Complete Works of Gustave Flaubert

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Complete Works of Gustave Flaubert Page 135

by Gustave Flaubert


  Elle ne céda pas. Les Barbares vinrent s'écraser contre elle ; — et, durant quelques minutes, sur toute la longueur de l'armée, il y eut une oscillation de plus en plus molle et qui enfin s'arrêta.

  Les Carthaginois avaient mis des soldats sur l'aqueduc ; ils commençaient à lancer des pierres, des balles, des poutres. Spendius représenta qu'il ne fallait point s'obstiner. Ils allèrent s'établir plus loin, tous bien résolus à faire le siège de Carthage.

  Cependant, la rumeur de la guerre avait dépassé les confins de l'empire punique ; et, des colonnes d'Hercule jusqu'au-delà de Cyrène, les pasteurs en rêvaient en gardant leurs troupeaux, et les caravanes en causaient la nuit, à la lueur des étoiles. Cette grande Carthage, dominatrice des mers, splendide comme le soleil et effrayante comme un dieu, il se trouvait des hommes qui l'osaient attaquer ! On avait même plusieurs fois affirmé sa chute ; et tous y avaient cru, car tous la souhaitaient : les populations soumises, les villages tributaires, les provinces alliées, les hordes indépendantes, ceux qui l'exécraient pour sa tyrannie, ou qui jalousaient sa puissance, ou qui convoitaient sa richesse. Les plus braves s'étaient joints bien vite aux Mercenaires. La défaite du Macar avait arrêté tous les autres. Enfin, ils avaient repris confiance, peu à peu s'étaient avancés, rapprochés ; et maintenant, les hommes des régions orientales se tenaient dans les dunes de Clypea, de l'autre côté du golfe. Dès qu'ils aperçurent les Barbares, ils se montrèrent.

  Ce n'étaient pas les Libyens des environs de Carthage ; depuis longtemps, ils composaient la troisième armée ; mais les nomades du plateau de Barca, les bandits du cap Phiscus et du promontoire de Derné, ceux du Phazzana et de la Marmarique. Ils avaient traversé le désert en buvant aux puits saumâtres maçonnés avec des ossements de chameau ; les Zuaèces, couverts de plumes d'autruche, étaient venus sur des quadriges ; les Garamantes, masqués d'un voile noir, assis en arrière sur leurs cavales peintes ; d'autres sur des ânes, sur des onagres, sur des zèbres, sur des buffles ; et quelques-uns traînaient avec leurs familles et leurs idoles le toit de leur cabane en forme de chaloupe. Il y avait des Ammoniens aux membres ridés par l'eau chaude des fontaines ; des Atarantes, qui maudissent le soleil ; des Troglodytes, qui enterrent en riant leurs morts sous des branches d'arbres ; et les hideux Auséens, qui mangent des sauterelles ; les Achyrmachides, qui mangent des poux, et les Gysantes, peints de vermillon, qui mangent des singes.

  Tous s'étaient rangés sur le bord de la mer, en une grande ligne droite. Ils s'avancèrent ensuite comme des tourbillons de sable soulevés par le vent. Au milieu de l'isthme, leur foule s'arrêta, les Mercenaires établis devant eux, près des murailles, ne voulant point bouger.

  Puis, du côté de l'Ariane, apparurent les hommes de l'Occident, le peuple des Numides. En effet. Narr'Havas ne gouvernait que les Massyliens ; et d'ailleurs, une coutume leur permettant après les revers d'abandonner le roi, ils s'étaient rassemblés sur le Zaine, puis l'avaient franchi au premier mouvement d'Hamilcar. On vit d'abord accourir tous les chasseurs de Malethut-Baal et du Garaphos, habillés de peaux de lion, et qui conduisaient avec la hampe de leurs piques de petits chevaux maigres à longue crinière ; puis marchaient les Gétules dans des cuirasses en peau de serpent ; puis les Pharusiens, portant de hautes couronnes faites de cire et de résine : et les Caunes, les Macares, les Tillabares, chacun tenant deux javelots et un bouclier rond en cuir d'hippopotame. Ils s'arrêtèrent au bas des Catacombes, dans les premières flaques de la Lagune.

  Mais quand les Libyens se furent déplacés, on aperçut à l'endroit qu'ils occupaient, et comme un nuage à ras du sol, la multitude des Nègres. Il en était venu du Harousch-blanc, du Harousch-noir, du désert d'Augyles et même de la grande contrée d'Agazymba, qui est à quatre mois au sud des Garamantes, et de plus loin encore ! Malgré leurs joyaux de bois rouge, la crasse de leur peau noire les faisait ressembler à des mûres longtemps roulées dans la poussière. Ils avaient des caleçons en fils d'écorce, des tuniques d'herbes desséchées, des mufles de bêtes fauves sur la tête, et, hurlant comme des loups, ils secouaient des tringles garnies d'anneaux et brandissaient des queues de vache au bout d'un bâton, en manière d'étendards.

  Puis derrière les Numides, les Maurusiens et les Gétules, se pressaient les hommes jaunâtres répandus au-delà de Taggir dans les forêts de cèdres. Des carquois en poils de chat leur battaient sur les épaules, et ils menaient en laisse des chiens énormes, aussi hauts que des ânes, et qui n'aboyaient pas.

  Enfin, comme si l'Afrique ne s'était point suffisamment vidée, et que, pour recueillir plus de fureurs, il eût fallu prendre jusqu'au bas des races, on voyait, derrière tous les autres, des hommes à profil de bête et ricanant d'un rire idiot ; — misérables ravagés par de hideuses maladies, pygmées difformes, mulâtres d'un sexe ambigu, albinos dont les yeux rouges clignotaient au soleil ; tout en bégayant des sons inintelligibles, ils mettaient un doigt dans leur bouche pour faire voir qu'ils avaient faim.

  La confusion des armes n'était pas moindre que celle des vêtements et des peuples. Pas une invention de mort qui n'y fût, depuis les poignards de bois, les haches de pierre et les tridents d'ivoire, jusqu'à de longs sabres dentelés comme des scies, minces, et faits d'une lame de cuivre qui pliait. Ils maniaient des coutelas, se bifurquant en plusieurs branches pareilles à des ramures d'antilopes, des serpes attachées au bout d'une corde, des triangles de fer, des massues, des poinçons. Les Ethiopiens du Bambotus cachaient dans leurs cheveux de petits dards empoisonnés. Plusieurs avaient apporté des cailloux dans des sacs. D'autres, les mains vides, faisaient claquer leurs dents.

  Une houle continuelle agitait cette multitude. Des dromadaires, tout barbouillés de goudron comme des navires, renversaient les femmes qui portaient leurs enfants sur la hanche. Les provisions dans les couffes se répandaient ; on écrasait en marchant des morceaux de sel, des paquets de gomme, des dattes pourries, des noix de gourou ; — et parfois, sur des seins couverts de vermine, pendait à un mince cordon quelque diamant qu'avaient cherché les Satrapes, une pierre presque fabuleuse et suffisante pour acheter un empire. Ils ne savaient même pas, la plupart, ce qu'ils désiraient. Une fascination, une curiosité les poussaient ; des Nomades qui n'avaient jamais vu de ville étaient effrayés par l'ombre des murailles.

  L'isthme disparaissait maintenant sous les hommes ; et cette longue surface, où les tentes faisaient comme des cabanes dans une inondation, s'étalait jusqu'aux premières lignes des autres Barbares, toutes ruisselantes de fer et symétriquement établies sur les deux flancs de l'aqueduc.

  Les Carthaginois se trouvaient encore dans l'effroi de leur arrivée, quand ils aperçurent, venant droit vers eux, comme des monstres et comme des édifices, — avec leurs mâts, leurs bras, leurs cordages, leurs articulations, leurs chapiteaux et leurs carapaces, — les machines de siège qu'envoyaient les villes tyriennes : soixante carrobalistes, quatre-vingts onagres, trente scorpions, cinquante tollénones, douze béliers et trois gigantesques catapultes qui lançaient des morceaux de roche du poids de quinze talents. Des masses d'hommes les poussaient cramponnés à leur base ; à chaque pas un frémissement les secouait ; elles arrivèrent ainsi jusqu'en face des murs.

  Mais il fallait plusieurs jours encore pour finir les préparatifs du siège. Les Mercenaires, instruits par leurs défaites, ne voulaient point se risquer dans des engagements inutiles ; — et, de part et d'autre, on n'avait aucune hâte, sachant bien qu'une action terrible allait s'ouvrir et qu'il en résulterait une victoire ou une extermination complète.

  Carthage pouvait longtemps résister ; ses larges murailles offraient une série d'angles rentrants et sortants, disposition avantageuse pour repousser les assauts.

  Cependant, du côté des Catacombes, une portion s'était écroulée, — et, par les nuits obscures, entre les blocs disjoints, on apercevait des lumières dans les bouges de Malqua. Ils dominaient en de certains endroits la hauteur des remparts. C'était là que vivaient, avec leurs nouveaux époux, les femmes des Mercenaires chassées par Mâtho. En les revoyant, leur c
oeur n'y tint plus. Elles agitèrent de loin leurs écharpes ; puis elles venaient, dans les ténèbres, causer avec les soldats par la fente du mur, et le Grand-Conseil apprit un matin que toutes s'étaient enfuies. Les unes avaient passé entre les pierres : d'autres, plus intrépides, étaient descendues avec des cordes.

  Enfin, Spendius résolut d'accomplir son projet.

  La guerre, en le retenant au loin, l'en avait jusqu'alors empêché ; et depuis qu'on était revenu devant Carthage, il lui semblait que les habitants soupçonnaient son entreprise. Mais bientôt ils diminuèrent les sentinelles de l'aqueduc. On n'avait pas trop de monde pour la défense de l'enceinte.

  L'ancien esclave s'exerça pendant plusieurs jours à tirer des flèches contre les phénicoptères du Lac. Puis, un soir que la lune brillait, il pria Mâtho d'allumer au milieu de la nuit un grand feu de paille, en même temps que tous ses hommes pousseraient des cris ; et, prenant avec lui Zarxas, il s'en alla par le bord du golfe, dans la direction de Tunis.

  A la hauteur des dernières arches, ils revinrent droit vers l'aqueduc ; la place était découverte : ils s'avancèrent en rampant jusqu'à la base des piliers.

  Les sentinelles de la plate-forme se promenaient tranquillement.

  De hautes flammes parurent ; des clairons retentirent ; les soldats en vedette, croyant à un assaut, se précipitèrent du côté de Carthage.

  Un homme était resté. Il apparaissait en noir sur le fond du ciel. La lune donnait derrière lui, et son ombre démesurée faisait au loin sur la plaine comme un obélisque qui marchait.

  Ils attendirent qu'il fût bien placé devant eux Zarxas saisit sa fronde ; par prudence ou par férocité, Spendius l'arrêta. — " Non, le ronflement de la balle ferait du bruit ! A moi ! "

  Alors, il banda son arc de toutes ses forces, en l'appuyant par le bas contre l'orteil de son pied gauche ; il visa, et la flèche partit.

  L'homme ne tomba point. Il disparut.

  — " S'il était blessé, nous l'entendrions ! " dit Spendius ; et il monta vivement d'étage en étage, comme il avait fait la première fois, en s'aidant d'une corde et d'un harpon. Puis, quand il fut en haut, près du cadavre, il la laissa retomber. Le Baléare y attacha un pic avec un maillet et s'en retourna.

  Les trompettes ne sonnaient plus. Tout maintenant était tranquille. Spendius avait soulevé une des dalles, était entré dans l'eau, et l'avait refermée sur lui.

  En calculant la distance d'après le nombre de ses pas, il arriva juste à l'endroit où il avait remarqué une fissure oblique ; et, pendant trois heures, jusqu'au matin, il travailla d'une façon continue, furieuse, respirant à peine par les interstices des dalles supérieures, assailli d'angoisses et vingt fois croyant mourir. Enfin, on entendit un craquement ; une pierre énorme, en ricochant sur les arcs inférieurs, roula jusqu'en bas, — et, tout à coup, une cataracte, un fleuve entier tomba du ciel dans la plaine. L'aqueduc, coupé par le milieu, se déversait. C'était la mort pour Carthage, et la victoire pour les Barbares.

  En un instant, les Carthaginois réveillés apparurent sur les murailles, sur les maisons, sur les temples. Les Barbares se poussaient, criaient. Ils dansaient en délire autour de la grande chute d'eau, et, dans l'extravagance de leur joie, venaient s'y mouiller la tête.

  On aperçut au sommet de l'aqueduc un homme avec une tunique brune, déchirée. Il se tenait penché tout au bord, les deux mains sur les hanches, et il regardait en bas, sous lui, comme étonné de son oeuvre.

  Puis il se redressa. Il parcourut l'horizon d'un air superbe qui semblait dire : " Tout cela maintenant est à moi ! " Les applaudissements des Barbares éclatèrent ; les Carthaginois, comprenant enfin leur désastre, hurlaient de désespoir. Alors, il se mit à courir sur la plate-forme, d'un bout à l'autre, — et, comme un conducteur de char triomphant aux jeux Olympiques, Spendius, éperdu d'orgueil, levait les bras.

  Chapitre 13 MOLOCH

  Les Barbares n'avaient pas besoin d'une circonvallation du côté de l'Afrique : elle leur appartenait. Mais, pour rendre plus facile l'approche des murailles, on abattit le retranchement qui bordait le fossé. Ensuite, Mâtho divisa l'armée par grands demi-cercles, de façon à envelopper mieux Carthage. Les hoplites des Mercenaires furent placés au premier rang ; derrière eux, les frondeurs et les cavaliers ; tout au fond, les bagages, les chariots, les chevaux ; en deçà de cette multitude, à trois cents pas des tours, se hérissaient les machines.

  Sous la variété infinie de leurs appellations (qui changèrent plusieurs fois dans le cours des siècles), elles pouvaient se réduire à deux systèmes : les unes agissant comme des frondes et les autres comme des arcs.

  Les premières, les catapultes, se composaient d'un châssis carré, avec deux montants verticaux et une barre horizontale. A sa partie antérieure, un cylindre, muni de câbles, retenait un gros timon portant une cuillère pour recevoir les projectiles ; la base en était prise dans un écheveau de fils tordus, et, quand on lâchait les cordes, il se relevait et venait frapper contre la barre, ce qui, l'arrêtant par une secousse, multipliait sa vigueur.

  Les secondes offraient un mécanisme plus compliqué : sur une petite colonne, une traverse était fixée par son milieu où aboutissait à angle droit une espèce de canal ; aux extrémités de la traverse s'élevaient deux chapiteaux qui contenaient un entortillage de crins ; deux poutrelles s'y trouvaient prises pour maintenir les bouts d'une corde que l'on amenait jusqu'au bas du canal, sur une tablette de bronze. Par un ressort, cette plaque de métal se détachait, et, glissant sur des rainures, poussait les flèches.

  Les catapultes s'appelaient également des onagres, comme les ânes sauvages qui lancent des cailloux avec leurs pieds, et les balistes des scorpions, à cause d'un crochet dressé sur la tablette, et qui, s'abaissant d'un coup de poing, faisait partir le ressort.

  Leur construction exigeait de savants calculs ; leurs bois devaient être choisis dans les essences les plus dures, leurs engrenages, tous d'airain ; elles se bandaient avec des leviers, des moufles, des cabestans ou des tympans ; de forts pivots variaient la direction de leur tir, des cylindres les faisaient s'avancer, et les plus considérables, que l'on apportait pièce à pièce, étaient remontées en face de l'ennemi.

  Spendius disposa les trois grandes catapultes vers les trois angles principaux ; devant chaque porte, il plaça un bélier, devant chaque tour une baliste, et des carrobalistes circuleraient par-derrière. Mais il fallait les garantir contre les feux des assiégés et combler d'abord le fossé qui les séparait des murailles.

  On avança des galeries en claies de joncs verts et des cintres en chêne, pareils à d'énormes boucliers glissant sur trois roues ; de petites cabanes couvertes de peaux fraîches et rembourrées de varech abritaient les travailleurs ; les catapultes et les balistes furent défendues par des rideaux de cordages que l'on avait trempés dans du vinaigre pour les rendre incombustibles sur la grève. Les femmes et les enfants allaient prendre des cailloux sur la grève, ramassaient de la terre avec leurs mains et l'apportaient aux soldats.

  Les Carthaginois se préparaient aussi.

  Hamilcar les avait bien vite rassurés en déclarant qu'il restait de l'eau dans les citernes pour cent vingt-trois jours. Cette affirmation, sa présence au milieu d'eux, et celle du zaïmph surtout, leur donnèrent bon espoir. Carthage se releva de son accablement ; ceux qui n'étaient pas d'origine chananéenne furent emportés dans la passion des autres.

  On arma les esclaves, on vida les arsenaux ; les citoyens eurent chacun leur poste et leur emploi. Douze cents hommes survivaient des transfuges, le Suffète les fit tous capitaines ; et les charpentiers, les armuriers, les forgerons et les orfèvres furent préposés aux machines. Les Carthaginois en avaient gardé quelques-unes, malgré les conditions de la paix romaine. On les répara. Ils s'entendaient à ces ouvrages.

  Les deux côtés, septentrional et oriental, défendus par la mer et par le golfe, restaient inaccessibles. Sur la muraille faisant face aux Barbares, on monta des troncs d'arbre, des meules de moulin, des vases pleins de soufre, des cuves pleines d
'huile, et l'on bâtit des fourneaux. On entassa des pierres sur la plate-forme des tours, et les maisons qui touchaient immédiatement au rempart furent bourrées avec du sable pour l'affermir et augmenter son épaisseur.

  Devant ces dispositions, les Barbares s'irritèrent. Ils voulurent combattre tout de suite. Les poids qu'ils mirent dans les catapultes étaient d'une pesanteur si exorbitante, que les timons se rompirent ; l'attaque fut retardée.

  Enfin, le treizième jour du mois de Schabar, — au soleil levant — , on entendit contre la porte de Khamon un grand coup.

  Soixante-quinze soldats tiraient des cordes, disposées à la base d'une poutre gigantesque, horizontalement suspendue par des chaînes descendant d'une potence, et une tête de bélier, tout en airain, la terminait. On l'avait emmaillotée de peaux de boeuf ; des bracelets en fer la cerclaient de place en place ; elle était trois fois grosse comme le corps d'un homme, longue de cent vingt coudées, et, sous la foule des bras nus la poussant et la ramenant, elle avançait et reculait avec une oscillation régulière.

  Les autres béliers devant les autres portes commencèrent à se mouvoir. Dans les roues creuses des tympans, on aperçut des hommes qui montaient d'échelon en échelon. Les poulies, les chapiteaux grincèrent, les rideaux de cordages s'abattirent, et des volées de pierres et des volées de flèches s'élancèrent à la fois ; tous les frondeurs éparpillés couraient. Quelques-uns s'approchaient du rempart, en cachant sous leurs boucliers des pots de résine ; puis ils les lançaient à tour de bras. Cette grêle de balles, de dards et de feux passait par-dessus les premiers rangs et faisait une courbe qui retombait derrière les murs. Mais, à leur sommet, de longues grues à mâter les vaisseaux se dressèrent ; et il en descendit de ces pinces énormes qui se terminaient par deux demi-cercles dentelés à l'intérieur. Elles mordirent les béliers. Les soldats, se cramponnant à la poutre, tiraient en arrière. Les Carthaginois halaient pour la faire monter ; et l'engagement se prolongea jusqu'au soir.

 

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