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Complete Works of Gustave Flaubert

Page 476

by Gustave Flaubert


  Le lendemain, grande journée de marche à travers la cam- pagne et les rochers. Nous avons déjeuné sous un bois de petits pins, le soir nous étions gris de la nature. Après nous être reposés deux heures sur le sable, nous étions repartis, emportés par la fièvre des rochers, des goémons, des va- rechs. — Caverne chocolat. — Une avec des herbes vert feu de bengale et distillant des gouttes d’eau ; un grand pan en glacis, etc., etc. ; forme variée des herbes, couleur d’argent, veines de sang ; grands pans réguliers qui font penser à des ruines de palais antédiluviens.

  De Belle-Isle à Quiberon, bon vent. — Jeune mousse blond qui chantait dans la brise et dont on n’entendait pas les paroles. — Un cheval. — Deux voyageurs pour le com- merce : le vieux blanchi dans l’exercice ; l’autre, vaude- ville Achard, tutoyant les marins, etc. — Déjeuner à Qui- beron avec eux. — Un monsieur de l’endroit, nullité complète, tout oreilles, le troupier de l’avant-veille gris perdu.

  Du fort Penthiévre À Plouharnel, route triste dans les sables au bord de la mer qui reluisait en bleu et pétillait à notre gauche avec ses vagues blanches pressées. — Nous rencontrons la poste de Quiberon. — Chaussée pour re- joindre Plouharnel, grosses pierres.

  Plouharnel. — Chez Demame, aubergiste. — Vieux men- diant birsutus, sudans purpureusque. — Le chercheur de sangsues. — Couteau celtique du maire. — Nous dinons avec les deux voyageurs qui se rembouriffent de nous ; le maire veut prendre un verre de champagne et écoute. — A 3/4 de lieue dolmens.

  (#)II faisait chaud, le bon soleil de mai nous mor- dait le cou, et nos chemises de soie nous collaient dans le dos. Aussi notre premier soin en arrivant à Carnac, chez la veuve Gildas, notre hôtesse, fut-il

  ‘*’ Inédit, pages 81 à 96. de nous rafraîchir avec une bouteille de bière blanche qui fut suivie d’une autre, lesquelles nous gonflèrent le ventre, chose importante à dire.

  Le gfte était propre et d’honnête apparence. On nous mit dans une grande chambre dont deux lits à baldaquin, recouverts d’indienne, et une table longue pareille à celle d’un réfectoire de collège, formaient l’ameublement principal. Un raffine- ment de coquetterie avait laissé le pied des lits non bordé pour qu’on pût voir sur le bout de la cou- verture une large raie rouge qui en faisait la bor- dure, et une précaution de propreté avait cloué sur la table une belle toile cirée verte comme du bronze. Sur les murs, dans des cadres de bois noir, il y a l’histoire de Joseph, y compris la scène avec M™ Putiphar, le portrait de saint Stanislas, celui de saint Louis de Gonzague, qui est bien le saint le plus bête du monde, et des certificats de pre- mière communion avec vignettes représentant l’in- térieur de l’église et les communiants et assistants dans leurs costumes respectifs. Des tasses à café, décorées de ces mots écrits en lettres d’or “liberté, ordre public”, sont rangées le long de la cheminée dans l’espace que leur laissent deux carafes. Ah ! quelles carafes ! quel dommage si on en cassait une ! où retrouver la paire ? Elles n’étaient pourtant pas de verre de Venise, ni ciselées, ni taillées, mais de verre tout bonnement, comme de simples carafes ; elles n’ont pas même de bouchons, mais dans la première, autour d’un Napoléon, grand d’un demi-pouce et tout raide étendu sur son tombeau piqué de perles et hérissé de plumes, six militaires, de grades différents, se tiennent majestueusement, portant, chacun à la main, des palmes oblongues comme des cornichons, et dans la seconde s’ac- complit le Saint Sacrifice de la messe : on voit le prêtre, le calice, l’autel, quatre colonnes de perles, aux quatre coins du sanctuaire, plus deux enfants de chœur surchargés d’énormes pains de sucre rouges qui sont censés être les calottes de ces jeunes drôles.

  Ce lieu était si honnête, si bénin, exhalait un tel parfum de candeur, une modestie si bête, mais si douce, la grande armoire à ferrements de cuivre brillait si propre sous les cuvettes de Russie qui en ornaient la corniche, et les paniers d’osier croches au sommier avaient l’air, comme tout le reste, si tranquille et si bonhomme que nous décrétâmes de suite que Carnac nous plaisait et que nous y resterions quelque temps.

  Nos fenêtres donnaient sur la place de l’Eglise, où des enfants jouaient aux billes à l’ombre d’un tilleul. C’était là l’unique bruit du village, il n’y passe pas de voiture, il n’y a pas de boutiques et tout le pain qu’on y mange se cuit là en bas, dans la cuisine, dont la moitié est consacrée à une bou- langerie.

  Quoique ne parlant pas le français et décorant leurs intérieurs de cette façon, on vit donc là tout de même, on y dort, on y boit, on y fait l’amour et on y meurt tout comme chez nous ; ce sont aussi des humains que ces étres-Ià. Mais comme ils s’oc- cupent peu du Salon ! et même de l’Exposition de l’industrie ; comme ils s’embarrassent médio- crement de l’Opéra qui va rouvrir et du Rocher de Cancale qui est fermé ; comme ils ne causent pas de ce dont on cause : le Jockey-Club, ‘es courses de Chantilly, les dettes de Dumas, les cuirs de M. de Rambuteau, le nez d’Hya- cinthe, etc.

  C’est une chose dont on ne peut se défendre que cet étonnement imbécile qui vous prend à consi- dérer les gens vivant où nous ne vivons point et passant leur temps à d’autres affaires que les nôtres. Vous rappelez-vous souvent, en traversant un village le matin, quand le jour se levait, avoir aperçu quelque bourgeois ouvrant ses auvents ou balayant le devant de sa porte, et qui s’arrêtait bouche béante à vous regarder passer ? A peine s’il a pu distinguer votre visage ni vous le sien, et dans cet éclair pourtant tous les deux, au même instant, vous vous êtes ébahis dans un immense étonnement ; il se disait en vous regardant fuir : “Où va-t-il donc celui-là et pourquoi voyage-t-il ? », et vous qui couriez : « Qu’est-ce qu’il fait là ? disiez- vous, est-ce qu’il y reste toujours ? »

  II faut assez de réflexion et de force d’esprit pour saisir nettement que tout le monde n’habite pas la même ville, ne se chausse pas chez votre bottier, ne s’habille pas chez votre tailleur, dîne à d’autres heures que vous, et n’ait pas vos idées ; niais je ne comprends point encore comment on existe lorsqu’on est notaire, comment il se peut faire que l’on soit employé dans un bureau, com- ment on se lève avant dix heures et on se couche avant minuit, et je me demande sérieusement s’il est possible qu’il y ait des êtres sur la terre s’occu- pant à autre chose qu’à aligner des phrases et à chercher des adjectifs.

  II serait trop absurde, étant à Carnac, de ne pas aller voir les fameuses pierres de Carnac ; aussi nous reprîmes nos bâtons et nous nous dirigeâmes vers le lieu où elles gisent. Nous allions dans l’herbe, tête baissée et devisant sur je ne sais quoi, quand un frôlement nous a fait lever les jeux et nous avons vu une femme s’avancer par le sentier qui descendait, nu-pieds, nu-jambes, sans fichu, son grand bonnet remuant, sa jupe claquant au vent, une main sur la hanche et de l’autre rete- nant une énorme gerbe de foin qu’elle portait sur la tête ; elle marchait avec des torsions de taille, hardie et belle, dans son corsage rouge. Elle a passé près de nous. Son souffle était large et fort et la sueur coulait en filets sur la peau brune de ses bras ronds.

  Bientôt, enfin, nous aperçûmes dans la cam- pagne des rangées de pierres noires(1), alignées à intervalles égaux, sur onzes files parallèles qui vont diminuant de grandeur à mesure qu’elles s’é- loignent de la mer ; les plus hautes ont vingt pieds environ et les plus petites ne sont que de simples

  W Flaubert a utilisé ce texte pour en faire un article spécial : « Les Pierres de Carnac et l’archéologie celtique » qui parut dans l’Artiste, en 1858. blocs couchés sur le sol. Beaucoup d’entre elles ont •a pointe en bas, de sorte que leur base est plus mince que leur sommet. Cambry dit qu’il y en avait quatre mille et Fréminville en a compté douze cents ; ce qu’il y a de certain, c’est qu’il y en a beaucoup.

  Voilà donc ce fameux champ de Carnac qui a fait écrire plus de sottises qu’il n’a de cailloux ; il est vrai qu’on ne rencontre pas tous les jours, des promenades aussi rocailleuses. Mais, malgré notre penchant naturel à tout admirer, nous ne vîmes qu’une facétie robuste, laissée là par un âge inc
onnu pour exerciter l’esprit des antiquaires et stupéfier les voyageurs. On ouvre, devant, des yeux naïfs et, tout en trouvant que c’est peu com- mun, on s’avoue cependant que ce n’est pas beau. Nous comprîmes donc parfaitement l’ironie de ces granits qui, depuis les Druides, rient dans leurs barbes de lichens verts à voir tous les imbéciles qui viennent les visiter. H y a des gens qui ont passé leur vie à chercher à quoi elles servaient et n’admirez-vous pas d’ailleurs cette éternelle préoc- cupation du bipède sans plumes de vouloir trou- ver à chaque chose une utilité quelconque ? Non content de distiller l’océan pour saler son pot- au-feu et de chasser les éléphants pour avoir des ronds de serviette, son égoïsme s’arrête encore lorsque s’exhume devant lui un débris quelconque dont il ne peut deviner l’usage.

  A quoi donc cela était-il bon ? sont-ce des tom- beaux ? était-ce un temple ? Saint Corneille un jour, poursuivi par des soldats qui le voulaient tuer, était à bout d’haleine et allait tomber dans la mer, quand il lui vint l’idée, pour les empêcher de l’attraper, de les changer tous en autant de pierres. Aussitôt, les soldats furent pétrifiés, ce qui sauva le saint. Mais cette explication n’était bonne tout au plus que pour les niais, les petits enfants et pour les poètes, on en chercha d’autres.

  Au xvie siècle, le sieur Olaûs Magnus, arche- vêque d’Upsal (et qui, exilé à Rome, s’amusa à écrire, sur les antiquités de son pays, un livre estimé partout, si ce n’est dans ce même pays, la Suède, où personne ne le traduisit), avait décou- vert de lui-même que lorsque les pierres sont plantées sur une seule et longue ligne droite, cela veut dire qu’il y a dessous des guerriers morts en se battant en duel ; que celles qui sont disposées en carré sont consacrées à ceux qui périrent dans une mêlée ; que celles qui sont rangées circulairement sont des sépultures de famille, et enfin que celles qui sont disposées en coin ou sur un ordre angulaire sont les tombeaux des cavaliers ou même des gens de pied, surtout ceux dont le parti avait triomphé. Voilà qui est clair, explicite, satisfaisant. Mais Olaûs Magnus aurait bien dû nous dire quelle était la sépulture que l’on donnait à deux cousins germains ayant fait coup double dans un duel à cheval. Le duel, de lui-même, voulait que les pierres fussent droites, la sépulture de famille exigeait qu’elles fussent circulaires, mais comme c’étaient des cavaliers, il fallait bien les disposer en coin. Il est vrai qu’on n’y eut pas été absolument contraint, car on n’enterrait ainsi que ceux surtout dont le parti avait triomphé. Ô brave Olaüs Magnus, vous aimiez donc bien fort le Monte Pulciano et combien vous a-t-il fallu de rasades pour nous apprendre toutes ces belles choses ?

  Un certain docteur Borlase, qui avait observé en Cornouailles des pierres pareilles, a dit aussi son petit mot là-dessus. Selon lui, on a enterré là des soldats à l’endroit même où ils avaient combattu. Où diable a-t-il vu qu’on les charriât ordinairement au cimetière ? « Leurs tombeaux, ajoute-t-il, sont rangés en ligne droite comme le front d’une armée dans les plaines qui ont été le théâtre de quelques grandes actions. » Cette comparaison est d’une poésie si grandiose qu’elle m’enlève et je suis un peu de l’avis du docteur Borlase.

  On a été ensuite chercher les Grecs, les Egyp- tiens et les Cochinchinois. Il y a un Karnak en Egypte, s’est-on dit, il y en a un en Basse-Bretagne, nous n’entendons ni le cophte, ni le breton ; or, il est probable que le Carnac d’ici descend du Kar- nak de là-bas, cela est sûr, car là-bas, ce sont des sphinx alignés, ici ce sont des blocs, des deux cotés de la pierre. D’où il résulte que les Égyp- tiens (peuple qui ne voyageait pas) seront venus sur ces côtes (dont ils ignoraient l’existence), y auront fondé une colonie ( car ils n’en fondaient nulle part) et qu’ils y auront pas laissé ces statues brutes (eux qui en faisaient de si belles), témoi- gnage positif de leur passage (dont personne ne parle).

  Ceux qui aiment la mythologie ont vu là les colonnes d’Hercule ; ceux qui aiment l’histoire naturelle y ont vu une représentation du serpent Python, parce qu’au rapport de Pausanias, une réunion de pierres semblables placées sur la route de Thèbes à Elissonte s’appelait la tête du serpent, “et d’autant plus que les alignements de Carnac offrent des sinuosités comme un serpent ». Ceux qui aiment la cosmographie y ont vu un zodiaque, comme M. de Cambry entre autres, qui a reconnu, dans ces onze rangées de pierres, les douze signes du zodiaque « car il faut dire, ajoute-t-il, que les anciens Gaulois n’avaient que onze signes au zo- diaque ».

  Un monsieur qui était membre de l’Institut a estimé que c’était le cimetière des Vénètes, qui habitaient Vannes, à six lieues de là, et lesquels fondèrent Venise comme chacun sait. Un autre a pensé que ces bons Vénètes vaincus par César élevèrent ces pierres à la suite de leur défaite, uni- quement par esprit d’humilité et pour honorer César. Mais on en avait assez des cimetières, du serpent Python et du zodiaque ; on se mit en quête d’autre chose et on trouva un temple drui- dique. Le peu de documents authentiques que l’on ait sur cette époque, épars dans Pline et dans Dion Cassius, s’accordent à dire que les Druides choisissaient pour leurs cérémonies religieuses des lieux sombres, le fond des forêts « et leur vaste silence ». Aussi comme Carnac est au bord de la mer, dans une campagne stérile où il n’a jamais poussé autre chose que les conjectures de ces Messieurs, le premier grenadier de France, qui ne me paraît pas avoir été le premier homme d’esprit, suivi de Pelloutier et de M. Mahé, cha- noine de la cathédrale de Vannes, a décidé que c était un temple des Druides dans lequel on de- vait aussi convoquer les assemblées politiques.

  Tout cependant n’était pas encore dit et ce fait acquis à la science n’eût pas été complet si l’on n’eût démontré à quoi servaient, dans l’alignement, les espaces vides où il ne se trouve pas de pierre. « Cherchons-en la raison, ce que personne ne s’est encore avisé de faire » s’est dit M. Mahé, et s’ap- puyant sur cette phrase de Pomp. Mêla : « Les Druides enseignent beaucoup de choses à la no- blesse qu’ils instruisent secrètement en des cavernes et en des forêts écartées », il établit, en consé- quence, que les Druides non seulement desser- vaient les sanctuaires, mais y faisaient leur demeure et y tenaient des collèges : “Puis donc que le Monument de Carnac est un sanctuaire comme •étaient les forêts gauloises (ô puissance de l’in- duction ! où pousses-tu le père Mahé, chanoine de Vannes et correspondant de l’Académie d’agri- culture de Poitiers ?) i7 y a lieu de croire que les mtervalles vides qui coupent les lignes des pierres renfermaient des files de maisons où les Druides habitaient avec leurs familles et leurs nombreux élèves et où les principaux de la nation qui se rendaient au sanctuaire, aux jours de grande solennité, trouvaient des logements préparés.” Bons Druides ! excellents ecclésiastiques ! comme on les a calomniés, eux qui habitaient là si honnêtement avec leurs familles et leurs nombreux élèves, et qui même poussaient l’amabilité jusqu’à préparer des logements pour les principaux de la nation.

  Mais un homme est venu, enfin, qui, pénétré du génie de l’antiquité et dédaignant les routes battues, a osé dire la vérité à la face de son siècle. Il a su reconnaître en ce lieu les restes d’un camp romain, et précisément d’un camp de César qui n’avait fait élever ces pierres “que pour servir d’appui aux tentes de ses soldats et pour les empêcher d’être emportées par le vent”. Quelles bourrasques il devait faire autrefois sur les côtes de l’Armorique !

  L’homme qui a restitué à César la gloire de cette précaution sublime s’appelait M. de la Sauvagère et était, de son métier, officier du génie.

  L’amas de toutes ces gentillesses constitue ce qui s’appelle l’archéologie celtique, science aux charmes de laquelle nous ne pouvons résister d’initier le lecteur. Une pierre posée sur d’autres s’appelle un dolmen, qu’elle soit horizontale ou verticale ; un rassemblement de pierres debout et recouvertes sur leur sommet par des dalles consécutives, formant ainsi une série de dolmens, est une grotte aux fées, roche aux fées, table des fées, table du diable ou palais des géants, car, ainsi que ces maîtres de maison qui vous
servent un vin iden- tique sous des étiquettes différentes, les Celtomanes, qui n’avaient presque rien à nous offrir, ont décoré de noms divers des choses pareilles. Quand ces pierres sont rangées en ellipse, sans aucun chapeau sur les oreilles, il faut dire : Voilà un cromlech ; lorsqu’on aperçoit une pierre étalée horizontalement sur deux autres verticales on a affaire à un lichaven ou trilithe, mais je préfère lichaven comme plus scientifique, plus local, plus essentiellement celtique. Quelquefois deux énormes blocs sont supportés l’un sur l’autre, ne semblant se toucher que par un seul point de contact, et on lit dans les livres “qu’elles sont équilibrées de telle façon que le vent même suffit quelquefois pour imprimer au bloc supérieur une oscillation marquée”, assertion que je ne nie pas (tout en me méfiant quelque peu du vent celtique), quoique ces pierres prétendues branlantes n’aient jamais remué sous tous les coups de pied que nous avons eu la candeur de leur donner ; elles s’appellent alors pierres roulantes ou roulées, pierres retournées ou transportées, pierres qui dansent ou pierres dansantes, pierres qui virent ou pierres virantes. II reste à vous faire connaître ce que c’est qu’une fichade, une pierre fiche, une pierre fixée ; ce qu’on entend par haute borne, pierre latte et pierre lait ; en quoi une pierre fonte diffère d’une pierre fiette et quels rapports existent entre une chaire au diable et une pierre droite ; après quoi vous en saurez à vous seul aussi long que jamais n’en surent ensemble Pelloutier, Deric, Latour d’Au- vergne, Penhoët et autres, doublés de Mahé et renforcés de Fréminville. Apprenez donc que tout cela signifie un peulvan, autrement dit un menhir, et n’exprime autre chose qu’une borne, plus ou moins grande, placée toute seule au beau milieu des champs ; les colonnes creuses du boulevard, vues du côté du trottoir, sont donc autant de peulvans placés là par la sollicitude paternelle de la police pour le soulagement des Parisiens, qui ne se doutent guère, les misérables, en lisant l’affiche des capsules Mothes, qu’ils soient momentanément contenus dans un petit menhir. J’allais oublier les tumulus ! Ceux qui sont composés à la fois de cailloux et de terre sont appelés borrows en haut style, et les simples monceaux de cailloux, galgals.

 

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