Opération bague au doigt

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Opération bague au doigt Page 38

by Lynda Curnyn


  Il se penche vers moi en repoussant doucement une mèche de cheveux de ma joue, et murmure à la lumière dansante des bougies.

  — Tu sais, j’ai discuté avec mon copain Sammy, aujourd’hui. Tu te souviens de lui ? Il prenait des cours avec nous aux HB Studios. Le fameux soir où j’ai chanté, il est venu me voir au Back Fence, mais il a dû partir tout de suite après le spectacle et je n’ai pas eu l’occasion de le revoir.

  — Oui, il me semble que je m’en souviens. Il est petit, c’est bien ça ? Et hypermarrant. Où en est-il ?

  — Il est revenu il y a un mois de Las Vegas, où il a fait la tournée des boîtes avec son one-man show comique, l’an dernier. Tu vois d’ici le topo : les casinos, les night-clubs… Il a trouvé délirant mon numéro sur Bernadette, et il est persuadé que je suis le nouvel Adam Sandler. Ça m’a donné des idées pour monter un spectacle et le roder.

  — Tu veux roder quoi, au juste ?

  Là, Justin m’a cueillie à froid. Qu’est-ce qu’il est encore en train de manigancer ?

  — Eh bien, un one-man show comique.

  Le moins qu’on puisse dire, c’est que je suis sceptique. C'est vrai, certaines des chansons sur Bernadette étaient très drôles, mais je ne crois pas que l’humour était intentionnel. Je n’apprécie pas du tout cette nouvelle façon d’aborder sa carrière.

  — Mais… et ta musique ? Juste au moment où tes efforts commencent à porter leurs fruits.

  — Oh, tu sais, la musique n’a jamais été ma tasse de thé préférée…

  Ça y est ! On est au cœur du problème.

  — Et je peux savoir ce que c’est ?

  — Voyons, le cinéma, bien sûr !

  Je suis soulagée de constater que j’ai toujours vu juste. Je sais ce qui peut faire le bonheur de Justin. C'est sans doute pour cela qu’il n’a pas fait grand-chose dans la chanson depuis son triomphe au Back Fence. Mais de me l’entendre dire, je suis sciée. Parce que, depuis que je le connais, j’ai toujours eu l’impression que Justin faisait tout, sauf réaliser son rêve.

  — Mais alors, pourquoi ne pas tourner un film ?

  — J’en ai fait un, Angie. J’ai même tout donné dans ce film. Et regarde où ça m’a mené.

  Je sens dans le ton de sa voix une sorte de fureur contenue que je n’avais jamais perçue auparavant.

  — Ça t’a rapporté une récompense, et le métier a commencé à s’intéresser à toi. Et ç’aurait sans doute continué si tu n’avais pas changé ton fusil d’épaule pour devenir acteur.

  — Si je n’avais pas changé mon fusil d’épaule, je ne t’aurais jamais rencontrée.

  Ces mots me font chaud au cœur. C’est décidé, je ne peux pas laisser l’homme que j’aime passer à côté de ses rêves.

  — Justin, tu ne peux pas laisser le hasard décider de ta vie. Si tu veux réussir, il faut t’en donner les moyens.

  — Je l’ai fait avec le cinéma. J’y ai consacré beaucoup de temps, et d’argent…

  — Si c’est l’argent qui te tracasse, tu peux toujours chercher des investisseurs. Tout ce que tu as à faire, c’est montrer aux gens influents que tu en veux !

  — Ce n’est pas un problème d’argent. J’ai assez de fric, à ne plus savoir qu’en faire. Entre les retombées de ces pubs et tous mes biens…

  — Tes biens ?

  — Je les ai hérités de mes parents. Quand ils sont morts, ils avaient une fortune considérable. Deux immeubles, une assurance vie. C'est mon oncle qui a fait fonction d’administrateur jusqu’à ma majorité. Je n’y ai pratiquement pas touché. C’est tout ce que… ce qui me reste d’eux.

  Justin m’apparaît soudain tel qu’il est. Je comprends mieux sa boulimie de stockage, tous ces biens accumulés, et tous ces meubles français qui encombrent notre appartement (hérités, eux, de son oncle et de sa tante). Sans compter tous les achats qu’il fait périodiquement.

  Je suis persuadée que tous ces… trucs lui servent de doudous ! Ça le sécurise. S’il s’attache plus aux choses qu’aux gens, c’est sans doute parce qu’il a perdu pratiquement tous les êtres qu’il aimait le plus.

  — Justin, de quoi as-tu peur ?

  — Je n’ai pas peur, Angie. J’essaie juste d’être heureux.

  — Mais pour être heureux, tu dois faire des choix ! Et si ce que tu veux vraiment, c’est faire des films, tu dois n’avoir que cet objectif en tête.

  — Je ne veux pas revivre ça, Ange. Tu ne peux pas imaginer ce que j’ai ressenti en voyant qu’après tout ce travail, mon film a atterri dans un placard d’archives… Il faut que j’avance. Et cette histoire de comédie, je la sens bien. Une fois à Las Vegas…

  — A Las Vegas ?

  — Oui, je vais accompagner Sammy quand il reprendra l’avion, dans un mois. Il m’a même proposé de rester avec lui, le temps de m’apprendre les ficelles du métier.

  — Je ne comprends pas. Il y a des clubs de comédie à New York ! Pourquoi t’exiler là-bas ?

  — Parce que Sammy a plein de contacts. Et puis tu sais à quel point le public new-yorkais est difficile. Je vais essayer de me faire un nom là-bas, et je reviendrai après.

  — Mais… et ton job ?

  — Pete a des tas d’assistants auxquels il peut faire appel en mon absence. S’il me propose du travail en premier, c’est uniquement parce que nous sommes amis.

  — Mais… et moi ? Qu’est-ce que je deviens là-dedans?

  C’est la question qui me brûle les lèvres depuis un moment.

  — On sera toujours ensemble. Avec le téléphone et les e-mails, pas de problème. Et puis je ne vais pas rester là-bas cent sept ans ! A mon avis, ça me prendra six mois à tout casser, peut-être un an…

  Un an !

  — Justin !

  — Quoi ?

  — Est-ce que tu te rends compte de ce que tu fais ?

  Il a l’air interloqué et me regarde sans comprendre.

  — Comment ça, ce que je fais ?

  — Tu t’apprêtes à prendre la fuite. Tu fuis tes rêves, et tu me fuis… moi !

  — Angie, c’est faux. Nous serons toujours ensemble.

  — Ensemble comme vous l’avez été, Lauren et toi ? Ou comme avec Denise ? Je voudrais juste savoir une chose, Justin. Quand es-tu tombé amoureux de ces deux filles, exactement ? Quand tu t’es retrouvé à des centaines de kilomètres d’elles ?

  — Mais ça n’a rien à voir, Angie…

  Je m’assieds et je le regarde droit dans les yeux.

  — En quoi est-ce différent ? Il me semble que si tu restes ici, dans cet appartement un mois de plus, ou une année de plus, tu pourrais peut-être commencer à te soucier de moi, tout de même !

  — Oh, je vois ce que tu veux dire. Tu crois que si je reste ici et… que je t’ épouse, nous serons heureux ? Je ne comprends pas pourquoi les femmes sont convaincues que le mariage est la solution à tous les problèmes.

  Je n’en crois pas mes oreilles.

  — Parce que, d’après toi, c’est ça que je veux? Me marier? Mais je t’aime, moi, pauvre idiot ! Et tu sais quoi ? Si tu me demandais de t’épouser, je serais sans doute assez bête pour te dire oui, c’est dire si je tiens à toi. Mais tu penses vraiment que j’ai envie de passer ma vie avec un homme qui possède une collection de canapés ? Eh bien, pas du tout. Tu me fais peur, Justin, tu ne peux pas savoir à quel point. Depuis que je te connais… Mais quand tout ça est arrivé — je désigne les draps froissés au bout du lit —, je n’ai pas réussi à contrôler mes sentiments. Je n’ai pas pu m’empêcher de t’aimer ! Toi, tes canapés et tout le reste !

  — Mais moi aussi, je t’aime, bon sang !

  Il a crié ces mots, comme s’il était furieux d’admettre l’évidence.

  — Crois-moi, Angie, je t’aime plus que je n’ai jamais aimé une autre femme ! Et rien ne pourra y changer. Mon voyage à Las Vegas ne changera rien à notre amour. Voilà pourquoi je sais que je peux le faire.

  — Ça ne marchera jamais, Justin. C'est impossible.

  A présent, j’en suis certaine. Tant
que Justin s’obstinera à prendre la fuite devant tout ce qu’il prétend aimer, ce sera la catastrophe. Les discussions, les arguments, rien n’y fait. Cette prise de bec m’a anéantie, j’ai l’impression que je ne comprends plus rien à rien.

  Je fais donc la seule chose qui me reste à faire : fuir. Rien ne peut plus m’arrêter. En quelques minutes, je rassemble toutes mes affaires à portée de main. Et je me sauve.

  J’ai enfin compris pourquoi j’ai gardé mes distances si longtemps avec Justin.

  Dès le début, j’ai su qu’il était le seul homme qui ait le pouvoir de me briser le cœur…

  J’arrête un taxi sans savoir encore où je vais atterrir. Au moment où le chauffeur me demande l’adresse, je lui donne celle de Grace ! Il ne me reste plus qu’à prier le ciel pour qu’elle soit chez elle. Et seule.

  ***

  Dieu merci, c’est le cas. Dès qu’elle ouvre la porte, elle est frappée par la détresse de mon regard.

  — Angie, que se passe-t-il ?

  — Justin et moi, c’est fini. Il s’en va à Las Vegas faire le pitre… Il y a de quoi mourir de rire, non ?

  — Entre. Je vais te donner quelque chose à boire.

  Une fois assises sur le canapé, un verre de Bacardi O Cosmo à la main, je lui raconte toute l’histoire.

  — Si tu veux avoir mon avis, Ange, ça ne ressemble pas à Justin. Le brusque changement de carrière, oui. Mais s’il y a une chose dont j’étais certaine, c’est que tu représentais tout pour lui. Il a toujours été là pour toi, comme un ami sur lequel on peut toujours compter.

  — C'est bien là le problème. A la minute même où nous avons dépassé ce stade, il a commencé à avoir la frousse. Moi aussi, tu sais, mais j’ai au moins essayé de parier sur notre avenir.

  — Que veux-tu que je te dise, c’est ça, les hommes. Dès qu’on passe aux choses sérieuses, il n’y a plus personne.

  Les yeux de Grace reflètent une énorme lassitude. Et loin de me consoler, ses paroles me rendent plus triste encore.

  — Enfin, Grace, il doit bien exister quelques mecs solides et stables.

  Le nom de Drew me vient aussitôt à l’esprit, et même si Grace doit m’en vouloir d’évoquer son nom, il faut que je sache pourquoi elle a laissé tomber le seul homme sur lequel elle pouvait compter.

  — Que s’est-il passé avec Drew, Grace ? Je sais que tu n’as pas voulu m’en parler, mais j’ai besoin de comprendre pourquoi tu l’as laissé tomber alors qu’il était si attaché à toi.

  — Pas à moi, Angie. Seulement à l’idée qu’il se faisait de moi.

  — Je ne comprends pas.

  — Il n’avait rien à faire avec la femme que je suis vraiment.

  — Mais comment le sais-tu ? Telle que je te connais, tu ne lui as pas donné l’occasion d’approfondir votre relation.

  — Oh, mais si ! Je te l’ai dit, je lui ai même dévoilé l’existence de ma mère biologique.

  — Mais tu m’as dit que ça lui était égal…

  — Il faut croire que non, Ange, en tout cas beaucoup moins que je ne l’ai cru.

  Elle pousse un grand soupir, et je la sens prête à céder, à me dire tout ce qu’elle a gardé sur le cœur depuis la rupture.

  — Je sais que je ne voulais pas l’admettre — même vis-à-vis de toi — mais les choses devenaient sérieuses avec Drew. Tu te souviens de ce voyage que nous avons fait à Westport pour voir la nouvelle résidence de son patron ? Eh bien, juste après, il a commencé à parler mariage et… bébés. Et moi, j’ai commencé à croire que c’était aussi ce que je voulais. Mais je ne pouvais pas m’engager à avoir des enfants sans rien connaître de ma propre mère.

  Mon cœur se met à battre un peu plus vite. Grace s’est donc décidée à prendre contact avec sa mère ! Une tristesse passagère m’envahit. Je suis déçue que Grace n’ait pas jugé bon de se tourner vers moi pendant qu’elle passait l’épreuve la plus pénible de toute sa vie. Mais au fond, je la reconnais bien là !

  — Elle est comment ? Parce que je suppose que tu l’as rencontrée… Ou alors tu l’as eue au téléphone ?

  — Eh bien, non. J’avais l’intention de le faire, mais j’avais une de ces trouilles, tu ne peux pas imaginer. Alors j’en ai parlé à Drew un soir. Et si moi, j’avais les jetons, ne parlons pas de lui ! Il m’a conseillé de faire une croix dessus. Il avait peur, peur de découvrir une femme non conforme à son attente : une femme entretenue par exemple, ou une SDF. Puis il a commencé à me regarder comme si, finalement, il n’avait pas envie plus que ça de me connaître, moi non plus!

  Sa voix s’étrangle, et ses yeux s’emplissent de larmes.

  — Il pensait que le mieux à faire était d’ignorer l’existence de ma mère et de continuer comme avant. Il ne voulait connaître que la face apparente de Grace Noonan, fille d’un professeur de fac à la retraite et d’un prof de musique. Il n’avait aucune envie d’aller au fond des choses, d’en savoir plus sur moi. Mais moi, il fallait que je sache !

  — Alors, tu l’as contactée ?

  Je la regarde, mais elle semble figée de peur.

  — En fait… non. Après ça, tu comprends… je n’ai pas pu ! Il a peut-être raison, Ange, et si c’était quelqu’un que je n’ai pas envie de voir ? Ou le contraire. C'est peut-être elle qui n’a aucune envie de me rencontrer.

  Et tout à coup, Grace craque. Elle éclate en sanglots. Les larmes ruissellent sur ses joues sans qu’elle puisse se contrôler. Elle, si maîtresse d’elle-même! Je ne l’ai jamais vue pleurer comme ça… Ça me glace le sang, et en même temps, je ressens une immense tristesse. Si seulement j’avais su qu’elle traversait pareille épreuve, j’aurais peut-être pu l’aider…

  Il n’est pas trop tard, d’ailleurs. Je prends Grace dans mes bras et je la serre contre moi jusqu’à ce qu’elle ait vidé son trop-plein de chagrin. Et nous restons là un bon moment. Combien de temps ? Je n’en ai pas la moindre idée. Quand elle réussit enfin à relever la tête, elle me sourit.

  — Tu parles d’une équipe, toutes les deux ! Il va nous falloir au moins une caisse de lotion apaisante pour les yeux, bouffis comme ils sont…

  — Heureusement pour nous que tu bosses chez Roxanne Dubrow ! Tu dois bien avoir ça dans ton placard à pharmacie.

  — C’est vrai.

  Elle soupire en jetant un regard circulaire sur son appartement, comme si désormais plus rien ici ne pouvait la rendre heureuse…

  — Gracie, je sais que tu n’as pas envie d’entendre ça maintenant, mais je suis convaincue que tu as besoin de contacter ta mère. Pour toi. Tu as besoin de savoir.

  Grace ouvre la bouche comme pour protester, mais je l’arrête d’un geste.

  — Non, ne dis rien ! Contente-toi de m’écouter. Je t’assure que c’est la seule façon de surmonter ta douleur, et de guérir.

  Grace bat en retraite. Elle baisse la tête et regarde ses mains encore crispées sur ses cuisses.

  — Je vais y penser, d’accord? Mais c’est tout ce que je peux te promettre.

  — C’est tout ce que je te demande… pour l’instant. Enfin, non… j’aimerais aussi un autre cocktail. Où caches-tu ton Bacardi O ? Réflexion faite, je crois que nous en avons besoin toutes les deux.

  Aussitôt dit, aussitôt fait. Nous parlons beaucoup ce soir, en sirotant notre cosmo. Comme au bon vieux temps de notre adolescence. Je réussis même à persuader Grace de me raconter ses escapades avec Bad Billy, lequel, comme prévu, a de nouveau disparu de sa vie.

  — Il y a au moins un bon côté chez Billy, c’est que je sais qu’on ne peut pas compter sur lui !

  Elle réussit à esquisser un pauvre sourire et commence à ouvrir son canapé convertible pour que je passe la nuit chez elle.

  — Tu sais que je serai toujours là pour toi, Gracie ! dis-je une fois le dernier drap mis en place. Tu le sais, n’est-ce pas?

  — Oui, je le sais. Tu es bien ma meilleure amie.

  — Et pour toujours !

  Les jours suivants, je me consacre à Grace. Je reste près d’elle, au sens littér
al du terme, puisque je dors chez elle sur son canapé. Nous passons des nuits entières à papoter comme avant.

  Nous allons ensemble faire du shopping (oui, moi aussi, et alors ? Les filles ont besoin de dépenser pour se remonter le moral, c’est bien connu !). Nous nous sommes même offert une journée beauté dans un institut tout près de chez elle. Je me suis contentée d’un soin du visage, mais Grace s’est payé la totale ! Elle aurait bien voulu me l’offrir mais j’ai refusé. Entre deux soins, nous barbotons dans le Jacuzzi (c’est offert par la maison) en parlant de tout et de rien : nos petits copains de collège, nos premiers pied-à-terre à New York. (Eh oui, même Grace a connu la période des coloc au début, mais aucun d’eux n’a réussi à lui briser le cœur, à elle !)

  J’ai un peu plus de mal à faire parler Grace de ses peines de cœur… et de sa peur de franchir l’étape suivante, c’est-à-dire de rencontrer sa mère. En fait, je crois que ma présence permanente commence à lui peser. Elle est si farouchement indépendante qu’il n’est pas facile pour elle d’avoir quelqu’un dans ses jambes qui la pousse à faire tous les jours une sorte d’auto-analyse…

  Mais je n’ai pas l’intention de baisser les bras. Je sais qu’elle a besoin de quelqu’un, pas forcément de moi, d’ailleurs.

  Un soir où elle vient de balayer une énième fois mon allusion prudente à une petite cure d’optimisme pour sortir de l’impasse dans laquelle elle s’est enfermée, je tente une autre tactique.

  — Grace, tu devrais peut-être aller voir tes parents.

  Je sais que ses parents adoptifs ne l’ont jamais dissuadée de rencontrer sa mère. Au contraire. De toute façon, ils font tout pour aider Grace comme ils l’ont toujours fait, même pendant sa période d’adolescente rebelle. Ils l’adorent, et je sais qu’elle a besoin de leur présence.

  — Mes parents ne vivent plus à Long Island. Ils sont loin, maintenant. Ils sont partis s’installer au Nouveau-Mexique. Tu te souviens, la maison de rêve dans le désert ?

  — Eh bien, prends quelques jours de vacances pour aller les voir ! Il faut penser un peu à toi.

  Elle finit par accepter. J’ignore si c’est pour essayer de se « débarrasser de moi » et de mes questions embarrassantes, ou parce qu’elle a fini par comprendre qu’elle avait besoin d’être dorlotée, de se retrouver dans les bras des personnes qui lui ont donné tant d’amour… Quelques jours plus tard, elle achète son billet d’avion.

 

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