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Soie Page 4

by Alessandro Baricco


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  Six jours plus tard, Hervé Joncour s’embarqua, à Takaoka, sur un navire de contrebandiers hollandais qui le déposa à Sabirk. De là, il remonta la frontière chinoise jusqu’au lac Baïkal, traversa quatre mille kilomètres de terre sibérienne, franchit les monts Oural, atteignit Kiev et parcourut en train toute l’Europe, d’est en ouest, avant d’arriver, après trois mois de voyage, en France. Le premier dimanche d’avril – à temps pour la grand-messe – il était aux portes de Lavilledieu. Il fit arrêter sa voiture et, pendant quelques minutes, resta assis, immobile, derrière les rideaux tirés. Puis il descendit et continua à pied, pas après pas, avec une fatigue infinie.

  Baldabiou lui demanda s’il avait vu la guerre.

  — Pas celle que j’attendais, répondit-il.

  La nuit, il vint dans le lit d’Hélène et l’aima avec une telle impatience qu’elle prit peur et ne put retenir ses larmes. Quand elle vit qu’il s’en apercevait, elle s’efforça de lui sourire.

  — C’est seulement que je suis tellement heureuse lui dit-elle doucement.

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  Hervé Joncour remit les œufs aux sériciculteurs de Lavilledieu. Puis, pendant plusieurs jours, il ne se montra plus dans le pays, négligeant même son habituel et quotidien passage chez Verdun. Aux premiers jours de mai, à la stupeur générale, il acheta la maison abandonnée de Jean Berbek, celui qui s’était arrêté un jour de parler et jusqu’à sa mort n’avait plus rien dit. Tout le monde pensa qu’il avait en tête d’y faire son nouvel atelier. Il ne s’occupa même pas de la débarrasser. Il y allait, de temps en temps, et il restait là, seul, dans ces pièces, à quoi faire, on n’en savait rien. Un jour, il y emmena Baldabiou.

  — Tu sais, toi pourquoi Jean Berbek s’est arrêté de parler ? lui demanda-t-il.

  — C’est une des nombreuses choses qu’il n’a jamais dites.

  Des années s’étaient écoulées mais il y avait encore les cadres accrochés au mur et les casseroles sur l’égouttoir, à côté de l’évier. Ce n’était pas très gai, et Baldabiou, pour sa part, serait volontiers ressorti. Mais Hervé Joncour continuait à regarder, fasciné, ces murs moisis et morts. C’était évident : il cherchait quelque chose, ici.

  — Peut-être que ta vie, des fois, elle tourne d’une drôle de manière, et qu’il n’y a plus rien à ajouter.

  Dit-il.

  — Plus rien. Plus jamais.

  Baldabiou n’était pas vraiment taillé pour les conversations sérieuses. Il regardait le lit de Jean Berbek.

  — Peut-être que n’importe qui serait devenu muet, dans une maison aussi affreuse.

  Hervé Joncour continua pendant des jours encore à mener une vie retirée, se montrant rarement, dans le pays, et consacrant tout son temps à travailler au projet du parc qu’un jour ou l’autre il construirait. Il noircissait des feuilles et des feuilles de dessins bizarres, on aurait dit des machines. Un soir, Hélène lui demanda

  — Qu’est-ce que c’est ?

  — C’est une volière.

  — Une volière ?

  — Oui.

  — Et pour servir à quoi ?

  Hervé Joncour gardait les yeux fixés sur ces dessins.

  — Tu la remplis d’oiseaux, le plus que tu peux, et le jour où il t’arrive quelque chose d’heureux, tu ouvres la porte en grand et tu les regardes s’envoler.

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  À la fin du mois de juillet, Hervé Joncour partit, accompagné de sa femme, pour Nice. Ils s’installèrent dans une petite villa, sur le bord de la mer. C’était Hélène qui l’avait voulu, persuadée que la tranquillité d’un refuge isolé réussirait à tempérer l’humeur mélancolique qui semblait s’être emparée de son mari. Elle avait eu l’adresse, néanmoins, de faire passer ce choix pour un caprice personnel, offrant à l’homme qu’elle aimait le plaisir de le lui pardonner.

  Ils vécurent ensemble trois semaines de menu et inentamable bonheur. Dans les journées où la chaleur se faisait plus clémente, ils louaient un fiacre et s’amusaient de découvrir les villages cachés sur les collines, où la mer ressemblait à un décor de papier peint. Parfois, ils allaient en ville pour un concert ou une occasion mondaine. Un soir, ils acceptèrent l’invitation d’un baron italien qui fêtait son soixantième anniversaire par un dîner solennel à l’Hôtel Suisse. On en était au dessert, quand Hervé Joncour leva les yeux vers Hélène. Elle était assise de l’autre côté de la table, à côté d’un séduisant gentleman anglais qui, curieusement, arborait au revers de son habit un anneau de petites fleurs bleues. Hervé Joncour le vit se pencher vers Hélène et lui murmurer quelque chose à l’oreille. Hélène se mit à rire, d’un rire superbe, et en riant fléchit un peu la tête vers le gentleman anglais, allant jusqu’à effleurer, de ses cheveux, son épaule, en un geste qui était sans aucun embarras mais qui avait seulement une exactitude déconcertante. Hervé Joncour baissa les yeux sur son assiette. Il ne put s’empêcher de remarquer que sa propre main, serrée sur la petite cuillère en argent, s’était mise indéniablement à trembler.

  Plus tard, au fumoir, Hervé Joncour, chancelant du trop d’alcool qu’il avait bu, s’approcha d’un homme qui, assis, seul, à une table, regardait devant lui, une expression vaguement ahurie sur le visage. Il se pencha vers lui et lui dit lentement

  — Je dois vous communiquer quelque chose de très important, monsieur. Nous sommes tous répugnants. Nous sommes tous merveilleux, et nous sommes tous répugnants.

  L’homme venait de Dresde. Il faisait du trafic de viande et ne comprenait pas bien le français. Il éclata d’un rire fracassant, secouant la tête en signe d’acquiescement, à plusieurs reprises : on aurait dit qu’il n’allait plus s’arrêter.

  Hervé Joncour et sa femme demeurèrent sur la Riviera jusqu’au début du mois de septembre. Ils quittèrent à regret la petite villa, car ils avaient senti léger, entre ces murs, le lot de s’aimer.

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  Baldabiou arriva chez Hervé Joncour de bon matin. Ils s’assirent sous le porche.

  — Il n’est pas extraordinaire, ce parc.

  — Je n’ai pas encore commencé à le construire, Baldabiou.

  — Ah c’est pour ça.

  Baldabiou ne fumait jamais, le matin. Il sortit sa pipe, la bourra et l’alluma.

  — J’ai rencontré ce Pasteur. Il est bien, cet homme. Il m’a montré. Il est capable de reconnaître les œufs malades des œufs sains. Il ne sait pas les soigner, bien sûr. Mais il peut isoler ceux qui sont sains. Et il dit que probablement trente pour cent de ceux que nous produisons le sont.

  Pause.

  — On dit qu’au Japon la guerre a éclaté, cette fois pour de bon. Les Anglais donnent des armes au gouvernement, les Hollandais aux rebelles. Il paraît qu’ils sont d’accord entre eux. Ils vont les laisser s’étriper, et ensuite ils prendront tout et se le partageront. Le consulat français regarde, eux pour regarder ils sont toujours là. Bons qu’à envoyer des dépêches pour raconter les massacres et les étrangers égorgés comme des moutons. Pause.

  — Il y en a encore, du café ? Hervé Joncour lui versa du café. Pause.

  — Ces deux Italiens, Ferreri et l’autre, ceux qui sont allés en Chine, l’année dernière… ils sont revenus avec quinze mille onces d’œufs, de la bonne marchandise, ceux de Bollet aussi en ont acheté, ils disent que c’est de la première qualité. Ils repartent dans un mois…ils nous ont proposé une affaire intéressante, ils font des prix honnêtes, onze francs l’once, tout couvert par les assurances. Ce sont des gens sérieux, avec une organisation derrière, ils vendent des œufs à la moitié de l’Europe. Des gens sérieux, je te dis.

  Pause.

  — Je ne sais pas, mais peut-être qu’on pourrait y arriver. Avec nos œufs, avec le travail que fait Pasteur, et puis ce qu’on peut acheter aux deux Italiens… on pourrait y arriver. Les autres, dans le pays, ils disent que c’est une folie de t’envoyer là-bas… avec tout ce que ça coûte… ils disent que c’est trop risqué, et ils ont raison, les autres fois c’était différent, mais maintenant… ma
intenant c’est difficile d’en revenir vivant, de là-bas. Pause.

  — Ce qu’il y a, c’est qu’ils ne veulent pas risquer de perdre les œufs. Et moi, je ne veux pas risquer de te perdre, toi.

  Hervé Joncour resta un moment les yeux fixés sur le parc qui n’existait pas. Puis il fit quelque chose qu’il n’avait jamais fait.

  — J’irai au Japon, Baldabiou. Dit-il.

  — J’achèterai ces œufs, et s’il le faut, je les achèterai avec mon propre argent. Tu dois juste décider si je vous les vends, à vous ou à quelqu’un d’autre.

  Baldabiou ne s’y attendait pas. C’était comme de voir gagner le manchot, au dernier coup, sur un quatre bandes, une géométrie impossible.

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  Baldabiou annonça aux éleveurs de Lavilledieu que Pasteur était peu crédible, que ces deux Italiens avaient déjà escroqué une bonne moitié de l’Europe, qu’au Japon la guerre serait terminée avant l’hiver et que sainte Agnès, en rêve, lui avait demandé s’ils n’étaient pas tous une armée de trouille-au-cul. À Hélène seulement il ne put mentir.

  — Est-il vraiment nécessaire qu’il parte, Baldabiou ?

  — Non.

  — Alors, pourquoi ?

  — Je ne peux pas l’en empêcher. Et s’il veut aller là-bas, je peux seulement lui donner une raison de plus pour revenir.

  Tous les éleveurs de Lavilledieu versèrent, bon gré mal gré, leur quote-part pour financer l’expédition. Hervé Joncour commença ses préparatifs et, aux premiers jours d’octobre, fut prêt à partir. Hélène, comme toutes les années, l’aida, sans rien lui demander, et en lui cachant ce qui pouvait l’inquiéter. Le dernier soir seulement, après avoir éteint la lumière, elle trouva la force de lui dire

  — Promets-moi que tu reviendras. D’une voix ferme, sans douceur.

  — Promets-moi que tu reviendras. Dans le noir, Hervé Joncour répondit

  — Je te le promets.

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  Le 10 octobre 1864, Hervé Joncour partit pour son quatrième voyage au Japon. Il passa la frontière près de Metz, traversa le Wurtemberg et la Bavière, pénétra en Autriche, atteignit par le train Vienne puis Budapest, et poursuivit jusqu’à Kiev. Il parcourut à cheval deux mille kilomètres de steppe russe, franchit les monts Oural, entra en Sibérie, voyagea pendant quarante jours avant d’atteindre le lac Baïkal, que les gens de l’endroit appelaient : le saint. Il redescendit le cours du fleuve Amour, longeant la frontière chinoise jusqu’à l’Océan, et quand il fut à l’Océan, resta onze jours dans le port de Sabirk en attendant qu’un navire de contrebandiers hollandais l’amène à Capo Teraya, sur la côte ouest du Japon. À cheval, en empruntant les routes secondaires, il traversa les provinces d’Ishikawa, Toyama, Niigata, et il pénétra dans celle de Fukushima. Quand il arriva à Shirakawa, il trouva la ville à demi détruite, et une garnison de soldats du gouvernement qui bivouaquait dans les ruines. Il contourna la ville par l’est et pendant cinq jours attendit en vain l’émissaire d’Hara Kei. À l’aube du sixième jour, il partit vers les collines, en direction du Nord. Il n’avait que quelques cartes, approximatives, et ce qu’il lui restait de ses souvenirs. Il erra pendant plusieurs jours, jusqu’au moment où il reconnut une rivière, puis un bois, puis une route. Au bout de la route, il trouva le village d’Hara Kei : entièrement brûlé : les maisons, les arbres, tout.

  Il n’y avait plus rien.

  Pas âme qui vive.

  Hervé Joncour resta immobile, regardant l’énorme brasier éteint. Il avait derrière lui une route longue de huit mille kilomètres. Et devant lui, rien. Brusquement, il vit ce qu’il croyait invisible.

  La fin du monde.

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  Hervé Joncour resta pendant des heures au milieu des ruines. Il n’arrivait pas à partir, bien qu’il sût que chaque heure, perdue là, pouvait signifier le désastre, pour lui, et pour Lavilledieu tout entier : il n’avait pas les œufs et, même s’il en avait trouvé, il ne lui restait plus que deux petits mois pour traverser le monde avant qu’ils n’éclosent, se transformant en un tas de larves inutiles. Même un seul jour de retard pouvait signifier la fin. Il le savait, et pourtant il n’arrivait pas à partir. Il resta donc là, jusqu’au moment où il se passa quelque chose de surprenant et d’absurde : du néant, tout à coup, surgit un jeune garçon. Vêtu de haillons, il marchait lentement, fixant l’étranger avec la peur dans les yeux. Hervé Joncour ne bougea pas. Le garçon fit encore quelques pas, et s’arrêta. Ils restèrent là, à se regarder, à quelques mètres l’un de l’autre. Puis le garçon prit quelque chose sous ses haillons, s’approcha d’Hervé Joncour en tremblant de peur, et le lui tendit. Un gant. Hervé Joncour revit la rive d’un lac, et une robe orangée abandonnée par terre, et les petites ondes qui déposaient l’eau sur le bord, comme envoyées là, de très loin. Il prit le gant et sourit au garçon.

  — C’est moi, le Français… l’homme de la soie, le Français, tu comprends ?… c’est moi.

  Le garçon cessa de trembler.

  — Français…

  Il avait les yeux brillants, mais il riait. Il commença à parler, criant presque, et à courir, en faisant signe à Hervé Joncour de le suivre. Il disparut dans un sentier qui pénétrait dans le bois, en direction des montagnes.

  Hervé Joncour ne bougea pas. Il tournait ce gant entre ses mains, comme s’il était la seule chose qui lui fût restée d’un monde englouti. Il savait que maintenant c’était trop tard. Et qu’il n’avait pas le choix.

  Il se leva. Lentement, il s’approcha de son cheval. Monta en selle. Puis fit quelque chose de bizarre. Il serra les talons contre le ventre de l’animal. Et partit. En direction du bois, derrière le garçon, de l’autre côté de la fin du monde.

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  Ils voyagèrent pendant plusieurs jours, remontant vers le Nord, à travers les montagnes. Hervé Joncour ignorait où ils allaient mais il laissa le garçon le guider, sans tenter de l’interroger. Ils rencontrèrent deux villages. Les gens se cachaient dans les maisons. Les femmes se sauvaient. Le garçon s’amusait comme un fou à leur crier après des choses incompréhensibles. Il n’avait pas plus de quatorze ans. Il n’arrêtait pas de souffler dans un petit instrument en roseau dont il tirait les cris de tous les oiseaux du monde. On aurait dit qu’il vivait le plus beau moment de sa vie.

  Le cinquième jour, ils arrivèrent en haut d’un col. Le garçon désigna un point, devant eux, sur la route qui descendait dans la vallée. Hervé Joncour prit sa longue-vue, et ce qu’il vit était une sorte de cortège : des hommes armés, des femmes et des enfants, des chariots, des animaux. Un village entier : sur les chemins. Il vit, à cheval, vêtu de noir, Hara Kei. Derrière lui se balançait une chaise à porteurs fermée sur les quatre côtés par des pièces d’étoffe aux couleurs éclatantes.

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  Le petit garçon descendit du cheval, dit quelque chose, et se sauva. Avant de disparaître parmi les arbres, il se retourna et resta là un instant, cherchant un geste pour dire que c’avait été un très beau voyage.

  — C’a été un très beau voyage, lui cria Hervé Joncour.

  Toute la journée, Hervé Joncour suivit, de loin, la caravane. Quand il la vit s’arrêter pour la nuit, il continua d’avancer sur la route, jusqu’à ce que deux hommes armés viennent à sa rencontre, qui prirent son cheval et ses bagages, et l’emmenèrent dans une tente. Il attendit longtemps, puis Hara Kei arriva. Il ne salua pas. Ne s’assit pas non plus.

  — Comment êtes-vous arrivé jusqu’ici, Français ?

  Hervé Joncour ne répondit pas.

  — Je vous ai demandé qui vous a amené jusqu’ici.

  Silence.

  — Il n’y a rien ici pour vous. Il n’y a que la guerre. Et ce n’est pas la vôtre. Allez-vous-en.

  Hervé Joncour sortit une petite bourse de cuir, l’ouvrit et la vida sur le sol. Des écailles d’or.

  — La guerre est un jeu qui coûte cher. Vous avez besoin de moi. Et moi j’ai besoin de vous.

  Hara Kei ne regarda même pas l’or répandu sur le sol. Il tourn
a le dos et s’en alla.

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  Hervé Joncour passa la nuit en bordure du camp. Personne ne lui parla, personne ne semblait le voir. Les gens dormaient par terre, près des feux. Il y avait deux tentes seulement. Près de l’une d’elles, Hervé Joncour vit la chaise à porteurs, vide : accrochées aux quatre coins, de petites cages : des oiseaux. Aux mailles des cages pendaient de petites clochettes d’or. Elles tintaient, légères, dans la brise de la nuit.

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  Quand il se réveilla, il vit autour de lui le village qui s’apprêtait à se remettre en route. Il n’y avait plus les tentes. La chaise à porteurs était encore là, ouverte. Les gens montaient dans les chariots, en silence. Il se leva, regarda longuement autour de lui, mais les yeux qui croisaient les siens avaient tous une forme orientale, et se baissaient aussitôt. Il vit des hommes armés, et des enfants qui ne pleuraient pas. Il vit les visages muets qu’ont les gens quand ils sont en fuite. Et il vit un arbre, au bord de la route. Et accroché à une branche, pendu, le garçon qui l’avait amené jusque-là.

  Hervé Joncour s’approcha, et resta là un moment, à le regarder, comme hypnotisé. Puis il dénoua la corde attachée à l’arbre, recueillit le corps du jeune garçon, l’étendit sur le sol et s’agenouilla près de lui. Il n’arrivait pas à détacher ses yeux de ce visage. C’est ainsi qu’il ne vit pas le village se remettre en chemin mais entendit seulement, comme de très loin, le bruit de cette procession qui le frôlait, remontant la route. Il ne leva pas les yeux, même quand il entendit la voix d’Hara Kei, à deux pas de lui, qui disait

 

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