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Opération bague au doigt

Page 2

by Lynda Curnyn


  Chaque fois que quelqu’un — surtout moi — ose insinuer que rares sont les gosses de six ans qui ont vraiment besoin d’exercices cardio-vasculaires, Rena s’empresse de rétorquer : « La bonne santé, c’est avant tout une question d’habitude. »

  Finalement, je finis par prendre un certain plaisir à cette routine. Parce que je sais que, dès les premières mesures du générique, mes pieds vont esquisser les premiers pas du mouvement d’échauffement au rythme de Colin. Au fur et à mesure que nous progresserons dans la série d’étirements, d’accroupissements et de lancers de jambes, mon corps sera non seulement assez souple pour faire tous les exercices, mais il pourra trottiner et sauter à travers la pièce tout en encourageant de la voix les dix petits acrobates en herbe.

  Inutile de dire que les enfants mettent un point d’honneur à bien se débrouiller devant leurs parents assis hors du champ de la caméra. On peut lire sur le visage de ces derniers un mélange de fierté parentale et d’angoisse paralysante : ils craignent que leurs chères petites têtes blondes ne perdent l’équilibre et ne tombent, ce qui leur vaudrait d’être évincés de cette série de cours de six semaines. Alors que eux, parents, ont fait un lobbying d’enfer pour inscrire leur gamin !

  Et puis, quand la pendule murale marquera la demie, je pourrai enfin pousser mine de rien un soupir de soulagement (auprès de mes partenaires en herbe, je le fais passer pour un exercice d’expiration idéal pour la santé !).

  Et je m’inclinerai en avant pour un dernier étirement avant de faire un tour d’honneur avec la bande de joyeux lutins pendant les applaudissements qui ponctueront la fin de l’émission.

  — Tu passes la soirée avec Kirk, aujourd’hui ? me demande Colin tandis que nous regagnons les vestiaires exigus au fond du studio.

  Soit dit en passant, à sa façon de me poser systématiquement la question ces derniers temps, je vois bien qu’il est satisfait de la tournure que prend ma liaison. Lui-même vient de rompre avec Tom il y a deux mois, et il a passé un cap difficile. Colin est l’homme d’un seul homme, mais il est rassuré de constater qu’il existe dans le monde d’autres monogames convaincus.

  — Bien sûr.

  J’ai mis dans ma réponse toute la confiance qu’une petite amie se doit d’avoir au stade où nous en sommes dans notre relation, Kirk et moi.

  Pourtant, plus tard dans la soirée, force m’est de constater que Kirk ne doit pas en être tout à fait au même stade…

  Je passe la soirée chez lui, comme je le fais plusieurs fois par semaine. Pas seulement parce qu’il habite plus près du studio que moi. C’est parce que nous aimons passer le plus de temps possible ensemble. A vivre et à dormir ensemble, ce qui est souvent le cas, Kirk ayant tendance à piquer du nez assez tôt.

  En plus, le deux pièces de Kirk est un havre de paix comparé à mon trois pièces sans ascenseur, un vrai foutoir que je partage avec Justin, mon colocataire, et mon meilleur ami après Grace.

  Oui, c’est une oasis… Tout est parfaitement rangé, ses placards sont remplis de chemises soigneusement repassées et les affiches de cinéma qui décorent les murs sont alignées avec une précision quasi géométrique (nous adorons tous les deux le cinéma, même si Kirk a une prédilection inquiétante pour les films d’horreur alors que moi, je préfère les grands classiques. Et tous les films avec Mel Gibson sans aucune exception…).

  Son armoire à pharmacie mérite le détour, me dis-je ce soir-là en me brossant les dents avant d’aller au lit. Le tube de dentifrice est enroulé très proprement à côté d’un gobelet un peu clinquant qui abrite sa brosse à dents. Son rasoir (un cadeau de son ex que j’ai tenté de remplacer un jour par un paquet de Gillette jetables, mais sans succès) est blotti contre un flacon de Chanel pour hommes (ça, c’est un cadeau de moi, merci, mais il ne daigne s’en vaporiser que sous la contrainte…).

  Je conserve également dans cette armoire un antihistaminique, car j’ai une fâcheuse tendance à faire une réaction allergique à la moindre occasion. Tout est bon : le pollen, la poussière, les moisissures…

  En poussant un soupir satisfait, je recrache mon mélange d’eau et de dentifrice dans le minuscule lavabo blanc. Je prends bien soin de rincer les éclaboussures de mousse pour que la faïence retrouve sa perfection initiale. Et je retourne dans la chambre, où Kirk est vautré sur le lit, son portable sur les genoux. Il a les yeux rivés sur l’écran.

  Je bondis sur le lit en boxer et T-shirt (que j’ai fauchés dans son tiroir du bas, à gauche).

  — C’est l’heure de jouer.

  — Juste une minute, chérie, et je suis à toi, dit-il en levant le nez de son écran un quart de seconde pour me décocher un petit sourire du genre : « Message bien reçu ! »

  Je m’installe près de lui. Après avoir jeté un bref coup d’œil sur l’écran bourré de codes incompréhensibles, je prends mon bouquin sur la table de chevet de Kirk, Le théâtre et son double, d’Antonin Artaud. Je l’ouvre à la page cinq — celle où je suis bloquée depuis six jours en essayant vainement d’entrer dans le sujet — et je commence à lire. Enfin, quand je dis lire… Mes yeux sont bien trop occupés à admirer le profil de Kirk.

  Il a le plus beau front que j’aie jamais vu. Le contact de ces cheveux noirs et de cette peau veloutée et si lisse… Sauf qu’aujourd’hui, son front est creusé de sillons tandis que ses yeux gris fixent l’écran. Il en oublie presque de cligner les yeux !

  Une des choses que j’ai admirées tout de suite chez Kirk, c’est cette faculté de se concentrer dans n’importe quelle situation. Pour être franche, ça me dépasse un peu. Forcément. Car à la minute même où faire l’amour avec lui m’est apparu comme une possibilité envisageable, le concept d’intelligence m’est devenu totalement étranger. Savez-vous ce qui, curieusement, m’a fascinée le plus dès que je l’ai vu ? C'est qu’il avait l’air d’être complètement indifférent à la présence des femmes.

  Nous nous sommes rencontrés sur mon lieu de travail. Je parle de mon travail de jour, ma seconde source de revenus, à Lee & Laurie Catalogue, où je suis affectée au service clients à temps partiel pour me dédommager de tout l’argent que je ne touche pas en tant qu’actrice. A l’époque, Kirk travaillait pour Lanix, le logiciel dont Lee & Laurie faisaient leurs choux gras. Kirk était passé pour mettre à jour nos installations. Dès que je l’ai aperçu, j’ai été intriguée. Il était là, concentré sur l’un des nombreux terminaux qui encombraient le paysage… Non seulement je l’ai trouvé superbe, avec ses cheveux châtain foncé, ses yeux gris pétillant d’intelligence, ses lèvres pulpeuses et sa mâchoire virile, mais en plus, il connaissait son affaire. Seulement voilà, il était tellement absorbé dans sa tâche qu’il ne semblait voir personne, excepté cette ribambelle de codes qu’il tapait sur chaque clavier d’ordinateur, bondissant d’un poste de travail à l’autre.

  C'est sans doute pour cela que j’ai succombé aussi vite, du moins c’est l’avis de Grace, que j’appelais régulièrement pour lui faire un rapport complet sur mes tentatives de séduction, lesquelles tombaient toujours à plat. Je ne pouvais m’empêcher d’inventer des tas de bonnes raisons pour attirer Kirk dans mon bureau. Une souris paresseuse, un clavier bloqué (quelques graines de sésame du déjeuner, mais au moins, ça l’a fait sourire…). En plus, je mettais une mauvaise volonté surprenante à ne pas comprendre les nouvelles fonctions du logiciel qu’il venait de m’installer. Pendant qu’il jouait avec ma souris défaillante, qu’il époussetait mon clavier en me réexpliquant une énième fois les nouvelles procédures, je lui racontais des blagues bon enfant, mais dans l’ensemble assez nulles… Je m’arrangeais pour me tenir suffisamment près de lui et lui effleurer le bras « par accident » (mmm, quels muscles !) ou pour lui décocher un sourire enjôleur.

  La deuxième semaine, après plusieurs travaux d’approche infructueux, j’ai avoué à Grace que ce mec m’obsédait. Et vous savez ce qu’elle m’a répondu ?

  — C'est parce qu’il reste imperturbable. Et ça, difficile d’y résister ! C'est un vrai défi.

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p; J’ai compris plus tard qu’elle avait raison, lorsque j’ai enfin décidé de suivre ses conseils.

  — Qu’est-ce que tu attends pour l’inviter à sortir ?

  A ma grande surprise, il a accepté ! Et on peut dire qu’il m’a subjuguée dès le premier rendez-vous. Il était si différent des autres hommes que j’avais connus. Pour commencer, il gagnait assez d’argent pour régler la note de restaurant. Et puis j’admirais son ambition quand il me parlait de son rêve : créer sa propre boîte de logiciels.

  Et je ne vous parle pas de son corps d’athlète, qu’il entretient quatre fois par semaine dans un club de gym. Mais ça, je l’ai constaté un peu plus tard, quand j’ai franchi une nouvelle étape dans notre relation. Bref…

  La chaleur de son corps musclé m’imprègne tout entière. Je m’installe douillettement contre lui, les yeux toujours fixés sur mon livre, jusqu’à ce que je sente son corps réagir : Kirk est en train d’éteindre l’ordinateur et se penche pour le déposer sur sa table de nuit.

  Je ferme le livre d’un claquement joyeux, et un sentiment de triomphe très excitant m’envahit, comme au premier jour, même après deux ans ou presque. Vous pouvez me traiter de nympho si ça vous chante, ou penser que j’adore les défis, je m’en fiche complètement. Il n’y a rien qui ne me touche davantage que de voir Kirk me sourire avec cette petite lueur de prédateur dans les yeux.

  — Arrive ici, toi ! me dit-il d’une voix rauque, comme si c’était moi qui avais résisté à ses travaux d’approche.

  Sans l’ombre d’une hésitation, je me mets à le chevaucher, ravie de découvrir qu’une poignée de secondes lui a suffi pour passer du software au hard! Pourtant, attifée comme je le suis, on a peine à distinguer que je suis une femme…

  Ses larges mains se frayent sans peine leur chemin sous mon ample T-shirt, trouvent mes seins menus et commencent à les caresser.

  Je soupire d’aise en sachant ce qui m’attend. Car s’il y a un domaine où nous nous entendons parfaitement jusqu’ici, c’est bien le sexe ! En bon scientifique qu’il est, il se livre à d’innombrables expériences pour découvrir en moi tous les ressorts du plaisir… (Si j’appuie là, ça lui fait quoi ?)

  Et moi, je ne me lasse pas de cette précision scientifique. Qu’il m’expérimente tant qu’il veut ! Il me fait rouler sous lui, envoie valser nos boxers, et reste un moment accroupi sur les talons pour enfiler le préservatif rangé, comme toujours, dans le tiroir de sa table de chevet.

  J’aurais pu me haïr d’être si docile entre ses mains, mais une onde de chaleur m’envahit au moment où il se glisse en moi. Le seul reproche que je pourrais faire à Kirk, c’est qu’il n’embrasse pas beaucoup pendant l’amour. Quand nous sommes soudés l’un à l’autre, il trouve rarement le chemin de ma bouche. Mais bon, peu importe, me dis-je en contemplant son visage qui a viré au pourpre, ses cils noirs et sa bouche pleine. D’ici, je vous assure que la vue est imprenable !

  Tout à coup, voilà qu’au lieu de me repaître de ces images, comme j’ai l’habitude de le faire, je ferme les yeux. Et juste au moment où je commence à vibrer au rythme de son corps, un flash me traverse l’esprit, inattendu, brutal. J’imagine Kirk retirant un à un mes vêtements, me prenant dans ses bras pour me déposer sur un lit à baldaquin que je n’ai jamais vu de ma vie. Et lorsque — toujours dans ma tête — je pose le regard sur les vêtements qui s’entassent à mes pieds, j’aperçois à ma grande surprise (et avec horreur !) des kilomètres de soie blanche. Serait-ce, dans mon esprit enfiévré, une robe de mariée ?

  Mon corps se contracte aussitôt — presque sans le vouloir car il me semble que c’est bien trop tôt — et je ressens l’orgasme le plus violent de ma vie qui m’emporte dans un spasme sans fin. J’ouvre les yeux tandis qu’un cri à faire trembler les murs s’échappe de ma bouche…

  J’ai failli croire que ce cri de libération venait de Kirk, car lui, contrairement à moi, ne se retient pas d’exprimer bruyamment son plaisir. C’est alors que je lis la surprise dans son regard. Quelques instants plus tard, je le sens (et je l’entends) prendre à son tour son plaisir, et son corps repu retombe sur moi.

  Quand il reprend ses esprits et lève les yeux, un sourire illumine ses traits. Il se penche pour effleurer ma bouche d’un baiser inattendu.

  — Ouaouh ! C’était quelque chose…

  — Oui.

  Je suis à bout de souffle et je scrute son visage. Ça oui, c’était quelque chose ! me dis-je pleine d’espoir, le cœur battant la chamade. Mais est-ce que ça veut dire quelque chose ? Est-ce que tout ça a un sens ? Je ne peux m’empêcher de repenser à cette robe, que j’ai imaginée avec une telle précision.

  Oui, il est clair que ça a un sens. Car si faire l’amour avec Kirk a toujours été pour moi une révélation, cette fois la révélation était d’une tout autre nature… En tout cas pour moi. Et je continue à scruter son regard, y cherchant la trace d’émotions inconnues jusqu’alors. Celles que moi, j’ai ressenties de tout mon être…

  Et je distingue une petite lueur dans ses yeux, mais j’ignore ce qu’elle reflète. Jusqu’à ce qu’il me dise en riant :

  — Je ne t’ai jamais sentie réagir aussi… fort. J’ai l’impression que c’était le pied, non ?

  Puis il se penche en arrière avec un regard qui me dit clairement ce que lui ressent. De la fierté ! Cette stupide fierté des coqs de basse-cour, le sentiment de s’être surpassé…

  Et comme pour confirmer mes craintes, il se lance dans un nouveau discours scientifique.

  — A ton avis, c’était quoi ? Pas la position, en tout cas ! La position du missionnaire, difficile de faire plus classique…

  Il retire sa main de ma taille, qu’il vient de caresser doucement, et tâte le lit.

  — C'est peut-être ce nouveau matelas… Eh bien dis donc ! Si j’avais su, j’aurais filé un pourboire au vendeur !

  Mon Dieu, dites-moi que ce n’est pas vrai !

  A ce stade, j’aurais pu être complètement dégoûtée de Kirk… Mais il roule sur le dos, m’entraînant avec lui. Me clouant à lui. Est-ce de sentir sa poitrine musclée sous moi ? Ou la tendresse de ses mains caressant mon dos ? Ou peut-être tout simplement ce besoin de croire que Kirk n’est pas qu’un mec sujet à des crises d’euphorie sur l’aspect technique du sexe, mais qu’il a ressenti, lui aussi, quelque chose de différent qu’il ne peut se résoudre à exprimer.

  Ça me rend plus indulgente, et je m’enfonce davantage en lui pour essayer de faire durer cette sensation, quelle qu’elle soit.

  Jusqu’à ce que je sois rattrapée — très vite — par la réalité.

  Kirk regarde la pendule, s’assied en se dégageant de moi.

  — Déjà 22 heures ! Il faut que je prépare mes affaires.

  — Tes affaires ?

  Il bondit du lit, me faisant un peu d’air frais au passage, enfile son caleçon et se dirige vers le placard.

  — Zut, ne me dis pas que j’ai oublié de t’en parler !

  Il se tourne vers moi, déconcerté, dérouté, comme s’il repassait dans sa tête l’une de ses sempiternelles listes de « choses à faire » en se rendant compte qu’il a oublié l’un des points les plus importants de cette liste : moi !

  Je suppose qu’il doit voir un client. Je prépare donc mentalement un beau discours… Je m’apprête à lui dire combien j’apprécierais d’être prévenue de ces déplacements… Et puis j’entends ces mots :

  — Ce week-end, je vais chez moi.

  Ça me stoppe net. Kirk va chez lui, à Newton, dans le Massachusetts. Pour voir ses parents. Des parents qu’entre parenthèses je n’ai pas encore eu l’heur de connaître.

  — Et tu as décidé ça quand ?

  Je sens un vent de panique m’envahir.

  — Eh bien, euh, la semaine dernière ? De toute façon, je n’ai réservé mon billet que ce matin. J’allais justement t’en parler…

  Sa voix s’éloigne. J’ai l’esprit ailleurs, j’examine les faits : Kirk rentre chez lui comme il le fait deux fois par an. Et il ne m’a pas invit�
�e. Toujours pas ! Le souvenir de la voix provocante de Josh sur mon répondeur me taraude. Pendant que je fantasmais sur mes robes de mariée, Kirk était en train de planifier un pèlerinage sur les terres parentales, sans moi.

  Il est clair que je ne suis pas près d’« ouvrir le couvercle » avec Kirk. Vu le nombre de fois où il est allé voir ses parents sans m’inviter au cours des derniers dix-huit mois (score : 0-3 !), j’ai comme l’impression que le couvercle est encore bien vissé !

  Ne sachant comment aborder le sujet délicat d’une rencontre avec ses parents, je parle du problème le plus immédiat.

  — J’aurais préféré que tu m’en parles plus tôt.

  J’aurais pu avoir une chance de prétendre au statut de petite amie officielle. Ça, c’est ce que je pense très fort, mais je le garde pour moi.

  — Je suis désolée, Angie, mais tu sais… le boulot que j’ai avec ce nouveau client. Je t’ai dit que j’écris un programme pour Norwood Investments ? Ils ont des bureaux dans tout le pays. Si j’arrive à le décrocher, j’ai de quoi m’occuper pendant plusieurs années…

  Je reste silencieuse. Peut-être est-ce parce que Kirk s’est arrangé pour me rappeler discrètement qu’il est concepteur de logiciels et qu’il a le vent en poupe. Que le programme créé il y a six mois pour l’automatisation des postes de travail est la seule chose qui lui tient à cœur, surtout depuis que des sociétés financières prestigieuses telles que Norwood Investments s’intéressent à lui. Face à une telle ambition, comment lui faire comprendre à quel point j’aimerais qu’il me trouve digne d’être présentée à ses parents ?

  Kirk enfile un jean et un T-shirt.

  — Angie, je fonce à Duane Reade faire quelques achats pour mon voyage. Tu as besoin de quelque chose ?

  Je réponds sans trop me mouiller.

  — Euh, non, rien.

  Mais je pense fortement : « Oui ! me faire examiner par un psy… »

  — D’accord. Je reviens dans un quart d’heure.

  Il me donne un baiser à la va-vite sur le front et se dirige vers la porte.

 

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