Soie

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Soie Page 5

by Alessandro Baricco


  — Le Japon est un très ancien pays, le saviez-vous ? Sa loi est très ancienne : elle dit qu’il existe douze crimes pour lesquels il est permis de condamner un homme à mort. Et l’un de ces crimes est d’accepter de porter un message d’amour pour sa maîtresse.

  Hervé Joncour ne quitta pas des yeux le visage du jeune garçon tué.

  — Il ne portait aucun message d’amour.

  — C’est lui qui était un message d’amour.

  Hervé Joncour sentit quelque chose appuyer contre sa nuque, et lui faire courber la tête vers le sol.

  — C’est un fusil, Français. Je vous demande de ne pas lever les yeux.

  Hervé Joncour ne comprit pas tout de suite. Puis il entendit, dans le bruissement de cette procession en fuite, le son doré de mille clochettes minuscules qui se rapprochaient, petit à petit, et bien qu’il n’eût devant les yeux que cette terre noire, il l’imaginait, cette chaise à porteurs, oscillant comme un pendule, il la voyait, presque, remonter le chemin, mètre par mètre, et se rapprocher, lente mais implacable, portée par ces sons qui deviennent de plus en plus forts, insupportablement forts, et de plus en plus proches, proches à le frôler, un vacarme doré, là, devant lui, exactement devant lui maintenant – à cet instant précis – devant lui.

  Hervé Joncour releva la tête.

  Des étoffes merveilleuses, des tissus de soie, tout autour de la chaise à porteurs, mille couleurs, orange, blanc, ocre, argent, pas la moindre ouverture dans ce nid magnifique, juste le bruissement de ces couleurs ondoyant dans l’air, impénétrables, plus légères que rien.

  Hervé Joncour n’entendit pas une explosion faucher sa vie. Il sentit ces sons s’éloigner, le canon du fusil s’écarter, et la voix d’Hara Kei dire doucement

  — Allez-vous-en, Français. Et ne revenez plus jamais.

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  Seulement le silence, sur la route. Le corps d’un jeune garçon, par terre. Un homme agenouillé. Jusqu’aux dernières lueurs du jour.

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  Hervé Joncour mit onze jours pour atteindre Yokohama. Il corrompit un fonctionnaire japonais et se procura seize cartons d’œufs, qui provenaient du sud de l’île. Il les enveloppa dans des linges de soie et les scella à l’intérieur de quatre boîtes en bois, rondes. Il réussit à s’embarquer pour le continent, et aux premiers jours de mars arriva sur la côte russe. Il choisit la voie la plus au nord, cherchant le froid pour bloquer la vie des œufs et prolonger le temps qui restait avant leur éclosion. Il traversa à marche forcée quatre mille kilomètres de Sibérie, franchit les monts Oural et arriva à Saint-Pétersbourg. À prix d’or, il acheta des quintaux de glace et les chargea, avec les œufs, dans la cale d’un cargo qui se rendait à Hambourg. Il fallut six jours pour y arriver. Il déchargea ses quatre boîtes en bois, rondes, et monta dans un train qui allait vers le Sud. Au bout de onze heures de voyage, juste à la sortie d’un village appelé Eberfeld, le train s’arrêta pour faire provision d’eau. Hervé Joncour regarda autour de lui. Un soleil estival brillait, sur le vert des champs de blé, et sur le monde entier. En face de lui était assis un négociant russe : il avait ôté ses chaussures et s’éventait avec la dernière page d’un journal écrit en allemand. Hervé Joncour le regarda. Il vit les taches de sueur sur sa chemise et les gouttes qui perlaient à son front et sur son cou. Le Russe dit quelque chose, en riant. Hervé Joncour lui sourit, se leva, prit ses bagages et descendit du train. Il le remonta jusqu’au dernier wagon, un fourgon de marchandises qui transportait du poisson et de la viande, conservés dans la glace. L’eau dégoulinait comme d’une cuvette transpercée par des milliers de projectiles. Il ouvrit la porte du fourgon, monta sur la plate-forme, et prit l’une après l’autre ses boîtes en bois, rondes, les emporta à l’extérieur et les posa par terre, à côté des rails. Puis il referma la porte, et attendit. Quand le train fut prêt à partir, on lui hurla de faire vite et de remonter. Il répondit en hochant la tête, et en envoyant un salut. Il vit le train s’éloigner, puis disparaître. Il attendit de ne plus entendre un seul bruit. Puis il se pencha sur une des boîtes, fit sauter les cachets et l’ouvrit. Il procéda de même avec chacune des trois autres. Lentement, soigneusement.

  Des millions de larves. Mortes.

  On était le 6 mai 1865.

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  Hervé Joncour entra à Lavilledieu neuf jours plus tard. Sa femme Hélène vit de loin la voiture remonter l’allée ombragée de la maison. Elle se dit qu’elle ne devait pas pleurer, et qu’elle ne devait pas s’enfuir.

  Elle descendit jusqu’à la porte d’entrée, l’ouvrit et s’arrêta sur le seuil.

  Quand Hervé Joncour arriva près d’elle, elle sourit. Il la serra dans ses bras, et lui dit doucement

  — Reste avec moi, je te le demande.

  La nuit, ils veillèrent tard, assis sur la pelouse devant la maison, l’un près de l’autre. Hélène parla de Lavilledieu, et de tous ces mois passés à attendre, et aussi des derniers jours, horribles.

  — Tu étais mort. Dit-elle.

  — Et il n’y avait plus rien de beau, au monde.

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  Dans les fermes, à Lavilledieu, les gens regardaient les mûriers couverts de feuilles et voyaient leur ruine. Baldabiou avait trouvé un approvisionnement en œufs, mais les larves mouraient dès qu’elles sortaient à la lumière. La soie grège obtenue à partir des rares qui avaient survécu suffisait à peine à faire travailler deux des sept filatures que comptait le pays.

  — Tu n’aurais pas une idée demanda Baldabiou.

  — Une, répondit Hervé Joncour.

  Il fit savoir le lendemain qu’il avait l’intention, cet été-là, de commencer la construction du parc autour de sa maison. Il engagea des hommes et des femmes, dans le bourg, par dizaines. Ils déboisèrent la colline et en émoussèrent la forme, adoucissant la pente qui descendait vers la vallée. Avec des arbres et des baies, ils dessinèrent sur le sol des labyrinthes légers et transparents. Avec des fleurs de toutes sortes, ils créèrent des jardins qui s’ouvraient comme des clairières, par surprise, au cœur de petits bosquets de bouleaux. Ils firent venir l’eau, depuis la rivière, et la firent redescendre, de fontaine en fontaine, jusqu’à la limite occidentale du parc, où elle formait un petit lac, entouré de prairies. Au sud, au milieu des citronniers et des oliviers, ils construisirent une grande volière, faite de bois et de fer, on aurait dit une broderie suspendue dans l’air. Ils travaillèrent pendant quatre mois. À la fin de septembre, le parc fut prêt. Personne, à Lavilledieu, n’avait jamais rien vu de pareil. Les gens disaient qu’Hervé Joncour y avait dépensé tout son capital. Ils disaient aussi qu’il était revenu différent, malade peut-être, du Japon. Ils disaient qu’il avait vendu les œufs aux Italiens, et qu’il avait maintenant une fortune en or qui l’attendait dans les banques à Paris. Ils disaient que s’il n’y avait pas eu son parc, ils seraient tous morts de faim, cette année-là. Ils disaient que c’était un escroc. Ils disaient que c’était un saint. Certains disaient : il a quelque chose, comme une sorte de malheur sur lui.

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  Tout ce qu’Hervé Joncour dit, de son voyage, fut que les œufs avaient éclos, dans un village près de Cologne, et que ce village s’appelait Eberfeld.

  Quatre mois et treize jours après son retour, Baldabiou vint s’asseoir en face de lui, au bord du lac, à la limite occidentale du parc, et lui dit

  — De toute façon, il faudra bien que tu la racontes à quelqu’un, un jour ou l’autre, la vérité.

  Il le dit doucement, en faisant un effort, car il ne croyait pas que la vérité pût, jamais, servir à quelque chose.

  Hervé Joncour porta son regard vers le parc.

  Il y avait l’automne, et une fausse lumière, partout.

  — La première fois que j’ai vu Hara Kei, il portait une tunique sombre, il était assis les jambes croisées, immobile, dans un coin de la pièce. Étendue près de lui, la tête posée sur ses genoux, il y avait une femme. Ses yeux n’avaient pas une forme orientale, et son visage était celui d’une jeune fille.
/>   Baldabiou écouta, en silence, jusqu’à la fin jusqu’au train à Eberfeld.

  Il ne pensait rien.

  Il écoutait.

  Il eut mal d’entendre, à la fin, Hervé Joncour dire doucement

  — Je n’ai même jamais entendu sa voix. Et un instant plus tard :

  — C’est une souffrance étrange. Doucement.

  — Mourir de nostalgie pour quelque chose que tu ne vivras jamais.

  Ils remontèrent le parc en marchant côte à côte. La seule chose que dit Baldabiou, ce fut

  — Mais pourquoi diable fait-il ce froid de canard ?

  Dit-il, à un moment.

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  Au début de la nouvelle année – 1866 – le Japon autorisa officiellement l’exportation des œufs de vers à soie.

  Pendant la décennie suivante, la France irait jusqu’à importer pour dix millions de francs d’œufs japonais.

  À partir de 1869, avec l’ouverture du canal de Suez, se rendre au Japon n’allait d’ailleurs plus demander que vingt jours de voyage. Et en revenir, un peu moins.

  La soie artificielle serait brevetée en 1884 par un Français nommé Chardonnet.

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  Six mois après son retour à Lavilledieu, Hervé Joncour reçut par la poste une enveloppe de couleur moutarde. Quand il l’ouvrit, il y trouva sept feuilles de papier, couvertes d’une écriture dense et géométrique : encre noire : idéogrammes japonais. Hormis le nom et l’adresse sur l’enveloppe, il n’y avait pas un seul mot écrit en caractères occidentaux. D’après les timbres, la lettre semblait venir d’Ostende.

  Hervé Joncour la feuilleta, et l’examina longtemps. On aurait dit un catalogue d’empreintes de petits oiseaux, dressé avec une méticuleuse folie C’était surprenant de penser qu’en fait c’étaient des signes, la cendre d’une voix brûlée.

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  Pendant des semaines, Hervé Joncour garda la lettre sur lui, pliée en deux, glissée dans sa poche. Quand il changeait de costume, il remettait la lettre en place dans le nouveau. Jamais il ne l’ouvrit pour la regarder. De temps en temps, il la tournait entre ses doigts, pendant qu’il parlait avec un métayer, ou attendait que l’heure du dîner arrive, assis sous la véranda. Un soir, il se mit à l’examiner contre la lumière de la lampe, dans son bureau. En transparence, les empreintes de ces oiseaux minuscules parlaient, d’une voix étouffée. Elles disaient quelque chose d’absolument insignifiant, ou bien capable de bouleverser une existence : c’était impossible de le savoir, et cette idée plaisait à Hervé Joncour. Il entendit Hélène arriver. Il posa la lettre sur la table. Elle s’approcha et, comme tous les soirs, avant de se retirer dans sa chambre, voulut lui donner un baiser. Quand elle se pencha vers lui, sa chemise de nuit s’entrouvrit légèrement, sur sa poitrine. Hervé Joncour vit qu’elle ne portait rien, dessous, et que ses seins étaient petits, d’un blanc immaculé comme ceux d’une jeune fille. Pendant quatre jours, il continua de mener sa vie, sans rien changer aux rites prudents de ses journées. Le matin du cinquième jour, il mit un élégant complet gris et partit pour Nîmes. Il annonça qu’il serait de retour avant le soir.

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  Rue Moscat, au numéro 12, tout était pareil que trois années plus tôt. La fête n’était toujours pas terminée. Les filles étaient toutes jeunes et françaises. Le pianiste jouait, en sourdine, des airs aux senteurs de Russie. C’était peut-être la vieillesse, peut-être quelque sale douleur : à la fin de chaque morceau, il ne se passait plus la main droite dans les cheveux, et ne murmurait plus, doucement,

  — Voilà.

  Il restait muet, regardant ses mains, déconcerté.

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  Madame Blanche l’accueillit sans un mot. Ses cheveux noirs, brillants, son visage oriental, parfait. Petites fleurs bleues aux doigts, comme autant de bagues. Une robe longue, blanche, presque transparente. Pieds nus.

  Hervé Joncour s’assit en face d’elle. Il sortit la lettre de sa poche.

  — Vous vous souvenez de moi ?

  Madame Blanche acquiesça d’un signe millimétrique de la tête.

  — J’ai à nouveau besoin de vous.

  Il lui tendit la lettre. Elle n’avait aucune raison de le faire mais elle la prit, et l’ouvrit. Elle regarda les sept feuillets, l’un après l’autre, puis elle leva les yeux vers Hervé Joncour.

  — Je n’aime pas cette langue, monsieur. Je veux l’oublier, et je veux oublier ce pays, et ma vie là-bas, et tout le reste.

  Hervé Joncour demeura immobile, les mains serrées sur les accoudoirs de son fauteuil.

  — Je lirai cette lettre pour vous. Je le ferai. Et je ne veux pas d’argent. Mais je veux une promesse : ne revenez plus jamais me demander cela.

  — Je vous le promets, madame.

  Elle le regarda bien dans les yeux. Puis elle baissa le regard sur la première page de la lettre, papier de riz, encre noire.

  — Mon seigneur bien-aimé.

  Dit-elle

  — n’aie pas peur, ne bouge pas, garde le silence, personne ne nous verra.

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  Reste ainsi, je veux te regarder, je t’ai tellement regardé mais tu n’étais pas pour moi et à présent tu es pour moi, ne t’approche pas, je t’en prie, reste comme tu es, nous avons une nuit pour nous seuls, et je veux te regarder, jamais je ne t’ai vu ainsi, ton corps pour moi, ta peau, ferme les yeux, et caresse-toi, je t’en prie,

  dit Madame Blanche, Hervé Joncour écoutait, n’ouvre pas les yeux, si tu le peux, et caresse-toi, tes mains sont si belles, j’ai rêvé d’elles tant de fois que je veux les voir maintenant, j’aime les voir ainsi, sur ta peau, continue je t’en prie, n’ouvre pas les yeux, je suis là, personne ne peut nous voir et je suis près de toi, caresse-toi mon bien-aimé seigneur, caresse ton sexe, je t’en prie, tout doucement,

  elle s’arrêta, Continuez, je vous en prie, dit-il, elle est belle, ta main sur ton sexe, ne t’arrête pas, j’aime la regarder et te regarder, mon bien-aimé seigneur, n’ouvre pas les yeux, pas encore, tu ne dois pas avoir peur, je suis près de toi m’entends-tu ? je suis là, à te frôler, c’est de la soie, la sens-tu ? c’est la soie de ma robe, n’ouvre pas les yeux et tu auras ma peau,

  dit-elle, lisant doucement, avec la voix d’une femme-enfant,

  tu auras mes lèvres, quand je te toucherai pour la première fois ce sera avec mes lèvres, tu ne sauras pas ou, à un certain moment tu sentiras la chaleur de mes lèvres, sur toi tu ne sauras pas où si tu n’ouvres pas les yeux, ne les ouvre pas, tu sentiras ma bouche, tu ne sauras pas où, tout à coup,

  il écoutait, immobile, de la pochette de son complet gris dépassait un mouchoir blanc, immaculé,

  ce sera peut-être dans tes yeux, j’appuierai ma bouche sur tes paupières et sur tes cils, tu sentiras la chaleur pénétrer à l’intérieur de ta tête, et mes lèvres dans tes yeux, dedans, ou bien ce sera sur ton sexe, j’appuierai mes lèvres, là, et je les entrouvrirai en descendant peu à peu,

  dit-elle, et sa tête était penchée sur les feuilles, et elle effleurait son cou du bout des doigts, lentement,

  je laisserai ton sexe ouvrir ma bouche, pénétrer entre mes lèvres, presser contre ma langue, ma salive descendra le long de ta peau jusque dans ta main, mon baiser et ta main, l’un et l’autre mêlés, sur ton sexe,

  il écoutait, il tenait son regard fixé sur un cadre d’argent, vide, accroché au mur,

  et puis à la fin je baiserai ton cœur, parce que je te veux, je mordrai la peau qui bat sur ton cœur, parce que je te veux, et quand j’aurai ton cœur sous mes lèvres tu seras à moi vraiment avec ma bouche dans ton cœur tu seras à moi, pour toujours, si tu ne me crois pas alors ouvre les yeux mon bien-aimé seigneur et regarde-moi, je suis là, quelqu’un pourra-t-il jamais effacer cet instant, mon corps que la soie ne recouvre plus, tes mains qui le touchent, tes yeux qui le regardent,

  dit-elle, et elle s’était penchée vers la lampe, la lumière éclairait les feuilles et passait à travers sa robe transparente,

  tes doigts dans mon sexe, ta langue sur mes lèvres, toi qui gl
isses sous moi, et prends mes hanches, et me soulèves, et me laisses glisser sur ton sexe, doucement quelqu’un pourrait-il effacer cela, toi qui en moi lentement bouges, tes mains sur mon visage, tes doigts dans ma bouche, le plaisir dans tes yeux, ta voix, tu bouges lentement et cela me fait presque mal, mon plaisir, ma voix,

  il écoutait, il se tourna à un moment pour la regarder, la vit, voulut baisser les yeux mais ne le put,

  mon corps sur le tien, ton dos qui me soulève, tes bras qui ne me laissent pas partir, les coups à l’intérieur de moi, la violence et la douceur, je vois tes yeux chercher les miens, ils veulent savoir jusqu’où me faire mal, jusqu’où tu veux, mon bien-aimé seigneur, il n’y a pas de fin, cela ne peut finir, ne le vois-tu pas ? personne jamais ne pourra effacer cet instant, pour toujours tu lanceras ta tête en arrière, en criant, pour toujours je fermerai les yeux, laissant mes larmes se détacher de mes cils, ma voix dans la tienne, ta violence à me tenir serrée, il n’y a plus de temps pour fuir ni de force pour résister, cet instant-là devait être, cet instant est, crois-moi mon bien-aimé seigneur, et cet instant sera, maintenant et à jamais, il sera, jusqu’à la fin,

  dit-elle, dans un filet de voix, puis elle s’arrêta.

  Il n’y avait pas d’autres signes, sur la feuille qu’elle tenait à la main : la dernière. Mais quand elle la retourna pour la poser, elle vit au verso quelques signes encore, soigneusement alignés, encre noire au centre de la page blanche. Elle leva le regard sur Hervé Joncour. Ses yeux la fixaient, et elle comprit que c’étaient des yeux magnifiques. Elle regarda à nouveau la feuille.

 

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