by Lynda Curnyn
En ce qui concerne Kirk, pas de doute. Lorsque Kate lui confie la petite Kimberly au moment où nous regagnons nos places, il sourit à l’enfant qui se tortille dans ses bras, et je lis dans ses yeux un bonheur infini. Il se tourne alors vers moi. Son regard plein d’espoir me signifie clairement : es-tu prête, toi aussi ?
Mon Dieu !
Prête ou pas, me voici de retour chez les parents de Kirk, entourée d’un petit groupe de parents qui, m’a-t-on dit, n’ont pas cessé de nous reluquer sur les bancs de l’église. J’ai été présentée comme la petite amie de Kirk, et même une fois comme sa fiancée par Kate, qui a pris conscience de sa bourde en me voyant virer au pourpre jusqu’à la racine des cheveux. Pourquoi cette réaction de ma part, ça je l’ignore… Tout comme j’ignore les raisons qui me poussent à rester pendue aux basques de Kirk, espérant contre vents et marée que ce rêve devienne réalité (malgré les regards soupçonneux de sa mère depuis que j’ai rangé vite fait son châle en dentelle dans le placard de l’entrée).
Le reste de la journée passe très vite. Le repas est servi sous forme de buffet couronné par le gâteau traditionnel que je m’empresse de servir aux invités, sans doute pour m’attirer les bonnes grâces de Mme Stevens en jouant les esclaves dévouées. Je pousse même le bouchon jusqu’à essayer de faire un peu de vaisselle dans la cuisine, mais Mme Stevens me fait presque le reproche de n’être pas restée dans le salon pour prendre congé de sa grand-tante Bertha, qui a dû s’éclipser tôt à cause de ses rhumatismes.
C’est tout juste si je ne l’envie pas, cette brave vieille dame…
Ensuite, nous procédons à l’ouverture des cadeaux. Il n’y en a pas tant que ça, d’ailleurs : une majorité d’enveloppes (bourrées d’argent, je présume), quelques robes, une Bible pour enfants et une arche de Noé en plastique avec tous ses pensionnaires. Je n’ai même pas à mettre sur le tapis les risques d’étouffement pour l’enfant, Mme Stevens s’empressant de faire disparaître chaque cadeau avant que la petite Kimberly ait pu poser dessus ses petites mains poisseuses !
Kayla offre à sa filleule une croix, ce qui me surprend un peu car je la croyais moins à cheval sur les traditions. Mais en la voyant rayonner devant le sourire satisfait de sa mère, je comprends que je ne suis pas la seule à chercher à plaire à la famille.
Mon cadeau est le plus grand de tous… Je parle de la taille du paquet, bien sûr. Je suis là, les jambes flageolantes, à attendre que la petite Kimberly commence à déchirer le papier comme on l’a autorisée à le faire avant que sa mère ne prenne le relais pour l’aider. Comment vont-ils réagir ?
— C'est une petite caisse enregistreuse ! Comme c’est mignon. Merci, Angela ! s’exclame Kate.
— C'est une excellente idée, renchérit Mme Stevens.
Elle autorise même la petite à appuyer sur le petit levier en plastique qui commande l’ouverture du tiroir-caisse dans un tintement de grelots, envoyant valser sur le tapis d’énormes pièces de monnaie en plastique. Bien entendu, Kimberly se jette aussitôt sur l’une d’elles et entreprend de l’enfourner dans sa minuscule bouche.
Mon Dieu ! Mais d’où sortent toutes ces pièces ? J’avais tout prévu sauf ça, ce cadeau était à première vue tout à fait inoffensif…
Du coup, c’est moi qui me mets à quatre pattes pour ramasser tous ces étouffe-bébé en puissance. Heureusement, Mme Stevens ne s’est aperçue de rien, trop occupée à faire une conférence à sa famille et aux rares invités encore présents sur l’intérêt d’apprendre aux enfants très tôt la valeur de l’argent.
— Il n’y a rien de pire que les dettes, dit-elle en me regardant d’un air satisfait.
Le genou à terre, et les mains pleines de pièces en plastique, je m’empresse d’acquiescer. Un peu trop vigoureusement peut-être en pensant au relevé astronomique de ma carte Visa qui m’attend à la maison !
— Je pense qu’un endettement important témoigne d’un certain relâchement moral. Tu n’es pas d’accord, Phil ?
Si je vous disais que même M. Stevens est d’accord avec sa femme sur ce point !
Je sens soudain le bras de Kirk me frôler l’épaule. Il se penche à mon oreille et murmure :
— Je me demande ce que dirait ma mère, si elle savait qu’il y a un an encore, tu faisais preuve de relâchement moral.
Et il éclate de rire en croisant mon regard, comme s’il était heureux de partager ce secret avec moi sur ma vie passée, et fier de m’avoir aidée à bâtir un budget. Seulement voilà, il ne sait pas que je suis retombée dans le péché…
Je souris en détournant les yeux. J’en arrive à souhaiter que demain, notre avion s’écrase ! Je n’aurais pas à affronter l’avenir. Tout pour ne pas devenir une seconde Mme Stevens, avec mes habitudes déplorables d’utiliser les cartes de crédit… et ma fâcheuse tendance à faire pleurer les petits enfants. C'est d’ailleurs ce que fait la petite Kimberly à la minute même où je parviens à retirer de ses minuscules griffes la dernière pièce en plastique.
Après le départ du dernier invité, je fais des efforts désespérés pour aider à la remise en ordre de la pièce, mais sans en rajouter…
Dès que je mets le pied dans la cuisine avec une pile d’assiettes sales, Mme Stevens me l’arrache des mains et m’enjoint de retourner au salon.
— Ce n’est pas à vous de faire ça, vous êtes notre invitée.
« Invitée », ce doit être un nom de code pour éviter de dire « intruse ». Chez ma mère, la seule façon de s’intégrer à la famille est de participer au cérémonial de la vaisselle avec les autres femmes du clan. Ou de jouer avec les gosses. Mais on a déjà fourré Kimberly dans le petit lit que Mme Stevens a préparé dans la chambre d’amis, au premier étage.
Je décide de suivre son exemple. De toute façon, personne n’a l’air de s’intéresser à moi. Je fais part de mes intentions à Kirk, qui vient tout juste de rentrer du garage où il est allé ranger les chaises pliantes qui ont servi pour la réception.
— Tu vas te coucher ? Il n’est que 22 heures ! C’est un peu tôt pour toi.
Mais il lit dans mes yeux l’état d’épuisement dans lequel je suis et m’embrasse sur le front comme si j’étais une enfant.
— D’accord. Repose-toi bien !
Petit arrêt dans le salon pour souhaiter bonne nuit à M. Stevens et à Kenneth, mais c’est tout juste s’ils daignent lever le nez de l’écran de télé où ils regardent un match. Je fais un saut dans la cuisine où s’affairent Kayla, Kate et Mme Stevens. Elles lavent les assiettes, récurent les plats puis essuient la vaisselle avec une coordination parfaite. Une machine bien huilée.
— Si personne n’a besoin de moi, je vous souhaite une bonne nuit.
— Bonne nuit ! répondent-elles en chœur.
Seule Kayla daigne lever le nez de la table qu’elle est en train de laver, et elle me fait un clin d’œil.
Me voici de retour dans ma chambrette. J’enfile mon pyjama et, après avoir débarrassé le lit de toutes les peluches, je grimpe dans le lit et me glisse sous les draps glacés. Je reste un moment les yeux ouverts, écoutant les grognements étouffés de M. Stevens, de Kirk et de Kenneth, furieux que les Red Sox aient encore perdu leur match. Et le bavardage incessant de Mme Stevens, qui fait un cours à ses filles sur la meilleure façon de ranger les services en porcelaine.
Jamais je ne me suis sentie aussi seule…
Après une nuit de sommeil agité, je me réveille le lendemain dans un état d’épuisement complet. Je n’ai même plus envie de faire des efforts pour donner l’image de la bru parfaite. Heureusement pour moi, Kate et Kenneth ont déjà emballé la petite Kimberly toutes affaires cessantes, ce qui m’évite quelques cours sur la façon d’élever les enfants. Pendant que Mme Stevens s’agite dans la cuisine avec Kayla pour préparer le petit déjeuner, je m’installe dans le salon pour lire Cosmo. Il y a une top model sublime en couverture, avec un décolleté plongeant. Attention aux commentaires sur le choix de mes lectures ! Mais Mme Stevens est trop affairée pour me voir. C'est ce qui p
ouvait m’arriver de mieux car je doute qu’elle trouve les gros titres à son goût (« Comment avoir un meilleur orgasme » ou « Soyez sexe… maintenant ! »).
Une fois assise avec les autres dans ce que Mme Stevens appelle le « coin cuisine » (j’appellerais plutôt ça un placard), je n’essaie même pas de leur cacher que j’ai voté pour Clinton. Eh oui, nous avons fini par aborder ce sujet tabou lorsque M. Stevens a tenté de reprocher à l’ancien président la faillite de la famille américaine. Et pourquoi tout ça ? Parce que Mme Stevens a préparé des œufs immangeables avec lesquels j’ai pris mes distances. Pas question de me choper une salmonellose!
Soudain, Mme Stevens se met à jouer les experts météo.
— J’ai l’impression que nous allons avoir une belle journée. Que diriez-vous d’une petite balade à vélo, les enfants ?
Parfaitement ! Elle a bien dit « les enfants ».
Kayla se défile en prétextant un rendez-vous avec son ami Lars, et me lance un nouveau clin d’œil avant de se lever de table. Sautant sur la suggestion de sa mère, Kirk m’attrape par la main et me fait quitter la table avant que j’aie le temps de me lancer dans un nouveau sujet de conflit.
Nous nous retrouvons en train de pédaler comme des fous sur des vélos à dix vitesses (il y avait cinq engins dans le garage !).
— Tu peux me dire ce qui t’a pris ?
Je réponds d’un ton innocent :
— Je ne vois pas de quoi tu parles.
Dès que j’ai franchi le portail de la maison, je commence à descendre la rue à toute allure, à pédaler de plus en plus vite, sans avoir la moindre idée d’où je vais. Kirk me rattrape et quand je me retourne, le sourire aux lèvres, il est de plus en plus perplexe. Je lui lance un défi.
— On fait la course… Le premier qui arrive à la sortie du bourg !
Et nous voilà partis à la vitesse grand V. Kirk prend très vite la tête, mais je m’en fiche comme de mon premier soutien-gorge ! Car pour la première fois du week-end, je me sens merveilleusement bien en dépassant les jolies petites maisons, les cheveux au vent. Kirk s’arrête dans un tournant pour me permettre de le rattraper, et je ralentis pour le rejoindre.
— Suis-moi. Je vais te faire visiter le reste du village.
Nous adoptons une allure plus reposante. Il me montre les maisons de ses anciens copains de classe, le parc où il jouait au base-ball. Nous terminons le pèlerinage par le terrain de foot de son lycée. Après avoir garé nos vélos près des gradins découverts, nous montons tout en haut pour nous asseoir au soleil. Mais au bout d’un moment, je ne tiens plus en place. Poussée par je ne sais quel grain de folie, je me glisse entre deux rangées de gradins et je me mets debout sur la structure métallique d’où je lève le nez pour regarder Kirk.
— Je t’ai déjà dit qu’au lycée, j’avais les meilleures notes en gym ?
En fait, ça vient tout juste de me revenir. J’attrape le pilier de soutien et je commence à descendre.
Kirk m’accompagne des yeux.
— Mais qu’est-ce que tu fabriques ?
Allez savoir ! Je n’en ai aucune idée… Surtout qu’en regardant en bas, je me souviens tout à coup que je souffre du vertige. Mais jamais je n’ai eu peur à ce point…
Quand je pense qu’on m’appelait affectueusement « le singe » en cours de gym ! Qu’est-elle devenue, cette fille-là ? Une petite voix me chuchote : « Elle est revenue ! » et j’agrippe le pilier pour descendre plus vite.
Une fois en bas, je vois que Kirk est en train de suivre le même chemin, juste au-dessus de moi. Il saute du dernier barreau métallique, m’attrape au passage et me plaque sur la pelouse.
Après une brève lutte, Kirk a le dernier mot et me cloue au sol sous lui. Profitant de mon avantage, je l’embrasse à pleine bouche. Il presse son visage contre le mien et me rend mon baiser. Puis il se soulève pour me regarder entre ses paupières mi-closes.
— Je vais te dire un secret. C'est sous ces gradins que j’ai perdu ma virginité.
— Tu te fiches de moi ? Attends, laisse-moi deviner. Elle s’appelait Peggy, et c’était le chef des pom pom girls…
Il sourit en m’embrassant le bout du nez.
— Perdu ! Elle s’appelait Chastity et elle faisait partie des majorettes.
— Ne me dis pas que tu as eu ta première expérience sexuelle avec une fille qui s’appelait Chastity !
Je pique un fou rire. Impossible de m’arrêter. J’en ai mal aux mâchoires. Il me répond, goguenard, en me mordillant la lèvre.
— Ris toujours… Elle savait très bien jongler avec les bâtons… Les bâtons, c’était son fort…
Je l’embrasse de nouveau, et je sens son sexe se durcir entre mes jambes. Une sensation de chaleur m’envahit. Je suis devenue Chastity, la majorette, celle qui se donne au beau capitaine de l’équipe de foot.
Mes mains s’attardent sous la chemise de Kirk, caressent son torse trempé de sueur. Il m’agrippe le poignet et me regarde comme si je venais de lui lancer un défi. Puis il enlève mon corsage, écarte mon soutien-gorge et prend dans sa bouche la pointe d’un sein, puis s’attaque à l’autre.
Je me dégage de son étreinte en roulant sur le côté et je m’assieds pour enlever mon short et ma petite culotte sans lui laisser le temps de protester.
— Faisons l’amour. Ici.
Il finit par s’asseoir, lui aussi, en regardant nerveusement autour de lui. Voyant que le stade est vide, il baisse la fermeture Eclair de son short qu’il retire et se débarrasse de son slip, suffisamment pour se libérer. Au moment où il va s’allonger sur moi, je le vois blêmir.
— Nous n’avons pas de préservatif.
Voyant la déception qui se lit sur mon visage, Kirk me presse de ne pas arrêter là.
— Nous n’avons jamais fait l’amour sans… Tant pis, on s’en passera, pour une fois. Je… je me retirerai.
Et avant que je puisse émettre la moindre protestation — la méthode du coït interrompu ne me plaît pas beaucoup —, il est déjà enfoncé profondément en moi.
Est-ce l’absence de préservatif? Tout me paraît différent, cette fois. Dangereux… Comme si j’avais vraiment seize ans, sauf que nous n’avions pas de gradins découverts dans mon lycée. Ni d’équipe de foot. Nous avions des ponts et des tunnels, et nous avions même des chambres lorsque nos parents n’étaient pas en ville. Le problème, c’est que mes parents à moi n’ont jamais été nulle part. Mais les parents de Vincent, si ! Je ferme les yeux et je le revois… Mon Dieu, se peut-il que je puisse aimer de nouveau autant que je l’ai aimé ? Mais bien sûr que oui, voyons. N’est-ce pas, Angie, c’est bien le cas ?
Oublions l’amour, me dis-je en imaginant cette fois que je suis la majorette en train de séduire le capitaine de l’équipe de foot.
Kirk est clairement sur une autre planète. Il me regarde avec… oui, avec tendresse. J’accélère le mouvement de mon corps et je ferme les yeux, dans la quête désespérée de quelque chose. Quoi, je ne sais pas. L'image de Vincent me traverse le cerveau comme un flash. Il me dit qu’il m’aime, mais je ne le crois plus. Une nouvelle image surgit alors, celle d’un homme aux cheveux noirs. J’ai l’impression de le connaître… mais je ne peux mettre de nom sur ce visage. Oh, mon Dieu ! C'est mon premier danseur de salsa, la bombe sexuelle. C’est lui que j’imagine là, sur moi ! Et cette image est très… excitante. J’ouvre les yeux pour reprendre contact avec la réalité : le regard plein d’amour de Kirk. Je ne supporte pas ce regard, je referme les yeux et c’est alors qu’apparaît le visage d’Umberto, mon danseur numéro deux. L'image est d’une netteté inouïe… Il me jauge de son regard de Latino sûr de lui. De la braise incandescente… Oh, mon Dieu, oh oui, oh…
Soudain, Kirk me soulève et m’écarte vivement de lui en se tournant sur le côté, répandant sa semence sur l’herbe. Je ne saurais dire si c’est la déception ou le soulagement qui l’emporte alors en moi.
Puis il m’attire de nouveau à lui et embrasse ma bouche, mon front, me caresse le dos.
— C’était extra
ordinaire. Tu es extraordinaire.
J’aurais voulu lui dire la même chose, mais est-ce bien avec lui que je viens de faire l’amour ? Je n’en suis plus très sûre.
Je ne suis même plus certaine de savoir qui je suis.
Nous prenons un itinéraire différent pour rentrer. L’allure est plus tranquille qu’à l’aller : nous pédalons « à l’économie », comme si nous étions dans un rêve où tout se déroule au ralenti. Kirk continue de commenter le paysage et je hoche la tête stoïquement.
Je ressens depuis peu un vide énorme.
Kirk s’arrête devant une grande bâtisse à trois étages. Quel rôle a-t-elle pu jouer dans sa vie ?
Il contemple longuement la maison avec sa pelouse impeccablement entretenue et sa grande véranda bordée de plantes en pot.
— C’est la maison dans laquelle j’ai toujours rêvé de vivre un jour.
Cette fois, la sensation de vide en moi disparaît pour faire place à la peur. Mes craintes se confirment lorsque Kirk me gratifie du même regard que tout à l’heure.
— Je veux dire… quand je m’installerai avec la personne qu’il me faut.
Et cette personne, il est clair que c’est moi.
C’est bien ce que j’attendais, non ? Alors pourquoi cette soudaine envie de sauter sur mon vélo et de m’enfuir en pédalant comme une folle jusqu’à New York ?
— Euh, tu es sûr de vouloir vivre si près de tes parents?
— Pourquoi pas ? Et puis ils prennent de l’âge. Ils auront peut-être besoin de sentir que je suis près d’eux.
Cette fois, j’ai vraiment une trouille bleue. Je m’imagine en train de donner à manger du steak haché à une Mme Stevens édentée et décrépite qui, malgré son état de délabrement avancé, continue à tout régenter, des finances jusqu’à… ses belles-filles !
— Et tes projets de travail, qu’est-ce que tu en fais ? Il me semble que New York est l’endroit idéal pour nouer des contacts.
— Je parle de la période d’après… une fois que j’aurai un portefeuille de clients stables. D’ici là, ton contrat avec Réveil tonique arrivera à son terme, et tu seras peut-être enfin prête à continuer les exercices avec tes propres enfants…