marcher.

  — Elle ne connaît pas votre langue. Dit-il.

  — Venez.

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  Ce soir-là, Hara Kei invita Hervé Joncour dans sa demeure. Il y avait là quelques hommes du village, et des femmes vêtues avec une grande élégance, le visage fardé de blanc et de couleurs éclatantes. On buvait du saké, on fumait dans de longues pipes en bois un tabac à l’arôme étourdissant et âpre. Arrivèrent des saltimbanques, et un homme qui arrachait les rires par ses imitations d’hommes et d’animaux. Trois vieilles femmes jouaient sur des instruments à cordes, sans jamais cesser de sourire. Hara Kei était assis à la place d’honneur, vêtu de noir, les pieds nus. Dans une robe de soie, splendide, la femme au visage de jeune fille était assise à côté de lui. Hervé Joncour se tenait à l’extrémité opposée de la pièce : il était assiégé par le parfum douceâtre des femmes qui l’entouraient et il souriait avec embarras aux hommes, qui se divertissaient à lui raconter des histoires qu’il ne comprenait pas. Mille fois il chercha ses yeux, et mille fois elle trouva les siens. C’était comme une danse triste, secrète et impuissante. Hervé Joncour la dansa très avant dans la nuit puis se leva, dit quelque chose en français pour s’excuser, se débarrassa comme il put d’une femme qui avait décidé de l’accompagner, et en s’ouvrant un chemin au milieu des nuages de fumée et des hommes qui l’apostrophaient dans leur langue incompréhensible, il partit. Avant de sortir de la pièce, il regarda une dernière fois vers elle. Elle était en train de le regarder, de ses yeux parfaitement muets, à des siècles de là.

  Hervé Joncour erra à travers le village en respirant l’air frais de la nuit, s’égarant dans les ruelles qui escaladaient le flanc de la colline. Quand il arriva chez lui, il vit une lanterne, allumée, qui oscillait derrière la paroi de papier. Il entra et trouva deux femmes, debout, devant lui. Une Orientale, jeune, vêtue d’un simple kimono blanc. Et elle. Il y avait dans ses yeux une sorte de gaieté fébrile. Sans lui laisser le temps de rien, elle s’approcha, prit sa main, la porta à son visage, l’effleura des lèvres puis, en la serrant fort, la posa sur les mains de la jeune fille qui était près d’elle, et l’y maintint, un court instant, pour que cette main ne pût s’échapper. Enfin, elle la retira, fit deux pas en arrière, prit la lanterne, regarda un instant Hervé Joncour dans les yeux puis s’enfuit en courant. C’était une lanterne orange. Elle disparut dans la nuit, petite lumière qui s’enfuyait.

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  Hervé Joncour n’avait jamais vu cette jeune fille, et en fait il ne la vit pas non plus, cette nuit-là. Dans la chambre sans lumière, il sentit la beauté de son corps, et il connut ses mains et sa bouche. Il l’aima pendant d
es heures, avec des gestes qu’il n’avait jamais faits, se laissant enseigner une lenteur qu’il ne connaissait pas. Dans le noir, ce n’était rien de l’aimer, et de ne pas l’aimer, elle.

  Un peu avant l’aube, la jeune fille se leva, remit son kimono blanc, et partit.

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  En face de chez lui, à l’attendre, Hervé Joncour trouva, au matin, un homme d’Hara Kei. Il avait avec lui quinze feuilles d’écorce de mûrier, entièrement recouvertes d’œufs : minuscules, couleur d’ivoire. Hervé Joncour examina chaque feuille, avec soin, puis négocia le prix et paya en écailles d’or. Avant que l’homme ne s’en allât, il lui fit comprendre qu’il voulait voir Hara Kei. L’homme secoua la tête. Hervé Joncour comprit, à ses gestes, qu’Hara Kei était parti le matin même, tôt, avec sa suite, et que personne ne savait quand il reviendrait.

  Hervé Joncour traversa le village en courant, jusqu’à la demeure d’Hara Kei. Il ne trouva que des serviteurs qui, à chacune de ses questions, répondaient en secouant la tête. La maison paraissait déserte. Et bien qu’il cherchât autour de lui, même dans les objets les plus insignifiants, il ne vit rien qui ressemblât à un message qui lui fût destiné. Il quitta la maison, et en revenant vers le village, passa devant l’immense volière. Les portes étaient à nouveau fermées. À l’intérieur, des centaines d’oiseaux volaient, à l’abri du ciel.

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  Hervé Joncour attendit encore deux jours un signe quelconque. Puis il partit.

  À un peu plus d’une demi-heure du village, il se trouva passer non loin d’un bois d’où arrivait un singulier, et argentin vacarme. On y voyait, cachées parmi les feuilles, les milliers de taches sombres d’une bande d’oiseaux, arrêtés là pour se reposer. Sans rien expliquer aux deux hommes qui l’accompagnaient, Hervé Joncour arrêta son cheval, prit son revolver à sa ceinture et tira six coups en l’air. La bande d’oiseaux, terrorisée, s’éleva dans le ciel, comme la colonne de fumée s’échappant d’un incendie. Si haute, que tu l’aurais vue à des jours et des jours de marche. Noire dans le ciel, sans autre but que son propre égarement.

 

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